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Littérature nord-africaine dexpression française - JSTOR

Edité à Paris Maspéro 1968 174 p : Le Roman maghrébin Op cit édité au C E L E F (Sherbrooke Québec 1972) The Algerian Novel in French 1945-1965 

  • Qu'est-ce que la littérature africaine d'expression française ?

    La littérature francophone est la littérature d'expression fran?ise née pendant la colonisation fran?ise dans divers pays d'Afrique, au Maghreb dès la première moitié du XIX e si?le, avec une évolution de l'exotisme vers des textes anticoloniaux : mais elle prend véritablement son essor avec les indépendances.
  • Qui est le père de la littérature africaine PDF ?

    Chinua Achebe, Père de la littérature africaine moderne – Centre de l'identité et de la Culture Africaines.
  • Qu'est-ce qui caractérise la littérature africaine ?

    La littérature traditionnelle africaine est caractérisée principalement par son caractère oral. Elle constitue une littérature à travers laquelle la parole joue un rôle fondamental dans la transmission des valeurs socioculturelles d'une génération à l'autre.
  • Le premier récit francophone africain, Les Trois volontés de Malic (1920), est un conte pour enfant écrit par un instituteur sénégalais, Ahmadou Mapaté Diagne.

Gradhiva

Revue d'anthropologie et d'histoire des arts

10 | 2009

Présence

africaine Les littératures francophones d'Afrique noire à la conquête de l'édition française (1914-1974) The Conquest of French Publishing by Francophone Literature from Sub-

Saharan Africa (1914-1974)

Julien

Hage

Édition

électronique

URL : https://journals.openedition.org/gradhiva/1523

DOI : 10.4000/gradhiva.1523

ISSN : 1760-849X

Éditeur

Musée du quai Branly Jacques Chirac

Édition

imprimée

Date de publication : 4 novembre 2009

Pagination : 80-105

ISBN : 978-2-35744-012-8

ISSN : 0764-8928

Référence

électronique

Julien Hage, "

Les littératures francophones d'Afrique noire à la conquête de l'édition française (1914-1974)

Gradhiva

[En ligne], 10

2009, mis en ligne le 04 novembre 2012, consulté le 21

septembre 2021. URL : http://journals.openedition.org/gradhiva/1523 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ gradhiva.1523

© musée du quai Branly

Fig. 1 LŽgitime DŽfense, juin 1932 (numŽro unique). Revue inspirŽe par le mouvement surrŽaliste et fondŽe par les Antillais

ƒtienne LŽro, RenŽ MŽnil et Jules Marcel Monnerot. MusŽe du quai Branly. 81

Julien Hage

Gradhiva, 2009, n° 10 n.s.

Depuis 1808 et l"appel de l"abbŽ GrŽgoire ˆ reconna"tre l"intelligence africaine

ˆ l"Žgal de l"europŽenne (AbbŽ GrŽgoire 1991 : 185-186), l"intŽrt de l"Occident et

de ses mŽtropoles colonisatrices pour l"Afrique et pour les productions des peu-

XIXe et au

XX tures franais, de Jules Verne ˆ Henry de Monfreid en passant par Pierre Loti sentŽ une cŽsure dŽterminante dans l"Žvolution du regard franais sur l"Afrique et dans l"Žmergence de nouvelles expressions littŽraires consacrŽes au conti- de Blaise Cendrars et des Žcrits d"Apollinaire ou de Picasso, les surrŽalistes se

1947 dans son avant-propos au premier numŽro de la revue PrŽsence Africaine,

monde noir de l"Afrique que pour l"exploiter. Il s"y mlait parfois un peu de curio- sitŽ de la part de certains, du moins, qui restent soucieux de l"Žtrange È. L"auteur leur sein : Ç Les moyens plastiques, la musique triomphait ; la littŽrature restait en retard, inexistante ou tout du moins insouponnable, insouponnŽe È (Gide

1947 : 3). Paris devait en tre la principale tribune Žditoriale, du fait de son dou-

ble statut de mŽtropole politique et de lieu privilŽgiŽ de la consŽcration littŽraire dans le monde (Mollier 1995 ; id. 2001), bref, en tant que Ç capitale culturelle È de

l"universel (Casanova 1999).Les littŽratures francophones d"Afrique noire ˆ la conqute de l"Ždition franaise (1914-1974)

82les conditions noires : une gŽnŽalogie des discours

PRÉSENCE AFRICAINEŽ

La naissance d"une littŽrature africaine au sens Ç classique È du terme est gŽnŽ- ralement datŽe de l"entre-deux-guerres, avec des livres comme Les Trois Volon- tŽs de Malic de Diagne (1920), Batouala de Maran (1921), Force-BontŽ de Bakary Diallo (1926) ou encore L"Esclave de FŽlix Couchouro (1929) (Cornevin 1976 ; Ricard

1995 ; Chevrier 1996 ; Hausser et Mathieu 1998 ; Kesteloot 2001 ; Buata 2008), plus

tardivement donc qu"en Haïti, par exemple, qui disposait depuis le tournant du XIX l"impulsion d"un Jean Price-Mars ou d"un Jacques Roumain. Une telle littŽrature s"est progressivement libŽrŽe du carcan de la littŽrature dite Ç coloniale È, puis du statut de Ç littŽrature connexe È que lui attribuait en 1958 encore l"EncyclopŽdie de la PlŽiade dans un de ses volumes consacrŽs aux littŽratures franaises, aux c™tŽs des littŽratures d"Haïti ou des Antilles (Queneau 1958), pour s"imposer comme breux facteurs esthŽtiques, politiques et commerciaux ont longtemps entravŽ, encadrŽ et dŽterminŽ l"Žmergence de cette expression littŽraire : les diffi cultŽs rencontrŽes par ces auteurs pour s"approprier la langue et les usages de la littŽra- ture europŽenne, le manque de lecteurs et de reconnaissance qui dissuadait les pour le moins alŽatoire, enfi n la censure, plus vive encore dans le cadre colonial, qui pouvait ˆ l"occasion sanctionner des expressions historiques, culturelles, identitaires ou politiques jugŽes trop radicales ou revendicatives. Cette littŽrature a suivi un long trajet, politique en mme temps qu"esthŽti- que, d"Žmancipation et de reconnaissance, qui l"a menŽe des Trois VolontŽs de Malic, petit roman d"une vingtaine de pages rŽdigŽ par un instituteur sŽnŽgalais, Amadou MapatŽ Diagne, ˆ la suite d"une commande de la librairie Larousse - un ouvrage publiŽ dans la collection des Ç Livres roses pour la jeunesse È (Cornevin

1976 : 133) et utilisŽ pour l"apprentissage de la lecture

1 -, jusqu"ˆ sa reconnais-

sance au milieu des annŽes 1970, prŽlude ˆ la consŽcration du premier prix Nobel Wole Soyinka en 1986, deux ans avant l"Žgyptien Naguib Mahfouz. Il s"agit ici de s"intŽresser aux tribunes de ces nouvelles littŽratures, au traitement qui leur fut rŽservŽ par le monde de l"Ždition et ˆ leur rŽception en France, pays qui joua un r™le ambivalent vis-ˆ-vis de ces auteurs, du fait qu"il reprŽsentait la puissance coloniale d"un point de vue politique, mais aussi le lieu privilŽgiŽ de la consŽcra- tion d"un point de vue esthŽtique, et qu"il leur offrait un lectorat souvent plus important que le lectorat autochtone, mme si Hans-Jürgen Lüsebrink a montrŽ qu"il pouvait exister pour ce type de livres un public littŽraire - au sens large pendance a ŽmancipŽ davantage encore les auteurs africains du champ Žditorial franais, gr‰ce ˆ la crŽation de maisons d"Ždition africaines, capables de publier et de diffuser leurs Žcrits sur leur propre sol. Nous retiendrons pour le choix des ˆ-dire l"ensemble de l"Afrique ˆ l"exception des cinq ƒtats du Nord, ainsi que les expressions outre-mer d"une littŽrature francophone qui s"est revendiquŽe ou a ŽtŽ perue comme Ç noire È sous l"impulsion notamment du mouvement de la nŽgritude, lanant des ponts vers les Antilles, la Guadeloupe, la Guyane, Haïti, Madagascar, ainsi que vers les ƒtats-Unis. Nous ne traiterons ici que des ouvra- ges de poŽsie, de thŽ‰tre et des romans, ainsi que des essais et des Žtudes his- toriques, mme s"il faut garder prŽsent ˆ l"esprit que la culture et la littŽrature

1. Birago Diop, dans ses mémoires,

le revendique d"ailleurs comme un de ses inspirateurs (Diop 1978 : 31). Les littŽratures francophones d"Afrique noire ˆ la conqute de l"Ždition franaise

83JULIEN HAGE

africaines sont faites de tradition et d"oralitŽ tout autant que d"un substantiel hŽritage manuscrit (Ricard 1995 : 63-93). De ce fait, elles ne se restreignent pas ˆ la seule Žmergence de leur forme littŽraire, au sens classique, en langue fran- aise (GŽrard 1992), mme si l"Žcho de telles expressions dans l"Ždition franaise reste beaucoup plus marginal.

L"entre-deux-guerres : premiers pas

Quelques livres parus au lendemain de la guerre tŽmoignent de l"Žmergence d"une littŽrature de fi ction africaine (Fabre 1990), dont Bernard Mouralis a ŽtudiŽ en dŽtail les paliers successifs et les diffŽrents facteurs dans son ouvrage LittŽra- ture et dŽveloppement (Mouralis 1984). Tout d"abord, en 1921, le prix Goncourt revient ˆ Batouala de RenŽ Maran (Onana

2007 : 63-82), un administrateur des colonies franaises d"origine guyanaise. Dans

sa prŽface, Maran place son rŽcit de la vie de l"Oubangui-Chari (l"actuelle Centra- dite ˆ une conscience critique globale Žmanant des pays colonisŽs

2, invoquant les

paroles prononcŽes en 1916 ˆ Tokyo par l"Žcrivain indien Tagore, prix Nobel de lit- tŽrature en 1913 : Ç Civilisation, civilisation, orgueil des EuropŽens, et leur charnier un jour ˆ Tokyo, a dit ce que tu Žtais È (Maran 1921 :

11). Pour autant, Maran reste dans le cadre d"expres-

sion de la littŽrature franaise classique et n"envisage pas encore la possibilitŽ d"une littŽrature noire ˆ part plus tard, lorsque, une fois reconnu comme un prŽcur- seur par Senghor et par une partie de la nouvelle gŽnŽ- ration d"auteurs de la nŽgritude, il reprendra le texte de Batouala pour une nouvelle Ždition, il infl Žchira son Žcriture pour l"Žloigner du franais rigoureux atteint en 1948 un tirage de deux cent mille exemplai- res dans la nouvelle petite collection ˆ bon marchŽ d"Albin Michel (3,75 francs de l"Žpoque, soit 3,80 euros d"aujourd"hui) -, l"ouvrage vaudra ˆ son auteur un scandale retentissant (Rubiales 2005) plus qu"une rŽelle consŽcration littŽraire ; l"on redoutera mme que son livre soit utilisŽ aux fi ns de la propagande allemande (Porra 1994). Ë cause de sa prŽface, Batouala est en effet interdit de diffusion en Afrique, et son auteur se voit contraint de renoncer aussit™t ˆ ses fonctions d"admi- nistrateur colonial et de regagner la France en catimini. Force-BontŽ, publiŽ en 1926 dans la maison d"Ždi- tion progressiste de gauche Rieder et Compagnie, est un exemple de ce qu"Alain Ricard dŽsigne comme une littŽrature Ç mise sous tutelle È (Ricard 1995 : 229).

2. Tout en demeurant

lui-même dans un cadre assimilationniste : on parle aussi de " schoelchérisme ». Voir, par exemple, Corzani et al. 1998 : 114.

Fig. 2 Batouala, RenŽ Maran,

Paris, Albin Michel, Ždition

Ç dŽfi nitive È de 1938, 1948.

84L"auteur, Bakary Diallo, un tirailleur peuhl engagŽ dans l"armŽe franaise, y raconte son parcours, avec une relative complaisance ˆ l"Žgard de la colonisation, sous la forme d"un appel ˆ la frater-nisation. PubliŽ par Jean-Richard Bloch (Albertini 1981) dans une collection qui abrite Gandhi et Israti, l"ouvrage a sans doute ŽtŽ Žcrit avec l"aide de sa protectrice Lucie Cousturier et de l"Žditeur (Geneste 2009). C"est du moins ce qu"affi rme le

prŽfacier de la rŽŽdition de 1985, Mohamadou Kane : Ç De toute Žvidence, de 1911 ˆ 1926, Bakary Diallo n"a pas pu apprendre le franais au point d"Žcrire un roman, alors que de 1911 ˆ 1918, il Žtait occupŽ ˆ apprendre le mŽtier des armes, ˆ guer- aussi que l"armŽe n"est pas la meilleure Žcole pour apprendre la langue et la littŽrature È (Kane 1985 : littŽraires n"amendent et ne fi nalisent son texte. Dans l"entre-deux-guerres, la littŽrature afri- caine Žvolue au sein de la littŽrature dite Ç colo- niale È, qui constitue un genre ˆ part dans la littŽrature franaise

3, souvent avec de grands

tants, lorsqu"elle exalte l"aventure, l"exotisme ou l"entreprise coloniale, et par des consŽcrations symboliques et institutionnelles, comme le prix Goncourt, crŽŽ en 1903, qui revient ˆ des livres comme Les CivilisŽs raud (1906), En France de Marius-Ary Leblond (1910) ou Batouala, dŽjˆ citŽ (1921) (Ruscio 2008). Longtemps, les premiers romanciers africains ne constituent donc qu"une rŽgion de cette littŽrature, ainsi que le montrent les diffŽrents sous-titres en 1935, Ç roman sŽnŽgalais È, ou encore Diab"la, de Jozef Zobel, en 1947, Ç roman antillais È. En 1931, Roland Lebel insiste dans l"Žtude qu"il consacre ˆ cette littŽra- ture sur l"authentique originalitŽ que revt ˆ ses yeux l"Žcriture coloniale : pour lui, Ç les auteurs coloniaux ne sont plus des mŽtropolitains de passage qui restent mais de la colonie qu"ils regardent couler les ŽvŽnements È (Lebel 1931 : 86, citŽ in

Cornevin 1976 : 20).

Pour tre reconnus, les Žcrivains africains d"expression franaise se trouvent alors soumis, dans un cadre colonial il est vrai un peu diffŽrent pour ce qui est

rŽgionalistes ŽtudiŽs par Anne-Marie Thiesse : la nŽcessitŽ de Ç cultiver [leur(s)]

Comme l"affi rme par ailleurs le critique Boniface Mongo-Mboussa, Ç dans les annŽes trente, un Žcrivain antillais ou africain qui a envie [...] de publier, peut choisir, par exemple, comme stratŽgie littŽraire d"tre [...] un Žcrivain "rŽgional" ou "rŽgionaliste". Il peut donc publier des contes crŽoles ou des contes traduits d"une langue africaine en franais. Ces Žcrivains [de la "nŽgritude"] n"ont pas

3. Voir Lebel 1931 - un livre issu

de la thèse de doctorat ès lettres de l"auteur, couronné en 1926 du Prix de littérature coloniale -,

Pujarniscle 1931, Halen 1993,

Savarèse 1999. Fig. 3 RenŽ Maran (1887-1960). © Studio Lipnitzki / Roger-Viollet. PRÉSENCE AFRICAINEles conditions noires : une gŽnŽalogie des discours Les littŽratures francophones d"Afrique noire ˆ la conqute de l"Ždition franaise

85JULIEN HAGE

voulu tre des Žcrivains rŽgionalistes. Ils ont d"abord publiŽ ˆ Paris, on le leur a reprochŽ, je crois que ce n"Žtait pas comprendre leur stratŽgie È (Mongo-Mboussa, citŽ in Proteau 2001 : 21). Aussi Paul HazoumŽ explique-t-il, dans un Ç avertisse- ment È en prŽmabule de son livre Doguicimi, publiŽ chez Larose en 1938 : Ç Les ˆ notre documentation un cachet d"exotisme et d"authenticitŽ, constante prŽoc- cupation du vrai rŽgionalisme È (HazoumŽ 1938 : 14). Cette intŽgration au roman rŽgionaliste franais constitue donc un premier palier vers la reconnaissance et ture coloniale, conue comme littŽrature d"aventure et d"imagination, ainsi que le souligne Georges Hardy, directeur honoraire de l"ƒcole coloniale, alors recteur de l"acadŽmie de Lille, ˆ propos du mme Doguicimi : Ç Qu"on se garde d"y voir un roman colonial ; il n"invente rien, il se contente de choisir parmi les hŽros et les ŽvŽnements d"un lieu et d"une Žpoque ceux qui lui paraissent les plus caractŽris- tiques È (Hardy 1938 : 8). Si cette Žcriture entre dans le cadre d"une reconnaissance rŽgionaliste en vue d"acquŽrir une lŽgitimitŽ dans le champ littŽraire franais, tion È (pour reprendre le terme d"HazoumŽ) destinŽe ˆ informer et ˆ revendiquer, Toute cette gŽnŽration des premiers auteurs, parmi lesquels Maran, HazoumŽ 4 ou Damas, s"adonne en effet conjointement ˆ l"Žcriture de fi ction et ˆ l"ethno- reprŽsentent incontestablement une rŽponse ˆ l"ethnologie coloniale de l"entre- au discours dominant de la colonisation - Mongo Beti n"aura de cesse, dans les annŽes 1960, de dŽnoncer les travers de l"Ç ethnologisme È. Dans leur Žcriture, les auteurs peuvent en effet s"opposer aux canons esthŽtiques et aux prŽsupposŽs ethnologiques qui sont ceux de cette littŽrature et que souligne le congolais FŽlix Couchouro (Ricard 1987) : Ç L"idŽe ma"tresse, celle qui guide la plume de certains s"acharne ˆ le dŽmontrer. Et les ouvrages qui abondent dans ce sens sont lus avec intŽrt. C"est une opinion. On nous permettra de dire qu"elle est contestable. Les hŽros de ce roman vont le prouver È (Couchouro 1941 :

IV, citŽ in Ricard 1995 : 231).

Avec cette crŽation romanesque, qui se veut en mme temps revendication d"une identitŽ et d"un passŽ niŽs par la colonisation, on passe progressivement d"une littŽrature coloniale ˆ une littŽrature ˆ vocation ethnographique, laquelle sera le creuset de la future littŽrature africaine en qute de son langage. Tout au long des cinq cents pages de texte de Doguicimi, HazoumŽ accumule ainsi les notes de bas de page ˆ vocation documentaire. Dans son livre NŽgritures, Jean-Claude distingue de l"exotisme lorsqu"il n"est plus question de revtir, mais de reven- lui rendre hommage, se dŽclarer vassal du franais de France ; la revendication consiste ˆ dŽplacer le point de vue. Ce n"est pas pour la gloire de la langue fran- le texte de mots et de phrases wolofs. C"est d"abord pour la reconnaissance de

4. Paul Hazoumé rédige en 1937

une étude intitulée Sur le pacte de sang au Dahomey, qui reçoit le premier prix du gouvernement général de l"Afrique occidentale française (AOF). Une démarche comparable à celle de Jomo

Kenyatta dans le cadre des

colonies britanniques, avec ses

études d"ethnologie sur les Gikuyu

rédigées en anglais. "authentiques", en crŽant des prix de littŽrature coloniale et prenant ouverte- ment ses distances face au vieil exotisme d"un Pierre Loti. Ce sont ces romans, Žcrits par des fonctionnaires ayant l"expŽrience de l"Afrique, ou certifi Žs "vŽri- tables" par une prŽface appropriŽe, qui dŽterminent l"image franaise (et par consŽquent le champ littŽraire) de l"Afrique entre les deux guerres : Koffi , roman vrai d"un noir, Vertige d"Afrique, La RandonnŽe de Samba Diouf, La Soudanaise et Dans cette lutte pour la reconnaissance, la mŽdiation des administrateurs part des livres publiŽs par des Žcrivains originaires des colonies disposent en contexte d"une rŽalitŽ coloniale parfois lointaine et de rassurer le lecteur sur les qualitŽs littŽraires de l"ouvrage, voire sur les intentions politiques de l"auteur.

Ainsi la prŽface dŽjˆ citŽe de Georges Hardy ˆ Doguicimi, o il prŽcise : Ç Vous

l"Žtonneriez fort si vous lui prtiez la moindre visŽe autonomiste. Mais ˆ la pas se dŽtacher inutilement du sol de ses anctres, du passŽ de sa famille, desquotesdbs_dbs11.pdfusesText_17
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