Assemblée générale
10 août 2009 La FIDH le MIDH et la LIDHO ont indiqué que la Côte d'Ivoire avait ... de l'homme et de la femme et que le Code pénal punissait le viol et ...
Introduction Observations de lAPDH
de Côte d'Ivoire lors de l'examen 2014 et les objectifs de développement durable (ODD). 2- Résumé insertion dans le code pénal du pays demeure en cours.
RAPPORT DE lAPDH RELATIF A LEPU Abidjan le 14 Septembre
14 sept. 2013 droits humains en Côte d'Ivoire l'APDH s'est penchée sur trois thèmes contenus dans ... Incriminer la torture dans le Code Pénal Ivoirien.
La Torture en Afrique : Le Droit et la Pratique
30 sept. 2012 Siemen Eric-Aimé ( Côte d'Ivoire APDH)
6 SESSION DU 30 NOVEMBRE AU 11 DECEMBRE 2009
l'Homme (APDH) (1) la stratégie de la société civile pour contribuer efficacement à l'Examen Périodique Universel (EPU) de la Côte d'Ivoire a débuté le
Code Pénal de la Côte dIvoire
Code Pénal de la Côte d'Ivoire. 31-08-1981. LIVRE I : DISPOSITIONS COMMUNES A L'ENSEMBLE DES INFRACTIONS. DISPOSITIONS PRELIMINAIRES. Article 1.
RAPPORT EPU_APDH
la situation des droits de l'homme en Côte d'Ivoire. 2. Le présent rapport sera donc une analyse des droits de l'enfant et du droit à un environnement sain.
Focus Côte dIvoire : Situation des défenseurs des droits de lhomme
de l'Homme Côte d'Ivoire (APDH) a été cambriolé à deux reprises et le siège du même sexe puisque le code pénal prévoit des peines plus sévères en cas ...
La jurisprudence de la Cour africaine des droits de lhomme et des
1 mai 2017 protection des droits de l'homme (APDH) c Côte d'Ivoire (Arrêt du ... disproportionnées par rapport au but poursuivi par le Code pénal et le.
Préoccupations de la FIACAT et de lACAT CI A lintention du Comité
Action des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture de Cote d'Ivoire Comme aucune disposition du Code pénal ne la définit explicitement ni ne la ...
RÉSUMÉ: La Cour africaine des droits de l'homme et des peuples (Courafricaine) constitue, avec la Commission africaine des droits de l'homme etdes peuples (Commission africaine), le système africain de protection desdroits de l'homme. C'est dans ce cadre qu'elle exerce ses fonctionsconsultative et contentieuse à l'égard des Etats Parties et peut recevoir des
requêtes émanant de la Commission africaine, des individus et des organisations non gouvernementales introduites contre les Etats ayant accepté sa compétence. L'exercice par la Cour de son office laisse apparaître une construction ambivalente du droit africain des droits de l'homme. Cette construction se caractérise d'une part, par le développement d'une jurisprudence relativement originale qui met en exergue, non seulement la constitutionnalisation et la socialisation, mais aussi l'humanisation et la moralisation du droit africain. Elle est marquée, d'autre part, compte tenu du caractère embryonnaire du droit africain des droits de l'homme, par la mise en relief de ce droit considéré comme le relais régional de l'universalisme du droit des droits de l'homme, dans ses dimensions procédurale et matérielle. TITLE AND ABSTRACT IN ENGLISH:The jurisprudence of the African Court of Human and Peoples' Rights: between particularism and universalityABSTRACT: The African Court on Human and Peoples' Rights (African Court), togetherwith the African Commission on Human and Peoples' Rights (African Commission),
make up the African system for the protection of human rights. It is within thisframework that the African Court exercises its advisory and contentious jurisdictions
in respect of State parties. The Court may receive applications from the African Commission, individuals and non-governmental organisations against States that have accepted its jurisdiction. The Court's implementation of its missions reveals an ambivalence in the interpretation of African human rights law. This ambivalence is characterised by, on the one hand, the development of a relatively original jurisprudence which highlights not only the constitutionalisation and socialisation, but also the humanisation and moralisation of African law and, on the other hand, in view of the burgeoning nature of African human rights law, by shedding light on that law, which is considered as the regional relay of universalism of human rights law, inits procedural and material dimensions.MOTS CLÉS: Cour africaine des droits de l'homme, humanisation,
universalisme, particularismeLa jurisprudence de la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples: entre particularisme et universalitéTélesphore Ondo*
* Docteur en droit public (Reims Champagne-Ardenne (France)); Enseignant-chercheur, Maître assistant à l'Université Omar Bongo; ondotelesphore71@gmail.comT Ondo 'La jurisprudence de la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples: entre particularisme
et universalité' (2017) 1 Annuaire Africain des Droits de l'Homme 244-262http://doi.org/10.29053/2523-1367/2017/v1n1a12
(2017) 1 Annuaire Africain des Droits de l'Homme 245SOMMAIRE:
1Introduction...............................................................................................................245 2 Le particularisme de la jurisprudence de la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples
2.1 La constitutionnalisation et la socialisation du droit africain.............................2482.2 L'humanisation et la moralisation du droit africain............................................ 253
3 L'universalisme africain des droits de l'homme................................................ 255
3.1 Le relais régional du droit international procédural ...........................................256
3.2 Le relais africain du droit international matériel ................................................259
1INTRODUCTION
La Cour africaine des droits de l'homme et des peuples (Cour africaine) a été instituée par le Protocole relatif à la Charte africaine des droits del'homme et des peuples portant création d'une Cour africaine des droitsde l'homme et des peuples (Protocole), adopté le 10 juin 1998 à
Ouagadougou.
1 Institution judiciaire principale des droits de l'hommeen Afrique, la Cour africaine a été créée pour renforcer le mandat deprotection de la Commission africaine des droits de l'homme et des
peuples (Commission africaine), dans un système africain de protection des droits de l'homme 2fondé principalement sur la Charteafricaine des droits de l'homme et des peuples (Charte africaine).
3Aux termes des dispositions des articles 3(1) et 7 du Protocole, laCour est compétente pour connaître de l'interprétation et de
l'application non seulement de la Charte africaine, mais également de'tout autre instrument pertinent relatif aux droits de l'homme et ratifiépar les Etats concernés'. Quant au sens à donner à la notion
'd'instrument relatif aux droits de l'homme', la Cour a conclu, dansl'arrêt majeur qu'elle a rendu dans l'affaire APDH c Côte d'Ivoire,qu'entraient dans cette catégorie, la Charte africaine de la démocratie et
1Article 1, Protocole à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples portantcréation d'une Cour africaine des droits de l'homme et des peuples, adopté le 10 juin
1998 et entré en vigueur le 25 janvier 2004, après avoir été ratifié par plus de 15 pays. CeProtocole est toujours en vigueur. Un autre Protocole, fusionnant le Protocole portantcréation de la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples et du Statut de la Cour
de justice de l'Union africaine, a néanmoins été adopté le 1er juillet 2008 pour créer laCour africaine de justice et des droits de l'homme. Lors de la 23e Session ordinaire duSommet de l'Union africaine tenu à Malabo en Guinée Equatoriale, ce Protocole a fait
l'objet d'un amendement, le 27 juin 2014, instituant une Chambre criminelle au seind'une Cour plus large dont les deux premières cours constitueront l'une, la Chambre desaffaires générales et, l'autre, celle des droits de l'homme. A ce jour, ce Protocole dit de
Malabo n'est pas encore entré en vigueur puisqu'il n'a été signé que par 9 Etats dontaucun ne l'a ratifié.
2 Article 2 du Protocole portant création de la Cour africaine. 3 Adoptée le 27 juin 1981 à Nairobi, la Charte africaine est entrée en vigueur le21 octobre 1986, après sa ratification par 25 Etats.
246 Ondo/La jurisprudence de la Cour africaines des droits de l'homme et des peuples
le Protocole de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) sur la démocratie. 4 C'est dans ce cadre que la Cour africaine exerce sa fonction contentieuse à l'égard des Etats Parties reconnaissant sa compétence. Conformément aux dispositions des articles 5(3) et 34(6) duProtocole, 5 la Cour peut recevoir également des requêtes émanant de la Commission africaine, des individus et des organisations nongouvernementales, introduites contre lesdits Etats. A n'en point douter,il s'agit là d'une évolution notable du droit africain des droits de
l'homme. En effet, en droit international, la reconnaissance de droitsfondamentaux aux individus et aux peuples ne s'est pas originellementaccompagnée de la capacité juridique à agir en cas de violation. La
consécration d'un droit d'accès direct ou indirect des personnes privées(individus et organisations non gouvernementales) au prétoire de laCour africaine, qui se situe dans le sillage global de la reconnaissance de
ces personnes comme sujets du droit international, 6 constitue dès lors une véritable révolution juridico-institutionnelle. 7 Cette option d'une juridiction internationale à l'accès libéralapparaît non seulement comme 'la forme de protection des droits del'homme la plus avancée et la plus perfectionnée',
8 mais aussi comme la plus dynamique. 9 Il est vrai que ce modèle libéral est limité par lacondition très critiquée du dépôt d'une déclaration spéciale dereconnaissance de compétence. Quoi qu'il en soit, que les individus
soient demandeurs dans presque toutes les 155 requêtes reçues et 34décisions rendues par la Cour africaine au cours de sa premièredécennie d'existence, est la preuve intangible de cette démocratisation
de l'accès à son prétoire. 4La Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance a étéadoptée le 30 janvier 2007 et est entrée en vigueur le 15 février 2012. Le Protocole de la
CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance additionnel au Protocole relatifMécanisme de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité
a été adopté le 21 décembre 2001 et est entré en vigueur en 2008. Voir Actions pour laprotection des droits de l'homme (APDH) c Côte d'Ivoire (Arrêt du 18 novembre 2016,Fond) paras 49-65.
5Sur 30 Etats parties, seuls 8 ont fait une telle déclaration. Il s'agit du Bénin (8 février2016), du Burkina Faso (28 juillet 1998), de la Côte d'Ivoire (28 juillet 2013), du Ghana
(10 mars 2011), du Malawi (09 octobre 2008), du Mali (19 février 2010), de la Tanzanie(29 mars 2010) et de la Tunisie (1
ermai 2017). Le Rwanda, après avoir déposé sadéclaration le 6 février 2013, l'a retirée en 2016. Sur ce retrait, cf. Cour africaine,
Umuhoza c Rwanda (arrêt du 3 juin 2016).
6 AA Cançado Trindade Evolution du droit international au droit des gens. L'accès des individus à la Justice Internationale, le regard d'un juge (2008). 7 Fl Ntsatsiesse L'accès des personnes privées à la Cour africaine des droits del'homme et des peuples (2016) Mémoire de Master Recherche Droit public fondamental,Faculté de Droit et des Sciences Economiques, Université Omar Bongo, p. 5. Il convientde noter néanmoins que les personnes privées ont également un accès direct au Conseil
des droits de l'homme des Nations-Unies, aux organes des traités de l'ONU, à laCommission interaméricaine des droits de l'homme et à la Commission africaine desdroits de l'homme et des peuples.
8Rapport annuel sur le travail de la Cour interaméricaine des droits de l'homme àl'Assemblée générale de l'Organisation des Etats Américains, 2000.
9Voir O Delas 'La création de la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples:mécanisme efficace de protection des droits de l'homme?' (1999) 12 Revue Québécoise
de droit international 99. (2017) 1 Annuaire Africain des Droits de l'Homme 247 Conjointement à cette fonction contentieuse, la Cour africaine exerce une fonction consultative en vertu des dispositions des articles 4du Protocole et 68 de son Règlement intérieur. Les demandes d'avissont à l'initiative des Etats membres, de l'Union africaine, de tout
organe de l'Union africaine ou d'une organisation africaine reconnue par l'Union. 10 La Cour a reçu à ce jour 12 demandes et rendu 11 avisconsultatifs.Dans l'exécution de sa mission, la Cour met en perspective lesdifférents acteurs; elle garantit la confrontation directe entre les
supposées victimes de violation des droits de l'homme et les Etatsdéfendeurs, dans le respect du principe du contradictoire; ellereconnaît aux victimes les droits de participation au procès et de
réparation des dommages qui leur sont causés; et elle garantit l'égalitédes armes entre les parties tout au long de la procédure devant la Cour,dans le respect des exigences du procès équitable. Ce faisant, la Cour
interprète, irrigue, développe et enrichit le droit africain des droits del'homme. Dans quelle mesure ce droit en construction apparaît-ilcomme avant-gardiste, non-conformiste, voire créatif par rapport aux
canons du positivisme juridique volontariste et universaliste du droit international public? L'objet de la présente réflexion est de montrer que, dans l'exercicede ses fonctions contentieuse et consultative, la Cour africaine faitoeuvre d'une construction relativement originale de la jurisprudence,
reposant sur une conception particulière du droit africain des droits del'homme. Cependant, ce particularisme ne doit pas être surestimé. Eneffet, le caractère embryonnaire du droit africain des droits de
l'homme, le développement du dialogue avec d'autres juridictions internationales et régionales dans le cadre des rapports de systèmes, 11 la similitude et la convergence des intérêts protégés avec ces juridictions manifestement en avance, justifient les influencesuniversalistes particulièrement remarquables de la jurisprudenceinternationale sur l'activité de la Cour africaine.
10 Sur le sens de la notion 'd'organe de l'Union africaine', voir Avis consultatif, Comitéd'experts sur les droits et le bien-être de l'enfant au sujet du statut du Comité africaind'experts sur les droits et le bien-être de l'enfant devant la Cour africaine des droits del'homme et des peuples (5 décembre 2014) paras 55-57 ; quant à la notion
'd'organisation africaine reconnue par l'Union africaine', voir Avis consultatif, Socio-Economic Rights and Accountability Project (SERAP) (26 mai 2017) paras 43-65. Voirégalement en général, Avis consultatif, Rencontre Africaine pour la Défense des Droits
de l'Homme (RADDHO) (28 septembre 2017) paras 27-38; Avis consultatif, Centre forHuman Rights, Federation of Women Lawyers Kenya, Women's Legal Centre, WomenAdvocates Research and Documentation Centre, Zimbabwe Women Lawyers
Association (28 septembre 2017) paras 38-49.
11 H Kelsen 'Les rapports de système. Entre le droit et le droit international public' (1925) 10 Recueil des Cours de l'Académie de droit international 231.248 Ondo/La jurisprudence de la Cour africaines des droits de l'homme et des peuples
2 LE PARTICULARISME DE LA
JURISPRUDENCE DE LA COUR AFRICAINE
Contrairement à ce que suggère Mubiala par exemple, 12 la Cour africaine n'est pas une réplique identique des autres juridictionsrégionales des droits de l'homme. Elle se caractérise par une certainedémarcation du volontarisme étatique en développant une
jurisprudence relativement originale qui met en exergue, nonseulement la constitutionnalisation et la socialisation, mais aussil'humanisation et la moralisation du droit africain.
2.1 La constitutionnalisation et la socialisation du
droit africain La constitutionnalisation et la socialisation du droit africain sont deuxtraits caractéristiques de la jurisprudence de la Cour africaine qu'ilfaudrait examiner successivement.
2.1.1 La constitutionnalisation
La constitutionnalisation s'entend ici du processus par lequel la Courafricaine va, conformément à la volonté du législateur africain, ériger
les normes relatives aux droits de l'homme en normes suprêmes devant lesquelles le droit interne doit s'incliner. 13Cette suprématie estgarantie par la Cour africaine. En effet, le rôle de la Cour africaine ne se
limite pas à interpréter la Charte africaine et les autres instruments relatifs aux droits de l'homme ratifiés par les Etats africains, 14 ni à encontrôler le respect. Son mandat est beaucoup plus large et consiste à instaurer une véritable culture non seulement du respect des droits de l'homme et de la justice, mais aussi de la responsabilité. Tel que l'article 3(2) du Protocole l'indique sans ambages, 'en cas decontestation sur le point de savoir si la Cour est compétente, la Courdécide'. Selon le juge africain, cette disposition
couvre toutes les affaires et tous les différends en matière de droits de l'hommeconcernant l'interprétation et l'application de la Charte, du Protocole et de toutautre instrument pertinent relatif aux droits de l'homme ratifiés par les Etats
concernés. 15 Ainsi, dans l'affaire Commission africaine des droits de l'homme et des peuples c Grande Jamahiriya arabe Libyenne populaire et socialiste, concernant les violations des droits de l'homme commises lors du 12M Mubiala 'La Cour africaine des droits de l'homme et des peuples: mimétismeinstitutionnel ou avancée judiciaire?' (1998) 102 Revue générale de droit internationalpublic 765.
13Voir CM Fombard 'Internationalization of constitutional law and constitutionallismin Africa' (2012) 60 American Journal of Comparative Law 439.
14Article 3(1) du Protocole.
15 Mkandawire c République du Malawi (arrêt, 21 juin 2013) para 34. (2017) 1 Annuaire Africain des Droits de l'Homme 249 printemps arabe, alors que la requérante ne l'envisageait pas, la Cour, en exerçant compétence prima facie, a ordonné, 16 de toute urgence et sans autre procédure, des mesures provisoires. Selon la Cour,dès lors qu'il existe une situation d'extrême gravité et d'urgence, de même qu'unrisque de dommages irréparables aux personnes qui sont l'objet de la requête, en
particulier pour ce qui est des droits de celles-ci à la vie et à l'intégrité physique, telsque garantis par la Charte,
17elle n'avait pas d'autres choix que d'agir. Depuis, cette jurisprudencesur les mesures provisoires a été confirmée à plusieurs reprises.
18 L'exécution de ces mesures provisoires par les Etats concernés auraforcément un impact non seulement sur l'ordonnancement juridiquenational, mais aussi sur les décisions des juridictions internes. La Cour
africaine, à l'instar d'une véritable cour suprême, pourrait ainsis'investir dans les systèmes juridiques des Etats membres pour lescontraindre à respecter les droits de l'homme.
Dans l'exercice de sa mission, elle le fait de deux manières: d'unepart, en assurant le contrôle des systèmes juridictionnels et juridiques
des Etats et, d'autre part, en rappelant aux Etats leurs obligations internationales en matière de respect des droits de l'homme. Dans le cadre de l'appréciation de la mise en oeuvre de la règle del'épuisement des voies de recours internes, la Cour assure un véritablecontrôle des systèmes juridiques et juridictionnels des Etats sur le
fondement des critères de disponibilité, d'efficacité et de suffisance.Dans l'affaire Konaté c Burkina Faso,
19la Cour, après avoir contrôlé lesystème juridictionnel burkinabé, a indiqué que si le pourvoi en
cassation, dont le délai est de cinq jours, est bien disponible, il ne vise qu'à annuler le jugement et non la loi. Dès lors, selon la Cour,dans de telles circonstances, il est clair que le requérant dans la présente affaire nepouvait rien attendre de la Cour de cassation, s'agissant de sa demande en
annulation des lois burkinabé en application desquelles il avait été condamné. 20 Autrement dit, précise la haute juridiction continentale, 'il n'était pasnécessaire de recourir au même processus judiciaire dès lors que lerésultat était connu d'avance'.
21Ensuite, la Cour a rappelé que, dans le
cas d'espèce, c'est le Conseil constitutionnel qui pouvait connaître dulitige dès lors qu'il assure le contrôle de constitutionnalité des lois. Or,indique la Cour, celui-ci ne peut nullement être saisi par les individus.
Selon la Cour,
il ressort de l'ensemble des considérations qui précèdent que le système juridiqueburkinabé n'offrait au requérant dans la présente affaire aucun recours efficace etsuffisant lui permettant de faire censurer les lois burkinabé dont il se plaint. Par
voie de conséquence, le requérant n'avait pas à épuiser le recours en cassation, ni 16 Ordonnance en indication de mesures provisoires (25 mars 2011) Requête 4/2011. 17Ordonnance (n 15 ci-dessus) para 22.
18La Cour a rendu à ce jour 21 ordonnances relatives aux mesures provisoires dont 17portent sur des cas de peine de mort en Tanzanie. Cf. fr.african-court.org/index.php/54-list-of-cases-with-provisional-measures/448-liste-des-affaires-ayant-fait-l-objet-d-
ordonnances-de-mesures-provisoires. 19 Konaté c Burkina Faso, Requête 4/2013 (5 décembre 2014) para 107. 20 Konaté c Burkina Faso (n 19 ci-dessus) para 111. 21Konaté c Burkina Faso (n 19 ci-dessus) para 112.
250 Ondo/La jurisprudence de la Cour africaines des droits de l'homme et des peuples
d'ailleurs un quelconque autre recours, après sa condamnation définitive au fond,par la Cour d'appel de Ouagadougou, le 10 mai 2013.
22Dans la même affaire, la Cour, en véritable juge constitutionnel, a
assuré le contrôle de la conformité des lois burkinabé avec lesdispositions de la Charte africaine et du Pacte international sur les
droits civils et politiques (PIDCP) de 1966, relativement à la libertéd'expression, sur la base de critères précis. Il s'est agi plusconcrètement de vérifier que la limitation de la liberté d'expression est
prévue par la loi, qu'elle répond à un objectif légitime et qu'elle estnécessaire pour atteindre l'objectif visé et proportionnée dans unesociété démocratique. Dans le cas d'espèce, le juge africain a estimé que
non seulement la législation burkinabé, en prévoyant la diffamationcomme une infraction pénale, viole manifestement les articles 9 et 19respectivement de la Charte et du Pacte de 1966,
23mais aussi que les décisions prises par des tribunaux condamnant le requérant sont
disproportionnées par rapport au but poursuivi par le Code pénal et leCode de l'information du Burkina Faso.
24Enfin, toujours dans son contrôle du système juridique de l'Etat, laCour va jusqu'à censurer les dispositions constitutionnelles. Par
exemple, elle a jugé que celles de la Tanzanie-Unie qui interdisent lescandidatures indépendantes aux élections politiques violent la Charteafricaine, notamment le droit des requérants tanzaniens de participer
aux affaires publiques de leur pays. 25De même, le fait que la
Constitution exige que les candidats soient membres d'un partipolitique viole la liberté d'association garantie par la Charte,
26viole également le droit à la non-discrimination et l'égalité devant la loi. 27
Et pour remédier à cette situation, la Cour a ordonné
au Défendeur de prendre toutes les mesures constitutionnelles, législatives etautres dispositions utiles dans un délai raisonnable, afin de mettre fin aux
violations constatées et informer la Cour des mesures prises à cet égard. 28Dans son arrêt du 18 novembre 2016,
29la Cour a, en revanche, procédé
à la remise en cause de l'autorité absolue de chose jugée du Conseilconstitutionnel ivoirien. En effet, alors que ce dernier avait jugé, par
une décision du 16 juin 2014, la loi sur la Commission électorale indépendante conforme à la Constitution, la Cour a indiqué qu' 22Konaté c Burkina Faso (n 19 ci-dessus) para 113. 23
Konaté c Burkina Faso (n 19 ci-dessus) para 164. 24
Konaté c Burkina Faso (n 19 ci-dessus) para 170. 25
Tanganyika Law Society and The Legal and Human Rights Centre c Tanzanie,
Requête 9/2011 et Mtikila c Tanzanie, Requête 11/2011 (14 juin 2013) (ci-après Jonctiond'instance d'affaires) para 111.
26Jonction d'instance d'affaires (n 25 ci-dessus) para 114. 27
Jonction d'instance d'affaires (n 25 ci-dessus) para 119. 28
Jonction d'instance d'affaires (n 25 ci-dessus) point 3. 29
APDH c Côte d'Ivoire Requête 1/2014 (18 novembre 2016). Dans une autre affaire,Nyamwasa et six autres c Rwanda (ordonnance sur la demande aux fins de mesuresprovisoires 24 mars 2017) alors que les requérants demandaient la prise de mesures
provisoires visant à interdire au défendeur de poursuivre l'organisation d'un référendumdestiné à amender l'article 101 de la Constitution, à la lumière de l'interdiction à cetégard inscrite à l'article 23(5) de la Charte africaine sur la démocratie, la gouvernance et
les élections ('est-à-dire de contrôler la conformité de la Constitution du Rwanda à cette
(2017) 1 Annuaire Africain des Droits de l'Homme 251 au regard de sa composition, l'organe électoral ivoirien ne présente pas les garanties d'indépendance et d'impartialité requises et qu'il ne peut donc pas être perçu comme tel. 30Par conséquent, ajoute la Cour,
en adoptant la loi contestée, l'Etat défendeur a violé son obligation de créer unorgane électoral indépendant et impartial, prévu par l'article 17 de la Charteafricaine sur la démocratie et l'article 3 du Protocole de la CEDEAO sur la
démocratie. 31Par ailleurs, la Cour ne manque pas de rappeler aux Etats leurs obligations internationales, c'est-à-dire l'obligation de respecter et de
garantir les droits de l'homme; l'obligation de prendre des mesures dedroit interne, l'obligation d'organiser des recours judiciaires suffisants
et efficaces contre les violations des droits. Par exemple, dans l'affaireZongo et autres c Burkina Faso,
32la Cour a censuré l'Etat burkinabépour violation de son obligation de garantir non seulement le droit de
la victime à ce que sa cause soit entendue par les juridictions nationales compétentes, mais aussi les droits des journalistes. De même, dansl'affaire Konaté, 33la Cour a indiqué que le Burkina Faso a manqué à son obligation de respecter les droits de l'homme, en l'occurrence la
liberté d'expression. Dans l'affaire APDH c Côte d'Ivoire, la Cour a aussijugé que 'lorsqu'un Etat devient partie à un traité relatif aux droits de
l'homme, le droit international l'oblige à prendre des mesures positives pour assurer la mise en oeuvre de ces droits'. 34La Cour peut rappeleraussi aux Etats membres leur obligation de se conformer aux arrêts qu'elle a rendus. 35
2.1.2 La socialisation
La socialisation du droit africain s'entend du processus social par lequelles juges de la Cour africaine interprètent les dispositions de la Charteet autres instruments relatifs aux droits de l'homme et rendent des
arrêts en tenant compte des spécificités africaines. En effet, dans son rôle de protectrice des droits et libertés, la Cour s'efforce d'interpréter les normes relatives aux droits de l'homme dansl'intérêt des individus en procédant à une méthode sociologique. Ainsi,par exemple, dans l'affaire Konaté, la Cour a tenu compte des réalités
africaines relatives au faible niveau d'alphabétisation, en retenant sa 30APDH c Côte d'Ivoire, Requête 1/2014 (18 novembre 2016) para 133. 31
APDH c Côte d'Ivoire (n 29 ci-dessus) para 135. 32
Arrêt du 28 mars 2014 para 150 et paras 186-187. 33
Konaté c Burkina Faso (n 19 ci-dessus) para 170. 34
APDH c Côte d'Ivoire (n 29 ci-dessus) para 61.
35Abubakari c Tanzanie, Requête 7/2013 (3 juin 2016); Onyachi et autres c Tanzanie,
Requête 3/2015 (28 septembre 2017).Charte), la Cour a simplement indiqué que, faute pour les requérants de se rendre à
Arusha pour assister à l'audience publique et n'ayant pas prise de date spécifique àlaquelle l'audience devait être reportée, elle ne pouvait prendre de mesures provisoires,
puisque le référendum a été dûment tenu le 17 décembre 2015, rendant ainsi la demandesans objet (paras 34-35). Ceci laisse présager que si une nouvelle date avait été fixée, detelles mesures provisoires pouvaient être prises par la Cour.
252 Ondo/La jurisprudence de la Cour africaines des droits de l'homme et des peuples
compétence pour modifier le titre d'une requête truffée d'erreurs, en l'occurrence la République du Burkina Faso a été qualifiée de 'République Populaire et Démocratique du Burkina'. 36Contrairementà ce que soutenait l'Etat burkinabé, et en tenant compte du niveau intellectuel moyen du requérant, la Cour a jugé qu'il ne s'agit nullement là de termes outrageants ou insultants. Dans la même affaire, en tenant compte de ce que, dans plusieurs
corps de métiers, les Africains exercent dans l'illégalité, sans formalitéadministrative, la Cour a reconnu la qualité de journaliste de fait au
requérant, même si ce dernier ne s'est pas conformé aux formalités administratives. 37En outre, dans le contexte africain marqué par la problématique de
la conservation des pièces d'état civil, la Cour, en vertu de l'article 26(2)du Protocole, 'reçoit tous moyens de preuves (orale et écrite) qu'elle
juge appropriées et sur lesquelles elles fondent ses décisions'. Selon laCour, dans l'affaire Zongo,
cette disposition, qui consacre le principe de la libre admissibilité de la preuve,implique notamment que la Cour n'est pas tenue par les règles restrictives de droitinterne en ce qui concerne les moyens de preuve admissibles. Elle peut donc
décider qu'un moyen de preuve exigé par le droit interne, n'est pas nécessairementrequis devant elle.
38En l'espèce, plusieurs ayants droit ne disposaient pas d'actes denaissance ou de filiation.
Par ailleurs, compte tenu de la faible maîtrise des droits de l'hommeet des règles contentieuses par les requérants, la Cour fait preuve de
souplesse à l'égard des personnes privées. Ainsi, elle ajuste ouinterprète la requête pour bien identifier un droit prétendument violé.Aussi, alors que la requérante n'invoquait que la seule violation du
'droit à l'égalité devant la loi', la Cour a conclu à la violation par l'Etat défendeur du droit 'à une égale protection de la loi'. 39Toujours entenant compte du contexte, la Cour a retenu sa compétence dès lors que les droits dont la violation est alléguée sont protégés par la Charte ou
par tout autre instrument relatif aux droits de l'homme et ratifié parl'Etat concerné, même lorsque ces droits ne sont pas nécessairement
précisés dans la requête. 4036
Konaté c Burkina Faso (n 19 ci-dessus) paras 46-48. 37
Konaté c Burkina Faso (n 19 ci-dessus) paras 54-59. 38
Zongo c Burkina Faso (n 32 ci-dessus) para 52. Notons toutefois que la Cour acensuré la République unie de Tanzanie dont les dispositions constitutionnelles
quotesdbs_dbs28.pdfusesText_34[PDF] Définir le code PIN d 'une clé OTP
[PDF] DSN OC - FAQ Déclarants - 2017 06 16 - v2 0
[PDF] notice premiers pas avec la dsn - AG2R La Mondiale
[PDF] Code des procédures fiscales - Direction Générale des Impôts
[PDF] Liste des codes produits PES - CDG22
[PDF] bons-rabais congrès activités et attractions v - International
[PDF] ESCAPADES ESTIVALES FORFAITS
[PDF] Imprimer les coupons - Passeport Vacances
[PDF] Ça va bouger ? Ange-Gardien le 19 février prochain! - Municipalité
[PDF] carnet reductions infos ce - CER SNCF
[PDF] Catalogue RANINI - Ooredoo
[PDF] code regime - Ifri Transit
[PDF] Fiche sélectionnée : Table des codes régimes - Gisti
[PDF] Relevé d 'identité bancaire de INSTITUT DE MUSIQUE TUNISIENNE