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De la fictionnalisation du génocide rwandais à la stylisation de l

Souveraine magnifique. Paris : Gallimard 2014. Dans l'article

De la fictionnalisation du génocide rwandais à la stylisation de l"éthique de la non -violence :

Souveraine Magnifique

d"Eugène

Ébodé

Pierre Suzanne EYENGA ONANA

Univ ersité de Yaoundé I

Cameroun

Résumé : Peut-on postuler que la réécriture du génocide rwandais d"avril à juillet 1994 peut

alternativement avoir un rôle moralisateur dans la perspective de sensibiliser les lecteurs sur les

atrocités subies par les parties belligérantes ? Fondée sur le référentiel de lecture sociocritique

tel que théorisé par Edmond Cros et Pierre Barbéris, cette étude scrute les enjeux littéraire et

éthique cristallisés dans la trame scripturaire d"Eugène Ébodé aux fins de pallier l"insuffisance

d"un discours historique réducteur. Elle décrypte notamment la dialectique pertinente entre les

personnages historiques et leurs doubles fictionnels à l"effet de postuler que la fictionnalisation

d"événements historiques se révèle parfois être une déformation artistique exhibant

simplement la nature non violente des contacts interhumains. Abstract : Can we assume that the rewriting of the Rwandan genocide from April to July

1994 may alternatively have a moralizing role in the sense of educating readers about the

atrocities suffered by the warring parties ? Based on sociocriticism as the framework theorized

by Edmond Cros and Pierre Barbéris, this study identifies the literary and ethical issues

crystallized in Eugene Ébodé"s writing frame for the purposes of filling the gap left in

memory by a reductive historical discourse. In particular, it unravels the relationship between historical characters and their literary double, with a view to postulating that the fictionalization of historical events sometimes proves to be an artistic alteration that reveals the nonviolent nature of interhuman contacts. Mot

s clés : (ré)écriture, génocide rwandais, non-violence, éthique, contacts interhumains.

Keywords : (re)writing, the Rwandan genocide, non-violence, ethics, inter-human contacts. Intr oduction Les larmes de réminiscence de l"artiste belgo-rwandais Stromae sur un plateau de télévision ivoirien en juin 2014 ne sont pas dénuées de sens. Marquées du sceau du terrifiant génocide rwandais, elles révèlent l"ampleur des dégâts de ce drame qui vit périr son géniteur et dont le souvenir atroce hante à ce jour les psychés. Mais comment rester insensible à un tel déploiement de haine entre humains sans en envisager la réécriture dans l"optique de susciter une dynamique nouvelle empreinte d"humanisme et de solidarité agissants ? Assurément, la réponse à cette préoccupation légitime tire sa source de l"écriture. En effet, l"usage des mots suggère un " compromis entre une liberté et un souvenir [...]. Le langage n"est jamais innocent : les mots ont une mémoire seconde qui se prolonge mystérieusement au milieu des significations nouvelles » (Barthes 1953, 16). Dès lors, peut-on postuler que la réécriture du génocide rwandais exhibe un discours moralisateur alternatif dont la visée est d"interpeler l"homme postmoderne sur l"urgence à recourir aux voies non- violentes dans la résolution des conflits intersubjectifs ?

DIALOGUES FRANCOPHONES 20-21/2014-2015 152

L"horizon d"analyse à l"aune duquel nous scrutons cette problématique se réclame de la sociocritique d"Edmond Cros. Pour ce dernier : " Le texte est un objet moral ; c"est l"écrit en tant qu"il participe au contrat social. » (Cros

2003, 44). À cet égard, il s"agira pour nous de questionner la signifiance du

contrat social transcrit dans Souveraine Magnifique1, par opposition à la s ignification objective qui lui semble inopérante. Cros affecte à ce concept le travail de l"écriture, le texte étant un espace polyphonique où se croisent plusieurs sens latents. Dans ce roman, nous examinerons les " modalités d"incorporation de l"histoire [dans le roman], [...] au niveau des formes » (Cros

2003, 53). Appréhendant Souveraine Magnifique comme un produit inachevé ou

un " appareil translinguistique » (Cros 2003, 52), nous montrerons que le sens de cet imaginaire " émerge de la coïncidence conflictuelle de deux discours contradictoires [portant] l"un et l"autre sur des enjeux fondamentaux de la société » (Cros 2003, 54) : le génotexte et le phénotexte.

Écriture génotextuelle dans

Souveraine Magnifique

L e génotexte décrit l"espace virtuel où les structures originelles programment le processus de productivité sémiotique (Cros 2003, 55-56) ; il renvoie au processus de génération ou de signifiance tendant à réaliser les latences sémantiques d"un même énoncé (Kristeva 1969, 57). Il s"agit également d"un dispositif de la langue servant de base sous-jacente au langage et renvoyant à la structure profonde d"un texte. Associée à la notion d"" explicite » dans l"épistémologie de Pierre Barbéris, l"approche génotextuelle

autorise à traquer dans le texte, " les références claires à restituer, et qui

peuvent être disséminées : [...] ce qui, dans le texte, se trouve dit et dénoté » (Barbéris 1990, 139-140). À première vue, la lecture de Souveraine Magnifique offre un certain nombre de repères pertinents positionnant ce roman comme l"écriture stricto sensu du génocide en question. Mais à y regarder de près, Eugène Ébodé milite pour une esthétique du camouflage dont la finalité est de voiler la réalité historique en vue de la réécrire dans une perspective éthique, sans toutefois verser dans la chronique historique. On peut ainsi relever deux types d"occurrences textuelles dans la trame d"Ébodé : ceux qui, aux plans onomastique et linguistique, attestent de sa prise en compte des items historico-culturels du terroir rwandais en vue d"en faire le produit roman, et ceux qui sont totalement réécrits bien que tirant leur source des travers du génocide en examen. Le relevé indiciel marque bien l"ancrage romanesque à un référent rwandais bien identifiable : " “Inyangamugayo Gacaca" : juges de la gacaca ou le collège des sages » (SM, 30) ; la kubana (cohabitation) ; la kwiyunga (réconciliation) ( SM , 119) ; des phrases entières traduites en langue locale : " Ingwizeyishe Ntango ! L"avidité [l"ignorance] perdit Ntango. » ;

1Ébodé, Eugène. Souveraine magnifique. Paris : Gallimard, 2014. Dans l"article, les citations

tirées de ce roman seront suivies du titre abrévié (SM) et du numéro de la page. DIALOGUES FRANCOPHONES 20-21/2014-2015 153 " Nyakamwentavumba mu Bakara ! Celui qui n'a aucune parenté avec les Bakara ne va pas leur quémander de la bière ! » (SM, 122). Des noms propres de personnes confortent à l'idée que le Rwanda est bel et bien le théâtre des événements narrés : Avelimanga ; Hururu ; Ozikima ; Rusakomo ; Ganuvamu ; Konduze ; Dukanzo ; Abakuze (SM, 146-147). Bien plus, l'évocation des dates symboliques telles que " le 6 avril 2014 » (SM, 110) et du medium de communication ayant orchestré la boucherie humaine, " la radio des Mille Collines » (SM, 75), alimentent une illusion réaliste perceptible dans le récit d'Ébodé. L'histoire retient également que c'est l'assassinat d'un imminent Hutu, le président Habyarimana qui servira d'agent déclencheur banal et pour le moins superfétatoire à la folie meurtrière qui coûtera la vie à huit cent mille (800 000) innocents, d'avril à juillet 1994. Sous le fallacieux argument de la vengeance, les Hutus du récit crient aux représailles et crachent leur ressentiment par ces mots : " La vengeance doit être totale, sinon nous nous retournerons en esclavage. Les Longs veulent encore nous imposer leur loi. Vous savez qu'ils ne pensent qu'à mettre en place la monarchie et à soumettre la majorité à leur volonté. » (SM, 72). La représentation fictionnelle des réalèmes ou espaces réels (Westphal

2007) vient davantage conforter l'ancrage historique de Souveraine Magnifique.

Au regard de certains informants de la géographie du Rwanda, l'on peut postuler que c'est effectivement le génocide rwandais qui est scénarisé par Eugène Ébodé dans son roman. De nombreuses occurrences de ce type sont visualisés dans Souveraine Magnifique quand le démiurge évoque : " la colline du KIE ; Kuito ; Kigali » (SM, 29-30). Bukavu, Kadutu, Ruzizi, Cyangugu, Butaro (SM, 99 ; 99 ; 104 ; 106). Au total, tous ces indices positionnent le récit d'Ébodé comme la restitution historiographique du référent rwandais. Par-delà ces chefs-d'oeuvre de cohérence entre histoire et récit, des repères textuels accablants commandent toutefois d'y voir une manoeuvre

démiurgique pétulante. Eugène Ébodé procède alors à la réécriture du

matériau historique afin de satisfaire aux exigences de la création littéraire. Tel est le cas de l'examen du phénotype, révélateur de la symbolique entre les Longs (Tutsi) et les Courts ou Très Courts (Hutu) dans le récit. Des considérations phénotypiques à la valeur thérapeutique du récit Considéré comme la deuxième strate énonciative grammaticalisée et mise en formule particulière à un texte (Cros 2003, 56), le phénotype dévoile le déploiement d'un démiurge à travers son capital d'inventivité, non sans en cacher l'implicite. De fait, les phénotypes sont à envisager comme des formules de la signifiance dans la langue naturelle, comme des remaniements et des refontes successives du tissu de la langue (Cros 2003, 56). Cette définition apparemment ésotérique trouve son correspondant sémantique dans la définition de l'implicite de Barbéris. Pour lui, " un texte n'est pas fait que de choses en clair et qu'on n'avait pas pu ou pas voulu voir. Un texte est aussi un arcane qui dit le sociohistorique par ce qui ne peut paraître qu'esthétique, spirituel ou moral. » (Barbéris 1990, 140). DIALOGUES FRANCOPHONES 20-21/2014-2015 154 Si le relevé indiciel non exhaustif des items spatial ou linguistique susmentionnés autorise à appréhender le roman d'Eugène Ébodé comme un récit fortement référencé puisant aux sources du génocide rwandais, force est toutefois de constater qu'en mettant en scène son personnage féminin, l'auteur camerounais n'évacue pas " la dialectique féconde qui unit, dans le texte, la fonction reproductive et la fonction productive » (Mitterand 1980, 7). Ce faisant, il trace les contours d'un discours social alternatif fondé sur l'éthique de l'être-ensemble. Du coup, le personnage phare Souveraine Magnifique devient le porte-parole de la communauté des Longs face à la cruauté inextinguible des Courts et des Très Courts érigés en abominables assassins. Notre postulat se fonde sur deux arguments force : la valeur exorcisante ou thérapeutique du texte, tenant à la manière de traiter les traces de l'horreur vécue, et le rôle moralisateur habilement joué par l'écrivain-médiateur visant la sensibilisation des lecteurs quant aux atrocités commises au Rwanda fictionnalisé. Les stratégies argumentatives mises en place en vue de l'exorcisation du malaise du passé se déclinent au travers de l'informant péritextuel et de la prégnance de la parole.

De l'informant péritextuel

Définissant le paratexte, Genette y inclut les " titre, sous-titre, intertitres, préface, épigraphe, illustrations ... » (1982, 9). Bien que d'apparence anodine, la première de couverture de Souveraine Magnifique revendique un capital sémantique qui n'est pas sans rappeler une esthétique de la renaissance et du rassemblement. Deux indices clefs contribuent à en révéler la portée mythique : l'arrière-fond de l'icône qui laisse penser au sang des martyrs, et le premier plan d'écriture ressortissant le titre proprement dit du roman. À bien examiner le péritexte éditorial en question, le moins qui puisse en être induit est le jeu des couleurs et l'enjeu sémantique ou la symbolique qui en résulte. La couleur blanche, symbole de pureté et gage de paix, est mise en relief comme dominante, mettant en veilleuse la couleur rouge représentant le sang versé lors des atrocités génocidaires. L'auteur camerounais met ainsi en avant le primat de la paix sur la guerre fratricide, la victoire de la vie sur la mort. Bien plus, le décryptage des phrases augurale et terminale du roman articule la même veine de tolérance en tant que vertu précédant l'oubli au lendemain d'une injustice subie : " Je n'ai pas honte de ma vie, mais il y a au fond de ma gorge un dégoût sans âge. », " mais j'ai quelque chose de pourri au fond de la gorge » (SM, 13, 171). Chargées d'expressivité, ces phrases dépeignent le courage dont s'est utilement armée une Souveraine blessée, aux fins de regarder désormais la réalité en face, évitant ainsi de demeurer sur un ton pessimiste empreint de rancoeur.

La prégnance de la parole exorcisante

Le fait pour Souveraine de ressasser un passé navrant en le narrant à un visiteur avec une inégalable bravoure atteste de la prégnance de la parole dans le processus de guérison de ce personnage affligé. Au vrai, dire le mal c'est DIALOGUES FRANCOPHONES 20-21/2014-2015 155 déjà le guérir de moitié, puisque la parole revêt un pouvoir curatif revivifiant lorsqu'il s'agit de faire son propre bilan devant le tribunal de l'Histoire. Ainsi, si Souveraine Magnifique se convainc à l'idée que : " L'homme est un primate agressif. » (Lorenz 2002, 17), il ne lui apparaît pas moins qu'on ne devrait pas poser sur tous les hommes le même regard, car : " Quand les gens sont bons, ils sont bons !... » (SM, 99). Cette parole d'espoir dont la visée est de parachever la renaissance de ce personnage des cendres mortifères du

génocide qui l'a éprouvé et éploré, s'offre à l'inverse comme une mise à l'index

de tout écart de conduite caractéristique de la barbarie humaine : " Quand on soulève la machette pour aller tuer, on a déjà franchi un seuil qui rend bête. » (SM, 158). L'exorcisation du mal-être généralisé au travers de la parole thérapeutique du romancier participe dès lors à des stratégies mises en équation par le démiurge camerounais en vue de conjurer l'escalade de la haine. La propension des humains à la discrimination n'élimine aucunement la note d'optimisme qui traverse le romancier en tant qu'elle est révélatrice d'espoir pour les hommes : " Les hommes ont toujours besoin de discriminer. C'est un pitoyable réflexe [...]. L'idée est ancrée dans les têtes, plantée comme un clou maudit ! Mais elle s'évanouira bien un jour, Inch Allah ! » (SM, 118).

Le romancier : un missionnaire de la non-violence

En baladant sans ménagement sa plume dans les travers du labyrinthe empuanti de la mocheté humaine, le romancier exhibe le visage du missionnaire aguerri dont l'écriture est l'unique arme miraculeuse. On le sait, " Toutes les formes de crise aboutissent au remplacement des éléments du système organisationnel par les contre-éléments. » (Touraine 1973, 291). À cet égard, la littérature met l'auteur en mission, en permanence, le rendant prompt à la réaction contre tout écueil susceptible de compromettre l'épanouissement de sa société. C'est sans doute pourquoi : " La littérature est la somme des réponses possibles aux questions réelles que se pose un homme et, à travers lui, une époque, une civilisation et, à la limite, l'humanité. » (Doubrovsky 1996, 93).
La croisade que mène Eugène Ébodé dans le sens de débarrasser l'homme postmoderne de son vieux manteau misérabiliste se structure en trois

étapes fondamentales:

- la franche collaboration, jusqu'à la limite de la solidarité, entre personnages issus de factions belligérantes ; - l'institution d'une justice réparatrice dans le cadre d'un procès élargi, la gacaca, en vue d'inviter les frères ennemis à fumer le calumet de la paix ; - la symbolique de la vache Doliba comme motif de gestion d'un bien commun et agent fédérateur entre rivaux. L'instigation d'une collaboration généreuse entre factions ennemies Ce processus se décline de deux façons dont le mode opératoire consiste, dans un premier temps pour l'auteur camerounais, à ressasser les DIALOGUES FRANCOPHONES 20-21/2014-2015 156 instants de cohésion et les moments féériques ayant alimentés une paix légitime entre deux ethnies soeurs mues par un élan d'amour et de générosité qui n'avaient jamais envisagé d'en découdre. Par la suite, il s'agira de montrer comment le culte de la tolérance et la quête d'une solidarité agissante entre frères peuvent s'avérer opportuns dans la logique de braver des écueils apparemment insurmontables dans la construction du discours non-violent. Le roman d'Eugène Ébodé se structure autour d'une allégorie significative : la déconstruction et la reconstruction du processus de paix au Rwanda fictionnalisé ; celle-ci met en regard l'alternance tantôt euphorique, tantôt dysphorique entre les moments de paix et ceux de guerre entre deux familles : les Constellation et les Magnifique. D'ailleurs, Souveraine Magnifique se rappelle, comme si c'était hier, du caractère impeccable et convivial de ces rapports : " Papa [Donatien Magnifique] choyait particulièrement les Constellation. Trop. Il évitait de créer, par une attitude ou un comportement inadéquat, un prétexte qui aurait fragilisé nos relations de bon voisinage. Il offrait des cadeaux aux enfants, de la bière aux parents et avait toujours une chèvre pour eux au Nouvel An. » (SM, 42). En convoquant cette rétrospection au moment même où Souveraine Magnifique porte encore le deuil de ses parents disparus alors qu'elle n'avait que quatre ans, le romancier camerounais se montre emphatique en affichant implicitement les ressorts des relations intersubjectives pour l'avènement d'un monde de paix. Cette période faste empreinte d'un pathétisme justifié resurgit de la mémoire d'une Souveraine plus que jamais nostalgique : " La famille Constellation, nos proches voisins... et la nôtre étaient très liées. Oh ! Comme la vie est terrible ! ... Ces proches-là ont crucifié ma mémoire ... Pas tous, je dois dire. Le père, Modeste Constellation, a tout détruit en participant aux tueries, coupe-coupe à la main. Parler de cet individu m'est pénible. » (SM, 47). Certes, la fin de cette citation inaugure l'ère de la monstrueuse tuerie et des massacres gratuits des Longs, dont faisait partie les Magnifique, par les Courts, la famille de Modeste Constellation ; le personnage principal d'Ébodé semble d'avis que : " Les gens savent dissimuler les scorpions qu'ils portent en eux. » (SM, 47). Mais à relire la suite de son postulat, Souveraine Magnifique semble mue par un élan de paix et de tolérance, similaire à un hymne d'Amour entonné à l'intention de tous, y compris les voisins assassins. D'ailleurs, elle semble ne pas totalement en vouloir au meurtrier de ses parents, convaincue que cet homme né bon n'est que la victime résignée d'un système machiavélique ruiné par des préjugés discriminatoires pouvant induire la disparition de milliers de personnes : il n'est que la victime toute trouvée d'un système inopérant se nourrissant de la monstruosité humaine : " Ce voisin-là n'était pas un partisan du ravage final ou de l'extermination des Longs, cette idée folle qui gangrenait les esprits depuis longtemps déjà et qui éclatait [...] tous les dix ans comme un hideux furoncle. » (SM, 47). Tout le chapitre 4 du récit baigne ainsi dans une vaste manoeuvre narrative " analeptique » (Genette 1972, 82), consistant dans l'évocation après coup d'un événement antérieur au point de l'histoire où l'on se trouve. Chez DIALOGUES FRANCOPHONES 20-21/2014-2015 157 Ébodé, elle est révélatrice de cette période faste où l'harmonie gouvernait les relations entre voisins. Dès lors, les propos de l'héroïne de l'auteur camerounais trouvent un écho favorable dans l'éthique de l'être-ensemble digne des humains, et que le romancier camerounais appelle de tous ses voeux. Cette variante de l'éthique renvoie à " l'impératif de la refondation de notre monde pour l'instauration d'une vie saine, digne de l'homme [dans] le respect minimum de règles communes auxquelles chacun doit se soumettre [car] ces règles existent. » (Mvogo 2009, 65). Du calvaire de l'intolérance à la quête d'une solidarité agissante Abandonnée à elle-même suite à l'assassinat de sang-froid de ses parents et la profanation de leurs corps par Modeste Constellation, Souveraine Magnifique, la rescapée, est curieusement secourue près du ruisseau où elle a trouvé refuge par un supposé ennemi, un Court nommé Souleymane Babazimpa. Cet homme non-violent lui propose son assistance indiscriminée avant même de l'avoir formellement identifiée. Le plus frappant ici est qu'il aurait eu recours, s'il le voulait, à sa machette pour parachever l'oeuvre funeste entamée par son " frère » Constellation. Mais, séduit par un élan d'amour pourquotesdbs_dbs47.pdfusesText_47
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