[PDF] Bruguiere_Opera politique et droit





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recueil des actes administratifs n°38-2020-037 publié le 12 mars

12 mars 2020 réglementant la pêche en eau douce dans le département de l'Isère pour l'année. 2020CARPESAUTORISATIONS TEMPORAIRES DE PÊCHE DE NUIT POUR.



RECUEIL DES ACTES ADMINISTRATIFS SPÉCIAL N°38-2020-028

2 mars 2020 PONT-ÉVÊQUE BLEU MARINE. 02. Conduite par : M. BERNIGAUD Bernard ... 15 M. GARZIA Julien. 16 Mme SERLIN Karine ... 15 M. DE SOUSA Alberto.



Nom_de_la_Commune_ou_SubdLibellé_de_la_liste Désignation

M. GARZIA Oreste. Clouange. CLOUANGE CONTINUONS BLEU MARINE. M. TERRAGNOLO Lucien. Forbach ... M. IGLESIAS Alberto. Saint-Privat-la-Montagne.



Bruguiere_Opera politique et droit

qui coupe une jambe en vous affirmant qu'elle nuit au développement de l'autre blanc-rouge



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M. GARZIA Oreste. Clouange. CLOUANGE CONTINUONS BLEU MARINE. M. TERRAGNOLO Lucien. Forbach ... M. IGLESIAS Alberto. Saint-Privat-la-Montagne.



Une cour à lépreuve de la conquête: la société curiale et Naples

23 avr. 2015 1 Pour cocardia vêtement de drap bleu. ... Alberto. Torra Pérez et Beatriz Canellas Anoz



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Garzia 1985 :14) Saluant le rôle des jeunes ouvriers dans les s'accrochaient inflexiblement au lavoro operaio (au travail des « cols-bleus »). Selon.



Liste des exploitants en activités particulières au moyen daéronefs

ART DE NUIT PRODUCTIONS. SARL. GRÉGORY SCIE. 75014. PARIS. ED01074. DJI. Phantom 3 Pro ALBERTO DA COSTA ... BALLONS BLEU HORIZON. ERIC TRITZ.



Festival de Saintes

tard dans la nuit le bar vous accueille Gustav Mahler par Schönberg) par Benjamin Garzia - chef ... Les brumes d'automne errent bleues sur le lac ;.

Centre toulousain d"histoire du droit et des idées politiques Etudes d"histoire du droit et des idées politiques

N° 18 - 2014

OPÉRA, POLITIQUE ET DROIT

MÉLANGES MARIE-BERNADETTE BRUGUIÈRE

par Marie-Bernadette Bruguière

Presses de l"Université Toulouse 1 Capitole.

6

Copyright

Presses de l"Université Toulouse Capitole

2 rue du doyen Gabriel Marty

31042 Toulouse cedex

ISBN : 978-2-36170-046-1

Illustrations de couverture : Sophie Koch : Octavian dans Le chevalier à la rose de R. Strauss, Margared dans Le Roi d"Ys de E. Lalo et Néron dans Le couronnement de Popée de Monteverdi

PRÉFACE

par Jacques Krynen, André Cabanis, Olivier Devaux et Boris Bernabé Il est des carrières d"une rectitude qui évoque une épée. La formule vaut pour Marie-Bernadette Bruguière. Son dossier administratif, plat et vague comme ils le sont presque toujours, ne donne aucune idée d"un parcours pourtant flamboyant.

C"était une époque où l"Université se vivait obsidionale. On était à mille lieues des

temps actuels, paisibles et studieux, où la place dans le classement de Shangaï fait figure d"immense ambition. Dans les conseils, dans les commissions, dans les débats des salons des professeurs et des salles de cours, elle a participé à tous les combats des années 1970 et 1980 pour faire face aux périodes de grève ou de manifestations, avec une détermination dont aucun d"entre nous ne peut se targuer, trente ans plus

tard : pour la liberté de l"enseignement supérieur, pour la pluralité et le souci

d"objectivité dans les cours et les examens, pour une institution académique qui ne cherche pas à convertir les nouvelles générations à une idéologie et à des combats

hasardeux mais qui tend à rien de moins qu"à former des caractères et à préparer à la

vie. Marie-Bernadette Bruguière défendait les valeurs les plus hautes d"une Université placée sous le signe d"une pédagogie sans complaisance et d"une recherche exigeante, idéal d"autant mieux approché qu"elle mettait à son service une personnalité d"une richesse exceptionnelle. - I - Cette volonté de ne consentir aucune concession qui aille contre ses principes se retrouvait dans tous ses enseignements, d"une exigence absolue. Elle aimait les vastes amphis des trois premières années de licence, y compris en ces époques

lointaines où le calme et l"attention n"étaient pas les premières qualités des

auditoires. Nos jeunes collègues ont peine à imaginer ce que fut cette période, eux qui sont bercés par la voluptueuse ambiance de ces espaces rénovés que l"institution met désormais généreusement à notre disposition, peuplés d"une jeunesse docile et patiente, équipés de toutes les techniques audiovisuelles de la pédagogie moderne. En ces temps lointains, dans des salles sordides et surpeuplées, nombre d"étudiants vivaient comme un droit imprescriptible, quasi un acte révolutionnaire, le fait de perturber les cours magistraux. Quelques collègues n"ont jamais su s"imposer et se sont réfugiés dans les formations de troisième cycle. Ce ne fut jamais son cas. Elle fit toujours face, sans jamais se laisser intimider. Elle affectait de toujours paraître en toge, se réclamant ainsi ostensiblement d"une tradition magistrale dont elle n"a jamais voulu se départir. Ce combat pour une Université forte de son passé et ouverte sur la modernité, elle ne le mena pas seule. Elle y retrouva notamment son frère, Michel, conseiller technique au cabinet de Georges Pompidou, qui, depuis la capitale, prit sa part dans la préservation des valeurs de l"enseignement supérieur

lors du vote de la loi de 1968, et favorisa aussi la création de l"Université des

sciences sociales de Toulouse. Dans l"ambiance d"abandon de l"époque, elle détonnait et ses étudiants lui en étaient reconnaissants, conscients de rencontrer une

J. Krynen, A. Cabanis, O. Devaux et B. Bernabé

8 personnalité rare, parfois de s"y heurter, aimant qu"on leur résiste comme toujours à cet âge. Par rapport aux professeurs qui croient devoir se mettre à la portée de leur auditoire en édulcorant toujours plus leur enseignement, elle avait choisi de ne faire aucune concession, haussant au contraire ses cours jusqu"à des niveaux de qualité et d"érudition qui laissaient perplexes plus d"un auditeur et même quelques collègues. Des polycopiés surabondants nous permettent, des années plus tard, de retrouver toute la richesse de ce qu"elle présentait alors. Comptant plusieurs centaines de pages, ce sont de véritables livres qu"elle mettait à la disposition des étudiants. Il faudra un jour songer à les publier tant ils sont originaux, riches de matière et de substance. Sa méthode illustre bien cette idée si difficile à mettre en oeuvre et si rarement réussie selon laquelle l"enseignement et la recherche doivent s"épauler dans une démarche commune. Elle y consacrait un temps considérable avec un souci de pédagogie exceptionnel à ce degré dans l"enseignement supérieur puisque l"on ne vous en sait guère gré. Le résultat était au rendez-vous, avec une relecture des temps antiques, une reconstruction des institutions d"Ancien Régime, une vision rénovée de l"histoire des idées... Pas plus que dans son oeuvre écrite, cette diversité ne doit

faire croire à une dispersion des centres d"intérêt. Elle a fait preuve d"une fidélité

exemplaire à l"histoire du droit et à la méthode scrupuleuse qu"elle n"a jamais accepté d"abandonner, ne refusant pas l"érudition dans ce qu"elle a de meilleur, en même temps sachant s"élever jusqu"aux plus hautes synthèses, souvent inattendues et toujours convaincantes. Dans la lignée d"une tradition universitaire rigoureuse, elle se montrait uniformément disposée à fournir aux étudiants tous les renseignements qu"ils souhaitaient, ouverte à l"échange, ne refusant pas la polémique, donnant parfois le sentiment de s"y plaire, traitant ses jeunes interlocuteurs comme des égaux, cherchant à convaincre, à persuader, n"abandonnant jamais le champ de bataille avant d"avoir répondu à tous les arguments. Elle était restée liée aux associations étudiantes auxquelles elle avait appartenu durant sa jeunesse. Elle maintenait le contact, de plain-pied avec elles, à l"aise et détendue, familière, participant à leurs activités sans préjudice de son statut de professeur de rang magistral. Les étudiants qui la redoutaient, notamment lors des examens, apprenaient à l"estimer d"autant plus qu"ils la connaissaient mieux, admiraient sa maîtrise des matières enseignées,

découvraient une liberté de pensée, une écoute, un humour qu"ils étaient loin

d"imaginer au premier abord. Cette estime se transformait en rapports de maître à disciple pour ceux qui persévéraient dans la voie de l"histoire du droit. Ceux qu"elle a accompagnés dans leur thèse, puis leur carrière universitaire, s"en souviennent comme de moments privilégiés. Ils continuent à parler d"elle avec admiration et affection dans les universités, proches ou lointaines, où ils ont été affectés. - II - Aucune concession non plus dans son abondante production scientifique : plusieurs livres et près d"une centaine d"articles attestent qu"elle n"a jamais négligé ce qui constitue l"un des aspects les plus importants et les plus caractéristiques du métier d"enseignant du supérieur, une exigence presque incompréhensible à ceux

Préface

9 qui n"en sont pas : les publications. Cette oeuvre abondante se répartit en trois thèmes. Dans la ligne de sa thèse qui fit date, écrite à toute bride et pourtant exhaustive, profonde et originale, sur Littérature et droit dans la Gaule du V e siècle (Toulouse,

1974), elle a fait progresser notre connaissance de cette période injustement

déconsidérée, grâce à cet esprit de curiosité et cette capacité à envisager des

questions sous des angles inattendus et féconds qui constituent l"une des dimensions les plus séduisantes de sa personnalité intellectuelle. Dans la suite de son oeuvre de romaniste, on ne rencontre pas de ternes et vaines études à caractère purement technique sur ce droit romain qu"elle connaît pourtant parfaitement. Le lecteur se délectera de ses vues originales sur l"opinion publique et l"administration du Bas- Empire, sur le mythe des origines troyennes, sur la crise de la justice dans l"Antiquité tardive, sur une lecture bonapartiste du césarisme antique... Elle rapproche les époques et mêle les traditions dans de fructueuses réflexions. C"est également dans ce champ qu"elle a publié, présenté et annoté sous le titre Le Nouveau Testament et les droits de l"Antiquité le remarquable ensemble d"articles réalisés par son maître Jean Dauvillier (Presses de l"Université des Sciences sociales de Toulouse, 2005). C"était un projet fort ancien que son

professeur, déjà âgé, avait caressé avec elle. Ils n"ont pas eu le temps de le réaliser

ensemble, contrairement à ce qu"ils espéraient. Par fidélité à sa mémoire, par goût,

elle l"a effectué après le décès de son aîné, travail considérable et minutieux où le

directeur de publication doit faire preuve à la fois de modestie par rapport au texte

original du maître, d"érudition pour la mise à jour de toutes les références et

d"audace pour ouvrir les pistes non encore explorées et rendre compte des nouvelles analyses que l"évolution des connaissances a imposées. Elle met ainsi à la disposition des lecteurs une somme incomparable, une relecture des Évangiles à la lumière d"une connaissance exceptionnelle des droits en vigueur au temps du Christ dans le bassin méditerranéen. Nombre de paraboles, de prescriptions, de formules s"éclairent et s"expliquent lorsqu"on les rapproche des normes en honneur à l"époque et dont l"ignorance peut conduire à des contresens, à des interprétations inverses de ce qu"entendaient les contemporains. Un deuxième thème l"a encore plus inspirée : celui des institutions de l"Ancien Régime. Elle l"a traité de façon très classique dans un manuel rédigé avec Henri Gilles et Germain Sicard (Introduction à l"histoire des institutions françaises, Toulouse 1983), qui fit l"objet de plusieurs éditions et demeure une référence encore de nos jours. On ne pouvait attendre d"elle qu"elle n"aille pas au-delà des lois étroitement pédagogiques de ce type d"ouvrage. Elle le nourrissait du miel de ses articles où, pour ne donner qu"un exemple mais auquel elle attachait de l"importance, elle réinterprétait l"histoire politique de l"Europe jusqu"à la

Révolution à travers cet aspect si décisif et néanmoins négligé que constitue la

généalogie des rois et des grandes familles. Ces études qui, dans le dédale des

parentés et des alliances, nous révèlent des solidarités et des rancunes qui resteraient inexplicables si l"on ne prenait pas en compte les liens de sang et les querelles de famille, retracent de longues fidélités à la mémoire d"un ancêtre commun disparu ou d"interminables rancunes pour une offense dont chacun a oublié le détail mais dont l"écho continue à retentir, alimentant des vengeances croisées. Les souverains se souviennent de territoires possédés par des ancêtres hypothétiques des décennies

J. Krynen, A. Cabanis, O. Devaux et B. Bernabé

10 auparavant et cela nourrit des revendications inattendues. Des alliances surprenantes se fondent sur de vieilles loyautés familiales dont tous ont perdu le souvenir, sauf les protagonistes. Là où la plupart des historiens se bornent à décrire le jeu des ambitions personnelles et les rivalités résultant de conflits d"intérêts financiers ou commerciaux, elle met en lumière des considérations rarement évoquées, les conséquences de mariages lointains, de filiations remontant parfois très haut mais qui continuent à faire sentir leurs effets pendant plusieurs générations. Elle a ainsi jeté les bases d"une reconstitution presque complète de l"histoire diplomatique des époques monarchiques et, au-delà, des XIX e et XXe siècles. Cet aspect-là aussi devra faire un jour l"objet de publications groupées, afin que le lecteur prenne pleinement conscience de l"absolue logique de sa démarche, avec des coups de projecteur portés sur des épisodes particuliers de l"histoire de l"Europe mais dont le regroupement permet de mesurer toute la fécondité. Il n"est jusqu"au récent éclatement de la Yougoslavie qui n"ait fait l"objet de sa part d"une explication des plus convaincantes à partir de cette grille de lecture. Enfin, le troisième thème est celui qui fait l"objet des textes rassemblés ici. Les lecteurs pourront aisément, à partir de la bibliographie figurant en tête de ce livre, prendre connaissance du fait que ce sont plusieurs dizaines d"articles qu"elle a

synthétisés, reconfigurés, réécrits pour les mettre à leur disposition. L"ensemble

témoigne d"une connaissance intime du monde de l"opéra, fondée à la fois sur sa présence à de multiples représentations en France et à l"étranger, sur la lecture de centaines de livrets, sur l"audition d"innombrables enregistrements dont quelques- uns réalisés à la limite du respect de la réglementation sur les droits d"auteurs. Son amour pour la musique a pu aller, parfois, dans le passé, jusqu"à braver la loi, ce qui témoigne de l"étendue et de la force de son attachement à cette forme artistique dont on sait qu"elle suscite, chez beaucoup, d"incroyables engouements. C"est un travail

passionné et érudit qu"elle nous fournit. Quoique tout à fait apte à juger de la

technique musicale et à en parler, elle a choisi comme à l"accoutumée un angle d"attaque original : celui des rapports avec l"histoire politique. Grâce à elle, nous nous rendons compte que ces oeuvres que nous continuons

d"admirer parfois plusieurs siècles après qu"elles aient été écrites et jouées pour la

première fois, ne sont en rien coupées de leur époque, nullement désincarnées mais

au contraire liées à leur temps, hommage à une personnalité importante sur le

moment, exaltation d"une grande cause, manifeste d"opposition sous couvert de divertissement artistique... Parfois d"ailleurs, plusieurs interprétations se succèdent, de siècle en siècle. La dénonciation d"une occupation étrangère pourra resservir, contre d"autres envahisseurs, des dizaines d"années plus tard. L"appel à la concorde

après une guerre civile retrouvera sa force après des décennies de paix à l"intérieur,

suivies de nouveaux affrontements. Là encore, c"est une lecture tout à fait nouvelle qu"elle suggère à propos d"un univers que l"on croyait bien connu, comme pour toutes les questions qu"elle a ainsi scrutées et soumises à ses nouvelles

interprétations. Il n"en est aucune que l"on pourra désormais traiter sans se référer à

Marie-Bernadette Bruguière.

Préface

11 - III - Tous ceux qui l"ont connue se souviendront d"une personnalité forte et riche, mettant au premier plan la fidélité à ses idéaux et à ses amis, s"y consacrant sans ménager ses efforts, à l"inverse faisant preuve d"un désintéressement absolu jusqu"à

négliger ses propres intérêts. Elle a obtenu l"agrégation à un âge où la plupart en

sont encore à chercher quel sujet de thèse ils pourraient choisir. Alors que cela aurait pu lui valoir une carrière météorique, elle a manifesté tout au long de sa vie professorale un très médiocre souci pour les promotions et distinctions officielles. Ce détachement exceptionnel dans un corps où la course aux places et à l"avancement fait souvent figure de motivation décisive, a suscité pas mal de surprise, lui a mérité l"estime de beaucoup et la méfiance jalouse de quelques-uns, déstabilisés par un tel détachement. Elle a laissé des images fortes qui ont marqué ses étudiants, ses disciples et les autres membres du corps enseignant. C"est peut-être l"occasion, dans cette préface en l"honneur d"une collègue d"exception, de se démarquer du ton volontiers académique qui paraît inséparable de ce genre d"exercice. C"est le moment de la mettre en scène dans les locaux de cette faculté de droit de Toulouse qu"elle fréquente depuis longtemps avec une constance inlassable, ne les quittant que pour y revenir promptement. Un changement de registre s"impose donc, au seuil d"un livre placé comme celui-ci sous le signe de l"opéra, pour qui désire la replacer dans ce cadre de travail qu"elle transformait volontiers en lieu d"agrément musical. Voici le témoignage d"un de ses anciens élèves. Le style est celui du récitant, le temps de la conjugaison est l"imparfait, pour évoquer un moment depuis peu révolu, et cette nostalgique

évocation, sorte d"élégie, à défaut d"être chantée, est parsemée de titres de

partitions : " Le sacre du printemps imposait sa coutume fondamentale sur la ville. Toulouse vivait à nouveau à l"heure espagnole. Le premier lustre du XXI e siècle entrait dans son ultime cycle : le solstice approchait. La Faculté de droit, alors, n"était pas déserte. On s"y affairait, on s"y rencontrait, on y disputait. Chaque jour, au rez-de-chaussée ou au premier étage de cet arsenal des lois, se rejouait la battaglia di Legnano. Les puritains ou les brigands, selon le parti pris, tentaient d"imposer leurs vues, leurs ambitions ou leurs rêves : ici, le songe de Scipion, là-bas celui de Constantin. Mais le curieux, le paria peut-être, de ces causes enfantines, pouvait laisser la foule et gagner un lieu secret, un lieu rare, un bout de corridor, ultime. Il quittait alors une fanfare, un bal masqué, pour le calme olympien. Au deuxième étage, par-delà le décanal office, un territoire paisible, coupé du monde : le détroit de l"Histoire du droit. Un bras de mer extravagant, sans aucun tumulte, pour sûr. Pourtant, dès l"heure méridienne, soudain, une aria déchirait l"espace de ses harmonies dramatiques. E lucevan le stelle, Una furtiva lagrima, l"air de Calaf dans Turandot, ou encore le deuxième air de la comtesse dans Les noces de Figaro. Impossible de ne pas rechercher, intrigué, la source du prodige. Une porte. Un bureau. Celui du professeur Bruguière. C"était une pièce austère, tapissée de vieilles étagères métalliques garnies de

livres désossés, de vieux polycopiés, de vieilles thèses, dans le plus grand désordre.

Chichement orné d"une fausse jardinière, un balcon, sans attrait. Seul élément

J. Krynen, A. Cabanis, O. Devaux et B. Bernabé

12 contemporain et personnel du décor, posé au centre d"une table en formica, un lecteur de disques portatif. C"est que, exemple parmi tant d"autres, ce professeur qui en amphithéâtre dévoilait les raisons juridiques et politiques du sacre des rois de France avait à coeur ensuite de régaler ses meilleurs étudiants du voyage à Reims, eau pétillante et turrone morbido nourrissant seulement ses convives qui écoutaient, discutaient, découvraient, fascinés, les morceaux de bravoure du répertoire politico- lyrique, souvent les plus oubliés. Les Lombards à la première croisade... La méthode, immuable, consistait dans l"audition commentée des plus remarquables versions d"un même air, la critique du maître en contrepoint ou en remplacement de la coda. Et ces jeunes privilégiés sur le coup de quatorze heures, heureux autant que s"ils détenaient l"or du Rhin, de repartir en cours, rendez-vous pris pour une nouvelle glose de la force du destin »... - IV - Que l"on n"imagine pas pour autant une collègue immobile. Marie-Bernadette Bruguière voulait être archéologue. Après l"agrégation et un bref passage à Rouen, la Faculté de droit de Toulouse lui offrit, pour ainsi dire, une chaire d"archéologie juridique. Georges Boyer et Jean Dauvillier l"avaient précédée dans cette branche exotique de la science des lois. Les Antiquités hautes et basses, orientales et occidentales, étaient leurs terrains de fouilles, depuis le code de Hammourabi jusqu"à la stèle de Si-ngan fou, en passant par les archives royales de Mari et les anciennes églises de rite chaldéen. Après que l"Antiquité tardive ait constitué le premier champ de recherches de Marie-Bernadette Bruguière, la fièvre stratigraphique ne trouvant aucune limite, remonter le temps devint chez elle une obsession. Angliciste accomplie, on la vit souvent, outre-Manche, hanter les galeries du British Museum à la recherche du trésor de Hoxne, ou extatiquement en arrêt devant la pierre de Rosette, s"amusant à en traduire les fragments grecs. Absolument hermétique à la langue russe, on la vit pourtant au musée de Moscou, en 1996, où le Trésor de Troie était exposé après un demi-siècle d"oubli. On la vit aussi, en 2008, franchir le seuil du musée d"Alep sous le regard des divinités hittites de Halaf, à la recherche des lions de Hama ou de la déesse au vase jaillissant. Mais l"archéologue souffre d"un mal mystérieux. Comme happé par la malédiction, il creuse, gratte, brosse, passe au tamis un quadrillage savant du terreau. Les filons innombrables lui donnent le vertige. Il lui faut déployer une patience de fourmi devant un tumulus. Seule, devant ce travail titanesque, une passion brûlante peut se dresser. Schliemann s"est presque perdu d"amour dans les ruines de Troie... Une passion de cet ordre dévore Marie-Bernadette Bruguière depuis l"enfance, terrain idéal pour assouvir sa soif archéologique : l"opéra. Un champ immense mais circonscrit, offert à la prospection, au classement typologique et à l"analyse. Une matière vivante toutefois, qui s"enrichit chaque jour de nouvelles versions. Capable de parcourir le monde pour assister à une première de Norma, on vit Marie-Bernadette Bruguière -comme Auguste Mariette occupé par la mise en scène d"Aida, dont la première fut donnée au Caire le 24 décembre 1871- se rendre un soir

Préface

13 aux arènes de Vérone pour assister à une représentation de Nabucco, le lendemain faire route pour Trieste et une exposition sur Gli arti di Efesto... Une historienne archéologue de l"art lyrique, sous la lumière particulière du droit et des idées politiques... Du savant hobby de notre amie toulousaine, les présents Mélanges forment le corps compact et essentiel.

UN REGARD PROFESSIONNEL

par Sophie Koch Dans Capriccio de Richard Strauss, le prétexte à la création d"un opéra pour l"anniversaire de la Comtesse Madeleine donne l"occasion au compositeur allemand et à Clemens Krauss de mettre en scène la rivalité ancienne et jamais éteinte qui oppose, à l"opéra, musique et paroles, résumée par la confrontation des deux fameux adages, Prima la musica -Dopo le parole ! et son contraire Prime le parole -Dopo la musica ! Ainsi donc, le dernier opéra de Richard Strauss illustre-t-il cette vieille

querelle, entre d"un côté le poète Olivier, souhaitant qu"en ce jour soient célébrés la

poésie et le théâtre, grâce au concours de l"actrice Mademoiselle Clairon, et de

l"autre le compositeur Flamand, fervent défenseur du bel canto, aidé en cela de chanteurs italiens. Véritable gageure s"il en est, la Comtesse, à la fin de l"opéra, réconciliera les deux en chantant à la harpe le sonnet d"Olivier. Trancher ce noeud gordien est aussi le souci de tout interprète et si longtemps la musique et la voix ont été les porte-étendards des temples lyriques, il serait vain de nier, voire de s"en plaindre : le théâtre s"est rappelé au souvenir des frontons desdits temples ! Et ce, avec toutes les exigences qui en découlent : servir le texte au mieux autant que chercher la beauté du son, avoir une prononciation parfaite, incarner et non plus seulement jouer un rôle, au point qu"un nouveau clivage a surgi entre les " acteurs chanteurs » et les " chanteurs acteurs ». Car c"est bien là le problème du

" théâtre chanté », de ses canons et de ses règles, et celui donc de l"interprète, pris

en étau et dont la vocation est précisément de transcender ce rapport. On ne s"étonnera plus que lorsqu"il y parvient, le terme de Diva ou Divo lui soit pleinement décerné ! Le travail de l"interprète, si l"on ajoute les dimensions dramatique et scénique

toujours plus exigeantes, ne se borne pourtant pas à ce seul défi. À la vérité, il est

une ambition, certainement plus confidentielle et intime, moins perceptible en début de carrière et de fait plus urgente avec l"expérience : l"envie d"aller au-delà du texte et de la musique. Tout chanteur, ayant à coeur d"imiter la Comtesse de Capriccio, de réconcilier ainsi musique et texte, ressentira comme une évidence le désir d"embrasser l"oeuvre dans son ensemble. Il ne s"agira donc plus seulement du souci de restituer un style ou des codes musicaux ou encore de rendre intelligible un livret mais de chercher les pans secrets que recèlerait telle ou telle oeuvre, de lui trouver des dimensions jusque-là insoupçonnées de l"artiste. Une démarche qui ne relèvera que de l"investissement de chacun, du rapport de tout interprète avec le processus de maturation d"un rôle. Celui-là même qui émancipe de la tutelle des deux prétendus Pygmalions du chanteur : le metteur en scène et le chef d"orchestre. Rien, naturellement, qui puisse être mesuré, évalué. Cette recherche peut constituer le noyau même de la quête de l"artiste. C"est la partie secrète du rapport entre une oeuvre, un rôle et l"interprète ; cette relation privée où la tentation est celle de s"abstraire du carcan de serviteur de la musique. Avec l"humilité que cela suppose : malgré toute cette implication et la

Sophie Koch

16

sincérité de la restitution d"un long travail, tout artiste doit accepter que cette

authenticité et cette recherche ne convainquent ni ne touchent. Pour cela, il faut se saisir d"autres outils pour mieux appréhender l"oeuvre que l"on prétend servir. Car, même inconsciemment assimilée, toute source nouvelle d"enrichissement liée à l"oeuvre abordée n"en rendra le travail de préparation que plus fertile. C"est dans cette optique que l"oeuvre du professeur Bruguière apportera à tout professionnel de l"opéra de nouveaux éclairages. La perception du rôle s"en trouvant plus complète, son interprétation n"en sera que plus riche. Il lui est donc offert un instrument supplémentaire, et non des moindres, pour apprivoiser un nouveau rôle ou pour en parfaire un, déjà inscrit à son répertoire. Alors, bien sûr, il sera toujours possible de rétorquer que la présence de droit privé dans l"Or du Rhin, la Walkyrie ou le Crépuscule des Dieux de Wagner ne bouleversera pas la chanteuse qui incarne Fricka ou Waltraute. Est-ce si sûr ? S"il est vrai que d"autres analyses s"avèrent directement plus percutantes, il n"empêche que dans l"assimilation d"un rôle et donc de l"opéra auquel il appartient, cet aspect ne pourra que participer de la maturation générale de l"oeuvre. Certes, il sera moins essentiel qu"une solide technique vocale ou qu"un vrai travail de mise en place rythmique, musicale. Toutefois, il fera qu"en dépit de sa discrète contribution à l"apprentissage d"un rôle, le dessein de tout artiste étant de s"approcher de l"incarnation la plus juste, son apport n"en sera que plus déterminant à l"issue. Et qu"attend-on d"un artiste sinon qu"il touche au Vrai ? Qu"un court instant il abolisse

les frontières entre la fiction et la réalité ? Étant entendu qu"un artiste ne livrera que

sa seule et unique vision, bien sûr sujette à caution. Mais du moins aura-t-il quelque chose à proposer artistiquement. Il n"y a pas de vérité artistique. S"il faut bien convenir qu"établir une hiérarchie des opéras serait une ineptie, je dois cependant reconnaître que malgré toute l"affection que j"ai pour la Rosine du Barbier de Séville, me plonger dans l"univers de Wagner a relevé d"une tout autre aventure. Chanter Wagner ou encore Strauss est une expérience unique et, à mon sens, absolue pour un artiste tant l"imbrication du texte et de la musique est magique. Pourtant, chanter Mignon d"Ambroise Thomas et son livret délicieusement désuet m"a apporté un véritable plaisir, quoique l"expérience m"ait apparuquotesdbs_dbs27.pdfusesText_33
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