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680. —. IV. 1830. J. v. Voorst
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IUFM Midi-Pyrénées
-Le MirailMEMOIRE DE MASTER 2
MASTER EFE-2IDN
Ouverture Professionnelle en Milieu Scolaire dans unCadre Pluridisciplinaire Inter degrés (OPMSPI)
ANNEE 2012-2013
Présenté et soutenu par : Isabelle Marfaing
Le 27/09/2013
COLLÈGE : QUELLE ÉVOLUTION DANS LES PRAXÉOLOGIESPROFESSORALES ?
ENCADREMENT :
Gisèle CIRADE, Maître de conférences en didactique des mathématiques, IUFMMidi-Pyrénées, UMR EFTS.
TRAJET RECHERCHE : INTERACTIONS DIDACTIQUES
Jury : Gisèle Cirade et Jean-Pierre Bourgade
2 3Remerciements
En premier lieu, je remercie ma directrice de mémoire, Mme Cirade, pour avoir accepté de diriger ce mémoire. Sa gentillesse, sa patience, ses encouragements et surtout ses précieuses directives ont représenté pour moi un apport structurant essentiel. Je remercie les membres du jury de lintérêt quils voudront bien porter à ce travail. Je tiens aussi à remercier vivement les deux professeures que nous désignons par les prénoms Christine et Pascale pour avoir ouvert la porte de leur classe et répondu avec beaucoup de disponibilité à mes questions. Merci aux collègues qui ont pris le temps de renseigner le questionnaire que jutilise dans ce travail. Pour finir, je voudrais aussi préciser que cest dans le cadre du congé de formation professionnelle octroyé par lÉducation nationale que jai pu mener à bien ce travail. 4Table des matières
Introduction ......................................................................................................................... 6
Chapitre 1. Les " tâches non guidées » exigeant une " » ................... 81.1. Vers un changement de paradigme ......................................................................... 8
1.2. Problématique et cadre théorique ......................................................................... 12
1.3. Méthodologie ........................................................................................................ 14
Chapitre 2. Les ressources disponibles dans la profession ........................................... 19
2.1. Quelle désignation ? Quel objet ? ......................................................................... 19
2.2. Les sites académiques ........................................................................................... 20
2.3. .............................................................................................. 22
2.4. ........................................... 23
2.5. .................................... 27
2.6. ........................................... 28
2.7. Les manuels scolaires de troisième ....................................................................... 33
Chapitre 3. Une construction collective ......................................................................... 48
3.1. Éléments de méso-contexte .................................................................................. 48
3.2. La séance du 26 mars 2013 ................................................................................... 50
3.3. ................................................................................ 50
3.4. Le déroulement de la séance ................................................................................. 56
3.5. ............................................................................ 60
3.6. Premières conclusions ........................................................................................... 67
Chapitre 4. .............................................. 724.1. La séance du 9 avril 2013 ..................................................................................... 72
4.2. ................................................................................ 73
4.3. Le déroulement de la séance ................................................................................. 77
4.4. ............................................................................ 82
5 4.5. Premières conclusions ........................................................................................... 88
4.6. Conclusion croisée des deux séances de Camille ................................................. 90
Chapitre 5. Les élèves : de futurs citoyens. .................................................................... 92
5.1. Éléments de méso-contexte .................................................................................. 92
5.2. La séance du 2 avril 2013 ..................................................................................... 93
5.3. ................................................................................ 94
5.4. Le déroulement de la séance ................................................................................. 98
5.5. Effets sur les élèves ............................................................................................. 106
5.6. Éléments de conclusion en rapport avec la séance ............................................. 108
Conclusion ..................................................................................................................... 110
Conclusion croisée de deux praxéologies professorales................................................ 110
Le questionnaire ............................................................................................................ 111
Les TNGI et les séances " ordinaires » ......................................................................... 112
Références ..................................................................................................................... 115
Sigles et acronymes .......................................................................................................... 118
Annexes ..................................................................................................................... 119
Annexe 1 ............ 120
Annexe 2 : Questionnaire diffusé aux professeurs (formulaire en ligne). ..................... 122Annexe 3 : Réponses au questionnaire diffusé aux professeurs .................................... 128
Annexe 4 ..... 139
Annexe 5 : Extrait de la page 7 du Manuel Zénius 3e ................................................... 140
Annexe 6 ................ 141
Annexe 7 : Corpus de Camille Séance en classe de 5e - 26 mars 2013. ..................... 142 Annexe 8 : Corpus de Camille Séance en classe de 4e 9 avril 2013 ....................... 157 Annexe 9 : Corpus de Pascale Séance en classe de 3e- 2 avril 2013 ........................... 171 Annexe 10 : Questionnaire distribué aux élèves de 3 e de la classe de Pascale.............. 183 Annexe 11 : " Une chance sur deux .............. 184 6Introduction
Lobjet de ce travail est détudier dun certain point de vue ce que nous appellerons,dans un premier temps, les " pratiques professionnelles » des professeurs exerçant en
collège, dans leurs dimensions institutionnelle et personnelle. Dune manière générale, les
pratiques, ciblées sur lapprentissage des élèves, répondent à des exigencesinstitutionnelles et, à lorigine de la recherche présentée ici, il y a lobjectif danalyser les
effets dune contrainte liée à la redéfinition récente de lépreuve de mathématiques du
diplôme national du brevet et impliquant une modification dans lesdites pratiques, ce qui nous semble constituer un problème professionnel. Le dispositif mis en place repose, dune part, sur létude de ressources considérées comme une aide potentielle pour les professeurs et, dautre part, sur des observations enclasse. Dans ce cadre, nous tenons à préciser dès à présent que nous avons travaillé avec
des professeurs clairement engagés dans les changements que nous souhaitions observer :les séances à partir desquelles nous avons mené notre travail font partie de leur
" ordinaire ». Nous avons choisi de ne pa " spontanées » et " personnelles ». Lors de lanalyse des séances en classe menées par ces professeurs expérimentés, nousavons accordé une attention particulière à lidentification de gestes professionnels 1
spécifiques qui nous ont semblé provoqués par ce changement. Des échanges à propos de leurs pratiques denseignement et lexamen de productions délèves viendront éclairer ces observations, toujours dans lobjectif de comprendre le réel de lactivité enseignante. Nous espérons que les résultats présentés dans ce travail de recherche permettront à terme dapporter un éclairage pour les professeurs, tant au niveau de la conception de leurs séances quen termes de gestion de classe. En outre, lanalyse des pratiques professionnelles conduisant à lanalyse du fonctionnement de linstitution à laquelle les1. Nous préciserons en temps utile la signification que nous donnons à cette expression, relativement
galvaudée.7 professeurs appartiennent, lensemble de notre travail conduit naturellement à des
interrogations concernant " la profession » toute entière. 8 Chapitre 1. Les " tâches non guidées » exigeant une " prise dinitiative »1.1. Vers un changement de paradigme
Notre travail détude et de recherche porte sur les conditions et les contraintes de 1.1.1.lintégration de ce que nous appellerons les " tâches non guidées exigeant une prise
dinitiative » (TNGI) dans lenseignement des mathématiques au collège. Ce questionnement a pour origine un changement des modalités de lépreuve demathématiques du diplôme national du brevet (DNB). À partir de la session 2013, le
découpage en trois parties (activités numériques, activités géométriques et problème) est
remplacé par une série dexercices indépendants dont le nombre peut varier entre 6 et 10 avec la précision suivante2 : " Un des exercices au moins a pour objet une tâche non
guidée, exigeant une prise dinitiative de la part du candidat » (MEN-DGESCO, 2012, cf. Annexe 1).Nous voyons en cela un élément qui vient sajouter à la volonté déjà présente dans la
noosphère du système scolaire dun nouveau rapport institutionnel aux mathématiques et àleur étude. Dans le document intitulé Raisonnement et démonstration, de la collection
" Ressources pour les classes de 6 e, 5e, 4e, [sic] et 3e du collège », on peut lire :... le programme de mathématiques du collège accorde une place centrale à la résolution de
problèmes. Il insiste en particulier fortement sur limportance de la résolution de problèmes
dans lacquisition du socle commun de connaissances et de compétences. La résolution de problèmes constitue méthode dinvestigation » (MEN-DGESCO, 2009, p. 1). enseignement actuel.Avant de continuer, arrêtons-nous un instant sur le mot " problème », en 1.1.2.commençant par reprendre une citation de Jean Brun qui nous semble largement diffusée
2. Note de service n° 2012-029 du 24-2-2012 (NOR : MENE1204539N).
9 dans la noosphère
3 : " Dans une perspective psychologique [...] un problème est
généralement défini par une situation initiale, avec un but à atteindre, demandant au sujet
délaborer une suite dactions ou dopérations pour atteindre ce but. Il ny a problème dans un rapport sujet/situation que si la solution nest pas disponible demblée, mais possible à construire » (1990, p. 2). Continuons en examinant que ce lon trouve à lentrée" Problème », sous longlet " Étymologie », dans le Trésor de la langue française
informatisée (TLFi) : " d) 1963 [...] Empr. au lat. problema problème, question à résoudre ce quon a devant soi, obstacle; tâche, sujet de controverse, problèmejeter devant ; mettre en avant comme argument ; proposer(une question, une tâche, etc.). » Pour terminer (provisoirement) cette petite étude, citons
Yves Chevallard (1999) quand il aborde la question du routinier et du problématique : " On peut imaginer un monde institutionnel dans lequel les activités humaines seraientrégies par des praxéologies bien adaptées permettant daccomplir toutes les tâches voulues
dune manière à la fois efficace, sûre et intelligible. Mais un tel monde nexiste pas : comme on la suggéré, les institutions sont parcourues par toute une dynamique praxéologique, quon nexaminera ici que très brièvement. » Il continue en distinguantensuite les types de tâches et les types de problèmes : " Surtout, dans un univers de tâches
routinières surgissent à tout instant, ici et là, des tâches problématiques, quon ne sait pas
pas encore accomplir. De nouveaux types de tâches, qui sont alors des types de problèmes, saffirment ainsi, autour desquels de nouvelles praxéologies devront seconstituer. » Nous reviendrons ultérieurement sur les notions qui sont ici utilisées
(praxéologie, type de tâches), mais cela nous permet dindiquer dores et déjà que nousinterprétons une " tâche non guidée exigeant une prise dinitiative » comme un problème,
la démarche étant, dans ce cas, complétement à la charge de lélève.Nous rattachons la volonté affichée de développer chez les élèves une prise 1.1.3.
dinitiative dans le cadre de la résolution de problèmes à des compétences plus larges, qui
dépassent le cadre scolaire, ce que les auteurs des enquêtes PISA nomme " littératie » et
qui renvoie " à la capacité des élèves dexploiter des savoirs et savoir-faire dans des
matières clés, et danalyser, de raisonner et de communiquer lorsquils énoncent, résolvent
et interprètent des problèmes qui sinscrivent dans divers contextes » (OCDE, 2011 p. 18).3. http://www.ssrdm.ch/mathecole/wa_files/Mathecole_141.pdf,
a notamment été repris dans un ouvrage de la collection ERMEL, Apprentissages numériques et résolution de
problèmes. CM1/CM2 (pp. 45-46) Hatier, INRP, 199710 PISA
4, Programme international pour le suivi des acquis des élèves, est un programme
géré par lOCDE 5, qui existe depuis 1997. Dans le cadre de ce programme, des enquêtessont menées dans 65 pays (tous les trois ans) afin dévaluer la capacité des jeunes à
mobiliser leurs connaissances et compétences pour relever les défis du monde réel. Lidée sous-jacente est ici que " le but de léducation contemporaine nest pas daboutir à une connaissance encyclopédique qui serait une somme de savoirs accumulés, mais de faireacquérir aux élèves les outils intellectuels qui leur permettront de répondre aux
sollicitations complexes de la vie moderne » (Felouzis & Charmillot, 2012, p. 20). Dans une étude quil a menée sur les enquêtes PISA, Antoine Bodin (2005) présenteun classement selon trois niveaux de compétences : la classe 1, appelée reproduction,
" consiste en calculs simples et définitions du type le plus habituel dans les évaluations » ;
la classe 2, désignée par connexions, " demande que des connexions soient faites pourrésoudre des problèmes simples » et enfin la classe 3, nommée réflexion, " demande
pensée mathématique, généralisation et initiatives [...] demande que les élèves sengagent
dans lanalyse, quils identifient les éléments de la situation proposée et quils posent leurs
propres problèmes » (p. 7). Relativement à la réussite des élèves français, on trouve le constat suivant dans un dossier consacré aux compétences du socle commun6 sur Éduscol : " Les résultats obtenus
lors des différentes enquêtes du PISA montrent que les élèves français réussissent très
correctement les tâches simples mais rencontrent des difficultés lorsquil sagit deffectuerune tâche dite " complexe » exigeant darticuler plusieurs tâches simples non précisées, en
particulier lorsque le contexte ne permet pas didentifier le champ disciplinaire concerné ou lorsqu » (MEN-DGESCO, 2010, p. 13). En outre, concernant les élèves français, Gilbert Arsac et Michel Mante (2007) rapportent que les conclusions de lenquête PISA révèlent que " plus que dautres pays, ils sabstiennent de répondre ou hésitent devant la nécessaire prise dinitiative, notamment lorsquune démarche par essais et ajustements est possible » (p. 144) et affirment que " lesméthodes de travail utilisées en classe influent grandement sur le comportement des élèves
face à lactivité de résolution de problèmes » (p. 144).4. PISA : Program for International Student Assessment.
5. OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Économique.
6. -DGESCO) :
11 Nous savons que le pilotage de linstitution se réalise dune manière efficace à 1.1.4.travers les modalités des examens et concours. Lapparition dans le sujet de lépreuve de
mathématiques du DNB dune " tâche non guidée exigeant une prise dinitiative » nousapparaît être un signe fort de linstitution en direction des professeurs de collège, de
lévolution de lenseignement des mathématiques. Notons que nous avons trouvé lexpression " exercices à prise dinitiative » dans lecompte rendu dun atelier-débat qui sest déroulé en octobre 2004 7, lors des journées
nationales de lAPMEP. Dans cet atelier, intitulé : " Degré douverture et prise dinitiativelors de lévaluation », la réflexion porte sur les " exercices à prise dinitiative » et,
notamment, sur leur intégration dans lépreuve du baccalauréat 8. La distinction est établie
entre " problèmes ouverts9» et " exercices à prise dinitiative », distinction tenant au
" degré douverture ». Pour les problèmes ouverts, le compte rendu propose la citationsuivante, attribuée à Roland Charnay : " Son objectif [du problème ouvert] est dinitier à la
démarche scientifique dans la recherche de la solution dun problème dont lénoncé est court, formulé en langage ordinaire, compréhensible par tous, sans indications de méthode ou solution, permettant de faire des essais, de conjecturer, et ne devant faire appel, pour sarésolution, quà des outils adaptés au niveau et aux savoirs du public concerné. ». Les
membres de ce groupe de travail rattachent les exercices à prise dinitiative aux problèmes ouverts en précisant que ce quils nomment le " degré douverture » est moindre pour les exercices à prise dinitiative. Nous comprenons cela dans le sens où dans les deux cas, ces types particuliers de problèmes sont destinés à développer un comportement de recherche, capacités dordre méthodologique. Selon G. Arsac et M. Mante (2007), auteurs dun travail sur " les pratiques du problème ouvert », définissent un tel problème ainsi :Lénoncé est court ;
Lénoncé ninduit ni la méthode ni la solution (pas de questions intermédiaires ni de
questions du type " montrer que »). En aucun cas, cette solution ne doit se réduire à
lutilisation ou lapplication immédiate des derniers résultats présentés en cours ;7. http://www.apmep.asso.fr/Compte-rendu-de-l-ATELIER-DEBAT.
8. La conclusion du compte rendu est la suivante : " En dépit des difficultés quelle présente, lintroduction
progressive dexercices à prise dinitiative au bac est demandée par lAPMEP ; sur ce sujet précis, les
positions de linspection générale semblent proches des nôtres. »9. Le terme " problème ouvert » a été introduit par une équipe de lIREM de Lyon ; il date de 1984.
12 Le problème se trouve dans un domaine conceptuel avec lequel les élèves ont assez de
familiarité. Ainsi, peuvent-ils prendre facilement " possession » de la situation et sengager dans des essais, des conjectures, des projets de résolution, des contre-exemples. (p. 20)Il est clair que le caractère " ouvert » dun problème dépend du moment où il est proposé
dans lapprentissage. Ainsi, confronter lélève à des problèmes quil na pas appris à
résoudre, autrement dit exigeant une prise dinitiative, le place dans une activité qui diffère
des autres types dactivités " habituelles » proposées dans lenseignement des mathématiques et permet de développer dautres compétences. Lintroduction des TNGI dans lenseignement des mathématiques en collège peut-elle être considérée comme une brique de lédifice que serait un nouveau modèle denseignement ? Le paradigme scolaire traditionnel correspond à un enseignementdirectif dans le sens où des " savoirs » sont apportés par le professeur, puis complétés par
des " exercices dapplication », ce que Y. Chevallard (2012) nomme " paradigme de la » et décrit comme un " de différentes tailles à visiter sous la conduite du professeur » (p. 1). Il oppose ce paradigme à celui " dit du questionnement du monde, où lon sinstruit en étudiant des questions auxquelles on essaie par là dapporter d mathématiques et autres, en fonction des besoins » (p. 1). Peut-on voir dans la préconisation institutionnelle de proposer des TNGI aux élèves de collège, une contribution supplémentaire visant à réaffirmer lintention dun changementde paradigme scolaire, déjà amorcé mais qui a du mal et qui prend du temps à émerger ?
1.2. Problématique et cadre théorique
Notre étude sintéresse donc aux " pratiques enseignantes », à propos desquelles 1.2.1.Éric Roditi affirme : " Les pratiques des professeurs sont soumises à des contraintes institutionnelles et sociales, à des règles de métier et à des habitudes qui limitent les possibilités dagir dun professeur, mais aussi qui laident à savoir ce quil doit faire, à
savoir ce que dautres feraient sils étaient à sa place. Il existe cependant une diversité des
pratiques qui montre que si tout nest p chacun un éventail de possibilités pour agir » (2004, p. 12). Mais comment les professeurs réagissent-ils à lapparition dans le sujet du DNB des " tâches non guidées exigeant une prise dinitiative » ? En suivant Y. Chevallard (2011), nous allons reformuler cette dernière question en nous appuyant sur la notion déquipement praxéologique : " Étant donné un projet dactivité dans lequel telle institution ou telle personne envisage de sengager, quel13 est, pour cette institution ou cette personne, léquipement praxéologique qui peut être jugé
indispensable ou simplement utile dans la conception et laccomplissement de ce projet ? »(p. 98). Ainsi, à la grande diversité des types de tâches auxquels sont confrontés les
professeurs du secondaire, vient donc sen ajouter un supplémentaire, " développer la prisedinitiative chez les élèves », notamment lorsquils sont placés en situation de recherche.
Nous nous interrogeons sur la prise en compte et lintégration de ce nouveau type detâches dans léquipement praxéologique des professeurs enseignant en collège, sur les
accomplir ainsi que sur ce qui peut les justifier. Dautres questions surgissent : dans quelle mesure e tâches non guidées exigeant une prise dinitiatives modifie-t-elle les praxéologies professionnelles ? Ces types detravaux différent-ils des autres activités en termes de partage de responsabilité entre
enseignant et élèves ? Des ressources spécifiques, identifiables, à disposition des
professeurs existent-elles ? Pour étudier ces différentes questions, nous nous placerons dans le cadre de la théorie anthropologique du didactique (TAD), qui situe lactivité mathématique dans lensemble des activités humaines et des institutions sociales.Dans ce cadre, on considère que " toute
activité humaine peut être subsumée sous un modèle unique, que résume ici le mot
praxéologie » (Chevallard, 2007). Une praxéologie relative à un type de tâches T préciseune manière daccomplir, de réaliser les taches qui relèvent du type de tâches T : il sagit
de la technique relative à T : le bloc [T / ] modélise ce que lon nomme couramment savoir-faire. On nomme technologie un discours raisonné (logos) sur la technique (technè). La technologie a plusieurs fonctions : justifier rationnellement la technique, lexpliquer, la rendre intelligible, éclairer la technique et produire des techniques. Au niveau supérieur, se place la théorie dont la fonction est explicitée par Y. Chevallard en ces termes : " À son tour, le discours technologique contient des assertions, plus ou moins explicites, dont on peut demander raison. On passe alors à un niveau supérieur de justification-explication-production, celui de la théorie, , laquelle reprend, par rapport à la technologie, le rôle que
cette dernière tient par rapport à la technique ». On pourrait bien entendu envisager unniveau supérieur " une théorie de la théorie » mais en fait, lanalyse dune activité en
référence aux trois niveaux technique/technologie/théorie suffit, en règle générale, à en
rendre compte (voir Chevallard, 1999). La praxéologie relative à un type de tâches (noté T) contient au moins une technique(notée ) une technologie (notée ) et une théorie (notée ). En TAD, on note une
praxéologie de manière formelle ainsi : [T / / / ]. Les organisations mathématiques et14 les organisations didactiques qui permettent détudier respectivement les activités
mathématiques proposées aux élèves et le travail de lenseignant se déduisent de cette modélisation praxéologique. Nous entendons ainsi par organisations mathématiques les organisationspraxéologiques relatives aux activités mathématiques. En sen tenant aux contraintes liées
à la discipline scolaire (ici, les mathématiques), on distingue quatre niveaux dorganisations mathématiques ponctuelles (unique type de tâches) locales (unetechnologie mathématique), régionales (une théorie mathématique), globales (intégrant
plusieurs théories). Lorganisation didactique, quant à elle, se laisse découper en six
moments didactiques : on distingue ainsi la première rencontre avec lenjeu de létude à travers un type de tâches, exploration du type de tâches et élaboration dune technique,la constitution du bloc technologico-théorique relatif à la technique, le travail de
lorganisation mathématique (qui doit rendre la technique plus efficace), institutionnalisation évaluation. Nous concevons ce concept de moment détude comme un outil danalyse en effet, chacun remplit une fonction didactique spécifique dans le processus détude. Ces deux concepts, praxéologie et moments détude, nous paraissent être des outils à la fois théoriques et méthodologiques qui vont nous permettre de décrire puis analyser dans le but, in fine, ce que le professeur fait effectivement en classe et essayer ainsi dappréhender la complexité des pratiques enseignantes.1.3. Méthodologie
Nous distinguons trois " temps » dans notre travail détude et de recherche. Tout dabord, nous analysons les par linstitution pour impulser ce changement et accompagner cette évolution, en examinant quelles sont les aides quun professeur mathématiques de collège peut trouver, pour proposer en classe des TNGI. Dans cette optique il nous a semblé opportun détudier certaines ressources, que nous précisons ci-dessous. Pour prolonger ce travail, nous observons et analysons les praxéologies enseignantes de deux professeurs expérimentés, ce qui nous permettra de rendre compte de" praxéologies spontanées ». En outre, afin desquisser un " état des lieux » plus complet,
nous avons réalisé un questionnaire à destination de professeurs de collège (cf. Annexe 2)
Nous nous intéressons ici au travail documentaire des professeurs, qui consiste à 1.3.1.rechercher des ressources, les sélectionner, et éventuellement les transformer. Nous avons
15 choisi détudier les ressources proposées par la partie dédiée aux mathématiques des sites
académiques ainsi que par le site de lAPMEP. Il nous a semblé aussi judicieux détudier les ressources choisies dans le cadre de la formation continue sur lacadémie de Toulouse pour être présentées aux professeurs, en particulier la " banque de situations dapprentissage et dévaluation pour la compétence 3 » du site Éduscol. Nous examinons ensuite les sujets de lépreuve sur dossier du CAPES de mathématiques, avant de clore cette partie avec létude des ressources que constituent les énoncés de manuels scolaires au niveau de la classe de 3 e.E. Roditi (2010) a montré que " les enseignants travaillent effectivement dans un 1.3.2.réseau de contraintes, mais qu
notamment dans leur gestion de lenseignement en classe » (p. 5). Nous présentons deux études de cas, ciblées sur la conduite de la classe par le professeur en séance. Nous avons souhaité nous placer à léchelle du quotidien, en étudiant des cas et donc en sappuyant dans une approche clinique. Précisons que nous avons observé des pratiques enseignantessans mise en place dingénierie didactique, lidée étant dassister à une séance dans
laquelle le professeur proposait une TNGI aux élèves, dans des conditions les plus " naturelles » possibles. Au mois de mars 2013, nous avons contacté deux professeures enseignant en collège qui ont intégré ce type de travail dans leurs pratiques, et convenu quelles nous préviendraient lors de la mise en place dune TNGI. Lexpérience de cesprofesseures dans ce domaine, alliée à un rapport positif à cette prescription, a guidé notre
choix de sadresser à elles pour réaliser nos observations. De plus une des professeures, parailleurs formatrice, avait déjà été amenée à filmer sa classe et cela nous a paru être un
avantage pour obtenir une situation la plus proche possible des conditions " normales » denseignement.Les séances ont été observées au printemps (ce qui correspond au début du troisième
trimestre de lannée scolaire), à un moment où lobjet TNGI ne constitue plus une
nouveauté pour les élèves, ceux-ci ayant eu loccasion de réaliser ce type de travail
auparavant. Deux séances ont été filmées à 15 jours dintervalle pour la professeure que
nous appellerons Camille et ce, pour deux niveaux différents, une classe de 5 e et une classe de 4 e. Observer les pratiques dun même professeur dans deux séances différentes nous aparu intéressant en vue dune analyse comparative. Une séance a été enregistrée en audio
pour la professeure à qui nous attribuons le prénom de Pascale, dans une classe de niveau 3e.16 Précisons que, dans chacun des cas, nous avons réalisé un bref entretien " ante », juste
avant la séance et un entretien " post » quand cela a été possible, afin de recueillir les
impressions des professeures sur le moment. Ces deux entretiens ont été menés de façon semi-directive, lobjectif étant de laisser une liberté la plus grande possible aux professeurs dans leurs réponses. Les questions ont essentiellement porté sur les raisons dintégrer ce type de travail dans lenseignement, les objectifs spécifiques poursuivis ainsi que les ressources utilisées comme base de travail. Nous avons aussi pu nous entretenir par la suite avec les deux professeures, de manière plus informelle (entretiens non enregistrés), environdeux mois après les séances. Précisons que les élèves ont toujours été prévenus de notre
présence et que nous leur avons à chaque fois expliqué brièvement notre démarche avant
de répondre à quelques rares questions. Lors des séances filmées, nous avons placé une caméra au fond de la classe, dans un emplacement permettant de voir le tableau (dans chaque cas, un petit nombre délèvesnest pas visible). Pour la séance enregistrée en audio, le matériel denregistrement a été
positionné sur le bureau du professeur, proche du tableau, et cest pourquoi certainséchanges entre la professeure et des élèves situés loin du tableau nont pu être captés. Nous
avons aussi pris des notes manuscrites, sur le moment, qui nous ont été utiles par la suite pour ajouter à la retranscription des dialogues des éléments factuels. Pour la retranscription, nous avons adopté les règles suivantes : les dires dun élèvesont précédés dun " E » sauf si ce dernier est identifié et, dans ce cas, cest son prénom
qui précède ses dires. Ce qui est écrit au tableau est reproduit dans un cadre sur fond gris
foncé ou bien grâce à une photo prise in situ. Le déroulement du temps est indiqué dans la
colonne de gauche du tableau et les éléments de couleur verte apportent des précisions relatives au contexte. Les normes de retranscription utilisées sont indiquées de la façon suivante : une intonation " montante » (type interrogatif) est indiquée par , une intonation " qui baisse » (type affirmatif) est indiquée par , une intonation de type exclamatif est indiquée . Les pauses sont signalées par un et lorsquune intervention orale (ou une partie) est inaudible nous avons rapporté cela par17 praxéologie : " le geste professionnel dans la dimension gnoséologique de ses visées complexes, se situe dans lespace de la classe, principalement aux trois premiers niveaux
du quadruplet proposé par Y. Chevallard » (2009, p 54). Le concept de geste professionnel est à entendre ici comme " la part toujourssingulière et actée donc ajustée de lagir du maître en situation » (Bucheton, 2009, p. 54).
Eu égard à la grande complexité de lactivité enseignante, ainsi quau caractère spécifique
de notre étude, nous avons choisi de focaliser notre analyse sur un type particulier de gestes professionnels : les gestes dajustements. D. Bucheton fait état de gestesdajustements aux élèves, à lavancée de la leçon, à la situation précisant quils sont
engendrées par " la dynamique de lactivité partagée entre le professeur et ses élèves ».
Dans sa " matrice de lagir professionnel » Anne Jorro (2006), quant à elle, distingue
quatre catégories de gestes professionnels : les gestes langagiers, les gestes de mise en scène du savoir, les gestes dajustement de / dans la situation et les gestes éthiques, ethos.Elle indique que ces gestes dajustements de laction " relèvent du kaïros, de la capacité à
intervenir sur le déroulement de lactivité, sur le rythme de laction (anticipation, accélération, actualisation), sur la modification d sur linvention dune stratégie nouvelle, sur la prise en compte dune demande émanant de la » (p. 10). Ces gestes dajustement caractérisent la réactivité de lenseignant enclasse, sa disponibilité, et sont visibles en partie, dans les prises de décision dans laction.
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