NOM Prénom Fonction/Poste Établissement/Organisation
Bertrand. Directeur de la Formation Initiale. Télécom Paris. DE SIYSA Université de La Réunion - IUT ... Ancien professeur des universités au CNAM.
Fonds privés du domaine des grands corps de lEtat ; Archives
La vérité sur l'organisation de la Sécurité sociale » (s.l. 17 décembre 1945). Association des anciens élèves de l'ENA
INVENTAIRE DES ARCHIVES
Triboulet ministre des Anciens. Combattants : comptes rendus de réunion
Lécoute au cœur de lÉcole
Bertrand Vergely : « Lire devenait comme écrire » p. mersion pour les élèves réunions ... tient la liberté d'entreprendre mais considère que la fina-.
La présence silencieuse auprès dun patient en fin de vie un soin
Une pleine tolérance pour tous et une liberté pour les consciences y sont l'individu par la conscience de son éloignement par rapport à la vérité. Pour.
Dossiers de recours en grâce (1900-1916)
Entrave à la liberté du travail au au cours de la grève des ouvriers de Espionnage à Paris par le n e Boisson ancien sous-lieutenant d'infanterie.
PARTIE I
Jul 23 2007 C'est ce que soutient le philosophe Bertrand Vergely dans. « L'Enjeu vital de l'identité » où il qualifie l'identité d'« accomplissement de ...
LA NOTION PHILOSOPHIQUE DE DIGNITE A LEPREUVE DE SA
Mar 25 2009 philosophique sur la notion de dignité est très ancien
RECUEIL DES ACTES ADMINISTRATIFS N°D77-079-07-2019
Jul 9 2019 aux réunions du comité d'hygiène et de sécurité et des conditions de ... Décision tarifaire n°315 lucie et Edgar Faure Boissise la Bertrand.
UNIVERSITÉ DE STRASBOURG Levinas : une éthique asymétrique
Jun 18 2019 14 Emmanuel Levinas
Université de Lille 2, droit et santé
Ecole doctorale des sciences juridiques, politiques et de gestion (ED n° 74). Faculté des sciences juridiques, politiques et socialesThèse présentée et soutenue publiquement
pour obtenir le grade de docteur en sciences juridiques, le 15 décembre 2007Par Félicité Mbala Mbala
LA NOTION PHILOSOPHIQUE DE DIGNITE A
Directeur de thèse
Françoise Dekeuwer-Defossez, professeure à l'université de Lille 2 Jury David BAKOUCHE, professeur à l'université de Paris XI Charles COUTEL, professeur à l'université d'Artois David HIEZ, professeur à l'université de Luxembourg Merci à Mme Dekeuwer-Defossez pour avoir accepté de diriger mes travaux. Je tiens à lui exprimer ici toute ma gratitude pour sa grande disponibilité et ses précieux conseils tout au long de ces années. Merci à Marcelle, Nathalie et Bertrand pour leur soutien indéfectible. Merci à tous ces lecteurs et correcteurs de l'ombre, qu'ils trouvent ici l'expression de toute ma gratitude A toute ma famille, à mes parents, Odile et Dieudonné sans qui rien ne serait.A toi Aristide
ABREVIATIONS
des principales références utilisées AJDA Actualité juridique de droit administratifAPD Archives de philosophie du droit
D. Dalloz
Dr.pén. Droit pénal
GP Gazette du palais
JCP. G. Juris-classeur périodique, La semaine juridique édition généraleJO Journal officiel, lois et décrets
JOCE Journal officiel des communautés européennesJ-cl Jurisclasseur
L.P.A Les petites affiches
R.D.P. Revue de droit public
RFDA Revue française de droit administratif
RFDC Revue française de droit constitutionnel
R.R.J Revue de la recherche juridique. Droit prospectifRSC Revue de la science criminelle
RTD civ Revue trimestrielle de droit civil
R.T.D.H. Revue trimestrielle des droits de l'hommeSOMMAIRE
ABREVIATIONS
SOMMAIRE
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : La réception de la dignité au sein de l'ordre juridique 29 TITRE PREMIER : L'apport matériel de la philosophie et de la religion 31 Chapitre 1 : La richesse des sources philosophiques et religieuses 33 Chapitre 2 : L'Influence majeure de la notion kantienne de dignité 79TITRE SECOND : L'influence des orig
ines philosophiques et religieuses sur la juridicisation de la notion de dignité 115Chapitre 1 : La recherche infructueuse d'une définition normative de la notion de dignité 117
Chapitre 2 : La recherche infructueuse d'un principe juridique autonome de dignité 157
DEUXIEME PARTIE : Les deux conceptions de la dignité résultant de l'ordre juridique 207 TITRE PREMIER : Consensus autour de la dignité de promotion 209 Chapitre 1 : La dignité comme fondement de la protection de la personne vulnérable 211
Chapitre 2 : La dignité comme moteur de la promotion des droits fondamentaux 255
TITRE SECOND : Négociations autour de la dignité de protection 293 Chapitre 1 : L'affaiblissement formel du principe de dignité 295 Chapitre 2 : L'affaiblissement matériel du principe de dignité 353
CONCLUSION 405
BIBLIOGRAPHIE 415
INDEX ANALYTIQUE 447
TABLE DES MATIERES 453
1INTRODUCTION
1. " Ce que conteste le S.S et qui paraît être à Antelme un scandale métaphysique, c'est que,
quoique participant à la même espèce que le déporté, le S.S nie en celui-ci comme en lui-
même cette appartenance commune à l'espèce. " Alle Scheisse !» (" Vous êtes tous de la
merde »), ce n'est pas le cri de rage de quelqu'un qui se tient pour un échantillon supérieur
d'humanité, c'est le cri de quelqu'un qui veut s'extraire de cette " merde », l'humanité dans
son ensemble. Par l'eugénisme, la stérilisation, le génocide, le racisme biologique, il entend
se substituer à la nature de la même façon que par l'établissement d'un Reich millénaire, il
nourrit la folle conviction d'arrêter l'Histoire.2. Administrateur de la plus formidable puissance qui existe au monde : le droit de balayer
celui-ci de la vermine qui l'encombre, le S.S se heurte à un obstacle : la revendication tacitemais inébranlable chez le déporté d'appartenir à l'espèce honnie. Antelme la vit comme une
révélation. Elle n'est ni morale, ni philosophique, ni même métaphysique, elle est d'ordre
biologique : en se conservant en vie, le déporté nie la toute-puissance du S.S., tandis que brille à ses yeux comme un absolu de la conscience d'une solidarité avec la collectivité humaine et l'Histoire. La condition animale à laquelle on veut la réduire n'est qu'apparence et c'est là, au sommet de la puissance, qu'il remâche sa défaite : la mutation biologique3. Ce texte retrace l'expérience de " milliers » de victimes de la terreur mise en place par le
régime nazi. Il s'agit d'un face à face entre la victime et son bourreau, tous deux membres de la famille humaine. Tous deux réalisent qu'ils n'ont aucune emprise sur cette humanité, qu'elle se dérobe à ce qu'ils veulent en faire. Le bourreau tente sans y parvenir de nier la ressemblance avec celui sur qui il exerce son pouvoir démoniaque. La victime est bouleversée par ce " quelque chose » d'indescriptible qui en elle refuse d'abdiquer. Il n'y a pourtant paschez la victime de révolte franche ou active. Cependant, ce cri d'humanité, qui se réveille en
elle, constitue un bouclier face aux assauts répétés de l'agresseur. La révolte est menée au
plus profond d'elle, silencieuse, mais raisonnant au-delà, difficilement contenable. Ce ne sont pas des droits qui sont revendiqués, mais une invincibilité. C'est dans ce contexte que l'homme fait seul l'expérience de sa dignité, au plus fort de savulnérabilité. Ce combat va être relayé au plus haut niveau par le droit. Parce que si ce
Grâces leurs soient rendues. Mémoires littéraires. Albin Michel, 1990, p.77-78.2quelque chose en l'homme a résisté, il faut cependant prémunir l'homme contre ces situations
qui mettent à l'épreuve sa dignité. La dignité renvoie donc avant tout à quelque chose dont
chacun prend conscience dans la solitude de sa condition. La dignité est alors d'abord uneintuition, elle est éprouvée avant même de pouvoir être désignée, avant même de pouvoir être
conceptualisée. Cette intuition est décrite par M. Perrouin, comme une " sorte de prosternation irréfléchie de l'homme devant son humanité » 24. C'est dans ce sens que l'on va réfléchir sur la dignité tout au long de notre étude. En
gardant toujours à l'esprit que la dignité existe indépendamment du droit et rien ne peut la
détruire. Il s'agit d'une valeur qui marque l'appartenance irréductible de l'homme àl'humanité, entendue ici au sens de communauté humaine. Ceci nous conduit donc à préciser
un peu plus l'objet de notre étude. Nous distinguerons la dignité d'autres notions avec lesquelles elle apparaît souvent confondue en droit (I). § 1 : LA DISTINCTION DE LA NOTION DE DIGNITE PAR RAPPORT AD'AUTRES NOTIONS JURIDIQUES
5. Il conviendra avant toute chose de sacrifier à la tradition juridique qui veut que lorsque l'on
s'intéresse à la notion de dignité, on la distingue à titre liminaire de la notion de dignitas (A).
La dignité devra ensuite être distinguée des droits de l'homme (B), de l'humanité (C) et de la
notion de moralité (D).A) LA DIGNITE DISTINCTE DE LA DIGNITAS
6. La dignitas renvoie à une approche " fonctionnelle » de la notion. Il n'y a plus
véritablement dans l'esprit de confusion entre dignité et dignitas. Dans les textes juridiques le
même terme de dignité est employé indifféremment pour désigner ces deux réalités distinctes.
L'histoire de la dignité est aussi celle d'un terme : " dignitas » qui servait à l'origine à rendre
compte d'une organisation hiérarchique d'un ordre social ou de la société dans son ensemble.
La " dignitas » était une charge, une fonction ou un titre qui conférait à son titulaire un rang
éminent. Mais encore, cette notion renvoyait à une considération sociale, à la manière dont
une personne devait se comporter et dont elle était considérée par les autres membres de la société. Elle était ainsi confondue avec la notion d'honneur : " l'honneur de l'homme ne La dignité humaine et le droit. Thèse dactylographiée. Toulouse I, 2000, 589p.,p.19.3dépend pas de sa propre conviction intérieure, mais du jugement de ses semblables ou, pour
mieux dire, son honneur, et se reflète dans l'attitude que les autres adoptent envers lui. (...)Chacun ressent ainsi l'exigence d'avoir à mériter par lui-même cette réputation et ce par ses
exploits personnels » 3 . C'est cette exigence comportementale qui a été retranscrite dansl'expression populaire : " se comporter avec dignité, faire preuve de dignité». La dignité étant
dans ce cas une attitude empreinte de noblesse et de gravité, censée caractériser l'attitude de
respect de celui qui se comporte ainsi. C'est une exigence de l'homme envers lui-même, mais devant les autres également.7. On retrouve cette approche fonctionnelle dans l'élaboration des règles de déontologie. Les
ordres professionnels se sont constitués autour de cette idée directrice, que le fait d'exercer
certaines professions (magistrats, avocats, médecins...) impliquait un certain comportement,une certaine attitude et rendait certains agissements intolérables. Il y a à l'origine avec les
règles déontologiques et la constitution des ordres professionnels, la volonté de mettre en avant la noblesse de la profession qui appelle la noblesse du comportement. Parlant des médecins, M. Beignier dira : " le prestige de la conscience les entourait d'une certaine aura qu'ils ne craignaient nullement de parler de sacerdoce dans le premier code de déontologie » 4Petit à petit, ce n'est plus la noblesse de la profession mais son utilité sociale ou encore la
mission de service public qu'elle remplit qui vont guider l'exigence de dignité dans le comportement. La dignité ainsi entendue ne pose pas véritablement de problème. Ce qui estsujet à discussion c'est la nature juridique des règles ainsi posées, mais là n'est pas notre
propos. Cette " dignité/dignitas » n'intéresse pas notre analyse, seule l'évolution du terme
dignitas nous retiendra, le temps d'expliciter le passage d'une conception hiérarchique à une conception égalitaire de la société.B) LA DIGNITE DISTINCTE DES DROITS DE L'HOMME
8. Affirmer que la dignité existe indépendamment du droit c'est souligner que, bien que le
droit en vigueur à un moment donné dénie à l'homme son appartenance à l'humanité, il n'en
demeure pas moins membre de cette humanité dans les faits. Nous prendrons deux exemples pour mieux comprendre et illustrer nos propos. Il s'agit de deux exemples significatifs depouvoirs politiques et juridiques régulièrement établis, qui ont mis en place des systèmes
L'univers mental des germains, cité par B. BEIGNIER, L'honneur et le droit. LGDJ, 1995, 660p. p.23 4 B. BEIGNIER, L'honneur et le droit. LGDJ, 1995, 660p.p.393.4visant à exclure une partie des hommes de l'humanité. Il s'agit de l'esclavage (1°) et plus
récemment du nazisme (2°).1° L'esclavage
9. La loi du 21 mai 2001
5 reconnaît la traite négrière et l'esclavage en tant que crime contre l'humanité. Mais pendant longtemps, l'esclavage, est l'histoire d'une pratiqueinstitutionnalisée, encadrée par un certain nombre de règles qui vont être codifiées. Le
premier Code noir est édicté en mars 1685. Il sera suivi d'un certain nombre de lois, décrets
et arrêtés régissant la pratique. L'esclavage est alors considéré comme " le droit de propriété
qu'un homme peut avoir sur un autre ». Cette " chose » n'est plus une personne juridique 6 L'esclave se voit par conséquent traité comme s'il n'était pas un homme. Mais ces règles juridiques n'ont pas fait disparaître l'humanité de l'homme, en attestent les nombreusesrévoltes fomentées par les esclaves eux-mêmes, qui avaient ainsi conscience d'être plus que
ce à quoi les réduisaient les lois. C'est d'ailleurs, le fil conducteur des lois et des conventions
abolitionnistes : l'esclavage est un crime contre l'humanité, une atteinte à la dignité.2° Le régime nazi
10. Hitler accède au pouvoir en 1933. Il est nommé chancelier par le président Hindenburg. Il
va s'appuyer sur les institutions pour mettre en place un régime dictatorial. Il s'agit d'unrégime " légalement institué » qui adopte des lois moralement " choquantes », mais qui n'en
constituent pas moins " le droit » auquel il faut se soumettre, les règles qu'il faut respecter.
" La légalisation de la politique raciale constitue le chapitre le plus abominable de la fonction assumée par la justice depuis le troisième Reich.» 7 . Ce sera bien par le biais de la règle dedroit que sera organisée l'extermination des juifs. Faut-il en déduire que ces lois abominables
ont retiré toute dignité à l'homme ? La réponse est assurément négative, puisque c'est là, au
pire moment peut-être, que l'homme a pris conscience de cette " irréductible dignité ».11. C'est ainsi que l'on comprend bien la distinction entre dignité et droit en général et la
dignité et les droits de l'homme en particulier. La dignité ne prend pas naissance par lemédium d'une règle de droit. La dignité n'est donc pas conférée. La dignité n'est pas un droit.
J.O. du 23 mai 2001, p.8175.
6 C. TAUBIRA-DELANNON et A. CASTALDO, Codes noirs. De l'esclavage aux abolitions. Dalloz, Paris,2006, 150p.
7 T. FERAL, Justice et nazisme, L'Harmattan, Paris, 1997, 108p.p.825Cette distinction entre droits de l'homme et dignité est déjà relevée par Mme
Arendt lorsqu'elle affirme que : " l'homme peut perdre tous ses fameux " Droits de l'homme » sans abandonner pour autant sa qualité essentielle d'homme, sa dignité humaine » 8 . La dignité existe alors même en l'absence de tout droit, même contre le droit.C) LA DIGNITE DISTINCTE DE L'HUMANITE
12. Vouloir distinguer la dignité de l'humanité peut quelque part laisser perplexe. Parce que
toutes les deux portent haut l'image de l'homme, elles peuvent être confondues. En effet, ladignité renvoie au fait que quelque chose est dû à l'homme du seul fait de son humanité. La
dignité se définirait donc nécessairement par l'humanité. On le voit déjà, la notion d'humanité
participe de la définition de celle de dignité, dans la mesure où la dignité est reconnue sans
autre condition que l'appartenance à l'humanité. C'est dans ce sens que l'on entendra cette affirmation de Kant : " La moralité ainsi que l'humanité en tant qu'elle est capable de moralité, c'est donc là ce qui seul a de la dignité » 9 . Il existe entre les deux notions des " liens intrinsèques » 1013. La notion d'humanité, à l'image de celle de dignité est un polysème. M. Abikhzer
11 recense ainsi au moins quatre sens pour la notion. Le premier sens est aujourd'hui tombé en désuétude, il renvoie à l'humanisme comme mouvement culturel qui permet à l'hommed'acquérir une éducation grâce à laquelle il va se démarquer de l'animal. L'humanité renvoie
également à l'attitude bienveillante que l'on a envers autrui, on parle ainsi de " faire preuve
d'humanité ». L'humanité renvoie encore à une qualité essentielle de l'homme à " la nature
humaine en tant que qualité propre à l'être humain ». Enfin, l'humanité désigne le " genre
humain », cette appartenance commune de tous les hommes à une même famille.14. Les notions de dignité et d'humanité unies à l'origine par leur origine philosophique, font
leur entrée au même moment sur la scène juridique. Elles sont toutes deux propulsées sur le
devant de la scène à la suite des évènements tragiques du milieu du vingtième siècle. C'est la
notion d'humanité qui est la première à être " saisie » par le droit. C'est par le biais de
l'infraction pénale de " crime contre l'humanité » que l'humanité fait son " entrée sur la scène
Les origines du totalitarisme : L'impérialisme, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1968,348p, p. 288.9
E. KANT, Fondements de la Métaphysique des moeurs. Traduction et notes de V. DELBOS. Delagrave, 210p.,p.
160.10
V. GIMENO CABRERA, Le traitement jurisprudentiel du principe de dignité de la personne humaine dans la
jurisprudence du Conseil Constitutionnel français et du tribunal constitutionnel espagnol. LGDJ,2004,380p.p.64.
11 F. ABIKHZER, La notion juridique d'humanité, PUAM, 2005, 622p.p.19-206juridique sous les auspices de victime »
12 . Le crime contre l'humanité est introduit par le Statut du tribunal de Nuremberg en 1945. Cette incrimination sera retranscrite dans le droit français par la loi du 26 décembre 1964 13 . Cette loi pose l'imprescriptibilité des crimes contrel'humanité et renvoie expressément pour la définition du crime contre l'humanité à " la
résolution des Nations Unies du 13 février 1946, prenant acte de la définition des crimescontre l'humanité telle qu'elle figure dans la charte du tribunal international du 8 août 1945 ».
Le crime contre l'humanité est défini par M. Truche comme : " La négation de l'humanité contre les membres d'un groupe d'hommes en application d'une doctrine. Ce n'est pas un crime d'homme à homme mais la mise en exécution d'un plan concerté pour écarter des hommes de la communauté des hommes » 14 . L'auteur met ensuite l'accent sur le caractère singulier de cette incrimination. Le caractère particulier du crime est le fait qu'il soit commis " systématiquement en application d'une idéologie refusant par la contrainte à un grouped'hommes le droit de vivre sa différence, qu'elle soit originelle ou acquise. Atteignant par-là
même la dignité de chacun de ses membres et ce qui est de l'essence du genre humain. Traitée
sans humanité, comme dans tout crime, la victime se voit en plus contestée dans sa nature humaine et rejetée de la communauté des hommes 15». La notion de dignité constitue alors un
élément essentiel de la caractérisation du crime contre l'humanité. Pour certains auteurs, la
notion de dignité constitue un " fondement philosophique et moral indiscutable de l'incrimination pour crime contre l'humanité » 16 . La dignité constitue par conséquent un critère déclenchant mais n'est pas le seul, puisqu'il faut également que la pratique soit " systématique ».15. La confusion se poursuit également lorsque l'on s'intéresse à l'évolution de la notion de
crime contre l'humanité. On peut distinguer avec M. Edelman 17 deux formes de barbarie qui correspondent aux deux " visages » du concept juridique d'humanité. Dans un premier temps,le concept juridique d'humanité renvoie à la protection contre la barbarie étatique. Il s'agit
directement de la référence à la barbarie perpétrée par le régime nazi. Une conception
moderne de l'humanité consiste à la protéger contre la barbarie de la technoscience, entendue
La personne en danger. PUF, 1999,
p.527-550. 13 Loi n° 64-1326 du 26 décembre 1964. J.O du 29 décembre 1964, p. 11788. 14 P. TRUCHE, La notion de crime contre l'humanité. Esprit Mai 1992, n° 181. 15 P. TRUCHE, La notion de crime contre l'humanité. Esprit Mai 1992, n° 181 16V. GIMENO-CABRERA, Le traitement jurisprudentiel du principe de dignité de la personne humaine dans la
jurisprudence du Conseil Constitutionnel français et du tribunal constitutionnel espagnol. LGDJ,2004,380p.p.64.
17 B. EDELMAN, Le concept juridique d'humanité. In, B. EDELMAN, La personne en danger. PUF, 1999, p.527-550.7" comme la conjonction de la science et du marché ». Il s'agit de protéger le patrimoine
commun de l'humanité. Cette protection de l'humanité intervient alors en dehors de tout contexte de crime ou de guerre, et rejoint alors l'insertion de la dignité comme principecardinal du droit de la bioéthique. La dignité, en effet, est également érigée comme rempart
face aux développements de la technoscience. Cependant, la notion de patrimoine commun de l'humanité est relativement large. On parle de patrimoine commun de l'humanité pour désigner tout d'abord l'espèce humaine dont il faut préserver l'intégrité face au développement des biotechnologies. On parle également de patrimoine commun del'humanité pour caractériser le fait que l'humanité soit le titulaire d'une masse de biens qui
lui est affectée en vue de leur mise en valeur. L'humanité toute entière est alors tenue pour
responsable de la gestion de ces biens. Il s'agit d'une responsabilité à l'égard des générations
futures. C'est notamment pour cela que Hans Jonas prône la nécessité d'une " éthique du futur ». Il s'agit de dégager des règles aujourd'hui en pensant à demain 18 . Cette deuxième conception du patrimoine commun de l'humanité, parce qu'elle ne s'applique pas à ce que l'homme " est » intrinsèquement, ne concerne pas sa dignité.16. Les notions de dignité et d'humanité ne doivent pas être confondues et leur affirmation
distincte dans les textes de lois n'est pas " pure coquetterie ». Le concept juridique d'humanité a par conséquent une existence juridique autonome, ce dont rend compte notamment la division du Code pénal, qui contient une partie relative aux crimes contrel'humanité et également une partie relative aux atteintes à la dignité. Dignité et humanité ne
relèvent pas complètement du même ordre et la notion de dignité comprend celle d'humanité,
alors que la notion d'humanité ne rend pas compte de toute la dignité. Ceci s'explique notamment par le critère finaliste déterminant dans la caractérisation du crime contrel'humanité. Il faut que l'acte incriminé soit tourné contre un groupe et il faut également
caractériser la volonté de l'auteur de détruire une catégorie de personne. Le crime contre
l'Humanité " procède donc d'une atteinte volontaire faisant l'objet d'un plan commandé quelle que soit la personne, physique ou morale, qui en possède l'initiative » 19 . Le critère du" plan » concerté n'est pas exigé pour caractériser une atteinte à la dignité, de même que la
volonté de l'auteur ou ses intentions n'entrent pas en ligne de compte. Il y a atteinte à ladignité, en dehors de tout plan concerté, dès lors qu'il y a dégradation, asservissement ou
réification de la personne. Pour une éthique du futur, Rivage poche, Paris, 1993,116p. 19V. GIMENO-CABRERA, Le traitement jurisprudentiel du principe de dignité de la personne humaine dans la
jurisprudence du Conseil Constitutionnel français et du tribunal constitutionnel espagnol. LGDJ,2004,380p.p.64.
817. Ces deux notions sont incontestablement liées, mais ne doivent pour autant pas être
confondues. En effet, les finalités de ces deux notions ne sont pas les mêmes. Le conceptjuridique d'humanité servirait à faire barrage à " toutes les formes de la barbarie moderne »
20 alors que la notion de dignité s'inscrit dans une perspective plus large de protection de la personne humaine 21. Alors que la notion d'humanité se concentre sur le " genre humain », la notion de dignité prend en compte l'être individuel. Tout crime contre l'humanité est une
atteinte à la dignité, tandis que toute atteinte à la dignité ne constitue pas nécessairement un
crime contre l'humanité. Le crime contre l'humanité constitue l'atteinte la plus intolérable à la
dignité.D) LA DIGNITE DISTINCTE DE LA MORALITE
18. Le droit et la morale sont deux ordres normatifs distincts, qui s'attachent tous deux à
édicter des règles de conduite, chacune à son niveau. " L'homme est enserré dans unepluralité de systèmes de normes. La morale est l'un de ces systèmes, le droit en est un autre, et
chacun d'eux se reflète subjectivement dans les consciences individuelles par des devoirs, des obligations » 22. La querelle entre les jusnaturalistes et les positivistes renaît à l'occasion
de cette consécration de la dignité par le droit. Cette consécration qui signe le retour " éclatant
au droit naturel » 23, constitue de l'avis de certains l'introduction dans le droit d'une règle morale. Si cette assertion ne constitue pas pour nous un obstacle à la juridicisation de la
notion de dignité, nous verrons surtout que la ligne de démarcation entre la morale et le droit
est déjà très brouillée, soit que le droit soit mis au service de l'ordre moral, soit que les
sentiments moraux soient assez puissants et assez unanimement ressentis pour imposer que les règles juridiques se soumettent à leurs exigences.19. Pour comprendre la confusion entre droit et moralité, il faut partir de cette idée d'une
conduite sociale exigée de la personne, qui, à Rome, conférait ou retirait la dignitas.Cependant, il ne s'agira pas d'une conduite sociale qui ouvre à certains privilèges, ou à une
La personne en danger. PUF, 1999,
p.527-550.quotesdbs_dbs25.pdfusesText_31[PDF] Berücksichtigung negativer Aktiengewinne nach § 40a KAGG und
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