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L'inquiétude est une affaire de filles En voulant me lever une douleur me traverse



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Tous droits r€serv€s 'ditions Triptyque, 2009 Cet article est diffus€ et pr€serv€ par 'rudit. 'rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos€ de Montr€al. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche.

Num€ro 123, automne 2009Filiation & TransmissionURI : https://id.erudit.org/iderudit/61652acAller au sommaire du num€ro'diteur(s)'ditions TriptyqueISSN0225-1582 (imprim€)1920-9363 (num€rique)D€couvrir la revueCiter cet article

Moebius

, (123),

35...38.

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L"inquiétude est une aff aire de fi lles

Les gouttes, en tombant, font des cercles qui viennent troubler la surface de l"eau. Il n"a pas cessé de pleuvoir depuis mon arrivée. Certains des arbres cernant le lac ont crû depuis la dernière fois. Sous la pluie, leurs troncs paraissent noirs et lisses. Je sais que c"est une illusion. Je connais par cœur l"emplacement de chaque nœud. Je pose la tasse vide à mes pieds. J"ai bu mon café sur le balcon, à l"abri sous la toile installée l"été dernier par ma grand-mère. Je ne peux m"empêcher de sourire en songeant aux milles messages qu"a probablement déjà laissés ma mère, en larmes, et que je trouverai sur la boîte vocale à mon retour. Je sais que je les eff acerai sans les avoir écoutés. Je pense à sa folie, à ses colères ; je pense au legs. Vers la fi n, Alex disait toujours : T"es pareille comme ta mère ! En voulant me lever, une douleur me traverse, éton- nante - une volée de clous, en plein ventre. Je tente de me rasseoir, mais ne vois plus les chaises derrière les larmes. Je fi nis par m"étendre sur le tapis qui couvre le balcon. Les fi bres synthétiques me râpent la joue. Alex parti, il a bien fallu que je m"en aille moi aussi : tout était devenu plus menaçant, plus dangereux. L"impression d"être traquée m"habitait déjà avant son départ, mais après c"était vraiment trop fort. Ça pouvait, en une seconde, monter comme de la glace, m"écraser le cœur, me faire croire en ma propre mort. Filiation.indd 35Filiation.indd 3530/09/09 11:57:1330/09/09 11:57:13

Valérie Roch-Lefebvre36

Je ne dormais presque plus, me réveillant à toutes les heures pour aller vérifi er les portes, les fenêtres. Outre les séances de nettoyage à l"aide d"un linge humide - lorsque j"étais enfant, ma mère disait : " se laver à la mitaine » -, j"avais abandonné toute hygiène corporelle. J"imaginais toujours qu"on s"infi ltrait chez moi alors que j"étais sous la douche et que je n"entendais rien à cause du jet d"eau. J"étais certaine de fi nir violée, étranglée par la douche téléphone, découpée en morceaux. Je suis arrivée dans la nuit. J"ai marché du terminus jusqu"au chalet. Cinq kilomètres parcourus seule, dans une noirceur dense, hallucinante. À mi-chemin, une roche s"est immiscée dans mon espadrille. Elle érafl ait mon talon à chaque pas que je faisais. J"aurais pu m"arrêter, l"extirper de mon soulier. J"ai plutôt décidé de continuer à marcher. Je savais que si je m"arrêtais, je m"eff ondrerais. Je suis parvenue au lac Brûlé les pieds en sang. Ma grand-mère garde toujours une clé sous le paillas- son.

Je me suis endormie tout de suite.

Le premier matin, j"ai voulu traverser le lac à la nage. L"automne venu, les villégiateurs retournent dans leurs banlieues de fi lms d"horreur, où les maisons et les gens sont tous construits sur le même modèle. On n"entend plus vrombir ces aff reux bateaux à moteur qui font si peur aux poissons, et les grappes de jeunes fi lles blondes qui vont acheter leur pinte de lait en bikini ont déserté la berge. J"ai commencé par tremper mes orteils dans le lac avec une lenteur appliquée. Je me rappelais les séances de respiration auxquelles me conviait mon père à l"époque où il me bordait encore. En sentant l"air pénétrer mes poumons, j"ai réalisé, étonnée, que cela faisait des siècles que je n"avais pas fait

ça - respirer.

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L"inquiétude est une aff aire de fi lles37

La peur qui me rongeait en ville m"avait suivie jusqu"ici et c"est la tête hors de l"eau que j"ai commencé à nager. À quelques mètres de mon objectif, j"ai rebroussé chemin, malgré mon intention d"atteindre la rive opposée. Ce n"est pas la basse température de l"eau qui m"a incitée à rentrer plus tôt, mais une nausée fulgurante que j"ai eu tout le mal du monde à réprimer : devant moi, une énorme souche engluée dans un amas d"algues visqueuses. Elle semblait presque nager, indolente. On aurait dit une tête coupée, prisonnière de ses propres cheveux. Regarder l"entrelacs formé par les fi bres du tapis a fi ni par m"apaiser ; les muscles de mon ventre se relâchent.

Lentement je me lève. La pluie a cessé.

Je décide d"aller acheter de la bière, que je boirai en écrivant une lettre à ma mère inquiète - ma mère folle d"inquiétude. Durant les derniers mois, Alex n"arrivait plus à suppor- ter ça chez moi - toutes ces journées gâchées parce que la lumière me semblait soudainement trop vive, insuppor- table. Il n"y avait rien à faire. Même les débarbouillettes chaudes qu"il posait sur mon front me faisaient mal. Je lui parlais de migraines à défaut de savoir nommer autrement ces maux de tête dont j"ai hérité de ma mère ; je lui parlais de tous ces dimanches matin où, enfants, mes frères et moi étions condamnés au silence, de ces heures aussi opaques que des fenêtres sur lesquelles on aurait fi xé des planches de bois. La route de terre menant au dépanneur est dépourvue de toute délimitation, de la moindre borne. Gorgée d"eau, elle s"insinue dans les souliers et tache les bas de pantalons. Les voitures sont rares ; elles sont grosses et de couleur argent ; elles arborent des supports à bicyclettes et des autocollants proclamant qu"il y a des bébés à bord. Les bébés en question sont laids et leurs visages, qu"ils collent à la vitre, sont déformés par des pleurs qui semblent inconsolables. En voyant défi ler devant moi leurs grosses faces luisantes de salive et de larmes, je sens monter un Filiation.indd 37Filiation.indd 3730/09/09 11:57:1330/09/09 11:57:13

Valérie Roch-Lefebvre38

haut-le-cœur qui fait écho au malaise de tantôt. Je serre les dents.

Avant aujourd"hui je ne me connaissais pas cette

peur - la peur de vomir. Alex appelait ça des phobies. Il disait ce mot d"un ton dur, un ton de reproche : " Toi pis tes maudites phobies. » Il avait commencé à refuser de tuer les araignées dans la douche avant même qu"on cesse de se regarder en faisant l"amour. Je ne me souvenais pas que le dépanneur était aussi petit : les articles sont entassés les uns sur les autres, débouche-toilette et sacs de croustilles mêlés. L"air, très sec, fait mal au nez. Le propriétaire a vieilli. Le béguin qu"adolescente j"ai nourri pour lui me revient brusquement en mémoire. Son front s"est éclairci et ses yeux sont plus pâles que dans mes souvenirs. En me rendant mon argent, il me touche accidentellement la main. La sienne est moite. Nous ne nous souhaitons pas une bonne soirée. La pente à gravir pour arriver au chalet m"apparaît insurmontable. En haut, je sens revenir la douleur avec une acuité nouvelle. Soudain je suis Sisyphe qui après sa montée voit son rocher redescendre : ce rocher, je le porte dans mon ventre. En voulant m"accroupir, j"échappe la bière qui se répand à mes pieds. Fascinée, je regarde mon sang s"y mêler. Filiation.indd 38Filiation.indd 3830/09/09 11:57:1330/09/09 11:57:13quotesdbs_dbs47.pdfusesText_47
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