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Prévenir Žǯ‹•-ƒ"‹Ž‹-± résidentielle en logement social à Québec Comprendre et accompagner les déterminants de stabilité résidentielle auprès des locataires marginalisés

Mars 2017

2

PARTICIPANTS AU COMITÉ DE PRATIQUES

Mario Bousquet Programme Clés en main

Suzie Cloutier CIUSSS de la Capitale-Nationale CLSC de Limoilou Robin Couture CIUSSS de la Capitale-Nationale CLSC de Limoilou Jean Falardeau CIUSSS de la Capitale-Nationale CLSC Basse-Ville/Limoilou

Eric Gignac PECH

Nathalie Giguière PECH

Noël Grenier Représentant des locataires

Sébastien Olivier Office municipal †ǯŠƒ"‹-ƒ-‹‘ de Québec Christian Potvin CIUSSS de la Capitale-Nationale CLSC Basse-Ville Andrée Richard Office municipal †ǯŠƒ"‹-ƒ-‹‘ de Québec Jean Ruest CIUSSS de la Capitale-Nationale CLSC La Source

RECHERCHE, RÉDACTION ET TRAVAIL DE TERRAIN

Geoffrey Lain Chargé de projet / Accompagnateur de maintien en logement,

Programme Clés en main

SOUS LA SUPERVISION DE

Mario Bousquet, Coordonnateur, Programme Clés en main Sébastien Olivier, Directeur du développement organisationnel, OMHQ Andrée Richard, Coordonnatrice des services communautaires, OMHQ

REMERCIEMENTS

Clés en main et ŽǯCˆˆ‹...‡ municipal †ǯŠƒ"‹-ƒ-‹‘ de Québec (OMHQ) souhaitent remercier

de sa conception. Nos remerciements vont également aux locataires ayant participé aux focus

groupes et qui nous ont permis de mieux saisir les réalités et les enjeux quotidiens en logement

social.

Renaud Bussières, étudiant au baccalauréat de Psychosociologie à ŽǯUniversité du Québec à

groupes, ainsi q—Ǯ ŽǯƒƒŽ›•‡ des résultats. Nous tenons à le remercier ici pour sa collaboration

dans le cadre du projet.

Québec, Mars 2017

3

RÉSUMÉ

Le logement social est pour de nombreuses

Pour nombre †ǯ‡-"‡ eux, il •ǯƒ‰‹- de la garantie †ǯ— minimum de sécurité matérielle permettant la construction †ǯ—‡ stabilité psychosociale. 1—ǯ‡ est-il quand cette opportunité ne suffit plus et que le locataire ne parvient pas à se maintenir en logement ? Cette présente étude, initiée par ŽǯCˆˆ‹...‡ municipal †ǯŠabitation de

Québec (OMHQ), et menée par le

programme intersectoriel Clés en main, vise à comprendre les mécanismes †ǯ‹•-ƒ"‹Ž‹-± résidentielle qui mènent encore trop souvent à la rue. Ceci afin de développer personnes en situation †ǯ‹•-ƒ"‹Ž‹-± résidentielle et †ǯ‡ prévenir les conséquences les plus graves (altération de la qualité de vie, dégradation de la santé physique et mentale, itinérance, etc.).

Cette étude vise donc à comprendre les

facteurs permettant de faire du logement un outil †ǯ‹-±‰"ƒ-‹‘ sociale et citoyenne pour des clientèles marginalisées.

Elle vise également à questionner les

responsabilités individuelles et collectives des acteurs impliqués dans la région de

Québec (locataires, propriétaires sociaux,

communautaires et privés, professionnels des services de santé et des services sociaux, de ŽǯŠabitation ainsi que des organismes communautaires du milieu).

Au final, par cette recherche-action, 20

locataires vulnérables de Québec ont été maintenus en logement. 4

TABLE DES MATIERES

I. SOMMAIRE EXÉCUTIF 6

II. INTRODUCTION 7

2.1 PRÉSENTATION DU PROJET 7

2.2 LA " ZONE GRISE » 9

2.3 INSTABILITÉ RÉSIDENTIELLE : UN COUT HUMAIN, SOCIAL ET FINANCIER 9

2.4 APPROCHE UTILISÉE 11

2.5 PROFIL ET TRAJECTOIRES DES PERSONNES ACCOMPAGNÉES 14

III. CADRE CONCEPTUEL 15

3.1 RAPPEL DU CONTEXTE SOCIO-HISTORIQUE 15

3.2 VERS UNE NOUVELLE REPRÉSENTATION DE LA FRONTIÈRE ENTRE NORMALITÉ ET FOLIE 16

3.3 COMPRENDRE LES DYNAMIQUES DE MARGINALISATION EN LOGEMENT SOCIAL 17

3.4 LE LOGEMENT AUTONOME : UN DÉTERMINANT DE SANTÉ ET DಬÉQUILIBRE PSYCHOSOCIAL 18

IV. DÉMARCHE DಬACCOMPAGNEMENT EN CONTEXTE DE CRISE

RÉSIDENTIELLE 19

4.1 QUಬENTEND-ON PAR CRISE RÉSIDENTIELLE ? 19

4.2 SORTIR DE LA CRISE 20

4.3 MÉDIATION 20

4.4 SUPPLÉER À LಬAUTONOMIE FONCTIONNELLE 21

V. AUTONOMISATION ET SÉCURITÉ ONTOLOGIQUE 23

5.1 DE LಬOBTENTION DಬUN LOGEMENT À LA CONSTRUCTION DಬUN m CHEZ-SOI } 23

5.2 QUOTIDIANISATION 24

VI. FOCUS GROUPE : COMPRENDRE ET ACCOMPAGNER LES PROCESSUS DE

QUOTIDIANISATION EN LOGEMENT SOCIAL 25

6.1 OBJECTIFS 26

6.2 MÉTHODOLOGIE 26

6.3 DÉROULEMENT DES SÉANCES 27

6.4 CONCLUSION DU FOCUS GROUPE 29

VII. COMITÉ DE PRATIQUES 30

5

7.1 OBJECTIFS 31

7.2 SYNTHÈSE DES OBSERVATIONS 31

VIII. SITUATIONS DOCUMENTÉES 33

IX. SYNTHÈSE 39

X. RECOMMANDATIONS 40

XI. CONCLUSION 42

XII.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 43

6

I. SOMMAIRE EXÉCUTIF

Parce quǯelle impacte négativement la santé physique, mentale et lǯimplication citoyenne des personnes, la

marginalisation à un coût social, humain et financier important. (Gaetz, 2012)

La présente étude interroge la manière dǯaccompagner au mieux les déterminants de stabilité résidentielle chez

des populations marginalisées, désaffiliées ou à risque dǯitinérance en logement social1. En sǯappuyant sur des

éléments théoriques issus des champs de la sociologie, de la psychosociologie et de la formation, ainsi que sur

lǯexpérience directe de nombreux acteurs du milieu, nous proposons ici une approche dǯaccompagnement de

stabilité résidentielle centrée sur lǯautonomisation et lǯautodétermination des individus au quotidien. La finalité de

notre accompagnement est de faire du logement un lieu durable de sécurité ontologique et matérielle, propice au

rétablissement et à la réadaptation psychosociale des personnes.

Cette approche de soutien en logement repose sur la pratique intersectorielle de Clés en main, ainsi que sur

lǯexpertise de lǯensemble de ses partenaires institutionnels et communautaires provenant du secteur de

lǯhabitation, de la santé et des services sociaux impliqués dans notre démarche de recherche.

Selon nous, la prévention de situations de grande marginalisation, de par leur caractère hautement complexe, ne

peut se faire sans tendre vers une recherche de complémentarité entre les services offerts par les différents

partenaires. De ce fait, nous avons tâché dǯadapter lǯaccompagnement à la fois à leurs réalités organisationnelles

et à celles rencontrées auprès de locataires vulnérables, ainsi que de leurs propriétaires et voisins.

En accompagnant 20 personnes en situation †ǯ‹•-ƒ"‹Ž‹-± résidentielle dans le cadre de cette recherche-action et

en parvenant ¢ les maintenir en logement, nous nous sommes rendu compte que la difficulté de prise en charge

des locataires vulnérables dépendait majoritairement de leur grande marginalisation, de leur désaffiliation quasi-

systématique des services et des problématiques matérielles, sanitaires et psychosociales qui affectaient leur

quotidien en logement.

En ce sens, le propriétaire du logement subventionn" représente un donneur dǯalerte éclairé pour le signalement

de situations de précarité résidentielle. La prévention de lǯitinérance telle que nous lǯenvisageons consiste à offrir

au propriétaire une alternative à des démarches auprès de la Régie du logement, ceci afin de prévenir Žǯéventuelle

expulsion des locataires en difficulté. De plus, la crise résidentielle nous permet dǯentrer en contact direct avec des

populations vulnérables et désaffiliées en bénéficiant de leviers dǯintervention efficaces.

Une fois le risque dǯexpulsion écarté, nous permettons à la personne de sǯinscrire dans un plan de service concerté

pour répondre à ses besoins et l'accompagner dans lǯacquisition des habiletés et des ressources nécessaires pour

assurer son autonomie. Cette approche nous permet également de ré-affilier les personnes à différents services,

en vue de prévenir les facteurs dǯinstabilité résidentielle et de leur assurer une vie digne et intégrée socialement.

Enfin, accompagner les locataires marginalisés en situation †ǯ‹•-ƒ"‹Ž‹-± résidentielle nous amène, en tant que

société, à en éviter les conséquences les plus graves (itinérance, dégradation de la santé physique et mentale,

Žǯ2-ƒ-, plus efficiente et plus aidante pour les personnes, dans la perspective du maintien durable de leur santé

physique et mentale.

1 Nous faisons ici référence aux personnes bénéficiant dune subvention en logement social, communautaire ou privé (qui

défraie 25% de leurs revenus pour leur loyer) 7

II. INTRODUCTION

2.1 PRÉSENTATION DU PROJET

Le projet, initialement nommé " zone grise », est une étude initiée en octobre 2015 et financée

par ŽǯCˆˆ‹...‡ municipal †ǯŠƒ"‹-ƒ-‹‘ de Québec (OMHQ). La conduite de ce projet a été confiée

par ŽǯC1 à Clés en main, programme intersectoriel de soutien en logement autonome.

La demande initiale de ŽǯC1 était de documenter les situations où, malgré les initiatives

mises en place, les seuils de tolérance des propriétaires sociaux, privés ou collectifs arrivaient à

leurs limites, exposant ainsi les locataires à des risques importants †ǯexpulsion pouvant mener à

Cette étude est motivée par le constat suivant : malgré lǯensemble des services et des

ressources offertes à cette population, on observe quǯil subsiste des difficultés en lien avec la

stabilité résidentielle de certains usagers. À terme, ceci peut compromettre le maintien en logement, considéré par lǯensemble des acteurs professionnels du milieu comme un déterminant fondamental de santé et dǯ±quilibre psychosocial.

intersectoriel vise donc à comprendre Žǯ‹•-ƒ"‹Ž‹-± résidentielle des locataires comme un

processus psychosocial complexe, impliquant des professionnels †ǯŠ‘"‹œ‘• multiples. La

complémentarité de services entre le secteur de ŽǯŠƒ"‹-ƒ-‹‘ sociale, communautaire et privée

et ceux de la santé et des services sociaux, ainsi que des organismes communautaires de la ville de Québec travaillant auprès de clientèles marginalisées.

Objectifs généraux :

1. Documenter des situations concrètes où les ressources existantes arrivent à leurs limites

dans la prévention de lǯinstabilité résidentielle en logement social ;

2. Favoriser la complémentarité des services et le travail en intersectorialité des différents

professionnels du milieu ;

3. Accompagner les personnes vers une meilleure qualité de vie et dans une stabilité

résidentielle durable et autonome ;

4. Répondre aux attentes institutionnelles autant quǯaux besoins individuels des locataires en

difficulté ;

5. Comprendre les moyens dǯaccompagner lǯautonomisation et lǯactualisation de

compétences chez les locataires dans leur milieu de vie. 8

Rôle et mission du programme Clés en main

" Le rétablissement par le logement autonome. » Le Programme de soutien au logement Clés en main a pour mission de favoriser lǯintégration sociale des personnes marginalisées en permettant le maintien à long terme de la clientèle

dans un logement à prix abordable et de qualité. On définit les personnes marginalisées par :

personne vivant soit avec un problème de santé mentale, de judiciarisation, de toxicomanie ou

dǯinstabilité résidentielle. Ces personnes bénéficient ou pourraient bénéficier dǯun service de

soutien et dǯaccompagnement au logement dǯun partenaire référent.

Clés en main est une table intersectorielle gérée par un comité composé de partenaires

référents de la région de Québec, issus du secteur de la santé et des services sociaux, du

logement social, de représentants des familles dǯusagers, de représentants des programmes de

ressources intermédiaires ainsi que du réseau des personnes itinérantes. Ce programme joue également un rôle pivot entre les différents acteurs du logement, de lǯintervention clinique et communautaire de la ville de Québec. Il assure le lien entre lǯutilisateur, le propriétaire, les intervenants et lǯentourage immédiat.

Précisons que Clés en main a pour fiduciaire lǯorganisme PECH avec qui il coopère dans les

stratégies de maintien en logement. PECH est également impliqué dans ce projet de par son

expertise auprès des clientèles marginalisées et vivant avec des enjeux de santé mentale.

Rôle et mission de lಬOMHQ

désigné par la Société †ǯŠƒ"‹-ƒ-‹‘ du Québec pour assurer la gestion du parc de logements

HLM et du programme de supplément au loyer (PSL) sur le territoire de la Ville de Québec, élargi depuis les fusions de 2002. ǯCMHQ a également le mandat de gérer le parc

†ǯŠƒ"‹-ƒ-‹‘• abordables de la Société municipale †ǯŠƒ"‹-ƒ-‹‘ Champlain (SOMHAC) ainsi que

de développer de nouvelles unités de logement pour sa clientèle. ǯC1 gère ainsi plus de

10 000 unités de logement réparties au sein de plus de 200 milieux de vie. Plus de 15 000

personnes bénéficient directement de ses services.

Une approche intersectorielle basée sur le partenariat •ǯƒ˜°"‡ être le moteur de ses

indéniable sur les conditions de vie de sa clientèle. En effet, en se donnant pour mission †ǯoffrir

conditions de vie des citoyens, ŽǯC1 prétend agir pour le mieux-être de toute la société.

ǯC1 gère beaucoup plus que de simples bâtiments, nous offrons un milieu de vie structuré 9

et réfléchi pour valoriser et intégrer nos locataires tout en leur assurant, par le logement, une

réponse abordable à un besoin de base. Les bénéfices de cette approche se répercutent sur

Dans ce projet, en plus de le financer, de participer au comité de pratiques et †ǯ‡ faire le suivi

des cas de locataires en situation †ǯ‹•-ƒ"‹Ž‹-± résidentielle pour lesquels ŽǯC1 était au bout

de ses interventions et alternatives possibles.

2.2 LA " ZONE GRISE »

Afin †ǯ‹ŽŽ—•-"‡" le phénomène de désaffiliation et de non prise en charge de certains locataires

vulnérables en logement social, nous avons utilisé le terme de " zone grise ». Nous avons émis

ŽǯŠ›"‘-Š°•‡ que certains facteurs humains, structurels et sociaux étaient à Žǯ‘"‹‰‹‡ †ǯ—

manque de complémentarité entre les besoins constatés auprès des locataires en logement

sociaux par le propriétaire et Žǯ‘ˆˆre de services de santé, sociaux et communautaires

disponibles dans la communauté. Selon nous, ...ǯ‡•- en tentant de comprendre ce phénomène

" zone grise » “—ǯ‹Ž sera possible de prévenir Žǯ‹•-ƒ"‹Ž‹-± résidentielle des locataires à risque.

Selon les bases de donn"es de Cl"s en main et de lಬOMHQ, le nombre estimé de personnes

susceptibles †ǯ²-"‡ en situation †ǯ‹•-ƒ"‹Ž‹-± résidentielle et de participer au phénomène " zone

grise » à court ou moyen terme sur le territoire de la Ville de Québec est de 1300. Cette donnée

•ǯƒ""—‹‡ essentiellement sur Žǯ‹˜‡-ƒ‹"‡ détaillé par type de cas traités de la charge de travail

proportion envisageable de cas se rapportant à cette clientèle sur le nombre connu de requérants admissibles à un logement subventionné à Québec.

2.3 INSTABILITE RÉSIDENTIELLE : UN COUT HUMAIN, SOCIAL ET FINANCIER

" Après la zone grise, ...ǯ‡•- la liste noire. » Les conséquences de la crise résidentielle peuvent être multiples. Parmi elles, mentionnons

pour commencer que la perte dǯun logement est aussi la perte dǯun lieu dǯintimité et de sécurité

nécessaire au développement et au maintien de la santé physique et mentale de lǯindividu.

Dans les programmes de logement subventionné (HLM et PSL), précisons ensuite que lǯexpulsion engendre une perte de droit aux subventions et au logement social pendant cinq ans. Cinq années durant lesquelles les personnes disposant de faibles revenus sont contraintes à lǯitinérance ou à des logements précaires et transitoires, sans subvention.

Suite au virage ambulatoire des services de soin et à la désinstitutionalisation, le logement est

également devenu un lieu dǯarrimage des stratégies de prise en charge des personnes par 10

lǯensemble des professionnels sociaux et de la santé. Sans logement, lǯaccès à des soins se fait

donc plus difficilement.

De ce point de vue, la stabilité résidentielle se pose comme la condition nécessaire dǯune

affiliation efficace et durable aux circuits de prise en charge habituels (CLSC, hôpitaux, suivis communautaires).

Dans son rapport " Les coûts réels de lǯitinérance : peut-on économiser de lǯargent en faisant les

bons choix », Stephan Gaetz dresse un portrait économique des coûts de lǯitinérance au

Canada. Ces coûts sont reliés à lǯutilisation des services dǯurgence, de police, ainsi que du

laissées à la rue, plus susceptibles de tomber malades et dont la fréquence et la durée dhospitalisation sont plus importantes que la reste de la population.

" Lorsque le problème de lǯitinérance fait surface, tel quǯil lǯa fait au Canada durant les

années 80 et 90 (Hulchanski et al., 2009; Gaetz, 2010), la première réaction est dǯaugmenter les services dǯurgence. Cela comprend, pour la plupart, des refuges dǯurgence, des programmes de jour et des soupes populaires. Nous savons que malgré ces mesures de soutien, les gens qui demeurent sans abri pendant de longues périodes de temps voient leur santé physique et mentale se détériorer (Cheung & Hwang, 2004; frankish et al., 2005; Hwang, 2001; Khandor & mason, 2007; Kulik et al., 2011) et font lǯobjet dǯune augmentation de traumas et dǯaccidents en raison dǯun manque de

sécurité (Gaetz et al., 2010). Tous ces éléments peuvent mener à des taux plus élevés

dǯutilisation des soins de santé. » (Gaetz, 2012)

stratégies de soutien en logement dans la prévention de Žǯ‹-‹±"ƒ...‡ǡ et par le fait même dans la

réduction des coûts des différents dispositifs de prise en charge mentionnés précédemment.

" ll y a aussi beaucoup de preuves à lǯappui partout au Canada montrant que

lǯinvestissement dans les services dǯurgence pour résoudre lǯitinérance a non seulement

un impact négatif sur la santé et le bien-être, mais quǯil est aussi très coûteux (Laird,

2007; Eberle et al., 2001; Palermo et al., 2006; Shapcott, 2007; Pomeroy, 2005; 2008).

En 2001, une étude de la Colombie-Britannique a montré que cela coûtait entre

30 000$ et 40 000 $ par an pour soutenir un sans-abri (eberle et al., 2001), et une étude

de 2006 à Halifax (Palermo et al., 2006) souligne quǯun investissement dans les logements sociaux représenterait une épargne de 41 % par personne. » Offrir un accompagnement dans les périodes de crise résidentielle est donc un moyen dǯen

prévenir les conséquences les plus graves chez des populations déjà vulnérables. Mentionnons

également que la crise résidentielle sǯavère être un bon levier dǯintervention pour rentrer en

contact avec des personnes ne faisant pas toujours appel aux services à temps. En ce sens, le

signalement du propriétaire peut être considéré comme le seul moyen †ǯ‹-‡"˜‡‹" auprès de

clientèles désaffiliées des réseaux. 11

En guise de comparaison, retenons enfin “—ǯ‘ˆˆ"‹" un accompagnement au maintien en

logement, comme cela a été fait dans le cadre de cette étude, coûte en moyenne par ménage

accompagné 8 500$ par année, le coût de la subvention inclus. ǯ— point de vue purement

économique, nul doute “—ǯ‹Ž est beaucoup plus rentable pour Žǯ2-ƒ- †ǯ‹˜‡•-‹" en prévention

“—ǯ‡ réaction, considérant également que le coût pour réintégrer un logement avec soutien

intensif des personnes ayant vécu Žǯ‹-‹±"ƒ...‡ (exemple de Žǯƒ"""‘...Š‡ Logement †ǯƒ"‘"†Ȍǡ

avoisine lui aussi les 40 000$ par année. Autrement dit, il est clairement plus coûteux pour la

société de composer avec des personnes marginalisées à la rue ou de devoir les réintégrer en

logement que de les maintenir en logement en amont, avec accompagnement, alors “—ǯ‡ŽŽ‡•

vivent de Žǯ‹•-ƒ"‹Ž‹-± résidentielle.

2.4 APPROCHES UTILISÉES POUR COMPRENDRE ET DOCUMENTER LE PHÉNOMÈNE DǯINSTABILITÉ

RÉSIDENTIELLE

La présente étude •ǯƒ""—‹‡ sur une démarche de recherche-action menée en concertation

auprès des différents acteurs concernés par Žǯ‹•-ƒ"‹Ž‹-± résidentielle. Ils proviennent du secteur

de la santé et des services sociaux, du milieu de ŽǯŠƒ"‹tation sociale, communautaire et privée,

ainsi que des organismes communautaires de la région de Québec. Nous définissons la recherche action de la manière suivante :

"Il s'agit de recherches dans lesquelles il y a une action délibérée de transformation de la réalité ;

recherches ayant un double objectif : transformer la réalité et produire des connaissances concernant ces transformations" (Hugon et Seibel, 1988, p.13).

Dans le contexte de Žǯétude, la recherche-action nous a permis de documenter et †ǯƒ‰‹"

concrètement sur les situations †ǯ‹•-ƒ"‹Ž‹-± résidentielle tout en recherchant et en

opérationnalisant †ǯ— même temps des solutions afin de répondre aux besoins directement

participants et de les impliquer dans la mise en à—˜"‡ des solutions. systémique et globale du phénomène de zone grise. Enfin, le dispositif de concertation et de documentation est illustré dans la figure suivante, chacun des trois axes de recherche est détaillé ci-après. 12

Figure 1

2.4.1 Accompagnement de terrain et documentation

maintien en logement (AML). Son rôle est de comprendre et de documenter les besoins

concrets sur le terrain quand survient une crise résidentielle. Il a pour fonction †ǯƒ‰‹"

concrètement sur les facteurs †ǯ‹•-ƒ"‹Ž‹-± résidentielle en accompagnant les personnes en

situation de crise (conflit de voisinage ou avec propriétaire, insalubrité, encombrement mettre en évidence la nature des besoins rencontrés chez les locataires et les pratiques probantes pour •ǯƒ†"‡••‡" à ces problématiques.

En résumé, le rôle de lǯaccompagnateur de maintien en logement consiste aux points suivants :

- Recueillir le signalement du propriétaire (qui est parfois le seul à connaître la situation des locataires désaffiliés) ; - Entrer en contact avec le locataire dans une perspective de médiation et de gestion du risque dǯexpulsion ; - Comprendre les besoins psychosociaux sous-jacents à la crise résidentielle ; - Identifier les ressources du milieu pour répondre à ces besoins (famille, organismes communautaires, services institutionnels, groupes dǯentraide, etc.) ; - Construire un plan de service individualisé en concertation avec les différents partenaires de Clés en main, ou tout professionnel pertinent ; - Sǯassurer du suivi de lǯinformation nécessaire à la prise en charge globale et intersectorielle de la personne ; - Effectuer un suivi auprès du propriétaire pour sǯassurer de la stabilité de la situation ; - Relocaliser la personne au besoin (recherche de logement, aide aux démarches administratives et déménagement) ; - Collaborer avec le propriétaire privé, communautaire ou collectif dans les démarches administratives ; - Suppléer à lǯautonomie de la personne le temps que sa situation psychosociale et résidentielle se stabilise (accompagnement dans les démarches, aide aux tâches

Accompagnement de

terrain (2.4.1)

Focus groupe de

locataires (2.4.3)

Comité de pratiques (2.4.2)

AML 13 quotidiennes le cas échéant, accompagnement à certains rendez-vous, médiation avec le voisinage lorsque et matérielle, gestion de budget, etc.) ; - Rendre la personne autonome de façon durable à l'aide des services adaptés et des ressources présente dans sa communauté.

2.4.2 Comité de pratiques

Le comité de pratiques est composé de représentants du Centre intégré universitaire de santé

et de services sociaux de la Capitale-Nationale (CIUSSS-CN) (organisateurs communautaires,

intervenants et éducateurs spécialisés), de représentants des directions de ŽǯC1, de

professionnels du milieu communautaire (PECH, Clés en main, programme de lutte contre

Žǯ‹-‹±"ƒ...‡ PIRI-SRA), ainsi que †ǯun utilisateur de service et locataire ayant vécu des périodes

†ǯ‹•-ƒ"‹Ž‹-± résidentielle. Afin de comprendre les limites de prise en charge des populations marginalisées en logement

social, nous avons présenté au comité de pratiques des situations de terrain documentées.

Objectifs spécifiques

- Comprendre les situations de manière globale pour y intervenir adéquatement ;

- Comprendre ce qui limite Žǯƒ......°• aux services pour une partie de la population en logement

social ;

- Initier des dynamiques de travail en concertation autour des questions †ǯ‹stabilité

résidentielle ; ressources existantes dans les milieux, ainsi que sa pratique dans une perspective

Pour chacune des situations, les participants étaient invités à exprimer leur compréhension de

la situation depuis leurs rôles respectifs et dans les limites de la mission de leur organisation. Au

fil des séances, nous avons pu constater certaines tendances dans ce qui limitait selon eux la prise en charge par les services existants des locataires désaffiliés et marginalisés.quotesdbs_dbs50.pdfusesText_50
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