[PDF] 1 Discours de soutenance La victoire triste ? : espérances





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DISCOURS DE SOUTENANCE

DISCOURS DE SOUTENANCE. Madame la présidente du jury madame et messieurs les membres du jury



Discours de soutenance

Discours de soutenance. Monsieur le Président. Mesdames et Messieurs les membres du jury



Discours de soutenance de thèse 23 septembre 2019 INHA

23 sept. 2019 Discours de soutenance de thèse. 23 septembre 2019 INHA. Madame la présidente



Discours de soutenance Je tiens tout dabord à remercier les

Discours de soutenance. Je tiens tout d'abord à remercier les membres du jury pour leur présence pour leur lecture attentive de ma thèse ainsi que pour les 



1 Discours de soutenance La victoire triste ? : espérances

En préambule. Je veux m'interroger avec vous sur le choix du sujet : la victoire de 1918. La recherche est faite de rencontres et d'intérêts 



Exposé de soutenance du 16 septembre 2013

16 sept. 2013 Émilien Ruiz – Exposé de soutenance de thèse 16 septembre 2013. 1. Émilien RUIZ



-1- PRESENTATION DE SOUTENANCE REMERCIEMENTS Avant

PRESENTATION DE SOUTENANCE. REMERCIEMENTS. Avant toute chose je tiens à vous remercier d'avoir bien voulu participer à l'évaluation de ce travail



Discours de soutenance

25 nov. 2015 Discours de soutenance. Monsieur le Président Monsieur le Garant



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Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les membres du jury



Geoffroy Drouin - Discours de soutenance

DISCOURS DE SOUTENANCE. Je tiens pour commencer à vous adresser chers membres du jury

1 Discours de soutenance La victoire triste ? : espérances 1

Discours de soutenance

La victoire triste ? : espérances, déceptions et commémorations de la victoire dans le département du Puy-de-Dôme en sortie de guerre (1918-1924) Monsieur le Président, Messieurs les membres du jury, Mesdames, Messieurs,

En préambule

Je veux m'interroger avec vous sur le choix du sujet : la victoire de 1918. La recherche est faite de rencontres et d'intérêts, rencontre scientifique, rencontre personnelle, celles qui tissent les liens solides qui vous arriment à un objet de recherche jusqu'à l'arrivée à bon port. Mon intérêt pour ce passage de la guerre à la paix est ancien et vient d'une recherche antérieure sur le sentiment républicain et la victoire de 1918. Ma curiosité intellectuelle est née plus anciennement encore - je m'en rends compte aujourd'hui - d'images et de représentations de victoire à diverses périodes qui questionnaient plus largement les liens associant la guerre, la victoire et la question de l'engagement : les représentations de la littérature classique grecque avec les textes de l'Iliade qui disent les sanglots des Achéens pleurant Patrocle (chant XXIII), les paroles patriotiques du chant du départ (La victoire en chantant...), bien sûr des images de la Grande Guerre : les films des combattants traumatisés psychiques au Val de Grâce, les photographies de la liesse populaire parisienne de 1918. Ce sont aussi les images de la libération dans la France de 1944, images de liesse accolées à celles terribles des tondues et autres scènes de la violence des sorties de guerre. Des images seulement juxtaposées ? Ce qui les rassemblent, et elles m'ont accompagnées dans ma réflexion, ce sont les marques de la tension de ces moments-clés qu'elles révèlent, les liens qu'elles affirment aussi entre l'idée de victoire, le sens du combat et la résolution à le mener jusqu'à son terme. Au fond, je retrouvais l'interrogation qui avait été la vôtre, Jean-Jacques Becker, en sondant l'opinion des Français de l'entrée en guerre face à l'appel patriotique.

Problématique

La problématique de mon sujet s'inscrit dans le contexte de la sortie de guerre. L'étude de l'idée de victoire permet d'entrer au coeur du processus de démobilisation culturelle. Horizon d'attente du temps de guerre, la victoire apparaît comme un élément central des phénomènes de mobilisation-remobilisation-démobilisation de l'opinion, dans la mesure où ses représentations soutiennent celles des attentes portées par la Grande Guerre. Etudier la victoire dans ce moment de basculement qu'est la fin du conflit questionne la pérennité des constructions idéologiques nées avec le conflit et forgées par l'expérience de quatre années de guerre. La France sort en vainqueur du conflit. Or, paradoxalement, la situation est vécue comme extraordinairement pénible, tant pèsent les difficultés nées de la guerre (poids du deuil et déficit démographique, démobilisation militaire, reconversion économique, négociations des traités de paix...). Comment et selon quelles temporalités est-on sorti de la Grande Guerre ? La perception de la victoire est étudiée au filtre des notions de mobilisation, de remobilisation et de démobilisation de l'opinion, pour rechercher les temporalités 2 dynamiques du conflit et comprendre les évolutions des représentations de la guerre, de l'ennemi et de la victoire, au moment où précisément on cherche à donner un sens au conflit dans le temps de la sortie de guerre. Cette étude s'est donc inscrite à la fois dans des perspectives d'histoire culturelle, d'histoire politique et d'anthropologie historique.

Le corpus

Deux difficultés principales ont surgi. Elles ont été celles de toute mise en place d'une recherche de cette ampleur. D'une part des difficultés liées à l'établissement d'un

corpus : travailler à quelle échelle, à partir de quels matériaux et selon quels outils ?

D'autre part, circonscrire l'analyse quand tout pousse à élargir le champ de l'étude. Ces difficultés ont été accentuées par le sujet qui se situait en Terra incognita de la recherche historique au début de mes travaux. Peu de choses alors sur la sortie de guerre, un concept encore immergé et encore moins sur la perception de la victoire.

Les échelles

Un sujet d'abord pensé à l'échelle nationale s'est inscrit dans une perspective locale. Le Puy-de-Dôme constitue l'exemple d'un département rural de l'arrière, intéressant par son exemplarité des attitudes durant le conflit : pas de grandes agitations ouvrières, mais une " lassitude résignée ». Le choix de ce département est apparu pertinent justement par ce qu'il offrait l'exemple du cas fréquent d'une société lasse du conflit mais qui a pourtant poursuivi l'effort de guerre. En outre, grâce à l'échelle départementale et au regard porté à la fois sur les communautés et sur les individus, il est possible de balayer un large éventail des attitudes. J'aurais souhaité davantage d'aller-et-retour entre la situation locale et l'échelon national. Mais l'emboîtement d'échelle s'est parfois révélé contre-productif. Par exemple, vouloir rendre compte de débats parlementaires très riches sur les questions économiques et sociales mais sans qu'ils trouvent de véritables échos dans le département. Leur étude alourdissait alors l'analyse plus qu'elle ne l'enrichissait.

Les sources

Tributaire des sources, l'étude n'a pu étendre son champ à l'ensemble de la population. La parole directe du paysan ou de l'ouvrier est notamment absente, de même que celle des femmes. Notons également que les sources ici émanent de non- combattants, issus de milieux relativement aisés. L'archive la plus importante est celle produite par Georges Desdevises du Dezert, un professeur d'histoire de la faculté des Lettres de Clermont, figure de l'intellectuel engagé dans la société locale. Etienne Clémentel, l'homme fort du radicalisme dans la région. Alexandre Vialatte, jeune étudiant, fréquentant les cercles littéraires auvergnats, partant pour la Rhénanie occupée, quelques mois seulement après l'armistice. Le but est ici non de rechercher par l'exemplarité une analyse totale, mais de mettre en lumière la singularité des cheminements. Ces itinéraires individuels ont été mis en perspective par une approche locale et collective de la sortie de guerre qui a privilégié trois autres axes :

étudier la parole des élus

: L'échelle départementale a permis de bâtir un important corpus de textes (964 documents). Il s'agit de textes et de prises de paroles peu étudiés approchant l'expression politique au sein des petits conseils municipaux et dans les discours des fêtes locales. 3 Mettre à jour également la prégnance des célébrations et des commémorations de la guerre et de la victoire : Elaborer pour la première fois un calendrier précis de toutes les célébrations et les commémorations de sortie de guerre (Annexe 2). Son

importance a dictée l'étude fouillée des pratiques festives et commémoratives révélée

par ce corpus de 1125 fêtes et commémorations. Revisiter aussi l'étude des monuments aux morts : l'image de la victoire qu'ils offrent interrogeant alors sur celle de la guerre et des combattants.

Les conclusions (en 4 points)

1. La contraction de l'idée de victoire

De la victoire, reste en 1924 deux fondements : l'idée d'une guerre juste, défensive, menée au nom du droit et de la justice, et celle d'une guerre sacrificielle, faite de souffrances et de douleurs. Par contre, l'image d'une victoire remède à la douleur du deuil et source de rétributions s'est altérée. En l'absence de règlement des réparations, la victoire semble s'effacer.

Une victoire triste ? :

peut-on ôter le point d'interrogation ? L'on pourrait répondre par la négative en novembre 1918. Et pourtant, nous l'avons montré, la douleur du deuil est presque immédiatement présente, tout en restant au 2 e plan. Mais il ne faut pas sous-estimer la forme de liesse du 11 novembre 1918 et de son souvenir historique.

Une victoire déçue

Elle l'a été très vite, dès 1919, avant même la signature du traité de Versailles, porteuse de déceptions. L'utopie d'un monde nouveau a vécu. Or celle-ci avait traversé tous les courants politiques, et l'échelon local montre cette réalité trop souvent ignorée alors qu'elle me semble cruciale pour comprendre les déceptions des années 20 et même les rancoeurs des uns et les nouvelles attentes des autres dans les années 30. C'est donc une victoire triste et une victoire déçue. Elle n'a pas été un facteur d'union dans la sortie de guerre, ni une union politique, encore moins une union des combattants et des populations civiles. Ce sont des

expériences opposées que celles vécue à l'arrière - à l'exemple du département du

Puy-de-Dôme - plongé dans l'exultation du succès du 11 novembre, et celles vécues au front, entre stupeur, joie contenue et tristesse. Cette absence de consensus autour de la victoire rend la sortie de guerre difficile et peut-être impossible.

2. Une sortie de guerre par les rites et les cérémonies ?

Un décalage s'est opéré entre d'une part, la désunion politique et les désillusions ressenties, et d'autre part, la mise en récit par les célébrations et les commémorations d'une expérience de guerre vecteur d'union. Il y a là sans doute un fait majeur qui explique les limites de la fonction sociale des rites de réintégration des combattants, survivants ou morts, et plus largement des rites de sortie de guerre de l'ensemble d'une communauté. Après la joie et la tristesse liées dans la victoire au moment de l'armistice, la tristesse a pris le pas. Désormais, la victoire de 1918 sera associée au chagrin et à la douleur. L'euphorie de la victoire a progressivement disparu sous le poids du deuil de 4 l'immédiat après-guerre. Dès 1919, il apparaît clairement que les intentions commémoratives des célébrations sont forgées par l'expérience de la guerre. Elles imposent des cérémonies qui associent triomphe et marche funèbre. Elles honorent un sacrifice patriotique consenti pour une guerre défensive et considérée comme juste. Ces cérémonies expriment une communion nationale qui n'est plus que commémorative et figée dans l'image sacralisée du héros victime de la guerre. Mon étude des cérémonies locales montre que cette mise en récit de l'expérience de guerre (vue par Leonard Smith pour les combattants) est aussi opérante dans les discours des civils. Les rituels et les paroles de ces hommes de l'arrière produisent, tout comme les récits des combattants, une vérité, celle du citoyen victime de la tragédie de la guerre. Tous disent aussi la tragédie du soldat victime de la guerre. Dans ces conditions, on célèbre davantage les sacrifiés que la victoire.

3. La République et la victoire

En 1918, la victoire est celle de la nation plus que celle de la République car l'union sacrée avait été forgée sur le sentiment national, non sur le sentiment républicain. Dans l'immédiat après-guerre, on assiste à un étonnant affadissement de l'expression du sentiment républicain aussi bien dans les fêtes républicaines que dans les discours. Tout se passe comme si les références des cultures de guerre avaient submergé le républicanisme et qu'il a fallu attendre une première démobilisation de la pensée pour qu'il retrouve une nouvelle vigueur. Le retour d'un républicanisme plus affirmé peut être considéré comme un indice d'une démobilisation culturelle. En 1924, la flambée d'un républicanisme militant à gauche est cependant circonstancielle. Le retrait du sentiment républicain a aussi laissé des traces. Les désillusions de la victoire rendent difficile l'expression d'une dynamique républicaine du progrès. La victoire fait aussi écran à une interrogation sur la guerre.

4. Les temporalités de la sortie de guerre

La focale du département a permis de mettre à jour une flexibilité de la démobilisation culturelle et appelle à repenser la chronologie du conflit. Clémentel, Desdevises du Dezert, Vialatte - trois itinéraires différents dans ces années d'après-guerre, qui soulignent le caractère individuel du rapport à la guerre, et la flexibilité à la fois politique, sociale, et culturelle du processus de démobilisation. Toutefois, pour l'ensemble du département du Puy-de-Dôme, un rythme commun de sortie de guerre est perceptible par une lente déprise de la haine de l'ennemi et des références à la guerre, et par une évolution du sens porté par la victoire : Les temporalités de la sortie de guerre insistent sur la remobilisation de l'opinion au début de 1918, puis, après la victoire, de janvier à juin 1919, c'est le temps de l'élaboration

du traité de Versailles et des premières déceptions profondes. De l'été 1919 à la fin

de 1922 s'est amorcée une première phase d'une démobilisation culturelle très lente et inégale de l'opinion, remobilisée à nouveau en 1923 au moment de l'occupation de la Ruhr autour des enjeux de la guerre et de la victoire. La vie politique locale témoigne de ce processus de démobilisation culturelle qui tisse de nouveaux liens, entre pacifisme et antifascisme à gauche, entre pacifisme et

antibolchevisme à droite. La situation intérieure et les difficultés d'application du traité

de paix renforcent les déceptions vis-à-vis de la victoire. La forte attente pacifiste n'empêche pas la haine de l'ennemi, qui connait une lente déprise, de faire encore écran pour envisager une détente dans les relations avec l'Allemagne. D'autant qu'au 5 nom du droit et de la justice, au nom des sacrifices consentis, une rétribution de la victoire est toujours attendue. À partir du printemps 1924, s'ouvre une nouvelle période caractérisée par la recherche effective d'une sortie de guerre. Le calendrier commémoratif de la guerre connaît un rythme moins soutenu. Dans le champ politique, la victoire du bloc des gauches entame une politique de liquidation de la question du règlement des réparations. La conférence de Londres peut être vue comme un dénouement qui permet d'entrer dans la paix. Mais cette lecture est conflictuelle. L'événement donne lieu à une ritualisation partisane, uniquement à gauche. À la fin de l924, le processus de démobilisation culturelle apparaît comme inachevé, incomplet et discordant en raison même de l'éclatement du sens porté par la victoire. Se pose alors la question de l'ombre portée de la Grande Guerre sur la Seconde Guerre mondiale et du chevauchement des deux chronologies. Une hypothèse reste

à vérifier, celle d'un potentiel toujours actif des références nées des expériences de

guerre et des attentes de la victoire de 1918 quand surgit le nouveau conflit. La déception née des grandes illusions de la victoire de 1918 nourrit la résignation à la défaite en 1940. Rappelons Marc Bloch qui, à la lumière de son expérience du conflit passé, pense alors son engagement résistant comme un sursaut républicain impératif, à l'heure où à Vichy on tente une ultime remobilisation autour des grandes attentes de l'autre guerre. Une étude à poursuivre autour de la victoire, de la République et de la guerre, ce qui ouvre une perspective encore à ce qui était, je l'ai rappelé, une accroche sans doute très personnelle à ce sujet. Permettez-moi pour terminer de remercier, mes proches, mes amis, mes collègues, Stéphane Audoin-Rouzeau qui a guidé avec toujours patience, bienveillance et rigueur mes travaux, mes condisciples et professeurs des séminaires de recherche de cette maison, qui ont suivi ce parcours de recherche, tous ont enrichi mon regard et mes pratiques d'historienne. Je saluerai aussi Jean-Pierre Lauby, dont la présence amicale dit aussi le soutien dont j'ai pu bénéficier auprès des IPR de l'Académie de Clermont, hier le sien, aujourd'hui celui de Michel Promerat qui n'a pu se joindre à nous cet après-midi. A tous, amis, collègues et professeurs, je dois beaucoup. Un dernier mot laissé à Apollinaire et à ses Calligrammes sur la victoire :

La Victoire avant tout sera

De bien voir au loin

De tout voir

De près

Et que tout ait un nom nouveau.

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