[PDF] Cahiers du Centre dÉtudes Chypriotes 49

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Cahiers du Centre d'Études Chypriotes

49 | 2019

Varia

Édition

électronique

URL : https://journals.openedition.org/cchyp/436

DOI : 10.4000/cchyp.436

ISSN : 2647-7300

Éditeur

Centre d'Études Chypriotes, École française d'Athènes

Édition

imprimée

Date de publication : 1 décembre 2019

ISBN : 978-2-7018-0615-0

ISSN : 0761-8271

Référence

électronique

Cahiers du Centre d'Études Chypriotes

, 49

2019 [En ligne], mis en ligne le 01 mai 2022, consulté le 26

mai 2022. URL : https://journals.openedition.org/cchyp/436 ; DOI : https://doi.org/10.4000/cchyp.436

Légende

de couverture Portraits dédicatoires, Pedoulas, 1474 (ici G. Meyer-Fernandez, p. 217, g. 10).

Crédits

de couverture

Geoffrey Meyer-Fernandez

Ce document a été généré automatiquement le 26 mai 2022.

Les Cahiers du Centre d'études chypriotes

sont mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0

International.

SOMMAIREAvant-proposSabine FourrierIn memoriam Jean-Pierre Olivier

Artemis Karnava et Massimo Perna

In memoriam David Jacoby, brève notice biographique

Philippe Trélat

Dossier épigraphique

Old inscriptions, new readings: a god for the Rantidi sanctuary in South-West Cyprus

Artemis Karnava

An administrative ostrakon from Kouklia-Hadjiabdoullah

Maria Iacovou et Artemis Karnava

Une crise frumentaire à Chypre sous les Flaviens ? Une inscription d'époque romaine découverte à Paphos, colline de Fabrika

Claire Balandier

Deux Bérytiens à Kourion

Julien Aliquot

Dossier " textiles »

Introduction

Sabine Fourrier et Philippe Trélat

Going over the common thread with a fine-tooth comb, Actors and Interaction in a middle bronze age textile start-up

Luca Bombardieri et Martina Monaco

Spinning, Weaving and Purple Dyeing at Kition: New evidence for the textile industry at the settlement of Bamboula during the Late Bronze-Early Iron Age

Anna Georgiadou et Artemis Georgiou

Changes in weaving on the warp-weighted loom on Cyprus

Joanna S. Smith

Quelques réflexions sur le vêtement chypriote à partir de la statuaire en pierre

Hélène Le Meaux

Le vocabulaire du textile à Chypre dans l'Antiquité d'après les sources épigraphiques, littéraires et lexicographiques

Anna Cannavò

Purple dye production under royal management: Evidence from the Cypro-Classical citadel of Ancient Paphos

Maria Iacovou et Dimitra Mylona

Un atelier de foulons à Kition-Bamboula ?

Olivier Callot et Sabine Fourrier

Cahiers du Centre d'Études Chypriotes, 49 | 20191

Small insights in weaving technology and the textile industry at the settlement of the hill of Agios Georgios, Nicosia

Despina Pilides

Se vêtir à Chypre sous les Lusignan (1192-1474) : l'apport de la peinture

Geoffrey Meyer-Fernandez

Leonardo da Vinci's legendary visit to Cyprus in 1481 a.d. and its link to Lefkara

Robert S. Merrillees

Produits de luxe et produits de consommation courante. L'importation de draps et de toiles d'Occident dans le royaume de Chypre (XIIIe-XVe siècles)

Philippe Trélat

Un atelier de foulons à Kition-Bamboula ?

Olivier Callot et Sabine Fourrier

18

Iosif Hadjikyriakos

Variétés

Funerary gifts in a child's tomb of the Cypro-Archaic II Period

Vassos Karageorghis

Tiburce Colonna Ceccaldi À Chypre (1866-1869), III. Les Activités Archéologiques Suite de CCEC 47, 2017, p. 192-238, et CCEC 48, 2018, p. 147-162

Lucie Bonato

From Paul Schroeder's archives on Cyprus, I-III

Stephan G. Schmid

L'engagement de la société civile, une vision sensible de l'histoire de Chypre

Alexandre Lapierre

David Jacoby et l'histoire de Chypre

Michel Balard

Comptes rendus d'ouvrages

Ludmila I. AKIMOVA, Dmitry KALINICHEV, Olga Yu. SAMAR, Vera V. SMOLENKOVA, The Art of Ancient Cyprus in the Pushkin State Museum of Fine Arts, Moscou

Antoine Hermary

N OO, OOA, .

Anna Georgiadou

Jennifer M. WEBB, avec des contributions d'Andreas CHARALAMBOUS, Stella DIAKOU, Maria DIKOMITOU-ELIADOU, Marcos MARTINÓN-TORRES et Despina PILIDES, Lapithos Vrysi tou Barba, Cyprus. Early and Middle Bronze Age Tombs Excavated by Menelaos Markides

Raphaël Orgeolet

Cahiers du Centre d'Études Chypriotes, 49 | 20192 Peter FISCHER, Teresa BÜRGE, Two Late Cypriot City Quarters at Hala Sultan Tekke. The

Artemis Georgiou

Thierry PETIT, La naissance des cités-royaumes cypriotes

Stephan G. Schmid

Luisa BONADIEZ, Iva CHIRPANLIEVA et Élodie GUILLON (dir.), Les Phéniciens, les Puniques et les autres. Échanges et identités en Méditerranée ancienne

Hélène Le Meaux

Sabine ROGGE, Christina IOANNOU, Theodoros MAVROJANNIS (éd.), Salamis of Cyprus. History and Archaeology from the Earliest Times to Late Antiquity, Conference in Nicosia,

21-23 May 2015

Hélène Le Meaux

Vassos KARAGEORGHIS, Thomas KIELY, Salamis-Toumba. An Iron Age Sanctuary in Cyprus Rediscovered (Excavations of the Cyprus Exploration Fund, 1890)

Marguerite Yon

Gabriele AMBROS, Der kyprische Apoll'. Heiligtum und Kult des Apollon Hylates in

Kourion

Yannick Vernet

auf Zypern. Eine Untersuchung von bisher unpublizierten Kalksteinstatuen im Cyprus Museum in Nicosia und Larnaca District Museum

Antoine Hermary

Jean-Yves EMPEREUR (éd.), avec la collaboration de Françoise ALABE, Angelos HADJIKOUMIS, Cécile HARLAUT, Brita LORENTZEN, Sturt W. MANNING, Maria MICHAEL et May TOUMA, The Hellenistic Harbour of Amathus. Underwater excavations, 1984-1986

Sabine Fourrier

Michalis OLYMPIOS, Building the Sacred in a Crusader Kingdom. Gothic Church

Architecture in Lusignan Cyprus, c. 1209-c. 1373

Philippe Trélat

Michael J.K. WALSH (éd.), Famagusta Maritima. Mariners, Merchants, Pilgrims and

Mercenaries

Philippe Trélat

Cahiers du Centre d'Études Chypriotes, 49 | 20193

Avant-proposSabine Fourrier

1 L'année 2019 a vu la réalisation de plusieurs projets, soutenus par le Centre ou portés

par lui. Au nombre des premiers, signalons la mise en ligne en accès libre des archives de la fouille française de Salamine (1964-1974) sur le portail http://chypre.mom.fr

(rendue possible grâce à la générosité d'Anastasia Serghidou) ; au nombre des seconds,

la création d'un site internet bilingue http://centredetudeschypriotes.fr, conçu et géré par

Agnieszka Halczuk, et régulièrement alimenté par Anna Cannavò et Nathalia Denninger (qui assure également le contact du Centre). Je les remercie vivement toutes les trois de leur dynamique implication dans les activités de notre association.

2 Il m'est aussi agréable de remercier les autres membres du Bureau, Anne-MarieGuimier-Sorbets, Hélène Le Meaux et Philippe Trélat, l'université de Paris-OuestNanterre-La Défense à laquelle est rattaché notre Centre, ainsi que la Fondation A.G.

Leventis, qui apporte un soutien financier indispensable à la bonne poursuite de nos activités. Tous mes remerciements, enfin, à Antoine Hermary, qui a bien voulu nous faire bénéficier de son expertise en demeurant le rédacteur en chef des Cahiers et un relecteur attentif, ainsi qu'à Marguerite Yon qui a, cette année encore et avec une très grande efficacité, préparé la mise en pages de la revue.

3 Le comité de rédaction des Cahiers a été partiellement renouvelé en 2019. Je remercie

service de la revue. Ils ont été remplacés par Thomas Kiely, Stephan Schmid et Philippe Trélat, que je remercie également de leur grande implication. D'autres changements ont eu lieu ou sont en préparation, avec notamment la mise en place d'un système de peerreviewing et la création d'une version numérique des Cahiers.

4 Cette tomaison s'ouvre par un hommage à deux savants qui nous ont récemmentquittés : David Jacoby, spécialiste de l'histoire du Proche-Orient médiéval, et Jean-

Pierre Olivier, spécialiste d'épigraphie et de paléographie syllabiques. L'un comme l'autre ont consacré une partie de leurs travaux à Chypre ; l'un comme l'autre ont enrichi les études chypriotes en adoptant un point de vue méditerranéen, supra- insulaire. Cahiers du Centre d'Études Chypriotes, 49 | 20194

5 La revue présente cette année deux dossiers thématiques. Le premier, consacré àl'épigraphie, s'est constitué de façon pour ainsi dire spontanée, nourri par la

découverte de nouveaux documents et par de nouvelles lectures, qu'il s'agisse de textes syllabiques ou alphabétiques. Il montre l'importance des fouilles archéologiques pour le renouvellement et l'enrichissement des sources, mais aussi l'impulsion donnée aux recherches par la réalisation en cours de corpus : celui des inscriptions syllabiques de Chypre par Artemis Karnava et Massimo Perna (IG XV) et celui des inscriptions de Beyrouth et de sa région par Julien Aliquot (IGLS 8/1). Le second dossier, consacré aux textiles, est issu d'une suggestion de Philippe Trélat, qui souhaitait rassembler des

études sur la longue durée, depuis la préhistoire jusqu'à l'époque ottomane. Les textiles

offrent, de fait, un merveilleux prisme pour aborder l'histoire chypriote sous toutes ses facettes : économique, technique, culturelle, sociale... Les auteurs sollicités ont répondu

avec enthousiasme, autre révélateur de l'intérêt et de l'actualité d'un thème certes

porté, à l'échelle internationale, par un certain nombre de groupements scientifiques1,

mais qui n'avait jamais été décliné spécifiquement, sur la longue durée, à l'échelle

chypriote. Sur un arc chronologique qui va du Bronze Moyen au XVIIIe siècle, les approches présentées sont multiples, souvent pluridisciplinaires, mobilisant vestiges archéologiques (restes architecturaux et mobilier), textes, archives et images (peintes et sculptées).

6 À côté de Variétés qui, comme chaque année et dans le sillage d'une tradition instaurée

par Olivier Masson, font la part belle aux recherches d'archives et à l'historiographie, le volume contient la publication de la conférence prononcée par Alexandre Lapierre lors de l'assemblée générale du Centre, le 6 décembre 2019, suivie d'une série de comptes rendus. NOTES

1. Par exemple le Centre for Textile Research de l'université de Copenhague, la collection Ancient

Textile Series, Oxford, ou les rencontres scientifiques régulières Purpurae Vestes.

AUTEUR

SABINE FOURRIER

Présidente du CEC

Cahiers du Centre d'Études Chypriotes, 49 | 20195

In memoriam Jean-Pierre Olivier

Artemis Karnava et Massimo Perna

Nous remercions de leur aide nos collègues et amis Maurizio Del Freo et Françoise Rougemont.

1 Jean-Pierre Olivier est né le 6 mai 1939 à Schaerbeek, Bruxelles, et décédé le 6 janvier

2020 à Uccle, Bruxelles. Il était épigraphiste et s'est consacré à l'étude des écritures

syllabiques de la Grèce et de Chypre aux II e et Ier millénaires avant notre ère.

2 Licencié en philosophie et lettres à l'Université Libre de Bruxelles (ULB) en 1960, il a

obtenu une libera docenza in filologia micenea de l'Université de Rome en Italie en 1964, un doctorat en philosophie et lettres, toujours à l'ULB, sous la direction de Claire

Préaux en 1965, et un doctorat ès lettres à l'Université de Clermont-Ferrand en France en

1976. Entre 1966 et 1972 il a été membre belge de l'École française d'Athènes ; en 1969

et pendant un an, le régime dictatorial grec lui a interdit l'entrée en Grèce parce qu'il

était membre du parti communiste belge. Pendant toute sa carrière, il a été attaché au

Fonds national de la recherche scientifique de Belgique (FNRS), d'abord comme aspirant (1963-1967), puis comme chargé de recherches (1969-1973), chercheur qualifié (19731978), maître de recherches (1978-1987) et enfin directeur de recherches (1987-2004).

3 Jean-Pierre appartenait à la première génération de chercheurs engagés dans l'étude

du linéaire B à la suite du déchiffrement de cette écriture par Michael Ventris en 1952, une réalisation en collaboration avec John Chadwick qui est devenue publique dans les

années suivantes. Dès 1959, à l'âge de 20 ans, il publie son premier article sur ce sujet,

intitulé " Étude d'un nom de métier mycénien : di-pte-ra-po-ro », dans la revue

L'Antiquité classique (28, 1959, p. 165-185), et en 1960 son premier livre - À propos d'une "liste" de desservants de sanctuaire dans les documents en linéaire B de Pylos (Presses universitaires, Bruxelles) -, qui était en fait son mémoire de licence.

4 Après le déchiffrement du linéaire B, la première nécessité pour l'étude des textes était,

selon lui, leur édition sous forme de corpus. Pour cette raison il a édité, seul ou en collaboration, un bon nombre de corpus de textes en linéaire B. En particulier, il a

collaboré de manière décisive à l'édition des textes de Cnossos, Pylos, Tirynthe, Thèbes

et Mycènes. Il est en outre l'auteur d'une étude fondamentale sur la pinacologie et la paléographie de Cnossos (Les scribes de Cnossos : essai de classement des archives d'un palais Cahiers du Centre d'Études Chypriotes, 49 | 20196 mycénien, Rome, 1967), et de nombreuses contributions philologiques et historiques

relatives à l'économie, l'administration et la fiscalité du monde mycénien. Il a consacré

ses dernières années de travail à l'étude des documents en linéaire B de Pylos, qui a abouti à la deuxième édition de The Pylos Tablets Transcribed en collaboration avec Maurizio Del Freo (Libreriauniversitaria.it Edizioni, Padoue, 2020), un manuscrit que les deux auteurs ont soumis à l'éditeur peu de jours avant sa mort.

Jean-Pierre Olivier.

5 En outre, il est devenu rapidement l'un des experts les plus prolifiques et les plus

influents dans le domaine des écritures protohistoriques crétoises. Dans les années

1970, il a commencé son étude du linéaire A qui a abouti à l'édition des textes de cette

écriture, en collaboration avec son premier élève Louis Godart (Recueil des inscriptions en

linéaire A [Études Crétoises 21], I-V, Athènes & Paris, 1975-1985). Il s'est également

consacré à l'étude de l'écriture hiéroglyphique crétoise, travail qui a aussi abouti au

corpus des textes en collaboration avec le même chercheur (Corpus hieroglyphicarum inscriptionum Cretae [Études Crétoises 31], Athènes & Paris, 1996). Comme Jean-Pierre était un grand amateur de jeux de mots et d'acronymes, le premier corpus est connu sous l'abréviation de GORILA et le second sous celle de CHIC. De plus, parce qu'il a

toujours été un passionné de technologie et un utilisateur, de longue date,

d'ordinateurs Macintosh, au moment où il a édité le CHIC, il a conçu et utilisé dans le

corpus ses propres polices pour l'écriture hiéroglyphique crétoise, une méthode qu'il a ensuite reproduite pour toutes les écritures égéennes et chypriotes.

6 Entre 1997 et 2007, en collaboration avec sa compagne Frieda Vandenabeele, unespécialiste d'archéologie chypriote avec laquelle il avait déjà travaillé à la publication

des Idéogrammes archéologiques du linéaire B (Études Crétoises 24, Athènes & Paris, 1979),

il se tourna vers les écritures chypriotes, le chypro-minoen et le chypriote syllabique Cahiers du Centre d'Études Chypriotes, 49 | 20197 du Ier millénaire avant notre ère. Les écritures chypriotes sont une dérivation du linéaire A et, en tant que telles, elles appartiennent à la même famille des écritures syllabiques ou égéennes-chypriotes. À partir de 1999, il a examiné de ses propres yeux toutes les inscriptions accessibles dans les musées de Chypre, mais aussi de nombreux pays européens et des États-Unis. Il a pris des photographies et des mesures d'objets inscrits et d'inscriptions et il a élaboré deux bases de données - l'une pour le chypro- minoen et l'autre pour le chypriote syllabique du I er millénaire - dans lesquelles il a enregistré ses transcriptions amendées des inscriptions. Frieda Vandenabeele a

recherché toutes les références bibliographiques possibles pour les inscriptions

publiées, et elle a aussi examiné et daté les objets grâce à son expertise archéologique.

Après la mort d'Olivier Masson en 1997, il est devenu très vite l'un des plus grands savants dans ce domaine. En 2007, toujours en collaboration avec Frieda Vandenabeele, il a publié son Édition holistique des textes chypro-minoens (Pise & Rome, acronyme : HoChyMin), qui représente jusqu'à aujourd'hui le seul instrument de travail digne de confiance pour tous ceux, spécialistes ou non, qui s'intéressent à ces textes.

7 Son travail sur le chypriote syllabique du Ier millénaire a connu un sort différent. En

2006, il a mis à la disposition des auteurs de cette nécrologie sa base de données, qui

comprend quelque 1 300 entrées, et ses archives photographiques. Avec Markus Egetmeyer, nous avons rédigé un accord avec l'Académie des sciences de Berlin- Brandebourg. Klaus Hallof, directeur des Inscriptiones Graecae, a accepté avec enthousiasme de collaborer avec nous afin de publier les inscriptions syllabiques chypriotes du I er millénaire dans la série des Inscriptiones Graecae en tant que volume

XV, 1 (prévu depuis le début du xx

e siècle, mais jamais réalisé). La base de données de Jean-Pierre a représenté un point de départ extraordinaire pour la publication du premier volume du corpus de ces inscriptions, qui sortira au printemps 2020. L'ouvrage, qu'il a pu suivre jusqu'aux dernières épreuves, représente en fait son travail de documentation méticuleux entre 1997 et 2007, et notre propre travail à partir de

2007. Sa base de données continuera de donner le rythme pour les deux prochains

volumes du corpus du syllabaire chypriote du I er millénaire, qui paraîtront dans les

années à venir. De cette manière et par une succession d'événements, Jean-Pierre a aidé

à rattacher l'épigraphie syllabique égéenne-chypriote à la tradition de l'épigraphie

classique grecque, une connexion dont les deux parties semblent avoir bénéficié.

8 Si nous voulons mesurer l'importance de sa contribution à l'épigraphie chypriote, nous

pourrions dire qu'il a apporté avec lui à Chypre une expertise d'un demi-siècle développée dans le domaine de la mycénologie sur la façon d'aborder l'étude des inscriptions syllabiques, fondée sur une méthodologie et des principes solides. Jusque- là, l'épigraphie chypriote était dominée par des philologues/linguistes (Olivier Masson, Emilia Masson, Markus Egetmeyer, Anna Panayotou), des spécialistes de lettres classiques en général (Terence B. Mitford), ou des archéologues (Ino Nicolaou). L'épigraphiste pur est, dans le domaine des écritures syllabiques, un animal inconnu dans le désert épigraphique chypriote, et il commence tout juste à mettre le pied sur l'île.

9 La priorité de Jean-Pierre ayant toujours été la réalisation d'une bonne édition primaire

des textes, son corpus chypro-minoen sera sa contribution à l'épigraphie chypriote qui continuera à compter pour les années à venir. L'épigraphie chypriote du I er millénaire lui sera également redevable d'avoir donné un nouvel élan aux débats scientifiques

grâce à la générosité de sa contribution. De surcroît, son article fondateur de 2012, en

Cahiers du Centre d'Études Chypriotes, 49 | 20198

collaboration avec la regrettée Anna Morpurgo Davies, a marqué un tournant dans lafaçon dont nous considérons l'histoire de l'écriture à Chypre. Cette contribution resterale fondement de tous les débats sur ce qui constitue l'écriture chypro-minoenne et sur

la date à partir de laquelle les syllabaires du I er millénaire commencent - une discussionquotesdbs_dbs26.pdfusesText_32

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