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UNIVERSITÉ SORBONNE NOUVELLE - PARIS 3
ED 120 - Littérature française et comparée EA 3423 - Centre de Recherche sur les Poétique du XIXe siècleCentre d'Études Proustiennes de Paris 3
Thèse de doctorat
Langue, littérature et civilisation françaisesJunko MEGURO
LA NOURRITURE CHEZ MARCEL PROUST
Thèse dirigée par
Monsieur le Professeur Pierre-Edmond Robert
Sorbonne Nouvelle - Paris 3
Soutenue le 19 juin 2015
Jury :
M. Pierre-Louis REY (Professeur émérite, Université Sorbonne Nouvelle) M. Pierre-Edmond ROBERT (Professeur émérite, Université Sorbonne Nouvelle) Mme Anne SIMON (Chargée de recherches HDR, CNRS) M. Stéphane CHAUDIER (Maître de Conférence HDR, Université de Saint-Étienne) 2 3REMERCIMENTS
Je ti ens à exprimer ma prof onde gratitude à M. Pierre -Edmond Robert qui m'a constamment accompagnée tout au long de ces années de travail de ses conseils aussi avisées qu'éclairants et de ses encouragements, qui m'a apporté un soutien indéfectible en m'accordant une confiance qui m'a considérablement aidée à mener à bien cette recherche. Je rem ercie vivement M. P ierre-Louis Rey, Mme Anne Simon et M. Stéphane Chaudier de m'avoir fait l'honneur d'être les membres de mon jury et d'avoir bien voulu juger mon travail. Mon travail doit beaucoup au soutien de ma famille et aux encouragements de mes amis et de mes collègues. Qu'ils reçoivent ici l'expression de ma reconnaissance et de mon amitié. 4LISTE DES ABRÉVIATIONS
BIP : Bulletin d'information proustiennes, Paris, Presse de l'École normale supérieure de 1975 à 1998, Édition rue d'Ulm depuis 1999. BMP : Bulletin de la Société des Amis de Marcel Proust et des Amis de Combray, Illiers-Combray, paru depuis 1950, devenu Bulletin Marcel Proust en 1990. Corr. : Marcel Proust, Correspondance, édition établie et annotée par Philip Kolb, Paris,Plon, 21 volumes, 1970-1993.
CSB : M arcel Proust, Contre Sainte -Beuve dans Contre Sainte -Beuve, précédé de Pastiches et mélanges et suivi de Essais et articles, édition établie par Pierre Clarac avec la collaboration d'Yves Sandre, Paris, Gallimard, " Bibliothèque de la Pléiade », 1971.EA : Essais et articles (pp. 313 - 677 de CSB)
PM : Pastiches et mélanges (pp. 1 - 207 de CSB)JS : Marcel Proust, Jean Santeuil, précédé de Les Plaisirs et les jours, éditions établie
par P ierre Clarac avec la collabora tion d'Yves Sandre, P aris, Gallimard, " Bibliothèque de la Pléiade », 1971. PJ : Les Plaisirs et les jours (pp. 1 - 178 de JS) I, II, III, IV : Marcel Proust, À la recherche du temps perdu, édition établie sous la direction de Jea n-Yves Tadié, Paris, Galli mard, " Bibliothèque de la Pléiade »,1987-1989, 4 volumes. Les chiffres romains indiquent le tome. 5SOMMAIRE
REMERCIEMENTS ................................................................................................ 3
LISTE DES ABRÉVATIONS ...................................................................................... 4
SOMMAIRE ................................................................................................................. 5
INTRODUCTION ............................................................................... 9PREMIÈRE PARTIE
LE BOEUF À LA CAS SEROLE DE COMBRAY : MATRIC E D'À LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU ........................................................ 23 CHAPITRE I : LA RELATION ENTRE LE DRAME DU COUCHER ET LE BOEUF À LA CASSEROLE ................................................................................ 24§ 1. Genèse de l'épisode du boeuf à la casserole ........................................... 24
§ 2. Deux identifications ...................................................................... 33
§ 3. Une nuit passée avec la mère : questions de chronologie ........................... 35§ 4. Malheur de la mère et crime du fils .................................................... 41
§ 5. Références et symboles chrétiens ...................................................... 49
§ 6. Le boeuf à la casserole selon Françoise ................................................ 54
§ 7. Françoise : mère ou mère nourricière ................................................... 57
CHAPITRE II : LE BOEUF À LA CASSEROLE ET LE VENTRE MATERNEL ..... 74§ 1. Retour à l'utérus maternel ............................................................... 74
§ 2. La cuisine combraysienne ............................................................... 83§ 3. Lieu de pré-création ...................................................................... 92
§ 4. La lecture par la mère ..................................................................... 99
6DEUXIÈME PARTIE
LA P ETITE MADELEI NE ET LES POMMES D E TERRE PAS AS SEZ CUITES : SYMBO LES DE NAISSANC E ET D E MORT DANS À LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU ....................................................... 111 CHAPITRE III : LE GOÛT DANS LA LITTÉRATURE ................................ 112§ 1. L'art et les cinq sens .................................................................... 113
§ 2. Le parcours de l'apparition du goût dans la littérature ............................. 120
§ 3. La nourriture dans les oeuvres du XIX
e siècle ....................................... 126 CHAPITRE IV : PACOURS DE L'ÉPISODE DE LA MADELEINE ................. 133 § 1. La matière de la mémoire involontaire avant la madeleine ........................ 133 § 2. L'apparition de la petite madeleine ................................................... 151 CHAPITRE V : LA RELATION ENTRE L'ÉPISODE DE LA MADELEINE ET LA MORT DE BERGOTTE ...................................................................... 160 § 1. La peinture flamande chez Proust ..................................................... 160§ 2. La nécessité de l'épisode de la mort de Bergotte: l'ajout à la fin de la vie de Proust
..... 171§ 3. Aliments caractérisés par la couleur jaune ........................................... 200
§ 4. Boissons de couleur ambrée ou rousse ................................................ 214§ 5. La relation entre la mort et le repas ................................................... 231
7TROISIÈME PARTIE
LA PLACE DE LA NOURRITURE DANS LA LITTÉRATURE : MIROIR DESPERSONNAGES ET DE LA SOCIÉTÉ ................................................................. 253
CHAPITRE VI : LA NOURRITURE, LA TABLE ET LES PERSONNAGES DANSLES ROMANS DU XIX
e SIÈCLE ........................................................... 256 § 1. La table dans les romans de Balzac ................................................... 256§ 2. L'appétit chez Flaubert .................................................................. 272
§ 3. Les personnages à table et leur physique dans les romans de Zola et les nouvelles de Maupassant ............................................................................ 282 CHAPITRE VII : LA NOURRITURE ET LES FEMMES .............................. 300§ 1. La nourriture et le désir ................................................................. 300
§ 2. Les gâteaux et Albertine ............................................................... 303
§ 3. Les fruits et les femmes : transposition de la sexualité ............................. 328
CHAPITRE VIII : REPAS PRIS À L'EXTÉRIEUR ...................................... 348 § 1. Le restaurant parisien chez les romanciers avant Proust ........................... 350 § 2. Le restaurant dans la Recherche du temps perdu .................................... 356 § 3. Les repas avec Saint-Loup en Normandie ........................................... 374 CONCLUSION ................................................................................ 389 BIBLIOGRAPHIE ............................................................................ 395 TABLE DES MATIÈRES ................................................................... 405 8 9Introduction
Plaisir d'être seul à se fai re la cuis ine... 1 On c onstate, à lire le s roma ns français , qu'un grand nombre de scènes s ont consacrées à la nourriture . C'est depui s la Renaiss ance que le s écrivains en France montrent un intérêt pour la table. D'abord, Rabelais décrit humoristiquement l'action et le pla isir humains les plus importants , à savoir m anger et boire à l'époque où lamodération des désirs humains, ceux liés à la sexualité et à l'appétit en particulier, est
prêchée par la religion qui les stigmatise parmi les sept péchés capitaux. Il expose dans
Gargantua et Pantagruel que l'action de manger et de boire, comme d'assouvir ses besoins naturels, est une façon humaniste de connaître le monde avec contentement. Les géants qui mangent et boivent figurent le rassasiement gourmand auquel les peuples du Moyen Âge aspirent, mais souvent cette image est extravagante et parfois carnavalesque,éloignée du réel, fictive et fantastique. Puis l'époque vient où l'on passe de l'aspiration
à la gourmandise à l'intérêt pour la gastronomie, et cette évolution satisfait entre autres
Voltaire, " partagé entre sa passion de jeunesse pour la nouvelle cuisine et son goût pour les dindes truffées qu'il juge aussi démodées que délicieuses, depuis qu'il s'est installé comme " aubergiste de l'Europe ", à Ferney2 ». Dans Candide dont le héros
subit succ essivement tous les vi ces humains et les c atastrophes tout en voya geant, Voltaire décrit des scènes de table fantastiques. Au pays d'El Dorado, utopie unique de1 Marcel Proust, Carnets, Édition établie et présentée par Florence Callu et Antoine Compagnon,
Gallimard, 2002, p. 80.
2 Antony Rowley, À table! La fête gastronomique, Gallimard, p. 1994, p. 85.
10 son voyage, on invite Candide et Cacambo à un grand repas : " on servit quatre potages garnis chacun de deux perroquets, un contour1 bouilli qui pesait deux cents livres, deux singes rôtis d'un goût excellent, trois cents colibris dans un plat, et six cents oiseaux mouches dans un autre ; des ragoûts exquis, des pâtisseries délicieuses2 » ; à Venise où
Candide, à la fin du voyage, vient chercher Mlle Cunégonde, il propose à un jeunethéatin et à sa fia ncée re ncontrés s ur la place Sai nt-Marc de venir à son hôt ellerie
" manger des macaronis, des perdrix de Lombardie, des oeufs d'esturgeon, et à boire du vin de Monte pulciano, du lacrima-christi, du chypre e t du samos3 ». Les repas de Voltaire sont extravagants comme ceux de Rabelais. Il est pourtant rare qu'on décrive concrètement le menu des repas dans les romans de cette époque. À l a diffé rence de Voltaire qui m et e n scène la gourmandise , Rousse au nie la gastronomie, surtout celle des plat s de viande, et valori se le végé tarisme dans ses oeuvres. Il affirme que l'homme devrait naturellement être rangé dans la classe des animaux frugivores, et que s'il est violent et aime la lutte, c'est parce qu'il mange de la viande, à la manière des animaux carnivores4. Dans Emile, il refuse la cuisine raffinée et
demande qu'on donne aux enfants une nourriture simple, comme les produits laitiers qui, " bien qu'élaborés dans le corps de l'animal, sont une substance végétale5 ». Son goût
pour les laitages et les gâteaux apparaît dans La nouvelle Héloïse dont l'héroïne les
préfère à la viande et au vin : " Julie elle-même pourrait me servir d'exemple : car quoique sensuelle et gourmande dans ses repas, elle n'aime ni la viande ni les ragoûts ni le sel, et n'a jamais goûté du vin pur. D'excellents légumes, les oeufs, la crème, les fruits ; voilà sa nourriture ordinaire, et sans le poisson qu'elle aime aussi beaucoup, elle serait une véritable pythagoricienne6 ». Le goût de Julie ou de la femme en général est
tout à son avantage : " la lait et le sucre sont un des goûts naturels du sexe et comme le1 un vautour bouilli. Cf. Voltaire, Romans et contes, Gallimard, " Bibliothèque de la Pléiade », 1979,
p. 8712 Ibid., pp. 185, 186.
3 Ibid., pp. 211, 212.
4 Cf. Jean-Jacques Rousseau, OEuvres complètes III, Gallimard, " Bibliothèque de la Pléiade », 1959,
p. 199.5 Jean-Jacques Rousseau, OEuvres complètes IV, op.cit., p. 275.
6 Jean-Jacques Rousseau, OEuvres complètes II, op.cit., p. 453.
11 symbole de l'innocence et de la douceur qui font son plus aimable ornement1 ». Mais cette mise en valeur du végétarisme peut comporter une signification sociale. Rousseau refuse les cerises en plein hiver au nom du respect de l'ordre de la nature2. Il refuse une
conduite insouciante de cet ordre car il pense qu'elle n'est pas naturelle. Ainsi les écrivains considèrent-ils activement la relation entre la nourriture et la vie humaine et discutent- ils sur ce sujet. En même temps, la culture cul inaire se développant rapideme nt grâce à la diff usion de la resta uration, on c ommence à s'intéresser à la gastronomie, à l'encontre des idées du penseur genevois. Dans le domaine littéraire, c'est au XIXe siècle, et dans sa deuxième partie jusqu'à la Belle Époque en particulier, que la table et la nourriture elle-même jouent un rôleimportant. Les écrivains ré ussissent alors à représenter la société, la hiérarchie des
personnages selon divers registres sensoriels et en décrivant, sur le mode métaphorique, les aliments et la table. La nourriture s'unit ainsi fortement à la littérature. Proust hérite de cette tendance récente. Dans ses romans, Jean Santeuil et À la recherche du temps perdu, comme chez les écrivains réalistes et naturalistes, les scènes de la table familiale, du dîner et du souper aristocratiques et les descriptions détaillées de la nourriture foisonnent. Il y ajoute une nouvelle perspective avec l'épisode de la petite madeleine, qui met l'accent sur les ressources du goût dans la littérature. Ce gâteau, uni à la réminiscence, semble métaphoriser la création romanesque. Aussi la nourriture ne saurait-elle manquer dans la composition de l'oeuvre. Cependant, il nous semble que les critiques proustiennes s'intéressant au thème de la nourriture sont peu nombreuses par rapport à celles concernant, par exem ple, l a musique, la pei nture, l'architecture ou les arts de la mode. Certes un grand nombre d'analyses sont consacrées à l'épisode de la madeleine, enparticulier celle de Phi lippe Lejeune, " É criture et Sexual ité », qui méri te d'être
remarquée. Serge Doubrovsky, dans La place de la madeleine, développe ainsi cette analyse. Julia Kristeva mentionne encore cet épisode et traite également du sujet de l'orangeade. Quant à celui des cris des marchands parisiens et des glaces figurant dans1 Ibid., p. 452.
2 Antony Rowley, À table ! La fête gastronomique, Gallimard, 1994, p. 85.
12 La P risonnière, plusieurs chercheurs, comme Jean Milly, Serge G aubert, Phili ppe Lejeune, Jean-P ierre Richard, Gérard Genette , Emily Ee lls, l'étudi ent. Dans les Bulletins de la Société des Amis de Marcel Proust et des Amis de Combray sont insérés quelques articles : " Proust et les métamorphoses du goût » par Michel Erman1, " Les
cuisines de la création » par Anne Borrel2 et " La table de Jean Santeuil, Parcours
initiatique d'une sexualité » par Frédérique Bué-Proudom3. De plus, les pages décrivant
la cuisine de Françoise sont souvent citées pour rendre compte du caractère de cette cuisinière. Michel Sandras a traité la question de la nourriture dans Proust ou l'euphorie de la prose et, plus récemment, Davide Vago dans Proust en couleur étudie la relationentre les aliments et la couleur. La réédition de La cuisine retrouvée, après l'édition
originale en 1991, La cuisine selon Proust en 2009 prouvent que la relation entre Proust et la cuisine se fait à nouveau remarquer. Cependant, peu de chercheurs se focalisent sur le thème de la nourriture, de la table et de la cuisine sinon Jean-Pierre Richard, qui associe les aliments aux cinq sens. Son traitement de la nourriture, dans Proust et le monde sensible, est très riche, mais il ne s'agit que d'un thème parmi d'autres. Bien que Proust ait choisi un aliment, la madeleine, comme clef de la Recherche, il semble qu'on examine insuffisamment la relation entre l'écrivain et la nourriture. Ses prédécesseurs Balzac, Flaubert, Zola réservent beaucoup d'anecdotes à la table car ils aiment avant tout manger, ce qui ne fait aucun doute quand on voit leur physique au ventre proéminent. Proust, dont la santé est fragile depuis son enfance, mange peu,surtout à la fin de sa vie. À l'été 1901, ses parents sont à Zermatt ; lui, qui ne quitte
guère Pa ris, profite des très bons plat s que lui prépare sa c uisini ère, Marie à cette
époque-là. Il écrit à sa mère : " Pour la cuisine je n'ai jamais si bien déjeuné que depuis
qu'Arthur et Marie s'en occupent. À mon point de vue l'envoi d'une cuisinière serait donc superflu ou nuisible. J'ai tous les jours un beefsteak où tout est à manger, et qui est immense, des plats de pommes de terre frites, gruyère, fromage à la crème, pêches et bière4 ». À l'époque il fréquente Bertrand de Fénélon et Antoine Bibesco, mais quand il
1 BMP, N°38, 1988, pp. 64 - 73.
2 BMP, N°39, 1989, pp. 76 - 85.
3 BMP, N°44, 1994, pp. 109 - 119.
4 Corr., t. II, pp. 441, 442.
13 ne peut avoir rendez-vous avec eux, il dîne tout seul au restaurant, chez Larue, Durand,Weber, comme pour se distraire1.
Dans une lettre à sa mère, il écrit : " Mes nombreux dîners au restaurant ont remis mon estomac à neuf. J'y mange pourtant beaucoup plus. Mais beaucoup plus lentem ent. Et puis c'est mon Évian, mon déplacem ent, ma villégiature à moi qui n'en ai pas2 ». Cependant, comme on le sait par le témoigne de sa
gouvernante, Céleste Albaret, il mangera ensuite très peu.Il décrit, en 1904, au Dr
Linossier le seul repas qu'il prend par jour : " [...] (deux oeufs à la crème, une aile entière de poulet rôti, trois croissants, un plat de pommes de terre frites, du raisin, du café, une bouteille de bière) et pendant l'intervalle des vingt-quatre heures la seule chose que je prends est en me couchant un quart de verre d'eau de Vichy3 ». Céleste
porte témoignage sur les repas de son maître4. Nicolas et Céline Cottin, qui étaient
auparavant au service de l'écrivain, avaient l'habitude de lui préparer une sole ou un plat, mais une fois par mois ou par quinzaine et de faire venir un plat de chez Larue, restaurant situé dans le quartier de la Madeleine. Céline y commande parfois " la petite marmite » (morceaux de boeuf choisis et gé siers de poulet mijotés longtemps à f eu doux) dont il ne mange que quelques bouchées à même le pot avant de faire aussitôt desservir. En 1913, il se cont ente parf ois de de ux bols de café a u lait et de deux croissants par jour. Penda nt la guerre, il supprime le s croiss ants que Céleste tente vainement de remplacer par des sablés. Puis il ne boit plus que du café avec du lait qui est sa vraie nourriture : il ne boit pas même une tasse de café noir. A la fin de sa vie, à partir environ de 1917, Le Ritz et le Crillon deviennent le centre de la vie de Proust. En1918, quand Odilon Albaret est revenu malade chez lui, Proust fréquente le Ritz tous les
deux jours5. Il reste cette anecdote : " Un garçon du restaurant a raconté le premier dîner
de Proust auquel il ait assisté : celui-ci, arrivé vers onze heures trente dans la salle déserte, commanda un poulet rôti, des pomme de terre, des légumes frais, suivis d'une1 Cf. Jean-Yves Tadié, Marcel Proust Biographie, t. I, Gallimard, coll. " folio », 1996, pp. 661 - 664.
2 Corr., t. III, p. 109.
3 Corr., t. IV, p.250.
4 Céleste Albaret, Monsieur Proust, Robert Laffont, 1973, pp. 96 - 101.
Cf. Philippe Michel-Thiriet, " Quid de Marcel Proust » in À la recherche du temps perdu, t. I, Robert
Laffont, 1978, pp. 66, 67.
5 Jean-Yves Tadié, Marcel Proust Biographie, t. II, op.cit., p. 327.
14 salade et d'une glace à la vanille. Il se fit ensuite servir dans un petit salon une grande cafetière, et but seize demi-tasses d'un excellent café1 ».
Sans doute Proust n'ignore -t-il pas l a gastronomie ; il a des envies mais craint toujours d'être déçu. Il n'apprécie pas la viande, mais accepte un peu de poulet ; ilpréfère les soles que Céleste achète chez Félix Potin, place Saint-Augustin et qu'elle
fait frire. C'est le seul plat qu'il termine. Céleste ne le verra déguster des rougets chez Prunier qu'une seule fois. Par deux fois, il grignotera une friture d'éperlans. Il mangequelquefois de la salade russe, de chez Larue, et des frites bien égouttées présentées sur
une serviette double. Il apprécie parfois les oeufs brouillés. Son goût semble naturellement obéir à la théorie de Rousseau : éviter la viande,préférer le lait, les oeufs, les fruits et les sucreries. S'il a envie de petits fours, Céleste
doit al ler les cherc her chez Rebattet (le fournis seur de sa mère), de brioc hes, chez Bourbonneux, de chocolat, chez Latinville, et d'une poire Bourdaloue, chez Larue. Il semble aimer la glace, son parfum préféré étant fraise ou framboise. Dans sa jeunesse, il donne de grands dîners chez sa mère, mais ne touche lui-mêmeà a ucun plat
2. Quand sa santé e st bonne, surtout ve rs 1900, il va encore manger à
l'extérieur, parfois seul. S'il y va, ce n'est pas seulement pour savourer de bons plats, mais parce que pour lui le café, la brasserie et le restaurant, " ouverts à toute heure sur la vie social e, sur les amis autant que les i nconnus, sur les pré cieux agents de renseignements que sont les membres du personnel, sont des centres de rencontre et d'observation3 ». Plus tard, il organisera de grands dîners chez Larue, au Crillon ou au
Ritz4. Un convive (il n'invite pas plusieurs personnes en même temps) lui rend parfois
visite, mais à ce moment-là aussi, il ne mange rien. Les repas pour lui, ce n'est ni " il faut manger pour vivre » comme parole d'un Harpagon ni, à l'inverse, " il faut vivre pour manger ». Alors, quelle signification la1 Ibid., p. 286
2 En 1896, le 22 décembre, à Fontainebleau, " il se plaint que Léon Daudet le fasse beaucoup parler en
mangeant, ce qu'il détes te (c'est po urquoi, lorsque Proust recevr a, plus tard, il n e mangera p as
lui-même) ». Jean-Yves Tadié, Marcel Proust Biographie, t. I, op.cit., p. 470.3 Ibid., pp. 546, 547.
4Philippe Michel-Thiriet, " Quid de Marcel Proust » in À la recherche du temps perdu, t. I, op.cit., p. 67.
15 nourriture et la table ont-elles pour lui ? Certes, il préfère le souvenir des mets à leur réalité : ainsi en est-il du boeuf mode ou de la sole frite1. Il découvre dans la madeleine
le gâteau du souvenir, exemple merveilleux d'une association d'images et d'odeurs pour retrouver le passé. Les aliments toutefois n'ont pas pour seule fonction de ressusciter le souvenir. Ils sont envisagés sous leurs divers aspects. Proust assurément s'intéresse au moins auta nt à la nourriture et à la cui sine que les éc rivains du XIX e siècle. Lesindications sur les plats et la table, même brèves, sont partout présentes dans ses oeuvres,
non seulement dans la Recherche mais aussi dans Jean Santeuil et Contre Sainte-Beuve. Des scènes de table et des descriptions de nourriture dans le premier roman inachevé se superposent à celles de son grand roman représentatif ; il peut s'agir du fromage à la crème rose écrasé de fraises, de petits pois pareils à des billes vertes sur la table de la cuisine, du travail préparatoire de la cuisinière de la famille, Ernestine, Catherine ouFélicité (parfois Fél icie), les ébauche s de Françoise. E lles sont donc à considérer
comme faisant partie de la genèse de la Recherche. Elles se limitent à l'histoire d'Illiers, les scènes de table et les dîners mondains de la vie parisienne étant rares. Dans Contre Sainte-Beuve, de telles descriptions ne sont pas plus nombreuses. Mais la découverte de la puissance évocatrice de la saveur qui est à l'origine de l'épisode de la madeleine, contribue à la richesse du futur roman. Il semble donc que l'écrivain ait une réelle connaissance de la cuisine et du nom des plats. Dès le début de la Recherche, la cuisine intervient avec l'apparition de Charles Swann. La grand-tante du narrateur, qui n'apprécie pas entièrement ce voisin, convoque celui-ci chez elle et lui dem ande " une recette de sauce gribi che ou de la salade à l'ananas pour des grands dîners » [I, 18]. La mère du narrateur fait sans doute faire par Françoise une salade presque pareille pour le dîner avec M. de Norpois : elle sert à son invité " la salade d'ananas et de truffes » [I, 451]. La cuisine excellente de Françoise que Norpois apprécie, ce n'est pas seulement le fameux boeuf froid aux carottes, mais aussi le soufflé et le pudding à la Nesselrode. Cependant les passages concernant lacuisine, la nourriture et la table sont surtout présents dans le récit de l'enfance du héros,
et renvoi ent comme en reflet, sembl e-t-il , à l'enfance de l'écrivain. Décrivant les1 Ibid., p. 68.
16 souvenirs d'Illiers dans ses romans, Proust évoque les endroits qui intéressent l'enfantquotesdbs_dbs26.pdfusesText_32[PDF] Bavarois à la Mousse de Fruits - Support Technique
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