CAHIER DES LECTURES TD SOCIOLOGIE DES MÉDIAS 2021/2022
communication information médias journalistes pratique professionnelle politique économie organisation presse télévision critique intéraction sociologie
PLAN DE COURS Département de sociologie Université du Québec
8 janv. 2019 communication en mettant l'accent sur la spécificité de l'approche sociologique critique dans l'étude des médias et des industries dites ...
Pour une sociologie des médias sociaux. Internet et la révolution
19 avr. 2015 Si l'étude sociologique de médias implique un triptyque entre énonciateur ... officielles Facebook consultées le 21/03/2012 [PDF en ligne].
Linfluence sociale des médias. Village médiatique marchandise
Texte du prix sociologie UQAM. L'influence sociale des médias. Village médiatique marchandise culturelle et souveraineté de la communication au Québec.
Livre 1.indb
Sociologie de la communication et des médias. ? du xxe siècle au sein des sciences sociales. Je souhaite défendre l'existence d'une.
COURS de Géraldine Muhlmann L2 Sociologie des médias
L2 Sociologie des médias
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Actes de travaux du groupe de travail « Sociologie de la
11 sept. 2021 médias il est soumis aux forces et aux contradictions des groupes qui ... (www.friends.ca/files/PDF/IRMay04.pdf)
Rémy Rieffel
Professeur en Sciences de l'Information et de la Communication (Sociologie des médias). École Normale Supérieure (Saint-Cloud). Agrégé de Lettres modernes.
État des lieux de la sociologie des médias au Québec
DE LA SOCIOLOGIE DES MÉDIAS AU QUÉBEC. Jonathan Roberge et Anouk Bélanger. L'histoire sociale des médias tant au Québec qu'ailleurs en Occident
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C'est le niveau du Trois et de l'in- fini des rapports généralisés de sens entre les individus et les groupes jusqu'aux limites d'expression des liens entre
(PDF) Sociologie des médias de masse - ResearchGate
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Les médias de masse ont un rôle dans l'équilibre général contribuant à l'intégration des individus dans la société à la cohésion sociale Etude des « medias
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Sociologie des médias - Wikipédia
La sociologie des médias est la branche de la sociologie consacrée à l'étude des médias leur histoire leur influence (notamment dans le champ de la
[PDF] Sociologie de la communication
11 sept 2022 · ce qui a trait au rapport avec les autres médias on semble de plus en (www friends ca/files/PDF/IRMay04 pdf ) visité le 8 octobre 2004
Quel est l'objet de la sociologie des médias ?
La sociologie des médias est la branche de la sociologie consacrée à l'étude des médias, leur histoire, leur influence (notamment dans le champ de la politique et celui de l'économie), tant par ce qu'ils véhiculent (contenus) que via le moyen (médium) utilisé.Comment les médias influence la socialisation ?
Ce faisant, les médias contribuent à marquer les processus de socialisation par les manières dont ils décrivent et interprètent les évènements de la vie publique (Lippman, 1992), rendent visibles ou invisibles certaines catégories de personnes ou certains faits, ou encore, produisent et diffusent des modèles et desQuelles sont les fonctions sociales des médias ?
Les médias sociaux de partage (sharing) : ils servent à partager tout type de contenu, en public ou à son réseau (photo et vidéo, musique…). Les médias sociaux de réseautage (networking) : ils servent à créer et développer un réseau.- La Sociologie de la Communication, rigoureuse et quantitative, porte sur les audiences, la crédibilité des media. Depuis peu, en collaboration avec l'Université Paris I, cet Institut publie la Revue Fran?ise de Communication, diffusée par abonnement.
Tours, 5-9 juillet 2004
Actes de travaux du groupe de travail
" Sociologie de la communication »Janvier 2005
1 Pour une reconnaissance de l'approche ethnographique en sciences de l'information et de la communication Ou, pourquoi l'étude des utilisations de l'internet doit aussi se faire par l'immersion numériqueChristophe BAREILLE *
Selon les prévisions du cabinet d'études Computer Economics, il y aura, dans le monde,17 millions d'internautes gays d'ici à l'an 2005. Par ailleurs, une étude de Forrester Research
(Kolko, Gazala, Strohm, 2003), parue en juin 2003 souligne que la " communauté gay " utilise davantage l'internet et depuis plus longtemps que le reste de la population. C'est ainsiqu'elle achète plus en ligne (63% contre 53% des foyers hétérosexuels interrogés), qu'elle
dispose plus fréquemment d'une connexion haut-débit (31% contre 23%) et qu'elle effectue plus de transactions financières via l'internet (35% contre 26%). Que nous apprennent réellement ces chiffres ? Que nous disent-ils des changements sociaux, comportementaux, del'action de la technique dans la société, des utilisations effectives, des représentations, de la
culture matérielle ? Peu de choses... Les recherches en sciences de l'information et de la communication s'inscrivent dansune interdiscipline qui se structure depuis les années 1970. Les premières recherches émanent
de sociologues américains et concernent les études sur la réception. C'est dans le cheminement de ces réflexions que s'inscrit ma recherche sur l'utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication dans la construction de soi en tant que sujet homosexuel. Il s'agit en effet de comprendre en quoi les nouvelles technologies ont une influence sur les sujets homosexuels d'une part et, dans une certaine réciprocité, en quoi les sujets homosexuels influent sur la technique. Si l'on considère, ce qui est mon cas, que s'intéresser à la communication, c'est, comme le souligne Serge Proulx et Philippe Breton, " distinguer clairement entre quatre ordres de réalité : celui des pratiques effectives de communication ; celui des techniques que l'on met en oeuvre dans ces pratiques ; celui plusspécialisé, des théories sur lesquelles s'appuient ces techniques ; et enfin celui des enjeux qui
sont associés à la communication " (Breton et Proulx, 2002), alors il faut faire le choix d'une
méthode d'analyse de ces quatre dimensions. Pour cela, il faut, comme le dit très justement Serge Proulx, " une ethnographie des usages [...] afin de pouvoir observer le plus finement possible l'action effective de la technique dans la société " (Proulx, 1999). Cet article cherchera donc à répondre à la question suivante : dans quelles mesures une approche ethnographique permet-elle de participer au travail de recueil de données pertinentes pour la construction de la compréhension des utilisations des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Défendre l'approche ethnographique comme méthode de recueil de données sur les utilisations de l'internet impose de définir ce que j'entends pas approche ethnographique au regard du terrain numérique. En effet, plusieurs méthodes sont envisageables, comme lesouligne Véronique Poutrain et Stéphane Héas : " il peut s'agir, par exemple, d'observer les
internautes d'un cybercafé, les joueurs d'un LAN [...], ou bien l'enquête peut se dérouler directement sur Internet. " (Poutrain et Héas, 2003). " L'anthropologie utilise généralement quatre formes de production de données : l'observation participante (l'insertion prolongée de l'enquêteur dans le milieu de vie des 2enquêtés), l'entretien (les interactions discursives délibérément suscitées par le chercheur
d'une manière plus ou moins directive), les procédés de recension (le recours à des dispositifs
d'investigation systématique), la collecte de sources écrites. " (ibid.). Sur l'internet comme ailleurs, certains principes doivent être respectés comme latriangulation. Toute information doit être vérifiée. Le chercheur croise ainsi les informations
afin de ne pas s'appuyer sur une seule source. Ma recherche concerne un groupe social et " virtuel " particulier - les hommes étiquetés (Becker, 1985) comme homosexuels - aux caractéristiques spécifiques : il s'agit d'un groupesocial minoritaire et minorisé ayant toujours existé dans la société et ayant connu des périodes
de discriminations intenses l'obligeant à se cacher et à rechercher en permanence la préservation de l'anonymat. Ainsi, depuis quatre ans j'observe et j'analyse les comportements et les utilisations d'hommes fréquentant des sites homosexuels ou fréquentés par des homosexuels. Cette observation stricte prend parfois des tournures d'observation participante et même de participation observante conduisant, dans certains cas, à des entretiens médiatés parordinateur. Parallèlement, j'analyse avec une attention particulière les contenus de groupes de
discussion et de sites fréquentés par les homosexuels. Il s'agit autant des contenus rédactionnels des animateurs des sites (articles, conseils, revue de presse, critiques, ...) que des interactions avec les internautes et des internautes entre eux (forums de discussion, tranches de vie, témoignages, ...). Enfin, j'effectue des entretiens en face à face afin d'approfondir les réponses obtenues par l'observation. Ces entretiens me permettent notamment de faire cet aller et retour nécessaire entre le terrain et la théorie, entre l'observation du faire et les représentations explicitées dans le dire. Ainsi, même si Bernard Lahire pense qu'il est " impossible, dans la plupart des cas, d'appliquer mécaniquement à de nouveaux thèmes ou sujets les concepts ou les méthodes anciennement éprouvées " (Lahire, 1999), je montrerai qu'il est tout à fait pertinent, en suivant quelques redéfinitions conceptuelles et méthodologiques propres à la discipline anthropologique, d'utiliser les outils ethnographiques pour étudier l'internet. J'aborderai donc cette article selon deux axes : la nécessaire rupture avec les trois unités de lieu, de temps et d'action d'une part, la place et le statut du chercheur au regard de son terrain et des sujets enquêtés d'autre part. Je vais donc montrer qu'en adoptant une posture critique par rapport aux " classiques "de l'ethnologie - à savoir une rupture avec la définition des trois unités incontournables que
sont le lieu, le temps et l'action - il devient pertinent d'utiliser les outils ethnographiques pour étudier les utilisations des nouvelles technologies.1. LA REDÉFINITION DES TROIS UNITÉS
1.1. Tout d'abord le lieu.
La méthode classique de l'ethnographe, en ce qui concerne le lieu, réside dans le fait decirconscrire son terrain à une zone géographique précise, souvent lointaine, sur laquelle il
mènera son enquête (observation, entretiens, recueil de matériaux, etc.). Cette vision duterrain, du lieu monolithique vient des premières études faites dans des contrées éloignées,
souvent colonisées. Il y avait alors une certaine logique de l'éloignement qui allait de pairavec la nécessaire distanciation de l'ethnologue envers son quotidien, sa société. L'ailleurs
était donc ce terrain qu'il faillait étudier. Il faut comprendre par l'ailleurs, une société
3singulière, une ethnie particulière, un groupe spécifique. Le terrain était donc le lieu sur lequel
se rendait l'ethnographe pour mener à bien son étude. Cette délimitation géographique qui
coïncidait avec une délimitation ethnique et culturelle n'était finalement qu'un découpage
ethno-spatio-temporel du réel dont l'objectif était de le rendre observable et de permettre laconstruction de l'objet ethnographique. Mais c'était considérer que le terrain se basait sur une
unité géographique et culturelle close, hermétique. Or, il ne faudrait pas confondre lieu de l'observation et culture étudiée. Ce qui nousintéresse lorsque l'on étudie les utilisations de l'internet, c'est le rapport entre technique et
société, technique et sujets, technique et groupes sociaux. C'est cette " culture numérique " en
tant que fait social qui m'intéresse et donc le lieu en question n'est pas nécessairementmonolithique, à moins d'étudier une " communauté virtuelle ", et encore... Finalement, le lieu
" correspond, comme l'ont montré P. Laburthe et J.-P. Warnier, " aux enquêtes de plus en plus nombreuses [qui] se sont assignées pour objectif non plus telle société mais tellecatégorie de faits (exemple : les pratiques religieuses [, les utilisations de l'internet]) » "
(Rosselin, 1998).Cette remise en question des approches classiques de l'ethnographie date des années 1950 et il est surprenant que les recherches en sciences de l'information et de la communication ne commencent que seulement à s'y intéresser.En outre, l'élasticité, la fluidité qui caractérisent les sociétés actuelles, ses membres, sa
culture, devraient permettre de transcender la caractérisation du terrain sur cette unité de lieu,
d'autant plus lorsque le terrain en question est aussi mouvant et peu stabilisé que l'internet. Sur ce dernier, outil technique d'information et de communication, il convient de définir ce que l'on entend par lieu au regard du concept de terrain. En effet, selon que le parti pris de l'étude met en avant une unité géographique circonscrite (le cybercafé de la rue de la République à Rouen) ou une unité " virtuelle " (salon de chat, forum de discussion, etc.), l'approche ne sera pas la même. Dans le premier cas, il conviendra effectivement d'envisager de vivre son terrain comme peuvent le faire les sujets enquêtés, c'est-à-dire en étantrégulièrement présent dans le cybercafé, pour reprendre cet exemple. Dans le second cas, le
lieu est défini comme le point du réseau permettant aux internautes d'entrer en interaction. Il
s'agira alors d'être connecté en même temps pour être au même endroit que les sujets connectés, quel que soit le lieu de connexion. L'immersion numérique permet, symboliquement, ce don d'ubiquité et cette distanciation tant recherchés par l'ethnologue, qui jusqu'alors était enjoint " à la fois de garder ses distances et de pratiquer l'observation participante, le condamnant en somme à la schizophrénie. " (Augé, 1986). Enfin, du point de vue du recueil des données, l'ethnographie reste la méthode la plus pertinente pour obtenir des données de " première main ". Pour cela, il faut, comme le souligne Stéphane Beaud et Florence Weber , " réaliser des entretiens dans des lieux où les enquêtés se sentent comme chez eux " (Beaud et Weber, 1998, p.199). Concernant l'étude des utilisations de l'internet par les sujets homosexuels internautes, il est, dans ces conditions, tout à fait pertinent de faire le choix de la participation observante, de l'analyse de contenus 1 et des entretiens médiatés par ordinateur. Cela permet, en effet, de respecter l'anonymat qu'ils recherchent fréquemment. Les sujets homosexuels sont chez eux (le plus souvent), sur leur lieu de travail (plus rarement), en tout cas dans un lieu qui leur est familier et dans lequel ils se sentent suffisamment en confiance pour se connecter sur des services d'informations ou derencontres dédiés aux homosexuels. Il est donc impossible de considérer le lieu d'observation
(ici, une partie du réseau, ou plus exactement, un temps du réseau) comme un laboratoire closséparé du domicile de l'ethnographe de quelques milliers de kilomètres comme l'expliquait C.
1Il ne s'agit pas de faire une analyse de contenus de façon formelle, mais de contextualiser l'environnement dans
lequel évoluent les sujets enquêtés. 4 Lévi-Strauss dans Tristes tropiques (1955, p.450). Le terrain ethnographique passe alors de in situ à in tempo.1.2. Ensuite, le temps
Les premières études ethnographiques étaient, comme le dit " F. Paul-Lévy en exposantles principes formulés par A. Comte, " à la recherche, la quête d'un autre temps, du temps le
plus distant de celui qui semble être le nôtre, du temps le plus proche de l'origine, du temps disparu et en quelques sortes miraculeusement conservé par quelques groupes témoins préservés à la fois de l'évolution et de la civilisation » " (1986, p.38). Les étudesmonographiques ont donc laissé penser que les sociétés étudiées étaient figées dans le temps,
comme si, l'objet d'étude et le terrain étaient réduits à n'être analysés qu'au présent, puisqu'à
l'échelle de l'ethnographe, seul interprète. Dans ces conditions, il paraît plus qu'improbable de pouvoir étudier les utilisations de l'internet. En effet, loin d'être une entité homogène vivant en autarcie, les homosexuelsinternautes, sont hétérogènes, connectés en des temps différenciés et indissociables d'une
histoire du groupe social dans lequel ils s'insèrent parfois malgré eux 2 . Aussi, même sil'internet est dans l'immédiateté, le présent, il n'en demeure pas moins que l'objet technique à
une histoire, des ancêtres (le Minitel en France, Vidéotron au Québec, par exemple) et surtout,
que les internautes qui l'utilisent ont également une histoire individuelle et collective. Celaempêche donc l'ethnologue de pouvoir prétendre à une quelconque a-historicité de son étude,
pour peu qu'il le souhaite. Il faut donc opérer ce déplacement d'unité temporelle en réintroduisant l'histoire du groupe et son rapport avec l'outil technique. Cela doit se faire en gardant à l'esprit que lechercheur ne peut se contenter du présent comme gage d'authenticité et de scientificité même
si cela doit le conduire à introduire dans son analyse des données qui ne sont pas uniquementliées au terrain à proprement parler : articles de journaux, récits des premiers programmateurs,
des " détourneurs " des usages prévus du Minitel, etc. pour le pendant informatique, témoignages des utilisateurs homosexuels du Minitel, des messageries roses téléphoniques, des lieux extérieurs de rencontre, articles de presse, etc. pour le pendant homosexuel del'étude. En cela, le caractère interdisciplinaire que revêtent les sciences de l'information et de
la communication peut être d'un secours précieux. Non enfermé dans une monodiscipline, le chercheur en sciences de l'information et de la communication peut se prévaloir d'unedémarche ethnographique, à condition de respecter la triangulation et les outils qui sont mis à
sa disposition par la discipline connexe, sans en subir les aspects potentiellement négatifs.1.3. Enfin, l'action
Elle " est le résultat de la conjugaison des unités de lieu et de temps, [qui tendait, dansla vision " classique »,] à démontrer la perpétuation d'une tradition au sein de l'objet d'étude
qu'est telle ou telle société " (Rosselin, 1998, p.41) tel ou tel groupe. Il s'agit donc de valoriser ce qui dure, ce qui est " traditionnel ". C'est postuler l'existence d'une frontièreétanche entre la société étudiée et le reste du monde et cela, de façon durable dans le temps,
comme si aucune influence extérieure ne pouvait venir remettre en cause un certain ordre établi ; ce dernier se perpétuant par un phénomène de répétition immuable. Il ne peut en être question en ce qui concerne l'étude des utilisations de l'internet par les sujets homosexuels internautes. En effet, bien que cela puisse sembler paradoxal, " toutes les" cultures » sont différentes mais aucune n'est radicalement étrangère ou incompréhensible
2Voir à ce propos les " Réflexions sur la question gay » de Didier Eribon qui montre comment, au travers de
l'expérience quasi commune de l'injure, les homosexuels font partis d'un groupe, qu'ils s'en prévalent ou non.
5aux autres. " (Augé, 1986, p.20) La connexion mondialisée de l'ensemble des sociétés, des
cultures, qu'elles soient majoritaires, minoritaires ou minorisées, qui peuplent la planète, bien
qu'hétérogène, est par définition le lieu de tous les échanges, toutes les perméabilités et donc
de toutes les évolutions possibles. L'internet est antinomique de la tradition : il est en perpétuelle mutation sous les effets de la technique, des utilisations des internautes et de l'évolution des contextes locaux et globaux.Finalement, ces trois unités que sont le lieu, le temps et l'action renvoyaient à la volonté
distanciatrice du chercheur à son objet d'étude. C'était donc considérer qu'il ne faisait que
décrire la réalité sans prendre en compte le découpage spatio-temporel effectué lors de
l'observation. Or, et c'est à cette condition seulement que l'ethnographie comme méthode d'analyse des utilisations de l'internet est envisageable, c'est principalement dans le passage de l'observation à l'analyse que devrait se faire la distanciation objectivante. Il convient donc d'interroger la place et le statut du chercheur par rapport à ce nouveauterrain qu'est l'internet en remettant en question son hypothétique neutralité et en défendant
sa subjectivité.2. LE CHERCHEUR EN LIGNE
" Pour observer tel ou tel micro-objet, disent Stéphane Beaud et Florence Weber, dans tel micro-lieu, dans des micro-situations, il faut avoir une place possible, pouvoir se faire sa place. A vrai dire, les terrains ne sont pas faciles ou difficiles dans l'absolu, mais en relation avec le statut social de l'enquêteur. " (Beaud et Weber, 1998, p.51). Ce statut social est trop peu souvent interrogé en sciences de l'information et de la communication. Quelle est la place du chercheur, de l'ethnologue en sciences de l'information et de la communication face à sonterrain et aux enquêtés. Dans le cas qui nous intéresse ici, il s'agit d'homosexuels masculins
français ayant une utilisation de l'internet. Aussi, au même titre que " le terme étudiant rassure, [car] nombreux sont les enquêtés qui en connaissent dans leur entourage " (ibid, p.99), le " statut " d'homosexuel, lorsqu'il est explicitement dit et identifiable, donc " prouvable " rassure, puisqu'il engendre le simple fait de pouvoir comprendre en touteconfiance, complicité ; complicité indispensable dans l'enquête de terrain. Autrement dit, cela
reviendrait à parler d'une certaine " endo-ethnographie ", apparemment préjudiciable à la distanciation. Néanmoins, comme le souligne Jean-Pierre Olivier de Sardan, " personne n'est jamais endo-ethnologue. Même issu du milieu culturel et social qu'il étudie, le chercheur, justementparce qu'il a suivi un parcours de sortie de ce milieu (à travers son itinéraire universitaire, à
travers la problématique qu'il met en oeuvre), n'est évidemment plus quelqu'un de ce milieu" comme les autres ». Il est pour une part en situation d'extériorité même quand il est au
départ " natif » " (de Sardan, 1999). Ainsi, être internaute, homosexuel n'est pas suffisant
pour qualifier le chercheur ethnologue en sciences de l'information et de la communication que je suis. Je suis par ailleurs en couple, universitaire, étudiant en doctorat, enseignant en institut universitaire de technologie, j'ai 29 ans, un engagement politique et associatif, je suis né de parents de classe moyenne, j'ai trois soeurs, etc.. L'ensemble des ces paramètres constituant, si l'exhaustivité était possible, mon identification et me permettant donc cettenécessaire distanciation à mon objet d'étude. De plus, comme je l'ai déjà dit, c'est bien le
passage de l'observation à l'analyse puis à l'écriture qui permet la distanciation et pas le seul
statut de chercheur. Penser que c'est la distanciation qui permet l'objectivité, c'est aussi penser que l'ethnographie est une méthode non pertinente. En effet, comment faire de l'observationparticipante, voire de la participation observante, sans être dans l'objet étudié, sans faire partie
6du groupe social étudié. " L'ethnologue [...] sait qu'à trop de distance, toutes choses perdent
sens, et qu'un cosmonaute éternellement mis sur orbite, sans espoir de retour, porterait aussipeu d'intérêt à la terre qu'à la lune " (Augé, 1986, p.192). Etudié un fait social, ici, la
construction de soi en tant que sujet homosexuel, c'est donc être dans et hors de l'objet étudié.
C'est être capable de faire ces allers et retours nécessaires entre un vécu connu et partagé et
une prise de distance critique par rapport à ce dernier. De plus, lors de l'étude des utilisations de l'internet par les homosexuels masculins, j'ai été confronté à ce besoin quasi impérieux d'anonymat. Il ne s'agit pas uniquement deconsidérations éthiques visant à respecter l'anonymat de l'autre, c'est à dire du sujet enquêté,
mais également à ne pas dévoiler sa propre " identité " de chercheur. Ainsi, peut-on s'interroger sur la pertinence de l'injonction faite par S. Beaud et Florence Weber lorsque ces derniers mettent en garde l'apprenti ethnographe : " N'oubliez pas ce que signifie " seprésenter » : décliner nom et qualité, justifier sa présence, désamorcer les soupçons, offrir
une image présentable, supportable pour vous et pour l'autre " (Beaud et Weber, 1998, p.51). En l'espèce, offrir une image présentable, supportable revient pour le chercheur à " sefondre » dans les us et coutumes propres au groupe étudié. Se présenter revêt effectivement
un caractère essentiel en ligne, c'est une des premières questions qui revient aussi bien sur les
outils synchrones qu'asynchrones. Mais la présentation de soi prend un autre sens : celui de la " rencontrabilité ". Je ne plaide pas pour un non respect de l'éthique qui veut que l'on annonce son statut de chercheur, mais pour le respect des enquêtés avant toute chose. Aussi, ne me suis-je que rarement présenté en tant que " chercheur en sciences de l'information et dela communication ", mais... je n'ai jamais cherché à le cacher. Aussi était-il possible de le
savoir en consultant mes divers profils ou en me le demandant : " que fais tu dans la vie ? ". Le dévoilement pour ceux des sujets enquêtés qui ne le savent pas encore interviendra unefois la rédaction de l'étude totalement terminée. Ceci afin de me permettre d'éventuels retour
au terrain si nécessaire. Finalement, je rejoins ce que disent S. Beaud et F. Weber lorsqu'ils en appellent au " bon sens sociologique, c'est[-à-dire à] la connaissance des normes en vigueur dans lemilieu enquêté " (Beaud et Weber, 1998, p.106) et à la nécessité " de gagner la confiance de
l'enquêté, de parvenir rapidement à le comprendre à demi-mot et à entrer (temporairement)
dans son univers (mental) " (ibid, p.203).3. POUR CONCLURE...
Il est essentiel de bien comprendre qu'il ne s'agit pas d'abandonner les trois unités de lieu, de temps et d'action, mais d'opérer un déplacement, de les adapter aux nouvelles donnesde la recherche, de la société et de ces évolutions, des nouveaux objets d'étude et de leur
environnement technique, humain, économique, social et politique. En outre, il me semble important de rappeler que l'étude des utilisations des nouvelles technologies de façonglobalisée ou globalisante n'a pas de sens. En effet décontextualisées, socio-historiquement et
socio-techniquement, les données recueillies ne sont plus pertinentes. Ces dernières " ne sont pas analysables en dehors de leur contexte de production " comme le souligne S. Beaud et F. Weber (ibid, p.21) d'une part, et pas analysables non plus si elles ne sont pas mises en rapport avec l'histoire collective du groupe étudié et les histoires individuelles des sujets qui composent ce groupe d'autre part. En outre, le statut et la place du chercheur doivent sans cesse être interrogés. Lorsqu'il est sur son terrain, découpage spatio-temporel du réel physique ou " virtuel ", il est unélément d'entropie éventuel. En cela, il doit avoir conscience du degré de nuisance potentielle
qu'il représente et des biais qu'il peut induire dans les réponses des sujets enquêtés. Même en
cas de non dévoilement de son statut de chercheur ethnologue en ligne, sa simple présence, 7 sous forme de pseudonyme par exemple, fait que l'environnement se trouve modifié : il y a unconnecté supplémentaire, un lecteur supplémentaire, etc. Pour peu qu'il se dévoile, à la
demande d'un correspondant, ou qu'il se trouve identifié grâce à un profil annonçant sonstatut, très vite, par le " bouche à oreille numérique ", la quasi totalité des internautes d'un
même groupe en ligne connaîtra le but de sa présence en ligne. Il ne sera alors plus identifié
que comme chercheur avec tous les biais que cela peu induire : absence de réponse (" je ne suis pas un cobaye " disent certains, " je ne veux pas que ma présence en ligne soit connue "disent d'autres), réponses biaisées pour que la face présentée au chercheur soit conforme à la
face souhaitée par l'internaute eu égard à l'idée qu'il se fait de se que doit être " un
homosexuel sur l'internet ", etc. Le chercheur ne peut faire abstraction de tout ces aléas de la recherche en ligne s'il veut pouvoir analyser avec pertinence le matériau recueilli. Enfin, lorsque l'on s'attache à étudier les utilisations de l'internet, n'oublions pas que " ce que nous observons ne " vaut » pas pour une autre population que celle que nous avons enquêtée directement [...]. Nous entrons dans la catégorie des monographies. Pour autant,nous n'abdiquons pas toute ambition de généralisation. Cependant, nous ne généralisons pas
sur des " individus » ou des " populations », mais sur des " processus » et des " relations ».
Et, surtout nous entrons dans une logique cumulative : nous nous essayons à desinterprétations et des hypothèses, par définition générale, qui ont vocation à être contestées,
ici et ailleurs " (ibid, p.289) C'est également ce à quoi j'aspire et ce que dit, d'une autre façon, Brenda Danet : " As more such studies are completed, the possibility of generalizations across case studies will increase " 3 (2002).BIBLIOGRAPHIE
AUGE M., Un ethnologue dans le métro, Ed. Hachette Littératures, Coll. Pluriel Actuel, 1986.BEAUD S. et WEBER F., Guide de l'enquête de terrain. Produire et analyser des données ethnographiques, Ed. La Découverte, Paris, 1998. BECKER H. S., Outsiders. Etudes de sociologie de la déviance, Paris, Ed. Métailié, 1985. BRETON Ph. et PROULX S., L'explosion de la communication à l'aube du XXI e siècle, Ed. La Découverte, Coll. Sciences et société, Paris, 2002. DANET B., Methods, The First Annual Doctoral Consortium in Israel about Computer- Mediated Communication, the Internet, and Social Aspects Thereof, Sept. 19th, 2002. KOLKO J., GAZALA M. E., STROHM C. Q., Gays Are The Technology Early Adopters You Want, 2003. http://www.forrester.com/ER/Research/Brief/0,1317,17004,FF.html (Consulté le 12.01.2004) LAHIRE B., Programme scientifique : une sociologie psychologique. Cahiers Internationaux de sociologie, CVI, 1999. LEVI-STRAUSS C., Tristes tropiques, Ed. Plon, Coll. Pocket, 1955. OLIVIER DE SARDAN J.-P., " L'enquête de terrain socio-anthropologique ", in Actes des
journées d'études de l'IRMC organisées, en collaboration avec l'EHESS, à Tunis les 29 et 30
janvier 1999, dans le cadre du séminaire annuel de l'IRMC Sciences sociales : configuration en reconstruction. PAUL-LEVY F., " A la fondation de la sociologie : l'idéologie primitiviste ", in L'Homme, Anthropologie : état des lieux, Paris, EHESS et Librairie Génarale Française, 1986. 3Trad. : " Plus de telles études seront réalisées, plus il sera possible de généraliser ".
8 POUTRAIN V. ET HEAS S., Les méthode d'enquête qualitatives sur Internet, ethnographiques.org [en ligne] n°4 (nov. 2003). http://www.ehnographiques.org/documents/article/ArPourHeas.html (page consultée le05.04.2004).
PROULX S., " La construction sociale des objets informationnels : matériaux pour une ethnographie des usages ", in Actes du Colloque Comprendre les usages d'Internet, Paris, 3 et4 décembre 1999 http://barthes.ens.fr/atelier/articles/proulx2000.html (page consultée le
10.10.2003).
ROSSELIN C., Habiter une pièce. Une ethnographie des espaces par la culture matérielle, thèse d'anthropologie sociale comparée, Université Paris V - René Descartes, 1998 (non publiée). 9 Femmes, hommes et usages d'Internet : ségrégation ou différenciation ?Christiane BERNIER et Simon LAFLAMME
1. PROBLÉMATIQUE
1.1 Introduction
La " société du savoir », l'" autoroute de l'information », la " révolution numérique »,
autant de dénominations qui ont accompagné l'important virage technologique qu'ont vécules principaux pays occidentaux depuis les années 1970, les faisant passer du statut de sociétés
" développées » à celui de sociétés " branchées ».À ce titre, on a tôt fait de s'inquiéter que l'avènement d'Internet dans les années 1990
ainsi que sa rapide diffusion aient un impact important sur les modes habituels d'accès à l'information et sur les formes sociales de communication tant interpersonnelle que familiale(Kraut et al., 1998). Les analystes n'ont pas manqué d'en faire état et se sont appliqués à
identifier soit, d'un côté, la part d'innovation appréciable qu'implique ce nouveau média au
plan de l'information et de la communication, soit, de l'autre, celle de l'aggravation, à causedu "pouvoir du savoir », des inégalités structurelles déjà existantes (Orbicum, 2003).
Dans la recension des écrits qu'ils ont consacrée au sujet, DiMaggio et ses collaborateurs (2001) indiquent cinq domaines dans lesquels se sont déployés les débats sur les changements que provoque Internet depuis une quinzaine d'années : 1) les inégalités sociales ; 2) le capital social et communautaire ; 3) la participation politique ; 4) les transformations dans les organisations et les institutions économiques ; 5) l'identité et la participation culturelle. Chacun de ces domaines a ses adeptes enthousiastes et ses détracteurs selon que l'on considère qu'Internet, et, plus globalement, la technologisation de l'information et de la communication, représente un apport bénéfique ou négatif pour les sociétés actuelles (Lafortune, 2003 ; Laflamme, 2005). Ce que l'on peut rapidement en dire, c'est que, alors que, pour les secteurs économiques, il est désormais clair que le e-commerce est en voie de modifier non seulement la notion de performance économique et les structures de commerce existantes (OCDE,2004), tout comme les comportements et les pratiques d'achats de biens et de services des
particuliers (The Economist, 2004 ; Statistique Canada, Le Quotidien, 11 décembre 2003), ence qui a trait au rapport avec les autres médias, on semble de plus en plus reconnaître le fait
que les technologies d'information et de communication (TIC) viennent davantage compléter que remplacer, auprès des consommateurs, les usages déjà inscrits dans la pratique sociale (Laflamme, 2005 ; Di Maggio et al., 2003 ; Lafortune, 2003). De même que l'on craint de moins en moins qu'Internet ne sabre dans la socialité des comportements relationnels habituels, qu'ils soient interpersonnels, familiaux ou communautaires, les derniers résultatsd'enquête ne confirmant pas les premières inquiétudes exprimées à ce sujet (Laflamme, 2005
; Lafortune, 2003). Au chapitre des inégalités sociales, par ailleurs, on s'est centré sur la question desdifférences d'accès - à un ordinateur d'abord, à Internet par la suite - que l'on a très vite
stigmatisée sous différents vocables, fracture numérique, fossé numérique ou clivagetechnologique (" digital divide », " digital ditch »). À travers les diverses analyses produites,
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