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5 févr. 2015 Bayard vient de conclure le rachat de Notrefamille.com « le site des 1001 façons d'être maman ». (3 800.000 Visiteurs Uniques
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avec le rachat du site Notrefamille.com qui fait suite aux acquisitions des sites Enfant.com et Familiscope.fr. Bayard a également pris une participation
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site de Montrouge pour un montant global de 60 M€ en. 2008. Ce crédit-bail fait l'objet d'un retraitement dans les comptes consolidés avec la constatation
rapport annuel
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notamment grâce aux acquisitions de l'exercice. lars canadiens et dollars américains fait l'objet de ... 6 NOTRE FAMILLE SNC.
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Mots-clés : médecine traditionnelle de la Martinique -patrimoine culturel- savoirs traditionnels- transmission- plantes/simples- tradipatriciens. Page 6. 6.
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Dossier santé
4 janv. 2020 je me fais opérer. ? Yoga du ventre : mon atout digestion. Nos recettes de fêtes avec les clémentines de Corse. SACRÉE FAMILLE.
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Faculté des Lettres et Sciences Humaines
École doctorale pluridisciplinaire
CENTRE DE RECHERCHES INTERDISCIPLINAIRES EN LETTRES LANGUES ARTS ET SCIENCES HUMAINES [CRILLASH] LA TRANSMISSION DU PATRIMOINE MÉDICINAL CRÉOLE : Par Huguette Marie-Andrée MARIE-LUCE épouse CONCYPrésentée et soutenue le 26 février 2015
Devant un jury composé de :
Directrice de la thèse
BÉLAISE Max, Docteur en philosophie, Université des Antilles et de la Guyane, Co-encadrant de la thèse
LANGOUËT Gabriel, Professeur émérite en sociologie, Université Paris 5 Descartes, Rapporteur
RAHERISON Chantal, Professeure en médecine, Université Bordeaux Segalen SOMÉ Roger, Professeur en ethnologie, Université de Strasbourg, Rapporteur 2À PRQ pSRX[ QRV ILOV"
Avec toute mon affection.
3 " Seigneur, il y a un monde de connaissance qui vient des gestes, là où bien voir devientMSSUHQGUH"BB
prendre. Les connaissances y étaient moins transmises que captées, moins offertes que cueillies
connaissance devenaient attentives, guettant ses attitudes, ses mots ou ses silences, le moindre de connaissances inexprimables qui, dans ses errances guerrières, sauvèrent son existence et1 P. Chamoiseau, Bibliques des derniers gestes, Paris, Gallimard, 2002, p. 437.
4 22B43Remerciements à mon époux Robert pour son amour, sa patience et son dévouement, À nos fils Teddy, Rémy et Xavier pour leur affection et leur soutien, en moi pour la réalisation de cette thèse, réaliser, À Peddy CALIARI pour son soutien et ses conseils avisés, pharmacopée créole,
À ma famille, à tous mes amis et à tous ceux qui ont cru à la nécessité de cette recherche et qui
temps, éclairé de leurs conseils et renouvelé leurs encouragements. 5 223D2LA TRANSMISSION DU PATRIMOINE MÉDICINAL CRÉOLE :
" En occupant un espace social privilégié, la médecine traditionnelle et les diverses pratiques
qui y sont liées, sont de moins en moins marginalisées, de plus en plus admises comme
ressources et la société leur devient du même coup permissive. La tolérance sociale est
relativement forte ». Cette lecture de la situation de la médecine traditionnelle et de sa réception
font usage. contexte martiniquais : transmission des tradipraticiens vers les profanes ; transmission entre dimension magico-religieuse de ce savoir influe-t-elle sur sa transmission ? Quel est le rôle deprofane accessible à tous et que détiennent certaines familles ? Celle-ci répond-elle aux attentes
de la médecine traditionnelle et comment les familles procèdent-elles à sa transmission ?
questionnement nous amène à nous interroger sur les pratiques en matière de médecine desMartiniquais et à considérer la coexistence entre savoir traditionnel et savoir rationnel dit
moderne.problème de la transmission de la médecine créole, de sa sauvegarde par -et pour- les
dans les années qui viennent.Mots-clés : médecine traditionnelle de la Martinique -patrimoine culturel- savoirs traditionnels-
transmission- plantes/simples- tradipatriciens. 6A342A4
THE TRANSMISSION OF THE CREOLE MEDICINAL HERITAGE: PROBLEME, RELEVANCE AND EVALUATION OF A CERTAIN TRADITIONALKNOWLEDGE
³%\ RŃŃXS\LQJ M SULYLOHJHG VRŃLMO VSMŃH PUMGLPLRQMO PHGLŃLQH MQG POH GLYHUVH SUMŃPLŃHV UHOMPHG
to the field are less and less marginalized, more and more accepted as resources, thus society is gradually becoming more tolerant towards those practices. The social tolerance is relativelyVPURQJ´B 7OLV SHUŃHSPLRQ RI POH SUHVHQP VLPXMPLRQ RI PUMGLPLRQMO PHGLŃLQH MQG RI LPV UHŃHSPLRQ LQ
society is proposed by M. Yoyo, French Anthropologist and Physician from Martinique. It speaks of the reality of traditional medicine in the West Indian context and highlights the positive effects on those who make use of it. The objective of this research is to explore the question of the transmission of medicinal knowledge within the confines of Martinique: transmission by traditionalists towards nonprofessionals as well as transmission among professionals in the field of medicine. In other words, what learning, if any, still exists of thistraditional knowledge faithfully kept by those who practiced it? To what extent does the
magical-religious experience influence the transmission of this knowledge? What is the role of the family in the education and the transmission of those practices? How much of this profane knowledge is accessible to all and to what extent is it practiced by families? Does the latter respond to the demands of traditional medicine? How do families proceed with the process of transmission? What contribution does the school make towards preserving this tradition? The above questions provoke reflection on the medicinal practices of the people of Martinique and of the possible coexistence of traditional knowledge and modern or rational knowledge. These questions are inevitable if we want to progress with objectivity in the transmission of Creole medicine and of its preservation for future generations, as a form of safeguarding the memory of this therapeutic practice. However, they also help to focus on the level of its effectiveness and the potential importance that it represents in ensuring a healthy environment in the coming years. Keywords: traditional medicine from Martinique ² cultural heritage ² traditional knowledge ² transmission ² plants/simple ² traditional practice 7Table des matières
REMERCIEMENTS .................................................................................................................................4
RÉSUMÉ ...................................................................................................................................................5
ABSTRACT ..............................................................................................................................................6
INTRODUCTION ................................................................................................................................. 10
CHAPITRE I : FONDEMENTS ÉPISTÉMOLOGIQUES DE LA RECHERCHE .......................... 421.1 CONFLITS ÉPISTÉMIQUES ................................................................................................... 46
1.3 ANTHROPOLOGIE DE LA TRANSMISSION EN CRÉOLITÉ .......................................... 81
1.4 LA TRANSMISSION MÉDICINALE DANS LA " LITTÉRATURE » CRÉOLE ............ 100
A) La littérature créole .......................................................................................................................101
B) La littérature scientifique ............................................................................................................156
CHAPITRE II : AUX ORIGINES DE LA MÉDECINE CRÉOLE ................................................. 170
2.2 LA SOCIÉTÉ MARTINIQUAISE ......................................................................................... 189
2.3 LES THÉRAPEUTES CRÉOLES .......................................................................................... 197
2.4 EXISTENCE HISTORIQUE DE DEUX MÉDECINES ....................................................... 221
2.5 COEXISTENCE EN MODERNITÉ ....................................................................................... 230
CHAPITRE III : LA MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE................................................... 236
3.1 PRÉSENTATION DE LA MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE .............................. 237
3.4 CHOIX DES VARIABLES ..................................................................................................... 243
3.5 APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE .................................................................................... 244
Ȍǯ ...............................................................................................................245
8B) Le questionnaire ..............................................................................................................................247
Ȍǯ-directif avec observation participante .................................................248 Ȍǯǯ ...................................................2493.6 OUTILS DE COLLECTE DE DONNÉES ............................................................................. 251
Ȍǯ .........................................................................................................253
Ȍǯ ...............................................................................................................255
3.8 LIMITES ET CONTRAINTES .............................................................................................. 258
3.9 PROLONGEMENTS DE LA RECHERCHE ........................................................................ 260
CHAPITRE IV : ABAE3 ǯB1D34 422AB ..................................................... 2614.1 CARACTÉRISTIQUES ET ANALYSE DES RÉPONSES DES THÉRAPEUTES .......... 262
Ȍǯ .............................................................263B) Analyse des réponses des thérapeutes ...................................................................................267
USAGERS MARTINIQUAIS ........................................................................................................ 313
A) RǯMartiniquais ................................................331 B) Lǯ .........................................................335C) Les caractéristiques de la transmission .................................................................................336
D) Les commentaires relatifs à la problématique de la transmission des savoirsnaturalistes et à leur pérennisation ..............................................................................................339
SAINTS-LUCIENS ......................................................................................................................... 341
A) Caractéristiques des usagers ......................................................................................................349
B) C ǯ
transmission ...........................................................................................................................................357
2CE (MILIEU RURAL) .. 361
94.6 ANALYSE DES RÉPONSES DES APOTHICAIRES CRÉOLES ...................................... 374
4.8 ANALYSE DES RÉPONSES DES MARCHANDES DE SIMPLES DE SAINTE-LUCIE 417
CHAPITRE V : PÉRENNITÉ DE LA TRANSMISSION DE LA PHARMACOPÉE LOCALE ?.............................................................................................................................................................. 422
5.3 Projet personnel ................................................................................................................. 443
CONCLUSION .................................................................................................................................... 461
BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................................. 471
Webographie ............................................................................................................................... 483
Mémoires et thèses : ................................................................................................................. 486
ANNEXES ........................................................................................................................................... 488
10" En occupant un espace social privilégié, la médecine traditionnelle et les diverses pratiques
qui y sont liées, sont de moins en moins marginalisées, de plus en plus admises comme
ressources et la société leur devient du même coup permissive. La tolérance sociale est
relativement forte. »2 Cette lecture critique de la place de la médecine traditionnelle est celle de
" Les plantes sont les principaux ingrédients des médicaments courants et, bien que la plupart soient des plantes communes, il n'est pas donné à tout le monde de connaître tous leurs usages. Malheureusement, les remèdes composés d'herbes sonttransmis de génération en génération par tradition orale, et, avec l'arrivée de la
pas entrepris d'urgence. Les plantes communes employées dans les infusions (thé pays) et les massages sont d'un usage quotidien dans chaque famille et sont utilisées dans les cas de rhume, d'indigestions légères et, plus spécialement, de pleurésies. moins familières et c'est de cet arsenal thérapeutique qu'ils tirent leur renommée. Une visite au jardin de madame B. est impressionnante par la richesse de la flore et par l'étendue des connaissances de la guérisseuse en matière de plantes ; elle est en effet capable de distinguer des centaines d'espèces, pour la plupart sauvages, et de donnerleurs noms et leurs utilisations. Celles-là, entre ses mains, s'adressent à bien des
maladies : ces plantes sont utilisées pour des cas aussi divers que l'insomnie, la constipation, l'hypertension ou la bronchite. On s'en sert aussi pour les irrégularitésmenstruelles, la stérilité, les avortements, les maladies vénériennes, l'asthme, les
troubles du foie, des reins et de la circulation. »recommandé une médecine préventive à base de plantes pour le maintien et la protection de la
santé. En effet, une médecine dont nous connaissons les vertus thérapeutiques par tradition familiale et expérience personnelle par :2 M. Yoyo, " Les médecines traditionnelles à la Martinique », in " Au visiteur lumineux : des îles créoles aux
p. 509. 11 molécules chimiques ; autres pathologies par effet de potentialisation des principes actifs entre eux alors importants ; la neutralisation par les plantes de ces mêmes effets secondaires induits par les traitements médicamenteux. Ces plantes composent donc notre biodiversité qui comprend quelques espèces (695) maisseulement la moitié est officiellement recensée. Or, les travaux actuels du réseau Tramil3, avec
espèces ce qui ouvre pour la Martinique des perspectives en matière de recherche scientifique et de développement économique jusque-là négligées ou insoupçonnées. soignait tous les membres de notre famille ainsi que tous ceux qui venaient vers elle, avec lesrévéler son " don », de peur de le perdre et de ne plus pouvoir continuer à exercer, prétendait-
elle. Par conséquent, aux nombreuses questions que nous lui posions, elle se contentait demaintenir une sorte de mystère qui entretenait davantage notre curiosité. De surcroît, nous
parcourir de longs kilomètres à pied pour aller dans un autre quartier, une autre localité, retirée
le plus souvent, à la recherche de tel(le) tradi-thérapeute4 dont la réputation leur était parvenue.
Généralement, ce(tte) professionnel(le) ne se faisait pas payer, mais agissait plutôt par
4 Terme qui désigne les thérapeutes traditionnels dont les connaissances de la pharmacopée locale permettent de
soigner tant par les plantes que par la divination. 12 Par la disparition des aînés et par conséquent ;Par la non-transmission de leur savoir ;
Par la non-culture du jardin médicinal par les générations montantes qui accordent la préférence à la médecine moderne certes, plus accessible ;Or, toutes les sociétés possèdent un savoir, un savoir-faire dans des domaines aussi variés, ce
qui fonde et construit leurs identités, leurs histoires, leurs richesses tant sur les plans structurel,
parle alors de la médecine chinoise, ayurvédique en Inde pour ne citer que celles-ci. Cependant,
médecine moderne ? Ce qui ne manque pas de susciter la question de départ et notre questionnement, à savoir : avait pas eu de changement de paradigme : médecine traditionnelle vs médecine moderne à la Martinique ? La transmission de ce savoir traditionnel médicinal créole serait-elle plus optimale à la conséquence une coexistence des deux systèmes médicaux ?de vue, et a mis au point une véritable stratégie de relation avec les tradipraticiens. Cette stratégie L"@ a pour
objectif explicite de déceler les ressources latentes dans la médecine traditionnelle et de les mettre, sous le contrôle
des médecins si possible, au servLŃH GH OM SRSXOMPLRQB´ " Médecine traditionnelle et médecine moderne en
République Populaire du Bénin », in Écol. Hum., Vol. VII, No 1, 1989, p. 84. 13 Par conséquent, les tradi-thérapeutes seraient-ils (elles) plus enclin(e)s à transmettre leurs connaissances et à former des disciples si la médecine traditionnelle créole était officialisée ? La transmission des pratiques et savoirs thérapeutiques serait-elle davantage pratiquéepsychanalytique de manque, de société pathogène6, pour caractériser celle de la Martinique
travers sa culture créole toujours plus active, ses initiatives littéraires et artistiques, ses
nombreux partis politiques, pour sortir de cet état de marasme. Autant de signes témoins de saforte existence, de sa culture et de son identité créoles qui en appellent à une certaine
reconnaissance de sa richesse et de sa diversité culturelle et ethnique. Aussi, appréhender cette
travers la transmission de son savoir traditionnel médicinal créole permettra une meilleure
lecture et connaissance de cette culture créole que nous connaissons par la littérature des autres.
formes originales de résistance et à ces résiliences culturelles, telle la transmission de la
médecine traditionnelle créole que nous attacherons notre recherche. Pour cela, nous définirons
sémantiques et paradigmatiques pour analyser les fondements épistémologiques de latransmission des savoirs ; puis, nous expliciterons le cadre théorique et la méthodologie choisie
pour mener à bien cette étude. Socialement implantée dans toutes les couches de la population martiniquaise, la médecinele sociologue Auguste Armet parle de société Krazé ; le sociologue André Lucrèce de société archaïque ;
détresse. 14médecine populaire a toujours existé dans toutes les sociétés paysannes et dans toutes les
civilisations. En effet, elle survit encore partout où il y a eu changement de paradigme, endes soins de santé primaires ». De plus, dans un article consacré à une appréciation de la
complémentarité des soins de santé traditionnels et modernes, Peter Kong-Ming New (1977)souligne le rôle positif des guérisseurs traditionnels dans toutes les sociétés ; le recours à leurs
services par les usagers qui les fréquentent pour leur accessibilité et leurs compétences ; et du
issu de la littérature africaine cité par Jean Benoist. " Naguère encore, nous nous tirions fort bien d'affaire... Faut-il faire la recette de nos possibilités médicales ? Nous soignons la toux chronique conçue sous le nom de tuberculose. On n'en mourait qu'accidentellement. Elle n'était pas si violente que la tuberculose d'importation qui nous décime actuellement. Nous guérissions la lèpre, la folie, l'épilepsie ; la fracture, quelle que soit sa gravité, ne durait pas une semaine. Nous avions des remèdes contre les maladies dont le traitement n'est pas encore découvert. Étions-nous donc incapables de tout comme on nous le fait chaque jour sentir ? »7communauté humaine afin de se définir et de se distinguer par rapport à une autre. Éducation et
tradition étant en liaison étroite, par conséquent, pour comprendre les ruptures qui ont eu lieu
transmission de ce savoir médicinal. Cependant, nous sommes interpellée par la démission éducative dont nous constatons malheureusement les effets et qui consiste principalement à ne plus assumer la responsabilité7 J. Benoist, op. cit., p. 85.
15des valeurs du " monde ancien » ; une réalité en crise dont témoignait déjà Hannah Arendt8. On
devient, selon ce philosophe, " une mécanique dépourvue de sens », discréditant du même coup
conceptions différentes connotant une double origine latine : educare et educere : conscience de son identité et de sa singularité.8 H. Arendt, La crise de la culture, trad. Patrick Lévy, Paris, Gallimard, 1972.
16transmises de génération en génération. Les études menées par P. Erny et A. Moumouni9
membres de la communauté qui exercent ses multiples influences sur sa personnalité. Cela a pour avantage de favoriser son intégration sociale et culturelle par le fait que son formalisent inconsciemment chez les jeunes générations et que des comportements sociaux sontde sa transmission autoritaire dans la mesure où la société a attribué à chacun la place et le rôle
qui lui revient. Il en résulte que les anciens appelés aînés, mais également tout adulte dont le
personnes avaient pour mission de perpétuer la tradition à travers un certain nombre de repères,
17 de valeurs et de convictions comme cela se faisait depuis des temps immémoriaux. Or caractéristiques distinguent les aînés des autres membres de la société ?Afin de bien appréhender la posture de chacun dans la hiérarchie sociale et dans la chaîne de
D Dawn 10 (2003) que nous trouvons fort approprié pour notre étude. Selon cet auteur : MUJHQP RX OHXU pQHUJLH L"@ IHV MvQpV OHV MQŃLHQV OHV JUMQGV-pères et les grands- mères ne conservent pas les connaissances ancestrales. Ils les vivent ». des autres, faisant apparaître in fine ce qui lie les hommes au sein de ce cosmos humain. Parconséquent, le postulat qui invite à vivre la tradition consiste à décomplexer les connaissances
en les libérant des cadres formels et institutionnalisés qui sont un frein à la transmission
naturel. La résultante est que plus tard, ces générations montantes vont assumer à leur tour ces
active. Ce savoir-vivre ensemble dans sa globalité est une représentation multidimensionnelle10M.-H.-Ph.-D Dawn, La guérison traditionnelle dans les contextes contemporains, URL:
http://naho.ca/documents/naho/french/pdf/researc consulté en novembre 2012. 18façon coordonnée en mettant en place les conditions et les actions concrètes de cette
le plus vaste de la terminologie de sa civilisation, et qui tire sa satisfaction et son bien-être dans
règles morales qui lui sont liées, créent du lien social qui relie les individus les uns aux autres,
caractère égoïste. 19mener une vie morale puis sociale, à condition que son entrée dans la vie adulte soit
sanctionnée par une formation éducative qui requiert de la discipline à caractère ascétique selon
la philosophie morale repose sur une logique rationnelle déterminée par des notions essentielles
JpQpUMPLRQ j XQH °XYUH créatrice qui la mènera, aussi bien que sa société, vers un état de
chaque nouvel arrivant demeure un gage de perpétuation, de progrès social et de cohésion dele constatons dans une société technoscientifique à dominance individualiste, favoriserait plutôt
des tensions et des conflits sociaux avec tous les corollaires que nous lui connaissons en raison12 H. Arendt, La crise de la culture, Paris, Gallimard, 1972 pour la traduction française, p. 256.
20 différent de soi. ordre social auquel il va se conformer dans sa conduite à la fois individuelle et collective. Cetévolue.
Les méthodes qui tirent leur enseignement du contexte permettent indéniablement uneenvisagée en des termes concrets dans la mesure où la réalité dispense ses leçons par les
expérimentations ainsi menées par les hommes durant des temps immémoriaux ce qui rend parfait équilibre tant avec lui-même, avec la nature ou encore avec les autres membres de la société. Moumouni, de lui donner " une compréhension de plus en plus claire de la nature et de la13 Théorie qui attribue une âme analogue à celle des humains aux éléments de la nature et qui fut avancée en
terme demeure toutefois, désignant le culte de la nature et des ancêtres encore en vigueur dans certaines sociétés
en lui quelque chose de divin », Éthique à Nicomaque, Paris, Vrin, livre X, chap. VII, § 8.
219.).
dans son acception littérale de sujet pensant, entendu plutôt comme valeur novatrice et
qui ont été transmis à la jeunesse pour que le capital humain soit préservé ; pour que la nature
soit sauvegardée et pour que les identités culturelles soient protégées. Par conséquent, le sujet
et le définit tout à la fois.En revanche, dans une étude consacrée à la transmission scolaire, autrement formelle, Pierre
Bourdieu (2007) rappelle le principe qui fonde cette modalité éducative : transmettre une
entendent communiquer à la génération montante. Désormais, il revient aux institutions
systématisées et intégrées, leur conférant par là une culture intellectuelle commune dans des
communautés de personnes qui partagent des valeurs communes. De la sorte, tous partagentinstitutions scolaires participent dans une grande mesure à la socialisation des individus,
paradoxalement, elles véhiculent et entretiennent une stigmatisation et une dévalorisation
manifeste pour les autres cultures créant ainsi une société asymétrique à dominance élitiste. De
scientificité a réduit la rationalité à la capacité de compréhension et de transformation du
22revendiquée avec un statut identique pour tous au point où nous avons du mal à repérer qui est
droits et donc pas de limites de la subjectivité.donc inopérante la nécessité de transmettre. Au demeurant, il convient désormais de créer un
mesure où il est le seul maître de ses propres acquisitions. De facto, la relation pédagogique est
Nous étudierons ce phénomène à la lumière de la philosophie platonicienne qui annonce déjà
cette tyrannie infantile lors de son analyse des systèmes démocratiques à visée égalitaire dans
son passage de la République (VIII, 562 e ± 563 a). Selon ce philosophe, tout découle selon les
23maître et élève ou encore adulte et jeune. Autrement dit, des relations fondées sur le mode de
philosophe antique, le maître en vient à craindre alors " ses disciples et les flatte, les disciples
font peu de cas des maîtres et des pédagogues. Les jeunes gens cherchent à imiter leurs aînés et
peur de passer pour ennuyeux et despotiques ». Le prix que nous payons actuellement est uneidéologie qui valorise la faculté de rester toujours jeune et insouciant, bannissant et critiquant
parallèlement toute référence à une maturité adulte qui induirait des responsabilités. Ce constat
est souligné par Alain Finkielkraut16 dans son impétueux " oubliez tout ! » et " allégez-vous du
poids de la mémoire et de la culture qui vous empêche de vivre indépendant et authentique ! ».
étroitement à la crise de la tradition. Cette dé- traditionalisation initiée vers les années soixante-
connaissance typiquement livresque avec tout ce que cela implique comme répercussions sur latraduit par un phénomène de dé -symbolisation qui se caractérise par un refus envers tout ce qui
culture qui englobe tous les aspects de la vie en société selon des normes préétablies, dans un
monde commun pourvu du même sens pour tous. Cependant, il ne fait aucun doute que le réinventer, compte tenu que nous avons besoin de toutes ces mémoires dites transversales pour redécouvrir et comprendre le monde en reliant la pluralité des manières de vivre ensemble.Comment cela se passe-t-il concrètement ?
16 A. Finkielkraut, La défaite de la pensée, Paris, Gallimard, 1987, p. 160.
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