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SAINTES/ROYAN/JONZAC

LUNDI 27 JUIN 2016 -

www.sudouest.fr

SAINTES/ROYAN/JONZAC

Chepniers

Un motard tué,

sa passagère grièvement blessée Page 14 EURO 2016 Menés au score dès le début du match, les Français ont su renverser la vapeur et venir à bout dune défense irlandaise opiniâtre (2-1). Rendez-vous dimanche en quart. Sp. p. 2 à 8

UNION EUROPÉENNE Les

chefs dÉtats européens auront fort à faire cette semaine pour préparer le départ britannique.

France et Allemagne sont

en première ligne. Page 6

Brexit :

la diplomatie sur la brèche Manuel Valls et François Hollande recevaient hier le Premier ministre italien Matteo Renzi pour évoquer les conséquences du Brexit. PHOTO C. SAIDI/AFP

Fête du cinéma

Un réseau unique

de salles obscures

Des multiplexes mais aussi des salles

rurales, des cinémas dart et essai...

La France, pays de 7

e art. Pages 2-3

Commerce viticole

Les Anglais seront

toujours clients Page 11 Antoine Griezmann, auteur dun doublé ... 58 e et 61 e minute ... congratulé par ses coéquipiers. PHOTO J.-P. KSIAZEK/AFP

Ces Bleus

ont du caractère

SUD OUEST Lundi 27 juin 2016

JULIEN ROUSSET

j.rousset@sudouest.fr I l est 17 heures, la journée com- mence pour le Zoetrope. Nous sommes jeudi, la première séance a lieu à 18 heures au cinéma de Blaye, qui se démarque des Ma- jestic et autres Lux par son nom du troisième type. Zoetrope ? Il sagit du nom (en anglais) dun jouet op- tique circulaire, que cet établisse- ment évoque par sa silhouette toute en courbes, franchement contemporaine. Quand il a ouvert, fin 2013, il semblait quun vaisseau blanc et noir venait de se poser sur le cours de la République.

Faire venir les intervenants

17 h 15. Le hall du cinéma, encore

désert, se souvient de quelques avant-premières, ses murs sont ta- pissés de photos : Gérard Lanvin,

Ariane Ascarideƒ " Nous essayons

den organiser quelques-unes cha- que année. Cest rare, hélas. Il nest pas facile de faire venir les équipes des films jusquici quand elles sont en tournée promotionnelle à Bor- deaux. 50 kilomètres nous sépa- rent, laller-retour prend trop de temps », explique Youen Bernard, di- recteur du Zoetrope.

17 h 25. Le premier client arrive.

Pierre Allard, 94 ans, est déjà venu

deux fois cette semaine. Canne, bé- ret, cravate, ce gentleman, " viticul- teur et cinéphile », salue comme des camarades les trois employés du cinéma. " Comment ça va, Pierre ? ...

Chaudement ! »

17 h 30. Une

femme se dirige dun pas assuré vers le guichet.

Isabelle Koors,

professeur de français, vient ré- cupérer des pla- ces gratuites pour les futurs champions du cross du collège. " Cest formidable, le travail que mène ce cinéma avec les établissements scolaires. Nous avons organisé des projections de films de Hitchcock, de longs-mé- trages japonaisƒ »

Le hall se remplit au compte-

gouttes. Ce soir, le cinéma propose une comédie américaine, un film danimation (" Le Monde de Do- ry »), un film fantastique et " In the

Mood for Love », du Hongkongais

Wong Kar-wai, programmé à lini-

tiative de lassociation Les amis du

Zoetrope. Cette confrérie de ciné-

philes se retrouve régulièrement ici autour dun film. Pour le voir ou le revoir et en parler ensemble, si possible avec un invité. " Le plus dur est de faire venir des intervenants, note sa présidente,

Corinne Roton. Nous avons un par-

tenariat avec des châteaux pour le vin, nous faisons des gâteaux, ain- si nous proposons toujours un verre après les projections. Cest un moment précieux car cest là que les gens, qui nosent pas forcément prendre la parole dans la salle, par- lent le plus librementƒ »

Cette semaine, une quinzaine de

films sont à laffiche des deux sal- les du Zoetrope. Des blockbusters, des films danimation, deux docu- mentaires, le dernier Almodóvar, le dernier Woody Allenƒ

Lanimation, clef de la réussite

" La programmation est variée. En revanche, pour certains films, il ny a quune séance dans la semaine.

Il faut être rigoureux dans son

agenda ! » commente un habitué. " Un cinéma de proximité, seul dans son bassin de population, doit absolument être tout public : enfants, seniors, art et essaiƒ », re- lève Kevin Laulan, lun des salariés FÊTE DU CINÉMA Face aux grands groupes et aux multiplexes, les salles de proximité résistent mieux quon ne le pense. Gros plan sur le succès du Zoetrope, à Blaye (33)

Le septième

art près de chez vous Au Zoetrope, les animations et la proximité sont des éléments essentiels de la fidélisation du public. PHOTO LAURENT THEILLET/" SO »

À Blaye,

le Zoetrope est un organe vital pour cette sous- préfecture de 5 000 habitants, sans gare ni piscine

Le fait du jour

" Sud Ouest » Un rapport publié par lavocat Pierre Kopp décrit la concen- tration de lexploitation des salles de cinéma, dominée par trois groupes :

Gaumont-Pathé, UGC, CGRƒ

François Aymé Cette concentration

est certes nette dans les grandes agglo- mérations. En revanche, il reste, dans les villes petites et moyennes, y com- pris à la campagne, une multitude de petites salles, parfois avec un seul

écran. Ainsi, dans les cinq départe-

ments dAquitaine, près de 90 ciné- mas font partie de notre Association française du cinéma dart et dessai, lAfcae. Cest un maillage unique au monde, qui fait que vous pouvez voir des films dauteur en version origi- nale à Ribérac, à Andernos, à Bazas, à

Aire-sur-lAdour, etc. Ça nexiste dans

aucun autre pays ! Cest lhéritage de la culture des ciné-clubs, de limpli- cation de beaucoup dassociations, un terreau entretenu par les profes- sionnels, le CNC (Centre national du cinéma), les collectivitésƒ Cest un réseau riche, mais fragile.

Êtes-vous inquiet pour la préserva-

tion de ce maillage ?

À moyen terme, nous sommes con-

frontés à trois difficultés. Dabord, dans les métropoles, le coût du foncier a explosé, certaines petites salles dart et dessai sont très fragiles. Deuxième problème : le vieillissement du pu- blic. La fréquentation des seniors (plus de 50 ans) ne cesse daugmen- ter (un tiers des spectateurs en moyenne), alors que celle des moins de 25 ans baisse. Cette tendance est accentuée dans les cinémas indépen- dants. Notre public ne se renouvelle pas assez. Enfin, on sent, chez les po- litiques, moins dimplication, moins de passion pour la culture, notam- ment le cinéma, que dans les années

1980 ou 1990ƒ

Comment peuvent-ils vous aider ?

Pour fidéliser le public, il faut aller

bien au-delà de la projection de films. Il faut organiser des séances spéciales, des rencontres, faire venir des invités, cest un travail quotidien, qui réclame davoir dans son équipe un salarié pour sen occuper : sur ce point, les collectivités peuvent nous aider. Les Régions, par exemple, con- centrent leurs aides, réelles, sur la production (les tournages notam- ment) ou sur les festivals. À lAfcae, nous souhaiterions quelles dévelop- pent des aides à lexploitation, pour des emplois danimateur " art et es- sai ».

À partir de quand une salle de ciné-

ma relève-t-elle de la catégorie " art et essai » ?

C"est très encadré. Un collège comp-

tant une centaine de membres (ex- ploitants, réalisateurs, distribu- teursƒ) décide, tous les quinze jours, parmi les sorties de films, les- quels relèvent de cette catégorie. Une salle peut avoir le label " art et essai » si elle diffuse un certain nombre de ces œuvres. Ce label dépend aussi du nombre de versions originales pro- posées, de la politique danimation de la salleƒ Il saccompagne dune aide financière du CNC, proportion- nelle au nombre de films art et essai programmés par la salle : plus il y a de séances, plus laide est grande.

Pour la plupart des salles, cet appui

représente 5 à 10 % du chiffre daffai- res. " Notre public ne se renouvelle pas assez », regrette François Aymé. AR. " SO »

PESSAC (33) François Aymé, directeur du cinéma Jean-Eustache (cinq salles), par ailleurs président

de lAssociation française des cinémas dart et dessai, décrit, dans la région, un réseau " riche et fragile »

" Un maillage art et essai unique au monde »

4 euros la séance pendant quatre

jours : cest le principe de la Fête du cinéma, dont la 32 e

édition

a commencé hier et se poursuit partout en France jusquà ce mercredi inclus.

Créée en 1985 dabord sur une

journée, la Fête du cinéma a connu, depuis, des durées variables : trois jours de 1993 à 2008, quatre jours depuis 2012. 32
E

FÊTE DU CINÉMA

Lundi 27 juin 2016SUD OUEST

On attendait Podemos, c"est finale-

ment le Parti socialiste qui a créé la grande surprise hier lors du dé- pouillement. Il a mieux résisté que prévu aux opérations de séduction du jeune parti de gauche sur son élec- torat et maintient son titre de pre- mier parti de gauche. À droite, le Par- ti populaire a amélioré son score et réussi à faire jouer le vote utile et con- tenir la poussée des centristes de Ciu- dadanos. Mais le résultat des urnes si- gnale aussi un résultat serré sans ma- jorité claire ni à droite ni à gauche, et lEspagne faisait face hier à une nou- velle situation compliquée.

Lincertitude domine

Les estimations en cours de dé-

pouillement signalaient hier soir que le Parti populaire (PP, droite) reste en tête avec 137 sièges sur les 350 que compte lhémicycle. Mais toujours sans majorité confortable pour gou- verner. Il creuse la distance avec le Par- ti socialiste (PSOE) avec 85, et la liste

Unidos Podemos (qui rassemble Po-

demos et les communistes dIzquier- da Unida), avec 71 députés, tandis que les centristes de Ciudadanos se main- tiennent quatrième force mais ne comptent que 32 sièges.

Les responsables politiques étaient

prudents hier soir dans lattente de résultats définitifs et, au moment où lEspagne découvre les résultats de ce scrutin, cest lin- certitude qui rè- gne. Les Espa- gnols étaient convoqués pour des élections lé- gislatives antici- pées, qui doivent mettre fin à six mois dimpasse politique, alors quaucune ma- jorité ne sétait dégagée après le scrutin de décembre 2015. Mais le ré- sultat de ces nouvelles élections ne semble pas résoudre les inconnues.

Au contraire.

Certes, le PP reste en tête et renforce

son avance, mais la victoire est encore courte pour le parti du président sor- tant. Mariano Rajoy ne pourra renou- veler son mandat que sil trouve des alliés. Mais les centristes de Ciudada- nos qui seraient des appuis potentiels nont pas assez de sièges pour rejoin- dre une majorité à droite. Sans ou- blier quAlbert Rivera, le leader de la pe- tite formation, a déjà posé ses condi- tions avant les élections : il ne voudra discuter quavec un PP qui accepte- rait de se rénover, de faire face à la cor- ruption et, même, de chan- ger de leader.

Une coalition à

lallemande ?

La nouvelle

ronde de négo- ciations san- nonce compli- quée. Le scrutin permet en effet de laisser plu- sieurs hypothèses ouvertes. Elles don- nent la clé du futur gouvernement aux partis nationalistes régionaux qui pourraient aider à former une majorité de droite. Sauf si le socialiste

Pedro Sanchez arrivait à constituer

une proposition alternative. Il perd des députés par rapport à décembre mais il sauve lessentiel, lhonneur de son parti qui sétait vu, déjà, écrasé par le rouleau compresseur Podemos. Il garde aussi le privilège du leadership

à gauche et pourrait même, peut-être,

essayer de réitérer son pacte " réfor- miste et progressiste » sil arrive à atti- rer cette fois Podemos aux côtés des centristes de Ciudadanos.

Sauf si le candidat du PSOE écou-

tait les conseils prodigués déjà depuis plusieurs semaines par les plus modé- rés de son parti, qui rejettent tout rap- prochement avec Podemos et préfé- reraient ouvrir des négociations avec le PP pour appuyer une " grande coa- lition à lallemande », laissant gouver- ner la droite avec labstention des dé- putés socialistes.

Soucieux déviter les querelles in-

ternes, Pedro Sanchez avait soigneu- sement évité jusquici dannoncer quelle serait sa politique de pactes postélectoraux. Dans un système de scrutin à un seul tour, les Espagnols devraient donc avoir la surprise, dans les prochains jours.

Cécile Thibaud, à Madrid

ESPAGNE Le PP de Mariano Rajoy remporte

les législatives devant les socialistes et Podemos

Le Parti populaire grand

gagnant sans majorité Le Partido Popular (PP, de droite) de Mariano Rajoy remporterait les élections avec plus de 130 sièges. PHOTO ANGEL DIAZ/EPA de l"établissement. Autre clé pour gagner lattachement des habi- tants : lanimation. Conférences, avant-premières, projections sco- lairesƒ à Blaye, le Zoetrope est plus quun cinéma. Il est un organe vital pour cette fragile sous-préfecture de 5 000 habitants, sans gare ni piscine. " Cest un lieu de rencon- tres, déchanges, important pour les Blayais. Il na dailleurs jamais été tagué, dégradé », fait observer le maire, Denis Baldès.

Élu en 2008, il avait promis dou-

vrir un cinéma digne de ce nom.

Le précédent, centenaire, agonisait.

" Cest un investissement très im- portant, près de 3 millions deuros.

Cest le projet dun, voire de deux

mandats », explique-t-il.

Travailler en réseau

La Ville est propriétaire. L"exploita-

tion a été confiée par délégation de service public à la société Artec, qui paie un loyer à la commune et gère par ailleurs 13 cinémas de proximité en Gironde (à Coutras,

Pompignac, Soulacƒ). " Le travail

en réseau permet de mutualiser et doptimiser des dépenses comme limpression des programmes, la maintenance du matériel », note

Youen Bernard, directeur dArtec.

Il parle avec fierté de la réussite

économique du Zoetrope.

450 000 euros de recettes de

billetterie lan dernier, 50 000 eu- ros en confiseries. Près de 80 000 entrées. Bien plus que prévu : les

études de marché tablaient sur

45 000.

Chaque soir à 19h, lessentiel

de lactu dans lEdition du soir sur sudouest.fr

LE PRIX DU BILLET. Comment se partage la re-

cette au guichet ? Sur un billet à 5 euros, à peu près ainsi : 1 euro de taxes (TVA, Sacemƒ), 2 euros pour le distributeur, qui est un peu le grossiste du film, sa centrale dachats (cest lui qui fournit les copies, gère la promotion), et 2 euros pour lex- ploitant de la salle, qui, si on file la métaphore commerçante, est le détaillant.

Le distributeur reverse une partie de ses recet-

tes au producteur, qui a " fabriqué » et financé le film.

L"EXCEPTION FRANÇAISE. Selon les données

du CNC, 205 millions dentrées payantes ont été comptabilisées en France en 2015. Un nombre en légère baisse par rapport à 2014, mais considéra- ble par rapport aux autres pays européens (139 millions dentrées payantes la même année en Allemagne, 107 millions en Italie, 171 millions en Grande-Bretagne).

Le parc de salles en France est le plus dense

dEurope, avec un peu plus de 2 000 cinémas dans lHexagone.

TROIS GRANDS GROUPES. À la demande de re-

présentants du cinéma indépendant, Pierre Kopp, avocat spécialisé en droit de la concur- rence, a rendu le 7 juin un rapport sur la concen- tration dans lexploitation des salles obscures en

France.

On peut y lire quà Paris trois circuits (UGC,

Gaumont-Pathé, MK2) détiennent 71,5 % des

écrans. Et quen France les trois premiers groupes (Gaumont-Pathé, UGC, CGR) détiennent 52,1 % de parts de marché. Ce rapport décrit par ailleurs une concentration " verticale », Gaumont et UGC étant présents aussi bien sur le marché de lexploitation que sur celui de la distribution. Une situation qui, selon lavocat, peut fausser la concurrence, par exem- ple dans laccès aux copies.

MULTIPLEXES. On comptait, en 2015, 203 multi-

plexes (8 écrans ou plus) en France. Ce nombre a doublé par rapport à 2000 (108 multiplexes

à lépoque).

Ils représentent 60 % des entrées. Mais les

multiplexes ne sont pas les seuls à se dévelop- per : en 2015, 23 cinémas ne comptant quunquotesdbs_dbs26.pdfusesText_32

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