[PDF] TRAITÉ DE SOCIOLOGIE PRIMITIVE





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  • Quel est l'objectif de la polygamie ?

    D'autre part, la polygamie permet, sur le plan économique, d'avoir une main-d'œuvre familiale suffisamment grande pour les travaux champêtres. En effet, plusieurs femmes permettent d'avoir plus d'enfants, ce qui est une richesse certaine dans un monde rural.
  • Quel est le sens de la polygamie ?

    ? polygamie
    Fait d'être marié à plusieurs conjoints, soit pour un homme (polygynie), soit pour une femme (polyandrie) ; organisation sociale légitimant de telles unions.
  • La polygamie
    La protagoniste, Ramatoulaye subit l'influence directe d'un mariage polygame lorsque son mari prend une deuxième épouse sans son consentement.

Robert LOWIE (1936)

TRAITÉ

DE SOCIOLOGIE

PRIMITIVE

(Traduction et présentation de E. Métraux) Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi

Courriel: jmt_sociologue@videotron.ca

Site web: http://pages.infinit.net/sociojmt

Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales" Site web: http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.html Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm Robert Lowie (1936), Traité de sociologie primitive. 2 Cette édition électronique a été réalisée par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi à partir de :

Robert Lowie (1883-1957)

Traité de sociologie primitive (1936)

Une édition électronique réalisée à partir du livre de Robert Lowie (1936), Traité de sociologie primitive. Paris : Union géné- rale d'Éditions, 1969, 443 pages. Collection : Petite bibliothèque

Payot, nº 137.

Polices de caractères utilisée :

Pour le texte: Times, 12 points.

Pour les citations : Times 10 points.

Pour les notes de bas de page : Times, 10 points.

Édition électronique réalisée avec le traitement de textes

Microsoft Word 2001 pour Macintosh.

Mise en page sur papier format

LETTRE (US letter), 8.5'' x 11'')

Robert Lowie (1936), Traité de sociologie primitive. 3

Table des matières

PRÉFACE

Carte indiquant la situation géographique de la plupart des tribus mentionnées Répertoire des tribus pour la carte géographique

1. - INTRODUCTION

2. - LE MARIAGE

aProhibitions de mariage bMoyens d'obtenir un conjoint cL'union préférentielle

Références

3. - LA POLYGAMIE

aPolygynie bPolyandrie cCommunisme sexuel dCommunisme sexuel hypothétique

Références

4. - LA FAMILLE

aLa parenté bilatérale bÉlasticité du lien familial cRésidence patrilocale et matrilocale dDivision du travail selon les sexes eSégrégation des célibataires fSégrégation sexuelle gAdoption hRésumé

Références

5. - RÈGLES DE PARENTÉ

aParenté maternelle et paternelle bTabous des beaux-parents cAutres tabous dPrivilèges de familiarité eTabou et licence fTeknonymie

Références

6. - LE CLAN

aTypes d'organisation clanique bOrigine ou origines cClans d'un ordre supérieur Robert Lowie (1936), Traité de sociologie primitive. 4 dTotémisme

Références

7. - HISTOIRE DU CLAN

aAntériorité de la famille bOrigine du clan cLe clan et la terminologie dakota dClans utérins et clans consanguins

Références

8. - CONDITION DE LA FEMME

aThéorie et pratique bMatriarcat cRésidence matrilocale dInterprétation économique eCorrélation avec les diverses phases de la civilisation

Références

9. - LA PROPRIÉTÉ

aCommunisme primitif bPropriété du sol cBiens mobiliers dPropriété immatérielle eHéritage

Références

10. - LES ASSOCIATIONS

aÎles Andaman bAustralie cMassaï dÎles Banks eIndiens Pueblo fCrow gHidatsa hRésumé

Références

11. - THÉORIE DES ASSOCIATIONS

aSystème de Schurtz bDichotomie sexuelle cClasses d'âge dTypes d'associations eLes sociétés d'âge chez les Indiens des Prairies fConclusions générales

Références

Robert Lowie (1936), Traité de sociologie primitive. 5

12. LE RANG

aBravoure bShamanisme : richesse cCastes dConclusion

Références

13. - LE GOUVERNEMENT

aAustralie bPolynésie et Micronésie cMélanésie et Nouvelle-Guinée dAfrique eAmérique du Nord fLa démocratie et les organisations primitives gOrganisation tribale et territoriale

Références

14. - LA JUSTICE

aResponsabilité collective bIntention criminelle cWehrgeld (composition) d

Preuves

eAustralie fIfugao gEsquimaux hIndiens des Prairies iPolynésie jAfrique kConclusion

Références

15.- CONCLUSION

APPENDICE. - LA FAMILLE, UNITÉ SOCIALE

BIBLIOGRAPHIE

Robert Lowie (1936), Traité de sociologie primitive. 6 Professeur d'anthropologie à l'Université de Californie, Robert-H. LOWIE fut l'un des principaux représentants de l'anthropologie culturelle américaine. Lors de la première publication en France de ce Traité de sociologie primi- tive, Alfred MÉTRAUX écrivait : " Cet ouvrage est venu combler une lacune importante dans les sciences sociologiques et a permis à un large public d'accéder au monde des institutions primitives, tout en constituant pour les spécialistes une vue d'ensemble sur des questions auxquelles on n'avait guère consacré jusqu'ici que des études partielles. " Peu d'ethnologues modernes étaient aussi bien qualifiés que R.-H. LOWIE pour nous tracer un tableau général de la science de l'homme [...] L'enquête directe est la seule voie pour parvenir à ce " sens de l'humain » qui doit caractériser un bon ethnologue. " Ces qualités, M. LOWIE les possède à un très haut degré. Les recher- ches qu'il a poursuivies chez les Indiens Crow l'ont classé parmi les observa- teurs les plus fins et les plus pénétrants de l'homme primitif et ont développé chez lui cet instinct qui lui permet d'interpréter les faits sans avoir recours à des systèmes absolus et rigides. »

ROBERT LOWIE

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Robert Lowie (1936), Traité de sociologie primitive. 7

Carte indiquant la

situation géographique de la plupart des tribus mentionnées

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Robert Lowie (1936), Traité de sociologie primitive. 8

Répertoire des tribus

pour la carte de la page suivante

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AFRIQUE

1. Bochimans.

2. Hottentots.

3. Herero.

4. Ovambo.

5. Zoulou.

6. Thonga.

7. Xosa.

8. Kikouyou.

9. Ouganda.

10. Bakouba. 11. Mpongwe. 12. Ekoi. 13. Kpelle. 14. Ashanti. 15. Ewé. 16. Dahomey. 17. Yorouba. 18. Azande. 19. Mangbettu. 20. Shillouk. 21. Lobi. 22. Galla. 23. Somali. 24. Watussi. 25. Massai. 26. Haoussa. 27. Foulbé. 28. Malgaches.

EURASIE

1. Ostiak.

2. Samoyèdes.

3. Altaïques.

4. Kirghiz.

5. Youkaghir.

6. Tongouzes.

7. Tchouktche. 8. Koriak. 9. Ghiliak. 10. Gold. 11. Ainu. 12. lfugao. 13. Thibet. 14. Assam. 15. Pundjab. 16. Vedda, Ceylan. 17. Andaman. 18. Lapons. 19. Albaniens. 20. Toda.

AUSTRALIE ET OCÉANIE

1. Kariera.

2. Murngin.

3. Queenslandais.

4. Warramunga.

5. Arunta.

6. Dieri.

7. Urabunna. 8. Insulaires du détroit de

Torrès.

9. Kaï, Nouvelle-Guinée.

10. Îles Trobriand.

11. Nouvelle-Bretagne

12. Nouvelle-Irlande.

13. Îles Salomon. 14. Îles Banks. 15. Nouvelle-Calédonie. 16. Fidji. 17. Samoa. 18. Tahiti. 19. Hawaï. 20. Maori.

Robert Lowie (1936), Traité de sociologie primitive. 9

21. Îles Marshall.

Robert Lowie (1936), Traité de sociologie primitive. 10

AMÉRIQUE DU NORD

1. Esquimaux.

2. Athapaskan du nord.

3. Tlingit.

4; Tsimshian.

5. Kwakiutl.

6. Noutka.

7. Thompson River.

8. Hupa.

9. Maidu.

10. Miwok. 11. Navaho. 12. Hopi. 13. Zuñi. 14. Ute, Paviotso, Paiute. 15. Pieds Noirs. 16. Crow. 17. Hidatsa. 18. Dakota. 19. Arapaho. 20. Omaha. 21. Natchez. 22. Yuchi. 23, Algonkin du nord-est. 24. Iroquois. 25. Winnebago. 26. Menomini. 27. 0jibwa. 28. Kri. 29. Aztèques. 30. Maya.

AMÉRIQUE DU SUD

1.

Yaghan.

2. Ona.

3. Bakaïri.

4. Tupinamba.

5. Bororo.

6. Uitoto. 7. Botokudo.8. Chiriguano.9. Goajiro. 10. Chané. 11. Macusi. 12. Kaingang. 13. Canella. 14. Toba. 15. Chibcha. 16. Quichua. 17. Aymara

Robert Lowie (1936), Traité de sociologie primitive. 11

PRÉFACE

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Dans l'édition originale de ce livre, j'ai tenté de résumer les faits essentiels de l'organisation sociale. et de mettre en garde contre des conclusions générales qu'on a tirées à une époque où l'ethnographie ne reposait pas encore sur une base empirique suffisante. Un critique anglais anonyme m'a comparé, non sans raison, à une servante qui enlève les toiles d'araignée dans une chambre fermée depuis longtemps. Je dois dire que cette humble tâche n'était pas le seul but que je me fusse proposé, mais c'est celui qui s'est imposé en premier lieu à l'attention de beaucoup de lecteurs. Quelques- uns ont jugé mon effort honnête, mais ennuyeux et stérile. D'autres m'ont, de plus, accusé du crime de lèse-majesté : j'aurais péché contre le nom sacro-saint de Lewis H. Morgan. Des critiques plus favorablement disposés ont déclaré que mon livre n'était qu'un compendium utile de faits qui n'avaient pas encore été réunis en un seul volume. Je ne tenterai pas ici de réfuter ces critiques dans le détail, car la réaction des lecteurs dépend nécessairement de leurs goûts et de leurs besoins individuels. Mon livre représente l'attitude de beaucoup de sociologues actuels, lesquels ne s'opposent

pas du reste à toute interprétation raisonnable, c'est-à-dire à la confrontation des faits

les uns avec les autres. En principe, je n'ai certes pas évité de tels rapprochements. Ai-je réussi à en démontrer le bien-fondé, ceci est une autre question. Refuser des

généralisations prématurées n'équivaut pas à rejeter toute espèce de généralisation.

Au sujet de Morgan, je voudrais dissiper tout doute. Les crItiques, parfois plus que sévères, que j'ai adressées à cet auteur,le visent moins lui-même que ses trop serviles défenseurs actuels. Un pionnier a beaucoup d'excuses pour lui, surtout lors-

qu'il a des résultats aussi sérieux à son actif. Si j'avais à écrire une histoire de la

Robert Lowie (1936), Traité de sociologie primitive. 12 sociologie, j'exposerais en détail ce que l'ethnographie doit à Morgan. Le but que je me proposais dans ce livre m'a conduit à souligner ses erreurs. Cependant, si je n'ai

pas rendu pleine justice à un aîné, j'ai voulu rendre sensibles les absurdités auxquelles

on s'expose en tenant un savant, quel qu'il soit, pour une autorité infaillible. Cela est d'autant plus vrai qu'à l'époque où Morgan écrivait, on manquait presque totalement d'informations sur de vastes régions. Pour ceux qui liront cet ouvrage, une réponse exhaustive à toutes les critiques qui

m'ont été adressées serait moins utile qu'un exposé de mon attitude à l'égard de

certaines écoles sociologiques. Je désirerais plus particulièrement exprimer mon opinion relative au prétendu conflit entre l'école " historique » (diffusionniste) et l'école " fonctionnelle ». A mon avis, cette antithèse est purement artificielle. Puisque c'est de la " culture » que nous avons à nous occuper, notre devoir idéal est de projeter le maximum de

lumière sur chaque parcelle de réalité qui se range sous cette rubrique. Je suis

entièrement d'accord avec Malinowski lorsqu'il dit que chaque culture n'est pas un assemblage de faits dispersés, mais un tout complet, du moins dans une mesure

considérable. Il s'ensuit qu'il est indispensable de déterminer de quelle façon se

coordonnent les éléments qui ont été observés sur le terrain. C'est poursuivre un but esthétique bien plus que scientifique que de se contenter d'une série de tableaux isolés, si brillants soient-ils, des diverses cultures. Chaque élément, chaque ensemble culturel est conditionné par l'espace et par le temps, facteurs qu'une science de la cul- ture ne saurait négliger. Si les peuples de la Mélanésie et du nord-ouest de l'Amérique présentent en commun le clan matrilinéaire, l'avunculat et l'héritage de la veuve de l'oncle, ces deux cultures ne peuvent pas être traitées comme deux systèmes fermés et

sans relations l'un avec l'autre. Quiconque les étudie sans idées préconçues, est frappé

par les ressemblances qu'ils présentent et cherche à se les expliquer. L'explication peut revêtir deux formes. Historiquement l'analogie s'éclaire pleine- ment si les tribus que nous comparons ne formaient à l'origine qu'un seul peuple, ou si elles ont dérive leurs éléments culturels d'une source unique. Fonctionnellement, la

ressemblance peut être attribuée au fait qu'un de ces éléments serait apparenté organi-

quement à un autre, si bien que la présence du premier rendrait celle du second plus probable que ne le voudraient les lois du hasard. Je suis fermement convaincu que les deux interprétations sont a priori également valables et que chacune doit trouver sa justification dans les conditions particulières du cas à considérer. S'il est prouvé que les tribus ont été en contact à un moment donné, on peut à bon droit invoquer l'argu- ment historique. Lorsqu'il ne semble pas qu'il y ait eu contact, l'analogie s'explique par le principe de corrélation, selon la loi bien connue qui veut que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Donnons un exemple concret. Une tribu du centre de la Californie, les Miwok, et une peuplade de Sioux méridionaux, les Omaha, possèdent en commun plusieurs particularités relatives à la terminologie de parenté, ainsi que certaines règles matri- Robert Lowie (1936), Traité de sociologie primitive. 13 moniales. Or ils ne sont nullement apparentés, ils sont même séparés par une immen- se région où ces caractéristiques n'apparaissent pas; et les Omaha ne partagent pas ces éléments avec les autres tribus du groupe Sioux, tels les Dakota et les Crow. Si ces éléments se sont transmis des Omaha aux Miwok, pourquoi les Dakota qui vivent tout près ne les ont-ils pas adoptés? S'ils viennent d'une autre direction, pourquoi n'ont-ils laissé aucune trace dans le territoire intermédiaire? La conclusion inévitable est que certaines particularités des termes de parenté et certaines règles matrimoniales sont en relation fonctionnelle les unes avec les autres, ce qui explique la diffusion observée ainsi que l'absence de diffusion relevée également, point tout aussi impor- tant logiquement. Par le rôle considérable que j'attribue aux relations fonctionnelles, mon point de vue me rapproche de Radcliffe-Brown dont la parenté avec l'école sociologique de Mauss et de Durkheim rend l'oeuvre particulièrement intéressante aux lecteurs fran- çais. En fait, je suis pleinement d'accord avec Radcliffe-Brown en ce qu'il fait, mais je cesse de le suivre lorsqu'il expose ce qui, selon lui, devrait être fait. Son étude sys- tématique de l'organisation sociale en Australie, sa connaissance précise et critique des anciens auteurs, sa définition bien établie des divers concepts, le rapport qu'il établit entre les terminologies de parenté et les règles matrimoniales, tout cela suscite mon admiration la plus vive. Ce qui plus est, je trouve chez ce savant un sens inné, quoique peut-être peu apparent, des problèmes historiques. Le simple fait que dans son livre sur les îles Andaman il ait compilé toutes les indications que nous possédons sur les autres Pygmées, est fort significatif. Il est évident qu'il considère comme concevable qu'il y ait quelque corrélation historique entre leurs cultures et que cette corrélation est potentiellement importante. C'est seulement lorsque Radcliffe-Brown nous expose quels devraient être les buts de la sociologie que je me trouve en sérieux désaccord avec lui. Tout d'abord, avec Radcliffe-Brown ethnographe et contre Radcliffe-Brown philosophe, je suis fermement convaincu de la valeur de l'argument historique. Les phénomènes culturels ont entre eux des rapports chronologiques dont doivent tenir compte ceux qui les étudient. Il va sans dire que nous préférons une connaissance exacte de la chronologie à de simples conjectures. Cependant, lorsque les conjectures expliquent les faits observés, lorsqu'elles peuvent s'appuyer sur des lois plus ou moins prouvées, elles sont aussi naturelles qu'inoffensives. Elles ne deviennent dangereuses que lorsqu'elles se cristallisent en dogmes. Secondement, je m'insurge contre l'idée que Radcliffe-Brown ou quelque autre savant aurait découvert une " loi sociologique universelle ». Aujourd'hui que les sciences physiques insistent moins qu'auparavant sur la valeur éternelle de leurs généralisations, c'est proclamer en somme la supériorité des sciences sociales sur les sciences naturelles. Pour en venir aux historiens qui se reconnaissent tels, j'admire profondément les tentatives que font Graebner et le Père Wilhelm Schmidt pour représenter l'ensemble de l'évolution humaine comme un tout organique. Schmidt en particulier a fait une magnifique oeuvre de pionnier en reliant les unes aux autres nos connaissances en Robert Lowie (1936), Traité de sociologie primitive. 14 préhistoire et en ethnographie. En principe, il a tenté ce que toute étude culturelle

idéale devrait se proposer : assigner à chaque culture et à chaque élément culturel sa

propre position chronologique. En pratique, son système présente deux défauts qui le rendent à mes yeux inadmissible. D'un côté, comme beaucoup d'autres auteurs, il est trop prompt à accepter pour leur valeur courante les concepts traditionnels de l'ethno- logie, créant ainsi de pseudo-problèmes. J'ai suffisamment critiqué cette tendance dans ce volume. Par exemple, si, comme je le crois, le totémisme n'est pas une réalité historique, les questions relatives à la diffusion à travers le monde de cette prétendue entité disparaissent dans une large mesure; il ne reste plus que des problèmes spécifi- ques ayant trait aux rapports entre elles des formes évidemment identiques que revêt

ce phénomène à l'intérieur de limites étroites. Ma seconde objection porte sur

l'application d'un système qui ne se base que sur les faits océaniens et africains et qui prétend reconstruire n'importe quelle culture. La seule méthode qui s'impose ici, est celle qui s'inspire de la méthode géologique : traiter provisoirement chaque zone un peu importante en elle-même, y déterminer les phases des Kulturkreise, et, en dernier lieu seulement, confronter les diverses reconstructions. Cependant le Père Schmidt s'y

refuse absolument. A la vérité, il a amélioré dans le détail le plan originel de

Graebner, mais il a conservé l'erreur fatale qui consiste à appliquer à l'Amérique et à

la Sibérie les classifications valables pour l'Océanie, sans même essayer l'opération inverse. Néanmoins, sur quelques points essentiels, on verra que les conclusions du

Père Schmidt et les miennes concordent.

Mon point de vue est donc éclectique, non par besoin de concilier toutes les tendances, mais parce que les diverses opinions actuellement en cours semblent tou-

tes contenir une part de vérité et se compléter mutuellement. Si je n'étais pas limité

par le temps, l'espace et les moyens dont je dispose, ce volume deviendrait une encyclopédie, un recueil de tableaux graphiques dépeignant les sociétés avec toute la verve et la vivacité d'impression d'un Malinowski. Je mettrais alors soigneusement en évidence un grand nombre de corrélations qui, selon moi, rem. placeraient avan- tageusement les " lois » de Radcliffe-Brown. Puis j'établirais également des rapports historiques entre les faits, je reconstruirais le cours de l'évolution sociale dans chaque continent pour tenter en fin de compte une synthèse mondiale. Toutefois, s'il m'est permis de modifier un mot de Pasteur, " le devoir cesse où le pouvoir manque », et mes lecteurs français devront se contenter d'une oeuvre beaucoup plus modeste. J'ai corrigé les fautes typographiques de l'édition américaine ainsi que certaines erreurs de fait, et, pour autant que le temps l'a permis, j'ai pris connaissance des derniers travaux parus. J'ai aussi joint à mon livre une carte indiquant la position des peuplades mentionnées les plus importantes. Je dois beaucoup de reconnaissance à Mme Métraux qui a excellemment traduit ce traité quelque peu pesant. Elle m'a redonné confiance en la traduction.

Robert-H. Lowie.

Robert Lowie (1936), Traité de sociologie primitive. 15 1

INTRODUCTION

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Dans un certain sens, la société et la civilisation primitive ont la même extension. En effet, la civilisation, ou la culture pour employer le terme ethnographique, c'est, selon la célèbre définition de Tylor, " ce tout complexe qui inclut les connaissances, la foi, l'art, la morale, la loi, les coutumes ainsi que toutes les autres facultés et habi- tudes acquises par l'homme en tant que membre d'une société ». Il s'ensuit qu'une description complète de la société implique l'étude de toutes les phases de la civilisa- tion. Il ne saurait être question ici d'une tâche aussi énorme. Je me limiterai aux aspects de la culture, qu'on appelle organisation sociale, c'est-à-dire que je traiterai des groupes qui constituent la société, de leurs fonctions, de leurs relations mutuelles et des facteurs qui déterminent leur croissance. Pourtant les différents aspects de la civilisation sont si étroitement liés les uns aux autres qu'il est en pratique impossible de se concentrer sur l'un d'eux à l'exclusion des autres. De récents événements nous ont familiarisés avec l'interdépendance mutuelle de certaines branches de la culture qui sembleraient disparates. Des opérations militaires ne sauraient être conduites avec succès sans la collaboration des savants de laboratoire et des cultivateurs. Ce principe est également applicable aux stades moins développés. Si nous voulons étudier l'organisation sociale, il ne nous est pas permis Robert Lowie (1936), Traité de sociologie primitive. 16 de négliger les facteurs industriels, car la société est souvent organisée sur le mode industriel précisément, en corporations de forgerons et d'architectes, de constructeurs de bateaux et de tatoueurs. Ce qui nous importe ici, cependant, ce ne sont point les

procédés techniques appliqués par ces artisans, même s'ils sont caractéristiques de la

société à laquelle ils appartiennent; nous traiterons plutôt de la situation de chaque

corps au sein de la communauté, de son état d'infériorité ou de supériorité, de ses

prérogatives et de ses devoirs comme unité parmi d'autres agrégats analogues ou opposés. De même, si nous avons l'occasion de nous occuper des corporations reli- gieuses, nous ne concentrerons pas notre intérêt sur des croyances ou des rites, mais sur la situation des divers groupes dans l'organisme en général. Si nous avions à considérer le christianisme sous cet angle, les différences relatives à la confession auriculaire ou à la théorie de la transsubstantiation ne figureraient que comme des étiquettes de groupe, tandis que la prééminence progressive de l'une des catégories de croyants, la décadence d'une autre, l'impuissance d'une troisième seraient les phéno- mènes qui attireraient surtout notre attention. Néanmoins, il est impossible d'établir par avance la somme des connaissances qui seraient nécessaires pour éclairer l'essentiel du problème, et, si nous n'y prenions garde, nous pourrions bien nous trou- ver plongés jusqu'au cou dans les subtilités de la dispute scolastique. Il n'en va pasquotesdbs_dbs16.pdfusesText_22
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