[PDF] n° 22/23 DHolbach Le lien organique qui existe

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n° 22/23 D'Holbach PUBLIEE AVEC LE CONCOURS DU CNL ET DES MINISTERES DE LA CULTURE ET DE LA RECHERCHE N° ISSN : 0296-8916

299
i

0 CORPUS 1992

6 Corpus no 22/23

1

PAUL HENRI THIRY, BARON

D'HOLBACH

Épistémolog et politique au XVIIP siècl

Sous la direction de

Josiane Boulad-Ayoub, UQAM, Montréa

Pour ceux de nos lecteurs qui n'auraient pas eu le no 20/21 *Bernier et les gassemlistes.v, nous reproduisons ici notre précéde éditorial La vie des revues est difficile, l'originalit6 de la nôtr ne la rend pas invuln6rable. Nous avons souvent expliquà notre dispositif et rappelà que l'éditeu de la collection n'&tait pas l'&iiteur de la revue.

Le lien organique qui existe entre

la collection et la revue a 6tk a66 par tous ceux qui, en travaillant au choix des kditions,

A la relecture des

épreuves (puisque la collection publie les textes nus), ont &cri1 des articles et prépar des num6ros sficiaux.

Il est juste que l'effacement devant le texte de

l'ouvrage puisse êtr en quelque sorte compensà par un droit d'expression dans les articles de la revue. Mais notre diffusion a sans doute

ét jusqu'i

présent et malgr& nos efforts, trop restreinte. C'est pourquoi l'existence de la revue Corpus est aujourd'hui remise en question. Aprks le numér consacrk d'Holbach (A paraîtr fm 1992), il dependra du nombre de nos lecteurs que la revue continue. Je fais une fois encore appel

A leur soutien.

Sommaire

Introduction

D'Holbach, le çmaî d'hôte de la philosophie^, Josime Boulad-Ayoub

D'Holbach

LES DgBATS SUSCIT@ PAR L'ÃŽUVR

Le rkquisitoire de Skguier, Paulette Charbonne1

Voltaire et Frédkri II, critiques du Systèm de la nature, suivi en annexe de la Répons de Voltaire, Josiane Boulad-Ayoub

D'HOLBACH ET LA PROPAGANDE DE L'ESPRIT CRITIQUE

D'Holbach et les manuscrits clandestins: l'exemple de Raby, Frm~oise Weil

Les fonds des universitks canadiennes et les

édition anciennes des ouvrages

de d'Holbach, Josiane Boulad-Ayoub Les Å"uvre philosophiques de d'Holbach dans quelques biblioth6ques française et &Neuchâtel

François Weil

~'~ilbach et Rousseau ou la relation d6plAsante. Tanguy L'Aminot

Questions d'épistémolog et

de politique

PROBLEMES CPIST~MOL~~~IQ~

La sociktt? hom6ostatique. Equilibre knergktique et composition des forces dans le

Contrat social, Marcel Hénaf

Transformations de la recherche scientifique au XVIII' siècle Frm~ois

Duchesneau

RELATIONS ENTRE @IS~MOLffilE ET POLITIQUE

Helvétius science de l'homme et pensé politique, Jean-Claude Bourdin Du traitement moral: Pinel disciple de Condillac, Paul Dunwuchel

D~BATS POLITIQUES

Entre la venu et le bonheur. Sur le principe d'utilità sociale chez Helvé tius,

Madeleine Ferland

CORPUS, revue de philosophie

Mttaphysicità de la critique rousseauiste de la reprksentation, Jacques Aumètr

L'H~UIAGE DE D'HOLBACH

La platitude matkrialiste chez d'Holbach, Jean-Claude Bourdin Svstkmes mktaohvsiaues et Svstèm de la nature. De Condillac A

C3 CORPUS 1992

Introduction

D'Holbach, le

umaîtr d'hôte de la philosophie* La science contre la dévotion la critique contre le mythe

Diderot à Voltaire, lettre du 30 octobre 1759

Paul-Henri Thiry, baron d'Holbach (1723-1789). l'athé vertueux que

Rousseau a peint sous les traits de Wolmar, est

l'une des figures les plus accomplies de ces Philosophes qui écrivirent au moment des Lumikres, la 'Révolutionn

Grimm,

l'ami allemand des

Encyclopkdistes,

en l'appelant le çligu phi- losophique~ dont il est, avec son ami Diderot, parmi les premiers chefs de file, ses ressources mat6rielles et intellectuelles considérables son éruditio et une Å"uvr immense qui va se déploye durant une trentaine d'années Le retentissant Systèm de la Nature (1770) marque l'apogk de sa peusk phiio- sophique, politique et morale. Sa popularité dangereuse et sa virulence cri- tique lui valurent i l'kpoque d'êtr attaquà aussi bien par les ennemis tradi- tionnels de la raison et de la libertà que par Voltaire et Frkdéri II, le philo- sophe-roi et le roi-philosophe2. Dans ce livre que suivent et wmplkteut, deux ans plus tard, le

Syst2fne

Social et

la Politique naturelle, d'Holbach attaque la religion, le despotisme et se fait l'avocat du matérialism le plus intransi- geant, le plus cohéren et le plus systematique de son kpoque.

Il meurt en

1789, quelques mois avant la Révolution laissant aux futurs

rkpublicaius et aux

çidéologiste

de la

Rkvolution,

un héritag théoriqu imposant oà ils ne se feront pas faute de puiser. A cet égard d'Holbach est inséparabl de la pen- sé ontologique et politique de Diderot (et de la fraction la plus radicale de l'Encyclopédie) dont il accompagne, résum et systématis les thkses direc- trices orientant la lutte contre le *tyrans, et, inévitablement inskparable aussi de Rousseau dans la mesure oà il représente son exact opposk dans les débat kpistémologique et politiques qui mettent aux prises la dernikre &&nératio des Philosophes. Les effets sociaux de l'action intellectuelle du séditieu d'Holbach et de sa coterie se feront surtout sentir vers la deuxiime tranche de la seconde moitià du XVIIP sikcle, A partir de 1763, lorsque la solide nourriture qui sor- tait de la

çboulangeri

de

Grandval,,

remplaç de manikre encore plus hardie les

çpetit

rubans,, provenant de la çmanufactur de

Ferney~.

Comme

CORPUS, revue de philosophie

'd'argent est le nerf de la guerren, mêm intellectuelle, il faut signaler A ce propos l'importance décisiv de l'appui

çéconomiqu

que prodigue le cossu baron A la critique philosophique dirigé contre le régime D'Holbach n'hki- tant pas A mettre sa richesse au service de la cause, les gros moyens financiers dont il disposait jouaient de concert avec la force lhéoriqu des kits qu'il rédigeai lui-mêm ou qu'il aidait

A diffuser, pour amplifier les revendications

critiques, et peut-êtr précipite les bouleversements qu'on anticipait. Garat, un ancien avocat, qui fut déput du Tiers Etat aux fitats généra puis ministre de la justice lors de l'exécutio de Louis

XVI, sénateu ensuite et

comte sous Napoléo ler, membre de l'Institut et acadbmicien, professeur A l'hale Normale récemmen dée souligne dans ses Mémoire sur un autre académicien Suard, la rare rencontre entre t'opulence et la philosophie qui se fit A cette époqu dans la bonne sociét en genéra et chez d'Holbach en parti- culier; il y voit

çl'indispensabl

condition qui permit finalement au Siècl de la Raison d'enfanter la Révolutio pendant laquelle la vérit enflamma les passions au lieu d'kclairer l'esprit,). Garai continue en faisant cependant l'bloge de d'Holbach, de son salon et de sa table que celui-ci avait transtor- mé en un véritabl Institut génkra avant la lettre pour y recevoir les person- nes les plus influentes de la sociét et les esprits les plus distingué de

Paris et

des capitales européennes*

Moins éclatant

A premikre vue que celle de Rousseau, la notoriét de cet ardent propagandiste des

Lumikres

que fut d'Holbach, repose sur des bases objectives solides, avant et pendant la Révolution Aprks l'éclatemen de la Révolution la voix de d'Holbach qui vient tout juste de mourir au débu de

1789, ne se tait pas. Elle est relayée A travers le salon de Madame Helvétiu

et l'action de son cercle, par ceux qui furent ses derniers amis et qui formtrent le noyau actif des Idéologues l'Encyclopédi vivante, comme eux-méme s'appelkrent. Le rôl capital pour l'histoire et la philosophie que d'Holbach a jouà pendant le troisikme quart du

XVIII'

sikcle, tient par conséquen non seu- lement A l'envergure de sa pensé mais aussi A l'action aux début de la Révo lution, action politique et théorique de ceux qui furent ses disciples, ses colla- borateurs ou ses jeunes protégé Naigeon, le futur membre de l'institut, a

ét

son collaborateur-secrélaire son ami intimement au fait de ses travaux et de ses idées

On sait

par ailleurs que l'Institut est une créatio de la Convention qui faisait ainsi revivre les

Academies

ci-devant royales mais en les réduisan en classes spécialis6e comme une sorte

çd'Encyclopéd

de toutes les sciences>. Or Naigeon avait un sikge dans la classe qui remplaçai 1' Acadk- mie français pendant qu'en mém temps, le progrè des sciences sociales pendant tout le demi-siècl précéde le justifiant assez, une nouvelle classe, qui sera connue plus tard comme l'Académi des Sciences Morales et Poli- tiques,

étai

a& dans laquelle on pouvait retrouver des jeunes gens comme 8

Introduction, Josiane BOULAD-AYOUB

Volney ou Cabanis, ceux-l2i mêm que D'Holbach vieilli encourageait dans le salon de Madame Helvétiu ou qu'il rencontrait dans les réunion des Clubs politiques. Cette nouvelle classe étai surtout, comme on l'a dit, un admirable forum. Les jeunes

Id6ologistes

qui avaient survéc

2i la Terreur s'y occupant

avec ferveur de garder vivante ta philosophie des Lumikres sous sa derniere modulation5, celle pr0pagé. par d'Holbach et par Diderot, dans l'espoir de prkparer les futures gknération aux lois de la raison et aux kgles de la libertk.

Le Systèm de

la nature, ou des Lois du monde physique et du monde moral, par M. Mirabaud, paraî donc en

1770 en 2 volumes. Son vkritable

auteur, d'Holbach, ne sera révél au public que cinquante ans plus tard: l'éditio de

1821 (Paris, etienne Ledoux libraire) est en effet la premikre qui,

dans sa page-titre, associe le nom du baron

2i l'ouvrage. Le secret, de mise 2i

l'kpoque pour les kcrits subversifs, devenait plus imp4ratif que jamais i l'égar d'un texte qui prûnai un matkrialisme et un athkisme absolus et qui, au passage, mettait i mal rois et gouvernements. Seuls dix membres de la synagogue^, nous assure Morellet6, savaient ou plutô avaient reconnu dans leur hôt de Grandval, le pkre du scandaleux mais retentissant'Système

Pourtant, et

cela donne la mesure de leur solidarità comme de la gravilà des enjeux philosophiques-politiques en cause, aucun des fr6res n'eu avait rien laissé paraître

L'originalité du

Syst2me

tenait, en effet, et les contemporains ne s'y mm- paient pas qui le consacrèren aussitô comme l'arsenal et la bible tout 2i la fois de la raison future8, d'une part,

2i son caractere systkmatique justement,

fait d'un mklange concertà de dogmatisme doctrinal, de génkralisation scien- tifiques et d'audacieuse critique, d'autre part, i la radicalilà de son ontologie et de ses thkses anthropologiques et politiques. Le Systèm met en scene, au bénkfic du combat des Philosophes, une idéologi puissante

2i proportion de

sa cohkrence, et qui s'appuie pour porter les coups contre les deux puissances traditionnelles, le trôn et l'autel, sur un monisme dynamique

çconséquent

dksireux de mettre

2i profit les acquis scientifiques de l'époque Son discours

va ainsi plus loin, plus fort, et surtout de faço plus liée que n'importe quel autre discours matérialist avant lui, y compris

De l'Esprit (1758) de Helvé

tius. Aussi bien la bombe métaphysiqu qui éclat de la sorte,

2i la fm des

Lumikres, marque l'entré de la révolutio critique des Philosophes dans sa phase violente et finale; elle laisse pressentir sa rksolution toute proche dans la révolutio politique. Le Triomphe de Voltaire, l'Apothéos de Rousseau sont proches; mais c'est peut-êtr le grand honneur de d'Holbach que d'avoir, dans l'ombre, sur les murailles de l'Ancien Régime tracà d'une main terme, sans relâche sous des formes diverses autant que nombreuses, tel un &ou- table

Mané

Thkl,

Phares, les signes

de son 6croulement. 9

CORPUS, revue de philosophie

Nous nous sommes attaches dans ce numér publià & l'occasion de la rkéditio du Systèm de la Nature (bientô suivi du Systè Social) dans la collection du Corpus, ?i mettre en lumikre ces formes diverses de la lutte théoriqu et politique de d'Holbach et du

çpart

des

Philosophes~,

telle qu'elle a jeté les bases de notre modernità philosophique et idéologique La premièr partie est consacré plus explicitement aux aspects de la pensé de d'Holbach. Elle regroupe les contributions qui font 6tat des débat épistémologique moraux et politiques suscitks par le

Systèm (Paulette

Charbonnel,

Josiane Boulad-Ayoub, Jacques Domenech), ainsi que de la relation déplaisant entre le baron et cette autre figure majeure de la fin du XVIIP siècle Rousseau (Tanguy L'Aminot). Une section plus factuelle dres- se, ?i l'intérieu de cette premi&re partie, sous forme de listes bibliogra- phiques des kditions anciennes des ouvrages de d'Holbach conservkes dans les bibliothèque française (François

Weil) et canadiennes (Josiane

Bou- lad-Ayoub), le tableau des activitks du baron comme le plus fécon propa- gandiste de l'esprit philosophique au siècl des Lumières ce siècl oà selon la formule de Diderot & Voltaire, on oppose la science & la à évotio et la cri- tique au mythe. La seconde partie s'organise autour de d'Holbach, plus exactement en reprenant dans le contexte théoriqu plus large oà sa réflexio s'est insérk quelques-unes des questions épistémologiqu et socio-politiques qui ont occupà les contemporains iA l'amont comme & l'aval de sa pensée tels Helvk- tius (Jean-Claude Bourdin, Madeleine Ferland), Rousseau (Marcel

Hénaff

Jacques

Aumktre),

Condillac, De Gerando et les Idéologue (Paul

Dumou-

chel, Georges Leroux), ou encore en s'interrogeant dans une perspective méta-discursive d'un wt6, sur le problkme ontologique et pratique que pose la thès matkrialiste (Jean-Claude Bourdin) comme d'Holbach (et ses futurs héritiers la défend de l'autre sur les conséquence entraînk par les trans- formations institutionnelles de la recherche scientifique et philosophique (Françoi Duchesneau) en ce XVIII' siècle précurseu sur ce point comme tant d'autres de notre propre siècle

Introduction, Josiane BOULAD-AYOUB

NOTES

1. L'ouvrage connut une trentaine de rééditio et, des traductions en anglais, en espagnol, en

américai et en allemand jusque en 1823, date =prè laquelle on ne le retrouve ~lus dans le com-

merce courant, sans doute pour des motifs politiques.

2. Voir plus loin notre article

sur ce sujet dans ce numéro

3. Comme

on le verra dans les contributions à ce numér qui s'occupent d'étudie le programme cial et politique de Rousseau. 4.

Mémoire historiques sur la vie de Monsieur Suard, sur ses écrits et sur le 18 siècle Paris,

Belin, 1820, pp.

206 sq.

5. Comme on le

verra dans les contributions de la dernièr section de ce numér consacré à l'héritag de d'Holbach.

6. AbM MoreIlet, Mémoire sur le Dix-huitièm siècl et la Rbolution, coll. le Temps retrouvé

Mercure de

France. Paris 1988, p. 133. MoreIlet mentionne les anus du baron, oui. familiers de s, conversation et de ses id& philosophiques l'avaient reconnu comme l'auteur du Systèm mais qui avaient gardà le silence le plus strict ç l'idé du danger qu'eû couru notre ami par une indisa& tion~. ll s'agissait, en sus de MoreIlet. de Marmontel, Saint-Lambert. Suard. le chevalier de Chas-

tellux, ~oux, Darcel, Raynal et Helvétius A quelques exceptions prè tous ces çphilosophes

assisteront

à la Révolutio et applaudiront, au moins au début et avant les excè des jacobins, Ã

son idéa politique et à ses valeurs. Voir aussi à ce sujet Frank A. Kafker, "Les encyclopidistes et

la Terreur", Revue d'bssioire modem et contempor284-295. 7.

çO promet une récompens à celui qui découvrir l'auteur inconnu du Systèm de la Nature

et l'on fait bien^ écri le 29 octobre 1770 le duc de Wurtemberg à l'ab& Bergier qui avait -ni-

festÃ

son intention de publier une réfutatio "le l'ouvrage. Voltaire, pour sa part, écri à d3AIem-

ben, le 16 juillet 1770, en lui demandant ce qu'il en pense de son dté qu'on n'éclat pas contre ce livre avec fureurn, et Voltaire poursuit: ço s'arrache ce livre dans

toute I'Europe~. Voir Correspondance, éditio Besierman, Bibliolhkque de la Pléiade NRF-Gal-

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[PDF] le lieu où j'habite cycle 3

[PDF] le lieu. Il s'agit des compléments circonstanciels de lieu (CCL). Exemple : Des fleurs poussent dans le pré. (? Où poussent elles ?) CCL. le temps.

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