Analyse de documents en Histoire
La Chine souhaite jouer un rôle majeur sur la scène internationale au tournant des années 1950 et 1960. Depuis 1949 Mao Zedong cherche à construire un Etat
Analyse de 2 documents dhistoire : la Chine et le monde depuis
Analyse de 2 documents d'histoire : la Chine et le monde depuis 1949. consigne : à partir du tableau d'évaluation des 2 documents et de vos connaissances.
Activité 1 : Travail collaboratif – Méthodologie de létude critique de
LA CHINE ET LE MONDE DEPUIS 1949 : CLASSE INVERSEE Analyse des documents au brouillon : Je dois : ... Rédiger l'étude critique de deux documents.
Analyse dun document en histoire TS SUJET : La Chine et le
SUJET : La Chine et le monde depuis 1949. CONSIGNE: Identifiez précisément le document. du président chinois Xi Jinping le 27 mars 2014.
HISTOIRE – Thème 3 – Chap.2 : La Chine et le monde depuis 1949
À l'examen ce chapitre peut donner lieu à une composition ou à une étude critique de document(s). I. 1949-1979 : la Chine communiste de mao Zedong.
Faire écrire pour analyser des documents
H2-2 – La Chine et le monde depuis 1949 (4-5h). TYPE EXERCICE ÉTUDE CRITIQUE DE DOCUMENT(S). ANALYSE DE DOCUMENT(S). CONSIGNE.
Perspectives nationales en Chine nationaliste (1927-1949
22 mars 2021 entific research documents whether they are pub- lished or not. ... proche alternative pour l'étude des phénomènes nationaux en Chine.
CHAPITRE 3 - La Chine : à la conquête de lespace des mers et des
Dès 1949 Mao Zedong souhaite construire une marine puissante. Les moyens demeurent toutefois limités : les militaires de la marine chinoise sont
Fiche Chine 1949
Titre de la séquence Classe inversée : la Chine et le monde depuis 1949 – les de groupe vont parfaire la méthode de l'étude critique de documents.
Par Yohan BRIANT
Résumé : FHP MUPLŃOH SURSRVH G·MQMO\VHU XQH MSSURŃOH MOPHUQMPLYH GH O·pPXGH GHV
phénomènes nationaux en Chine, inspirée à la fois des avancées réalisées dans le
domaine des études chinoises et dans celui des études sur le nationalisme. NousSURŃpGRQV GMQV XQ SUHPLHU PHPSV SMU XQ pPMP GHV OLHX[ VXŃŃLQŃP GH O·XQH HP O·MXPUH GH
ces disciplines, tant par soucis de clarté épistémologique que par la nécessité de montrer
O·LQPpUrP TX·LO SHXP \ MYRLU j V·pORLJQHU GX SMUMGLJPH GH OM PRGHUQLPp ORUVTX·LO HVP
TXHVPLRQ GHV SOpQRPqQHV QMPLRQMX[B F·HVP GMQV ŃHPPH PrPH ORJLTXH TXH QRXV enchaînons alors par à une analyse comparative des principales perceptions nationalistes en Chine entre 1927 et 1949. Construite autour de deux concepts centraux que sont le minzu et le parti-État, cette analyse a pour but de démontrer comment le nationalisme chinois peut être perçu comme un ensemble systémique à part entière et comment ce type de démarche, ancrée dans une perspective inclusive et pluri-disciplinaire, peut élargir les débats autour du nationalisme et développer notre compréhension globale de ce phénomène complexe.I·pPXGH GHV nationalismes a très tôt occupé une place particulière au sein de la sinologie
RŃŃLGHQPMOHB I·OLVPRULRJUMSOLH PRGHUQH HQ M IMLP XQ SRLQP G·MUPLŃXOMPLRQ PMÓHXU OH ÓMORQ
V\PNROLVMQP OH SMVVMJH G·XQH pSRTXH j XQH MXPUH ŃH TXH OHV PUMYMX[ UpŃHQPV ŃRQVMŃUpV à la
Chine contemporaine perpétuent pour la plupart. Les efforts consacrés au développementde son soft power VHV MPNLPLRQV VPUMPpJLTXHV GMQV O·HVSMŃH MLQVL TX·HQ PHU RX VXU OH ŃRQPLQHQP
MIULŃMLQ PMLV MXVVL OH ŃRQPU{OH MŃŃUX TX·H[HUŃH OH JRXYHUQHPHQP Vur les populations ; la
SOXSMUP GHV pYpQHPHQPV SROLPLTXHV G·LPSRUPMQŃH VRQP MVVRŃLpV j OM PRQPpH HQ SXLVVMQŃH G·XQ
QMPLRQMOLVPH HPOQLTXH TX·RQ OLH YRORQPLHUV j XQH MPNLPLRQ OpJpPRQLTXH V\PNROH G·XQH nouvelle ère. Ce lien fait émerger un paradoxe entre le développement moderne, et donc relativement récent, de la nation chinoise et la longue histoire de la civilisation dont les nationalisteschinois se revendiquent les héritiers. Naturellement, il existe un décalage perpétuel entre la
façon dont les nationaOLVPHV ŃRQoRLYHQP OHXU QMPLRQ Ń·HVP-à-dire comme une entité organique,
quasi-immémoriale, et ce que la recherche a permis de comprendre sur les phénomènesQMPLRQMX[ HQ JpQpUMOB FH ŃRQPUMVPH PHP ŃHSHQGMQP HQ OXPLqUH OHV OLPLPHV TX·LO \ M j ŃRQŃHYRLU
la nation comme un phénomène résolument ancré dans la modernité. Car cette conception sous-HQPHQG XQH GpILQLPLRQ UHOMPLYHPHQP UpGXŃPULŃH G·XQSOpQRPqQH G·MXPMQP SOXV ŃRPSOH[H TX·LO UHSRVH VXU XQH GLPHQVLRQ PXOPLSOH j OM IRLV
politique, sociale, individuelle et collective. La nature exclusivement moderne de la nation estG·MLOOHXUV ORLQ GH IMLUH O·XQMQLPLPp \ ŃRPSULV MX VHLQ GHV pPXGHV VXU OH QMPLRQMOLVPH HP ŃHPPH
MNVHQŃH GH ŃRQVHQVXV M ŃRQGXLP GHV ŃOHUŃOHXUV j V·pORLJQHU GH OM TXHVPLRQ GH OM PHPSRUMOLPp
de la QMPLRQ MX SURILP G·MSSURŃOHV SMUMOOqOHVB F·HVP GMQV ŃHPPH OLJQpH TXH ŃH VLPXH ŃHP MUPLŃOHB
131RPUH RNÓHŃPLI HVP GH SUpVHQPHU HP G·LOOXVPUHU XQH MSSURŃOH OLVPRULRJUMSOLTXH MOPHUQMPLYH GH
O·pPXGH GHV SOpQRPqQHV QMPLRQMX[ HQ FOLQH TXL SUHQQH VLPXOPMQpPHQP MSSXL sur lespYROXPLRQV GH O·OLVPRULRJUMSOLH ŃOLQRLVH MLQVL TXH VXU OHV POqVHV SRVP-modernistes des
théoriciens du nationalisme1, afin de présenter le nationalisme avant tout comme un espace discursif complexe. Ce postulat soulève naturellement plusieurs questions, en particulier celle de savoir laSOMŃH GH ŃHPPH MSSURŃOH SMU UMSSRUP j O·OLVPRULRJUMSOLH GH OM FOLQH HP SMU UMSSRUP MX[ pPXGHV
nationalistes. Où se situe-t-elle vis-à-YLV GH O·OLVPRULRJUMSOLH GH OM FOLQH HP GHV pPXGHV
nationalistes ? En quoi constitue-t-elle une alternative et sur quoi se construit-elle ? AutantG·LQPHUURJMPLRQV GRQP OH PUMLPHPHQP SUpVXSSRVH TXHOTXHV SUpŃLVLRQV TXMQP MX ŃRQPHQX GH ŃHP
MUPLŃOHB 1RPUH RNÓHŃPLI Q·HVP SMV GH GpILQLU XQH MSSURŃOH QRXYHOOH PMLV NLHQ GH SUpVHQPHU HP
d·LOOXVPUHU XQH MSSURŃOH SMUMOOqOH ŃRPSRVpH G·pOpPHQPV POpRULTXHV PXOPLSOHV ŃHUPHV LVVXV GH
plusieurs disciplines, mais définis et préexistants. La première partie de notre travail
constituera donc en un état des lieux synthétique du champ des études nationalistes et de O·OLVPRULRJUMSOLH VXU OHV QMPLRQMOLVPHV HQ FOLQH PRGHUQHB FHPPH pPMSH LQGLVSHQVMNOH j OM compréhension des éléments constituants de notre approche comme du contexte ayant favorisé son développement, sera suivie par une analyse comparative des conceptions nationalistes respectives du Parti nationaliste (KMT) et du Parti communiste chinois (PCC)lors de la période 1927-1E4EB FHPPH SpULRGH ŃRPSOH[H TXL GpNXPH HP V·MŃOqYH MYHŃ OH UpJLPH
autoritaire dirigé par Chiang Kai-shek, est marquée par une instabilité chronique, caractérisée
SMU OM PUMQVIRUPMPLRQ GHV IRUPHV SROLPLTXHV TX·MŃŃRPSMJQH XQH PXPMPLRQ GH OM VRŃLpPpŃOLQRLVH MLQVL TXH O·LQPHQVLILŃMPLRQ GX ŃRQIOLP MYHŃ OH 3FFB 7RXV ŃHV pOpPHQPV IRUPHQP XQ
terrain privilégié pour étudier les évolutions structurelles des discours nationalistes, ce qui va
QRXV SHUPHPPUH G·LOOXVPUHU QRPUH MSSURŃOHB
I ² État des lieux des principaux courants des études nationalistesI·HVVHQPLHO GH ŃHPPH SUHPLqUH SMUPLH VHUM GRQŃ ŃRQVMŃUp j XQH GLVŃXVVLRQ GHV SULQŃLSMOHs
POpRULHV HP SULVHV GH SRVLPLRQV MXPRXU GHVTXHOOHV VH VPUXŃPXUH O·pPXGH GHV QMPLRQMOLVPHV HP VHV
concepts satellites. Nous avons fait le choix de nous concentrer exclusivement sur les débatsconsécutifs au renouveau des études nationalistes, délaissant donc les travaux antérieurs à la
seconde moitié du XXème siècle ŃH TXL QH GLPLQXH HQ MXŃXQ ŃMV O·LPSRUPMQŃH ŃRQVLGpUMNOH
de ces travaux, qui continuent à être régulièrement référencés. Si nous ne devions nous appuyer que sur un seul ouvrage pour présenter les étudesQMPLRQMOLVPHV LO V·MJLUMLP SURNMNOHPHQP GH Theories of Nationalism : a critical introduction, de Umut
Özkimirli2B FHP RXYUMJH UHPUMŃH O·pYROXPLRQ GH O·pPXGH POpRULTXH GHV QMPLRQMOLVPHV SUpVHQPH
ses principaux contributeurs, le cadre général de leurs théories, le tout de façon
compréhensive et dans une perspective analytique. Remarquablement bien structuré, ce1 Cette formule nous permet de regrouper un ensemble hétéroclite de théoriciens ayant en commun la volonté
G·MOOHU MX-delà des débats sur la temporalité des nations. Nous reviendrons, dans une partie ultérieure, sur ce
que cela comprend.2 Par soucis de clarté, les références complètes correspondant aux titres des ouvrages mentionnés lors de cette
première partie seront à retrouver dans la bibliographie situéH HQ ILQ G·MUPLŃOHB 14 travail déconstruit les paradigmes principaux en plusieurs noyaux de théories et de concepts,VXU OHVTXHOV VRQ MXPHXU SRVH XQ ±LO ŃULPLTXHB FOMŃXQ GHV ŃOMSLPUHV j O·H[ŃHSPLRQ GHV GHX[
premiers chapitres introductifs) se conclut ainsi par un argumentaire précis ayant pourRNÓHŃPLI GH ŃLUŃRQVŃULUH O·HQVHPNOH GHV OLPLPHV M\MQP PUMLP MX[ GLIIpUHQPV ŃRXUMQP TX·LO UHSOMŃH
au sein des débats contemporains3. Özkimirli achève finalement son ouvrage par une
UpIOH[LRQ JpQpUMOH VXU O·MSSURŃOH POpRULTXH GX QMPLRQMOLVPHB FHPPH YRORQPp GH UHSHQVHU OHV NMVHV GH O·pPXGH GHV QMPLRQMOLVPHV UMSSURŃOH Theories ofNationalism GH O·RXYUMJH Encyclopedia of Nationalism, compilé par Athena S. Leoussi. Ce travail
HVVHQPLHOOHPHQP pSLVPpPRORJLTXH V·HIIRUŃH GH SURSRVHU XQH OLVPH G·HQPUpHV VXU GHV ŃRQŃHSPV
ÓXJpV HVVHQPLHOV j O·pPXGH GHV SOpQRPqQHV QMPLRQMX[ GMQV OHXU JORNMOLPpB I·RXYUMJH M NpQpILŃLp
GX ŃRQŃRXUV G·$QPORQ\ D. Smith, dont la première édition de Nationalism : Theory, Ideology,
History est publié la même année. Moins critique que Nationalism and Modernism, un précédent
RXYUMJH j O·MSSURŃOH VLPLOMLUH ŃH PUMYMLO M SRXU RNÓHŃPLI © G·H[MPLQHU OHV MVSHŃPV POpRULTXes,
idéologiques et historiques variés du concept de nationalisme, ainsi que les principaux
paradigmes explicatifs dans ce domaine »4, ce qui ressort à travers la structure thématiqueSULYLOpJLpH SMU O·MXPHXUB (QILQ Repenser le nationalisme. Théories et pratiques, édité par Alain
Dieckhoff et Christophe Jaffrelot, est similaire au livre de Smith, avec la particularité deUHJURXSHU HQ PMÓRULPp GHV MXPHXUV IUMQŃRSORQHV ŃH TXL SUpVHQPH XQH YLVLRQ MOPHUQMPLYH G·XQ
ŃOMPS G·pPXGH GRPLQp SMU OHV MXPHXUV MQJOR-saxons. La construction de ces ouvrages souligne la façon dont les débats sur la nation et leQMPLRQMOLVPH V·MUPLŃXOHQP MXPRXU GH SOXVLHXUV ŃRQŃHSPV RUJMQLVpV VHORQ GHV HQVHPNOHV
théoriques. Ces ensembles sont établis autour de concepts définis, favorisant le GpYHORSSHPHQP G·XQH SHQVpH SMUMGLJPMPLTXH RUJMQLVpH GH IMoRQ j UpSRQGUH j XQ HQVHPNOHGH SURNOpPMPLTXHV ŃHQPUpHV MXPRXU GH O·RULJLQH GH OM QMPLRQB F·HVP MLQVL TXH OH GpNMP ŃOMVVLTXH
V·HVP RUJMQLVp MXPRXU GHV TXHVPLRQV GH O·pPHUJHQŃH HP GH OM UHSURGXŃPLon des nations, puis
TX·XQ HQVHPNOH GH POpRULHV OpPpURŃOLPHV VH VRQP SURJUHVVLYHPHQP GpYHORSSpHV MXPRXU GHVSMUMGLJPHV PRGHUQLVPHV HP SULPRUGLMOLVPHVB I·MSSURŃOH PRGHUQLVPH HVP MQŃUpH GMQV OH
constructivisme, avançant que nations et nationalismes résultent HVVHQPLHOOHPHQP GH O·MŃPLRQ
de phénomènes modernes. Souvent critiquée pour son caractère vague et peu objectif5, laQMPXUH H[MŃPH GH OM PRGHUQLPp HP GHV ŃRQGLPLRQV H[MŃPHV IMYRULVMQP O·pPHUJHQŃH GHV QMPLRQV
est sujette à débat, y compris parmi les modernistes. Un consensus a néanmoins pu se former autour des trois points suivants :1) Le phénomène national est récent et les plus anciennes nations ne remontent pas à
plus de deux ou trois cent ans.2) Seuls les processus caractéristiques du monde moderne ont SHUPLV O·pPHUJHQŃH GHV
QMPLRQV HP GX QMPLRQMOLVPHB (UQHVP *HOOQHU IMYRULVH O·LQGXVPULMOLVMPLRQ HP FOMUOHV 7LOO\ O·pPHUJHQŃH GX ŃMSLPMOLVPH PRGHUQH UHÓRLQP HQ SMUPLH SMU %HQHGLŃP $QGHUVRQ TXL PHP3 I·RXYUMJH VHUM UppGLPp HQ 2010 HP 2017 SUpVHQPMQP j ŃOMTXH IRLV XQH YHUVLRQ MŃPXMOLVpH GH ŃHP pPMP GHV OLHX[B
4 SMITH Antony D., Nationalism: Theory, Ideology, History [2001], Cambridge, Polity Press, 2010, p. vii. Traduction
libre.5 SMITH Anthony D., Nationalism and Modernism, [1998], Londres, Routledge, 2003, p. 37.
15 HQ MYMQP OH ŃMSLPMOLVPH G·LPSULPHULHB G·MXPUHV PHOV TXH (Uic Hobsbawm et John %UHXLOO\ SULYLOpJLHQP OH GpYHORSSHPHQP GH O·ePMP PRGHUQH6.3) la nation est une construction qui sert de justification au nationalisme.
Le modernisme a considérablement fait progresser le domaine des études nationalistes, auSRLQP G·HQ GHYHQLU O·RUPORGR[LH PMLV LO Q·HQ GHPHXUH SMV PRLQV ŃRQPHVPpB IH SULPRUGLMOLVPH
ŃRQPUH OHTXHO V·HVP ÓXVPHPHQP GpYHORSSp OH PRGHUQLVPH MUJXPHQPH HQ IMYHXU G·XQH RULJLQHQMPXUHOOH GH OM QMPLRQ TX·HOOH VRLP G·RULJLQH VRŃLRNLRORJLTXH RX ŃXOPXUHOOHB © Le primordialisme,
écrit Umut Özkirimli, ŃRQŃHUQH OHV pPRPLRQV HP O·MIIHŃP7 », la contribution principale de
O·MSSURŃOH SULPRUGLMOLVPH UpVLGH HQ HIIHP GMQV VRQ MSSURŃOH GH OM GLPHQVLRQ MIIHŃPLYH GH OM
nation, notamment son caractère immuable et éternel.Les cUR\MQŃHV SULPRUGLMOHV ŃRQŃHUQHQP OHV PRGHV G·MPPMŃOHPHQP UHOMPLRQQHOV ŃRQVPLPXPLIV MX[ OLJQpHV j
OM IRLV IMPLOLMOHV HP PHUULPRULMOHVB IHV ŃUR\MQŃHV MX VXÓHP GH OM ŃUpMPLRQ OM PUMQVPLVVLRQ HP O·RUJMQLVMPLRQ GH
la vie forment les références cognitives aux RNÓHPV L"@ MXPRXU GHVTXHOV VH ŃRQVPLPXHQP GLIIpUHQPHV
VPUXŃPXUHV G·MIILQLPpV kinship), de la famille à la nation : ce sont les relations primordiales8.
FHPPH MSSURŃOH ŃRQPLQXH G·rPUH IRUPHPHQP ŃULPLTXpH9. Les principaux griefs énoncés à
O·HQŃRQPUH GX SULPRUGLMOLVPH UpVLGHQP GMQV OH IMLP TX·LO QH SHUPHP SMV GH ÓXVPLILHU GH
O·pPHUJHQŃH GHV QMPLRQVB HO SURSRVH ŃHUPHV XQH H[SOLŃMPLRQ MX PUqV IRUP VHQPLPHQP
G·MPPMŃOHPHQP j OM QMPLRQ PMLV QH UpSRQG QL MX ŃRPment ni au pourquoi. On reproche, àO·LQYHUVH VRQ ŃRQVPUXŃPLYLVPH H[ŃHVVLI MX PRGHUQLVPH TXL YM ÓXVTX·j ŃRQVLGpUHU © la nation
et le nationalisme comme de pures constructions socio-OLVPRULTXHV VL ŃH Q·HVP GHV constructions totalement artificielles »10. F·HVP QRPMPPHQP VXU ŃHPPH NMVH TXH V·HVP IRUPXOpH OM ŃULPLTXH HPOQR-symboliste. Cette approche met en avant les origines prémodernes des nations, tout en admettant que le QMPLRQMOLVPH HVP XQ SOpQRPqQH GRQP O·pPHUJHQŃH HVP GLŃPpH SMU GHV ŃRQGLPLRQV OLpHV j OM modernité. Plusieurs chercheurs tels que John Hutchinson, Athena S. Leoussi ou encore Montserrat Guibernau, sont des contributeurs réguliers des thèses ethno-symbolistes, maisVRQ ŃOHI GH ILOH GHPHXUH $QPORQ\ GB 6PLPOB F·HVP G·MLOOHXUV HQ SMUPLH OM UMLVRQ pour laquelle
le tout continue de former un ensemble théorique homogène, sans divergences majeures.6PLPO ŃRQoRLP O·HPOQR-V\PNROLVPH ŃRPPH OH PUMLP G·XQLRQ UHOLMQP OH PRGHUQLVPH MX
SpUHQQLMOLVPH HP UHÓHPPH MLQVL PRXPH MVVLPLOMPLRQ j O·XQ RX O·MXPUH GH ŃHV paradigmes11, même si
6 HOBSBAWM Eric, Nations and Nationalism Since 1780, [1990] Cambridge, Cambridge University Press, 1992,
206 p. ; BREUILLY John, Nationalism and the State, Manchester, Manchester University Press, 1993, 474 p.
7 ÖZKIRIMLI Umut, Theories of Nationalism: A Critical Introduction. Second edition, Londres, Palgrave Macmillan,
2010, p. 66. Traduction libre.
8 GROSBY Steven, " Primordiality », dans LEOUSSI Athena S. (dir.), Encyclopedia of Nationalism, New
Brunswick & Londres, Transaction Publishers, 2001, p. 252-255. Traduction libre.9 Graham Day et Andrew Thompson diront dans leur ouvrage Theorizing nationalism TXH OH SULPRUGLMOLVPH Q·M
ÓMPMLV pPp SOXV TX·XQ pSRXYMQPMLOB
10 GAT Azar, Nations: The Long History of and Deep Roots of Political Ethnicity and Nationalism, Cambridge,
Cambridge University Press, 2013, p. 380. Traduction libre.11 Voir en particulier SMITH Anthony D., The Ethnic Origins of Nations, Oxford, Blackwell Publishing, 1986,
312 p. ; SMITH Anthony D. Ethno-symbolism and Nationalism. A cultural approach, Londres & New York,
16 de son propre avis les ethno-V\PNROLVPHV Q·RQP SX IRUPHU TXH GHV MSSURŃOHV HP MXŃXQHthéorie12B )RUŃH HVP GRQŃ GH ŃRQVPMPHU TX·MXŃXQ GHV SMUMGLJPHV ŃOMVVLTXHV QH VHPNOH rPUH HQ
mesure de fournir une explication universelle à la formatiRQ GHV QMPLRQVB F·HVP j SMUPLU GH ŃH
ŃRQVPMP TXH YM VH V·LQLPLHU XQH UHPLVH HQ ŃMXVH SURJUHVVLYH GH OM SHUPLQHQŃH ILQMOH GX GpNMP
autour de la question de la temporalité des nations. En 1989, Walker Connor publie When is a nation? Un " modeste effort de dix pages »13 TX·LO MSSURIRQGL SMU OM VXLPH GMQV The timelessness of nations, en 2004. Entre temps, de nombreuxchercheurs se sont éloignés du thème de la chronologie des nations pour étudier les
SOpQRPqQHV QMPLRQMX[ VRXV G·MXPUHV MVSHŃPVB 6·MSSX\MQP VXU OHV concepts développés par
Étienne Balibar, Michael Billig développe une étude systémique des mécanismes de
reproduction du sentiment nationaliste14. Sur une thématique toute autre, Georges L. Moss explore les liens entre sexualité, nationalisme et morale, tandis que Nira Yuval-DavisV·LQPpUHVVH MX[ TXHVPLRQV GH JHQUH HP GH IpPLQLPp15. En dépit de la pluralité de leurs discours
HP GH OHXUV NMJMJHV POpRULTXHV PRXV ŃHV MXPHXUV HP G·MXPUHV HQŃRUH VH UHPURXYHQP GMQV © leur
attitude critique vis-à-vis des études nationalistes traditionnelles »16. Ils sont rejoints par
G·MXPUHV ŃOHUŃOHXUV TXL PRXP HQ HQPUHPHQMQP XQH SRVLPLRQ PRLQV ŃULPLTXH MX VXÓHP GX GpNMP
.HŃPMQRYLý RX SOXV Uécemment, Moran M. Mandelbaum se sont ainsi appuyés sur lapsychologie HP O·MSSURŃOH GH 7ORPMV +\OOMQG (ULNVHQ VH NMVH HVVHQPLHOOHPHQP VXU OHV
SURJUqV GH O·HPOQRORJLH HP GH O·MQPOURSRORJLHBI·HQVHPNOH GH ŃHV QRXYHOOHV MSSURŃOHV IRUPH OM NMVH G·XQH réflexion visant au
dépassement du débat sur la temporalité du phénomène national. Özkirimli est sans doute
O·XQ GHV SOXV MUGHQPV ŃULPLTXHV GH ŃH ŃOMVVLŃLVPHB 5HÓHPMQP OM SRVVLNLOLPp G·XQH POpRULH
universelle du nationalisme, il trace à grands traits les cRQPRXUV G·XQH MSSURŃOH POpRULTXH nouvelle, considérant le nationalisme comme une forme de discours17. Cette approche, UHSULVH HQPUH MXPUHV SMU FOMLUH 6XPOHUOMQG Q·HVP SMV LPSHUPpMNOH MX[ ŃULPLTXHV18, mais acependant le mérite de continuer à élargir la nature des débats théoriques qui gravitent autour
des études nationalistes. II ² Discours sur les origines du nationalisme en ChineIH QMPLRQMOLVPH HQ FOLQH M ORQJPHPSV pPp ŃRQVLGpUp ŃRPPH OM YMULMPLRQ ORŃMOH G·XQ
phénomène global, que seul un modèle universel pouvait prétendre expliquer. LeRoutledge, 2009, 183 p. ; et SMITH Anthony D., Nationalism. Theory, Ideology, History, [2001], Cambridge, Polity
Press, 2010, 209 p.
12 SMITH Anthony D., Nationalism. Theory, Ideology, History, op. cit., p. 64.
13 CONNOR Walker, " The timelessness of nations », dans GUIBERNEAU Montserrat & John
HUTCHINSON (dir.), History and National Destiny: Ethnosymbolism and its Critics, Oxford, Blackwell, 2004, p. 35.
14 BILLIG Michael, Banal Nationalism, Londres, Sage, 1995, 200 p.
15 Voir en particulier YUVAL-DAVIS Nira, Gender and Nation, Londres, Sage, 1997, 183 p. ; et YUVAL-DAVIS
Nira & Floya ANTHIAS (dir.), Woman, Nation, State, Londres, Palgrave Macmillan, 1989, 185 p.16 ÖZKIRIMLI Umut, op. cit., p. 169. Traduction libre.
17 ÖZKIRIMLI Umut, Contemporary Debates on Nationalism: A critical engagement, Londres, Palgrave Macmillan,
2005, 227 p.
18 ÖZKIRIMLI Umut, Theories of Nationalism: A Critical Introduction. Second edition, op. cit., p. 194-198.
17 nationalisme étant né en Occident, son développement dans le monde chinois ne pouvaitrPUH TXH ŃRQVpŃXPLI j O·LQPHUMŃPLRQ SOXV RX PRLQV IRUŃpH GX PRQGH RŃŃLGHQPMO MYHŃ OH PRQGH
oriental. Cette vision doit être contextualiVpH GMQV XQH SHUVSHŃPLYH JORNMOH GH O·OLVPRLUH
ŃOLQRLVH ŃRPSULVH MYMQP PRXP ŃRPPH ŃHOOH G·XQH ŃLYLOLVMPLRQ IRQŃPLRQQMQP VHORQ XQ VŃOpPM
binaire opposant tradition et modernité. IM SUHPLqUH SMUPLH GH O·OLVPRLUH ŃOLQRLVH ŃRUUHVSRQG HQ VXNVPMQŃH MX GpYHORSpementG·XQH PUMGLPLRQ VRŃLMOH SROLPLTXH HP ŃXOPXUHOOHB IHV pYROXPLRQV GH O·LQVPLPXPLRQ LPSpULMOH
ŃRQVPLPXHQP HQ JpQpUMO O·M[H SULYLOpJLp VHORQ OHTXHO HVP RUJMQLVp O·OLVPRLUH ŃOLQRLVHB -ROQ .LQJ
Fairbank consacre les deux premières parties de son Histoire de Chine aux développements deO·(PSLUHB -MŃTXHV *HUQHP OXL ŃRQVLGqUH TXH © O·OLVPRLUH GHV PHŃOQLTXHV ŃRQGXLP j PHPPUH HQ
OXPLqUH TXMPUH JUMQGHV PXPMPLRQV GMQV O·OLVPRLUH GH OM FOLQH »19, auxquelles correspond une pYROXPLRQ GHV IRUPHV SROLPLTXHVB 0rPH OM VpULH G·RXYUMJH GH UpIpUHQŃH The Cambridge Historyof China V·MUPLŃXOH MXPRXU GH O·OLVPRULRJUMSOLH PpOpRORJLTXH G·XQH VXŃŃHVVLRQ Ń\ŃOLTXH GHV
G\QMVPLHVB FRQGMPQpH j O·LPPRNLOLVPH VLQRQ au déclin, la Chine est donc en grande partieconsidérée à travers le prisme de paires placées en opposition : steppe/plaine, côtes/terres,
nomades/sédentaires, tradition/modernité. Le sinologue Pierre-Étienne Will remarque parailleurs que " cette Chine aQŃLHQQH HVP PRXÓRXUV ´ŃRQIXŃpHQQHµ ŃHOM YM VMQV GLUH HOOH HVP
pJMOHPHQP ´NXUHMXŃUMPLTXHµ ´MJUMLUHµ LO OXL MUULYH MXVVL L"@ G·rPUH ´IpRGMOHµ HP O·RQ SRXUUMLP
poursuivre la liste »20. FHPPH MSSURŃOH OLVPRULTXH M MXVVL pPp j O·RULJLQH G·XQ NLMLV
G·LQPHUSUpPMPLRQ ŃHUPMLQ ŃMU HOOH UpGXLP OM ŃRPSOH[LPp LQOpUHQPH G·XQH HQPLPp PHOOH TXH OM FOLQH
j XQ HQVHPNOH G·pSLSOpQRPqQHV VXNRUGRQQpV j XQ PMŃUR-système de caractéristiques
HVVHQPLHOOHV OHTXHO QH IMLP VHQV TXH ORUVTX·LO V·MUPLŃXOH HQ UHOMPLRQ MYHŃ OM PRGHUnité.
Cette modernité, quelle est-elle et où commence-t-elle ? Un premier élément de réponse
HVP TX·HOOH HVP LQH[PULŃMNOHPHQP OLpH j OM PXOPLSOLŃMPLRQ GHV LQIOXHQŃHV pPUMQJqUHV RŃŃLGHQPMOHV
en Chine et " LO HVP PrPH GMQV O·XVMJH, nous expliquent Fairbank et Kwang-Ching Liu, de IMLUH GMPHU O·pSRTXH PRGHUQH j OM *XHUUH GH O·2SLXP XQH LQYMVLRQ pPUMQJqUH »21. Un constatpartagé par Pierre-Étienne Will22 HP Ń·HVP MXVVL SMU ŃHV PRPV TXH O·OLVPRULHQ IXŃLHQ %LMQŃR
fait débuter son ouvrage Les origines de la révolution chinoise 1915-1949B IRLQ GH QRXV O·LGpH GH
discuter les raisons derrière ce choix : toute recherche historique requiert un certain degré de
généralisation et la guerreGH O·RSLXP HQ UMLVRQ GH VHV ŃRQVpTXHQŃHV SROLPLTXHV HP VRŃLMOHV HVP XQ ŃORL[ GHs plus pertinents. Ce
dernier implique cependant une vision de la modernité conçue comme un ensemble de processusPHŃOQLTXHV GRQP OM SULPMXPp UHYLHQP j O·2ŃŃLGHQP LPSpULMOLVPH HP TXH OM FOLQH GRLP GRQŃ UHŃHYRLU HP
assimiler. Les conditions de cette assimilation peuvent dès lors être explicitées en relation avec les
caractéristiques a-OLVPRULTXHV GH OM FOLQH MQŃLHQQH GRQP OM SUpYMOHQŃH HPSrŃOH RX UMOHQPLP O·LQpYLPMNOH
PRGHUQLVMPLRQ GX SM\VB FHPPH YLVLRQ M pPp SMUPMJpH SMU OHV OLVPRULHQV ŃOLQRLV G·RNpGLHQŃH marxiste, dont
le cadre interprétatif est en partie formé par la " ŃRPNLQMLVRQ G·pOpPHQPV PHOV TXH OHV MUJXPHQPV HQ
19 GERNET Jacques, Le Monde Chinois. Tome 1 GH O·kJH GH NURQ]H MX PR\HQ-âge, [1972], Paris, Armand Colin, 2005,
p. 46.20 WILL Pierre-Étienne, " Chine moderne et sinologie », Annales HSS, n°1, janvier-février 1994, p. 10.
21 FAIRBANK John K. & Kwang-Ching LIU, " Preface to volume II », dans FAIRBANK John K. & Kwang-
Ching LIU (dir.), 7OH FMPNULGJH +LVPRU\ RI FOLQMB 9ROXPH HH IMPH FO·LQJ 1800-1911, Part 2, Cambridge, Cambridge
University Press, 1980, p. xv.
22 WILL Pierre-Étienne, op. cit., p. 9.
18IMYHXUV G·XQH pYROXPLRQ OLVPRULTXH NMVpH VXU OM PUMQVIRUPMPLRQ GHV PRGHV GH SURGXŃPLRQ O·LPSpULMOLVPH
HP OHV POpRULHV G·MXPR-détermination nationales23 ».Ce modèle " impact-UpSRQVH ª M ŃRQQX SOXVLHXUV YMULMPLRQV TXH QRXV Q·MYRQV SMV OH ORLVLU GH
développer ici24 PMLV GMQV O·HVVHQPLHO ŃHV GLIIpUHQPV MUJXPHQPMLUHV SHXYHQP PRXV rPUH ŃOMVVpV
" HQ PHUPHV G·RSSRVLPLRQ HQPUH PUMGLPLRQ HP PRGHUQité »25.8Q VHŃRQG SMUMGLJPH UHPHP HQ ŃMXVH OM GXMOLPp HQPUH O·2ŃŃLGHQP HP OH PRQGH ŃOLQRLVB
SMUPLU GHV POpRULHV GH O·eŃROH GH .\RPR VH GpYHORSSH XQ PRGqOH PHPPMQP HQ MYMQP OM IRUPMPLRQG·XQ PRQGH HVP-oriental sino-centré, existant en parallèle du modèle RŃŃLGHQPMOB I·OLVPRULHQ
ÓMSRQMLV 1MLP{ 7RUMÓLU{ 1MLP{ .RQMQ MYMQŃH O·LGpH VHORQ OMTXHOOH OM FOLQH GHV G\QMVPLHV7MQJ HP 6RQJ PRQPUH GpÓj GHV ŃMUMŃPqUHV PRGHUQHV TX·LO MPPULNXH QRPMPPHQP j OM ŃRPSOH[LPp
de leurs formes politiques, des réseaux économiques HP ŃRPPHUŃLMX[ PLV HQ SOMŃH MLQVL TX·j
G·MXPUHV IMŃPHXUV VRŃLMX[ HP GpPRJUMSOLTXHVB G·MXPUHV VLQRORJXHV PHOV TXH KXUL 3LQHV 1LŃROMV
Tackett ou le spécialiste de la Mongolie Morris Rossabi, développent des approchessimilaires26B 6L MXŃXQ QH UpIXPH O·LPSRUPMQŃH ŃRQVLGpUMNOH TX·M ÓRXp O·LQPHQVLILŃMPLRQ GHV
ŃRQPMŃPV HQPUH OM FOLQH HP O·2ŃŃLGHQP PRXV UHŃRQQMLVVHQP QpMQPRLQV OM SUpVHQŃH G·MPPULNXPV
PRGHUQHV GMQV O·OLVPRLUH MQŃLHQQH GH OM FOLQHB FOMŃXQ GHV SMUMGLJPHV M QpMQPRLQV ŃRPPHRNÓHP SULQŃLSMO O·LGHQPLILŃMPLRQ G·pOpPHQPV ŃMUMŃPpULVPLTXHV GH OM PRGHUQLPp GRQP OM SUpVHQŃH
attesterait de la transition vers une époque moderne.Dans le premier ensemble de discours, la jonction de la modernité, ou du capitalisme, de la fin des Ming
MYHŃ O·LQYMVLRQ PMQGŃORXH HP O·pPMNOLVVHPHQP VXNVpTXHQP GH OM G\QMVPLH 4LQJ VRQP GHV ŃRQVpTXHQŃHV
OLVPRULTXHV GLUHŃPHVB O·LQYHUVH GMQV OH VHŃRQG HQVHPNOH GH GLVŃRXUV OH UMPLRQMOLVPH SROLPLTXH G·MYMQP
les Qin (un modèle politique similaire aux monarchies européennes ou aux états-nations) a été anéanti
SMU O·XQLILŃMPLRQ SROLPLTXH MŃOHYpH VRXV OHV HPSLUHV 4LQ HP +MQB HO HVP ŃOMLU TXH PRXPHV OHV POpRULHV GH OM
modernité susmentionnées considèrent les signes suivants comme signes de modernité O·État-nation,
O·XUNMQLVMPLRQ O·LQGXVPUialisation, ainsi que les relations éthiques nouvellement émergentes qui peuvent
être distinguées du confucianisme orthodoxe27. Nous voyons ainsi comment, en dépit de positions en apparence clivantes, les deuxSMUMGLJPHV VH UHÓRLJQHQP GMQV O·RSSRVLPLRQ GH principe entre tradition et modernité, y
ŃRPSULV GMQV O·LGHQPLILŃMPLRQ HP OM GpVLJQMPLRQ GHV ŃMUMŃPpULVPLTXHV MSSMUPHQMQP j O·XQH RX
O·MXPUH GH ŃHV ŃMPpJRULHVB 3MUPMQP GH ŃH ŃRQVPMP LO Q·HVP SMV VXUSUHQMQP TXH OH QMPLRQMOLVPH MLP
été considéré avant tout comme une caractéristique de la modernité, notamment dans le fait
TX·LO VRLP © une forme de communauté unique et sans précédent, laquelle se place dans les
oppositions entre empire et nation, tradition et modernité, et centre et périphérie »28. Réduit
23 WANG Hui, China from Empire to Nation-State, Londres & Cambridge, Harvard University Press, 2014, p. 4.
Traduction libre.
24 Voir, par exemple, les travaux de Jonathan Levinston, Mary C. Wright, Albert Feuerwerker.
25 WANG Hui, op. cit., p. 5-6. Traduction libre.
26 Voir PINES Yuri, The Everlasting Empire: The Political Culture of Ancient China and its Imperial Legacy, Princeton,
Princeton University Press, 2012, 256 p. ; TACKETT Nicolas, The Origins of the Chinese Nation : Song China and
the Forging of an East Asian World Order, Cambridge, Cambridge University Press, 2017, 328 p.27 WANG Hui, op. cit., p. 13. Traduction libre.
28 DUARA Prasenjit, " De-constructing the Chinese Nation », The Australian Journal of Chinese Affairs, n°30,
Juillet 1993, p. 1. Traduction libre.
19à des MPPULNXPV pOpPHQPMLUHV OH QMPLRQMOLVPH HVP SHUoX ŃRPPH OH SRLQP G·MUPLŃXOMPLRQ HQPUH
O·HPSLUH VRUPH GH PMŃUR-catégorie artificielle regroupant la tradition, et la nation, qui, à
O·LQYHUVH UHSUpVHQPH OM PRGHUQLPpB IH QMPLRQMOLVPH HVP SHUoX ŃRPPH XQ pOpPent de modernitéŃMU RQ OXL MVVRŃLH O·pYROXPLRQ SHUoXH GX VHQPLPHQP G·LGHQPLILŃMPLRQ OXL-PrPH j O·RULJLQH G·XQH
modification des formes politiques caractérisée, dans le cas chinois, par la transition deO·(PSLUH YHUV O·ePMP-nation. Ce lien se retrouve aussi chez les partisans de la présence
G·pOpPHQPV PRGHUQHV HQGRJMPHV GMQV O·OLVPRLUH ŃOLQRLVH MQŃLHQQHB IHV PUMŃHV G·XQH IRUPH
G·LGHQPLILŃMPLRQ ŃROOHŃPLYH VLPLOMLUH YRLU LGHQPLTXH j O·LGHQPLILŃMPLRQ QMPLRQMOH VRQP MXPMQP GH
preuves de développements modernes pré-GMPMQP O·LQPHQVLILŃMPLRQ GHV ŃRQPMŃPV MYHŃ OHV
Occidentaux. On retrouve ce type de raisonnement chez Yuri Pines, James Leibold, O·OLVPRULHQ FOMUOHV +ROŃRPNH RX HQŃRUH 3OLOLS $B .XOQB G·MXPUHV MXPHXUV UHIXVHQP ŃHSHQGMQP GH ŃRQVLGpUHU PUMGLPLRQ HP Podernité sous un angleQpŃHVVMLUHPHQP ŃRQIOLŃPXHOB F·HVP QRPMPPHQP OH ŃMV GH 3LHUUH-Étienne Will, pour qui le débat
dans son intégralité ne repose finalement que sur des présuppositions somme toute
artificielles :HO P·HVP LPSRVVLNOH HQ PMQP TX·OLVPRULHQ de la Chine récente et moins récente de concevoir un modèle
XQLYRTXH GH PRGHUQLPp TXL VHUMLP GpILQL SMU XQH ŃRPNLQMLVRQ GRQQpH G·RSPLRQV LQPHOOHŃPXHOOHV VRŃLMOHV
économiques, politiques, une combinaison facilement identifiable historiquement qui soit à accepter en
NORŃ HP GRQP O·LQpYLPMNOH PRQGLMOLVMPLRQ SUpVXSSRVHUMLP XQH PXPMPLRQ LUUpYHUVLNOH GX VRŃLMO GH
pŃRQRPLTXH HP GX SROLPLTXH SRXU QH SMV SMUOHU GH O·LQPHOOHŃPXHO RX GX VSLULPXHO GMQV OHV VRŃLpPpV TXL RQP
le malheur de ne pas avoir elles-mêmes iQYHQPpHB O·LQYHUVH GH ŃHPPH YLVLRQ PpOpRORJLTXH P·MSSMUMvP MX
ŃRQPUMLUH XQ UpSHUPRLUH H[PUrPHPHQP GLYHUV G·LQVPLPXPLRQV G·MPPLPXGHV HP GH SURŃqV GH SURIRQGHXU
historique variable, qui tous se retrouvent dans ce conglomérat mal défini, étroitement imbriqué entre
VHV SMUPLHV LBBB@ HP VL L"@ QRPUH PRGHUQLPp Q·pPMLP ULHQ G·MXPUH HQ ILQ GH ŃRPSPH TXH ŃH PpOMQJH SMUPRXP
SUpVHQP HQ GHV GRVMJHV LQILQLPHQP GLYHUV G·MUŃOMwVPH HP GH SURXHVVH PHŃOQRORJLTXH GH ŃRPPXQLŃMPLRQ
HP G·LVROHPHQP GH VPMQGMUGLVMPLRQ ŃXOturelle et de particularismes agressifs mélange dont on accordera il
ne semble pas précisément en voie de se clarifier29 ?IM QMPXUH H[MŃPH GH ŃHPPH ŃULPLTXH HVP HQŃRUH H[SORUpH GMQV O·±XYUH GH O·LQPHOOHŃPXHO ŃOLQRLV
Wang Hui (ᔋ㘽), en particulier dans The Rise of Modern Chinese Thought, à laquelle est associée
une réflexion plus particulière sur la pertinence de la dichotomie empire/nation. Une
PUMGXŃPLRQ SMUPLHOOH HIIHŃPXpH SMU 0LŃOMHO *LNNV +LOO UHSUHQG O·MUJXPHQP VHORQ OHTXHO ŃHPPH
division très euro-centrée ne correspond pas au fait historique. " Il est évident, écrit-il, que
cette compréhension théorique des empires asiatiques est le produit de la reconnaissance etOM YMOLGMPLRQ GHV VPUXŃPXUHV SROLPLTXHV GHV SM\V G·(XURSH GH O·2XHVP HP GH OHXU UMPLRQMlité par
ces même pays »30. Wang Hui développe encore sa critique dans un ouvrage ultérieur, danslequel il écrit que " O·HPSLUH HP O·pPMP-nation ne peuvent être séparés en deux entités distinctes
L"@ en vérité, les deux entités ont de nombreux aspects en commun »31. Wang, tout en29 WILL Pierre-Étienne, op. cit., p. 17.
30 WANG Hui, op. cit., p. 39. Traduction libre.
31 WANG Hui, duan er shi ji. Zhongguo geming yu zengzhi de luoji ್ن ʁᅵַ
20 reconnaissant le lien entre nationalisme et modernité, se refuse à faire de ce dernier une simple articulation entre deux périodes historiques antithétiques puisque les deuxcaractéristiques de la Chine moderne, explique-t-il, sont précisément la continuité entre
empire et État-nation, puis entre révolution et post-révolution32. IHV PUMYMX[ GH 3UMVHQÓLP GXMUM QRXV SHUPHPPHQP G·pPHQGUH ŃHP HQVHPNOH GH ŃULPLTXHV jO·pPXGH GHV QMPLRQMOLVPHVB 3HQVHXU pŃOHŃPLTXH GH O·$VLH HP GHV QMPLRQMOLVmes, Duara rejette en
effet les visions historicistes et essentialistes qui considèrent respectivement le nationalismeŃRPPH XQH IRUPH LQpGLPH G·LGHQPLILŃMPLRQ HP ŃRPPH OH UpIpUHQP HQ IRQŃPLRQ GXTXHO O·OLVPRLUH
doit être interprétée. Nous avons vu comment les principaux courants historiographiques ont considéré le nationalisme " ou bien comme une cause ou, de façon moins convaincante,comme un antécédent ou une condition nécessaire »33, or ce type de perspective structurelle
ne parvient pas à prendre en considération les variations temporelles qui influent sur les PUMQVIRUPMPLRQV LQVPLPXPLRQQHOOHV MLQVL TXH VXU OH SOpQRPqQH GH UHSURGXŃPLRQ G·XQH IRUPHGH ŃRQPLQXLPp HP G·LGHQPLPp ŃMUMŃPpULVPLTXH GX QMPLRQMOLVPHB 3RXU UHSUHQGUH j QRXYHMX OHV
termes de Duara :Une analyse structurale simple, qui établit une structure permanente, explique la variabilité des supports
HP UHSURGXLP OH P\SH GH GXMOLVPH TXL ŃRQIRUPH O·LGpH G·XQ VXÓHP ŃRQVŃLHQP j OM QMPXUH LQŃOMQJHMNOH GMQV
le principe structurel, e. g. le mode de SURGXŃPLRQ GX IMŃPHXU UMPLRQQHO L"@ GLIIpUHQPHV LQVPLPXPLRQV
structures et réseaux, expriment différentes vitesses de changement, en raison des différents éléments
TXL OHV ŃRPSRVHQP HP GHV pŃRORJLHV VRŃLRPHŃOQLTXHV GMQV OHVTXHOOHV LOV V·LQPqJUHQPB (Q G·Mutres termes, ils
possèdent des temporalités différentes34.Considérer le nationalisme comme une articulation, ou un élément causal, revient à négliger
cette notion de temporalité. Les considérations politiques et le contexte général du début du
XXème siècle ne suffisent pas à établir une généalogie des développements du nationalisme en
Chine PRXP ŃRPPH OM PLVH HQ OXPLqUH GH IRUPHV G·LGHQPLILŃMPLRQV ŃROOHŃPLYHV GMQV O·OLVPRLUH
GH OM FOLQH MQŃLHQQH Q·H[SOLTXH SMV j HOOH VHXOH OHV IRUPHV IXPXUHV GH QMPLRQMOLVPHB HO Q·HQ
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