LYCÉES PROPOSANT UNE FILIÈRE DE LA VOIE
PROFESSIONNELLE DANS LE SECTEUR SPORTIF LYCÉE PROFESSIONNEL PIERRE ET MARIE CURIE - SENS ... LP LES GRIPPEAUX - PARTHENAY / BAC PRO AEPA + COMMERCE.
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Connaître les pratiques sportives dans la société contemporaine pour situer et comprendre le sens des pratiques scolaires. AFLP BAC PRO. ? Réaliser des choix
DU SPORT
(CARIFOREF Pays de la Loire – Chiffres clés du sport et de l'animation -. Octobre 2016) Bac pro animation enfance et personnes âgées.
Éducation physique et sportive
Ce programme s'adresse aux élèves de Certificat d'Aptitude Professionnelle (CAP) et de. Baccalauréat Professionnel (Bac Pro). Il se situe dans la continuité du
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Quand le sport (dés)oriente les parcours des jeunes
L'université « inaccessible après bac pro ». 36. Projets professionnels et métiers. 36. 5. Une conversion du capital sportif vers un projet dans le monde
Unité facultative « animation sportive » en Bac Pro : une
Fin mars en écho à ce qu'il a fait dans la voie générale
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Participer à la formation d'animateurs d'activités physiques et sportives polyvalents Avoir le Bac (Bac Pro tertiaire ou autre Bac Pro
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sur l'ensemble du territoire • Création d'un parcours sur les métiers du sport dans la voie professionnelle: Bac pro métiers du sport + BTS et/ou DEUST
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24 avr 2021 · Complémentaire Animation et Gestion dans le Secteur Sportif (MC AG2S) Public éligible : les élèves volontaires de 1 Bac Pro des 6 Bac
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Unité Facultative Secteur Sportif en Baccalauréat professionnel Illustration avec l'UF2S appui sur 5 bac pro: Une unité facultative construite pour 5
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En 2022 sera proposé un nouveau baccalauréat professionnel dédié aux « métiers du sport » dont l'élaboration est en cours de discussion avec les professionnels
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Quel bac pro pour faire du sport ?
Bac professionnel Assistance à la Gestion des Organisations et de leurs Activités (AGOrA) Ce baccalauréat forme à la fonction administrative : assurer des missions de coordination et d'organisation au sein d'une équipe ou d'une direction quelque soit la taille de l'entreprise.C'est quoi le bac pro AGOrA ?
À ce jour, il n'existe pas encore de BTS métiers du sport, même si cela pourrait arriver dans les prochaines années. Il y a davantage de formations bac+3 de type "bachelor management du sport" sur le marché. En revanche, plusieurs autres BTS proposent une option sport : le BTS MCO option sport.Quels sont les BTS dans le sport ?
Quatre diplômes délivrés par le ministère chargé des Sports donnent accès aux métiers de l'animation ou de l'encadrement du sport : le CPJEPS, le BPJEPS, le DEJEPS et le DESJEPS. Allant du niveau CAP à bac + 3, ils sont à choisir en fonction de son parcours sportif, scolaire et professionnel.
Observatoire de la jeunesse, de l'éducation populaire et de la vie associative 01 70 98 94 00www.injep.fr
RAPPORT D"ÉTUDEINJEP NOTES & RAPPORTS
Quand le sport (dés)oriente
les parcours des jeunesMagali DANNER, Carine
fr-FRÉRARD, Christine GUÉGNARD, avec la participation de Julien BERTHAUD, IREDU, centre associé au CEREQ, université BourgogneFranche-Comté
AUTEUR∑E∑S
Février 2020
INJEPR-2020/04
Février 2020
INJEPR-2020/04
INJEP NOTES & RAPPORTSRAPPORT D"ÉTUDE
Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (INJEP), service à compétence nationale/DJEPVA
95 avenue de France 75650 Paris cedex 13 01 70 98 94 00www.injep.fr
INJEPR-2020/04
Magali
DANNER
, CarineÉRARD
, ChristineGUÉGNARD
Quand le sport (dés)oriente les parcours des jeunes QUAND LE SPORT (DÉS)ORIENTE LES PARCOURS DES JEUNES Cette recherche, soutenue par l'Institut national de la jeunesse et d e l'éducation populaire (INJEP), est une fr-FRcontribution supplémentaire pour une meilleure connaissance de la tra nsition entre le lycée et l"enseigne- ment supérieur à travers le prisme des engagements extra-scolaires . Au-delà d"un apport sur les rapports des jeunes aux études supérieures, il s"agit d"étudier le s risques et les opportunités perçus par une jeunesse qui valorise les investissements sportifs au point d"en faire un levi er de son orientation. Les résultats liés à l"exploitation de deux enquêtes mené es au cours de ces deux années se déclinenten trois temps. Dans une première partie, l"analyse des aspirations d"élèves scolarisé·e·s dans 21 lycées
physiques et sportives (STAPS) s'avère un terrain propice puisqu e ses étudiant·e·s ont souvent des parcours sportive. La deuxième partie, centrée sur les jeunes inscrit·e·s en première anné e de STAPS dans une université française, souligne combien le rapport des bachelièr es et bacheliers aux études supérieures ne peut se décliner au singulier, en particulier du côté des titul aires de baccalauréats professionnels. Les bachelières et bacheliers professionnels en STAPS constituent le cur de la troisième partie. Leurorigine scolaire et leur choix atypique d"études supérieures longues en font souvent des étudiant·e·s
invisibles dans les statistiques ou enquêtes nationales. La plupart des jeunes enquêté·e·s construisent un chemin positif à partir de leur orientation en lycée professionnel et deviennent responsables de leur histoire
en s"autorisant d"autres destins scolaires que ceux préfiguré s par leur cursus dans l"enseignement professionnel. Le fait que certain·e·s misent sur leur engagement sportif pour s"autoriser une inscription en repenser leur place à l"université. du secrétariat général des ministères sociaux (SGMAS)Quand le sport (ds)oriente
les parcours des jeunes Magali Danner, enseignante-chercheure, IREDU, ESPE Carine rard, enseignante-chercheure, IREDU, UFR STAPS Christine Gugnard, charge d'tudes, IREDU, centre associ au CEREQ, universit Bourgogne Franche-Comt avec la participation de Julien Berthaud ingnieur de recherche, IREDU, universit Bourgogne Franche-ComtPour citer ce document
Danner M., rard C., Gugnard C., 2019, Quand le sport (ds)oriente les parcours des jeunes,
INJEP Notes & rapports/Rapport dÕtude.
SOMMAIRE
Avant-propos 5
INTRODUCTION 7
1. Contexte de la recherche7
Le baccalauréat professionnel, un diplôme sous tension7 La poursuite d'études à l'université des bacheliers professionnels9 La filière STAPS, une opportunité pour les bacheliers professionnels ?122. Problématisation de la recherche16
Enjeu de la recherche sur les bacheliers professionnels16 Le rapport aux études des bacheliers professionnels163. Démarche méthodologique20
I.PROJETS DES LéVES DE LYCE PROFESSIONNEL231. Permanence des voeux au fil des ans : l'exemple d'une académie24
2. Les facteurs susceptibles de jouer sur les choix d'orientation27
3. " Avoir un BAC », au coeur des projets des jeunes30
4. Être bachelier, bachelière, et après...34
L'université, " inaccessible après bac pro »36Projets professionnels et métiers36
5. Une conversion du capital sportif vers un projet dans le monde du sport ?37
De l'intérêt à la formulation d'un voeu d'orientation : une double condition38 D'une pratique sportive d'amateur à un " serious leisure »39 Place du sport parmi les déterminants de l'orientation post-bac41 II.ASPIRATIONS DES TUDIANTáEáS EN STAPS451. Les rapports aux études des jeunes en STAPS46
Une origine scolaire et sociale composite46
Une orientation en ST
APS choisie depuis longtemps48
Des études rythmées par un investissement sportif512. Des étudiantes au choix audacieux, déterminé et soutenu52
Une dynamique sportive plus affirmée52
Une dynamique vocationnelle plus ancrée54
Une vision du monde du sport peu sensible aux inégalités55 III.PORTRAITS DES BACHELIéRES ET BACHELIERS PROFESSIONNELS EN STAPS 591. Des ingalits sur la ligne de dpart59
2. Le sport, un loisir srieux ?61
3. Vers les STAPS, un chemin sem dÕembches62
4. Illusion peu frquente d'une russite facilite par le sport65
5. Une mosa•que de profils et de parcours66
CONCLUSION 85
BIBLIOGRAPHIE 89
Liste des sigles et abrviations
95QUAND LE SPORT (DS)ORIENTE LES PARCOURS DES JEUNES 5 AVANT -PROPOS
Cette recherche, soutenue par l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (INJEP), est
une con tribution supplémentair e pour une me illeure connaissance de la transition entre le lycée et
l'enseignement supérieur à travers le prisme des engagements extra-scolaires. Au-delà d'un apport sur
les rapports des jeunes aux études supérieures, il s'agit d'étudier les risques et les opportunités perçus
par une jeunesse qui valorise les investissements sportifs au point d'en faire un levier de son orientation.
En percevant leur capital sportif comme un atout susceptible de se convertir en bénéfices scolaires et
même professionnels, certains jeunes peuvent en effet entrer dans une " illusio », c'est-à-dire la croyance
" que le jeu en vaut la chandelle, ou, pour dire les choses simplement, que ça vaut la peine de jouer »
(Bourdieu, 1994).Ce rapport expose en introduction le contexte, les fond ements théor iques sur lesquels s'appuie cette
recherche. À la suite de cette contextualisation, les résultats liés à l'exploitation de deux enquêtes menées
au co urs de ces deux an nées, se d éclinent en trois tem ps. Dans une premièr e partie, l'analys e des
aspirations d'élèves scolarisés dans vingt-et-un lycées professionnels permet d'identifier les déterminants
d'une ori entation basée sur le goût du sport, notammen t du c ôté des jeun es filles, et d'ap préhender
l'antériorité des projets de poursuite d'études supérieures " risquées » comme à l'université.
À cet ég ard, plébiscit ée par les élèves de ter minale, la filièr e des sciences et techni ques des activités
physiques et sportives (STAPS) s'avère un terrain propice puisque ses étudiant·e·s ont souvent des parcours
structurés par des engagements personnels dans le monde sportif et partagent un goût pour la pratique
sportive. La deuxiè me par tie, centrée sur l es jeunes inscrits en première année de STAPS dans une
université française, souligne combien le rapport des bachelières et bacheliers aux études supérieures ne
peut se décliner au singulier, en particulier du côté des titulaires de baccalauréats professionnels.
Les bachelières et bacheliers professionnels en STAPS constituent donc le coeur de la troisième partie
de ce ra pport. Leur or igine scolaire et leur choix atypi que d'études supérieures longues en font
souvent des étudiant·e·s invisibles dans les statistiques ou enquêtes nationales qu'il importe de mettre
en lumière. La plupart des jeunes enquêté·e·s construisent un chemin positif à partir de leur orientation
en lycée prof essionnel et deviennent responsabl es de l eur histoi re en s'autorisant d'autres de stins
scolaires que ceux préfigurés par leur cursus dans l'enseignement professionnel. Le fait que certain·e·s
misent sur l eur engagement sportif pour s' autoriser u ne inscription en STA PS et dé jouer ainsi les
probabilités statistiqu es concernant leur orien tation offre la perspective de repenser leur pl ace à
l'université.En conclusion est présentée une synthèse des résultats qui répond aux problématiques
soulevées par cette recherche 1 1Les auteur·e·s remercient les jeunes d'avoir répondu à leurs questions ainsi que les personnels des services académiques
d'information et d'orientation et les proviseur·e·s de lycée professionnel d'avoir soutenu et relayé cette recherche.
QUAND LE SPORT (DS)ORIENTE LES PARCOURS DES JEUNES 7Introduction
L'identification et la valoris ation d e compétences non académiques, sportives et socia les notamment,
constituent un enjeu important dans les parcours des jeunes. Cette recherche vise à étudier comment des
engagements extra-scolaires peuvent (dés)orienter les jeunes, particulièrement du côté des bacheliers
2professionnels pour qui la poursuite d'études dans l'enseignement supérieur est loin d'être une évidence.
1.Contexte de la recherche
Le baccalauréat professionnel ne prédispose pas les jeunes à la poursuite d'études. Pourtant, ils sont
de plus en plus nombreux à l'envisager. Pour mieux comprendre ce qui se joue dans cette évolution
renforcée par la réforme de la filière professionnelle, il y a dix ans, il importe de rappeler, en premier
lieu, l'ambiguïté qui se rattache à la finalité du baccalauréat professionnel. Cela permettra de présenter
les enjeux de la poursuite d'études pour ces bacheliers, mais aussi les risques pris à s'orienter vers
l'université, dans un de uxième temps. Toutefois, d ans l'offre d e formation universi taire, la f ilière de
sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS), qui fait l'objet de cette recherche,
se caractérise non seulement par son adossement à un champ professionnel mais aussi par la place
qu'elle accord e à la valorisat ion de capi taux non académiques. En ce sens, cette filière pe ut se
présenter comme l'opportunité d'une orientation positive pour des bacheliers n'ayant généralement
choisi, ni la voie des études professionnelles, ni celle des études universitaires. Le baccalauréat professionnel, un diplôme sous tensionL'enseignement professionnel ne bénéfici e pas e n France du même pr estige que l'enseignement
général dans le secondaire. Pour mieux appréhender la situation des bacheliers au regard de la société, il
convient de revenir sur les raisons de la dévalorisation sociale associée aux métiers manuels auxquels
prépare ce bac calaur éat. Ainsi, l'analyse socio -historique de s professi ons de Thorstein Veble n, la
perspective antique d' Émile Durkheim sur le prestige d es activités ou bien encore l 'approche
sociologique des rapports aux corps de Luc Boltanski expliquent cette dévalorisation notamment par la
rupture qu'opèrent les activités associées à ces métiers avec les activités intellectuelles, en privilégiant
une proximité avec le monde matériel, physique et utile et en procédant à un usage instrumental du
corps. Accordant une place importante dans les enseignements aux activités pratiques et menant à des
emplois subordonnés et d'exécution, l'enseignement des métiers, donc la voie professionnelle, reste par
conséquent historiquement une voie de relégation sociale. Cela n'est d'ailleurs pas le propre de la France
mais la caractérise néanmoins (Bernard, Troger, 2015 ; Troger et al. 2016). Face à ces représentations, le
baccalauréat professionnel intéresse rarement les classes dominantes, d'autant que les passerelles vers
un enseignement général sont peu effectives. De ce fait, ce baccalauréat, créé en 1985, reste encore
aujourd'hui dédié aux seules classes populaires. 2Les termes employés pour désigner les personnes sont pris parfois au sens générique et ont à la fois valeur de féminin et de
masculin dans ce rapport.INJEP NOTES & RAPPORTS/RAPPORT DÕTUDE
8Durant les Trente Glorieuses, la formation professionnelle a nanmoins constitu une opportunit pour
menant au CAP/BEP 3 reprsentaient une possibilit de promotion socioprofessionnelle pour ces milieux(Bernard, Troger, 2015 ; Troger et al. 2016). Avec lÕlvation des qualifications, cette Ç lite des rprouvs È
se reconna"t dsormais parmi les bacheliers professionnels. Les ambitions politiques de conduire 80 %
d'une classe d'ge au niveau baccalaurat et la gnralisation du baccalaurat professionnel en trois ans
ont augment la proportion de bacheliers professionnels depuis sa cration en 1985. Au plan national, ces
trilogie des baccalaurats en termes de candidats et de diplms (Maillard, 2017).mme (Misset, 2015), accentuant les hirarchisations entre spcialits dans ce cursus, toutes nÕoffrant pas
Jellab, 2017). Le dsenchante ment a ainsi t croissant chez les bach elie rs profession nels deve nus
salaris (Ecker t, 1999, 2005), ave c notamment des responsabil its sociale s attribues au Ç nouvel
du CEREQ apporte un complment dÕinformation quant au devenir sur le march du travail en trois ans
des p remiers sortants titulaires de ce diplm e (Ilardi, Sulzer, 2018). Les ba cheliers professionnels se
positionnent mieux dans la file dÕattente des emplois que les dtenteurs de CAP : 44 % ont connu une
active n'est pas synonyme de stabilit. Leur taux de chmage est plus proche de celui des sortants du
secondaire dans leur ensemble que de cel ui des sortants du suprie ur, ce qui nÕtait pas le ca s
69%, mais le quart dÕentre eux se trouvent sans emploi ni formation. De plus, leurs conditions de travail ne
sont pas meille ures, avec une dgradat ion tendan cielle d e la qualit des emplois, et i ls demeurent
cantonns des salaires proches du SMICprofessionnel est non seu lement l e diplm e des enfants dÕouvri ers et dÕemploys ma is aussi le
baccalaurat des futurs ouvriers et employs pas toujours qualifis (Ilardi, Sulzer, 2018).faut tre bachelier non pour monter, mais pour ne pas descendre dans la hirarchie sociale È (Grignon,
2015). Certes, ce diplme reste un objet de distinction dans le corps des ouvriers qualifis, ne serait-ce
que par le se ntimen t dÕavoir russi v alider un titre ou les horizon s pro fessionnels quÕil permet
dÕenvisager (Misset, 2015). Cependant, les esprances de mobilit sociale sont devenues dcevantes.
chmage endm ique, de concurrence entre dipl ms, de multip lication dÕe mplois prcairesÉ Les
demandes de poursuites dÕtudes sont en augmentation (Bernard, Troger, 2012 ; Troger et al. 2016) parmi
les bacheliers professionnels concerns par cette injonction au diplme et peu presss de rejoindre un
3Certificat d'aptitude professionnelle (CAP) ; brevet d'tudes professionnelles (BEP) cursus en deux ans au lyce professionnel
qui a disparu suite la rforme de 2009. QUAND LE SPORT (DS)ORIENTE LES PARCOURS DES JEUNES 9monde du travail peu enchanteur. Il existe, en effet, un certain bénéfice à prolonger son cursus au-delà
du baccalauréat professionnel. Ainsi, Stéphanie Moullet (2005), à partir d'une enquête du CEREQ, montrait
un gain de salaire significatif après trois ans de vie active, p our les bacheliers professionnels qui ontcontinué des études supérieures, même en cas d'échec au diplôme préparé. Un avantage qui se conforte
pour les bacheliers professionnels diplômés de BTS ou DUT (Lemistre, 2016). Cette vague d'allongement
des études pour ces jeunes s'explique enfin par la " quête d'une identité sociale rapprochant des élèves,
issus majoritairement de milieu populaire, des étudiants » (Jellab, 2015).De fait, dans le code de l'éducation, le baccalauréat professionnel est présenté comme une formation
organisée en vue de l'exer cice d' un mé tier " qui peu t permett re de poursuivre un e form ation
ultérieure ». Comme le rappellent nombre d'auteurs (dont Maillard, 2007 et 2017 ; Bernard, Troger,2012), le b accala uréat professionnel est soumis à une te nsion jamais ré solue, entre un ob jectif
d'insertion professionn elle et l e droi t à poursuivre des é tudes sup érieures, étant le p remier grade
universitaire. Cette tens ion est par aill eurs plu s ou moi ns accentuée au re gard des s pécial ités de
formation fortement sexuées et ségréguées. En effet, si la part des filles en lycée professionnel peut
laisser penser à une relative mixité (42 %), celle-ci est loin d'être achevée (Lemarchant, 2007 ; Depoilly,
2014). L'ambiguïté pesant sur la double finalité de ce baccalauréat (inser tion professionnelle ou
passeport pour les études supérieur es) et sa vale ur (reconnaissance profes sionne lle ou relégation
sociale) n'a jamais été assumée politiquement (Bernard, Troger, 2012), au point d'avoir été longtemps
tenue sous sil ence (Maillard, 2007). AujourdÕhui, les jeunes se trouvent donc devant le dilemme dÕavoir choisir parmi des orientations porteuses elles-mmes de paradoxe : sÕinsrer immdiatement malgr
la p ossibilit de conna"tre une f orme de dclassement au regar d de ce q ue prome ttait cette
[Grignon 2015]), s Õengager dans des tudes au-del du b ac calaurat professionnel tout en ayant
assumer un cot financier et parfois une rupture sociale. La poursuite d'études à l'université des bacheliers professionnelsSi n ombre d'élèves conti nuent à percevoir leur entrée en lycée professionn el comme une relégati on
scolaire, au regar d de l a formation pr ofession nelle peu valorisée en France et du prest ig e de la voie
générale, une partie des lycéens plus jeunes (que les cohortes antérieures) ambitionnent un diplôme du
supérieur, pour vivre une expérience étudiante, consolider un projet professionnel (Jellab, 2015), retarder
l'entrée dans l a vie act ive, s e préparer à d'au tres cursus et fi nalement , se donner " le d roit de rêve r
socialement » (Beaud, Pialoux, 2001). De nombreuses dynamiques encouragent cette demande croissante
(la tension du marché du travai l, la réfor me du baccalauréat professionnel en trois a ns en 2009, les
incitations européen nes pour davantage de dip lômés du s upérieur...) mais, pour Azi z Jellab (2 017), les
expériences scolaires et professionnelles de ces jeunes contribuent aussi à ce choix. La part des bacheliers
professionnels qui en trepre nnent des études supérieures l'an née sui vante progr esse et s'établit
actuellement à 30 % hors apprentissage (contre 17 % en 2000) 4 . En parallèle, la quasi-totalité des bacheliersgénéraux et les trois quarts des bacheliers technologiques accèdent à l'enseignement supérieur.
4Ce taux approche les 38 % des nouveaux bacheliers en incluant les formations supérieures par apprentissage (DEPP, 2018,
p. 187) et avoisine les 48 % en incluant les formations non supérieures selon les données du panel des bacheliers 2014 (Ponceau,
Chan-Pang-Fong, 2017).
INJEP NOTES & RAPPORTS/RAPPORT DÕTUDE
10Les chi ffres sur lÕo rientation t moignent dÕune grande discipl ine de la plupart des bachelier s qui
quotas notam ment) [Bodin, Ora nge, 2015]. Cependant, pour les b acheliers professi onnels, lÕoffre de
formations adaptes leur cur sus manque. En fait, leur taux de pours uite dans lÕensei gnement
suprieur a progre ss esse ntiellement vers les sections de technicien supr ieur (ST S) 5 . Parmi les (APB), plus de 80 % souhaitent poursuivre des tudes en STS 6 dÕAPB en juin 2017, seulement 4463 % des bach eliers gnraux, 51 % des bach eliers technologiques) . Suite la mise en place de
Parcoursup, les articles de presse (Les Échos, L'Humanité, MCETV, Le Parisien 7 ) voquent nouveau le cas des bacheliers professionnels et technologiques qui apparaissent comme les grands perdants deParcoursup au mme titre quÕAPB, puisquÕils reprsentent plus des trois quarts des bacheliers recals
lÕissue de la phase initiale. In fine, seuls deux bacheliers professionnels sur cinq sont effectivement
admis en STS. Ces statistiques remettent en question la valeur relle du baccalaurat, premier titre
universitaire, pour ces jeunes dont les perspec tives de poursui te d't udes reste nt, de fait,
contingentes par les places disponibles en section de technicien suprieur (Aschieri, 2013). De mme,
quelques rares classes prparatoires aux grandes coles (CPGE) leur sont spcifiquement rserves
(deux scientifiques, trois conomiques ce jour). Renvoys des logiques d'excellence 8 , de quotas (loisur l'enseignement suprieur et la recherche de 2013) ou de parcours spcifiques (loi sur l'ESR de 2014),
LÕexpression Ç les portes entrouvertes de lÕenseignement suprieur È (Lemtre et al., 2016) signifie bien
conqurir par des tactiques individuelles et collectives.Aussi, depui s de nombreuse s ann es, par choix ou par dfaut , 7 8 % des nouv eaux bacheliers
professionnels entrent l'universit alors que leur cursus ne les prpare pas aux tudes universitaires.
franchir les tapes de la slection (Paivandi, 2011). Cela est dÕautant plus vrai lÕuniversit o 6 % des
bacheliers professionnels obtiennent la licence en trois ou quatre ans, alors quÕen STS (ou en IUT), la
moiti d'entre eux valident leur diplme en deux ou trois ans (Harnois, 2017 ; MESRI, 2018) 9 5professionnel. Cette mesure datant de 2005, peu suivie d'effets, a entra"n la mise en place des quotas sur proposition des
recteurs, dans la ligne de l'accueil des bacheliers technologiques en IUT. 6 (MESRI, 2018). 7Ç Universit. Parcoursup, premier bilan et gros mensonges È, L'Humanité, 24 septembre 2018. Ç Quand Parcoursup menace
lÕavenirfait le plein È, Les Échos, 6 septembre 2018. Ç Parcoursup : pourquoi les bacs pro sont encore les grands perdants È, Le Parisien,
12 septembre 2018. Ç Parcoursup : La majorit des candidats recals sont issus du bac pro ! È, MCETV, 12 septembre 2018.
8s'interroger sur ce processus qui enferme les meilleurs lycens vers les STS, Ç sous-espace È de l'enseignement suprieur
(Bodin, Orange, 2015). 9 QUAND LE SPORT (DS)ORIENTE LES PARCOURS DES JEUNES 11Pourtant, la typologie réalisée dernièrement parmi les diplômés de licence par Yaël Brinbaum, Cédric
Hugrée et Tr istan Poullaouec (2018 ) rappelle non seuleme nt l'hétérogénéité des trajectoir es des
bacheliers professionnels et technologiques dans l'université française, mais aussi les manières dont
les pa rcours scolaires, l' origine sociale et les conditions d'étud es se combinen t en f aveur de leur
possible réussite en licence. En effet, parmi les cinq parcours de diplômés de licence, un groupe sesingularise (6 % des licenciés) : les bacheliers technologiques et professionnels désignés comme des
" bacheliers par effrac tion » (Beaud, 2002) , issus des class es populaires, au x parcou rs fragiles et
heurtés dans l e secondair e (les plus faibles résultats en français et mat hématiques à l'entr ée au
collège, bac obtenu avec r etard), n'exer çant pas de travail salarié r égulier. Un autr e grou pe plu s
important (21 % des licenciés) se compose principalement de titulaires de licence professionnelle, qui
sont nommés " les rescapés de l'enseignement technologique ou professionnel », avec des cursus
scolaires différents (résultats faibles aux évaluations de 6 e mais bac obtenu " à l'heure »), aux originessociales modeste s, occupant un tr avail salarié régul ier. L es trajectoires le s moins probable s de
bacheliers technologi ques et professionnels qui, c ontre toute attente, obtiennent leu r diplôme de
licence sont ainsi mises en lumière.Les bacheliers professionnels qui osent s'orienter vers les études longues se retrouvent dans la palette
des c ursus proposés : sciences humaines sociales, langues, a dministration écon omique et social e,
droit, sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS), lettres.... Certes, l'orientation
vers l'université peut relever d'un choix par défaut. Cependant, une étude conduite sur les filières du
supérieur long ado ssées à un ch amp profession nel, comme la filière STAPS ou les classes
préparatoires aux éco les d'art, montre que ce s bacheli ers peuvent aussi êtr e dans une ori entation
choisie (Danner et al., 2016 ; Danner, Guégnard, 2019), se fondant sur des justifications d'ordre social,
vocationnel ou stratégique (Dubet, Martucelli, 1996).Pour approfondir cet te réflexion sur les choix d'orient ation de s bacheli ers professi onnels pour le
supérieur long et les arbitrages qui en découlent, ce projet de recherche soutenu par l'INJEP investit
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