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Les Cahiers dOutre-Mer 273

Les Cahiers d'Outre-Mer

Revue de géographie de Bordeaux

273 | Janvier-Juin

Coexistence des mondes ruraux et des agricultures

Édition

électronique

URL : http://journals.openedition.org/com/7683

DOI : 10.4000/com.7683

ISSN : 1961-8603

Éditeur

Presses universitaires de Bordeaux

Édition

imprimée

Date de publication : 1 janvier 2016

ISBN : 979-10-300-0065-8

ISSN : 0373-5834

Référence

électronique

Les Cahiers d'Outre-Mer

, 273

Janvier-Juin, "

Coexistence des mondes ruraux et des agricultures

» [En

ligne], mis en ligne le 01 janvier 2019, consulté le 16 janvier 2021. URL : http:// journals.openedition.org/com/7683 ; DOI : https://doi.org/10.4000/com.7683 Ce document a été généré automatiquement le 16 janvier 2021.

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Bien que dans le monde la population urbaine soit devenue majoritaire (54 % en 2015), il n'y a jamais eu autant de ruraux qu'aujourd'hui (3,4 milliards en 2015) d'après la Banque mondiale. La population rurale devient minoritaire parce que le nombre des urbains augmente beaucoup plus vite. Cette civilisation urbaine croissante et

dominante confinerait-elle le rural à la marge du monde ? Non. Les questions

alimentaires, en particulier celles de l'alimentation des villes, les imbrications de plus en plus complexes entre les systèmes de revenus de ménages s'appuyant sur des membres et des activités éclatés dans l'espace et dans le temps, montrent combien mondes ruraux et mondes urbains sont étroitement associés et liés à de nombreuses

échelles... [En savoir +]

Les Cahiers d'Outre-Mer, 273 | Janvier-Juin1

SOMMAIRELigne éditorialeNouveau départ pour les COM : tensions dépassées et débats assumés !

DossierIntroductionCoexistence des mondes ruraux et des agricultures dans les SudsIntégration des relations urbain-rural à l'économie mondialiséeSylvain RacaudCoexistences rurales et mobilités spatiales en BolivieDe la multilocalisation familiale aux territoires multisituésGeneviève Cortes et Anaïs Vassas ToralQuand la modernité altère l'identitéLes Chagga face à la nouvelle gestion de l'eau sur le Kilimandjaro, Tanzanie

Léa Sébastien

Tous au village le week-end ! À propos de l'intensification des mobilités hebdomadaires de citadins vers les campagnes au Cameroun

Aristide Yemmafouo

À la recherche du paysan résilient

Éléments de réflexion sur une notion à la mode

Benoît Lallau

Les paysanneries des Suds face à une modernisation polymorphe

Perspectives récentes en Asie du Sud-Est

Jean-Philippe Peemans

Développer la filière ti piment de l'île Rodrigues

Contraintes et opportunités d'une valorisation par la qualité liée à l'origine dans l'océan Indien

Grâce Joffre, Marion Le Moal, Jérôme Minier, Olivier Grosse, Frédéric Descroix, Michel Roux-Cuvelier, Céline Peres, Jean-Paul

Danflous, Camille Séraphin, Julie Gourlay et Vincent Porphyre Varia La politique fait-elle pousser les arbres ? Essai d'interprétation des permanences et mutations de la gestion forestière en Tunisie (1881-2016)

Sophie Bouju, Jean Gardin et Laurent Auclair

Atlas de COM

Agricultures d'Outre-mer doublement marginales

" La France des marges : points de vues et perspectives à partir de l'outre-mer »

Anthony Goreau-Ponceaud et Bernard Calas

Maré, la ferme des îles Loyauté (Nouvelle-Calédonie)

Jean-Christophe Gay

Les Cahiers d'Outre-Mer, 273 | Janvier-Juin2

Marie-Galante (Guadeloupe) : le blues du rhumMarie RedonUne activité agricole redynamisée au coeur de La Réunion : vers un " modèle » dedéveloppement mafatais ?Thierry SimonMarginalité, dépendance et coprahculture dans les atolls de Polynésie françaiseRémy CanavesioLe jardin créole de Martinique, re-con-naissance d'un système cultural marginalisé ?Nicolas Lemoigne

RubriquesCOM en parleLe Sahara déborde-t-il ? Migrations et perception d'une région en mouvementSalim ChenaDîner de COML'oeuf ou la poule : qui décide de ce que l'on mange ? Une esquisse géographique du secteurdu poulet de chair en IndeMichaël BruckertCOM a vuLe dernier refuge (2013, 1 h 05 min)

Réalisateurs : Anne-Laure Porée (journaliste et doctorante en anthropologie) et Guillaume Suon (réalisateur franco-

cambodgien). Coproduction : Bophana Production/Centre Bophana/Tipasa Production.

Marie Mellac

Wrong elements (2017, 2 h 13 min)

Réalisateur : Jonathan Littell

Bernard Calas

Entretien de COM

Entretien avec Bernard Charlery de la Masselière Propos recueillis par Bernard Calas et Sylvain Racaud

Bernard Callas et Sylvain Racaud

Remarques sur l'article de Bertin Kadet : " L'ouest forestier ivoirien : enjeux et problèmes d'une zone grise », Les Cahiers d'Outre-Mer, 2015, n° 271, p. 437-458

Alfred Schwartz

Les Cahiers d'Outre-Mer, 273 | Janvier-Juin3

Ligne éditorialeNouveau départ pour les COM : tensions dépassées et débats assumés !

1 Le comité de rédaction des COM hérite d'une revue avec une histoire longue, d'unpublic non négligeable pour une revue de sciences humaines et sociales (en nombre

d'abonnés papier et en nombre d'achat d'articles), d'un référencement efficace sur les sites Cairn et Revues.org, d'une légitimité étayée par son classement par l'HCERES, d'une attention suspicieuse liée entre autres aux débats sur la tropicalité et le développement dont Bordeaux a été le théâtre (Bruneau et Dory, 1989 ; Bouquet et Velasco, 2008) et qui sourdent encore, parfois douloureusement.

2 Que faire de cela ? Jeter, ignorer, assumer, persévérer, recycler ? Les scénarios nemanquent pas, biaisés parfois par les contraintes budgétaires. Cependant, au-delà du

pragmatisme qui consiste à utiliser et valoriser l'existant, un effort de clarté,

d'explicitation est exigé, ce que tente rapidement cette ligne éditoriale, au risque de rallumer des polémiques chronophages.

3 Créée en 1948 par Louis Papy alors que la France était une puissance coloniale, la revue

s'inscrit donc dans l'histoire de la géographie française - voire francophone - comme

une revue de géographie tropicale, plus préoccupée d'objectivation que de réflexivité.

L'autorité acquise par l'un de ses créateurs, Pierre Gourou, contribue cependant à en faire un haut-lieu de la géographie française. Cette inscription et ses modalités en firent la réputation puis son affaiblissement relatif, les rapports de force institutionnels et idéologiques qui sous-tendent les débats académiques évoluant. La géographie du développement, les études postcoloniales, les subaltern studies ont fourni des arguments aux contempteurs d'une approche jugée trop zonale et pointée du doigt pour sa filiation avec la géographie coloniale, son compagnonnage avec le paternalisme post- colonial. L'approche tropicaliste aurait naturalisé la domination. Il faut entendre ces critiques - même parfois anachroniques - pour tenter de les dépasser. Nous souhaitons prendre en compte les évolutions épistémologiques disciplinaires et interdisciplinaires contemporaines en nous inscrivant néanmoins dans le sillage de l'évolution de la revue. En premier lieu, il s'agit d'assumer son titre, dont nous faisons le pari que la valeur polémique est dépassée par la valeur épistémique et la renommée, notamment sur les terrains inter/subtropicaux.

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4 D'abord, les COM ont vocation à s'intéresser aux espaces intertropicaux dans leurzonalité sans s'attarder exclusivement aux DROM (départements et régions d'outre-mer) mais sans s'interdire de s'y arrêter. La tropicalité (Demangeot, 1999) n'est pas

l'objet des COM, elle trace les contours de son attention. Revue sensible à la tropicalité, rareté francophone, les COM prennent donc en compte la variable bioclimatique et environnementale pour délimiter un champ sans en faire leur objet. Dans le même temps, peut-on refuser la référence environnementale à l'heure où les paradigmes des changements globaux et du changement climatique irriguent les relations diplomatiques, les programmes de recherche comme les projets de développement et

fournissent une grille de lecture et d'action à une multitude de courtiers du

développement, ici et ailleurs ? Nonobstant, ce n'est pas parce que l'on s'intéresse à la zone intertropicale qu'on " fait » obligatoirement de la géographie zonale, tropicale, dont le classicisme ne signe pas forcément l'obsolescence. En effet, utiliser la tropicalité ne dispense pas, bien au contraire, de moderniser la géographie pratiquée et produite. Il ne s'agit pas de rouvrir un débat autour de la géographie tropicale et de la tropicalité qui a déjà eu lieu, notamment à Bordeaux, mais d'acter le fait que plus que de géographie, il conviendrait de parler de géographes, dépositaires et producteurs de savoirs, voire d'une science, et soumis aux contingences de leurs appétences. Aussi proposons-nous d'aiguiser le regard porté sur ce monde intertropical. Il est pertinent de mettre en oeuvre une approche attentive en premier lieu aux acteurs intervenant dans cet espace, à leurs trajectoires personnelles et collectives. Le constructivisme souligne combien les représentations - dont les réalités produites par les questionnements scientifiques - sont contraintes par les positions sociales et, en retour combien elles les contraignent. Partagée avec les autres sciences humaines et sociales, cette approche conduit à prendre en compte les acteurs, leurs représentations du monde - au sens propre les géographies, les cartographies, les idéologies spatiales - et à évaluer comment celles-ci les amènent à prendre des décisions, à engager des actions qui, en retour, impactent le monde. C'est également cette référence explicite au

constructivisme qui incite à assumer l'Outre-Mer du titre, qui suggère le caractère situé

du discours, le caractère orienté du regard.

5 L'Outre-Mer renvoie également aux Suds, et il serait naïf d'ignorer le glissement qui

s'opère quand on passe des tropiques aux Suds.

6 Il faut reconnaître et expliquer ce glissement vers les Suds, dans toute l'ambiguïté, le

flou de ce terme et de ce pluriel. Qu'est ce qui se cache derrière ces Suds si souvent questionnés (Gervais-Lambony et Landy, 2007) ? Pour nous, il s'agit d'un champ spatial à l'intersection de plusieurs ensembles, construit chacun à partir d'un critère singulier : l'espace situé entre les latitudes moyennes, l'espace dominé politiquement et parfois culturellement par les Nords - tout aussi flous -, un espace en forte/rapide transformation démographique et économique et, enfin, un espace constitué de territoires en effervescence politique (souvent le monde du ressentiment et de l'espoir pour reprendre Tzvetan Todorov). L'agencement relatif de ces critères dessine des

intersectionnalités variables qui amènent à distinguer des types de situations

géographiques multiples. Des critères différents : cette pluralité suffit à susciter des

querelles autour des conflits d'attribution causale, des tensions autour des primats et

définir ainsi un champ de tensions autour de ces corrélations. Le défi à relever est donc

celui de la cohérence scientifique entre des approches qui se revendiquent, parfois se sur-jouent, ou qui peuvent être perçues en tension voire en contradiction. De plus, il

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s'agit pour l'équipe de prendre en compte les dynamiques contemporaines de mobilités et de migrations. Les COM porteront attention aux modalités d'inscriptions spatiales de ces dynamiques, à différentes échelles, y compris dans les Nords.

7 Notre ambition est de restituer aux catégories d'acteurs, d'actants et d'agents leurportée opératoire au sein d'une analyse systémique. Le primat du politique - dans toute

l'épaisseur du mot - dans le système explicatif des COM est donc clair. C'est ce qui explique l'implication dans l'élaboration rédactionnelle des COM d'un laboratoire dont le domaine de réflexion premier est l'analyse du politique au sens large : le LAM Les Afriques dans le monde (UMR 5115 du CNRS). Cette orientation s'inscrit également dans la vocation pluridisciplinaire des Presses Universitaires de Bordeaux.

8 Une décision prise en conscience. Cependant, au-delà de cette posture, y a-t-il un public

académique pour cette revue ? Nous pensons que oui. Pourquoi ? Parce que la communauté académique, dans ses diversités, exprime un grand intérêt pour les Suds ;

certes souvent un intérêt romantique, fantasmé, qu'il convient dès lors de

désenchanter sans le ridiculiser mais sans lui faire perdre sa portée opérationnelle. Nous pensons qu'il y a encore aujourd'hui une véritable curiosité intellectuelle pour un ensemble spatial immense, disparate, peuplé, au moment où les interactions, les interdépendances globales n'ont jamais été aussi fortes, qu'elles soient vécues sur le mode de la menace ou de l'opportunité, rarement bien informées. On peut aussi dire parce que cet ailleurs, cette altérité grande - quoique brouillée de plus en plus - réclame un décalage, un décentrement, un effort (souvent linguistique), une remise en question souvent problématique mais aussi fertile. Mais cela est également vrai d'une enquête ethnographique de voisinage, reconnaissons-le.

9 L'identité de la revue est aussi dessinée par l'importance méthodologique accordée " au

terrain » dans l'héritage de la revue. Nous en assumons l'appel, le plaisir, l'intérêt,

l'envie, le désir, la fertilité comme les limites et les apories si souvent dénoncées. Qu'est

ce qui se cache derrière ce mot débattu (Volvey, Calberac et Houssay-Holzschuch,

2012) ? Un horizon évidemment, une rencontre, une expérience, des moments partagés,

une attente parfois déçue, des chocs et, au-delà, parce que sinon le savoir n'y

retrouverait pas son compte, des pratiques routinières et établies qui mettent

l'entretien - voire l'enquête - au coeur de la production de données et qui en font des laboratoires de référence producteurs de savoirs et de connaissance. C'est par la mise en écho des recherches réalisées sur des terrains différents mais portant sur des thématiques similaires que nous espérons rendre compte des évolutions du monde contemporain, à partir des Suds. En somme, la pratique est ici considérée comme un fondamental dénominateur commun.

10 En repensant cette revue scientifique, nous avons à coeur, d'abord, d'offrir un espaceéditorial à des recherches en cours, des recherches de terrain, précises, localisées etainsi proposer une collection d'études de cas qui peuvent constituer le terreau desconstructions intellectuelles d'ampleur, l'opportunité d'une montée en généralité.

11 Ainsi les vastes réflexions d'échelle planétaires ou continentales qu'affectionnent les

Anglo-Saxons mais aussi des auteurs qui nous inspirent comme Bertrand Badie, Jean- François Bayart, ou Pierre Gourou et Jean Gallais, plus près des géographes sont-elles

fondées sur des lectures, des bibliographies, des compilations d'études de cas

nombreuses.

12 L'ambition est de continuer à faire des COM une revue de référence sur les Suds,assumant une sensibilité environnementale et revendiquant une approche politique de

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sciences humaines et sociales. Nous proposons de revisiter des thématiques et desnotions universelles à partir des Suds intertropicaux.

13 En somme, la vérité sur les débats internes au comité de rédaction oblige à accepter des

tensions irrésolues ; mais faut-il toujours résoudre les tensions si elles sont explicites ? Le renouvellement éditorial que nous entamons reste inachevé à ce stade puisqu'il se prolongera au sein du comité de rédaction (lui-même renouvelé) par la recherche de pistes de réflexion éditoriales. COM revue en tension entre " terres d'espérance » (Gourou, 1982) et " terres de risques et de violences » (Gallais, 1994). Peut-on raisonner de manière cohérente et tendue, voire contradictoire ? Une revue reflète la diversité des recherches en cours et, à ce titre, constitue un espace de débats.

14 Le comité de rédactionBIBLIOGRAPHIEBouquet C. et Velasco-Graciet H (dir.), 2008 - Les tropiques des géographes. Bordeaux : MSHA,

236 p.

Bruneau M. et Dory D. (dir.), 1989 - Les enjeux de la tropicalité. Paris : Masson " Recherches en géographie », 161 p.

Demangeot J., 1999 - Tropicalité. Géographie physique intertropicale. Paris : Armand Colin, 340 p.

Gallais J., 1994 - Les tropiques, terres de risques et de violences. Paris : Armand Colin " U », 271 p.

Gervais-Lambony P. et Landy F., 2007 - " Introduction ». Autrepart, vol. 1, n° 41, p. 3-14. Gourou P., 1982 - Terres de bonne espérance, le monde tropical. Paris : Plon, 443 p.

Todorov T., 2008 - La peur des Barbares. Au-delà du choc de civilisation. Paris : Robert Laffont, 311 p.

Volvey A., Calberac Y. et Houssay-Holzschuch M. (dir.), 2012 - " Terrain de je. (Du) Sujet (au) géographique ». Annales de géographie, n° 687-688, p. 441-461.

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Dossier

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Introduction

Coexistence des mondes ruraux et

des agricultures dans les Suds Intégration des relations urbain-rural à l'économie mondialisée

Sylvain Racaud

NOTE DE L'ÉDITEUR

Ce numéro s'appuie notamment sur des contributions présentées lors de la séance " Coexistence et globalisation dans les Suds » au cours du séminaire " Diversité et coexistence des mondes agricoles » coordonné par François Purseigle et soutenu par le LABEX SMS, référence ANR-11-LABX-0066. Je remercie François Purseigle de l'opportunité qu'il m'a offert d'organiser cette séance.

1 Bien que dans le monde la population urbaine soit devenue majoritaire (54 % en 2015),

il n'y a jamais eu autant de ruraux qu'aujourd'hui (3,4 milliards en 2015) d'après la Banque mondiale. La population rurale devient minoritaire parce que le nombre des urbains augmente beaucoup plus vite. Cette civilisation urbaine croissante et

dominante confinerait-elle le rural à la marge du monde ? Non. Les questions

alimentaires, en particulier celles de l'alimentation des villes, les imbrications de plus en plus complexes entre les systèmes de revenus de ménages s'appuyant sur des membres et des activités éclatés dans l'espace et dans le temps, montrent combien mondes ruraux et mondes urbains sont étroitement associés et liés à de nombreuses échelles. Partant, il apparaît pertinent de penser le rural et l'urbain ensemble à travers leurs relations elles-mêmes intégrées à d'autres échelles et associant des formes spatiales continues tels le territoire, le continuum urbain-rural, mais aussi le réseau

avec ses discontinuités et ses fluidités. Cet ensemble est hétérogène voire paradoxal ;

urbain et rural constituent une unité globale d'éléments différents, complémentaires et

en tension, l'unité renvoyant à la cohérence, la globalité supposant aussi la cohérence

de l'unité par rapport à une autre échelle. Les spécificités fondent justement les relations (certes le plus souvent dissymétriques particulièrement en matière de

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pouvoir), ces dernières pouvant apparaître incohérentes, par exemple ledéveloppement d'une métropole grâce au dynamisme du secteur agricole de sonarrière-pays agricole sans que ce dernier ne profitât du développement. À moins que

les rapports de pouvoir dissymétriques ne soient au fondement de toutes relations... Appréhender l'urbain et le rural dans une même organisation - un même système -, par l'angle de l'intégration, revient à penser l'unité avec la multiplicité " unitas

multiplex » (Angyal, 1941, in Morin, 1977) : unité du tout basée sur leurs relations avec la

multiplicité (spécificités du rural et de l'urbain, chacun ayant à leurs niveaux d'autres

spécificités). Ceci étant, l'ouverture des mondes ruraux, les relations urbain-rural

diversement intégrées à l'économie mondialisée et à une éventuelle culture globale

ainsi que les phénomènes de coexistence des agricultures, des activités, des espaces et des échelles sont du ressort de complémentarités et de tensions, moteur de la dynamique du système urbain-rural, et ne tendent pas vers une homogénéisation du rural et de l'urbain. Cette introduction souligne quelques représentations du monde rural souvent confondu avec un espace de production agricole - paysan, et présente des modalités d'ouverture du monde rural à d'autres espaces à partir de logiques de diversification et d'intégration, autrement dit des modalités inédites de coexistence de la ville et de la campagne, de l'agriculture et de l'entreprenariat, du local et du global, de l'ici et de l'ailleurs, etc.

Confusion entre rural et agriculture : poncif du

développement

2 Le monde rural dans les Suds ne devient pas une absolue périphérie démographique du

monde car si la population urbaine augmente plus rapidement, les campagnes n'ont jamais été aussi pleines. Par exemple la croissance de la population des campagnes en Afrique subsaharienne rurale montre la vitalité de ces sociétés rurales. Le tableau démographique n'est pas si simple et les tendances régionales masquent la diversité au sein de chaque région 1.

Population urbaine Population rurale

% pop. totaleCroissance annuelle

2015% pop.totaleCroissance annuelle

2015

Monde 54 2,1 46 0,2

Afrique subsaharienne 38 4,1 62 1,9

Amérique du Sud 80 1,4 20 - 0,3

Asie du Sud 33 2,7 67 0,7

Les Cahiers d'Outre-Mer, 273 | Janvier-Juin10

Asie du Sud-Est etPacifique57 2,3 43 - 1,4

Sources : Banque mondiale, 2017, d'après les données de 2015. http://wdi.worldbank.org/table/3.1 ;

http://wdi.worldbank.org/table/3.12#

3 À cette marginalisation démographique discutable, s'ajoute une marginalisation

économique tout autant contestable mais qui trône néanmoins en bonne place dans les statistiques. En effet, il y a un décrochage net entre le poids de l'agriculture dans les comptabilités nationales mesurées à travers l'étalon or qu'est le PIB et l'importance tangible, quotidienne et cruciale de l'agriculture pour les populations rurales et urbaines. Pour les premières, l'agriculture reste une activité importante si ce n'est majoritaire, en particulier pour les populations rurales d'un arc qui s'étend du Sud- Sahel jusqu'au sud de l'Afrique de l'Est. Pour les secondes, l'agriculture nationale est un des principaux canaux si ce n'est le principal canal d'approvisionnement des villes. Néanmoins, la contribution de l'agriculture dans les PIB nationaux devient marginale puisqu'elle n'en représente qu'une faible part avec 18 % pour l'Afrique subsaharienne,

18 % pour l'Asie du Sud et seulement 5 % pour l'Amérique du Sud et l'Asie du Sud-Est et

Pacifique

2. Ces chiffres illustrent la déconnexion entre le poids économique visible de

l'agriculture et son importance sociale et politique. Le Brésil, terre des sans-terres par excellence n'est-il pas un des principaux exportateurs mondiaux avec pourtant un poids de l'agriculture qui ne dépasse pas 5 % du PIB tandis qu'en même temps l'agriculture familiale emploie tout de même environ 14 millions de Brésiliens sur

4,3 millions d'exploitations et que les deux tiers de l'alimentation des Brésiliens sont

assurés par cette agriculture familiale ? (ministère de l'Agriculture, de

l'Agroalimentaire et de la Forêt, 2015). Les avions Embraer, troisième groupe

aéronautique mondial pèsent bien plus que la tonne de maïs dans la comptabilité nationale.

4 Source majeure de revenus pour des parts importantes des populations rurales(l'agriculture représente toujours 71 % de l'emploi total en Ouganda, 46 % au Vietnamet 30 % en Bolivie), source alimentaire primordiale pour les ruraux et les urbains, la

question rurale, doublée de la question agricole, est par conséquent éminemment politique. Cependant, de nombreux pays, en particulier africains, depuis une trentaine d'années, n'ont pas vraiment soutenu leurs agricultures familiales, ou plus exactement les filières alimentaires tournées vers les marchés nationaux et régionaux. Auparavant, ils avaient accompagné les filières de cultures de rente (e.g. cacao, café, thé, etc.) jusqu'à leur démantèlement suite au plan d'ajustement structurel dans les années 1980. Ce sont les importations de denrées bon marché qui furent privilégiées afin d'assurer des prix bas pour la clientèle urbaine croissante, celle qu'on entend quand elle gronde, d'autant plus quand elle vit à quelques encablures du palais présidentiel... Mais, à partir

de 2007, ce qui a été qualifié d'" émeutes de la faim » dans certains pays des Suds a mis

en avant la problématique de la faim d'une manière inhabituelle. Les images des journaux télévisés ne montraient pas des réfugiés parqués dans des camps ou de pauvres villageois décharnés aux pieds nus, mais des individus de classes moyennes urbaines

3. Ces événements s'inscrivent dans un mouvement de forte volatilité des prix

des matières premières et en particulier après la forte et soudaine hausse des prix des céréales en 2007

4. Ces faits soulignent l'ampleur de la dépendance de

l'approvisionnement alimentaire des citadins aux marchés mondiaux mais pour autant,

Les Cahiers d'Outre-Mer, 273 | Janvier-Juin11

le ravitaillement en denrées s'appuie également sur les agricultures nationales. Avec en filigrane la question démographique, les enjeux de la question alimentaire ont pris récemment une autre acuité dans le contexte du changement climatique qui peut être désormais considéré comme un fait total : environnemental, social, économique, culturel, politique et scientifique. Comme un malheur ne vient jamais seul, à la sécheresse récurrente se combinent en 2017 des guerres et des famines (pourtant anticipées) perpétuant une trilogie mortifère dans des États faillis, preuve s'il en est que les ressorts sont bien avant tout politiques.

5 La sécurité alimentaire est donc une entrée pertinente pour aborder les relations ville-

campagne et elle l'est d'autant plus au regard du développement, paradigme et idéologie sur lequel s'est construit le dualisme urbain-rural (Charlery de la Masselière,

2005). Les politiques de développement ont en effet été sectorielles et le développement

agricole a souvent été déconnecté du développement régional comme par exemple l'appui à l'industrialisation d'une filière spécifique d'exportation au détriment de l'agriculture au sens large. D'un autre côté, la ville longtemps absente des théories du

développement, des politiques des États et de l'aide internationale, a été perçue comme

un biais au développement (Lipton, 1976 ; Prud'homme, 2007) jusqu'au rapport de la Banque mondiale de 2009 (Banque mondiale, 2009) qui constitue une célébration de la grande ville. Ce bailleur de fonds incontournable en matière d'aide au développement a opéré un renversement de point de vue : la concentration urbaine est désormais perçue comme moteur de création de richesses : L'urbanisation est considérée comme un processus de développement positif, à

condition d'être gérée de manière efficace [...]. La clé du développement n'est pas

dans l'allocation des aides financières aux régions en difficulté mais au contraire dans la stimulation des régions les plus prospères et qui sont les grandes régions urbaines. (Cavin, 2009)

6 En dépit de son infléchissement et de l'ambiguïté du rapport, la Banque mondiale

conserve bien son approche libérale de l'économie puisque cette vision se réfère à la théorie économique du ruissellement selon laquelle favoriser les plus riches serait bénéfique aux plus pauvres, ou comment favoriser les villes pour développer les campagnes.

7 En matière de développement rural, à partir des indépendances et dans la continuité du

modèle colonial, les politiques des États ont consisté à moderniser l'agriculture avec en

filigrane les enjeux de la construction nationale étatique (Charlery de la Masselière,

2014 ; Peemans, 2010). Le rôle moteur des États a ensuite été pris par le marché à partir

des années 1980 suite aux mesures de dérèglementation-libéralisation et dans ce contexte la figure du paysan comme acteur arriéré incapable de moderniser son

appareil de production a été plus ou moins implicite dans les démarches

développementalistes (voir Peemans dans ce numéro). Le renversement opéré au sujet de la ville s'est réalisé cette fois au sujet des paysans qui sont récemment perçus et représentés comme des entrepreneurs agricoles dont il faut assurer la résilience puisqu'il faut bien qu'ils se débrouillent par eux-mêmes (voir Lallau dans ce numéro). La figure du paysan et plus généralement la question agricole sont les entrées incontournables de réflexions marquantes sur les espaces ruraux. Pour autant, il réside

de grands décalages entre le discours et la réalité, les politiques en matière

d'agriculture familiale semblent bien insuffisantes si ce n'est encore inexistantes sauf peut-être quand il s'agit de sécurité alimentaire. En effet, des mesures de sécurité alimentaire se drapent des oripeaux d'une réelle politique agricole comme par exemple

Les Cahiers d'Outre-Mer, 273 | Janvier-Juin12

les aides aux achats d'intrants pour le maïs en Tanzanie (Voucher system établi en 2008) ou des aides au stockage de la même céréale incontournable (Warehouse Receipt System) (Racaud, 2013).

8 Tantôt pour les Nords tantôt pour les Suds, on s'est inquiété du sort du rural par le

prisme de l'agriculture, principalement à travers la question de la fin des paysans (Mendras, 1970 ; Haubert, 1999 ; Hazell, 2005) et cette question a été formulée très explicitement :

9 " Y a-t-il encore un avenir dans les pays du Sud pour les agriculteurs familiaux et

paysans ? » (Haubert, 1999 : 9). Ces réflexions sont d'autant plus légitimes

qu'aujourd'hui quelque 2,6 milliards de personnes produisent plus de 70 % de la production alimentaire sur plus de 500 millions d'exploitations et que l'agriculture familiale occupe 40 % des actifs dans le monde, moins de 5 % de la population active en Amérique du Nord et en Europe, 59 % de la population active en Chine, 53 % en Inde, et

53 % en Afrique

5. Ce ne sont peut-être pas tant les tendances démographiques qui ont

motivé ces travaux que les mutations liées à l'urbanisation et à la concurrence accrue des agricultures souvent d'ailleurs dans des contextes de libéralisation des marchés. Structurellement le marché continue de s'appuyer sur une faible rémunération des producteurs ; le cas du café est emblématique pour montrer le décrochage de la part de

valeur ajoutée perçue par le caféiculteur par rapport à celle perçue par les acteurs à

l'autre bout de la chaîne (Daviron et Ponte, 2007). Ce biais structurel à l'accumulation de capital pour les producteurs est un frein au développement des campagnes. En particulier pour l'Afrique dont on a vu que la moitié des actifs s'appuie sur l'agriculture

familiale, les modalités d'intégration au marché relèvent d'une économie de rente c'est-

à-dire qu'il n'y a pas de processus de véritable accumulation. : " L'Afrique [qui] est demeurée une "économie de rente", où le processus d'accumulation n'a pas pu être réellement enclenché » (Hugon, 2009 : 9) et Géraud Magrin d'ajouter " le revenu par

habitant n'a quasiment pas augmenté en cinq décennies » (Magrin, 2013 : 21).

L'intégration au marché de l'agriculture familiale contribue à la persistance d'une économie rurale extravertie, c'est-à-dire subordonnée à un environnement extérieur, établissant ainsi un lien de dépendance et une relation dissymétrique, que ce soit pour les cultures d'exportations ou pour les cultures destinées aux marchés urbains nationaux (Racaud, 2016).

10 À une autre échelle, les mutations de l'économie mondiale déterminent la place

périphérique de l'Afrique dont l'économie est extravertie (orientée vers des marchés extérieurs dont elle dépend) et l'extraversion apparaît alors comme le registre de production des inégalités (Bayart, 1999)

6. À l'échelle mondiale, si l'extrême pauvreté a

diminué (personnes vivant avec moins de 1,25 $ par jour) et si les classes moyennes ont augmenté (personnes vivant avec au moins 4 $ par jour...) (Nations unies, 2015), les inégalités persistent, voire se creusent, et la croissance économique profiterait aux plus riches au détriment des plus pauvres (Oxfam, 2017). Le constat sur les inégalités alimente des débats sur le péril qu'elles représenteraient pour la démocratie. Des réflexions à partir du Sud, par exemple l'Inde, proposent que la croissance de

frustrations et de ressentiments liés à l'impossibilité d'ascension sociale,

d'accumulation et d'accès à des attributs de la modernité et du progrès économique, soit un moteur du développement d'une colère mondiale (Appadurai et al., 2017). Pour le Nord, ce débat est appuyé par l'ouvrage à succès de Thomas Piketty (2014) qui propose qu'en l'absence d'éléments extérieurs perturbant son fonctionnement

Les Cahiers d'Outre-Mer, 273 | Janvier-Juin13

spontané, le capitalisme engendre inéluctablement des inégalités de plus en plus importantes, inadmissibles parce qu'en contradiction avec les principes et les valeurs sur lesquelles sont basées les sociétés démocratiques. Bien qu'elles fussent pivot de la construction nationale des États et bien qu'elles fussent anciennement insérées au marché par les cultures d'exportation et, plus récemment par le " vivrier marchand » (Chaléard, 1996) dans une économie libéralisée, les paysanneries constituent le gros des pauvres. D'ailleurs, les rapports sur les objectifs du développement soulignent les

inégalités entre les villes et les campagnes à travers les angles de la pauvreté et ceux de

l'accès aux divers services.

11 Majoritairement agriculteurs familiaux, les ruraux sont les plus pauvres et les plus mal

lotis en matière de " développement » et par conséquent les questions de

développement agricole sont proches de celles de lutte contre la pauvreté. Il existequotesdbs_dbs28.pdfusesText_34
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