[PDF] la bhagavad-gita “telle quelle est”





Previous PDF Next PDF



Sans douleur

1 juin 2005 URL : http://journals.openedition.org/span/719 ... la passion amoureuse ... de recherche et de partage de l'amour (ampu) divin. C'est.



de nouvelles propositions de sens pratiques dans le domaine de l

12 août 2008 démarche spirituelle soucieuses de faire partager leurs convictions. Le magazine que vous avez en main



YOGA ET TRANSMISSION

c) Bhakti yoga. Ce troisième yoga est celui de l'amour du service et de la dévotion. C'est un yoga pour le croyant quelle que soit sa religion. Le Bhakti yogi 



TEXTES 259

10 Bhakti Ong l'esprit de famille. 12 La preuve par Ong www.sport-sante-magazine.fr ... en qui j'ai une totale confiance et qui connaît parfaitement le.



Développement de lintégrité et réduction de la corruption dans le

Comparaison du niveau de confiance dans les forces armées. normale et sape la culture militaire basée sur le partage des risques la méritocratie et la.



Le Maître o du disciple

rapport à l'amour et à l'enseignement pour le maître et dans Comme chercheur spirituel



La vie rêvée du « Petit voleur »

27 févr. 2000 Magazine. 13.00 Journal Météo. 13.40 et 20.35. Du côté de chez vous. 13.42 Bien jardiner. 13.50 Les Feux de l'amour. Feuilleton.



la bhagavad-gita “telle quelle est”

justice au chemin de la bhakti tenu pour populaire et mineur



La musique hindoustani : Un itinéraire transculturel vers un partage

6 janv. 2012 10 La Bhakti un concept issu de la Bagavad Gita



La musique hindoustani : Un itinéraire transculturel vers un partage

6 janv. 2012 10 La Bhakti un concept issu de la Bagavad Gita

la bhagavad-gita “telle quelle est”

LA BHAGAVAD-GITA

TELLE QU'ELLE EST"

Sa Divine Grâce A.C Bhaktivedanta Swami Prabhupada.

PREFACE

Le public français a surtout entendu parler jusqu'ici de la voie du yoga et de la voie du jnana (connais-

sance libératrice) comme représentatives des doctrines et méthodes spirituelles de l'Inde brah-

manique.

Or voici que depuis quelque temps son attention est attirée, de diverses manières, sur la voie de la

bhakti, par les adeptes de la "Conscience de Krsna". C'est un fait: l'intelligentsia hindoue moderne et,

à sa suite, cette partie de l'opinion occidentale qu'a marquée le néo-hindouisme, n'ont pas rendu pleine

justice au chemin de la bhakti, tenu pour populaire et mineur, ou, au mieux, subordonné.

Il faut assurément faire appel de ce jugement. La tradition bhakta a suscité l'un des monuments les

plus grandioses - en ampleur et en valeur - de l'indianité.

Certaines de ses manifestations peuvent apparaître déconcertantes, surtout lorsqu'elles se présentent

hors du cadre indien. Mais il convient de voir au-delà.

Qu'est-ce donc que la bhakti? Le terme se rattache à une racine verbale sanskrite - bhaj - signifiant,

à l'actif: donner en partage, et, au moyen: recevoir en partage. D'où le substantif: bhaga, la bonne part,

le bonheur, à partir duquel a été formé l'un des Noms divins: Bhaga-van, Celui qui a la bonne part, le

Bienheureux. L'adjectif verbal bhakta, entre autres acceptions, s'applique aux personnes qui reçoivent

par grâce une part de la vie divine, s'engagent totalement en la cause du Bienheureux, se dévouent

sans réserve à Son service. Et la bhakti est la manière d'être du bhakta, érigée en discipline spirituelle

et chemin de salut autonomes.

Multiforme et remontant à une haute antiquité, ce vigoureux courant de pensée et pratique religieuses

s'est diversement organisé, au long des siècles, en fonction de telle ou telle figure ou appellation

divine. C'est la bhakti consacrée à Krsna, Lui-même adoré comme la suprême Déité, qui nous

intéresse ici. Elle se fonde sur le document sacré appelé Bhagavad-gita (le chant du Bienheureux),

reproduit sous le présent ouvrage avec traduction et commentaire. Souvent considéré comme une

Upanisad, ce chant jouit dans le Brahmanisme de l'autorité doctrinale la plus élevée; en tant qu'inséré

dans la grande épopée du Mahabharata, (1) il n'est pas seulement à la source mais aussi au plus large

du fleuve de la Tradition. Le Harivarnsa (appendice du Mahabharata), le Visnu- et le Bhagavata

Puranas racontent la geste de Krsna; le Bhagavata oriente la bhakti Krsnaïte dans un sens fortement

affectif et extatique, tout en développant l'aspect vedantique de sa métaphysique.

Parmi les très nombreuses personnalités qui ont illustré l'histoire du Krsnaïsme, celle de Caitanya doit

retenir spécialement notre attention. Il naquit en 1486 à Navadvipa, centre intellectuel important du

Bengale à cette époque. Il appartenait à la caste brahmanique. Son nom était Visvambhara-misra. Il

fut d'abord chef de famille et maître d'une école où le savoir du temps était dispensé en sanskrit. Mais

un pèlerinage à Gaya, en 1506, lui permet de découvrir sa vocation profonde et véritable de grand

bhakta de Krsna. En 1510, il devient Renonçant (sannyasi) sous le nom de Sri Krsna Caitanya ou, plus

brièvement, Caitanya. Il circula d'abord beaucoup, à la façon des religieux de son ordre, séjourna à

Vrndavana, aux lieux saints du Krsnaïsme, puis, en 1515, se retira définitivement à Puri,(2) autre cen-

tre visnuïte majeur, où il quittera ce monde en 1533.

Le mot sanskrit caitanya signifie "pensée" ou "conscience". Attribué à la Divinité, il prend le sens de

Conscience Absolue. Sri Krsna Caitanya veut donc dire: Krsna, Conscience Absolue, ou, si l'on

préfère, la Conscience de Krsna. D'où le nom porté par le mouvement religieux qui assume la respon-

sabilité de la présente publication.

Bien que riche d'une excellente culture brahmanique, Visvambhara a très peu écrit. Sa doctrine a prin-

cipalement été élaborée, puis transmise, par ses grands disciples de la première heure connus collec-

tivement comme les "Six Gosvamis".

Sa métaphysique est délibérément d'appartenance vedantique. Elle comporte des nuances propres

que fixera l'appellation d'acintya-bhedabheda-vada: la "doctrine de l'inconcevable différence dans la

non-différence". La tension ontologique entre l'âme finie et Dieu, entre la multiplicité et l'Unité

omniprésente, est ainsi sauvegardée dans la mesure où elle est jugée nécessaire au déploiement de

la bhakti.

L'antique et célèbre définition de l'Absolu comme "être-pensée- béatitude" est conservée par Caitanya.

Cependant, l'être, pour lui, n'est pas consubstantiel à une pensée impersonnelle et une béatitude qui-

escente, mais à une conscience personnelle et un amour passionné (prema) qui provoque intense

émotion (bhava) et transport de joie (hlada).

Enfin, la théorie esthétique du rasa (saveur poétique), convenablement transposée et enrichie, permet

une fine analyse et un arrangement des sentiments religieux spécifiquement Caitanyens et de leur gamme subtile. Quant au culte, l'un de ses aspects les plus originaux consiste en sankirtana, procession de louange

chantée et dansée, manière d'oratorio en mouvement pour lequel Caitanya Lui-même composa des

mélodies. Il faut aussi mentionner l'invocation répétée: Hare Krsna: ô Hari, (3) ô Krsna.

L'original du présent ouvrage est dû à la plume du swami Bhaktivedanta. Il consiste essentiellement

en une traduction commentée de la Bhagavad-gita.

Il est rédigé en anglais, langue dont le swami a la pleine maîtrise, en même temps que celle du san-

skrit et du bengali.

En tant que successeur en ligne régulière de Caitanya, l'auteur a droit, selon les usages indiens, à une

titulature auguste: Sa Divine Grâce A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada.

Le grand intérêt de sa lecture de la Bhagavad-gita tient donc à ce qu'elle nous propose une interpré-

tation autorisée du livre sacré selon les normes de la tradition Caitanyenne.

Quant à la version française ici offerte au public, elle se veut littéralement fidèle au texte anglais du

swami Bhaktivedanta. Elle s'interdit d'apporter, de son chef, aucune contribution philologique ou doc-

trinale inédite.

Venant d'un indianiste et philosophe chrétien, cette préface ne saurait se donner pour l'acte d'al-

légeance d'un adepte. Mais elle est, de la part de quelqu'un pour qui le christianisme est la Vérité éter-

nelle, un geste de sincère amitié.

Olivier Lacombe

Professeur honoraire

Université de Paris - Sorbonne.

Olivier Lacombe est également Docteur es Lettres, Ancien Conseiller culturel auprès des services

diplomatiques français en Inde, Ancien Directeur d'études à l'Ecole pratique des hautes études (V°

section) à Paris, Doyen honoraire de la faculté des lettres de Lille, Ancien Directeur de l'Institut de

Civilisation Indienne, et l'auteur de nombreux ouvrages sur la philosophie et l'indianisme. (N.d.E.) (l) Sixième parva, chapitres 25 à 42

(2) En Orissa, Puri est une ville sainte où Visnu est adoré sous le nom de Jagannatha. En Jagannatha,

les bhaktas reconnaissent Krsna Lui-même, dont Visnu est l'émanation plénière. (N.d.E.) (3) Hari est un des Noms de Krsna.

Le mot Hare est également le vocatif de Hara, qui est un des noms de la puissance interne de Krsna,

personnifiée par Srimate Radharani, ou "Celle qui fascine Hari". (N.d.E.)

Olivier Lacombe est également Docteur ès Lettres, Ancien Conseiller culturel auprès des services

diplomatiques français en Inde, Ancien Directeur d'études à l'Ecole pratique des hautes études (V°

section) à Paris, Doyen honoraire de la faculté des lettres de Lille, Ancien Directeur de l'Institut de

Civilisation Indienne, et l'auteur de nombreux ouvrages sur la philosophie et l'indianisme. (N.d.E.)

Avant-propos -Gita

Nombre d'érudits et de bhaktas exprimèrent le désir de nous voir présenter la Bhagavad-gita en une

édition complète et définitive. En réponse à leur requête, mais aussi dans le but de donner plus de

force et d'ampleur à notre Mouvement pour la Conscience de Krsna, nous avons aujourd'hui le bon-

heur d'offrir à tous ce grand livre de connaissance, dans son contenu premier, qu'accompagnent des

commentaires en tous points paramparas. (1) Les bases philosophiques du Mouvement pour la

Conscience de Krsna sont tout entières contenues dans cet Ecrit sacré. Le caractère naturel et

authentique de la voie que représente ce Mouvement se trouve par là établi, caractère d'ailleurs con-

firmé à travers l'histoire par les plus grands acaryas. Mouvement très apprécié des jeunes, il recueille

aussi un intérêt croissant de la part de générations plus anciennes. Plusieurs pères et mères de nos

disciples nous ont exprimé leur gratitude pour diriger à travers le monde le Mouvement pour la

Conscience de Krsna. Nombre d'entre eux affirment qu'ils voient en ce Mouvement une grande béné-

diction pour les peuples de l'Occident. Mais au vrai, c'est Krsna Lui-même qui en est le père originel,

car II l'établit voici bien longtemps; et il fut maintenu à travers le temps, donné à l'humanité d'âge en

âge, par une succession de maîtres. Si, dans la fondation et la conduite de ce Mouvement, on nous

accorde quelque mérite, ce mérite, nous le contestons et l'attribuons à notre maître spirituel éternel.

Sa Divine Grâce 0m Visnupada Paramaharnsa Parivrajaka Acârya Astottara Sata Sri Srimad Bhaktisiddhanta Sarasvati Gosvami Maharaja Prabhupada.

Si l'on doit nous accorder un mérite personnel, que ce soit seulement d'essayer de présenter la

Bhagavad-gita "telle qu'elle est", sans modification aucune. En effet, presque toutes les éditions de la

Bhagavad-gita qui précédèrent la nôtre furent introduites dans les pays occidentaux par des commen-

tateurs qui voulaient satisfaire leurs ambitions personnelles. Pour nous, en présentant cette Bhagavad-

gita "telle qu'elle est", nous avons tenté seulement de transmettre le message de Sri Krsna, Dieu, la

Personne Suprême. Nous ne faisons ici que présenter la volonté de Krsna, et non celle de quelque

exégète enclin à la spéculation intellectuelle, homme politique, philosophe, ou savant; car ces gens,

s'ils possèdent un vaste savoir en tant de domaines, n'ont guère connaissance de Krsna. Lorsque

dans la Bhagavad-gita Krsna dit: man-mana bhava mad-bhakto mad-yaji mam namaskuru, "Voue-Moi

ton adoration" (B.g., IX.34), nous n'affirmons pas, au contraire des pseudo- érudits, qu'Il parle de

quelque vérité à l'intérieur de Lui-même, vérité qui différerait de Sa Personne. Krsna est absolu, et

nulle différence n'existe donc entre Lui-même, Son Nom, Sa Forme, Ses Attributs, Ses

Divertissements, etc. Or, cette nature absolue de Krsna, il est bien difficile de la comprendre pour qui

n'est pas Son dévot et n'appartient pas à la parampara (la succession disciplique). Les pseudo-éru-

dits, politiciens, philosophes et swamis, dépourvus de la connaissance parfaite de Krsna, essaient en

réalité, par leurs commentaires sur la Bhagavad-gita, de "faire disparaître" Krsna, ou de Le "mettre de

côté". De tels commentaires, non autorisés, on les connaît en Inde sous le nom de mayavadî-bhasyas,

et Sri Caitanya Mahaprabhu nous a avertis du danger vivant que représentent leurs auteurs. Il le dit

clairement: quiconque essaie de comprendre la Bhagavad-gita en s'inspirant de commentaires

mayavadis est dans l'erreur la plus grossière. L'étudiant malheureux qui la commet sera certes mis en

déroute sur la voie de la réalisation spirituelle; il ne pourra connaître le retour à Dieu, en sa demeure

première.

En présentant cette Bhagavad-gita "telle qu'elle est", notre seul motif est donc d'offrir à l'étudiant

encore conditionné une direction spirituelle, qui le mènera au but même que Krsna destine aux êtres

lorsqu'à chaque jour de Brahma (ou à chaque cycle de 8 640 000 000 d'années). II descend sur notre

planète. Ce but, la Bhagavad-gita elle-même l'enseigne, et nous devons accepter cet enseignement

tel qu'il est; faute de quoi, on chercherait en vain à comprendre la Bhagavad-gita, à comprendre la

vraie nature de Celui qui l'énonça, Sri Krsna. Le Seigneur, Sri Krsna, enseigna d'abord la Bhagavad-

gita au deva du soleil, il y a quelques centaines de millions d'années. Nous devons accepter ce fait en

nous basant sur la parole même de Krsna; c'est ainsi que nous saisirons sans fausse interprétation la

teneur historique de la Bhagavad-gita. Interpréter la Bhagavad-gita sans se référer à la volonté de

Krsna, c'est commettre la plus grande des offenses. Et afin de se garder d'une telle offense, l'on doit,

comme le fit directement Arjuna, premier disciple du Seigneur, comprendre que Krsna n'est autre que

Dieu, la Personne Suprême. Saisir le sens de la Bhagavad-gita en pleine conscience de cette vérité

constitue certes la voie authentique par quoi servir le bien de l'humanité, par quoi aider l'homme à s'ac-

quitter de la mission qu'il a reçue en naissant comme tel.

Parce qu'elle offre d'atteindre la plus haute perfection de l'existence, la Conscience de Krsna joue un

rôle essentiel dans la société humaine. Et comment offre-t-elle cette plus haute perfection? C'est ce

qu'explique en profondeur la Bhagavad-gita. Malheureusement, certains ergoteurs matérialistes ont

utilisé la Bhagavad-gita pour appuyer leurs tendances démoniaques et égarer les hommes en ce qui

a trait à la juste compréhension des simples principes de l'existence. Tous devraient connaître la

grandeur de Dieu, Krsna, de même que la position véritable des êtres vivants. Il convient de savoir

qu'éternellement, l'être distinct doit servir quelqu'un ou quelque chose: s'il refuse de servir Krsna, il

devra servir l'illusion, sous les diverses formes qu'engendre la combinaison des trois gunas, les influ-

ences de la nature matérielle. Illusionné, le voici à jamais pris dans le cycle des morts et des renais-

sances, auquel même le mayavadi, qui s'en proclame libre, reste soumis. Savoir cela constitue une grande science, que tout homme se doit, dans son propre intérêt, de recevoir.

La masse des gens, particulièrement en notre ère, l'âge de Kali, sont fascinés par l'énergie externe de

Krsna, et, sous son envoûtement, s'imaginent qu'en multipliant le confort matériel, l'homme trouvera

le bonheur. Ils ignorent la grande puissance de cette énergie externe, de la nature matérielle, dont les

lois strictes enchaînent les êtres à la matière. L'être vivant fait partie intégrante du Seigneur, il participe

de Sa nature heureuse; par suite, sa fonction naturelle est de spontanément s'offrir au service du

Seigneur. Ensorcelé par l'illusion, il s'efforce d'atteindre le bonheur en servant le plaisir de ses propres

sens; mais cette recherche du plaisir, qu'il mène par des voies diverses, ne lui apportera jamais le bon-

heur. Il lui faut chercher à satisfaire les Sens du Seigneur, et non les siens propres, matériels. Telle est

la plus haute perfection de l'existence. Car c'est là le désir du Seigneur, Sa requête à l'être distinct. Ce

principe, avant tout satisfaire le Seigneur, représente le point central, le message essentiel de la

Bhagavad-gita, message qu'il nous faut comprendre, et que s'efforce de répandre à travers le monde

notre Mouvement pour la Conscience de Krsna. Parce que nous nous gardons de souiller d'interpré-

tations la Bhagavad-gita "telle qu'elle est", quiconque cherche sérieusement le bénéfice qu'apporte

son étude doit recourir au Mouvement pour la Conscience de Krsna. C'est seulement de cette manière

que l'on accédera à un entendement pratique des enseignements qu'elle contient, et ce, sous la direc-

tion personnelle du Seigneur. Nous espérons donc que par l'étude du présent ouvrage, La Bhagavad-

gita "telle qu'elle est", chacun pourra connaître le plus grand bienfait. Même si un seul homme devait,

grâce à elle, devenir un pur dévot du Seigneur, nous considérerons que nos efforts ont été couronnés

de succès. (l) En accord avec les textes sacrés et les maîtres d'une filiation spirituelle authentique.

INTRODUCTION -Gita

om ajnana-timirandhasya jnananjana-salakaya caksur unmllitam yena tasmai srî-gurave namah

Je suis né dans les plus profondes ténèbres de l'ignorance, mais, du flambeau de la connaissance,

mon maître spirituel m'a ouvert les yeux. Je lui rends mon hommage respectueux. sri-caitanya-mano bhîstam stapitam yena bhu-tale svayam rupah kada mahyam dadati sva-padantikam

Quand donc Srila Rupa Gosvami Prabhupada, qui a institué ici-bas la mission de répondre au désir de

Sri Caitanya Mahaprabhu, m'accordera-t-il refuge sous ses pieds pareils-au-lotus? vande ham sri-guroh sri-yuta-pada-kamalam sri-gurun vaisnavams ca sri-rupam sagrajatam saha-gana-raghanathanvitam tam sa-jivam sadvaitam savadhutam parijana-sahitam krsna-caitanya-devam sri-radha-krsna-padan saha-gana-lalita-sri-visakhanvitams ca Je rends mon hommage respectueux aux pieds pareils-au-lotus de mon maître spirituel et aux pieds

de tous les vaisnavas. Mon hommage respectueux également aux pieds pareils-au-lotus de srilla Rupa

Gosvami et de son frère aîné, Sanatana Gosvami, de même qu'à Raghunatha Dasa Gosvami, Raghunatha Bhatta Gosvami, Gopala Bhatta Gosvami et Srila Jiva Gosvami. J'offre encore mon respectueux hommage à Sri Krsna Caitanya et à Sri Nityananda, de même qu'à Advaitacarya, Gadadhara, Srivasa et Leurs autres compagnons. Et mon hommage respectueux aussi à Srimati Radharani et à Sri Krsna, comme à Leurs compagnes, Sri Lalita et Visakha. he krsna karuna-sindho dina-bandho jagat-pate gopesa gopika-kanta radha-kanta namo stu te

0 Krsna, Tu es l'océan de miséricorde, l'ami des malheureux, la source de la création, le maître des

pâtres et l'amant des gopis, l'amant de Radharani. Je T'offre mon respectueux hommage. tapta-kancana-gaurangi radhe vrndavanesvari vrsabhanu-sute devi pranamami hari-priye

0 Radharani, je T'offre mes respects. Toi la reine de Vrndavana, dont la carnation est d'or en fusion, la

Fille du roi Vrsabhanu, très chère au Seigneur, Sri Krsna. vancha-kalpatarubhyas ca krpa-sindhubhya eva ca patitanam pavanebhyo vaisnavebhyo namo namah

Je rends mon hommage respectueux à tous les vaisnavas, les dévots du Seigneur. Comme l'arbre-à-

souhaits, ils peuvent combler les désirs de chacun, et débordent de compassion pour les âmes

déchues. sri krsna caitanya prabhu nityananda sri advaita gadadhara srivasadi-gaura-bhakta-vrnda Je rends mon hommage respectueux à Sri Krsna Caitanya, Prabhu Nityananda, Sri Advaita,

Gadadhara, Srivasa, et à tous ceux qui, sur les traces de Gauranga, suivent la voie de la dévotion.

hare krsna hare krsna krsna krsna hare hare hare rama hare rama rama rama hare hare

La Bhagavad-gita (également connue sous le nom de Gitopanisad) est considérée comme l'une des

Upanisads majeures et constitue l'essence de la connaissance védique. Pourquoi une nouvelle

présentation de la Bhagavad-gita, dira-t-on, quand, dans la langue qui nous concerne, il en existe déjà

de nombreux commentaires? L'idée du présent livre m'est venue après qu'on m'ait demandé quelle

traduction je jugeais la plus recommandable. Il existe naturellement de multiples versions en cette

langue de la Bhagavad-gita, mais il se trouve que je ne pouvais, en toute conscience, conseiller de lire

aucune d'entre elles, car aucune, pour autant que j'ai pu les examiner - en Inde comme en Occident -

ne conservait au texte son intégrité originelle. Chaque fois, les commentateurs avaient, sur l'essentiel,

exprimé leurs propres opinions, sans dégager l'esprit de la Bhagavad-gita "telle qu'elle est."

Les pages mêmes de l'ouvrage en révèlent l'esprit: qui désire prendre un médicament doit en

respecter la posologie; point ne s'agit ici de suivre son seul caprice, ou le simple conseil d'un ami, mais

bien plutôt de s'en tenir à la notice ou à la prescription du médecin. Ainsi de la Bhagavad-gita: il con-

vient de recevoir son enseignement selon l'autorité du Seigneur, Sri Krsna, lequel l'énonça en person-

ne. A chaque page s'affirme l'identité de Sri Krsna; II est Bhagavan, II est Dieu, la Personne Suprême.

Le mot bhagavan, qui, ailleurs, désigne soit un homme influent, soit un puissant deva, indique certes

en Krsna une personnalité très importante; mais il faut réaliser, en outre, que Sri Krsna est Dieu, la

Personne Suprême. Tous les grands maîtres de l'Inde, et parmi eux Sankaracarya, Ramanujacarya, Madhvacarya, Nimbarka Svami, Sri Caitanya Mahaprabhu, ainsi que nombre d'autres, tous versés

dans le savoir védique, l'ont assuré maintes fois. La Brahma-samhita et tous les Puranas (particulière-

ment, pour ces derniers, le Bhagavata Purana, ou Srimad-Bhagavatam) enseignent, comme la Bhagavad-gita, que Krsna est Dieu Lui-même: krsnas tu bhagavan svayam, "Mais Sri Krsna est Dieu, la Personne Suprême et Originelle. "(S.B., 1.3.28). Il convient donc de recevoir les enseignements de la Bhagavad-gita en suivant avec rigueur le mode

d'intelligence que la Personne Suprême y développe pour nous. Dans le quatrième chapitre de l'ou-

vrage, le Seigneur S'adressant à Arjuna, Son disciple et ami, lui explique comment la Bhagavad- gita

fut transmise à travers les âges. Elle fut d'abord donnée au (deva du soleil, Vivasvan, qui la livra

ensuite à Manu, lequel, à son tour, la communiqua à Iksvaku: le yoga qu'enseigne la Bhagavad-gita a

donc été transmis oralement par une Filiation spirituelle dont l'origine remonte à Krsna. (1) Mais ce

savoir, au cours des temps, s'est perdu, et il faut que le Seigneur, à nouveau, le révèle, au moment où

va s'engager la Bataille de Kuruksetra. Krsna confie à Arjuna que s'Il lui donne ce secret sublime, c'est

en raison de l'amitié, de la dévotion qu'il Lui témoigne. Le Seigneur montre que la Bhagavad-gita est

d'abord destinée à Ses dévots, les bhaktas, qui constituent l'un des trois groupes en lesquels se

divisent les spiritualistes (les deux autres étant représentés par les jnanis, philosophes impersonnal-

istes, et les yogis, adeptes de la méditation).

Par ces versets, le Seigneur déclare également à Arjuna qu'Il fait de lui le premier chaînon d'une nou-

velle filiation spirituelle (parampara), puisque l'ancienne est brisée. Souhaitant rétablir une lignée

d'acaryas, pour transmettre le savoir exactement tel qu'il était enseigné dans la filiation spirituelle issue

du deva du soleil, le Seigneur désire en outre qu'Arjuna, à son tour, montre à tous, sans exception,

comment étudier la Bhagavad-gita et comment la comprendre. Or, si le Seigneur choisit Arjuna plutôt

qu'un autre pour lui délivrer l'Enseignement, ce n'est pas au hasard, mais parce que le prince est Son

dévot. Son disciple et Son ami intime. Ainsi, nous sommes avertis que comprendre véritablement la

Bhagavad-gita demande des qualités semblables à celles d'Arjuna, et donc, d'être un bhakta, uni à

Krsna dans une relation directe.

Car, le privilège du bhakta, c'est justement de retrouver aussitôt la relation directe qui l'unit au

Seigneur; celle-ci peut se manifester de cinq façons différentes:

1) la relation passive, ou neutre;

2) l'attitude de service;

3) le sentiment d'amitié;

4) l'affection parentale;

5) la relation amoureuse.

La relation qui unit Arjuna au Seigneur est une relation d'amitié; mais naturellement, un abîme sépare

cette amitié de celle que nous connaissons dans l'univers matériel; et d'abord, l'amitié spirituelle n'est

pas à la portée de tous. Chaque être, par nature, est en relation avec le Seigneur, mais ce lien indi-

viduel, personnel, maintenant perdu, demande à être rétabli, ce que peuvent uniquement ceux qui

atteignent la perfection du service de dévotion. Tous les êtres sont liés avec Dieu par une relation éter-

nelle, mais sous l'emprise de la matière, ils oublient complètement et Dieu et le lien qui les rattache à

Lui. On désigne du nom de svarupa-siddhi le réveil de cette relation divine (ou svarupa), réalisation

parfaite de notre condition originelle, naturelle et étemelle. (l) imam vivasvate yogam proktavan aham avyayam vivasvan manave praha manur ikvakave 'bravit evam parampara praptam imam rajarsayo viduh sa kaleneha mahata yogo nastah parantapa (B.g.,IV.I-2)

Il est donc de la plus haute importance d'étudier la façon dont Arjuna reçoit l'enseignement du

Seigneur.

Arjuna dit:

"Tu es le Brahman Suprême, l'ultime demeure, le purificateur souverain, la Vérité Absolue et l'éternelle

Personne Divine. Tu es Dieu, l'Etre primordial, originel et absolu. Tu es le Non-né, la beauté qui tout

pénètre. Tous les grands sages le proclament, Narada, Asita, Dévala, Vyasa; et Toi-même, à présent,

me le révèles. 0 Krsna, tout ce que Tu m'as dit, je l'accepte comme la vérité la plus pure. Ni devas ni

asuras ne connaissent Ton vrai visage, ô Seigneur." (1)

Après avoir reçu la Bhagavad-gita des lèvres mêmes de Dieu, Arjuna reconnaît désormais en Krsna

le param brahma, le Brahman Suprême. Chaque être distinct est brahman (âme spirituelle); Dieu,

l'Etre Suprême, est le Brahman Suprême. Param dhama Le désigne également comme la demeure

ultime, le refuge suprême. Pavitram signifie qu'Il est pur, exempt de toute souillure matérielle. Purusam

indique qu'Il est le bénéficiaire suprême. Celui qui a jouissance de tout; divyam qu'Il transcende la

matière; adi-devam qu'il est Dieu, la Personne Suprême; ajam, non né; vibhum, enfin, qu'Il est

omniprésent et supérieur à tous.

Arjuna est l'ami de Krsna, et l'on pourrait bien sûr penser qu'il s'agit d'éloges peut-être excessifs, dic-

tés par son amitié. Mais pour écarter ce soupçon, Arjuna justifie ses louanges dès le verset suivant,

où il montre qu'il n'est pas le seul à reconnaître Dieu, la Personne Suprême, en Krsna. Narada, Asita,

Dévala, Vyasadeva, bien d'autres sages encore partagent ce jugement. Tous sont de grands propaga-

teurs de la connaissance védique, massivement reconnue comme vérité éternelle par tous les

acaryas. Arjuna reconnaît donc en ces termes la perfection des paroles de Krsna: "J'accepte comme la vérité pure tout ce que Tu me dis."(2)

Il mentionne également la difficulté immense de saisir tous les traits personnels du Seigneur. Même

les devas y échouent. Si des êtres aussi élevés ne peuvent acquérir une compréhension parfaite de

Krsna, comment l'homme le pourrait-il, à moins de se vouer entièrement à Lui?

Il faut donc lire la Bhagavad-gîta dans un esprit de dévotion, sans jamais se considérer l'égal de Krsna,

sans jamais non plus Le prendre pour une personne ordinaire, ni même un très grand personnage, Sri

Krsna est Dieu, II est la Personne Suprême, au moins selon la Bhagavad-gîta et selon les dire

d'Arjuna, qui s'efforce d'en saisir le sens profond. Il nous faut donc, ne serait-ce que par hypothèse.

Le reconnaître comme tel, faute de quoi la Bhagavad-gita ne peut que nous demeurer un mystère impénétrable.

Quel est maintenant le but que se propose la Bhagavad-gita? Elle entend libérer les hommes de l'ig-

norance où les a réduits l'existence matérielle. Chaque jour trouve l'homme aux prises avec mille dif-

ficultés. Arjuna, par exemple, se voit sur le point d'engager un combat fratricide; doit-il ou non se bat-

tre? Enfermé dans un profond dilemne, il cherche une solution en s'adressant à Sri Krsna, qui lui

expose alors la Bhagavad-gita. Mais si, comme Arjuna, nous sommes constamment plongés dans l'an-

goisse, c'est en raison de l'existence matérielle, que nous prenons pour la seule réalité. Au vrai, nous

ne sommes pas faits pour ces souffrances, car nous sommes éternels et ne vivons que de façon pas-

sagère dans ce monde illusoire (asat). Tous les êtres humains souffrent; mais bien peu s'interrogent

sur leur nature réelle ou sur la raison pour laquelle ils se trouvent dans la situation de souffrir. Or, nul

n'est vraiment parfait s'il n'a pas questionné la souffrance, s'il ne l'a pas refusée et choisi d'y trouver

remède. L'homme ne peut être considéré comme tel que lorsque cette interrogation germe en son

esprit. Le Brahma-sutra nomme cette recherche "brahma-jijnasa". A moins qu'il ne cherche la Vérité

Absolue, chacun des actes de l'homme restera imparfait. La Bhagavad- gîta est faite pour répondre à

ceux que tourmentent les questions: "Pourquoi sommes-nous sujets à la souffrance?", "D'où venons-

nous?", "Où irons- nous après la mort?" ... Mais comme Arjuna, le chercheur sincère, le chercheur qui

veut trouver, doit porter un respect total à la Personne Suprême. Sri Krsna descend en ce monde prin-

cipalement afin de rappeler à l'homme le véritable but de l'existence. Des millions d'hommes s'éveil-

lent par Ses enseignements; parmi eux, un seul peut-être comprendra le lien qui l'unit à Dieu; c'est

pour lui que Krsna énonce la Bhagavad-gita.

Tous, nous sommes poursuivis par le tigre de l'ignorance. Mais sur tous également s'étend la miséri-

corde du Seigneur, et en particulier sur l'homme; cette miséricorde. II la manifeste lorsqu'Il transforme

Arjuna de simple ami en disciple pour donner au monde la Bhagavad-gîta. Arjuna, compagnon intime

de Krsna, ne saurait être affecté par l'ignorance; s'il en porte le joug lors de la Bataille de Kuruksetra,

c'est pour une raison bien précise: le Seigneur veut qu'à l'heure de combattre, Arjuna, par ses ques-

tions sur les problèmes de l'existence, Lui fournisse l'occasion de les résoudre pour le bien des

générations à venir. De cette manière. II peut tracer aux hommes la ligne de conduite qui leur perme-

ttra de mener à bien leur mission.

La Bhagavad-gîta nous invite à comprendre cinq vérités fondamentales, qui touchent d'abord à la sci-

ence de Dieu, puis à la condition originelle des êtres vivants. Dieu est l'isvara, "Celui qui domine", et

les êtres distincts sont les jivas, "ceux qui sont dominés." Que nous soyons dominés est aussi évident

qu'il est insensé de nous croire libres et de nier notre position subordonnée. L'être est toujours dom-

iné, du moins dans l'existence matérielle. Outre de l'isvara (Dieu, le maître absolu) et des jivas (les

êtres distincts, qu'Il domine), la Bhagavad-gîta nous entretient de la nature matérielle (la prakrti), du

temps (la durée totale de l'univers, ou durée de la manifestation de la nature matérielle), ainsi que du

karma (l'action). Nous devons donc puiser à cet Ecrit la connaissance de Dieu, des êtres, de la prakr-

ti, de la manifestation cosmique, qui fait apparaître un jeu d'activités multiples où s'engagent les êtres,

et comprendre, à la lumière de ces enseignements, comment la manifestation matérielle est régentée

par le temps, comment les êtres distincts agissent dans ses cadres.

Ces cinq sujets essentiels constituent par ailleurs les bases sur lesquelles s'appuie la Bhagavad-gîta

pour démontrer que Dieu, Sri Krsna, également perceptible en tant que principe suprême, maître

absolu, Brahman et Paramatma, transcende tous les autres êtres, quoiqu'ils participent de Sa nature.

Comme le montreront les divers chapitres de la Bhagavad-gîta, la nature matérielle n'est pas

autonome, mais régie par le Seigneur Suprême, Sri Krsna, qui déclare Lui-même: "La prakrti agit sous

Ma direction." Aussi les merveilles de l'univers devraient-elles constamment nous rappeler Celui qui

les créa et fixa leurs lois. Rien ne saurait exister qui n'ait un créateur et un maître. C'est donc pur

enfantillage que négliger le maître absolu. Un enfant peut trouver merveilleux qu'une voiture roule

d'elle-même, sans aide extérieure, mais l'adulte en connaît le mécanisme, il sait qu'il y a toujours un

conducteur à l'intérieur. Combien plus complexe est la manifestation de l'univers! Et combien facile,

alors, de comprendre que c'est le Seigneur qui Se tient derrière elle, qui en dirige le moindre mouve-

ment. Comme nous le verrons dans le cours du texte, le Seigneur enseigne que les jivas (les âmes dis-

tinctes) sont d'infimes parcelles de Son Etre. Nous faisons partie intégrante du Seigneur, nous par-

ticipons de Sa nature, de même qu'une goutte d'eau fait partie intégrante, participe de l'océan. L'or

reste toujours de l'or, si infime la quantité soit-elle. Mais si nous possédons les qualités de l'isvara, le

maître absolu, c'est à un bien moindre degré, car nous sommes de minuscules parcelles Uvaras, sub-

ordonnées au Tout. Si, depuis toujours, nous essayons de dominer la nature, comme nous tentons

aujourd'hui de devenir maîtres de l'espace, c'est parce que la tendance à régner, que possède pleine-

ment Krsna, se trouve aussi en nous; mais Celui-ci n'en reste pas moins le seul maître absolu.

La Bhagavad-gita nous explique, d'autre part, ce qu'est la nature matérielle. C'est prakrti inférieure, la

nature inférieure, les êtres animés constituant la nature, ou prakrti, supérieure. Inférieure, supérieure,

dans l'un ou l'autre cas, la prakrti est toujours placée sous la direction du Seigneur. Par nature fémi-

nine, elle est subordonnée au Seigneur, comme une épouse à son mari. Selon la Bhagavad-gita, les

êtres vivants, bien que fragments du Seigneur, appartiennent cependant à la prakrti, ce que souligne

le cinquième verset du chapitre sept: la prakrti, la nature matérielle, est l'énergie inférieure du

Seigneur, mais il existe, au-delà de cette nature, une autre prakrti, que constitue l'être vivant, le jiva-

bhuta.(3)

La prakrti inférieure est constituée des trois gunas: la vertu, la passion et l'ignorance. Le temps éter-

nel, situé au-delà de leur influence, les contrôle. Et lorsqu'elles se combinent sous ce contrôle, elles

engendrent l'action, dans les chaînes de quoi l'être conditionné alternativement souffre ou jouit, depuis

des temps immémoriaux. Prenons l'exemple moderne d'un homme d'affaires: il travaille dur et intel-

ligemment afin de faire fortune, et cette fortune peut aussi bien lui causer la joie que la détresse, selon

qu'elle fructifie ou se perd dans une faillite. Ainsi jouissons-nous ou souffrons-nous à chaque instant

des conséquences de nos actes; tel est le karma.

Parmi les cinq objets d'étude de la Bhagavad-gita, soit l'isvara (le Seigneur Suprême), le jiva (l'âme

distincte), la prakrti (la nature matérielle), le kala (le temps éternel) et le karma (l'action), quatre exis-

tent éternellement: le Seigneur, l'âme distincte, la nature matérielle et le temps. Les manifestations de

la prakrti sont peut-être temporaires, mais elles ne sont pas fictives. Certains philosophes considèrent

la manifestation de la nature matérielle comme "illusion", mais la Bhagavad-gita et les vaisnavas rejet-

tent cette hypothèse. La manifestation de l'univers matériel n'est pas un simple rêve; elle appartient au

contraire à l'ordre du réel, mais elle est éphémère, comme un nuage qui traverse le ciel, ou encore

comme la saison des pluies qui vient nourrir les graines; lorsque le nuage s'éloigne, ou que la saison

s'achève, les moissons se dessèchent. La nature matérielle suit un cours semblable, et ne se mani-

feste que par intervalles: elle apparaît, demeure un certain temps, puis disparaît. Mais comme ce cycle

se poursuit sans fin, la prakrti est éternelle, et bien réelle. Le Seigneur l'appelle: '"Ma prakrti", car elle

constitue l'une de Ses énergies, de même que l'être vivant; mais contrairement à ce dernier, qu'un lien

éternel unit au Seigneur, elle en est séparée. Le jiva se distingue encore de la nature matérielle par le

phénomène de la conscience: les deux sont prakrti, mais l'être vivant (ou prakrti supérieure) possède

la conscience, tandis que la nature matérielle (ou prakrti inférieure) en est dépourvue. Mais si, comme

l'isvara, ou Krsna, il possède la conscience. Celui-ci n'en détient pas moins la conscience suprême.

Le treizième chapitre de la Bhagavad-gita établit clairement cette distinction entre le jiva et l'isvara:

tous deux sont ksetrajnas, "conscients", mais le premier n'est conscient que de son propre corps, tan-

dis que la conscience du second s'étend à la totalité. Le jiva ne peut jamais atteindre à la conscience

suprême, c'est-à-dire égaler le Seigneur, et ne doit pas se laisser abuser par des théories prétendant

le contraire. (l) arjuna uvaca param brahma param dhama pavitram paramam bhovan purusam sasvatam divyam adi-devam ajam vibhum ahus tvam rsayah sarve devarsir naradas tatha asito devalo vyasah svayam caiva bravisi me sarvam etad rtam manye yan mam vadasi kesava na hi te bhagavan vyaktim vidur deva na danavah (B.g., X.12-14) (2) sarvam etad rtam manye (B.g.. X.14) (3) apareyam itas tv anyam pnkrtim viddhi me param jiva-bhutam maha-baho yayedam dharyate jagat (B.g.. V11.5)

Ainsi, le Seigneur, les êtres, la nature matérielle et le temps sont tous éternels et tous intimement liés.

Seul le karma, dont les effets peuvent toutefois provenir d'actions très anciennes, n'est pas éternel.

L'âme conditionnée a oublié son dharma, sa nature première, et à cause de cet oubli, tout ce qu'elle

entreprend ne fait que l'empêtrer davantage dans les rets du karma. Ignorant la voie libératrice, elle

doit se réincarner, changer de "vêture", de corps, vie après vie, pour subir les conséquences de tous

ses actes. Ainsi, nous jouissons et souffrons, depuis des temps immémoriaux, des suites de nos actes;

et pourtant, il existe un moyen de briser les chaînes du karma: il suffît de se placer sous l'égide de la

vertu et d'acquérir la connaissance parfaite, en commençant par reconnaître la suprématie du

Seigneur, présent, en tant qu'Ame Suprême, en tant qu'isvara, que "maître", dans le coeur de chaque

quotesdbs_dbs28.pdfusesText_34
[PDF] BHARAT HEAVY ELECTICALS LTD. HEEP, Hardwar - 249403

[PDF] BHC INOX A2/70 - Anciens Et Réunions

[PDF] BHC Konzept Jugendförderung

[PDF] bhi NEIM 1031 et NES 10-2 : Éliminez le bruit ! bhi NEIM 1031 et

[PDF] bhiebaf - Musée des Beaux

[PDF] BHKW-Lösungen mit Mehrwert.

[PDF] BHM animation livre - France

[PDF] bhmme de neige - sos

[PDF] bhoutan - Continents Insolites

[PDF] Bhoutan - Paro - Uma Paro

[PDF] BHP Puller Sets and Attachments index - Italie

[PDF] BHP2016_pages 150-151pdf (241.83 Ko)

[PDF] BHRe V2 - Infectio - Santé Et Remise En Forme

[PDF] BHS – Center registration form

[PDF] BHV 2016