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Bulletin critique des Annales islamologiques

34 | 2020

Varia

Édition

électronique

URL : https://journals.openedition.org/bcai/297

DOI : 10.4000/bcai.297

ISSN : 2731-2046

Éditeur

IFAO - Institut français d'archéologie orientale

Référence

électronique

Bulletin critique des Annales islamologiques

, 34

2020 [En ligne], mis en ligne le 01 mai 2020, consulté le

22 mars 2022. URL

: https://journals.openedition.org/bcai/297 ; DOI : https://doi.org/10.4000/bcai.297

Bulletin critique des Annales islamologiques

SUPPLÉMENT AUX ANNALES ISLAMOLOGIQUES

BULLETIN CRITIQUE

DES

ANNALES ISLAMOLOGIQUES

34
2019

1. LANGUE ET LITTÉRATURE

BCAI 34 1

Girod Alain, Emad Aziz,

Grammaire de l'arabe égyptien d'aujourd'hui

Paris, Ellipses

2016, 199 p.

ISBN : 9782340-009875

Cette grammaire s'inscrit dans une lignée déjà longue de grammaires ou de manuels consacrés à cette variété, à la fois particulière de l'arabe et particulièrement influente pour lui, tant au niveau dialectal que standard. Je me contenterai de citer quelques un de ces pionniers en guise de jalons :

Al-Tantavy (al-anw), Caussin de Perceval, Spitta,

Willmore, Thimm, Spiro, De Lacy O'Learly, Lehn

& Abboud, Khalafallah, Wise, Jomier & Khouzam,

Boutros, Abdel-Massih et al

(1).

Comme il est de coutume pour un manuel

de langue de cette sorte, on ne trouvera aucune bibliographie non plus que de notes de bas de page et donc aucune référence externe. L'ouvrage, outre une courte présentation (p. 3), comprend deux index utiles, l'un consacré aux notions grammaticales (p. 195-196) et l'autre aux mots arabes (p. 197-199). Notons à ce propos que, s'ils sont en graphie latine afin d'en permettre une lecture et une prononciation la plus proche de la réalité dialectale étudiée, l'arabe, en caractères arabes, n'est pas ignoré dans l'ouvrage, les exemples étant systématiquement produits en (1) Respectivement El-Tantavy, Mouhammad Ayyad, Traité de la langue arabe vulgaire, Guillaume Vogel Fils, Leipsic, 1848, ouvrage dédié au comte de Nesselrode, chancelier de l'empire russe et ministre des aaires étrangères ; Caussin de Perceval, Armand Pierre, Grammaire arabe vulgaire pour les dialectes d'Orient et de Barbarie, 4e éd., Maisonneuve et Cie, Paris, 1858 ; von Aegypten, J. C. Hinrichs'sche Buchandlung, Leipzig, 1880 ; Willmore, John Selden, e Spoken Arabic of Egypt. Grammar, Exercises, Vocabularies, David Nutt, London, 1901 ; imm, Carl Albert, Egyptian Self-Taught (Arabic), 4e Edition Revised and Enlarged by Major R. A. Marriott, E. Marlborough & Co, London,

1907] 1914] ; Spiro Bey, Socrates, A New Practical Grammar of

the Modern Arabic of Egypt, Luzac & Co., London, 1912 ; De Lacy O'learly, Evans D. D., Colloquial Arabic, with notes on the vernacular speech of Egypt, Syria and Mesopotamian and an appendix on local characteristics of Algerian dialect, Routledge & Kegan Paul, London, 1951 [1925] ; Lehn, Walter et Abboud, Peter F., Beginning Cairo Arabic, e University of Texas, Austin, 1965 ; Khalafallah, Abdelghany A., A Descriptive Grammar of Sa i:di Egyptian Colloquial Arabic, Mouton, Paris, 1969 ; Wise, Hilary, A Transformational Grammar of Spoken Egyptian Arabic, Basil Blackwell, Oxford, 1975 ; Jomier, Jacques et Khouzam, Joseph, Manuel d'arabe égyptien, 2e éd. revue et corrigée, Klincksieck, Paris,

1989 [1973] ; Boutros, Wadie, Ahlan wa Sahlan. Manuel d'arabe

égyptien du Caire, Dar al-Nashr, Hatier, 1993 ; Abdel-Massih, Ernest T. et al., A Reference Grammar of Egyptian Arabic, Georgetown University Press, Washington D. C., 2009. translittération, traduits, puis écrits en arabe. Cela ne constitue pas, bien sûr, une exception, mais est à souligner puisque certaines méthodes ou grammaires peuvent avoir fait le choix de ne donner les termes de cette langue qu'en caractères latins, ce qui est alors dommageable pour l'apprenant. L'autre principal intérêt ce livre est de se donner pour objectif de montrer un état réellement contemporain de cette variété de l'arabe, prenant en compte les évolutions dues à la révolution de

2011 (cf. p. 3), le tout adossé à des fichiers audio

qu'il est possible de télécharger à partir de l'adresse suivante : http://www.editions-ellipses.fr. L'ouvrage, fidèle aux aspirations de l'un de ses auteurs, Alain Girod (2), est de plus une grammaire de transfert de l'arabe égyptien vers l'arabe standard (p. 3) et, des sections intitulées " Grammaire de transfert » émaillent le texte et permettent de voir les ponts à faire entre l'une et l'autre variété de l'arabe. Voici la table des matières de l'ouvrage. Certains chapitres (particulièrement ceux consacrés au verbe et à la phrase) sont subdivisés en sections. Je me contente de reproduire ici la liste des chapitres :

Chapitre 1. La transcription des sons du dialecte

égyptien (p. 7-15)

Chapitre 2. Formes de base, schèmes et dériva- tion (p. 17-21)

Chapitre 3. L'accentuation (p. 23-24)

Chapitre 4. Remarques de prononciation

(p. 25-28)

Chapitre 5. La graphie arabe (p. 29-30)

Chapitre 6. Le nom, genre et nombre (p. 31-36)

Chapitre 7. L'article, la détermination, l'indéter- mination (p. 37-44)

Chapitre 8. L'adjectif (p. 45-49)

Chapitre 9. L'élatif (p. 51-55)

Chapitre 10. Les participes (p. 57-70)

Chapitre 11. Les démonstratifs (p. 71-72)

Chapitre 12. Les pronoms personnels sujets

(p. 73-74)

Chapitre 13. Les pronoms suffixes (p. 75-79)

Chapitre 14. L'interrogation (p. 81-85)

Chapitre 15. Chiffres et nombres (p. 87-95)

Chapitre 16. Les prépositions (p. 97-102)

Chapitre 17. La négation (p. 103-108)

Chapitre 18. Le verbe (p. 109-142)

Chapitre 19. La phrase (p. 143-154)

Chapitre 20. Les adverbes (p. 155-158)

(2) Voir Girod, Alain, Éléments de grammaire didactique de l'arabe égyptien et ébauche de grammaire de transfert de l'égyptien vers l'arabe, PIR, Coêtquidan, 2000 précédé de Girod, Alain, Le Nil et l'Océan. Méthode d'apprentissage de l'arabe écrit contemporain à partir du dialecte égyptien, CNED, Rennes, 1992.

1. LANGUE ET LITTÉRATURE

BCAI 34 2

Chapitre 21. Le vocatif et les tournures exclama-

tives (p. 159-163)

Chapitre 22. L'apposition et la coordination

(p. 165-169)

Chapitre 23. La proposition qualificative épi-

thète (p. 171-173)

Chapitre 24. La proposition complétive par

" que » (p. 179-175)

Chapitre 25. Les propositions circonstancielles

(p. 181-187)

Chapitre 26. La phrase conditionnelle

(p. 189-194) Le principal grief qui pourrait être fait à cette grammaire consiste en ce que les exemples ne sont pas authentiques, entendez qu'ils sont forgés, et non pas tirés d'ouvrages, romans, etc., écrits en arabe égyptien (il n'en manque pas) ou de chansons, d'émis- sions de radio, etc. dont les exemples seraient alors référencés. Ces exemples de grammairiens reposent alors en grande partie sur l'un des deux auteurs, Emad Aziz, lui-même Égyptien. Même s'il est un locuteur natif de l'arabe égyptien, les langues, comme les êtres vivants, sont en perpétuelle évolution, ainsi que les auteurs eux-mêmes le précisent : " ce qui se dit à tel endroit aujourd'hui s'est dit tout autrement hier et se dira tout autrement demain. Tel est le charme et la difficulté de toute langue qui vit » (p. 3). Les exemples produits, parce qu'ils le sont par les auteurs, peuvent alors, en fait, représenter l'enregistrement d'un état déjà (un peu) passé et ne pas totalement coïncider avec son état le plus contemporain. Reconnaissons toutefois, pour lever immédiatement cette critique, que la quête d'une description synchronique est aussi vaine que de vouloir arrêter le temps. De même, le recours à des phrases forgées se comprend et se légitime d'autant mieux que les auteurs pratiquent une grammaire linguistique transformationnelle : un même exemple est décliné de plusieurs manières, permettant alors de percevoir les rôles joués par les différentes composantes de la phrase. Ce souci transformationnel est porté tout au long de l'ouvrage par une présentation d'une grande sobriété, et donc d'une grande efficacité, l'ensemble de la langue étant décrit en un peu moins de 200 pages, mais avec précision. On retrouve là les compétences de didacticiens de la langue des deux auteurs, ce qui explique alors le caractère épuré et efficace de l'ouvrage.

De plus, les auteu

rs exposent les données de manière relativement complète. Ils ont d'abord le mérite de ne pas confondre détermination et défini- tion, ce que pourrait faire accroire le titre du chapitre consacré à " L'article, la détermination, l'indétermi-

nation », et ce que font encore beaucoup de ceux qui s'expriment sur l'arabe (3). Les auteurs précisent

en effet bien que l'annexion ne définit pas a priori, mais a minima détermine le premier terme (cf. p. 44). De même, les auteurs ont le mérite de montrer un grand nombre de constructions syntaxiques concernant l'expression des systèmes hypothétiques en arabe égyptien. Ils réservent en effet leur dernier chapitre à la phrase conditionnelle, reconnaissant là sa qualité de morceau de choix dans les études syn- taxiques de l'arabe. Si leurs données, malgré le carac- tère inauthentique des exemples utilisés, recoupent en grande partie les observations faites par ailleurs (4), on sera tout de même surpris de lire que l'on trouve parmi les " trois types de conditions en égyptien : l'éventuel, l'irréel du présent et l'irréel du passé » (p. 189). S'il n'y a rien à redire sur les deux derniers, le premier aurait mieux été appelé " potentiel ». Il faut en effet distinguer de manière paradigmatique entre plusieurs statuts des conditionnelles : l'éventuel (en anglais eventual = ce qui finit par se produire) étant en fait réservé aux énoncés du type quand il pleut, les toits sont mouillés où là, en arabe, seul l'opéra- teur et circonstant temporel i (eza en égyptien) est employé ; le potentiel (potential = ce qui peut ou non se produire) comme s'il pleut, les toits sont/ seront mouillés ; et l'irréel (conterfactual = ce qui ne se produit pas/ne s'est pas produit), distingué entre présent, s'il pleuvait, les toits seraient mouillés et passé, s'il avait plu, les toits auraient été mouillés, potentiel et irréels partageant l'existence d'un mais implicite portant sur la protase, respectivement mais je ne sais pas si tel est/sera le cas, mais tel n'est pas le cas, mais tel n'était pas/n'a pas été le cas. On trouvera bien ici " potentiel » (p. 191), mais, en fait, comme équivalent de l'irréel du présent, ce qui n'est pas le cas, ce qu'indiquent les exemples pris de même (3) Voir pour l'arabe classique, où il est montré que les auteurs anciens eux-mêmes ne confondaient pas les deux concepts, Sartori, Manuel, " Origin and Conceptual Evolution of the Term ta in Arabic Grammar », dans Georgine Ayoub et Kees Versteegh (éds.), e Foundations of Arabic Linguistics III. e Development of a Tradition: Continuity and Change, E. J. Brill, Leiden, coll. " Semitic Studies in Language and Linguistics »

94, 2018, p. 203-28 et Sartori, Manuel, " Definition and

Determination in Medieval Arabic Grammatical ought », dans Manuela E.b. Giolfo et Kees Versteegh (éds.), e Foundations of Arabic Linguistics IV. e Evolution of eory, E. J. Brill, Leiden, coll. " Studies in Semitic Languages and Linguistics » 97, 2019, p. 253-72. (4) Voir pour l'égyptien Sartori, Manuel, " L'évolution des condi- tionnelles en arabe égyptien contemporain », Bulletin d'Études Orientales, 58, 2009, p. 233-57, qui mériterait certainement déjà une mise à jour et notamment à partir de l'ouvrage recensé, et pour la variété standard Sartori, Manuel, " Pour une approche relationnelle de la conditionnelle en arabe littéraire moderne »,

Arabica, 57/1, 2010, p. 68-98.

1. LANGUE ET LITTÉRATURE

BCAI 34 3

que leurs traductions en si imparfait... conditionnel présent. Par contre, les auteurs exhibent un grand nombre de constructions hypothétiques, dont des law/eza suivis d'une forme de conjugaison au futur à la fois en protase et en apodose (p. 190), ce que ne montre visiblement pas (encore), pour la protase, l'arabe standard (5). En résumé, il s'agit là d'un très bon outil pour apprendre ou parfaire son égyptien contemporain et s'interroger sur les évolutions d'une variété de l'arabe de notre époque tout autant que sur celles, éventuelles, de la variété " haute » de cette langue qui, vit et évolue, que cela plaise ou non aux tenants passéistes d'une langue arabe immuablement figée. En plus du plaisir que j'ai ici à exprimer ma gratitude à Emad Aziz, grand pédagogue, qui fut l'espace d'une année lorsque j'étais boursier au Département d'enseignement de l'arabe contemporaine (Deac) du Caire (1999-2000), un maître exemplaire, il est à souhaiter qu'une même grammaire puisse voir le jour pour le syrien actuel, afin de remplacer, le très utile, mais désormais daté, Manuel du parler arabe moderne au Moyen-Orient de Jean Kassab (6).

Manuel Sartori

Aix-Marseille Université, CNRS, IEP, IREMAM

Aix-en-Provence, France

(5) Le même phé nomène syntaxique se repère toutefois, voir Sartori, Manuel, " Syntaxe des conditionnelles partielles en man de l'arabe écrit contemporain », Bulletin d'Études Orientales, 67,

2018, [à paraître].

(6) Kassab, Jean, Manuel du parler arabe moderne au Moyen-Orient. I - cours élémentaire, Librairie orientaliste Paul

Geuthner, 1987.

1. LANGUE ET LITTÉRATURE

BCAI 34 4

Boucherit Aziza, Machhour Héba et

Rouchdy Malak

Mélanges offerts à Madiha Doss.

La linguistique comme engagement

Le Caire, Institut français d'archéologie

orientale (Culture et savoirs, RAPH 42)

2018, 289 p.

ISBN : 978272470721

Madiha Doss n'est pas une inconnue : ses

recherches sur les langues d'Égypte et, en particulier sur l'histoire de l'arabe dialectal égyptien, sont bien connues des spécialistes. Il n'en reste pas moins que ses travaux, publiés dans des revues plus ou moins confidentielles ou payantes et dans des ouvrages collectifs à diffusion limitée, ne sont pas facilement accessibles. Je dois reconnaître que je n'avais moi- même lu que deux ou trois de ceux-ci et qu'en lisant le présent ouvrage, j'ai recherché les autres, en vain ou presque : seuls deux de ces nombreux articles étaient téléchargeables librement. Quant à l'anthologie de textes en arabe dialectal égyptien publiée en 2013 en collaboration avec Humphrey Davies, je n'en avais tout simplement pas entendu parler. J'ai donc fait une recherche sur Google pour me rendre à l'évidence : il n'est possible ni de l'acheter en ligne, ni de la trouver dans une bibliothèque universitaire française, ce qui est évidemment très dommageable, j'y reviendrai.

L'avant-propos, écrit par Héba Machhour et

Malak Rouchdy, résume en trois pages le parcours scientifique, long de près d'un demi-siècle de cette " linguiste-ethnographe » passionnée que fut Madiha Doss. Il est accompagné d'une bibliographie de ses travaux, qui ressortissent pour l'essentiel de la socio- linguistique et concernent, pour une grande part, l'arabe égyptien sous toutes ses formes.

Outre cet avant-propos, accompagné d'une

bibliographie complète des travaux de Madiha Doss, l'ouvrage comporte dix-sept articles divisés en deux sect ions.

La première contient trois articles d'hommage,

à la tonalité personnelle et affective. Écrits par

Muhammad Abulghar, Ellis Goldberg et Amina

Rachid, ils témoignent de l'aura et de l'engagement de Madiha Doss, au-delà de la linguistique, dans la société civile et la communauté scientifique, mais aussi, d'abord, dans la linguistique, le choix d'étudier et de valoriser le registre dialectal de l'arabe, ceci étant loin d'être anodin dans un contexte très conserva- teur de sacralisation de l'arabe littéraire, " langue du

Coran » soi-disant parfaite et immuable.

La seconde regroupe quatorze articles scien-

tifiques classés suivant l'ordre alphabétique des

noms d'auteurs. Ce choix paraît peu judicieux, d'autant que trois de ces articles, ceux de Bernard

Botiveau sur la société civile égyptienne (p. 23-36), de Gerda Mansour sur le Cairo Linguists' Group et de Malak Rouchdy et Reem Saad sur le Free Social Science Knowledge Circle, qui sont d'ordre historique, auraient gagné à intégrer la première partie ou à être regroupés à sa suite. En effet, ils permettent de mieux contextualiser la carrière et les recherches de Madiha Doss qui, outre un engagement sans faille, avait un sens du collectif particulièrement développé. Ces trois articles soulignent ainsi, on ne peut mieux, le rôle fondateur qu'elle a joué et qu'elle continue de jouer dans l'organisation de l'action collective, tant politique que scientifique. Madiha Doss est une militante.

Les onze contributions restantes concernent

donc la linguistique. Dans le premier, Aziza Boucherit, se basant sur l'examen des notes d'intention d'ou- vrages d'apprentissage de l'arabe dans le contexte de la colonisation de l'Algérie, évoque les problèmes auxquels leurs auteurs furent confrontés : quel arabe enseigner ? L'arabe littéraire ou l'arabe dialectal ? Quelle place à accorder à la variation ? Ces questions sont toujours aujourd'hui au coeur de la réflexion et des pratiques pédagogiques des enseignants d'arabe, débarrassées cependant de l'idée que l'arabe dialectal (ou " vulgaire ») ne serait qu'une forme dégénérée ou simplifiée de l'arabe littéraire, idée fausse s'il en est.

Louis-Jean Calvet dresse ensuite, dans sa

" géopolitique de la traduction en Méditerranée », un tableau assez alarmant de la situation des pays arabes : en effet, si on traduit deux fois plus de l'arabe que vers l'arabe, c'est d'abord parce qu'on traduit très peu vers l'arabe. Par exemple, en 2007, alors qu'en Grèce (10 millions d'habitants) on traduisait 2 282 ouvrages, l'Égypte (86 millions) en traduisait 243 et la Syrie (22 millions), 204. L'auteur souligne d'ailleurs fort justement que c'est lorsqu'on s'est arrêté de tra- duire vers l'arabe pour traduire de l'arabe que l'âge d'or de la culture arabe a pris fin. Il se demande aussi, en passant, si, par analogie, le fait qu'on traduise beaucoup plus de l'anglais que vers l'anglais n'est pas le signe annonciateur d'un déclin de la culture anglo-saxonne dominante... Humphrey Davies consacre quant à lui sa contri- but ion à deux passages d'al-Sq al al-sq où l'auteur, Amad Fris al-Šidyq, pourtant ardent défenseur de l'arabe classique le plus pur, fait usage du dialecte, non pas le sien (il était libanais), mais ce qui ressemble plutôt à de l'égyptien sans en être tout à fait. Dans le premier passage, qui décrit une assemblée de gens du peuple, l'auteur visait vraisemblablement une plus grande véridicité, en même temps qu'un effet comique et de dérision. Le second est une lettre adressée majoritairement à des étrangers, mais aussi

1. LANGUE ET LITTÉRATURE

BCAI 34 5

à des chrétiens égyptiens, qu'il accuse très clairement de ne pas connaître l'arabe (classique), raison pour laquelle il se voit obligé de s'adresser à eux en arabe " vulgaire ».

Dans l'article suivant, Pierre Larcher tente de

répondre à la question de l'influence de la langue coranique sur la grammaire de l'arabe, pour parve- nir à la conclusion, au terme d'une démonstration convaincante, que c'est plutôt le contraire qui s'est produit, autrement dit que c'est la grammaire de l'arabe qui a influencé la langue coranique en la " clas- sicisant », comme le montre notamment l'analyse de la réalisation ou de l'allègement de la hamza. Humphrey Davies donne ensuite une brève pré- sentation de l'anthologie de textes en arabe dialectal égyptien qu'il a constituée en collaboration avec Madiha Doss. Quant à Jérôme Lentin, il souligne, avec une insistance peut être excessive, la difficulté qu'il y a à délimiter un tel corpus de textes et, surtout, à choisir des textes supposés écrit en " dialecte pur » (pure colloquial). Car ce pur dialecte existe-t-il jamais à l'écrit ? Comme le dit Lentin, même les textes les plus dialectaux peuvent en effet contenir des classi- cismes. Toujours est-il qu'il s'agit d'une anthologie et que, comme telle, elle est le résultat de choix et ne prétend donc pas à l'exhaustivité. Comme telle, elle constitue aussi un outil de recherche utile et précieux. Héba Machhour se propose quant à elle d'étu- dier la façon dont le texte coranique dit le temps, dans une approche sémiotique qui lui permet d'identifier deux " régimes temporels majeurs », une " temporalité de l'existant » et une " tempo- ralité transcendante », autrement dit une (double) temporalité de l'évènement qui se traduit par une " configuration temporelle » fondée sur la dialectique entre un " passé discontinu du vécu sur terre » et d'un " présent continu de l'après-évènement », résur- rection et après-vie qui succèdent à l'évènement (le Jour Dernier). C'est la déclinaison de cette dialectique souple et constamment renouvelée qui sous-tend l'analyse linguistique très fine proposée par l'auteure.

Dans l'article suivant, Gunvor Mejdell propose

une utile synthèse concernant la catégorisation (et la dénomination) des différents registres de la langue arabe, de l'approche diglossique fondamentale à l'idée d'un continuum entre deux " extrêmes » que seraient le littéraire et le dialecte purs et à l'examen des phénomènes d'alternance et de mélange de registres.

La contribution de Catherine Miller retrace

l'histoire d'une pièce de théâtre (Il/Houwa), écrite en français puis adaptée en arabe marocain, fruit de la rencontre d'un auteur, Driss Ksikes, et d'un metteur en scène, Jaouad Essounani, tous deux préoccupés

par la question de la langue d'expression artistique et militant pour " un théâtre marocain moderne et

engagé dont les choix linguistiques [la promotion d'une drija contemporaine] sont dûment pensés et réfléchis ». Ce faisant, elle souligne aussi la fragilité des avancées qu'ont permis de telles expériences. Arlette Roth présente pour sa part, sur la base d'enregistrements réalisés en 1972 et 1973, une ana- lyse du discours de femmes du village arabophone de Kormatiki (Chypre), avec une attention particulière portée aux marqueurs du discours direct rapporté et à la syntaxe (ou rhétorique) dite " affective ». Cette contribution est d'autant plus précieuse et émou- vante que ce parler arabe chypriote a probablement disparu depuis, la population du village s'étant réfu- giée, lors de l'invasion turque de 1973, dans le sud de l'île où elle a probablement été définitivement assimilée. Enfin, le dernier article, signé Manfred Woidich, constitue une utile contribution à l'évolution du dia- lecte égyptien et de la grammaticalisation qui en est le moteur. L'auteur examine la classe des intensifieurs (équivalents au français " très », " vraiment », etc.). Après avoir présenté ceux qui sont devenus d'usage courant chez l'ensemble des locuteurs, comme aw, li, mt, a, wil, le plus souvent pleinement grammaticalisés, il fait l'inventaire de ceux qu'il a identifiés dans le langage argotique (slang) des jeunes égyptiens, comme giddi et nenti, dabbba, faš et nk, avec, pour ces derniers, une connotation sexuelle évidente. Comme le dit Woidich, la révolution de 2011, bien qu'avortée, n'a pas seulement modifié la société ; elle a aussi eu une influence sur la langue en décuplant la créativité et en brisant les tabous. Il reste à savoir quel sera le destin de ces intensifieurs et si certains d'entre eux entreront durablement dans l'usage en se grammaticalisant.

La stimulante lecture de cet ouvrage de très

bonne tenue est à conseiller sans réserve à tous ceux qu'intéressent la sociolinguistique et la dialec- tologie arabes. Gageons qu'il fera mieux connaître les passionnantes recherches de Madiha Doss sur l'arabe égyptien. Émettons le voeu, aussi, que ses propres articles soient réunis dans un volume qui les rendrait plus accessibles et que la précieuse antho-quotesdbs_dbs28.pdfusesText_34
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