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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE

ÉCOLE DOCTORALE VI

Centre André Chastel

THÈSE

pour obtenir le grade de

DOCTEUR DE L"UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE

histoire de l"art contemporain

Présentée et à soutenir par :

Oriane MARRE

le : 27 juin 2016La réception de l"avant-garde artistique dans la presse politique en France, de l"impressionnisme au fauvisme (1874-1905).VOLUME I

Sous la direction de :

M. Arnauld PIERRE - Professeur, Université Paris-Sorbonne

Membres du jury :

Mme Rossella FROISSART - Professeur, Université de Provence - Aix-Marseille I Mme Béatrice JOYEUX-PRUNEL - Maître de conférence, École normale supérieure M. Bertrand TILLIER - Professeur, Université de Bourgogne ii

Sommaire

Avant-proposxi

Remerciementsxiii

Introduction1

Chapitre 1 : Période impressionniste (1874-1886) : L"ap- parition de l"impressionnisme et l"enracinement de la Répu- blique21 Partie 1 : L"impressionnisme comme perturbateur de l"ordre établi : L"impressionnisme et la République à travers la presse an- tirépublicaine.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

1 Art et politique dans la presse antirépublicaine

21

1.1 Les métaphores politiques

21

1.2 La critique de la République

25

2 L"impressionnisme et la République selon les organes de la droite antirépubli-

caine 28

2.1 Les impressionnistes, rejetons de la République

28

2.1.1 La médiocrité de l"art républicain

28

2.1.2 La dissolution des valeurs traditionnelles

29

2.1.3 La littérature naturaliste : " une littérature de vidangeur »

31

2.1.4 Du réalisme à l"impressionnisme : des " Girondins »aux " Jacobins de

l"impressionnisme » 34

2.2 La pertinence du titre d"intransigeants

38

2.2.1 Le lexique

38

2.2.2 Les intransigeants sur l"échiquier politique

39

2.2.3 Les impressionnistes : des révolutionnaires

43
iii

2.3 Les impressionnistes et les républicains de gouvernement. . . . . . . . 51

2.3.1 Le matérialisme

51

2.3.2 Le cosmopolitisme de la République à travers l"impressionnisme

63

2.4 L"impressionnisme comme modèle d"une autre organisation de la société :

Jules Amigues et la corporation

71

3 La réception de l"impressionnisme dans la presse d"extrême gauche

75

3.1 Les anarchistes, l"art et la bourgeoisie

76

3.2 Le rôle de l"art selon les socialistes : deux lectures de l"Assommoird"Émile

Zola 79

3.3 Les impressionnistes, les socialistes et la révolution

81
Partie 2 : Les impressionnistes, compagnons de lutte des républicains.90

1 La Volonté d"un art engagé aux côtés de la République

90

1.1 Art et politique

90

1.2 La représentation de la vie moderne : une revendication des républicains

93

1.3 La peinture impressionniste comme l"expression de la vie moderne

97

1.3.1 La justesse de cette représentation

97

1.3.2 Une peinture qui fait écho aux idées des intransigeants

98
a. Les années 1870 98
b. Les années 1880 103

2 L"initiative impressionniste inscrite dans la conquête républicaine des libertés

107

2.1 Les républicains contre le fonctionnement du Salon

107

2.2 La création hors du Salon

112

2.3 L"indépendance vis-à-vis du Salon comme indépendance vis-à-vis de l"État 119

2.3.1 L"initiative personnelle et le centre

119

2.3.2 L"émancipation vis-à-vis d"une administration jugée liberticide dans

La République française.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122

2.3.3 Les expositions impressionnistes comme exemples de décentralisation

dans la presse radicale 126

3 Le regard des républicains sur les oeuvres des impressionnistes

130

3.1 La compréhension des intentions des artistes de la nouvelle peinture

130

3.1.1 La réception des oeuvres présentées par Édouard Manet au Salon, de

1874 à 1883

130

3.1.2 La réception des oeuvres des impressionnistes

132

3.2 Les impressionnistes, les républicains et le rire de la foule

137

3.2.1 Le rire devant les expositions du groupe impressionniste

13 7

3.2.2 La défense des impressionnistes par les républicains

139

3.2.3 Les arguments opposés au rire : la justesse et l"innovation

144
a. Des toiles qui donnent à voir la vie 144
b. Des novateurs 146
iv Partie 3 : L"échec des impressionnistes à représenter la République mo- dérée à partir de 1879 : Le goût bourgeois entre républica- nisme et influence aristocratique.. . . . . . . . . . . . . . 152

1 Des oeuvres raillées

153

1.1 Le rire du critique

153

1.2 L"incapacité des impressionnistes à respecter les conventions artistiques

156

1.3 Le primitivisme des oeuvres impressionnistes

158

2 De la révolution artistique à la révolution politique : le danger impressionniste

162

2.1 Les impressionnistes et la Terreur

162

2.2 La répulsion suscitée par les oeuvres des impressionnistes

164

2.3 Des oeuvres dangereuses

168

2.3.1 La contamination de l"art

170

2.3.2 Un danger pour la société?

172

3 La déception impressionniste

176

3.1 La perception du groupe à la fin des années 1870

176

3.2 Une " monotonie fatigante »

181
Chapitre 2 : Période post-impressionniste (1886-1905) : l"avant- garde artistique de la République progressiste à la Répu- blique radicale187 Partie 1 : L"intrusion de la politique dans la critique d"art.. . . . . . 189

1 Intrication de la politique et de l"art dans l"espace du journal

189

1.1 Les métaphores politiques à l"extrême fin du XIX

èmesiècle. . . . . . . 189

1.1.1 Centre et concentration en art comme en politique

189

1.1.2 La gauche et la droite du Salon au moment de sa scission en 1890

19 3

1.2 Artistes et hommes politiques

197

1.3 La place de l"art dans la presse politique

201

2 L"art comme reflet de la France à l"étranger : La participation des artistes

français à l"exposition de Berlin de 1891 203

2.1 Une représentation des forces en présence

205

2.2 L"art : un enjeu national

208

3 Le barbare dans la critique d"art devenue lieu de discussion de la politique

extérieure de la France 213

3.1 La colonisation à travers la critique d"art

213

3.1.1 L"art, lieu de critique de la politique coloniale

213
a. L"anticolonialisme républicain 214
b. De l"utilité des colonies selon les monarchistes 216
c. L"art étranger dans le contexte de la colonisation 218
v

3.1.2 Le goût comme étalon de la civilisation : La critique socialiste de la

supériorité française 222

3.2 L"artiste et le barbare

225

3.2.1 Les anarchistes et le primitivisme des mystiques

225

3.2.2 L"exotisme des artistes

230

3.2.3 Deux visions de la sauvagerie artistique chez les républicains progres-

sistes 233
a. La violence de l"oeuvre du barbare 234
b. L"originalité de la sauvagerie artistique 239
Partie 2 : L"avant-garde vue par la droite et le centre au coeur de la contestation du régime.. . . . . . . . . . . . . . . . . . 244

1 Les Salons passés au crible du traditionalisme

244

1.1 L"égalitarisme républicain

245

1.2 Le recours aux élites

248

1.3 L"importance de la religion

253

2 La réception de l"avant-garde au moment de la crise boulangiste et de la montée

du socialisme de la fin des années 1880 au début des années 1890 258

2.1 L"art à travers la presse boulangiste de 1886 à 1891

258

2.1.1 La proximité des mondes artistiques et politiques

259

2.1.2 La presse nationaliste et l"art en République

262

2.1.3 L"impressionnisme face aux critiques deL"Autorité.. . . . . . . . 264

2.2 La perception de l"avant-garde au moment de la montée du socialisme

(1891-1892) 266

2.2.1 La montée du socialisme à travers la critique d"art

266

2.2.2 Le goût des socialistes

26 8

2.2.3 La mise en scène de la violence de l"avant-garde et des socialistes

271

3 L"avant-garde artistique proche des révolutionnaires pendant les attentats anar-

chistes de 1892 à 1894 276

3.1 Les attentats anarchistes à travers la critique d"art

276

3.1.1 Les attentats anarchistes dans la presse

276

3.1.2 Arsène Alexandre, la Rose†Croix et les attentats anarchistes. . . . 280

3.2 Les royalistes en quête de preuves d"une entente entre artistes et anarchistes283

3.2.1 Félix Fénéon et le néo-impressionnisme au moment du procès des

Trente

283

3.2.2 Symbolisme et anarchie

288

3.3 Des oeuvres révélatrices des liens entretenus par l"avant-garde et les révo-

lutionnaires selon les républicains conservateurs 291

3.3.1 La figure de l"artiste ouvrier enrôlé dans l"avant-garde et la révolution 291

3.3.2 La dangereuse influence de l"avant-garde sur le peuple

295
a. Un public perverti par l"art 295
vi b. Des oeuvres " putréfiées » : La corruption par la forme. . . . . . . 297

4 Les droites et l"avant-garde artistique au moment de l"affaire Dreyfus et de la

montée du nationalisme 1894-1905 301

4.1 L"affaire Dreyfus à travers la critique d"art

301

4.1.1 Le symbolisme pendant l"affaire Dreyfus

302

4.1.2 L"art au service d"un camp

305

4.1.3 LeBalzacde Rodin : une polémique artistique devenue une lutte po-

litique 306

4.1.4 Art et antisémitisme

310

4.2 L"avant-garde dreyfusarde à l"oeuvre contre la patrie

311

4.2.1 Zola et les impressionnistes

31 1

4.2.2 L"Action française et l"Art nouveau

314

4.3 Antiparlementarisme et avant-garde

318

4.3.1 L"art support d"une dénonciation du régime parlementaire

318

4.3.2 Un écho de la lutte antiparlementaire dans l"organisation des Indé-

pendants 323

4.4 Avant-garde et réaction

327

4.4.1 L"avant-garde et la contre-révolution selon l"Action française

327

4.4.2 Le retour d"un art religieux

332

4.5 La violence de l"avant-garde

335
Partie 3 : La gauche, entre républicanisme et révolution, face à l"avant- garde.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 343

1 La défense des avant-gardes par la presse de gauche

343

1.1 La défense des artistes contre les ricanements de la foule

343

1.1.1 La défense des impressionnistes

343

1.1.2 La défense de l"avant-garde post-impressionniste

345

1.2 La dénonciation d"une aristocratie artistique

348

1.2.1 La violence des critiques

348

1.2.2 L"incompétence des critiques

349

1.2.3 La " Foule d"élite »

35 1

2 La gauche républicaine face à l"avant-garde

353

2.1 Les radicaux et l"expression de la vie moderne

353

2.1.1 La vie moderne au temps du post-impressionnisme

35 3

2.1.2 Donner une voix au peuple

356

2.2 Maximilien Luce et Félix Fénéon de prétendus anarchistes

362

2.3 Les radicaux et le symbolisme

368

2.3.1 Les radicaux-socialistes soutiens des nabis

368

2.3.2 Le mysticisme artistique, les radicaux et la religion

370
a. La Rose†Croix, une manifestation catholique?.. . . . . . . . . . 371 b. Les nabis tournés vers le passé? 374
vii

3 Socialistes et anarchistes face à l"avant-garde. . . . . . . . . . . . . . . 377

3.1 L"art en République bourgeoise

378

3.2 L"art et son action politique

383

3.2.1 L"enjeu artistique de la révolution

383
a. L"artiste et le prolétaire 383
b. La révolution au secours des artistes 385
c. Le droit à l"art pour tous 387

3.2.2 Le rôle de l"art dans la lutte

390
a. La représentation du peuple : une revendication socialiste 390
b. La place des artistes dans la lutte socialiste 394

3.3 L"avant-garde artistique : un idéal de liberté

395

3.3.1 L"émancipation des indépendants vis-à-vis du Salon : un combat de

la gauche dans la lignée de celui des impressionnistes 396

3.3.2 Le Salon d"Automne : un espace de liberté

39 8

3.3.3 La " Séparation des Arts et de l"État »

401

3.3.4 Des modèles d"artistes libres au Salon de la Société des Artistes Indé-

pendants de 1905 404

3.4 Les anarchistes et l"avant-garde

406

3.4.1 Anarchistes et néo-impressionnistes : Une communauté de pensée

406

3.4.2 Pissarro et la paysannerie : l"artiste proche du peuple

408

3.4.3 L"enchantement de la nature

411

3.5 Les socialistes et l"avant-garde au moment de la fondation de la Section

française de l"Internationale ouvrière 413

3.5.1 Louis Hayet au coeur de l"unification du mouvement socialiste

413

3.5.2 Emprisonner la vie

41 6

3.5.3 La vérité comme moteur de l"avant-garde

417

Conclusion421

Bibliographie425

Annexe A : Illustrations481

Annexe B : Dictionnaire des critiques de la presse politique567 Annexe C : Les mouvements politiques et leurs organes647 viii

Annexe D : Chronologie651

Annexe E : Articles677

ix x

Avant-propos

C"est en hypochartes que j"ai découvert l"histoire de la troisième République. Ses luttes, ses scandales, ses acteurs politiques et leurs prises de parole, primordiaux dans la com- préhension de la vie politique française, m"ont passionnée. Sa vie artistique tout aussi truculente m"a donné le goût de l"histoire de l"art et m"a conduite tout particulièrement, dans le cadre du master, vers les mouvements dits d"avant-garde. La rencontre manquée, à Paris, des dadaïstes, d"origine bourgeoise, avec le monde ouvrier lors de la manifestation de l"Université populaire du faubourg Saint-Antoine le 19 février 1920, mettait en jeu à la fois les contextes politique et artistique. Cette réunion incongrue ayant été commen- tée par les artistes, il me semblait pertinent d"interroger à leur tour les ouvriers afin de comprendre comment ces derniers l"avaient vécue. Ce questionnement a été encouragé par Monsieur Arnauld Pierre et Madame Isabelle Ewig qui, devant l"absence d"archives des militants, acteurs secondaires de l"histoire politique, m"ont orientée vers les albums de coupures de presse collectées par Francis Picabia et Tristan Tzara. Face à la richesse de ces albums, il me paraissait intéressant d"étendre cette étude aux journalistes incarnant les différentes tendances de la vie politique française afin de comprendre non seulement la manière dont les ouvriers et ceux qui s"affirmaient leur porte-voix avaient perçu les ma- nifestations du groupe Dada, dont les historiens pointent généralement le désengagement politique, mais plus largement les réactions que ces dernières avaient suscitées chez leurs contemporains politisés. Après l"analyse, dans le cadre du master, de la réception des mouvements Dada à Paris puis vorticiste en Angleterre à travers la presse politique, il nous a paru pertinent d"étendre ces recherches à la période longue des avant-gardes de l"impressionnisme au post-

impressionnisme. Cette étude a tout d"abord été envisagée jusqu"à l"entrée de la France

dans la première guerre mondiale et l"émergence du cubisme mais l"ampleur des sources m"a contrainte à fixer la limite de mes recherches à 1905, année de la découverte des Fauves par la critique, de la fondation de la Section française de l"Internationale ouvrière

et de la séparation de l"Église et de l"État. Cette étude serait donc celle de la réception

de l"avant-garde artistique dans la presse politique dans les trois premières décennies de la troisième République : de son installation à la mise en place de la politique radicale,

période marquée par l"évolution des républicains dits intransigeants de l"opposition jusqu"à

leur accession au gouvernement. Je me suis ainsi immergée dans la vie politique de la troisième République à travers la presse de la fin du XIX èmesiècle. Fréquentant quotidiennement la salle des microformes xi de la Bibliothèque nationale de France, parcourant avidement, dans le noir, des heures durant l"information quotidienne de plusieurs mois, années, je devenais singulièrement plus familière des débats parlementaires d"alors et de leurs commentaires médiatiques que

des nôtres. De manière méthodique, effectuant des sondages à partir de la chronologie à la

fois artistique et politique que j"avais confectionnée je lisais les journaux de la première à

la dernière page, happée trop souvent par les faits divers sordides ou drôlatiques, craignant

toujours de manquer un article crucial, un dialogue entre rédacteurs politiques et artistes. De ces lectures n"a émergé aucune véritable polémique entre acteurs des mouvementsquotesdbs_dbs29.pdfusesText_35

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