[PDF] Léconomie est une science empirique : Wassily Leontief et la





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Des coefficients de fabrication de Walras aux coefficients techniques

par le “modèle de Leontief dynamique”. Si le modèle fermé et le modèle ouvert sont tous deux statiques leur différence réside dans la prise en compte d'un 



Analyse entrées-sorties

15 oct. 2012 Le modèle entrées-sorties classique de Leontief et le modèle entrées-sorties fermé sont qualifiés de modèles de demande (demand-driven ou demand ...



(public 2013)

Résumé : On étudie le modèle de Leontieff qui permet de caractériser les situations Considérons d'abord



Tableau de Quesnay et Tableau de Leontief

en un modèle de Leontief fermé à 3 secteurs. Il n'y a pas de valeur ajoutée et pas de demande finale la somme des coefficients techniques de chacune.



Introduction

On appelle matrice de Leontief la matrice L=I2-C. Modèle input-output de Leontief. On donne dans la feuille Excel la représentation de l'économie ...



Applications en sciences

appliquées on établit des modèles mathématiques de phénomènes dynamiques qui Le modèle fermé de Leontief des années quarante comportait 500 inconnues ...



Léconomie est une science empirique : Wassily Leontief et la

27 mai 2008 modèle de Leontief dépend avant tout du sens que l'on donne au concept d'analyse ... Il est fermé si la demande finale est endogène.



Le modèle « mixte » : un outil dévaluation du choc de la Covid-19

version modifiée du modèle ouvert de Leontief (1944) permettant d'étudier la entiers de l'économie ont été fermés par décision administrative afin.



LUIGI PASINETTI LA THEORIE DE LA CROISSANCE ET SON

Nous pouvons alors representer le systeme economique par deux sys- temes d'equations lineaires homogenes a la maniere du modele ferme de Leontief : 7.



Sraffa and Leontief revisités

Méthodes mathématiques et modèles de l'économie circulaire Avec le livre Sraffa and Leontief revisited nous voulons fermer la brèche décrite plus haut.



Leontief Input-Output Models - UMD

Wassily Leontief was an economist who was one of the rst people to do com-putational analysis of economics Moreover his work involved one of the rst uses of a computer to produce this analysis done in 1949 at Harvard For his work he won a Nobel Prize in 1973 Leontief based his approach on the idea that an economy is basically divided into



public 2013 - CNRS

1 Présentation du modèle Le modèle d’entrée-sorties de Leontieff1 vise à caractériser l’économie d’un pays en évaluant la quantité de biens qui doit être produite dans chaque secteur et leur prix a?n d’assurer une situation d’équilibre



The Leontief model and economic theory - docreroch

The Leontief model and economic theory by Giandemetrio Marangoni University of Verona Abstract: This article examines the relationship between classical marginalist and Keynesian economics and the Leontief model and shows how the analysis of productive and distributional interdependencies may provide an appropriate conceptual framework



72 Application to economics: Leontief Model

The Leontief model is a model for the economics of a whole country or region In the model there are n industries producing n di erent products such that the input equals the output or in other words consumption equals production

What is the Leontief model of production?

The Leontief model is a circular model of production [Leontief, 1928], ‘in striking contrast to the view presented by modern theory, of a one- way avenue that leads from Factors of productionto Consumption goods’ [Sraffa, 1960].

What are the limitations of Leontief model?

It is worth pointing out that the Leontief model is limited to determining the theoretical levels of production necessary to satisfy a certain final demand or, in the version presented here, the theoretical levels of final demand necessary to absorb a certain production [Pasinetti, 1977].

What was Leontief's original idea?

Leontief's original idea turned out to be extremely fruitful and the input-output approach extended its fields of application beyond the limits of strictly defined economic processes.

What is the Leontief inverse?

The ‘Leontief inverse’ is, however, only one of the ‘inverses’ which can be used for the solution of the open model. The input-output model can be converted into a homogeneous system of linear equations which has more degrees of freedom than the traditional model [Costa and Marangoni, 1995].

Léconomie est une science empirique : Wassily Leontief et la 1 Séminaire du Centre Walras-Pareto - Université de Lausanne

27 Mai 2008

L'économie est une science empirique :

Wassily Leontief et la controverse sur

" la mesure sans théorie »

Amanar AKHABBAR

amanar.akhabbar@malix.univ-paris1.fr Leontief publie en 1936 son premier tableau entrées-sorties et l'année suivante le

modèle matriciel d'analyse des relations interindustrielles (le modèle de Leontief). Entre 1931

et 1941 Leontief utilise son tableau et son modèle pour étudier les formes du changement

structurel de l'économie américaine : il n'est pas à cette époque un ingénieur social. A partir

des années 1940, le succès de l'analyse input-output comme technologie sociale, grâce à l'administration américaine puis à l'ONU et aux technocraties à l'Ouest, n'empêche pas

Leontief de poursuivre, de son côté, ses recherches scientifiques à Harvard, sur les relations

interindustrielles. Pour Leontief, ses études sont bien plus qu'une analyse empirique parmi d'autres mais c'est une alternative forte aux deux grands programmes de recherche américains de l'entre-deux guerre : le programme du NBER, centré sur des méthodes statistiques

descriptives, et le programme de la Cowles Commission, fondé sur un critère de testabilité des

théories. Cette volonté de Leontief de proposer une alternative à ces deux programmes prend toute sa dimension lors des transformations de la science économique dans l'après guerre, et

en particulier, dans le contexte de la controverse sur " la mesure sans théorie », où Koopmans

parvient à redéfinir les règles épistémologiques de la science économique. Durant cette

période, le modèle de Leontief constitue une norme technique et analytique importante, et est,

dans le même temps, très critiqué par les économistes : le succès rencontré par l'analyse

input-output auprès des administrations, n'a d'égal que la résistance des économistes face à

cette méthode. Néanmoins, la Cowles Commission utilise le " dada input-output » 1 pour développer ses propres modèles, les modèles de programmation linéaire et d'analyse

d'activité. Ces modèles sont présentés par les cowlesmen comme des généralisations des

modèles de Leontief. Réciproquement, les modèles de Leontief apparaissent comme un cas

ATER, Université Paris Descartes et PHARE - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Ce texte constitue une

base de travail pour un futur article de méthodologie économique. 1

L'expression est de Fourquet [1980]

2

particulier de la théorie de l'équilibre général : c'est l'argument du théorème de non-

substitution de Samuelson [1951], Georgescu-Roegen [1951], Koopmans [1951] et Arrow [1951]. Lors des controverses analytiques sur le modèle de Leontief, ou confronté aux

démonstrations des théorèmes de non-substitution, Leontief ne cherche pas à répondre aux

théorèmes et arguments analytiques des uns et des autres par de nouveaux théorèmes et arguments théoriques. Il ne tente pas un coup dans le jeu épistémologique de Koopmans. A la

différence des néoricardiens (dans les années 1960-1970), par exemple, Leontief ne tente pas

de montrer les limites analytiques des analyses de Koopmans et de Samuelson : cela montre,

d'une part, que les règles épistémologiques des néoricardiens et celles des " néoclassiques »

sont très proches, et que, d'autre part, elles diffèrent de celles de Leontief. En effet, dès 1946

Leontief répond que la question de la constance des coefficients techniques ne doit pas être approchée d'un point de vue théorique, mais du point de vue de l'analyse empirique : " L'hypothèse de constance des coefficients techniques, qui constitue le fondement de [cette] analyse empirique, peut être questionnée du point de vue de la théorie de la production en

équilibre général. Dans la mesure où la proportion dans laquelle les différents facteurs de

production peuvent être combinés au sein de la même fonction de production [...] est variable, cette proportion va le plus probablement varier avec tout changement dans leurs

prix relatifs. Cette proposition théorique si clairement établie par Pareto lors de sa critique

de la fixité des coefficients de production de Walras est au-delà de toute contestation. Ce n'est pas cependant la validité fondamentale du principe de substitution mais sa signification quantitative qui importe du point de vue de l'analyse empirique » (Leontief [1946], p.38-39). Leontief indique par-là que les règles méthodologiques que doit suivre l'explication

scientifique ne sont pas celles de la théorie pure. Reste alors à spécifier les règles de l'analyse

empirique et la nature de la signification quantitative des concepts et des hypothèses théoriques. Si en 1946 Leontief entend par " signification quantitative » des tests permettant d'évaluer les effets de substitution entre les facteurs de production, son argument contre la

théorie pure repose en fait ailleurs que dans la testabilité des théories. Lorsque Leontief se

réfère à des tests empiriques pour justifier la constance des coefficients techniques, il paraît

peu convaincant et ses tests vagues (d'autant plus qu'il rejette les principes de l'économétrie).

Il est à noter que, ici, le problème est moins l'hypothèse théorique à défendre (constance ou

variabilité) que les modalités de légitimation d'un énoncé général. Autrement dit, si la

formulation d'énoncés scientifiques ne repose pas sur la méthode des tests, sur quelles règles

méthodologiques repose-t-elle ? Nous montrerons que l'épistémologie de Leontief peut être

comprise comme une forme d'opérationalisme. C'est à cette épistémologie, et à son efficacité,

qu'est consacrée cette étude. La section 1 présente, sous la forme d'une reconstruction rationnelle, les arguments

épistémologiques de Leontief, en vue d'en déterminer les principales règles; la section 2

propose d'interpréter ces règles dans le cadre épistémologique développé par Carnap pour

discuter de l'opérationalisme en philosophie des sciences ; la section 3 revient sur la relation

entre l'épistémologie de Leontief et son modèle théorique ; la section 4 expose et discute les

débats épistémologiques autour du modèle de Leontief, dans le contexte de la controverse sur

la " mesure sans théorie ». 3 Section 1. La science opérationnelle comme alternative à la méthode des tests À la révolution probabiliste par Haavelmo de l'économétrie, et aux arguments de

théorie pure avancés par Koopmans, Leontief oppose une autre révolution : celle de la science

empirique, ou encore opérationnelle. Ici, parler d'opérationalité n'est pas parler d'opérativité

de la science : l'opérationalité est un critère épistémologique de vérité et, par contraste,

l'opérativité est un critère de performance ('ça marche'). Nous ne parlerons d'opérationalité

que dans le sens épistémologique du terme. C'est en 1952, en introduction à la publication des

premiers travaux de son laboratoire, le Harvard Economic Research Project (HERP), que

Leontief défend, en réponse à la controverse sur " la mesure sans théorie » entre Koopmans

[1947] et Vining [1949], un projet méthodologique alternatif. Avec son article de 1952, Leontief répond sur le terrain méthodologique adopté par Koopmans. L'analyse empirique - au sens de Leontief- est une réponse à la fois à Koopmans, Haavelmo et Vining, et Leontief veut fonder sa critique de l'économie politique sur une critique épistémologique 2 . C'est aussi à la publication de la Cowles Commission sur les modèles de programmation linéaire

(Koopmans [1951a]) et à la position épistémologique qu'elle sous-tend que Leontief répond.

Ainsi, si la justification de la forme de la fonction de production de Koopmans est à chercher

du côté de la tradition de la théorie de l'équilibre général et de la méthode scientifique qu'il

défend lors de la controverse de la mesure sans théorie, la justification des hypothèses du modèle de Leontief dépend avant tout du sens que l'on donne au concept d'analyse empirique.

1.1 Les règles de la science empirique

Pour Leontief la théorie sans mesure est dénuée de portée empirique et la mesure sans

théorie est infructueuse. La science économique est définie par Leontief comme une " science

empirique » et " tant que l'économiste analytique se satisfait d' " hypothèses » plutôt que

d'observations effectives (directes ou indirectes) il est libre d'errer, plus ou moins au hasard, dans le champ de son investigation » (Leontief [1953], p. 7). En opposition à Koopmans qui sépare l'analyse et la mesure, Leontief souligne que " la mise en oeuvre empirique est autant considérée comme une partie d'un argument économique que les développements de ses conséquences logiques » (Leontief [1952a], p.1). Construire des théories et des modèles

mathématiques sans spécifier le lien entre les concepts théoriques et les observations conduit à

des théories dépourvues de " sens opérationnel » (" operational meaning », Ibid., p.3).

Contre les institutionnalistes du NBER, Leontief affirme que ces derniers ont développé des procédures méthodologiques dont les principaux outils sont la moyenne et l'agrégation, et cela " parfois dans l'ignorance et souvent dans la défiance de la tradition théorique abstraite » (Ibid.). Les mesures que ces outils produisent ne constituent pas des observations directes et sont en fait déjà profondément imprégnées de théorie. Les

" empiristes radicaux » s'égarent en les utilisant comme s'il s'agissait d'observations directes.

Pour Leontief, les observations indirectes (moyennes, agrégats, indices, estimations

économétriques, etc.) résultent d'opérations théoriques qui conduisent le plus souvent à des

2

Position que l'on retrouve lors de la célèbre adresse présidentielle de Leontief à l'American Economic

Association en 1970 (Leontief [1971]).

4 impasses 3

. Leontief a contribué à l'analyse du problème de l'agrégation grâce à deux articles

publiés respectivement en [1936c], sur les nombre-indices, et en [1947b], sur les fonctions de

production. En particulier, le premier article, Leontief [1936c], a donné lieu à un " théorème

d'agrégation de Leontief » qui énonce des conditions suffisantes pour lesquelles il est légitime

d'agréger les marchandises, étant données les préférences 4 . Cependant, Leontief en a gardé une horreur pour l'agrégation alors que la plupart de ceux qui travaillent sur les problèmes 'macroéconomiques' de son époque, statistiques et théoriques, ont tendance à aller vers

l'agrégation. Contre les méthodes économétriques et en réponse aux difficultés qu'elles

rencontrent durant les années 1920-1940, Leontief oppose la simplicité de l'observation directe 5 Leontief répète sa prise de position épistémologique lors de la publication en 1953 des

actes de la première conférence sur les relations interindustrielles à Driebergen en 1950. Dans

son article intitulé " L'approche input-output dans l'analyse économique » (Leontief [1953c]),

il rédige un plaidoyer épistémologique et analytique en faveur de son approche input-output.

Relevant que la formalisation mathématique n'est pas nouvelle en économie (il cite Walras,

Pareto, Marshall et Irving Fisher), Leontief considère que la suspicion qu'elle soulève tient au

fait que la formalisation " a échoué à produire des résultats factuels incontestables et supérieurs d'une manière évidente à ceux obtenus par les méthodes discursives traditionnelles reposant sur le soi-disant bon sens et sens de l'intuition. Dans une science empirique, rien ne compte finalement que les découvertes empiriques » (Leontief [1953c],

p.1). Ainsi, le critère de jugement ultime auquel se réfère Leontief, ce sont les découvertes

empiriques (empirical findings) et c'est ce qui constitue selon lui la nature de la connaissance scientifique. Cette prise de position est fondamentale et démarque clairement Leontief des membres de la Cowles Commission emmenés par Koopmans : si leurs travaux n'ont pas

apporté de nouveaux résultats empiriques, de découvertes empiriques, alors il ne peuvent être

considérés comme ayant fait avancer la science. Selon Leontief, ce n'est pas au modèle

théorique seul d'apporter des réponses, contrairement à ce que laisse penser la méthode de

Koopmans où ce qui importe ce sont les propriétés du modèle (explorer les propriétés de

l'équilibre, de l'affectation optimale, etc.). En particulier, Leontief exclut de son champ de vision les approches dynamiques exhibant les propriétés d'une croissance optimale comme le fait Koopmans ou encore les modèles de type Ramsey : ils relèvent de la science normative. A

l'opposé le modèle dynamique de Leontief [1953b] vise à étudier les propriétés d'un système

donné, et doit être combiné avec l'étude empirique du changement structurel, c'est-à-dire

l'évolution historique d'un système économique donné. Alors, se référant explicitement à la

controverse de la mesure sans théorie, Leontief souligne que " la concentration de théories

sans faits, d'une part, a été confronté par une accumulation parallèle de faits sans théories,

d'autre part » (Leontief [1953c], p.2), et à ses yeux, l'économétrie ne fait que contourner le

problème sans le résoudre. 3

Voir le problème de l'identification en économétrie et les problèmes des nombres-indices auxquels Leontief

s'est attelé. 4 Voir par exemple Lewbel [1996], F.Fisher [1969a] [1969b], Richmond [1976], Hanoch [1975], Berndt et

Christensen [1973].

5

Leontief oppose les estimations économétriques, qui sont des observations indirectes, aux observations directes

qui constitue les bases de données empiriques initiales. 5 Cette attaque épistémologique est réitérée en 1958 dans le compte-rendu par Leontief [1958a] de Three essays on the state of economic science de Koopmans [1957]. Les trois essais de Koopmans se veulent une mise en perspective des évolutions de l'économie mathématique depuis la fin de la seconde guerre mondiale de manière à en communiquer, à l'économiste non-mathématicien, " le contenu logique » (Koopmans [1957], p.III). Koopmans souligne que " la toile de fond commune aux trois essais est l'accent mis sur la construction

explicite de modèles formels tant dans la recherche théorique que pratique » (Ibid., p.IV). Il

en ressort que l'économiste doit clarifier ses théories par la mise en évidence des hypothèses

et des chaînes de déduction, grâce à la méthode axiomatique. Ce travail effectué, il devient

possible de rendre les hypothèses plus " réalistes ». Ceci suggère " qu'il faudrait envisager la

théorie économique comme une suite de modèles conceptuels qui cherchent à exprimer dans

une forme simplifiée, différents aspects d'une réalité toujours plus complexe » (Ibid., p.141).

Cette démarche, fondée sur la méthode axiomatique, permettra en retour, pour Koopmans,

d'obtenir un " réalisme toujours croissant » (Ibid.). Cette méthode a pour fonction première

de permettre une " distinction plus claire entre le raisonnement et la considération des faits »

(Ibid.). C'est précisément cette distinction que Leontief remet en question. Leontief répond à

l'appel de Koopmans en faveur d'une plus grande rigueur mathématique en suggérant une

expérience imaginaire consistant à donner à une " équipe de mathématiciens et de logiciens

l'énorme tâche de revoir l'ensemble de la littérature théorique économique des trente dernières années avec la consigne de la purifier des erreurs et arguments inconsistants »

(Leontief [1958a], p.104). Le résultat serait, selon Leontief, un corpus " très peu différent,

dans son contenu opérationnel, de ce que nous avons aujourd'hui, c'est-à-dire que son utilité

immédiate pour l'explication des faits observés serait approximativement la même » (Leontief

[1958a], p.104). C'est le lien entre les concepts et les données qui fait problème et qui, pour

Leontief, ne peut être résolu par l'invocation d'un illusoire réalisme des hypothèses. Leontief

appelle à dépasser les problèmes théoriques et à se pencher sur la question " bien plus ardue

et, en raison de cela, bien plus importante, du problème de la relation effective et opérationnelle de la théorie aux faits observés » (Leontief [1958a], p.105) 6 En effet, la question du réalisme des hypothèses ne peut pas être posée " en supposant

l'existence d'une réalité décrite et descriptible de manière unique et univoque » (Leontief

[1958a], p.105). Il s'agit à chaque fois que l'on construit un modèle abstrait d'y associer un

système précis de définitions, de classifications et de règles de mesures qui " logiquement ne

peuvent être ni vraies ni fausses, mais sans lesquelles le modèle abstrait le plus rigoureux ne

peut avoir aucune signification empirique » (Ibid., p.105). Ces règles qui président à la

construction des faits, comme les tableaux entrées-sorties et les comptes nationaux, sont faites de conventions et de normes et répondent en retour à un schéma analytique précis 7 . Cette

conception du réalisme des théories de Leontief annule la validité de la division du travail

scientifique proposée par Koopmans, consistant à séparer la modélisation des tests et des

applications : l'économie risquerait d'y perdre toute signification opérationnelle (ou

empirique). Pour Leontief, la complexité des systèmes que l'on étudie en économie ne peut

renvoyer à une division du travail valide pour la mécanique classique " caractérisée par

l'extrême simplicité de ses postulats de base » (Leontief [1958a], p.106). Il existe d'autres

méthodologies dans les sciences dures, comme la mécanique quantique ou la physique 6 La fin de ce paragraphe est extrait de Akhabbar et Lallement [2005]. 7

C'est-à-dire, pour Leontief, à la notion de flux circulaire et d'interdépendance générale dans une économie.

6 atomique, où " le travail empirique-inductif et le travail analytique sont si étroitement

intriqués que la distinction peut difficilement être faite » (Leontief [1958], p.106). C'est

l'abolition de l'opposition entre travail théorique et travail empirique : il n'est pas légitime de

définir un concept théorique sans déterminer les modalités de sa mesure. Il ne s'agit donc pas

de rejeter toute forme de théorie, mais de soumettre la théorie aux règles de la science opérationnelle, ce qui a des conséquences importante sur le contenu de la théorie. Comment interpréter d'un point de vue épistémologique les réponses de Leontief à

Koopmans ? Si Leontief a toujours mis en avant le rôle structurant de la théorie, il considère

que la séparation entre la conceptualisation théorique et l'observation empirique est

dangereuse. Son attaque de la référence au " réalisme des hypothèses » montre bien que si sa

position est différente de celle du NBER et de Mitchell, elle l'est aussi de la méthode des tests

prônée par Koopmans.

1.2 Du rôle des définitions explicites et de l'observation directe

Alors que Haavelmo justifie l'usage des probabilités en économie par l'incomplétude de la connaissance et par la difficulté à proposer des expérimentations, on trouve chez

Leontief, à partir d'un diagnostic proche, un remède très différent. Selon la méthodologie

développée par Haavelmo, l'économiste doit formuler sa théorie comme un modèle

d'équations simultanées et ces équations sont dites structurelles car elles représentent des

mécanismes qui sont (relativement) autonomes. Le modélisateur introduit un terme aléatoire de manière à ce que les équations structurelles soient stochastiques, permettant de tenir

compte des éléments évoqués plus haut. Le modèle peut alors être testé sur la base des lois

stochastiques introduites, et les paramètres estimés par des méthodes économétriques : c'est

une analyse structurelle indirecte.

De son côté, selon Leontief, l'analyse structurelle doit être directe, c'est-à-dire doit se

baser sur des observations directes (indépendantes de la théorie économique) et les termes

théoriques doivent recevoir des définitions explicites. Ce sont là les deux règles principales

que l'on peut extraire de ses travaux des années 1930 aux années 1950 8 . La première de ces

règles, c'est-à-dire la nature des observations directes, a moins une valeur en elle-même que

contre les méthodes d'estimation des économètres. Parler d'observations directes est d'abord,

pour Leontief, ne pas recourir à l'estimation économétrique. C'est la seconde règle, le mode

de définition des termes théoriques, qui constitue le coeur de l'analyse opérationnelle. Nous

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