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Mémoire d'UF1 pour le tronc commun du BEES2

Comment renforcer l'apprentissage de la ventilation subaquatique dans la progression des plongeurs de niveaux 1, 2 et 4

Emmanuel

BERNIER

Juin 2006

2. Mémoire d'UF1 pour le Tronc Commun du BEES2

Table des matières

1 - Préambule.........................................................................................................................3

2 - Introduction......................................................................................................................4

3 - Cursus de formation : prérogatives, compétences......................................................5

3.1 - Niveau 1.....................................................................................................................5

3.2 - Niveau 2.....................................................................................................................6

3.3 - Niveau 3.....................................................................................................................7

3.4 - Niveau 4.....................................................................................................................7

4 - Etude de 3 cas réels : constats, causes, conséquences .............................................9

4.1 - Elève en formation niveau 1.......................................................................................9

4.2 - Elève en formation niveau 2.....................................................................................10

4.3 - Elève en formation niveau 4.....................................................................................11

4.4 - Synthèse des difficultés rencontrées........................................................................13

5 - La ventilation subaquatique .........................................................................................14

5.1 - Spécificités physiologiques ......................................................................................14

5.2 - Spécificités bio-mécaniques.....................................................................................14

5.3 - Aspect affectif...........................................................................................................16

5.4 - Importance pour le plongeur ....................................................................................16

6 - Proposition de progression d'un plongeur du niveau 1 au niveau 4........................18

6.1 - Apprentissage au niveau 1.......................................................................................18

6.2 - Apprentissage au niveau 2.......................................................................................24

6.3 - Apprentissage au niveau 4.......................................................................................27

7 - Conclusion .....................................................................................................................29

8 - Références documentaires...........................................................................................30

8.1 - Bibliographie.............................................................................................................30

8.2 - Internet.....................................................................................................................30

9 - Annexes..........................................................................................................................31

9.1 - Arrêté de 1998 modifié 2000....................................................................................31

9.2 - Contenus de formation niveau 1 (extraits) ...............................................................35

9.3 - Contenus de formation niveau 2 (extraits) ...............................................................37

9.4 - Contenus de formation niveau 4 (extraits) ...............................................................39

Mémoire d'UF1 pour le Tronc Commun du BEES2 3.

1 - Préambule

On a coutume de dire que les compétences pratiques en plongée s'appuient sur 3 piliers : la ventilation, les appuis et la propulsion. La maîtrise conjointe des ces 3 domaines permet de stabiliser le corps du plongeur dans un environnement à 3 dimensions où la pesanteur est fortement atténuée. Paradoxalement, il me semble à travers mon propre apprentissage, mes discussions avec des élèves et des moniteurs, et les lacunes que je constate chez de nombreux plongeurs, que l'enseignement de la ventilation est souvent négligé, ou sommairement abordé, par les

moniteurs, qui laissent les élèves la découvrir, en grande partie, par eux-mêmes. Parmi les

raisons possibles de cette situation, on peut avancer les suivantes : Cet apprentissage n'est pas facile à appréhender car il s'agit d'intervenir sur un geste réflexe,

Les moniteurs, à qui on n'a pas enseigné la ventilation, n'ont pas de références vécues

pour proposer des éducatifs appropriés, Ils ne sont pas convaincus de l'importance de cet apprentissage puisqu'eux-mêmes sont devenus de bons plongeurs en s'en passant,

Il n'est pas facile d'évaluer, chez les élèves, des compétences intermédiaires, spécifiques

à la ventilation.

Ces lacunes dans l'enseignement d'une compétence pourtant fondamentale conduisent à

observer, pendant les formations, des élèves maîtrisant mal leur ventilation et se trouvant en

difficulté pour progresser. Dans ce mémoire, j'ai voulu m'interroger sur la possibilité d'améliorer cet apprentissage, dans une progression amenant le débutant jusqu'au niveau technique de plongeur le plus

élevé.

Ventilation

Equilibre

Propulsion Appuis

4. Mémoire d'UF1 pour le Tronc Commun du BEES2

2 - Introduction

La plongée, discipline réputée " à environnement spécifique », est très encadrée sur le plan

réglementaire en France. Il a semblé nécessaire de présenter les cursus de formation des

plongeurs, tels qu'ils s'inscrivent dans le cadre réglementaire, la logique pédagogique induite

par ce cadre et les enjeux de la formation des différents niveaux de plongeur.

On décrit ensuite les prestations de 3 élèves en cours de formation aux différents niveaux de

plongeurs, et les difficultés qu'ils rencontrent ; ces descriptions représentent des situations

assez classiques rencontrées par les moniteurs. Dans la partie suivante, on expose les caractéristiques physiologiques, biomécaniques et affectives de la ventilation, ainsi que l'impact de l'immersion sur ces caractéristiques et

l'importance de la maîtrise ventilatoire pour le plongeur. On souligne ainsi la nécessité d'une

adaptation et d'un apprentissage de la ventilation subaquatique.

Enfin, en s'appuyant sur les éléments exposés précédemment et sur les méthodes tirées des

théories de l'apprentissage, on propose un ensemble d'éducatifs insérés dans une progression afin de développer la maîtrise ventilatoire des plongeurs débutants jusqu'au niveau technique le plus élevé. Mémoire d'UF1 pour le Tronc Commun du BEES2 5.

3 - Cursus de formation : prérogatives, compétences

En France, les niveaux de plongeurs et leurs prérogatives d'évolution sont définies par un arrêté ministériel en date du 22 juin 1998, modifié le 28 août 2000, applicable aux

établissements d'APS organisant la pratique et l'enseignement de la plongée loisir à l'air (cf.

§ 9.1). Cet arrêté définit des zones d'évolution (profondeurs), des niveaux de pratique et

d'encadrement et des normes d'encadrement et d'équipement.

Dans la logique de la formation des plongeurs français, les compétences à faire acquérir à

chaque niveau de qualification sont donc dictées par les prérogatives attachées à ce niveau.

Ces compétences sont les objectifs de formation et le moniteur détermine et met en oeuvre

les éducatifs adaptés à ses élèves et au contexte pour leur transmettre ces compétences.

L'enchaînement des différents niveaux de plongeur est résumé dans le schéma suivant :

3.1 - Niveau 1

Voir les contenus de formation au § 9.2.

Il s'agit du premier niveau de qualification, généralement abordé immédiatement après un

baptême. L'objectif de la formation est de permettre à son titulaire d'évoluer en sécurité au

sein d'une palanquée. A l'issue de cette formation, le plongeur peut plonger jusqu'à 20 mètres de profondeur en palanquée de 4 plongeurs maximum, accompagné par un encadrant titulaire au minimum du niveau 4. Dans une palanquée qui peut compter jusqu'à 4 plongeurs pour un encadrant, ce dernier ne peut pas consacrer la totalité de son attention à chacun des plongeurs, mais doit en quelque sorte la partager entre eux.

Le plongeur niveau 1 doit donc acquérir :

des automatismes permettant d'évoluer en sécurité, une conscience de l'adaptation de sa ventilation au milieu subaquatique, des sensations lui permettant de situer son corps dans le milieu sous-marin (perception de la montée et de la descente, adaptation des appuis dans le milieu fluide,...), une technique de déplacement efficace, minimisant la fatigue,

6. Mémoire d'UF1 pour le Tronc Commun du BEES2

un code de communication et un comportement permettant de faire face aux incidents auxquels il peut être confronté, des connaissances théoriques permettant de comprendre l'environnement de la plongée, ses risques et leur prévention.

Pour développer plus spécifiquement les compétences relatives à la ventilation, le plongeur

niveau 1 doit : savoir ventiler à l'aide de son détendeur, acquérir un automatisme expiratoire à la remontée, savoir lâcher et reprendre son embout en immersion, sans stress, maintenir un contrôle ventilatoire en cas d'intrusion inopinée d'eau dans son masque, savoir utiliser sa ventilation pour maintenir son niveau d'immersion, pouvoir maintenir une courte apnée afin de faire face à une éventuelle panne d'air en attendant une assistance, optionnellement, il doit savoir s'équilibrer à l'aide de son gilet, en plus de sa ventilation.

3.2 - Niveau 2

Voir les contenus de formation au § 9.3.

Avec le niveau 2, le plongeur peut descendre jusqu'à la profondeur de 40 mètres en palanquée de 4 plongeurs maximum, accompagnés par un encadrant titulaire au minimum

du niveau 4, et jusqu'à 20 mètres en palanquée de 2 à 3 plongeurs, sans encadrement, mais

dans le respect des instructions d'un directeur de plongée. L'objectif de la formation de niveau 2 est donc d'élargir le champ d'action subaquatique

jusqu'à l'espace lointain (40 mètres), et d'accéder à l'autonomie dans l'espace médian (20

mètres).

Ces 2 nouveaux éléments vont nécessiter de développer les compétences du plongeur dans

les domaines suivants : la technique individuelle permettant d'assurer la sécurité dans le cadre de l'autonomie et de l'accès à l'espace lointain, le comportement permettant d'assister un camarade en difficulté, des notions d'orientation subaquatique, des connaissances théoriques concernant la compréhension des risques et leur prévention, mais aussi l'organisation et la planification de la plongée, des connaissances sur le matériel utilisé et les critères de choix. Plus spécifiquement, dans le domaine de la ventilation, le plongeur niveau 2 doit : savoir adapter sa ventilation aux conditions (froid, effort, profondeur), savoir adapter sa ventilation à une remontée pendant laquelle il assiste un équipier en panne d'air en lui passant régulièrement son propre détendeur, savoir utiliser sa ventilation pour maintenir son niveau d'immersion en cas d'intrusion inopinée d'eau dans son masque, savoir utiliser sa ventilation pour réguler sa vitesse de remontée en toutes circonstances, prendre de l'assurance en apnée. Mémoire d'UF1 pour le Tronc Commun du BEES2 7.

3.3 - Niveau 3

Dans le cursus fédéral, le niveau 3 est optionnel et n'est pas requis pour poursuivre vers le

niveau 4. Il s'agit d'un niveau qui confère à son titulaire une autonomie totale d'organisation

et de pratique de la discipline, dans la limite réglementaire de profondeur de la plongée de loisir à l'air (60 mètres). Cette autonomie totale va nécessiter d'approfondir et de compléter les compétences en termes : d'organisation et de planification des plongées, de technique individuelle et de comportement (vigilance) afin d'assurer la sécurité du plongeur et celle de ses coéquipiers dans l'espace lointain, d'orientation subaquatique, de connaissance du milieu marin et d'aide à la conduite d'une embarcation, de connaissances théoriques concernant la compréhension des risques liés à la profondeur et leur prévention, de secourisme afin d'intervenir le plus efficacement possible en cas d'accident. En termes de ventilation, il s'agit essentiellement : d'adapter sa ventilation à la profondeur (jusqu'à 60 mètres), d'utiliser efficacement sa ventilation pour soustraire un équipier en difficulté de la zone profonde et pour réguler sa vitesse de remontée.

Le niveau 3 ouvre l'accès au test de sélection à la préformation insérée en amont de la

formation modulaire conduisant au BEES1 de plongée subaquatique.

3.4 - Niveau 4

Voir les contenus de formation au § 9.4.

Le niveau 4 correspond à la qualification de Guide de Palanquée. Outre l'autonomie totale d'organisation, identique à celle du niveau 3, il permet l'encadrement, en exploration, de plongeurs de niveau 1 et 2. Il n'ouvre en revanche aucune prérogative en matière d'enseignement. Les prérogatives d'autonomie imposent, a minima, l'acquisition des compétences mentionnées pour le niveau 3. En revanche, comparativement au niveau 3 qui n'évolue qu'avec des plongeurs eux-mêmes formés à l'autonomie, le guide de palanquée doit être capable de détecter les signaux faibles, précurseurs d'incidents potentiels chez des plongeurs de compétence et d'expérience moindre, donc pas nécessairement aptes à analyser tous leurs problèmes personnels et à en informer sereinement leur encadrant. Le guide de palanquée doit donc être un plongeur " achevé », maîtrisant parfaitement sa technique individuelle et disposant à cet égard des automatismes lui permettant de

consacrer la totalité de son attention à la surveillance et l'assistance des plongeurs dont il a

la charge ; il doit également être capable d'anticiper les problèmes, c'est à dire d'en détecter

les signes avant-coureurs et d'adapter le déroulement de la plongée afin d'en prévenir l'apparition. En particulier, le niveau 4 doit être capable : d'adapter sa ventilation à un effort significatif (assistance d'un plongeur en proie à une panique), de remonter sans embout, en expiration d'une profondeur de 20 mètres (assistance d'un plongeur en panne d'air refusant de rendre le détendeur du guide),

8. Mémoire d'UF1 pour le Tronc Commun du BEES2

de gérer une évolution en apnée sans stress particulier, d'observer la ventilation des plongeurs qu'il accompagne et d'identifier un éventuel début de problème. Contrairement aux niveaux précédents, le niveau 4 est validé par un examen formel constitué d'épreuves codifiées et notées. Le niveau 4 ouvre l'accès à l'examen d'entrée de la formation modulaire conduisant au

BEES1 de plongée subaquatique.

Mémoire d'UF1 pour le Tronc Commun du BEES2 9.

4 - Etude de 3 cas réels : constats, causes, conséquences

Dans ce chapitre, on se propose de décrire 3 cas réels d'élèves en formation de plongeur

niveau 1, 2 et 4. Il s'agit de situations de formation dans lesquelles j'ai été impliqué à des

degrés divers, et pas nécessairement sur la totalité de la formation. Elles reflètent des

situations relativement classiques, auxquelles sont confrontés les moniteurs de plongée. Le niveau 3 n'a pas été retenu dans cette étude pour 2 raisons : il n'est pas une étape imposée dans le cursus : les compétences du niveau 4 peuvent s'acquérir directement après le niveau 2, sur le plan technique, ses compétences sont incluses dans celles du niveau 4 et seront reprises dans celui-ci.

Pour chacune des 3 situations, on s'attachera à décrire les prestations des élèves et les

difficultés rencontrées, et à analyse les causes de ces difficultés ainsi que les conséquences

d'un mauvais apprentissage.

4.1 - Elève en formation niveau 1

4.1.1 - Prestation de l'élève

Alice est une jeune femme de 34 ans, présentant un physique plutôt frêle, d'un naturel calme

et discret, venue à la plongée pour découvrir un milieu inconnu qui lui semble fascinant, et

pour s'intégrer dans un groupe social. Au cours de son baptême, l'aisance qu'elle a manifestée se situait légèrement au-dessous de la moyenne, tout en restant dans les limites

couramment observées (à titre d'indication, le moniteur a jugé nécessaire de la tenir par le

bras tout au long de la plongée). Cette première expérience l'a néanmoins enthousiasmée et

incitée à s'engager dans la formation niveau 1.

Généralement, en début de formation niveau 1, le moniteur ne prend qu'un seul élève à la

fois, le temps de s'assurer que celui-ci a acquis les quelques compétences basiques lui permettant de ne pas se mettre en danger. Ces compétences de base se traduisent par : Remonter de 3 mètres jusqu'à la surface en expirant continûment dans le détendeur, ce qui représente une expiration d'environ 15 secondes, Oter son détendeur, le reprendre en bouche et le purger avant de ré-inspirer, Etre capable de vider son masque partiellement rempli d'eau, ce qui implique de pouvoir ventiler par la bouche avec le nez au contact de l'eau.

Lors de sa première plongée, Alice a éprouvé des difficultés à s'immerger, malgré un lestage

semblant généreux en regard de son gabarit. L'essai de remontée de 3 mètres en expiration

a été infructueux : remontée rapide (10 seconde), avec, malgré cela, reprise de ventilation en

cours de remontée. Les autres exercices n'ont pas pu être entrepris, faute d'un minimum de

stabilité. La première plongée s'est donc soldée par une répétition de baptême, le moniteur

ne pouvant pas lâcher le bras d'Alice.

Pour la deuxième plongée, le lestage d'Alice, déjà élevé, a été augmenté d'un kilo. Malgré ce

surlestage, Alice a continué à montrer des problèmes de stabilité et d'appuis : il lui a été

impossible de se poser sur le fond et de maintenir une position stable le temps nécessairequotesdbs_dbs33.pdfusesText_39

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