[PDF] La Déclaration dindépendance du Bas-Canada de 1838. La





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U.S. Declaration of Independence - French

Déclaration d'Indépendance. (Texte traduit de l'anglais par Thomas Jefferson 1776). Déclaration unanime des 13 États unis d'Amérique.



DÉCLARATIONS DINDÉPENDANCE: LE PROBLÈME DE LA

Dans sa philosophie politique Arendt pense le problème de la révision des fondements normatifs issue de la Révolution américaine en mettant un fort accent sur 



Traduction et révolution à lépoque de lindépendance hispano

18 articles) et la Déclaration d'Indépendance américaine (1776) textes qui ont con- duit à la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (de 1789



4th of July – Independence Day 4 juillet – Jour de lIndépendance

4 Tem 2020 Texte de la Déclaration d'Indépendance traduit en français par ... Gâteau aux fruits « American Flag » en forme de drapeau américain.



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La Déclaration de l'Indépendance de John Trumbull 1818 fut le premier secrétaire au Trésor de la nation américaine et l'un des.



LINFLUENCE DE LA REVOLUTION AMERICAINE EN EUROPE

a été consacrée à « La Déclaration d'indépendance américaine et les Lumières». Y ont été des communications du présent auteur et de quatre autres chercheurs 



La Déclaration dindépendance du Bas-Canada de 1838. La

16 Haz 2021 HARRIS « The Meaning of Patriot : The Canadian Rebellion and. American Republicanism



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DECLARATION. A. BY THE REPRESENTATIVES OF THE. UNITED STATES OF AMERICA. IN GENERAL CONGRESS ASSEMBLED. W. HEN in the Courfe of human Events



LA DÉCLARATION DES DROITS DE LHOMME ET DU CITOYEN

M. Aulard après avoir cité la Déclaration d'indépendance américaine et noté l'influence qu'elle exerça sur la France

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La Déclaration d'indépendance du Bas-Canada de 1838. La citoyenneté dans les derniers feux du républicanisme atlantique. par Fabien Gallinella Doctorant contractuel, Aix-Marseille Université, CERHIIP EA 2186 Fruit d'un conflit latent entre la population et son gouvernement colonial, l'insurrection des Patriotes canadiens (1837-1838) démarra par des assemblées populaires et s'acheva dans un crépusculaire spectacle de fermes livrées aux flammes et de corps gisants dans la neige. D'abord guidée par le charisme de Louis-Joseph Papineau1, l'escalade de violence ne profita

guère aux insurgés. Écrasés une première fois à l'hiver 1837, ils n'en démordirent pas pour

autant et retentèrent leur chance en novembre 1838. Une nouvelle fois, l'affaire tourna à la débâcle par manque d'organisation : proclamée en hâte, la République du Bas-Canada ne connut qu'une existence éphémère. Le caractère spontané de cette insurrection pose la question de savoir quels sont les

idéaux hissant ses militants au-delà du simple cri de désespoir. Les historiens constatent que

les idées politiques, au Québec, furent " le plus souvent l'écho de courants d'idées ou de

visions politiques élaborés sous d'autres cieux »2. Écho qui rebondissait sur la situation

particulière de l'ancienne colonie française pour produire des analyses et des propositions idiosyncratiques. En supposant que l'insurrection des Patriotes fut - en partie - une manifestation de républicanisme3, la présente étude vise ici à restituer un aspect de ce

républicanisme canadien à travers la question, spécifique mais primordiale, de la citoyenneté

et de sa représentation.

1Sur l'identité républicaine du parti Patriote et de son chef de file Papineau, voir HARVEY, Le Printemps de

l'Amérique française. Américanité, anticolonialisme et républicanisme dans le discours québécois, 1805-1837,

Montréal, Boréal, 2005, 296p. et HARVEY, " Le Parti patriote » in Bulletin d'histoire politique [en ligne], vol. 23,

n°2, hiver 2015, p. 157-160.

2LAMONDE, CORBO, Le rouge et le bleu. Une anthologie de la pensée politique au Québec de la Conquête à la

Révolution tranquille, Montréal, ed. Presses de l'Université de Montréal, 1999, p. 12.

3Une controverse historiographique existe sur la nature et la finalité de l'insurrection Bas-Canadienne.

Certains historiens, à l'instar de l'américain Marc Harris, concluent que " The testimony of several Patriots who

returned from exile and wrote explanatory memoirs, however, suggests that many situated their actions in the

larger context of world republicanism ». HARRIS, " The Meaning of Patriot : The Canadian Rebellion and

American Republicanism, 1837-1839 » in Michigan Historical Review [en ligne], vol. 23, n°1, printemps 1997,

p. 35. Consulté le 02 janvier 2020. URL : www.jstor.org/stable/20173631. Reprenant cette lecture et

l'étendant grâce au prisme de l'humanisme civique, Louis-Georges Harvey formule l'hypothèse que les

événements de 1837-1838 étaient une manifestation de républicanisme plus que d'un conflit

ethnolinguistique. Les défauts de méthodologie de ses travaux ont cependant été soulignés par d'autres

historiens. DUCHARME, " Louis-Georges Harvey, Le Printemps de l'Amérique française, Montréal, Boréal, 2005,

296p. » in Bulletin d'histoire politique [en ligne], vol. 14, n°2, hiver 2006, Culture démocratique et aspirations

populaires au XIXe siècle : la vie démocratique au quotidien, p. 293-295. Consulté le 30 décembre 2019. URL :

https://id.erudit.org/iderudit/1054456ar. Voir également CHEVRIER, De la République en Amérique

Française, Montréal, ed. Septentrion, 2013, 530p. Pour y répondre, il conviendrait tout naturellement de s'intéresser aux textes phares

qui ont illuminé la révolte Bas-Canadienne. Malheureusement, la brièveté de cette

insurrection empêcha la production d'un véritable texte constitutionnel. Si les insurgés de l'Upper Canada parvinrent, sous la férule de William Lyon MacKenzie, à publier un projet de Constitution4, il n'en fut pas de même pour leurs homologues du Bas-Canada qui n'eurent le temps que de proclamer, sans panache, leur indépendance et la convocation d'une convention.

Canevas d'une République Bas-Canadienne tuée dans l'oeuf, la Déclaration d'indépendance du

Bas-Canada5 proclamée par Robert Nelson6 le 28 février 1838 sera notre source principale7. I-Les fondations : l'arasement des institutions héritées du passé A l'instar de son illustre ancêtre de 1776, la Déclaration de 1838 débute par les motifs qui ont conduit les Bas-Canadiens à rompre avec l'Angleterre8. Motifs qui - en grossissant le

trait - auraient pu être résumés par le slogan américain " No taxation without representation ».

Dès 1837 La Minerve, principal journal des Patriotes9, s'indigne ainsi du fait que : " (...) notre

argent nous est extorqué sans notre consentement, en forme de taxes imposées

4Que l'on trouve dans LINDSEY, The Life and Time of WM. Lyon MacKenzie, II, Toronto, ed. P.R. Randall, 1862 p.

345-358. Rédigée par McKenzie et publiée dans The Constitution le 15 novembre 1837, ses 81 articles sont

largement inspirés des modèles états-uniens - et new-yorkais tout particulièrement. Les deux premiers

articles concernent la liberté de culte et de conscience, l'interdiction d'établir une religion d'État. Le

quatrième article copie purement et simplement la Constitution de New-York de 1821 puisqu'il rend inéligibles les ministres des cultes.

5Le document d'archive (Archives du Séminaire Saint-Joseph de Trois-Rivières, CL-0032-01928 Robert Nelson

431 Déclaration d'indépendance du Bas-Canada) a été numérisé et se trouve disponible en ligne à plusieurs

adresses. Plusieurs ouvrages reproduisent in extenso le contenu de ce document mais, prévient Julien

Mauduit, il s'agit bien souvent d'une version corrigée et pas entièrement fidèle à l'original. Les corrections

s'expliquent, d'une part, en raison du nombre de fautes d'impression qui ponctuèrent le document original et,

d'autre part, pour les raisons politiques qui guidèrent les copieurs à l'instar du journal l'Ami du Peuple du 20

février 1839 qui, hostile aux Patriotes, livre une version légèrement tronquée de leur Déclaration.

6Médecin d'origine anglophone, fils de loyaliste, il incarna, avec son frère Woldred, " l'aile dure » de

l'insurrection. Après le retrait de Papineau en 1837, c'est Nelson qui prit la tête des insurgés à la demande de

ceux-ci (et non pour satisfaire une ambition personnelle comme ce fut longtemps affirmé) et qui devint donc

le père fondateur de leur république. MAUDUIT, " Vrais républicains » d'Amérique : les Patriotes canadiens en

exil aux États-Unis (1837-1842), Thèse pour le doctorat en histoire, Université du Québec à Montréal, 2016, p.

37, 138 et 140. Si les travaux sur Papineau abondent, les biographies de Robert Nelson sont en revanche bien

plus rares et manquent de neutralité, à l'instar de l'hagiographique récit de l'historien David. DAVID, " Le Dr.

Robert Nelson » in Biographies et portraits, Montréal, ed. Beauchemin & Valois, 1876, p. 261-274.

7Ne serait-ce que parce qu'elle ne possède jusqu'ici " qu'une place très secondaire dans l'historiographie. Le

contraste est étonnant entre l'attention accordée à des documents mineurs et la marginalisation de l'une des

principales sources de l'événement. A ce jour, une poignée d'études seulement consacre plus d'un paragraphe

à ce texte, et aucune ne présente ce document comme la clé pour saisir le mouvement ». MAUDUIT, op. cit., p.

195. L'historien canadien Joseph Schull par exemple, dans son ouvrage consacré aux événements de 1837-

1838, ne daigne pas consacrer plus d'une phrase à la symbolique mais anecdotique proclamation de

l'indépendance. SCHULL, Rébellion. Le soulèvement patriote de 1837 au Bas-Canada, Montréal, ed. Québec

Amérique, 1997, 1971 pour l'édition en langue anglaise sous le titre Rebellion, Toronto, ed. MacMillan, p. 177.

8 MAUDUIT, op. cit., p. 198

9En 1826, l'objectif initial du journal était d'être : " Fait pour les Canadiens, notre papier aura pour but moral

leur union, leur instruction, leur attachement à la morale et à leur religion ; pour but politique, la libre

jouissance de leurs justes droits et le respect pour l'Empire florissant dont nous dépendons, et pour son chef

auguste », il n'était donc pas un brûlot clandestin insurrectionnel et républicain. La Minerve, vol. I, n°1, 9

novembre 1826, p. 3 inconstitutionnellement par un parlement étranger pour être ensuite converties en un

instrument de notre dégradation, distribuées qu'elles sont parmi une bande criarde d'officiels,

contre notre volonté, sans notre participation, et en violation de tous les principes des lois constitutionnelles »10. Le système constitutionnel mis en place au Québec en 1791 offrait

pourtant la possibilité aux Canadiens francophones d'être représentés par une Assemblée

législative. Les Patriotes invitèrent ainsi leurs soutiens à utiliser cette assemblée pour lutter

contre les empiétements du pouvoir exécutif : " Électeurs de tous le pays, courrez aux Hustings, entendez y vos Representans ; jugez des hommes publics d'après les mesures publiques qu'ils ont appuyés [...] que le corps Représentatif que vous avez organisé, et qui a été le gardien fidèle de vos droits, a été interprète véritable de vos voeux, en décidant uniformément par de

grandes majorités qu'il ne devait pas laisser à l'Exécutif la disposition

discrétionnaire d'aucune partie du revenu public ; qu'il devait exercer et transmettre intact, aux Assemblées futures, un droit de contrôle efficace sur toutes les dépenses du gouvernement civil ; qu'il tenait le Gouverneur personnellement responsable de grandes et fortes sommes qu'il a dépensées en contravention à la loi, et que de telles prétentions, et une telle pratique, tendaient au renversement du gouvernement tel qu'établit par la loi »11 Initialement, en 1827, il n'était donc pas question de renverser l'ordre établi au profit d'une république mais d'user des rouages du parlementarisme naissant pour défendre

l'intérêt de la majorité francophone12. Néanmoins, le pouvoir de la chambre basse était

considérablement affaibli par sa place dans la hiérarchie institutionnelle : ses décisions

n'avaient force de loi que si le Conseil législatif et le Gouverneur l'acceptaient13. Le désaccord

systématique entre la chambre basse et le Conseil ne manqua pas d'aboutir à des blocages en

10La Minerve, vol. XI, n°73, 2 novembre 1837, p. 3-4

11[PAPINEAU], Adresse à tous les électeurs du Bas-Canada, Montréal, ed. Imprimerie du Spectateur canadien,

1827, p. 25

12Dès 1784, les francophones du Bas-Canada, aux côtés des anglophones, pétitionnèrent pour l'obtention d'une

assemblée représentative. " Pétition demandant une chambre d'assemblée. 24 novembre 1784 » in LAMONDE

et CORBO op. cit., p. 44-48, TOUSSIGNANT, " La participation des Canadiens français à l'avènement de la

constitution de 1791. Survol historiographique » in Bulletin d'histoire politique [en ligne], Le référendum du

26 octobre 1992, vol. 1, n°2-3, printemps 1993, p. 52-53. Consulté le 08 janvier 2020. URL :

https://www.erudit.org/fr/revues/bhp/1993-v1-n2-3-bhp04816/1063181ar.pdf et HARE John, Aux origines

du parlementarisme québécois. 1791-1793. Études et documents, Québec, ed. Septentrion, 1993, 305p. et

BERNARD Jean-Paul, GRENON Michel, " La Révolution française et les Rébellions de 1837 et 1838 dans le Bas-

Canada » in SIMARD Sylvain (dir.), La Révolution française au Canada français, Actes du colloque tenu à

l'Université d'Ottawa du 15 au 17 novembre 1989, Ottawa, ed. Presses de l'Université d'Ottawa, 1991, p. 22

13Situation déjà déplorée en 1814 dans un mémoire attribué à Pierre-Stanislas Bédard. [BEDARD Pierre-

Stanislas] " Mémoire au soutien de la requête des habitans du Bas-Canada » in LAMONDE, CORBO, op. cit., p.

70-79.

182714 puis, en 1836, à une véritable " grève parlementaire »15 que le Gouverneur d'alors ne

manqua pas de déplorer16. Pour les Patriotes, ce Conseil, composé de personnes nommées,

était la pierre d'achoppement institutionnelle17 et fut dénoncé comme la caisse de résonance

d'une oligarchie anglophone ou, a minima, anglophile18. Papineau déplorait alors que " depuis cette époque [1808], et durant trente années, un gouvernement prétendu constitutionnel,

s'appuyant sur des minorités, s'[était] constitué en hostilité permanente contre la majorité des

représentants (...) »19. Une majorité écrasante, dont l'objectif n'était donc que de rendre électif

le Conseil législatif selon la version du chef rebelle20. A ce manque de représentativité des

institutions s'ajouta l'anxiété provoquée par la proposition - faite en 1822 avant d'être

abandonnée - de fusionner le Haut et le Bas Canada, ce qui aurait " noyé » les francophones

dans la masse anglophone et les auraient relégués au rang de minorité21. En résumé, c'est bien

la volonté de rendre la majorité de la population effectivement détentrice de la souveraineté

qui guida les meneurs de la contestation. Lectrice de Locke et de Montesquieu22, l'élite

14Selon les travaux de Gilles Gallichan, la crise de 1827 opposant le Parti canadien (Papineau en tête) et le

Gouverneur Dalhousie - avec en toile de fond le risque de voir le Haut et le Bas Canada fusionner - constitue

le balbutiement d'une démocratie : les Canadiens se sont mobilisés sur une question politique, ont constitué

des comités et ont confronté le Gouverneur sur la question de la responsabilité des dirigeants devant le

parlement. GALLICHAN Gilles, " La crise parlementaire de 1827 au Bas-Canada » in Les Cahiers des dix [en

ligne], n°66, 2012, p. 95-166. Consulté le 01 janvier 2019. URL : https://id.erudit.org/iderudit/1015073ar

15L'opposition systématique du Conseil législatif provoquera " la grève parlementaire » de septembre 1836,

paralysant la vie politique de la colonie et préludant le conflit de 1837. GALLICHAN Gilles, " La session de

1836 ou le Parlement québécois en grève » in Les Cahiers des dix [en ligne], n°55, 2001, p. 191-294. Consulté le

02 janvier 2020. URL : https://id.erudit.org/iderudit/1008084ar

16" Des dissensions ont presque arrêté la marche du Gouvernement. Les subsides nécessaires pour mettre à

effet les lois qui empêchent la société de tomber en dissolution n'ont pas été accordés depuis un tems

considérable ». Journals of the Legislative Council of the province of Lower Canada. Being the Second Session of

the Fifteenth provincial parliament, Quebec, ed. Cary & Desbarats, 1836, p. 12

17En s'appuyant sur l'exemple des États américains, la 45e résolution de 1834 explique que plus une colonie

sera administrée démocratiquement, moins elle aura de chance de rallier une rébellion. La 9e résolution

explique, a contrario, que la soumission de l'Assemblée législative élue aux autorités nommées par la

Couronne est la cause principale de tous les maux que connaissent les colonies canadiennes.

18" L'oligarchie qui remplissait le nouveau conseil nourrissait les mêmes convoitises, le même fanatisme

religieux, la même soif du pouvoir exclusif, qu'elle avait nourris durant les administrations précédentes ».

PAPINEAU, Un testament politique. Conférence à l'Institut canadien de Montréal, 17 décembre 1867, [en ligne]

ed. Bibliothèque électronique de Québec, p. 27. Consulté le 8 décembre 2019. URL :

19PAPINEAU, Histoire de l'insurrection du Canada, 1839, p. 33

20" Outre les résolutions à caractère anticolonial ou dénonciatrices de certains abus, la plupart des assemblées

ont abordé la question constitutionnelle en réclamant la création d'un Conseil législatif électif ». HARVEY,

" Les Patriotes, le républicanisme et la constitution québécoise » in Bulletin d'histoire politique, vol. 17, n°3.

Consulté le 30 décembre 2019. URL : https://www.bulletinhistoirepolitique.org/le-bulletin/numeros-

21Mesure qui, sur recommandation de Lord Durham, fut finalement adoptée par le Parlement britannique en

1840. " An Act to re-unite the Provinces of Upper and Lower Canada, and for the Government of Canada [23

juillet 1840] », Ch. XXXV, (3 & 4 Vict.) in A collection of the public general statues passed in the Third and Fourth

Year of the reign of Her Majesty Queen Victoria. Being the Third Session of the Thriteenth Parliament of the

United Kingdom of Great Britain and Ireland, Londres, ed. Eyre and Spottiswoode, 1840, p. 125-140.

22Dont Papineau opère une relecture expliquant que son admiration pour le système britannique n'était que

relative, qu'elle n'avait surtout pour objectif que de mettre en relief les défauts de la monarchie française. De

plus, Montesquieu " savait bien qu'il n'y avait qu'une seule puissance dans la Grande-Bretagne, l'aristocratie.

Par sa prépondérance, elle pesait avec les formes les plus courtoises sur les rois courbés devant elle. Elle avait

canadienne eut le sentiment que le système en place contredisait l'esprit même de la

Constitution britannique, qu'elle était dupée par le " machiavélisme »23 d'un gouvernement

trahissant ses promesses. Le sentiment d'être floué par un système tronqué ne fit donc qu'aggraver la crainte d'une dépossession. Enfin, la rupture fut définitivement consommée

lorsqu'aux Quatre-vingt douze Résolutions prises par l'Assemblée législative, majoritairement

Patriote en 183424, répondirent les dix frustrantes Résolutions du ministre de l'intérieur

britannique John Russell : le Conseil législatif ne serait pas électif comme le réclamait la

majorité Bas-Canadienne. L'impasse politique ouvrit alors un boulevard pour la révolte. La question de la représentation était donc bien au coeur des événements de 1837-

1838. Mais la Déclaration de 1838 alla bien au-delà de cette remise en question de l'ordre

constitutionnel britannique. Déclaration d'indépendance, elle fut aussi la proclamation d'une

république assise sur une conception ferme de la liberté et de l'égalité. Influencés par les

théoriciens new-yorkais de l'Equal Rights Party25, les rebelles de 1838 entendirent

bouleverser l'ordre social perpétué depuis la colonisation française. Malgré les grandes

différences avec la féodalité française telle qu'elle put exister à la fin de l'Ancien Régime26 et,

surtout, en dépit du fait que la préservation du système seigneurial fut perçue par les francophones comme un moyen de se défendre contre l'anglicisation de leur société, les auteurs de la Déclaration de 1838 entendaient y mettre un terme. Même si l'égalitarisme de la rébellion canadienne fut davantage marqué en 1838 qu'en

à son gré disposé de leur couronne qu'elle avait donné à un étranger ». PAPINEAU, Un testament politique, p.

12

23L'adjectif est employé par les Patriotes de Saint-Ours dans leur réclamation en 1837. " Résolutions de

l'assemblée populaire de Saint-Ours contre les Résolutions Russell. 7 mai 1837 » in LAMONDE et CORBO, op.

cit., p. 103

24" The Ninety-Two Resolutions of 1834 » in KENNEDY William P.M., Statutes, treaties and documents of the

Canadian Constitution, 1713-1929, 2e ed., Toronto, ed. Oxford University Press, 1930, p. 270-290.

25Qualifié de " Méthodistes de la démocratie » par ses hagiographes, ce parti naquit par hostilité aux monopoles

et ses membres furent davantage connus sous le surnom de Locofocos. BYRDSALL Fitzwilliam, The History of

the Loco-Foco or Equal Rights Party, it's Movements, Conventions and Proceedings with Short Characteristic

Sketches of it's Prominent Men, New-York, ed. Clement & Packard, 1842, 192p. Sur l'impact des idées de ce

parti sur les rebelles Bas-Canadiens, voir MAUDUIT, op. cit., p. 75 et s.

26Les Patriotes portaient un regard très sévère sur le régime colonial français qui contrôla la Nouvelle-France

jusqu'en 1763. Comme Tocqueville et François-Xavier Garneau, mais aussi, comme les défenseurs du régime

britannique, les Patriotes présentèrent l'ancien régime de Nouvelle-France comme une caricature d'extrême

centralisation, d'étouffement des libertés individuelles et de bigoterie. Ils ne furent nullement nostalgiques

de l'administration française. Les arguments furent d'ailleurs les mêmes chez les anglomanes canadiens qui,

jusqu'à Trudeau père encore, présentèrent les Canadiens-français comme difficilement aptes à la démocratie

qu'auraient bâtie les Anglais pour ces raisons historiques. Les historiens quant à eux " balancent beaucoup, en

prononçant le mot d'absolutisme pour aussitôt en atténuer la portée. Disons plutôt que la Nouvelle-France fut

une forme de monarchie coloniale tempérée par la liberté des bois. Le système avait sans doute tous les

défauts détestables qu'un républicain prête à la monarchie : la négation de la liberté du peuple, la division de

la société en ordres d'humanités séparées, les privilèges d'une caste entretenue et infatuée d'elle-même,

l'obsession des titres et des distinctions, la naissance précédant le mérite, etc. Mais ce n'était pas vraiment le

despotisme ». CHEVRIER Marc, " La République néo-française » in Bulletin d'histoire politique [en ligne], vol.

17, n°3. Consulté le 24 décembre 2019. URL : https://www.bulletinhistoirepolitique.org/le-bulletin/numeros-

1837 et que cette évolution justifia le retrait de Papineau au profit de Nelson27, il n'en demeura

pas moins que dès ses prémices se dégagea un antagonisme aux accents républicains entre

une terre bas-canadienne marquée par l'égalité et la liberté28, protégée comme telle par la

Providence divine, et une petite élite souhaitant " faire triompher leurs principes despotiques

établir l'ilotisme » comme elle l'avait fait dans tout l'Empire britannique29. Dès lors, la figure

idéalisée - chère à Jefferson et à tout le courant républicain - du cultivateur travaillant sa terre

et, par son indépendance, participant à la vie politique de la Cité30, ne pouvait s'accorder avec

le maintien d'un régime seigneurial limitant les possibilités d'accès à la propriété31. Sous

l'impulsion de patriotes radicaux comme Cyrille Coté, le régime seigneurial passa du statut

d'élément constitutif de l'identité canadienne à celui d'entorse à la démocratie32. Aux

encablures de Montréal par exemple, les Patriotes de l'Assemblée de Vaudreuil déclarèrent

que ces droits seigneuriaux étaient " incompatibles avec la liberté et les sentiments du

peuple »33. Cohérent avec ces réclamations autant qu'avec les idéaux-types de l'humanisme

27L'article 5 de la Déclaration de 1838 semble avoir brouillé Papineau et Nelson, car pour le premier

" l'abolition sans compensation du régime seigneurial était illégale et injuste et le vol à l'égard d'un seigneur

ne se justifiait pas plus à ses yeux qu'à l'égard de quiconque ». Selon Robert Nelson, c'est la dénonciation de

cet " Ancien régime » canadien qui provoqua la rupture avec Papineau : " Papineau nous a abandonnés et cela

pour des motifs personnels et familiaux concernant les seigneuries et son amour invétéré pour les vieilles lois

françaises. Nous pouvons mieux faire sans lui qu'avec lui ». LAMONDE, Histoire sociale des idées Québec :

1760-1896, p. 249-250

28" Nous ne voyons pas de ces fortunes colossales, génératrices de l'ambition et des vices perturbateurs de

l'ordre social : nous ne voyons pas une extrême misère tenir une classe nombreuse en servile dépendance. La

distribution de la propriété est si égale et si générale que, de fait, nous avons des loix Agraires que

demandaient les Romains, sans les avoir conquises par des déluges de sang ». [PAPINEAU Louis-Joseph],

Adresse à tous les électeurs du Bas-Canada, Montréal, ed. Imprimerie du Spectateur canadien, 1827, p. 4-5.

Harvey relève que la dénonciation du régime seigneurial se combinait avec un discours aux accents

anticapitalistes et anti-mercantiles. Dans la même veine que les Democrats Jacksoniens et l'Equal Right Party,

les Patriotes se montrèrent hostiles à l'égard de la spéculation, des marchands et des grandes corporations

telles que la British American Land Company, par ailleurs nominalement visée par la Déclaration de 1838 à

l'article 17. HARVEY, Le Printemps de l'Amérique française, op. cit., p. 40

29[PAPINEAU], Adresse à tous les électeurs du Bas-Canada, Montréal, ed. Imprimerie du Spectateur canadien,

1827, p. 4-5

30Son travail assurant un rempart contre la décadence morale et la corruption. L'achat de la Louisiane par

Jefferson en 1803 répondait aussi à cette préoccupation, car elle donnait accès à une immensité cultivable qui,

une fois peuplée de cultivateurs, serait le limon sur lequel germerait un " empire de la liberté ». HARVEY, Le

Printemps de l'Amérique française, op. cit., p. 38-39.

31Allan Greer et Léon Robichaud, dans l'étude socio-géographique qu'ils consacrent à la Rébellion de 1837,

concluent que le foyer révolutionnaire qu'était le District de Montréal se caractérisait par, premièrement, une

forte proportion d'anglophones et, deuxièmement, " un lourd fardeau féodal ». GREER Allan, ROBICAUD Léon,

" La rébellion de 1837-1838 au Bas Canada : une approche géographique » in Cahiers de Géographie du

Québec [en ligne], vol. 33, n°90, décembre 1989, p. 374. Consulté le 26 décembre 2019. URL :

https://id.erudit.org/iderudit/022053ar

32" Les radicaux des Canadas ne s'économisent pas pour dénoncer la " corruption » de l'aristocratie. Selon eux,

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