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Mondes du Tourisme

6 | 2012

Tourisme dans les villes historiques

Édition

électronique

URL : http://journals.openedition.org/tourisme/226

DOI : 10.4000/tourisme.226

ISSN : 2492-7503

Éditeur

Éditions touristiques européennes

Édition

imprimée

Date de publication : 1 décembre 2012

ISSN : 2109-5671

Référence

électronique

Mondes du Tourisme

, 6

2012, "

Tourisme dans les villes historiques

» [En ligne], mis en ligne le 01

septembre 2015, consulté le 03 octobre 2020. URL : http://journals.openedition.org/tourisme/226 DOI : https://doi.org/10.4000/tourisme.226 Ce document a été généré automatiquement le 3 octobre 2020.

Mondes du tourisme

est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modi cation 4.0 International.

SOMMAIRERecherche - DossierIntroduction au dossier "tourisme dans les villes historiques"La ville touristique, une zone d'ombre dans la recherche en tourismePhilippe ViolierUn discours mis en image : Paris à travers les Guides Joanne - Guides bleus (1863 à 2010).Une approche exploratoire et diachronique de l'espace touristiqueLaurie Lepan et Philippe DuhamelLes ambivalences de la mise en tourisme du patrimoine. Le cas du centre ancien de Tozeur(Tunisie)Najem DhaherHeidelberg, ou comment une ville historique est devenue un haut lieu touristiqueTim Freytag et Maie GérardotLes processus de mise en tourisme d'une ville historique : l'exemple de RouenSylvine Pickel-ChevalierRecherche - VariaDésenchantement : les voyages "solidaire" et "humanitaire" de CatherineNadège ChablozLes guides de montagne d'Asie centrale et l'activité de tourisme sportifEffets et conséquences de la transition socio-économiqueJulie Hallé et Michel RaspaudActualité de la rechercheComptes rendus de thèseCompte rendu de thèseBénédicte Auvray, L'Enclavement touristique dans les îles tropicales : Polynésie

française, Maldives, République dominicaine

Thèse de doctorat en géographie à l'université du Havre, dirigée par Jean-Christophe Gay et Benjamin

Steck(soutenue le 23 octobre 2012)

Bénédicte Auvray

Compte rendu de thèse

Ludovic Falaix, Des vagues et des hommes. La glisse au coeur des résistances et contestations face à l'institutionnalisation des territoires du surf en Aquitaine

Thèse de doctorat en aménagement-géographie, Université de Pau et des Pays de l'Adour, dirigée par Vincent

Vlès(soutenue le 6 juin 2012)

Ludovic Falaix

Mondes du Tourisme, 6 | 20121

Compte rendu de thèseChristian Bréthaut, Analyse comparée de régimes institutionnels de gestion des

réseaux urbains de l'eau en station touristique de montagne. Les cas de Crans-

Montana (Suisse) et de Morzine-Avoriaz (France)

Thèse de doctorat en études du tourisme de l'Université de Lausanne, mention géosciences et environnement,

Lausanne)(soutenue le 2 juillet 2012)

Christian Bréthaut

Lectures critiques

Lectures critiques

Hugues Seraphin, L'Enseignement du tourisme en France et au Royaume-Uni.

Histoire, comparaisons, analyses et perspectives

Coll. "Touristica Nova", éditions Publibook, 2012, 520 pages

Michel Bonneau

Lectures critiques

Christian Bataillou (dir.), Tourismes, patrimoines, identités, territoires Collection Études, Presses universitaires de Perpignan, 2010, 600 pages

Vincent Coëffé

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Recherche - Dossier

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Introduction au dossier "tourismedans les villes historiques"La ville touristique, une zone d'ombre dans la recherche en tourismePhilippe Violier

1 Ce dossier thématique aborde la question du tourisme dans les villes historiques ou

anciennement constituées, c'est-à-dire dont l'urbanité est avérée avant l'irruption du

tourisme, à l'opposé des stations, lieux créés par et pour le tourisme. Si nous avions abordé cette question dans les années 1970, nous aurions pu mobiliser l'expression de ville polyvalente, par distinction avec la station, ville hautement spécialisée ; mais la dynamique de diversification qui affecte ces dernières, davantage le long des littoraux qu'en montagne semble-t-il, a atténué cette opposition. Si des travaux ont contribué à lever le voile sur cette modalité spatiale, il reste beaucoup à faire. Dans ce dossier, nous n'avons pas eu à traiter de la place des voyages et rencontres d'affaires, puisque aucune proposition n'a été soumise dans ce sens. Néanmoins, quant à la question de savoir si

ces mobilités relèvent du tourisme ou s'il s'agit d'une modalité différente inscrite dans

un système de mobilité, c'est bien en ville qu'elle se pose. De fait le dossier se conçoit dans une approche du tourisme par la finalité "recréative".

2 L'un des premiers ouvrages en langue française consacrés au tourisme dans les villes,

dû à Georges Cazes et Françoise Potier, soulignait, en 1996, un "paradoxe... dans l'évident

décalage entre, d'un côté, la prolifération récente des colloques, des études ponctuelles, des

organismes et des programmes, et, de l'autre côté, le faible intérêt longtemps montré par les

chercheurs pour ce phénomène particulier" (Cazes et Pottier, 1996, p. 3). En effet,

curieusement, le tourisme dans les villes anciennement constituées a été tardivement

étudié et ne l'est que peu. Soulignons que, jusqu'à ces dernières années, aucun travail

d'ampleur n'avait été engagé sur Paris

1. Pourtant la pratique investit les villes dès le

XIX e siècle au moins. Claire Hancock (2003) montre ainsi l'engouement des Britanniques pour Paris, et Thomas Cook mit très vite ses moyens logistiques à leur disposition, notamment au moment des Expositions universelles (Tissot, 2000). Plus tôt même, le Grand Tour, cette mobilité pré-touristique, traversait de nombreuses villes et visait singulièrement Rome. Cette zone d'ombre tient en partie sans doute, en géographie, au cloisonnement intradisciplinaire, révélé notamment par l'absence quasi totale du

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phénomène touristique au sein des ouvrages dédiés à l'urbain. Ainsi en 2007, il a fallu

l'intervention de Rémy Knafou, directeur de la collection Mappemonde aux éditions Belin, auquel les auteurs avaient soumis le manuscrit, pour qu'un ouvrage consacré à la métropole parisienne intègre un chapitre sur le tourisme (Duhamel et Knafou, 2007). Les géographes spécialistes ont plutôt traité la question du tourisme à partir des espaces littoraux et montagnards au sein desquels la station, soit la ville spécialisée créée de toutes pièces, plus visible, s'impose d'emblée comme le modèle spatial de la surimposition du tourisme. L'approche peut être affinée en distinguant la ville comme forme spatiale de la Ville comme entité administrative, cas dans lequel la station a pu prendre la forme d'un quartier distinct. Car compte surtout la discontinuité spatiale créée avec l'habitat ancien, manifestation concrète de la distinction sociale entre les touristes venus du monde urbain et les locaux. L'opinion tenace selon laquelle le

touriste fuit la ville n'a pas non plus contribué à orienter les travaux spécialisés sur cet

espace. Rappelons que l'affirmation repose sur un constat (voir notamment Raboteur,

2000) : les taux de départ les plus élevés caractérisent les villes sous les effets conjugués

du stress, des pollutions, du mal de vivre..., donc les touristes les quittent pour des cieux plus cléments. En réalité, les principales destinations dans le monde sont des métropoles (Paris, Londres, New York...), et si les taux de départ sont plus importants pour les citadins des métropoles, cela tient en partie au niveau élevé des salaires moyens, lesquels permettent une plus grande mobilité des personnes.

3 Si dans les travaux de thèse consacrés au tourisme, l'accent a été mis sur la station, cela

se comprend puisque l'exercice revêt une dimension régionale. Plus étonnant, les généralisations des années 1980-1990, période de production des premiers manuels, ne distinguent pas la spécificité du tourisme dans les villes historiques. Ainsi, en 1993, Daniel Clary, dans un ouvrage destiné à la France, érige dans un chapitre dédié, la station comme le modèle du lieu touristique avant de passer en revue les espaces selon la structuration classique qui distingue le montagnard, le littoral, le rural et l'urbain. Si nous concevons que, dans les trois premières catégories, la station est le mode le plus fréquent d'insertion spatiale, pour la ville c'est clairement à discuter. Il y a donc eu un mouvement de généralisation qui a tendu à gommer la spécificité du tourisme dans la ville. Pourtant, en 1990, dans son ouvrage consacré à l'Europe du Nord, Jean-Michel Dewailly avait souligné la distinction entre les stations, où "le tourisme [...] commande

l'activité locale et structure l'organisation de l'espace" (Dewailly, 1990, p. 198), et les villes

touristiques, qui "rassemblent un nombre important d'hébergements et d'équipements

touristiques, [...] suscitent des flux et une activité non négligeable dans ce domaine. Mais le

tourisme est loin d'y être prédominant et se trouve en quelque sorte noyé à la fois dans le tissu

urbain et dans le tissu économique" (Dewailly, 1990, p. 198). Cependant, l'auteur n'y consacre qu'une demi-page, et aucun croquis - à l'inverse de la station étudiée sur une dizaine de pages avec de nombreux plans. L'atlas Tourisme et loisirs, dirigé par Rémy Knafou et publié en 1997, souligne également en creux l'existence de cette zone d'ombre dans la recherche. En effet, dans le chapitre consacré aux "Lieux-modèles et modèles de lieux", l'auteur, Rémy Knafou, consacre un premier texte aux "formes spatiales à l'échelon local" dans lequel il n'est question, pour l'essentiel, que des stations ancrées le long des littoraux ou dans les massifs montagnards. Cependant, lorsqu'il souligne que les touristes se sont installés à l'extérieur des noyaux villageois, en marge ou à distance plus affirmée, il précise : "Seule la vieille ville devenue lieu

touristique échappe - partiellement - à ce schéma : c'est en son centre historique qu'elle puise sa

dimension touristique et l'on est alors en présence, non pas de création touristique à partir de

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rien, mais de reconversion touristique d'un quartier créé à d'autres fins" (Knafou, 1997, p. 116). Des travaux produits au début de l'an 2000 ont poursuivi la clarification en menant l'analyse typologique, laquelle repose fondamentalement sur la distinction

entre les lieux créés par le tourisme et ceux qui, préexistant, étaient investis (Dewailly

et Flament, 2000 ; Équipe Mit, 2002). Toutefois le déséquilibre dans la recherche demeure entre les lieux urbains qui ont fait irruption au sein d'un monde non urbain, transformation spectaculaire qui rend compte de l'intérêt précoce voué par les géographes, et les lieux urbains seulement investis - qui demeurent un peu dans l'ombre sans doute parce que le tourisme y est "noyé", comme l'écrivait Dewailly (1990).

4 Plus récemment, le colloque "Les mondes urbains du tourisme" et la publication qui

suivit, dirigés par Philippe Duhamel et Rémy Knafou (2007), ont tenté de relancer la réflexion et d'y associer les géographes spécialistes de l'urbain, lesquels n'ont pas répondu, à l'exception de Michel Lussault. Ce dossier se situe dans le prolongement de ces réflexions engagées autour de la question : Comment le tourisme s'insinue-t-il en ville ?

5 Cette question globale peut-être subdivisée. Quels sont les espaces infra-urbainsconcernés et comment le touriste habite-t-il la ville ? Le texte de Laurie Lepan etPhilippe Duhamel s'appuie sur une analyse fine des guides touristiques pour dessiner

l'espace touristique parisien et son évolution.

6 Cette interrogation conduit à analyser ensuite les transformations que le tourismeimprime à la ville. Najem Dhaher propose ainsi d'aborder ce thème dans son article :

"Les ambivalences de la touristification du patrimoine : le cas du centre ancien de Tozeur (Tunisie)". Au-delà, si le tourisme change indéniablement le centre historique, il participe aussi à la création de nouveaux quartiers, soit en périphérie, soit dans la reconquête des friches, questions non abordées dans ce dossier mais qui sont déjà traitées à propos des villes portuaires, notamment par Maria Gravari-Barbas (2010).

7 Quelle est la dynamique du tourisme en ville ? La distinction entre le lieu créé par le

tourisme et le lieu investi est-elle purement spatiale ou ces histoires différentes des lieux créés et des lieux investis supposent-elles des contextes d'action spécifiques ? Dans Destinations et territoires (Lemasson et Violier, 2009), nous avons avancé l'hypothèse que la polyvalence fonctionnelle crée des conditions spécifiques pour le jeu des acteurs qui se mobilisent autour du tourisme. Dans ce dossier, Tim Freytag et Maie Gérardot abordent le cas d'Heidelberg - "Heidelberg, ou comment une ville historique est devenue un haut lieu touristique" - tandis que Sylvine Pickel-Chevalier propose une analyse à propos de Rouen - "Les processus de mise en tourisme d'une ville historique : l'exemple de Rouen".

8 D'autres questions ne sont pas abordées ici, notamment celle de la contribution du

tourisme à l'urbanité. Surtout, nous regrettons que seuls les géographes aient répondu à notre appel. Certes l'entrée spatiale leur parle davantage qu'aux autres spécialistes, mais les contributions des sociologues ou des gestionnaires devraient permettre d'approfondir, notamment, la question des stratégies d'acteurs. Nous souhaitons donc que ce dossier explicite, plus clairement que l'appel initial, les problèmes que la ville nous semble poser à l'analyse du tourisme, et suscite la poursuite des débats.

Mondes du Tourisme, 6 | 20126

BIBLIOGRAPHIEGeorges CAZES et Françoise POTIER, Le Tourisme urbain, coll. "Que sais-je ?", Puf, 1996.

Daniel CLARY, Le Tourisme en France, Masson, 1993. Jean-Michel DEWAILLY, Tourisme et aménagement en Europe du Nord, Masson, 1990. Jean-Michel DEWAILLY et Émile FLAMENT, Le Tourisme, CDU Sedes, 2000. Philippe DUHAMEL et Rémy KNAFOU, Mondes urbains du tourisme, coll. "Mappemonde", Belin, 2007.
Équipe MIT, Tourisme 1. Lieux communs, Belin, 2002. Maria GRAVARI-BARBAS, "Le tourisme, un formidable producteur d'espaces urbains", dans Laurent Cailly et Martin Vanier (dir.), La France, une géographie urbaine, Armand Colin, 2010.

Claire HANCOCK, Paris et Londres au XIXe siècle, coll. "Espaces & Milieux", CNRS Éditions, 2003.

Rémy KNAFOU, "Lieux-modèles et modèles de lieux", dans Rémy Knafou (dir.), Tourisme et loisirs,

coll. "Atlas de France", La Documentation française/Reclus, 1997.

Jean-Pierre LEMASSON et Philippe VIOLIER (dir.), Destinations et territoires 1. Coprésence à l'oeuvre,

Téoros/Presses de l'Université du Québec, 2009. Joël RABOTEUR, Introduction à l'économie du tourisme, L'Harmattan, 2000.

Laurent TISSOT, Naissance d'une industrie touristique : les Anglais et la Suisse au XIXe siècle, Lausanne,

Payot, 2000.

NOTES

1. Cette lacune a commencé à être comblée par la thèse de Gwendal Simon (Pratiques touristiques

dans la métropole parisienne.Une analyse des mouvements intra-urbains, 2010) et par celle en cours de

Laurie Lepan.

INDEX

Mots-clés : villes historiques, ville

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AUTEURPHILIPPE VIOLIERProfesseur de géographie à l'université d'Angers, UFR ITBS ; chercheur à ESO Angers (UMR CNRS

6590)
[philippe.violier@univ-angers.fr]

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Un discours mis en image : Paris àtravers les Guides Joanne - Guidesbleus (1863 à 2010). Une approcheexploratoire et diachronique del'espace touristiqueLaurie Lepan et Philippe Duhamel

1 Depuis une trentaine d'années, la question de l'usage des guides touristiques à des fins

scientifiques a été tranchée. De la posture bien connue de Roland Barthes à celle de Daniel Nordman, un changement de "paradigme" s'opéra dans les années 1980 : "Roland Barthes dans Mythologies (1975) estimait que le Guide Bleu réduisait 'la géographie à la description d'un monde monumental et inhabité'. Dans cette optique, les Guides bleus ne renvoyaient qu'à une forme de tourisme bourgeois et à des pratiques de la culture de masse. L'article de Daniel Nordman sur les Guides Joanne (1986) dans Les Lieux de mémoire, dirigés par Pierre Nora, marque un tournant dans l'historiographie : Daniel Nordman prend les guides

au sérieux, les considère comme des sources, retrace leur genèse, et étudie le plan des ouvrages

en rapport avec des visions du territoire national" (Cohen et Toulier, 2011).

2 Dès lors, les publications mobilisant cette source se sont multipliées1 et, en France, ce

nouveau statut scientifique des guides touristiques doit beaucoup au colloque tenu à l'université Paris-Diderot en 1997, dont les actes débouchèrent sur la réalisation d'un

livre au succès commercial inédit mais révélateur de l'intérêt porté à ce type

d'ouvrages : Les Guides imprimés du XVIe au XXe siècle. Villes, paysages, voyages (Chabaud,

Cohen, Coquery et Penez, 2000).

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Le guide touristique : vision du monde versus réalité du territoire

3 L'utilisation des guides permet de mettre en avant un de leurs rôles majeurs. Selon

certains auteurs, ils sont un discours sur un lieu et en proposent une représentation. Ils placent alors l'espace considéré en possible objet de consommation (Hancock, 2000) et en donnent les clés de lecture aux touristes (Chabaud, 2000). Leur mission est d'aller à l'essentiel (Gritti, 1967) et ils cherchent à emmener le lecteur aux principaux lieux

touristiques. Ainsi ils délimitent l'espace fréquenté-fréquentable (Saunier, 1994). D'une

certaine manière, les guides rationalisent au maximum l'itinéraire des touristes avec l'impératif de les prévenir lorsqu'ils doivent parcourir le chemin ou s'arrêter pour prendre le temps de découvrir.

4 Cela conduit à produire un espace fait de points, de lignes, d'itinéraires, de panoramas

et de monuments (Saunier, 1994 ; Ozouf-Marignier, 2011). Le lecteur est "guidé dans

l'espace d'un texte qui se donne pour le reflet d'une réalité urbaine ainsi structurée [...]"

(Chabaud, 2000) ; ou, comme le propose Paul-Laurent Assoun : "[Le guide] donne à voir la

relation qu'entretient le texte des guides, qui construit 'une vision du monde', avec la réalité du

territoire" (Vajda, 2011). En fin de compte, il propose sa propre représentation de l'espace (Moret, 2000).

5 Cette "conduite du lecteur dans l'espace urbain" (Chabaud, 2000) ne se fait pas de n'importe

quelle manière. Au contraire, les guides ont recours à des techniques pour structurer et organiser leur discours. Ce discours est multiple et se trouve associé à une organisation textuelle (Maingueneau, 1998). Étant un mélange entre le récit de voyage et l'ouvrage

signalétique, le guide multiplie les approches (Kerbrat-Orecchioni, 2004). Il est

descriptif, puisqu'il donne des recommandations (hôtels, restaurants, visites) ; prescriptif, puisqu'il oriente le touriste lecteur et lui dit là où il doit ou ne doit pas aller ; critique, tout en restant le plus souvent positif ; publicitaire, car il doit valoriser l'espace et vendre ; enfin didactique, car il doit être considéré comme sérieux par ses lecteurs (Baider, 2004).

6 Ainsi le guide touristique construit un système de codes et de signes pour décrire et

représenter les lieux (Bonin, 2001). Ce codage textuel s'établit à partir d'une grille

descriptive qui permet de montrer la "plurifonctionnalité des lieux, la pluralité de leurs sens

et de leurs usages" (Mondada, 2000, p. 40). L'approche du temps long des lieux : les choix d'une collection et d'une destination

7Pour accompagner le touriste dans son voyage, nombre de collections de guidestouristiques existent à ce jour. Dans cette diversité, nous avons fait le choix de retenir

les Guides Joanne, devenus les Guides bleus en 1919. Ce choix a été possible parce qu'il s'agit de l'une des trois grandes collections de guides. Son histoire riche et ancienne comme sa cohérence permettent une approche scientifique diachronique.

8 En 1826, Louis Hachette fonde sa librairie ; en 1852, il lance une collection au riche

catalogue, la "Bibliothèque des chemins de fer", au moment même où se développe ce moyen de transport. Parallèlement, Adolphe Joanne (1813-1881) entame une carrière d'avocat, puis de journaliste, avant de publier des itinéraires de voyages, tel le Guide sur

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la Suisse, paru en 1841 (Rauch, 2000). Là se fait le lien entre les deux hommes, le premier proposant au second d'éditer ses guides. Dès leurs débuts, les guides sont importants, reconnus comme étant de qualité, et le directeur de publication est réputé (Guilcher,

2000). Une certaine élite y participe, comme Élisée Reclus (Bonin, 2001). Les guides

seront édités dans plusieurs séries : les "guides itinéraires", les "guides illustrés" et les

"guides Diamant

2" (Morlier, 2000). À la mort du fondateur, son fils Paul Joanne

reprendra la collection, puis, en 1911, Marcel Monmarché. Enfin, 1919 est une étape importante puisque les Guides Joanne deviennent les Guides bleus - en lien avec la couleur de la couverture.

9 De cette histoire découle une forte cohérence et une certaine "continuité de lacollection depuis un siècle et demi, avec seulement des mini-révolutions après quelquesdécennies de rééditions-reproductions" (Bonin, 2001). Un argument en faveur del'usage des Guides Joanne-Guides bleus selon Sophie Bonin, qui indique que leur

utilisation "n'a de sens que dans une perspective diachronique, dans la recomposition d'un système de représentations" (ibid.).

10 Le choix de Paris tient à la relation privilégiée que cette ville entretient avec le

tourisme, puisque certains n'hésitent pas à dire que le tourisme en ville fut inventé à Paris (Équipe Mit, 2005) sous la houlette des Anglais. Aujourd'hui, Paris est considérée comme l'une des principales destinations urbaines au monde, avec plus de 28 millions de touristes pour la commune elle-même et 44 millions pour la région Île-de-France (OTCP, 2010). Ainsi, Paris apparaît comme l'archétype de la destination touristique urbaine qui permet d'approcher sur plus d'un siècle l'évolution du discours et des codes de représentation d'une capitale, au coeur du processus touristique européen et mondial.

11 Les Guides Joanne-Guides bleus sur Paris deviennent un outil possible pour ladécouverte des représentations de l'espace urbain : "Marcel Roncayolo [...] souligne

l'intérêt des guides de voyage pour l'écriture de l'histoire urbaine et pour l'étude de la

construction des espaces urbains en Europe [car ils] offrent ainsi une lecture de la pratique historique de la ville" (Vajda, 2011) ; et une telle "recherche sur les grandes collections

constitue en même temps une contribution à l'étude de la construction des espaces urbains en

Europe, depuis le milieu du XIXe siècle jusqu'à nos jours... Par ailleurs, en privilégiant une

approche patrimoniale, selon les hiérarchies qu'ils établissent pour ce qui est à voir et à faire, les

guides contribuent à mettre en valeur ou à banaliser les lieux décrits et les traditions locales,

contribuant ainsi à la mise en oeuvre d'une politique de protection et de conservation" (Vajda,

2011).

Un échantillon, une méthode et un projet

12 Quatre Guides Joanne-Guides bleus ont été retenus pour construire cette image dudiscours sur l'espace touristique parisien. Ils présentent une structuration similaire :

outre des cartes, plans et photos (gravures pour le guide de 1863), la première partie présente les renseignements à connaître lors d'un séjour à Paris : arrivée dans la capitale, hébergement, moyens de transport, restaurants, services (ambassades,

bureaux de poste...) ; ainsi qu'une présentation de la ville : population, climat,

développement de Paris. C'est une caractéristique obligatoire qui se retrouve dans chaque guide touristique étudié, quelle que soit l'édition. Ensuite, chaque guide présente les lieux destinés aux touristes selon une organisation textuelle bien précise.

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13 En 1863, Paris existe en tant que commune unique et le tourisme y devient une réalité

sociale et économique. C'est pourquoi cette date nous a semblé convenir pour entreprendre une approche de l'espace touristique parisien. Le guide de 1863 est un inventaire exhaustif des lieux à découvrir ; ici, pas de parcours mais une description hiérarchisée. Il se structure en chapitres par types d'aménagements - boulevards, quais et ponts, places - et d'équipements - églises, théâtres, musées, monuments de l'administration (prisons, tribunaux, morgues), colonnes et fontaines. Les boulevards, les quais et les ponts occupent une place majeure du guide ; les premier et second chapitres leur sont totalement consacrés. En effet, ils sont des lieux importants de découverte et de déambulation, du fait des travaux menés par Haussmann et du nouvel ordonnancement urbain qu'ils incarnent. Déjà se joue l'articulation entre modernité de symboles spatiaux et construction d'un mythe et d'un imaginaire de Paris (Hancock,

2003).

14 L'édition de 1905 apparaît comme un guide de transition puisque la liste d'équipements

et d'aménagements est complétée par des parcours et des itinéraires. Comme en 1863,

les premiers sont classés par types : jardins, édifices religieux, édifices civils, musées,

théâtres, terrains de sports, souterrains ; et les seconds, à savoir les parcours et itinéraires, font l'objet de quinze sections distinguant les "quartiers majeurs" faits de lieux emblématiques : du Louvre à la Sorbonne en passant par le Champ-de-Mars. Dès le début du XXe siècle, le Guide Joanne n'est plus seulement l'exposition exhaustive et figée des monuments et édifices, il tisse du lien entre les lieux et propose des routes à suivre. Une découverte prescriptive se met en place ici.

15 En 1955, la première évolution majeure est la mise en image de la ville par la Seine.

Dans les éditions précédentes, celle-ci faisait partie intégrante du paysage parisien, notamment parce que - et toujours dans ce souci d'inventaire - les guides évoquaient les quais et les ponts. Ici, le rôle de la Seine est nouveau, car elle devient le symbole de la monumentalité et se trouve associée aux origines de la capitale (Backouche, 2000). Alors, le statut de la Seine n'est plus seulement celui d'une voie navigable jalonnée de

ports mais celui de symbole de la capitale en tant qu'élément structurant et

représentatif de Paris. La deuxième évolution majeure est la disparition de la structure par types de lieux. Dès lors, la découverte de la ville se fait par vingt-sept parcours ponctués des atouts touristiques de la ville comme la modernité, la culture et surtout la monumentalité. Enfin, le guide propose non pas un système de classement des lieux

mais les principales curiosités de la ville à travers les siècles : les arènes de Lutèce

(l'époque gallo-romaine), le dôme des Invalides (le XVIIe siècle) ou la tour Eiffel (le XIXe

siècle).

16 La dernière édition retenue - celle de 2010 - conforte les logiques décritesprécédemment. Les parcours sont le mode de découverte de la ville, jalonnés par un ou

plusieurs lieux représentatifs du Paris touristique : la monumentalité (le Louvre, les Invalides), l'imaginaire (Montmartre), la modernité (la tour Montparnasse, les Halles). Ici le rôle de la Seine s'exprime autrement, par une distinction entre rive gauche et rive droite, cette dernière occupant 358 pages, contre 237 pages pour la première. Cette séparation est ancienne mais c'est la première fois qu'elle structure le guide lui-même. Enfin, cette édition montre l'instauration d'un système de classement des lieux. Le système d'étoiles instauré en 1921 (Cohen, 2000) prend une place déterminante et structure fortement les cartes. Il met en place et construit une hiérarchie de la découverte entre les lieux exceptionnels (l'île Saint-Louis, le musée d'Orsay), très

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intéressants (les Tuileries, le musée du quai Branly) et intéressants (le Châtelet, la place

du Tertre). La majeure partie des lieux cités dans le guide n'a pas d'étoiles.

17 Le rythme mi-séculaire correspond à la volonté d'avoir une approche qui éclairerégulièrement l'espace jusqu'à nos jours. Il tient aussi à la longueur du dépouillement

(cf. encadré 1) et du traitement de l'information, qui n'autorise pas, dans le cadre d'un article exploratoire, à retenir plus de dates. Nous avons constitué une base de données à partir du dépouillement des guides et nous avons cartographié les résultats. Ils constituent la matière de la présente analyse.

18 Ici nous ne faisons pas d'analyses lexicales mais nous recherchons à voir l'évolution de

l'espace touristique décrit par les guides au fil du temps. Ce qui est important est de savoir la quantité de mots (exprimée en caractères) consacrée à tel ou tel lieu ou équipement en les localisant systématiquement. Plus qu'une lexicométrie, c'est une topométrie que nous proposons : il s'agit bien de voir ce qui est intégré au guide et ce

qui ne l'est pas ; ce qui l'a été et ne l'est plus ; et de mesurer la hiérarchie qui s'établit

entre les lieux au fil du temps.

19 Encadré 1 • Méthodologie du dépouillementLe choix a été fait de dépouiller quatre guides touristiques de la même collection. Pour

chaque lieu et rue cités dans chacun des guides, nous avons pris en compte le volume du texte (nombre de caractères) ainsi que les différents niveaux de typographie. Pour faciliter le dépouillement, chaque ligne inférieure à une demi-ligne = 0 ligne, et chaque ligne supérieure à une demi-ligne = 1 ligne. Nous nommons "lieu" les édifices publics (sans vocation touristique), les musées, l'équipement urbain (statue, fontaine, colonne), les parcs et jardins et les monuments

(ainsi appelés lorsque les édifices possèdent une logique touristique forte - découverte,

panorama, visite) : ils seront représentés sous forme d'un point. L'espace public (que nous nommons "rue") - avenues, boulevards, quais, ponts et rues - est représenté sous forme de ligne. Chaque année retenue a été croisée avec les autres pour identifier les éventuelles

appellations différentes qui désignaient en réalité un même lieu, une même rue. Ainsi

fut constituée la matrice de données à partir de laquelle nous avons réalisé nos traitements.

Observation d'un espace touristique en formation

20 Une première mise à plat des lieux et des rues identifiés dans les guides permet de

saisir le semis et le treillage de l'espace parisien par le tourisme. C'est une ossature de l'espace qui se donne à voir.

L'ossature de l'espace touristique parisien

21 Comme le propose la typologie des lieux touristiques, Paris est une ville touristique et,

à ce titre, c'est un espace investi et diverti par le tourisme (Équipe Mit, 2002 ; Stock,

2006). Tout l'espace parisien n'est pas touristique car "il y a l'insertion d'une fonction

touristique dans l'espace" (ibid.). Cela signifie que le tourisme vient compléter les activités

de la ville par l'apport d'une population nouvelle, de "nouveaux voyageurs" : les

touristes qui passent et qui séjournent. Dès lors, le tourisme se développe,

généralement, sans modification fondamentale de la structure urbaine. Même si

Mondes du Tourisme, 6 | 201213

"théoriquement toute la ville intéresse sans réelle distinction : les édifices comme les quartiers

douteux, [...] progressivement se mit en place un espace distingué par les voyageurs ne privilégiant que certains pans du territoire parisien" (Duhamel, 2007).

22 Le dépouillement des Guides Joanne-Guides bleus confirme largement cette analyse. En

effet, on recense plus de huit cent lieux et trois cent dix-huit rues et boulevards présents sur l'ensemble de la commune. Si l'on regarde le nombre de points et de rues décrits par les guides selon les grandes étapes du développement de la ville de Paris, on aboutit au constat d'un bel équilibre aujourd'hui (cf. illustration 1). Le Paris de Charles V (cf. illustration 2) concentre 174 lieux et 91 rues, soit 34 % du total ; le Paris du XVIIIe siècle, enserré par l'enceinte des Fermiers généraux, rassemble 180 lieux et

85 rues, soit 34 % de l'échantillon, et le nouveau Paris intégré en 1860 regroupe

194 lieux et 52 rues, soit 31 % du total. En revanche, les contrastes apparaissent par les

différences de densité.

23 Trois niveaux sont identifiables. Le premier se cale sur le coeur de Paris, le "Paris

historique" (Hancock, 2003) délimité par les boulevards - les Grands Boulevards au nord, le boulevard du Montparnasse au sud -, où l'on recense 265 lieux ou rues sur plus de 6 km

2, soit plus de 42 "lieux/rues" par km2 ; cette densité chute à 7,5 pour l'espace

compris entre le Paris médiéval et celui du XVIIIe siècle (265 lieux/rues) pour atteindre un peu plus de 4 avec les espaces annexés en 1860 (246 lieux/rues). Enfin, la Seine apparaît comme un axe transversal à ces ensembles avec plus de 100 lieux/rues présents à moins de 250 mètres de ses rives.

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La formation de l'espace touristique

24 L'analyse de différents guides touristiques permet aussi d'avoir une visibilité sur le

temps long des lieux et des rues décrits, à destination des touristes. Au fil du temps, différentes logiques se mettent en place avec une pérennité pour certaines et des changements pour d'autres (cf. illustration 3).

25 En 1863, l'espace touristique est largement concentré dans le centre historique de Paris,dans les 1er et 4earrondissements, autour du Louvre, du Palais de justice et de Notre-

Dame. Ce premier anneau s'étend aussi vers le sud au niveau du jardin et du musée du Luxembourg jusqu'au Jardin des Plantes, intégrant l'ensemble Sorbonne-Panthéon. La densité la plus forte se trouve autour de ces édifices et le long de la Seine. Quelques rues et boulevards sont cités, notamment dans le périmètre délimité auparavant par

l'enceinte de Charles V, qui réapparaît spatialement à travers la présence des

boulevards du Montparnasse et des Italiens. Cette concentration semble indiquer un premier anneau, ou "hypercentre", qui rassemble cent soixante-treize lieux, soit 43 % du total et 36 % des rues. Au-delà de cette hyper-concentration, une première extension vers l'ouest se dessine autour et à partir de l'avenue des Champs-Élysées puis vers les Invalides ; extension qui se développe dans une continuité spatiale avec l'hypercentre.

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26 En 1905, deux évolutions apparaissent. La première est une extension de la densité ; la

deuxième, une extension de l'espace touristique parisien. L'hypercentre qui prend forme dès 1863 est toujours présent en 1905. Les rues et boulevards sont nettement plus décrits dans le guide, notamment les rues des Francs-Bourgeois ou Vieille-du-Temple et les boulevards Saint-Germain et des Italiens. Leur nombre passe de trente-deux à

quatre-vingt-dix et représente la moitié des voies décrites. Cette situation est

accentuée par l'addition de nouveaux lieux aux côtés du Louvre ou de Notre-Dame - la Bibliothèque nationale, les Archives, le musée Carnavalet, le Palais- Royal - mais aussi par le développement du quartier de l'Opéra.

27 L'évolution la plus représentative en 1905 concerne l'extension de l'espace touristiqueparisien vers l'ouest, déjà amorcée en 1863, mais en plein développement ici. Celle-ci

s'explique par la succession des Expositions universelles entre les deux dates étudiées (1867, 1878, 1889 et 1900). Elles se sont implantées sur le Champ-de-Mars - jusque-là propriété de l'armée -, sur l'esplanade des Invalides, au Trocadéro et sur les bords de Seine. Outre la présence de plusieurs dizaines de millions de visiteurs lors de ces

Expositions (32 à 51 millions sur la période considérée) (Ageorges, 2006), la

conservation de certains monuments comme le palais du Trocadéro, la tour Eiffel, le pont Alexandre III mais aussi les Petit et Grand Palais (Exposition de 1855) crée dequotesdbs_dbs43.pdfusesText_43
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