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CENTRE DE RECHERCHES POUR

LE DEVELOPPEMENT INTERNATIONAL

BUREAU REGIONAL POUR L'AFRQUE

CENTRALE ET OCCIDENTALE

LA

GESTION DES RESSOURCES NATURELLES

EN AFRIQUE SAHELIENNE:

LOGIQUES

ETATIQUES ET STRATEGIES DES

COMMUNAUTES

PASTORALES

Oussouby TOURE

Sociologue rural

2 iNTRODUCTION Dans le cadre de sa politique de cooperation avec les pays en développement, le CRDI apporte son appui a un projet ayant pour objectif de favoriser la participation effective des pays africains a la négociation de la Convention sur la désertification et la sécheresse, laquelle se situe dans le prolongement du sommet de RIO sur l'environnement et le développement durable. Dans la cadre de cette démarche, le CRDI considère que les pays d'Afnque doivent prendre en compte les systèmes traditionnels de gestion des ressources qui reflètent les connaissances accumulées par le sociétés autochtones et transmises de generation en generation. L'on sait en effet que les communautés paysannes d'Afrique ont mis au point des moyens d'intervention institutionnelle, sociale et technique destinés a éviter ou a réduire les risques de degradation de l'environnement. Mais les politiques de lutte contre la désertification et de gestion des ressources naturelles instaurées par les Etats africains n'ont pas toujours tenu compte de ces acquis importants. Ii s'agit dans la logique actuelle de revaloriser certains aspects pertinents de ces systèmes traditionnels tout en favonsant les mutations devenues nécessaires dans le souci de promouvoir une gestion équilibree et durable des ressources naturelles en Afrique.

L'étude

se propose comme objectif general "une analyse approfondie des informations disponibles sur les connaissances locales, les strategies communautaires et traditionnelles d'intervention, leurs liens avec l'environnement naturel et physique et leurs impacts sur la prevention de la désertification et l'atténuation de ses effets". Les termes de reference recommadent au consultant d'examiner plus spécifiquement les questions suivantes - la gestion des ressources en rapport avec les techniques de prevention de la degradation des terres - les systèmes de réglementation traditionnels et les modes d'organisation qui les soutendent - les enseignements pouvant contribuer a l'élaboration de meilleurs systemes de gestion des ressources naturelles. Ii est recommande au consultant, dans l'analyse de ces différents paramètres de mettre un accent particulier sur la gestion des troupeaux et des parcours ainsi que sur l'exploitation des ressources en eau. Le present document aborde successivement - la crise des ecosystèmes et des systemes de production en Afrique sahélienne - les politiques etatiques et les strategies d'adaptation des éleveurs 3 - les limites et contraintes des systèmes de gestion. CRISE

DES ECOSYSTEMES ET DES SYSTEMES DE PRODUCTION

La delimitation géographique de l'espace couvert par le Sahel ne va pas sans poser de problèmes. Elle est en effet fonction de critères multiples comme le volume des précipitations, la repartition et la chronologie des pluies qui sont tous des facteurs extrêmement variables. Dans le cas par exemple du Nord Sénégal, les données

pluviometriques collectées au cours des décennies écoulées montrent une nette tendance a la

translation des isohyètes vers le Sud. Cela se traduit par une extension progressive du domaine sahélien. Selon les estimations récentes de l'Atlas des potentialités pastorales (1989), la superficie de la zone sahélienne au Nord de l'isohyète 600mm est passée de

70.000km2

en 1950 a 120.000km2 en 1980 couvrant ainssi près des 3/5 du territoire national sénégalais. Par ailleurs, les courbes des isohyètes moyennes Nord et Sud entre lesquelles on peut inscrire la zone sahélienne ne constituent pas une barrière infranchissable pour les populations. On constate ainsi une amplification des mouvements migratoires entre la zone sahélienne et les regions limitrophes. Par exemple les troupeaux chassés par la sécheresse et les pénuries fourrageres descendent vers le Sud pour s'y implanter de facon plus ou moms durable.

Landais

(1983) note d'amples mouvements des troupeaux de l'Ouest et du Nord-Ouest du

Burkina

Faso vers le Nord de la Côte d'Ivoire. Ce mouvement massif des pasteurs Peul en direction de la Côte d'Ivoire s'explique par la recherche de sites favorables a l'installation de campements permanents pouvant garantir un habitat fixe au groupe humain et un pivot autour duquel peut s'organiser durablement le système de transhumance des troupeaux. Au Senegal, l'extension des superficies cultivées a conduit a la conquête de nouvelles terres avec une remontée du front de colonisation agricole vers le Nord et l'implantation d'un chapelet de hameaux de culture dans la zone de transition agro-pastorale.

Malgré

toutes les difficultés qu'il y a a delimiter l'espace sahélien, on retient par convention que le Sahel couvre les zones andes et semi-andes de l'Afrique de l'Ouest et du Centre comprises entre les isohyètes 150/200mm au Nord et les isohyètes 600/650mm au Sud. 'Ainsi définie, la zone sahélienne de 1'Afnique francophone correspond approximativement a une

bande transversale s'infléchissant légèrement vers le Sud et s'élargissant progressivement

vers l'Est, comprise entre deux lignes idéales tirées de l'Atlantique, a partir des parallèles 18

et 15 pour aboutir a la frontière du Soudan aux parallèles 17 et (Brémaud, 1977). Pour l'opinion publique, le terme de Sahel évoque une situation de détérioration de l'environnement et de lutte pour la survie dans une region oü les ressources naturelles se sont considérablement dégradees au fil des années par suite de la pejoration des conditions climatiques et de la pression exercée sur le milieu par les activités productives. Cette image du Sahel s'est imposée surtout a la fin des années 1960 avec l'épisode des grandes sécheresses. Elle s'est traduite sous la forme d'un cortege de catastrophes d'ordre

économique,

social et écologique (paysages désolés, terres désertiques entourant des villages 4 semi-abandonnés, carcasses d'animaux jonchant ça et là un so! craquelé, exode de populations vers les centres urbains, etc.).

Au-delà

de ces images fortes, les changements climatiques même si elles ne revêtent pas Un caractère spectaculaire ont une incidence certaine sur la degradation des ecosystemes. La forte reduction du volume des précipitations annuelles et l'extréme variabilité de la pluviométrie d'une année a l'autre entralnent des consequences importantes comme Ia fragilisation accrue des systemes de production, l'augmentation de la pression exercée sur les ressources naturelles, la remise en cause des modalités de repartition de l'espace entre les

différentes activités productives et tout particulièrement entre l'agriculture et l'élevage.

Les conditions climatiques du Sahel varient du climat subdésertique de type sahélo-saharien au Nord au climat au type sahélo-soudanien au sud. Ii s'agit d'un climat contrasté et peu favorable caractérisé par des écarts thermiques journaliers amples, une humidité relativement faible et la fréquence des vents, notamment l'harmattan qui est un vent sec de direction Nord/Est soufflant pendant la saison sèche et transportant des nuages de poussière. Compte tenu de la physionomie du climat, les ressources naturelles, notamment les

ressources en eau et en pâturages ont un caractère saisonnier très marqué. En effet, l'unique

saison des pluies s'étale de Juillet a Octobre avec une concentration des précipitations au mois d'Aoüt. En règle générale, la hauteur des précipitations vane de 5 a 50mm. qu'une hauteur de 5mm contribue efficacement a la croissance des vegetaux cultivées ou non, ii faut au moms 20mm pour provoquer le ruissellement indispensable pour remplir les points d'eau permanents ou provisoires et alimenter les reserves souterraines* (OCDE/CILSS,

1984).

La

baisse du régime des précipitations enregistrée a partir de la fin des années 1960 induit

des effets négatifs sur les cultures, la croissance de la vegetation naturelle et l'état des reserves en eau. Les effets de l'assèchement progressif du climat sur les écosystèmes déjà fragiles du Sahel sont aggravés par l'impact des activités de production, en particulier les activités d'exploitation agricole, forestière et pastorale. Cette situation conduit a une rupture d'équilibre entre les sociétés locales et leur environnement. Les multiples etudes effectuées ces dernières années sur les systèmes agraires en Afrique sahélienne montrent que les systèmes de production traditionnels, jadis caractérisés a maints

égards

par leur stabilité, sont profondément modifies et se trouvent engages dans un processus de mutations rapides. La plupart des chercheurs s'accordent a situer l'origine de ces bouleversements dans l'ouverture de ces systèmes au monde extérieur, ouverture qui aura contribué a la remise en cause de l'ensemble des mécanismes qui garantissaient la stabilité de ces systèmes traditionnels. Ii est bien connu que les systèmes "fermés" tendent spontanément, lorsqu'ils sont places dans desquotesdbs_dbs43.pdfusesText_43

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