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GUIDE DE VISITE DE LASSEMBLÉE NATIONALE

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28 nov. 2021 vous indiquer comment la commission a statué. M. le président. ... ddlégnlinn (le la mnnicipalild de Géra à visiter Saint-Lents ; que.



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Visiter l'Assemblée nationale. • Vous êtes un groupe de minimum 9 et maximum 50 personnes. Le Palais-Bourbon siège de l'Assemblée nationale



GUIDE DE VISITE DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE

Bienvenue à l’Assemblée nationale ! Cette visite guidée vous propose de découvrir l’histoire et le fonctionnement de cette institution parlementaire L’Assemblée nationale est avant tout un lieu de vie et de travail qui renouvelle au quotidien l’expérience de la démocratie

Pourquoi visiter l’Assemblée nationale?

L’Assemblée nationale est avant tout un lieu de vie et de travail qui renouvelle, au quotidien, l’expérience de la démocratie. En visitant ce Palais de la République, vous allez mieux comprendre le rôle de cette institution et surtout de ses membres, les députés.

Pourquoi faire une visite à l’Assemblée ?

La visite est gratuite, mais ce n’est pas tout, elle est aussi guidée par des agents conférenciers de l’Assemblée. Vous aurez donc en face de vous, un interlocuteur qui s’y connaît dans son domaine et qui sera capable de répondre avec précision et véracité aux questions que vous vous posez.

Pourquoi visiter l'Assemblée nationale ?

L'Assemblée nationale vous convie à découvrir les splendeurs architecturales de ses plus beaux édifices. Par leur caractère distinct, chacun témoigne du défi réussi de préserver un patrimoine unique tout en l’adaptant aux besoins changeants d’un Parlement dynamique.

Quand a été aménagée l’Assemblée nationale?

Elle a été aménagée en 1860, quand le Duc de Morny, demi-frère de Napoléon III, présidait l’Assemblée. Elle abritait à l’origine sa collection de peintures. Dispersée en 1865, cette collection a été remplacée par un ensemble unique de neuf tapisseries tissées par les Manufactures des Gobelins et de Beauvais et datées des années 1785.

Al►IICP196(1 - N° 51'suite)A. N.

JOURNAL OF ICII(:L

Mardi 19 Juillet 1960

ASSEMBLÉE NATIONALE

CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958

IreLégislature

2° SESSION ORDINAIRE.DE 1959-1986

COMPTE RENDU INTEGRAL - 60

eSEANCE

2° -Séancedu Lundi18.Juillet 1960.

SOMMAIRE

1.- Lutte contre certains fléaux sociaux. - Suite de la discussion

d'un projet de loi (p. 19t15). M . Durbet, président dé la Commission; Mme Devaud, rapporteur.

Discussion générale

: MM. llëaault,"Villon, Rousselut; de Montes

qulou, Nader, Weber, Griot, Darchicourt, Pinoleau, Petit, Comme-nay, Laudrin, Grasset-Morel, Junot, Soûcbal, Charret, Chenot,

ministre de la santé publique et de la population. - Clôture.

Article unique.

Amendement

n°8de la commission: Mme le rapporteur.

Sous-amendement n° 11 de M. Hénault: M. tiénault, Mine le rap-porteur, le -ministre de la santé publique. - Adoption.

Sous-amendementne9 de M. Mirgeet: M. Mirguet, Mme le rap-. porteur,M.le ministre de la santé publique. - Adoption. Sous-amendement n° 10 de 'M. Rousselot: M. Rousseiot, Mme le rapporteur, M. Debré, premier ministre; Mme Thonie-Patenôtre. - Retrait.M. Griot, Mme le rapporteur, MM. le ministre de la santé publi- que, te président do la commission, le Premier ministre, Antho-nioz. Adoption,par scrutin, de l'amendement.n° 8 modifié,. qui devient l'article unique.

2. - Dépôt de projets de loi (p. 1983).

3. - Dépôt de prcposltions de loi(p.1981).

4. -

Dépôt d'un rapport (p. 1984).

5. - Dépôt de projets de loi modifiés'par le Sénat (p.1981.).

1984).6. - Dépôt d'une propositiondelotmodifiée par le Sénat (p.

7. - Ordre du jour;p. 1981).

PRESIDENCE DE M. ANDRE VALAÔRECUE,

vice-président.

La séance

estouverte à vingt et une heures trente minutes.

M. le président.La séance est ouverte.

1 -

LUTTE CONTRE CERTAINS FLEAUX SOCIAUX

Suite de la discussion d'un

: projet de loi.

M. le président.L'ordre dujourappelle la suite de la discussiondu projet de loi n 733 autorisant- •le Gouvernement à prendre,

par application de;'article38de la Constitution, les mesuresnécessaires pour lutter contre certains fléaux sociaux.

Cet après-midi, l'Assemblée a repoussa la question préalable.La paroleest à M. le président de la commission des affairesculturelles, familiales et sociales.

M. Marius D'abat,présidentde lacommission.La commis-' sien.s'est réuniesuivant le désirde l'Assemblée; ellea désignéun rapporteur à vingt et une' heures et à vingt et une heurestrente le rapport était adopté par la commission.

Mme Devai.M, rapporteur, était prête,il est vrai, à effectuer

ce travail, maisnecroyezpas, mes cherscollègues, que lacéléritéqu'elle a mise pour préparer son exposé soit de nature

à éluder. les questions.

Mme Devaud peut donc dès maintenant rapporter le projet et vous indiquer comment la commission a statué.

M. le président.La parole est à Mme Devaud, rapporteur(Applaudissementsàgauche et au centre.)de 'la commission desaffaires culturelles, familiales et sociales.

Mme Marcelle Devaud,rapporteur.Mes chers collègues, confié,

abandonné,- perdu et retrouvé, ce rapport a subi bien des vicis-situdes. M. le président de la commission vous a indiqué que

j'étais prête à"rapportçrs;certes,je le suis, si vous entendezpar là que, depuis de nombreuses années, ces questions me

préoccupent et j'ai apprécié aujourd'hui à sajuste valeur lecourage de M. le Premier ministre qui a osé prendre positionsans ambage sur ces problèmes si contestés.

- Mais il ne m'a, par contre, vas été possible dans le 'bref laps

de temps qui ' s'est écoulé depuis que vous avez repoussé laquestion préalable de préparer un vrai rapport technique,' et

je m'excuse de venir, au pied levé, vous parler du contenu de ce projet. .

Je ne reviendraipassur les questions de procédure. Au coursdu précédent débat tout a été dit et le Gouvernement s'es

t lui-mbme''fort -bien défendu. Nous avons aujourd'hui à nous prononcer sur un texte qui

noua est proposé en application de l'article 38 de la Constitution.Ilest parfaitement justifié par les difficultés,qu'ont éprouvées

toutes les assemblées à 'prendre en la matière quelque déci- sion -que _ce soit. -

De, 'l'article38dela_Constitution a précisément prévu que,dans certainscas,le _ Parlement pourrait donner au Gouverne

ment délégation momentanée pour légiférerensonlieuet placesous réserve que celui-ci déposerait sans délai des textes tend

antà la'retification des dispositions priées par l'exécutif. Ainsi,: pourrez-vous, lorsque le Gouvernement déposera le

projet de loi de ratification des ordonnances,' manifestervotrevolonté et confirmer ou non la politique adoptée.

Aucune arrière-pensée ne doit donc• vous retenir . La procédure est parfaitement légale. Il n'y a, de votre part, aucun déssaisisse- ment. C'est en pleine connaissance de cause que vous allez donner 66
1988
ASSEIIBLEE NATIONALE - =^SE_ANCEDU 18 JUILLET 1960 au Gouvernement une délégation - je le répète - trè

s momen-tanée,'et vous serez toujours à même, lorsqueleprojet de loide ratification vous sera présenté, de retirer cette délégat

ion sivous ne la jugez pas conforme à ce que vous désirez.

M. Hervé Laudrin. Très bien !

Mme Marcelle Devaud,rapporteur.Mais je souhaite qu'aujour-d'hui nous soit épargné un de ces débats comme nous n'en avonsque trop vus dans cette Assemblée - j'ai siégé assez longtem

psau Parlement pour en juger - un de ces débats qui nesontpas à la gloire de notre Parlement.(Exclamationsà droite.)

M. Marcel Redore. Pourquoi n'avez-vous pas démissionné deceParlement ?

Mme Marcelle Devaud,

rapporteur. Mais oui, mesdames, mes-sieurs ! Je regrette de vous le dire et je préciserai davantagema pensée. Si les hommes de notre génération sont encorequelquefois prêts à lutter pour leur alambic ou pour leursapéritifs quotidiens, plus dela moitié du corps électoral est toutde même actuellement constitué par des femmes, et je me permetsde parler en leur nom à cette tribune. Or, je vous l'assure,les femmes ne sont pas tendres pour les défenseurs ou pour lesprotecteurs de l'alcoolisme. (Applaudissementsà gauche, au cen-treet aucentre gauche.)

M. René Cassagne.Il n'y en a pasici !

Mme Marcel Devaud,rapporteur.Et c'est naturel, elles en sontles premières victimes.

Monsieur Cassagne, je suis persuadé qu'il n'y a pa's ici de défen-seurs de l'alcoolisme, mais je voudrais que vous ne preniez pasprétexte d'une question de procédurepour vous déjuger et pourvoter contre vos principes qui, j'en suis sûre, sont fort sains.

M. René Cassagne.Il n'en est pas question !

Mme Marcelle Devaud,rapporteur.Quoi qu'ilen soit, je tiensà souligner - c'est par là que j'aurais voulu conclure, mais je

ne puis m'empêcher de le dire parce que c'estprofondémentvrai et que nousavonsla joie de le constater tous les jours - qu'il y a parmi les jeunes une réaction très nette' contre l'abusde l'alcool.

Je vois en face de moi un de nos collègues bretons qui nousdisait tout à l'heure: e Chez moi, les jeunes agriculteurs évoluéssont venus me dire: la politique de l'alcool ne nous intéresse pas.Elle constitue un problème mineur. »

J'ai moi-même reçu récemment dans mon bureau de maire desjeunes de la banlieue parisienne qui m'ont tenu semblablespropos:"Madame, nous vousen prions,faites-nous une maisonde jeunes. Nous nevoulons plusavoirpourseul refuge une sallede café, car nous nevoulons pas passer pour des amateursd'alcool...s. (Applaudissements à gauche,au centre et au centregauche.)

M . René Schmitt.Chez nous, ily ades maisons de jeunes !

Mme Marcelle Devaud,

rapporteur."...Nous préférons desfoyers ou des stades à des salles de- café, »

La réaction, mesdames, messieurs, se fait d'elle-même. Lesjeunes sur ce point nousdonnentune leçon.

Abordons maintenant, si vous le voulez bien, le fond du pro-blème, très brièvement, hélas !puisque jen'aique quelquesminutes pour présenter mon rapport. Je pourrais d'ailleurs vousrenvoyer au travail extrrmement intéressant et très -substantielprésenté au Conseil économique parledocteur May, au moisde février 1959, sur le problème de l'alcoolisme dans sonensemble.

Le problèmeestsouventmal posé.Nous voyonsici, à côtédeM. le Premier ministre, M. le ministre de la santé, qui est certes àsa place étant donné les graves conséquences de l'abus del'alcool.Carest-il récessaire de préciser qu'il ne s'agit pas icide condamner un usage modéré de l'alcool, main l'abus de celui-ciet la fraude qui en est à la fois la cause et la conséquence ?Personne, n'est-il pas vrai, danscette Assemblée, n'estpartisan nide cet abus ni de cette fraude.

Mais à côté deM.lePremier ministreetde M.le ministre delasanténous aimerions voirM. le ministre del'agricultureetpeut-être aussi M. le ministre de l'industrie.Tout autant qu'unproblème social, l'alcoolisme n'est-il pasun problème d'orientationde production, d'implantationindustrielle et d'organisation demarché ? H ne s'agit pas seulement devouloirréduirela consom-mation d'alcool, mais il faut bien se dire que l'agriculture fran-çaise, qui subit une crise réelle, ne doit pas, ne peut pas perdre

de débouchés.Il estdonc indispensabled'orienter laproductiondes fruits, du raisin, de prévoir leur utilisation rationnelle, d'org

a-niser le marché des jus de fruits et d'alléger leur régime fisc al.

Trouverunesolutionà ceproblème implique lamiseenoeuvred'un ensemblede dispositionset c'estdanscebutque.leGouver-nementvous demande aujourd'huiunedélégationtemporaire depouvoirs.

Sans reprendre tout ce qui peut être dit sur Ies méfaits del'abusde l'alcool;permettez-moi de vous rappeler brièvementce qu'ils coûtent à la collectivité.

M. le Premier ministre vous en a dit quelques mots mais jevoudrais, à mon tour, insister sur le fait que nos hôpitaux psychi

a-triques sont encombrés et qu'ils ne disposeront bientôt plusd'aucune place pour faire face au flux croissant des victimes del'alcool.

Je pourrais vous citer à ce sujet - en m'excusant du manquedepréparationde ce rapport improvisé - des chiffres boulever-sants.

Depuis 1947, le nombre des admissions dans les hôpitaux psy-chiatriquesa considérablementaugmenté. PourParis, par exem-ple, on a enregistré à l'hôpital psychiatrique Sainte-Anne950entrées en1951contre40en1943.

A l'heure actuelle, un cas d'aliénation sur trois est d'originealcoolique.

Pourl'ensemble du territoire,de 1944à1953le nombre d'alié-nés est passé de65.000à103.000et laprogression-continue àla cadence de 580 nouveauxaliénés par mois.

Or nos 93établissementspsychiatriquesne comptent que74.000lits. H y s ainsi un surpeuplement effroyable et au prix oùsont les journées d'hôpital, jugez de la dépense !

Necroyez-vous pas qu'aulieu de créer des lits supplémentairesdansleshôpitaux psychiatriquesil serait préférable d'utiliser lescrédits à l'aménagement de l'industrie des jus • de fruits, à

lacréation de stades ou de maisons d'accueil pour les jeunes, demaisons familiales de vacances et de tout ce qui manque à notreéquipement social?

Il faudrait aussi parler de toutes les conséquences de•l'alcoo-lisme, des décès supplémentaires- dans lés cas médicaux o

uchirurgicauxque l'alcoolismeaggrave,des accidents de la routedont l'alcoolisme augmente le nombre. chaque jour davantage,de tout ce qui ne se mesure pas, qu'il est par conséquent diffi-cile d'évaluer, mais qui grève les budgets familiaux et le budgetde l'Etat et qui a pour cause la consommation immodérée devin ou d'alcool.

Mes chers collègues, vous connaissez suffisamment le sujetpour n'avoir pasà écouterun trop longexposédevotrerappor-teur.

Permettez-moi, en terminant, de faire appel à votre boratévolontéet à votrebonnefoiafinquevous accordiez auGouver-nement lespouvoirsnécessairespourprendre toutes lesdisposi-tions utilessusceptibles devenir 'àboutde ces fléaùx,l'alcoolismed'une part,la prostitution del'autre.

Le 28 juin dernier, un débat eut lieu sur le second problème,tendantà autoriser leGouvernementà ratifier laconventionsurla traite des êtres humains.

Or cette convention exige qu'un certain nombre de mesuresd'applicationsoient prises. Vous devezdonc donner au Gouver-nement lapossibilitéde le faire 'rapidement.

Lajeunesse a déjà réagi fortementcontrelepenchantàdéfendrecertains errements, certainstabousqu'il importe,unefois pour toutes, de démystifier.

Mesdames, messieurs, je

vous demandede voter ce soirpourles jeunes, pour ceux qui sontlanation vivante, la nation pleinedepromesses,pourceuxqui considèrent avecpitié etun peude mépris de semblables débats. Si vous avez confiance dans lajeunesse, danscettejeunesse nombreuse quimonte,vousdevezvoterletextequi vousestproposé. (Applaudissementsàgaucheet aucentre et sur certains bancs au centre, au centre gaucheet ddroite.)

M.le président. Dansladiscussiongénérale, laparoleest àM.Hénault,premierorateurinscrit.(Applaudissementsàdroite.)

M.Pierre Hénault.Mes chers collègues,en écartantlaquestionpréalable nous avons décidé, avant le dîner, de poursuivre c

esoir la discussion de ce projet. Nous venons d'entendre le rapportde Mme Devaud, mais je dois dire, à la vérité,qu'avantmême

de commencer cettediscussion nous avionsdéjà e déraillé ».

Associer à l'alcoolisme le problème qui fera l'objet des deuxamendements queje défendrai ultérieurement, c'est fairepreuved'une ignorancetotale de laquestion. Tousles membresdecetteAssemblée sent hostiles àl'alcoolisme.Maisonne peut pas,pour

ASSEMBLES

NATIONALE

2' SEANCE DU

18

JUILLET 1960

1967

autant, approuverceque nousvenonsd'entendreet ce quenousloisirs pour notre jeunesse agricole et ouvrière, qui fait de la

avonsentendu de lebouchede M. le Premier ministre. Envoulez-consommationimmodérée deboissons alcooliquesune des seules

vous une preuveparmi tant d'autres ?distractionspour des centaines de milliers de jeunes. Onnousditquela mortalitéconsécutiveà l'alcoolisme est maintenant douzefois ce qu'elle étaiten 1945.

M. Félix Kir.Pas partout !

M.Pierre Hénault.Maisonoublie de préciser que l'alcoolisme n'a rien à voir avec les bouilleurs de cru, Dans l'espritdu Gouvernement,lesdeuxchosessontliées. Qu'est-ce qu'un bouilleur de cru ? Si l'on pose la question à centpersonnes dansla rue, il n'en est pas dixquisoient suscep- tibles de vous répondre.

On nous dit

: l'alcoolisme, ce sont les bouilleurs de cru. Mesdames, messieurs, ce n'est pas vrai(Applaudissementssur diversbancs.) Or, ceux que nous essayons de défendre ce soir, ce sont ceux qui possèdent un petit jardin et qui distillent quelques fruits de temps à autre. Ils ont droit à distiller dix litres d'alcool en franchise de droits. Mais bien peu sont capables de distiller chaque année une telle quantité. L'alcoolismen'a doncrien àvoir avecles petitsbouilleurs. Ce que nous réclamons par l'amendement que nous avons déposé, c'est l'abrogation du décret n°54-1145,dit décret Mendès-France. Je rejoins ici la position dugroupesocialiste : si le Gouvernement veut se pencher sur le problème de l'alcoo- lisme, qu'il dépose un projet de loi que nous discuterons avectoute l'attention nécessaire.

Lorsque nous avons abordé ce problème, au mois de décembredernier,pourquoiavez-vous, en définitive, retiré le projet ? Parceque le Sénat avait voulu, lui aussi, manifester sa volonté demaintenir la cessibilité à laquelle, nous aussi, nous sommesattachés ?

J'entends dire beaucoup de choses sur l'alcoolisme . On parle,

notamment, des jeunes. Ce n'est pas à nous que vous apprendrezque la jeunesse ne boit plus d'alcool. Dans nos départements de

l'Ouest, réputés parmi lesplusgrandsproducteurs d'alcool,cela estplusvraique partoutailleurs. Nous ne voulons pas pour autant permettre au Gouvernement

deprendre, à pa convenance, les ordonnancesquiluiplairont,notammentsur leproblèmede la cessibilité àpropos duquelle

projet a capoté au Luxembourg. Cesoir, dansles amendementsquejedéfendrai,je deman- derai,répondant audésir denombreux collègues, queleGouver-

nementdéposeun projet de loi - il n'yest pasopposéet jel'en remercie - et que, d'autre part, l'on fasse un sort définitif

en l'abrogeant à ce que l'on appelle le décret Mendès-France a.

Nous n'en demandons pas davantage.

Nous demanderons au Gouvernement de bien vouloir nouspréciser qu'iln'yadans sa demande ni ambiguïté,ni chausse-

trape, qu'on ne se livrera à aucune manoeuvre pendant l'inter-session et que le Gouvernement nepourrapas,par ordonnance,

faire ce qu'il lui plaira et qui ne serait pas notre volonté. Telles sont lesexplications queje tenais àdonner avantla discussion des amendements.(Applaudissementssur plusieursbancsaucentreetàdroite.) M. le président.La parole est à M.Villon.(Applaudissements surcertains bancsàl'extrêmegauche.) M . PierreVillon. Mesdames, messieurs, battu pardeSénat,le

Gouvernement a retiré son projet. relatif aux bouilleurs de cru.Il 'demande maintenant une délégation de pouvoirs qui lui per-

mettrait de se passer de l'avis du Parlement et d'imposer, parvoie autoritaire, la liquidation du privilège des bouilleurs decru, sous prétexte de lutter contre l'alcoolisme.

Pournotre part,noussommes, certes, prêts à soutenirtoutemesure efficace qui permettrait de faire reculer l'alcoolisme,mais il est loin d'être prouvé que l'alcoolisme a pour causeessentielle l'existence duprivilège des bouilleurs de cru.

Sa suppression ne peut, en tout cas, que réjouir les sociétésIndustrielles produisant apéritifs et digestifs, sans outiller lesfraudeurs qui trafiquent de l'alcool par milliers d'hectolitrescomme l'a montré un récent scandale.

La cause principale de l'alcoolisme à laquelle il faudraits'attaquer est sociale. Ce sont la misère, le taudis, l'épuisementphysiologique par les cadences infernales et des journées detravail trop longues qui entralnent l'extension de l'alcoolisme.

C'est le manque de terrains et de matériel pour la pratique dusport, le manque de foyers ruraux, de maisons de jeunesse, depiscines et, en général, de crédits pour l'organisation de sain

sAucentre.Ce n'estpas vrai ! M.Pierre Villon.Le Gouvernement, qui tire des ressources

importantes des taxes sur la consommation de l'alcool, ne veutpas s'attaquer aux véritables causes de l'alcoolisme. Il préfèresupprimer progressivement le privilège desbouilleursde cruencommençant par le retireraux travailleurs non agriculteursquicultiventquelquesarbres fruitiersdans leur jardin etquiobtiennent, ainsi,.l'alcoolnécessairepour la consommation

normale, nullement abusive, de la famille, à un prix avantageux. Certes, nous ne sommes pas contre une certaine limitation

du privilège, particulièrement pour ceux dont il favorise lapro-duction en fraude de quantités dépassant la limite fixée de dix

litres d'alcool pur. Maisnousestimonsque doivent pouvoirconti-nuer debénéficier desdispositions du coderelativesaux bouil-leurs de cru ceux qui en ont bénéficié au moins pour l'une des

trois dernières campagnes et à conditionqueleur,revenu radas-.tralnouveaune dépassepas 80.000francs.

Ceux-là ne produisent en fait que de très faibles quantités

d'alcool. Leur retirer le bénéfice du privilège serait les obligerà acheter à prix fort lesquelqueslitres d'alcoolqu'ilsproduisent,jusqu'à présent, à bon marché et qui leur sont nécessaire

s, neserait-ce que pour les besoins de la cuisine(Mouvementsdivers)ce serait leur imposer une dépense et une difficulté nouvelles

à ceux-là mêmes que votre politique est en train de ruiner. Aucoursdudébat sur le premier projetgouvernemental, nous

avions déposé un amendement répondant aux préoccupationsque je viens d'exprimer. Le Gouvernement l'a combattu. Sesintentions sont donc parfaitement claires.

Aussi, envotantcontre le projetqui nousest soumisaujour-d'hui lui refuserons-nous le moyen d'appliquer par voie autori-taireune politique quiléseraitbiendes petites gens, maisn'au-rait aucuneconséquence favorable pourla lutte contre l'alcoo-lisme. En même temps, nous voterons contre le principe anti-démocratique de la délégation de pouvoirs.(Applaudissementssur certainsbancsà l'extrême gauche. - Exclamations sur divers

bancs.) M.Michel Crucis. A Moscou,iln'ya pas de délégation depouvoirs ? M.le président.La paroleest àM.Rousselot.(Applaudisse-ments surplusieurs bancsàdroite.) M.Reni Rousselot.Monsieur le président, monsieur le Premier

ministre, mes chers collègues,nous avons l'avantagede compterparmi noshonorablescollègues, unecinquantaine dedocteursenmédecine.Lorsqueceux-cisontamenés à prescrire à'leursmaladesdesmédicaments sousformede pilules et quecelles-cisont désagréablesàabsorber,ilsontsoin de leurrecommanderde les enrober de miel ou de confiture afin de pouvoir les avalerplusfacilement.

C'est

la comparaisonque jevoulais faire, monsieurlePremierministre,avecvotre projet ne'733sur les fléauxsociaux (Sourires)pour lequel voussollicitezduParlement lespleins pouvoirs. Eneffet,votretexte contient unepilluledésagréableàavaler, que

vous avez eu soin d'enrober d'autres considérations pour les- quelles vous n'avez pas besoin d'obtenir du Parlement des pouvoirs spéciaux. Je suis persuadé que nous sommes tous ici d'accord pour

lutter avec vous contre le cancer, les affections cardio-vasculaires,la tuberculose et aussi contre l'alcoolisme. J'estime que les mala-

dies citées dans votre projet comme entrant dans le cadre des fléaux sociaux devraient être en totalité prises en charge par le budget de la nation; la solidarité de tous les Françaie doitjouer en cette circonstance. Datas le dernier alinéa de l'exposé des motifs, qui concerne

la lutte contre la prostitution et l'action des dispensaires anti-vénériens, il est indiqué qu'un service social spécialisé

sera•

chargé de porter assistance aux prostituées et autres personne&en danger moral. Ne croyez-vous pas, monsieur le Premier

ministre, que sont en danger moral les jeunes gens et les jeunes filles qui, même ayant dépassé l'âge de dix-huit,ans, assistent à la projection de certains films que la morale réprouve 7 Je n'ai pas à les citer ici.(Applaudissementssur plusieurs bancs.)

Les maires de certaines villes, soucieux de la moralité de lajeunesse, ont déjà pris des dispositions contre la parution detelles images et n'ont pas toujours eu satisfaction. Cependant,il y a bien là un réel danger moral qui risque de corrompre etde troubler l'esprit de ceux ou de celles dont le degré de résis-tance est mis à dure épreuve. J'ai, du reste, déposé à ce sujet

un amendement sur lequel je m'expliquerai lorsqu'il sera appelé en discussion. 1968

ASSEMBLEE NATIONALE -

SEANCE DU 13 JUILLET 19GO

J'en viensmaintenantà la piluledésagréablequevous voulez

nousfaire avaler. C'est celle quiconcernel'alcoolismequevousentendez faire disparaître ensupprimant lafranchisededix

litresd'alcool puraccordée aux bouilleursde cru.

J'affirme, une fois encore, toutl'appuique je veux vousapporter dans lalutte contre l'alcoolismeet aussi contrelafraude en ce domaine, par l'application de sanctions sévères.

Mais, de grâce, ne vous acharnez pas sur les faibles, les petitspropriétaires ou détenteurs de vergers qui ne sont pas les res-ponsables de l'alcoolisme. Même en faisant couper la tête àtous les bouilleurs de cru, vous n'auriez pas pour autant supprimé

l'alcoolisme.

Tant que ceux qui s'adonnent à la boisson pourront s'enivrerà loisir en trouvant à volonté, dans les cafés ou ailleurs,

dequoi satisfaire leur passion, s'y trouvant du reste invités parune propagande s'étalant au grand jour, vous n'aurez rien faitque contrarier les honnêtes gens.

N'insistez pas non plus pour prendre des dispositions de natureà apporter la perturbation dans nos villages en ne réservantla franchise qu'aux exploitants agricoles. Nous avons le devoird'être justes ; nous avons été envoyés ici pour cela. Il faut en

finir avec le problème des bouilleurs de cru qui hante certainespersonnalités parce qu'elles ne connaissent pas entièrement la

question. Je les excuse et respecte leurs sentiments. J'appartiens à une région où la rigueur de l'hiver ne permet

de récolter des fruits que tous les trois ou quatre ans. C'estaussi une région où la loi est appliquée et respectée. J'ai le

devoir et la mission de la défendre ici.

Créons ensemble un statut définitif des propriétaires ou pos-sesseurs de vergers familiaux, quelle que soit leur profession,

statut qui maintiendrait la franchise de dix litres d'alcool pur,et c'en sera fini. Monsieur le Premier ministre, j'ai toujoursapporté mon appui

au Gouvernement sur les questions essentielles qui ont été sou-mises à l'Assemblée. Vous pourrez le faire vérifier. J'ai votécontre lamotion préjudicielle proposée par noscollègues socia-listes. Mais si vous persistiez dans votre façon d'envisager la

lutte contre l'alcoolisme. je serais au regret de ne pouvoir voterce projet.(Applaudissementssur certainsbancsà droite.)

M. le président. La parole est à M. de Montesquiou.(Applau-dissements.)

M.Pierre de Montesquiou.Mesdames, monsieur le Premierministre, mes chers collègues, le Gouvernement, une fois deplus,demande auParlementd'abandonnerune partie despou-voirs qui lui ont été donnés par les électeurs.Aujourd'hui,M. le Premier ministre réclame aux députésles pleinspouvoirspour lutter contre les fléaux sociaux. Que restera-t-il donc auParlement puisque tous lespouvoirstombent dans ledomaineréservé ?(Très bien ! trèsbien !à droite.)

Nousnevoyons pas pourquoileGouvernementnenousréclame pas le vote de textes législatifs et les crédits nécessaires po ur

combattre les maladies qui ravagent lapopulationfrançaise. Ily a parmi nous des médecins, degrandsspécialistes du cancer, dela tuberculose, des maladies cardiaques, des femmes disciplesde Marthe Richard, des admirateurs de Saint Louis pour régler

le problème de la prostitution.(Très bien! très bien!sur diversbancs). Mais il semblerait plutôt que ces maladies, dont nousreconnaissons tous la gravite, ne sont au fond qu'un magnifiquecheval de Troie, une robe d'arlequin destinée à cacher l'objetde cette demande de pleinspouvoirs:l'alcoolisme et le privilègedes bouilleurs de cru.

Nous pensons aussi qu'il y a un fléau socialbeaucoupplusgrave qui existe dans la classe ouvrière, qui s'étend dans nos

campagnes etqui peuts'appelerla misère. Nous sommes d'autant

plus inquiets à propos de la situation des classes laborieuses quedes événements trèsgravesviennent de seproduireenEurope

et même dans le monde entier, et que la misère engendrant le

communisme M.Khrouchtchevprofite de l'état de désespérancepour avancersespions danslespays dumonde atlantique.

C'est pour cette raison que nous nous permettons de dire auGouvernementque le débat d'aujourd'hui n'est pas à l'échelledes événements du moment. Nous aurions préféré qu'il nousdemandât de rendre le pouvoir d'achat à la catégorie d'ouvriers

qui n'ont qu'un petit salaire et d'apporter le bien-être dans lescampagnes. Telle est la vraie manière de secréter des antitoxines

contre le fléau qui met en danger les libertés et la civilisa-tion.

Il m'est d'autan plus facile de parler à M. le Premier ministreque je représente un département, le Gers, où l'alcoolismen'existepratiquement pas puisqueletaux demortalité dit àl'alcoolismen'estquede 4 p.100.000habitants. Pourtant, nous

sommes producteurs d'une des meilleures eaux-de-vie de France,l'armagnac.

Cependant, M. le Premier ministre n'a-t-il pas dit cet après-midique l'alcoolisme se développe où l'alcool est abondant !(Trèsbien !trèsbien ! à droite et surdiversbancs.)

Le vrai motif du débat est l'extinction du privilège desbouilleurs de cru ainsi que l'action économique et la politique

fiscale à long terme propre à modifier dans un sensfavorableà la santé publique les données actuelles du marché des bois

-sons. Voilà, à mon sens, le fond du débat que le Gouvernementa voulu avoir sans bien le préciser.

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