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La IIIe République (1870-1914) - Table des matières

I/ La IIIe République : établissement et enracinement. 1/ En attendant la monarchie a/ Premières élections. Élections législatives :.



Comment la République sinstalle-t-elle durablement en France ? I

La IIIè République naît le 4 septembre 1870. Elle doit face face à de II- L'ENRACINEMENT DE LA REPUBLIQUE. (p40/41) ... 1870 à 1914 p144 à 163.



?Comment la république finit-elle par simposer dans la France du

Entre 1815 et 1870 différents régimes politiques se 1815-1914 p118 à 139 ... B/L'enracinement progressif de la IIIe République p124/125. La commune de.



La IIIe République (1870-1914)

4 septembre 1870 : coup d'État des républicains de Paris fin de l'empire et proclamation de la république. La Commune : Mars-mai 1871 : la Commune. Les 



La France en République (De 1880 au début des années vingt) I. La

1914-1918». «4 septembre 1870 proclamation de la. République. 11 novembre 1918: retour de l'Alsace-Lorraine à la France.» Pistes de travail : .De 



Thème 5 : les Français et la République.

L'enracinement de la culture républicaine. La République et la question ouvrière : le Front populaire (2h) ... Charles Péguy (1873-1914).



Linstruction des filles sous la IIIe République - - La formation et le

La Deuxième République (1848-1851) puis le Second Empire (1852-1870) se pose la question d'une instruction d'Etat des filles. Les lois Falloux (1850) et 



Présentation PowerPoint

Pour beaucoup de républicains les femmes doivent jouer un rôle dans l'enracinement de la République. En effet



Sans titre

1. L'enracinement de la République. (1870-1914). Avant la défaite de Napoléon III à 



THÈME 3. LA TROISIÈME RÉPUBLIQUE AVANT 1914 : UN

1914 : UN RÉGIME POLITIQUE UN MISE EN PLACE ET ENRACINEMENT DE LA RÉPUBLIQUE . ... 1870-1875 : L'INSTAURATION DE LA RÉPUBLIQUE ET DE LA DÉMOCRATIE ...



1 L’enracinement de la République (1870-1914)

1 L’enracinement de la République (1870-1914) 15 que celui des Légitimistes est plus représentatif de la noblesse de province Les Républicains enlèvent quelque 250 sièges Ce groupe est lui aussi hétérogène On distingue parmi eux un centre gauche (78 députés) en train de se convertir



I La conquête du pouvoir par les Républicains (1870-1879)

II L’enracinement de la République (1879-1914) A Une démocratie parlementaire Les institutions de la IIIe République instaurent une démocratie parlementaire dans laquelle le Président de la République ne joue qu’un rôle mineur Ainsi le président Grévy renonce au droit de dissolution de la Chambre des députés



La IIIe République (1870-1914) - jbnoefr

La IIIe République (1870-1914) Introduction 4 septembre 1870 : coup d’État des républicains de Paris fin de l’empire et proclamation de la république La répression de la commune permet à celle-ci de se montrer facteur d’ordre et de stabilité Mais les Français sont monarchistes Pour autant la monarchie ne parvient



THÈME 3 LA TROISIÈME RÉPUBLIQUE AVANT 1914 : UN RÉGIME

I Mise en place et enracinement de la République A 1870-1875 : l’instauration de la République et de la démocratie parlementaire 1 Achever la guerre écarter la Révolution a Un républicanisme de guerre Au lendemain de la proclamation de la IIIe République la question la plus urgente demeurait la situation de Paris



THEME III LA IIIe REPUPLIQUE AVANT 1914 : UN REGIME POLITIQUE

LA MISE EN ŒUVRE DU PROJET REPUBLICAIN (1870-1914) Exemples de QP (sans plan) : A quelles oppositions le régime républicain fait-il face (1880-1914) ? Comment la République s’affirme-t-elle de 1870 à 1914 ? Quelles difficultés les républicains ont-ils dû surmonter pour conquérir et pérenniser leur pouvoir ? Introduction § Une rupture :



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L’enracinement de la république a/ Le culte de la République Juin 1879 : le pouvoir revient à Paris (avant Versailles) Marseillaise devient hymne national 1880 : 14 juillet fête nationale Marianne : symbole de la république 1882 : mort de Gambetta funérailles nationales 1885 : mort d’Hugo Idem Culte envers la république

Histoire

1ère générale

, Michelangeli, 2019 -2020 1

THÈME 3.

LA TROISIÈME RÉPUBLIQUE AVANT

1914 : UN RÉGIME POLITIQUE, UN

EMPIRE COLONIAL

Histoire

1ère générale

, Michelangeli, 2019 -2020 2

CHAPITRE 1.

LA MISE EN DU PROJET

RÉPUBLICAIN

INTRODUCTION ..................................................................................................................................................................... 3

I. MISE EN PLACE ET ENRACINEMENT DE LA RÉPUBLIQUE ............................................................................................... 3

A. 1870-1875 : L'INSTAURATION DE LA RÉPUBLIQUE ET DE LA DÉMOCRATIE PARLEMENTAIRE ................................................................ 3

1. Achever la guerre, écarter la Révolution ..................................................................................................................... 3

2. La conquête du régime................................................................................................................................................ 7

B. LE PROJET D'UNIFICATION DE LA NATION AUTOUR DU PROJET RÉPUBLICAIN ...................................................................................... 8

2. Les valeurs de 1789 et les symboles .......................................................................................................................... 10

II. OBSTACLES ET LIMITES ............................................................................................................................................... 12

A. LES OPPOSITIONS AU PROJET RÉPUBLICAIN ............................................................................................................................... 12

1. La crise boulangiste .................................................................................................................................................. 12

2. La République menacée ............................................................................................................................................ 12

3. Le combat de la laïcité .............................................................................................................................................. 14

B. LES LIMITES DU PROJET RÉPUBLICAIN ...................................................................................................................................... 15

CONCLUSION ....................................................................................................................................................................... 15

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1ère générale

, Michelangeli, 2019 -2020 3

CHAPITRE 1.

LA MISE EN DU PROJET

RÉPUBLICAIN

Manuel p.164-193

Introduction

Problématique p.164 + Repères p.166-167- Les deux premiers régimes républicains se

régimes impériaux autoritaires. Quand la IIIe République est proclamée à la faveur de la chute du Second

Empire, le premier défi qui lui est lancé est celui de la pérennité. I. Mise en place et enracinement de la République démocratie parlementaire

1. Achever la guerre, écarter la Révolution

a. Un républicanisme de guerre

Au lendemain de la proclamation de la IIIe République, la question la plus urgente demeurait la situation

de Paris. 'annonce de la proclamation de la République y avait suscité une vague d'espoir. Se projetant

pour certains dans le souvenir de la " levée en masse » des temps révolutionnaires, nombreux furent ceux

qui répondirent aux appels de Gambetta1 -Biographie p.168 en s'enrôlant dans la Garde nationale.

Le 19 septembre 1870, Paris était encerclée. Le siège de la capitale allait durer jusqu'au 26 janvier 18712.

Les 19 et 20 septembre 1870, Bismarck posait ses conditions : la cession de l'Alsace avec Strasbourg et

d'une partie de la Lorraine avec Metz, ainsi que le versement d'une lourde indemnité de guerre. Ses

demandes furent rejetées, et les négociations rompues. Le siège de Paris se fit plus intense -Le saviez-vous ? p.169. Une partie du

gouvernement, réfugiée à Tours3, parvint à réquisitionner des usines, à faire venir

d'Algérie des contingents militaires et à mobiliser une première armée de 80 000 hommes4. Léon

Gambetta obtint alors de ses collègues l'autorisation de quitter la capitale pour prendre la direction de la

1 " Nous ne sommes pas le gouvernement d'un parti, nous sommes le gouvernement de la Défense nationale. Nous n'avons

qu'un but, une volonté : le salut de la patrie par l'armée et par la nation groupées autour du glorieux symbole qui fit reculer

l'Europe il y a quatre-vingts ans. » (L. Gambetta)

3 La " Délégation de Tours ».

4 Mal formés, peu disciplinés, ils avaient été rejoints par de nombreux volontaires, paysans vendéens et bretons emmenés par

le chouan Henri de Cathelineau, Italiens conduits par le célèbre Garibaldi qui était sorti pour l'occasion de sa retraite.

3. Introduction

1-2. Titres

4. Sommaire I

5. Le siège de Paris (Meissonier)

Histoire

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, Michelangeli, 2019 -2020 4 Montmartre, en ballon6. Traversant les lignes ennemies, le ballon échappa au feu

prussien et à la poursuite des uhlans. Le 9 octobre, Gambetta atteignait Tours, où il fut nommé ministre

de la guerre. Il effectua alors de nombreux voyages dans les villes de France, à la fois pour affirmer

l'autorité du gouvernement central et faire entendre la voix d'une France combattante, et s'adressa aux

départements par ses dépêches et proclamations reproduites par le Bulletin officiel de la République

française7.

Gambetta réussit en quelques semaines à doter la République d'armées, à les rassembler, et à les faire

commander. Au même moment, fin octobre 1870, ů'annonce de la chute de Metz provoqua dans la

contraire de ne pas vouloir se battre contre l'ennemi. Quand Orléans fut reprise, le 9 novembre, Gambetta

proclama aussitôt : " C'est le premier rayon d'espérance. » En réalité, la situation se dégradait, malgré la

défense victorieuse de Belfort par les gouverneurs Denfert-Rochereau et Rolland. La faiblesse de cette

armée de civils apparaissait cruellement devant la puissance d'une armée professionnelle. Les critiques

commencèrent alors à s'abattre sur Gambetta, et le choc de la défaite entraînait la République dans le

camp de l'ordre et de la restauration monarchique, mené par Adolphe Thiers -Biographie p.168. b. La République conservatrice et la paix

Les élections générales eurent finalement lieu le 8 février 1871. Face à un camp républicain divisé entre,

d'une part, les partisans de Gambetta et les radicaux favorables à la poursuite de la guerre et, de l'autre,

les modérés résignés à la paix, les conservateurs -Vocabulaire p.169 s'organisèrent efficacement et

constituèrent des listes d'union entre la bourgeoisie libérale proche de Thiers et les monarchistes,

donner au régime. La victoire des conservateurs fut très large, traduisant un mouvement de la population vers ses élites traditionnelles, notamment l'aristocratie foncière8. Le 17

âge vénérable (74 ans), son engagement pour les libertés et sa défense de l'ordre avaient fait de lui un

véritable " recours ». Persistant dans sa volonté de ne pas " poser les théories de gouvernement »,

5 " M. Gambetta a pour instructions de faire connaître et exécuter les volontés du gouvernement. Il s'attachera à maintenir

l'unité d'action indispensable au succès. Il délibérera avec ses collègues et, en cas de partage, aura voix prépondérante. De

concert avec eux, il fera exécuter le décret par lequel les élections à la Constituante sont ajournées jusqu'au moment où les

circonstances de guerre permettront de consulter le pays. Comme ministre de l'Intérieur, il est revêtu des pleins pouvoirs pour

le recrutement, la réunion et l'armement de toutes les forces nationales qu'il conviendrait d'appeler à la défense du pays. En

ce qui touche l'organisation de l'action militaire, les résolutions prises par la Délégation seront exécutées par les ministres de

la Guerre et de la Marine. »

6 À lire en détail sur le site Retronews. La scène des adieux fut solennelle, à la hauteur des espoirs mis dans la mission du jeune

républicain de 32 ans et des risques qu'il prenait en effectuant cette sortie. Louis Blanc donna l'accolade aux voyageurs. Le

photographe Nadar immortalisa la scène. La postérité retint Ia phrase qu'il dit à Jules Favre : " Je reviendrai avec une armée

et, si j'ai la gloire de délivrer Paris, je ne demanderai plus rien à la destinée. » Lorsque le ballon, suivi d'un second, le George-

Sand, s'éleva dans les airs, " une immense clameur » retentit : " Vive la République ! Vive Gambetta ! ».

7 Cf. " Levons-nous en masse et mourons plutôt que de subir la honte du démembrement. Si la France a une armée qui sait

mourir, elle est sauvée. »

8 Un tiers des élus, soit 225 députés, appartenaient à la noblesse, la plus forte proportion jamais enregistrée dans l'histoire de

France.

9 " L'Assemblée nationale, dépositaire de l'autorité souveraine, considérant qu'il importe, avant qu'il soit statué sur les

institutions de la France, de pourvoir immédiatement aux nécessités du gouvernement et à la conduite des négociations

décrète : M. Thiers est nommé chef du pouvoir exécutif de la République française. Il exercera ses fonctions sous l'autorité de

l'Assemblée nationale, avec le concours des ministres qu'il aura choisis et qu'il présidera. » Il s'agissait surtout pour le chef du

pouvoir exécutif de ne pas choisir, de ne pas trancher entre les deux options (République ou monarchie), conservant

l'ambiguïté sur la forme du régime. La décision quant à la forme du régime était renvoyée à un vague futur, " lorsque le pays

sera réorganisé ».

6. Gambetta quitte Paris en ballon

7. A. Thiers : biographie + portrait

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, Michelangeli, 2019 -2020 5

Adolphe Thiers fit de la paix son premier objectif10. Il signa le 26 février les préliminaires de paix que

l'Assemblée ratifia aussitôt, en dépit de la solennelle protestation des députés de l'Est.

La convention signée avec la Prusse prévoyait l'annexion de l'Alsace et de la Moselle (article 1er), ainsi

qu'une indemnité de 5 milliards de francs-or (article 2). Plusieurs députés de Paris, dont Victor Hugo,

dénoncèrent des conditions " honteuses et inacceptables ». À la suite du vote, les 30 députés du Bas-

Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle- dont Gambetta11 et Denfert-Rochereau- remirent leur démission et

quittèrent la séance en formulant une protestation des " représentants de l'Alsace et de la Lorraine ».

et celui du gouvernement à Versailles12. Par ailleurs, l'acceptation par Thiers et l'Assemblée de la

demande allemande d'occuper temporairement la capitale et de défiler sur les Champs-Élysées fut mal

vécue par les Parisiens après six mois de siège. 'Assemblée apparaissait de plus en plus hostile au

patriotisme de la capitale et au républicanisme qu'elle pouvait incarner. On assite à Paris à une politisation

du refus de l'armistice, assimilé à une trahison de la résistance face aux Prussiens13.

À chaque décision de l'Assemblée, des Parisiens en nombre croissant protestaient et s'organisaient. Des

pouvoirs se constituaient, dont la Fédération des bataillons de la Garde nationale qui proclama le 24

février 1871, qu'elle " ne reconnaît pas d'autres chefs que ceux qu'elle se donnera ». c. La Commune de Paris

Le 15 mars 1871, le Comité central définitif de la Fédération fut élu. Pour une majorité de Communards -

Vocabulaire p.169, la Commune ressemblait à la réalisation de l'idée de République telle qu'elle avait

grandi durant tout le XIXe siècle, la République démocratique et sociale, égalitaire et fraternelle14.

La journée du 18 mars 1871 s'inscrit dans un contexte d'affrontements de plus en plus graves entre la capitale et l'Assemblée. L'objectif du gouverneur de Paris,

le général Vinoy, était de confisquer l'artillerie de la Garde nationale15. Adolphe Thiers ordonna à l'armée

de s'emparer de tous les dépôts d'artillerie, dont le plus important se trouvait alors à Montmartre. Mais

fraternisa. Les canons déjà évacués par la troupe furent ramenés triomphalement au sommet de la butte,

et les deux généraux qui avaient commandé l'opération furent exécutés. Au soir du 18 mars, Thiers choisit

d'abandonner la capitale à ů'insurrection populaire. La rupture était définitive entre deux camps qui se

pensaient désormais comme des ennemis irréductibles et mortels16.

Le Comité central de la Garde nationale s'installa aussitôt au centre-ville. Initialement légaliste et modéré,

ce nouveau pouvoir ne se radicalisa que sous l'effet conjugué de plusieurs causes : - La pression des révolutionnaires.

10 " Pacifier, réorganiser, relever le crédit, ranimer le travail, voilà la seule politique possible et même concevable en ce

moment ».

11 Gambetta se justifia dans le discours qu'il adressa lors des obsèques du député-maire de Strasbourg, Küss, saisi par la mort

le soir même de ce 1er mars tragique.

rien que d'y penser. [...] ce serait achever par des mains françaises ce démembrement de notre France bien-aimée, que des

mains ennemies ont commencé, et faire sortir peut-être des cendres de l'horrible guerre étrangère qui finit à peine, une guerre

civile) plus horrible encore. »

13 Place de la Bastille, des attroupements avaient crié : " Vive la République universelle ! », " Vive la Commune ! ».

14 Cf. William Serman, historien de la Commune : " Que demandaient-ils au fond ? La République et la victoire sur l'envahisseur,

du pain et un toit pour tous, la justice et la solidarité sociales, la reconnaissance de leurs droits et de leur dignité, et, couronnant

le tout, la liberté. »

15 Les 227 canons financés par les Parisiens par souscription étaient répartis entre différents sites, en particulier à Belleville et

sur la colline de Montmartre, sous la surveillance des gardes nationaux.

16 Recevant une délégation à l'Hôtel de Ville, Jules Favre avait rompu les négociations en déclarant : " On ne discute pas, on ne

parlemente pas avec l'émeute, on ne traite pas avec les assassins »

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, Michelangeli, 2019 -2020 6

Après les élections au " conseil communal de la Ville de Paris », le 26 mars 187117, la " Commune » put

être alors officiellement déclarée. Le nom fut adopté par acclamation, puis proclamé depuis le balcon de

l'Hôtel de Ville. 200 000 personnes attendaient devant le bâtiment orné d'un immense drapeau rouge.

La Commune de Paris dura soixante jours avant son écrasement total par les troupes versaillaises. Son bilan apparaît important, en termes de réalisations concrètes mais

aussi de propositions politiques. Dès le 29 mars, neuf commissions furent constituées, avec des

attributions ministérielles : Services publics, Guerre, Finances, Justice, Enseignement, Travail et échanges,

Subsistances, Relations extérieures, Sûreté générale. Des mesures de circonstances furent rapidement

décidées, comme le moratoire des échéances détenues par les petits commerçants, la liquidation des

termes encore dus par les locataires, la réforme du Mont-de-Piété, l'interdiction des amendes et des

Anticléricalisme : vocabulaire p.169 fut développé avec la suppression du budget des cultes et la

nationalisation des biens religieux. L'abolition de la conscription et des armées permanentes fut

également proclamée. Enfin, l'adoption du drapeau rouge en remplacement du drapeau tricolore

marquait la volonté d'affirmer une idéologie révolutionnaire et de rompre avec le pouvoir versaillais18.

Concernant les projets de réorganisation de la société et de l'État, les ambitions étaient élevées. Le temps

manqua à la Commune pour les réaliser. Elles témoignaient cependant d'une forme d'idéal démocratique

du mouvement : la justice serait gratuite et rendue par des jurys élus, l'enseignement deviendrait lui aussi

gratuit, laïc et obligatoire, il intégrerait les jeunes filles et développerait les filières professionnelles.

La rapidité du mouvement communard, sa détermination, son organisation surprirent le gouvernement,

Thiers en tête. Sa contagion à Lyon (22 mars), Toulouse et Marseille (23 mars), Saint-Étienne et Narbonne

(24 mars), Le Creusot (26 mars) constituait une autre source de profonde inquiétude. Dans les jours qui

suivirent l'insurrection du 18 mars, l'avantage paraissait être du côté des Fédérés, qui avaient les moyens

Un Comité de salut public fut institué le 1er mai. Le 19 mai, un premier groupe de 80 otages fut exécuté. La marche de la terreur était enclenchée. Le 21 mai,

une poterne de la porte de Saint-Cloud non gardée fut ouverte aux Versaillais qui s'engouffrèrent dans la

La Commune disposait en théorie de 200 000 Gardes nationaux armés, dont 60 000 étaient réellement

en capacité de combattre. Le 22 mai, alors que les troupes versaillaises -Versaillais : vocabulaire p.169,

fortes de 130 000 hommes placés sous le commandement de MacMahon, progressaient rapidement dans

les quartiers ouest et sud, des barricades couvrirent alors les quartiers centraux, le Nord et l'Est de la

capitale. De leur côté, les Versaillais usèrent de toute la puissance de feu de leur artillerie et employèrent

des méthodes de terreur absolue contre les fédérés. Dès l'entrée dans Paris, les exécutions massives de

prisonniers et de suspects débutèrent.

Les fédérés se concentrèrent dans leurs derniers bastions du nord-est, résignés pour la

plupart à mourir les armes à la main19. Le 27 mai, la bataille se déroula au milieu des

tombes du Père-Lachaise. Paris était en feu. Le 28 mai, la dernière barricade tomba, rue Oberkampf. Au

même moment, 150 fédérés étaient fusillés contre le mur d'enceinte du Père-Lachaise. Le martyrologe

des Communards, héroïques jusqu'à la mort, contribua à forger leur légende20 -PDP#15 p.174-175. Louise

Michel pendant la Commune de Paris.

17 Les résultats des élections se caractérisèrent d'abord par une très forte abstention (229 000 votants sur 485 000 inscrits), et

simple exposition publique d'un drapeau rouge sera totalement interdite.

19 La présence des troupes prussiennes au-delà des fortifications empêchait toute perspective de fuite.

20 Avec moins de 900 morts, les pertes de l'armée versaillaise furent très légères comparées à celles de la Commune. Les

arrestations et les exécutions furent massives. Longtemps estimées à près de 20 000, leur nombre a été ramené à 10 000, ce

9. Soixante jours

10. La Semaine sanglante : carte + tableau M. Luce

11. PDP#15

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, Michelangeli, 2019 -2020 7

La répression judiciaire succéda à la répression militaire. 24 conseils de guerre jugèrent 36 000 individus

arrêtés, dont 819 femmes et 538 enfants. Plus de 10 000 furent condamnés, une moitié à des peines de

Louise Michel. Des recours en grâce furent introduits par les condamnés, 2 600 d'entre eux (sur 6 500

demandes) virent leurs peines réduites ou annulées. Plusieurs milliers de Communards durent également

s'exiler.

2. La conquête du régime

a. La République de Thiers

payer le plus rapidement possible l'indemnité de guerre, de manière à obtenir la libération du territoire.

La libération du territoire avait aussi pour finalité de lancer la réorganisation et la modernisation du pays.

La loi municipale d'avril 1871 avait rétabli une forte centralisation21, pour éliminer les risques de

municipalisation qui avaient conduit au mouvement de la Commune. Adolphe Thiers le dit à l'Assemblée,

à l'ouverture de sa session d'automne, dans son message du 13 novembre 1872 : " La République existe,

elle est le gouvernement légal du pays » ; à quoi il ajouta aussitôt : " la République sera conservatrice, ou

ne sera pas » : les convictions de Thiers, initialement orléanistes, avaient évolué vers une forme libérale

et modérée de républicanisme. En outre, la droite royaliste n'était pas seulement divisée entre des

légitimistes ultras (fidèles à Henri V), des légitimistes libéraux (se réclamant de la monarchie

parlementaire et du drapeau tricolore), des orléanistes et des bonapartistes ; elle était aussi incapable de

s'accorder sur le nom du futur souverain et sur une forme de gouvernement22.

Le texte qui fut adopté le 31 août 1871 ressemblait à une Constitution : le titre de président de la

République était conféré au chef du pouvoir exécutif, sous l'autorité de l'Assemblée (article 1) ; il avait le

pouvoir de nommer et de révoquer les ministres, également responsables devant l'Assemblée (article 2)

-tout comme le président de la République (article 3). Cependant, les républicains se renforçaient de scrutin partiel en scrutin partiel. Le 26 septembre 1872, Gambetta prononça à Grenoble un discours qui allait faire

date23, dans lequel il annonçait l'avènement des " couches nouvelles » et le soutien qu'elles allaient

apporter à la République à venir24. Les progrès des républicains ne cessaient d'alarmer les monarchistes.

Ils finirent par en rendre responsable Thiers lui-même.

aussitôt comme président de la République par le maréchal de Mac-Mahon, ancien commandant de

l'armée impériale. Le comte Patrice de Mac-Mahon, de tradition légitimiste, confia la responsabilité de

l'exécutif au vice-président du Conseil, qui devint alors un véritable chef de gouvernement : le tombeur

La politique d'" ordre moral » devait constituer une phase préparatoire au rétablissement de la

monarchie. '" Ordre moral » signifiait en premier lieu une politique ultra-religieuse, voyant dans l'Église

un instrument du contrôle social25.

qui suffit à faire des massacres de la " Semaine sanglante », " une boucherie sans équivalent dans l'Europe du XIXe siècle »,

hors périodes de guerres.

21 Le gouvernement se voyait confier le pouvoir de nomination des maires des chefs-lieux d'arrondissements et de

départements, ainsi que des villes de plus de 20 000 habitants.

24 F. Furet : " En face des grands notables toujours si imbus de leur naissance, comme s'ils étaient toujours des nobles et que

la Révolution n'avait pas eu lieu, la République de Gambetta est une méritocratie de talents. Elle réussit enfin à parler ensemble

les deux langages qu'attend le pays, ou à réconcilier ses deux aspirations les plus profondes : la passion de l'égalité et la peur

des révolutions ». crimes de la Commune »

12. Gambetta et les " couches nouvelles »

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, Michelangeli, 2019 -2020 8

Face à une opposition républicaine qui incarnait aux yeux du pays la voie démocratique, la majorité

monarchiste s'engagea dans un combat contre les libertés. Les leaders républicains et leurs soutiens

furent harcelés par le pouvoir. L'épuration frappa la haute administration de l'État, le corps diplomatique,

les milieux universitaires. Les journaux républicains furent la cible d'interdictions. Afin de lutter contre le

républicanisme municipal, le pouvoir de nommer les maires dans toutes les communes fut confié au chef

Même si Philippe d'Orléans, comte de Paris, avait reconnu Henri d'Artois, comte de Chambord, comme

" représentant du principe monarchique de la France »27, les désaccords persistants sur la forme future

de la monarchie et sur le drapeau national empêchèrent tout accord entre légitimistes et orléanistes.

Avant de céder la place de chef du gouvernement au général de Cissey, le duc de Broglie décida donc de

1873 déclarait : " le pouvoir exécutif est confié pour sept ans au maréchal de Mac-Mahon, duc de

Magenta »28.

La volonté de Mac-Mahon de prolonger le provisoire en attendant la restauration toucha ses limites

quand les orléanistes et les républicains modérés trouvèrent un accord sur des lois constitutionnelles -

Vocabulaire p.169.

adopter sa proposition ; " le président de la République est élu à la majorité des

suffrages par le Sénat et la Chambre, réunis en Assemblée nationale ». La signification d'une telle réforme

était capitale :

- la forme républicaine du régime était acquise, fondée une institution essentielle : le président de

la République

- la souveraineté du Parlement était proclamée (le président de la République n'en serait que le

mandataire) - le bicamérisme était adopté.

Le 25 février 1875, la " loi relative à l'organisation des pouvoirs publics » était définitivement adoptée.

Deux autres lois organiques, organisant l'élection des sénateurs (2 août 1875) et des députés (30

novembre) furent encore nécessaires pour parfaire un dispositif qui prit le nom de " Constitution de

1875 », et qui permit de définir le cadre de fonctionnement du régime, des institutions et de la vie

politique pendant 65 ans29. En 1879, Mac-Mahon est obligé de démissionner, et les républicains, devenus communards est adoptée, et les deux Chambres quittent Versailles pour Paris.

République allait obliger à élaborer de tels fondements, à partir des valeurs de liberté, de justice et de

vérité. Quand en 1971 (!) les " principes fondamentaux des lois de la République » sont définis par les

juges du Conseil constitutionnel, ils renvoient à un ensemble de droits et de libertés forgé essentiellement

reconnaissance du caractère impératif de la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen.

26 'ͨ Ordre moral » se caractérisa aussi par la surveillance des établissements de boisson, l'interdiction des enterrements civils,

la création d'aumôniers militaires dans l'armée. Enfin, la répression s'attaqua aux symboles : dans le " Midi rouge », des

Mariannes et des bustes de la République furent retirés des mairies.

27 Ce dernier serait donc le prochain souverain, dans l'hypothèse d'une restauration. Mais comme il n'avait pas d'enfants, le

trône reviendrait à un Orléans après sa mort.

28 L'adoption du septennat donnait au chef de l'État au mandat d'une durée supérieure à celle de l'Assemblée.

29 Elle fut la plus longue constitution jamais en vigueur en France, le plus long régime jamais établi depuis 1789.

13. Les " lois constitutionnelles »

14. Jules Grévy (portrait)

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, Michelangeli, 2019 -2020 9

empreinte tout à fait essentielle dont le sens démocratique est souvent négligé. L'adoption de libertés

fondamentales soulignait la conviction de ces hommes nouveaux de gouvernement qui, en majorité,

estimaient avec Montesquieu que le pouvoir devait arrêter le pouvoir. Les républicains avaient été,

durant tout le XIXe siècle et à l'exception des quelques mois de 1848 et 1849, les victimes de l'arbitraire

de l'État impérial, monarchique ou autoritaire. Leur victoire finale de 1879 leur permit de conférer au

citoyen le pouvoir de se défendre contre l'État, d'exister comme individu libre. Le chemin fut long dans

l'accession aux libertés démocratiques (qui demeurent fragiles et menacées), mais les grandes lois des

années 1879-1884 constituèrent la base d'une Loi fondamentale à la française30. a. La liberté de la presse Documents p.190. La liberté de la presse (1881)- La grande loi du 29 juillet 1881, attendue par tous les républicains, instaura un régime très libéral pour la presse.

d'affichage (sauf interdiction motivée) de colportage et de vente sur la voie publique. Les délits de presse

étaient tranchés par la justice et la seule mesure préventive concernait le droit de réponse. Pour le

rapporteur de la loi, Eugène Lisbonne, tout ce qui ressemblait au délit d'opinion devait être rejeté.

prenait le risque d'être attaqué, mais Clémenceau se fit le défenseur du principe libéral et se saisit même

de la définition de la République : puisque la liberté était son fondement, il ne fallait pas craindre de la

défendre et de l'étendre, seule manière de conduire le régime à la pleine démocratie.

b. La liberté de réunion

Par la loi du 30 juin 1881, les réunions publiques sans autorisation devenaient légales, sous réserve d'une

déclaration préalable et de la constitution, en début de réunion, d'un bureau responsable. Cette réforme

accrut considérablement la démocratisation de la politique et l'expérience de ses pratiques par la société.

Corollaire de la liberté de réunion, la liberté d'association fut en revanche écartée par crainte de favoriser

les congrégations religieuses. Une ébauche de liberté d'association fut toutefois accordée, par le biais de

la loi de 1884 dite " loi Waldeck-Rousseau » (du nom du ministre de l'Intérieur qui en prit l'initiative)

autorisant la formation de syndicats -Vocabulaire p.170 + Documents p.181. La liberté syndicale (1884)

par branche professionnelle. Près de vingt années allaient encore être nécessaires pour que la liberté

d'association soit pleinement reconnue. Elle impliquera, en 1901, de redéfinir le statut des congrégations

religieuses. c. La vie politique municipale La loi du 4 mars 1882, revenant sur les dispositions de 1876 qui imposait dans de nombreux cas la

nomination des maires par décret, établit une liberté municipale longtemps différée. Tous les conseils

municipaux31 purent désormais élire leurs maires. Avec la loi du 5 avril 1884 sur l'autonomie municipale

(qui fixait l'élection des maires et des adjoints, leurs pouvoirs et attributions, la publicité des séances,

etc.), une véritable vie politique commença à animer tout le pays, jusqu'aux échelons les plus modestes.

Les campagnes françaises s'ouvrirent alors à des formes de sociabilité et à des responsabilités civiques

inconnues jusque-là, qui contribuèrent à la démocratisation de la République. d. D'autres lois " exemplaires »

En 1880, une loi accorda la liberté d'ouverture et de transfert des débits de boisson. L'autorisation

administrative, qui avait été une arme de tous les régimes antérieurs pour combattre la propagande

républicaine, fut supprimée et remplacée par une simple déclaration à la mairie. Cafés, brasseries et

cabarets devinrent des lieux privilégiés de la vie publique et de l'expérience politique, surtout pour les

hommes. Une autre loi établit la liberté de colportage, faisant du camelot et de la rue de nouveaux acteurs

de la vie politique. La loi du 27 juillet 1884 instaura le divorce, sous certaines conditions : l'adultère était

30 Celui que défendra la Résistance dans les années 40 lorsque la nation sera menacée de se dissoudre dans la Collaboration.

31 À l'exception notable de Paris, exclue du champ de la loi en raison de la Commune de 1871 -Le saviez-vous ? p.169.

15. La loi sur la liberté de la presse (1881)

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plus sévèrement sanctionné pour les femmes que pour les hommes, morale familiale oblige ! En 1905, le

service militaire devient obligatoire et universel : les dispenses et le tirage au sort sont supprimés -

Conscription : vocabulaire p.170. Les républicains se méfient de l'armée, notamment par crainte des

Cf. " la grande muette ») et la réformer.

la morale et de la science face aux religions, Jules Ferry impose en 1882 la neutralité religieuse, ou laïcité,

exclusivement laïque33.

2. Les valeurs de 1789 et les symboles

À l'appel de Gambetta et des radicaux, les républicains en effet avaient décidé de commémorer, plus

encore que la journée révolutionnaire de la prise de la Bastille, la fête de la Fédération de 1790, place de

la Concorde. Le lien de la République avec la Révolution était proclamé, mais celle-ci était identifiée à sa

phase démocratique. La loi du 6 juillet 1880 faisait de la fête nationale une fête civique, populaire et

laïque -Laïcité : vocabulaire p.170. Avec l'instauration du 14 juillet, c'en était fini de la fête du 15 août

instaurée sous Napoléon Ier et remise à l'honneur par Louis-Napoléon Bonaparte après son coup d'État.

Le premier 14 juillet de l'histoire de la République se déroula de manière très officielle.

Une importante revue militaire eut lieu à Longchamp, en présence du président de la

République qui remit les drapeaux aux 400 colonels commandant les régiments, signe de l'union

indissoluble entre l'armée, la patrie -Patriotisme : vocabulaire p.170, la République : la patrie et la nation

fête où se pressèrent des représentants de tous les corps de l'État ainsi que de très nombreux officiers de

l'armée. Les peintres d'avant-garde, quant à eux, saisirent la passion populaire pour un événement qui

amenait la société à la conscience d'elle-même. La fête du 14 juillet revêtait les significations de liberté et

de fraternité qu'elle allait conserver jusqu'à nos jours.

Avec le retour de la Marseillaise comme hymne national (1879), ces deux décisions furent vécues par les

opposants à la République comme des provocations. Elles prouvaient selon eux l'esprit de division du

nouveau régime. Seule la Première Guerre mondiale et l'Union sacrée consacreront le caractère national

et plus seulement républicain de ces emblèmes. b. Un visage pour la République. L'avènement de Marianne

Tout un ensemble d'actes symboliques singuliers et localisés accompagne et démultiplie cette série de

décisions. On baptise en grand nombre rues, places et avenues " de la République », en attendant

d'honorer les héros bientôt disparus : Gambetta ou Victor Hugo. La coutume s'instaure d'orner les salles

de mairie d'un buste de femme coiffée d'un bonnet phrygien -la République, dite " Marianne ». Vinrent

33 Toutefois, afin de permettre aux enfants de suivre une instruction religieuse, Jules Ferry leur accorde un jour libre par

semaine en plus du dimanche (loi du 28 mars 1882).

34 Léon Gambetta, qui assistait à la cérémonie en tant que président de la Chambre, écrivit à sa maîtresse Léonie Léon des

phrases chargé d'un grand lyrisme : " J'ai senti remuer au fond de mon âme mes plus ambitieuses et mes plus sacrées

espérances, et les grands desseins dont je ne puis m'abstraire aussitôt que je suis en présence de nos jeunes régiments. Je suis

17. Le 14 juillet 1880

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ensuite les monuments à la République érigés sur les places du même nom, à Paris (en

1883) et en province, jusque dans les plus petites villes.

Paris était à la pointe du mouvement de statuomanie qui s'empara alors de la IIIe République. Voulu par

les radicaux du conseil municipal, le monument à la gloire de la République fit l'objet d'un concours lancé

en 1880. La monumentale statue en bronze des frères Morice, haute de trois mètres, fut installée place

de la République, dans le Paris des barricades et des révolutions. Protégée par un lion majestueux et

dominant des allégories de la devise Liberté, Égalité, Fraternité, elle incarnait une vision à la fois ardente

et politique de l'idée républicaine. Le monument fut adopté par les Parisiens, y compris par ses groupes

ouvriers les moins enclins a priori à reconnaître les réalisations d'une République bourgeoise en partie

responsable de l'écrasement de la Commune : le matin de l'inauguration, le 14 juillet 1884, les chambres

syndicales défilèrent devant la statue avec des drapeaux rouges, et un militant planta même le drapeau

noir des anarchistes sur son socle. Le gouvernement n'avait pas souhaité toutefois assister à la cérémonie.

c. Victor Hugo au Panthéon PDP#16 p.178-179. Les funérailles nationales de Victor Hugo35- Le 27 février 1881, le président de la République Jules Grévy en personne se rendit au 130 de l'avenue d'Eylau

(rebaptisée avenue Victor-Hugo -Le saviez-vous ? p.178) pour lui offrir un vase de Sèvres pour ses 80 ans,

et six cent mille Parisiens défilèrent sous ses fenêtres, à l'appel d'un comité présidé par Louis Blanc. Victor

Hugo confondait en sa personne la République et le génie. Cette célébration incarnait le temps nouveau

d'une République désormais victorieuse, et forte d'une histoire qui allait devenir une grammaire

nationale. À sa mort le 22 mai 1885, la France républicaine entra en deuil ; et pas seulement la France des

nouveaux pouvoirs et de l'aristocratie politique : le Paris populaire, celui des faubourgs et de la " zone »,

la France des instituteurs laïcs et des lecteurs des Misérables, jusqu'aux anciens Communards qui s'étaient

souvenus que le dernier combat politique de Victor Hugo avait été pour leur réintégration dans la

communauté nationale, tous donnèrent au disparu le visage de la République idéale, faite d'égalité, de

dignité et de courage -doc.1 p.178. Un journal républicain annonce la mort de Victor Hugo.

Dès l'annonce de sa mort, une foule de badauds et d'attristés afflua vers l'avenue d'Eylau, tandis qu'à la

Chambre des députés, le Panthéon (restitué en 1851 au culte catholique après sa vocation laïque

retrouvée lors de la révolution de 1830) fut à nouveau désacralisé pour accueillir la dépouille de Victor

Hugo. La droite catholique et royaliste riposta par une vive polémique -doc.4 p.179. Débat sur la

nécessaires à la cérémonie débutèrent aussitôt.

Le dimanche 31 mai au matin, le cercueil partit du dernier domicile de l'écrivain pour être d'abord exposé

station, le cercueil repartit le lendemain 1er juin vers le Panthéon, par les Champs-Élysées, la Concorde, le

boulevard Saint-Germain, le boulevard Saint-Michel et enfin la rue Soufflot36.

Huit heures de défilé, dix-neuf discours, une ferveur populaire jamais épuisée scandèrent ce jour très

officiel -doc.2 p.178. Un évènement populaire. Les obsèques furent véritablement nationales dans le sens

où elles furent vécues et revendiquées par une foule très nombreuse et très diverse, représentative d'une

République politique autant que sociale. Ces obsèques furent " les plus grandioses du régime, et

constituèrent un modèle pour celles qui suivirent. Le corps de Hugo fut [...] accompagné jusqu'au

Panthéon par une foule immense, de près de deux millions de personnes. Le pays tout entier suivit le

funérailles furent considérées comme un triomphe pour le régime. »37

Doc.5 p.179. Arrivée du cortège au Panthéon- Le régime républicain affirmait là son choix d'honorer, et

même de sacraliser, les vertus littéraires, scientifiques et artistiques des héros de la République. Cela

impliquait de reconnaître aussi le plein exercice des libertés de pensée, de conscience et d'expression

35 A lire pour approfondir : le dossier proposé par le site Rétronews.

37 Avner Ben Amos, Dictionnaire critique de la République.

17. Marianne

18. PDP#16

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nécessaires à l'épanouissement du génie intellectuel. Ces libertés, qui ne pouvaient être réservées à une

élite et qui devaient toucher l'ensemble de la société, allaient provoquer cependant la méfiance du

pouvoir républicain et la crainte de la subversion. Toute la tension de la République imaginée se tenait là,

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