LES NOUVELLES ORIENTATIONS DES POLITIQUES URBAINES
Fondamentaux d'une ville intelligente iii. Le renouveau des smart city en France. Troisième chapitre : Cas de mise en œuvre de la politique urbaine - Cas.
Urbanisme et sante : Un guide de lOMS pour un urbanisme centré
l'environnement. Critères de sélection des villes candidates. Pour la définition et la mise en œuvre des politiques d'urbanisme pour la santé et.
Démarches paysagères en Europe
15 déc. 2017 le renforcement de la participation du public dans les politiques paysagères. Le rapport conclut sur les résistances à la mise en œuvre des ...
Agir pour la transition écologique ! Eiffage sengage pour contribuer
30 mars 2021 Agissons pour la ville et des infrastructures durables p. 41-62 ... Exploitation d'autoroutes ... à l'usage et à la mise en œuvre d'anciens.
VILLES DURABLES EUROPÉENNES RAPPORT
développer la dimension environnement urbain dans la politique de Le rapport de la Commission sur l'état d'avancement de la mise en œuvre du programme.
Lintégration du développement durable dans les projets de quartier
17 juil. 2013 Mots-clés : quartiers durables développement urbain durable
Les Cahiers n° 176 – Les villes changent le monde
Si les cœurs des métropoles s'intensifient les périphéries urbaines continuent de s'étaler et ment mis en place dans la seconde moitié du XXe siècle.
Etalement urbain et évaluation de son impact sur la biodiversité de
7 janv. 2011 Indicateurs de l'écologie du paysage en milieu urbain : définitions et ... coeur de la ville ; le transfert de population du centre vers la ...
PRIX DE THÈSE SUR LA VILLE
?Le mot de la Présidente du jury urbains sur l'environnement
Partie II. Un modèle émergent: la ville durable
177 Sur les flottements et les incertitudes du vocable voir Christian Garnier
PARTIE II.
UN MODELE EMERGENT: LA VILLE DURABLE
Nombreux sont les auteurs qui ont diagnostiqué la fin des modèles urbains. La diversité l'emporte
et les tentatives de définitiona priorides morphologies urbaines, de l'organisation générale de la
ville, semblent relever d'un dirigisme qui n'a plus cours. Le modèle proposé ici, en voie deconstitution, se démarque des modèles antérieurs en ce qu'il est spécifique à chaque lieu, ville,
collectivité humaine. Deux traits conditionnent en effet sa mise en oeuvre: l'organisation d'undébat démocratique et d'une participation de la société civile tout au long de l'évolution du projet,
et la connaissance approfondie des situations locales que l'on tente de faire évoluer vers la durabilité.Vers un autre modèle organisationnel
La durabilité est recherchée à toutes les échelles, locale, régionale, globale, en bousculant notre
vision hiérarchisée de l'espace. L'hypothèse que nous défendons ici est qu'il est possible de traiter
des questions de durabilité globale au niveau local (collectivités locales, individus) et qu'il est
d'autre part impossible de traiter ces mêmes questions sans les poser au niveau local. Différents
arguments appuient cette hypothèse: (1) Dans un premier temps, dans des sociétés démocratiques et individualistes, le citoyen,l'individu, doivent être associés à la décision. Le développement durable ne peut être décrété par
quelques experts ou hommes politiques. La culture du développement durable ne peut pas s'imposer comme la culture républicaine s'est imposée. Elle introduit au contraire unedéhiérarchisation du pouvoir politique, porte des valeurs telles que la diversité, la créativité, la
participation, le pluralisme, et ne repose pas sur un ordre fixe, descendant, régi par paliers administratifs. 79La ville durable: état des lieux en Europe et prospective
(2) L'économie globale fonctionne par réseaux souples en évolution constante. II est difficile
d'agir globalement sur un réseau. En revanche, il est possible d'agir localement car le réseau est le
produit de l'interaction globale de ses composants locaux. Le développement, les modes deconsommation, les pratiques et comportements se jouent aussi à l'échelle locale, et il existe là des
marges de manoeuvre. Il semble difficile de réorienter l'économie mondiale globalement sansgénérer des situations de grande instabilité, mais l'économie peut évoluer si les gestes quotidiens
changent, si une infinité de petites impulsions traduit le refus de consommations qui détruisent
l'environnement, l'équité sociale et comportent trop de risques vis-à-vis des générations futures.
L'action locale modifie insensiblement une situation globale, mais sensiblement si elle est répétée
(exemple de la consommation de produits de l'agriculture biologique). Elle a aussi une valeur d'exemplarité et d'entraînement. Enfin, il paraît plus raisonnable d'agir en direction du consommateur, de la demande, plutôt qu'en direction de l'entreprise, de l'offre, car on peut imposer une norme à une entreprise mais difficilement lui insuffler l'esprit du développement durable. La norme est contournable, la demande est incontournable. L'attitude desconsommateurs est susceptible d'évoluer, à supposer que de réelles campagnes de sensibilisation
et d'information soient mises en oeuvre, tandis que celle des entreprises est soumise à un certain
type de concurrence. La pression de la demande est peut-être plus efficace que celle des pouvoirs publics, dans ce cas. (3) Le développement durable est d'autre part trop complexe pour pouvoir être appliquéglobalement et il ne peut être déterritorialisé161Ce développement considère en effet le contexte
géographique, culturel, qu'il valorise et auquel il s'adapte. II s'applique dans un premier temps à
l'échelon local et régional, avec une vision globale, avant de gagner éventuellement d'autres
lieux, d'autres échelles. Si le développement durable est un horizon global, sa mise en oeuvre est
locale, car elle respecte les différentes cultures, les spécificités et la diversité locale. On peut se
doter d'objectifs de développement durable à tous les échelons mais la réalisation de ces objectifs
est modulée, réorientée, réinterprétée par les niveaux sous-jacents. Un développement durable
peut être mis en oeuvre globalement au terme de démarches ascendantes, diversifiées.161Sauf pour des questions très ciblées.
80PartieII. Un modèle émergent: la ville durable
(4) Le développement durable est principalement à nos yeux une démarche éthique. Il ne s'agit
pas de développer un savoir, une technique, mais bien une vision du monde, qui, si elle n'est paspartagée par les habitants, a peu d'avenir. L'Etat peut imposer quelques normes, à bon droit. Mais
quelques normes ne font pas le développement durable. Le développement durable a besoin duconcours de tous, car il affirme des valeurs, une éthique qui doivent être librement consenties.
(5) La hiérarchisation entre local et global, micro et macro, est en train de s'estomper, ou du moins est remise en question dans certaines branches des sciences contemporaines. Descorrélations peuvent apparaître entre local et global. Nous allons développer ce dernier point.
Une déhiérarchisation s'opère lorsqu'une symétrie est retrouvée dans le regard que l'on porte sur
l'échelle des grandeurs: si la complexification d'un système, la formation de niveaux supérieurs
(communautés, nations, monde), conduit à l'émergence de caractères nouveaux, qui ne peuvent
être expliqués par les composants de niveaux inférieurs, symétriquement, des caractères
nouveaux apparaissent dans les niveaux inférieurs, qui ne peuvent être expliqués par le niveau
supérieur. C'est à notre avis la signification de la diversité. Il existe à la fois des continuum entre
micro et macro, local et global, et certains degrés d'autonomie aussi bien au niveau global qu'au niveau local.La diversité n'apparaît que lorsqu'il y a une unité, un référent unitaire. Le système fonctionnalise
les composants des niveaux inférieurs, les diversifie en fonction d'une logique, la sienne. Maisles éléments des niveaux inférieurs fluctuent et tendent à se diversifier aussi par eux-mêmes.
L'individu, par exemple, est pris dans une culture, sa matrice, mais il résiste à cette culture, soit
tout seul (on parle alors d'une inadaptation), soit en groupe, en réseau. Sa sensibilité en propre ne
tolère pas toujours l'imposition d'un ordre culturel, de normes, même si elle les a pour une grande
part intégrées. C'est grâce à l'existence d'un décalage, de fluctuations, que le devenir culturel,
sociétal, est possible. La culture est le produit de ces interactions permanentes, tout comme l'individu, qui évolue en regard de son environnement physique et culturel, dans ce dialogue. Des changements s'opèrent en continu, mais des changements globaux, visibles, n'adviennent que lorsque les fluctuations, les décalages entre l'ordre sociétal et les individus se multiplientsignificativement, entrent en résonance d'une certaine façon. Les normes et l'ordre sociétal se
recomposent alors. Si le niveau sociétal résiste à ces fluctuations et qu'elles deviennent très
importantes, on est en présence d'une révolution: on observe à cet instant une non distinction
entre individu et société, micro et macro, caractérisant par ailleurs les structures physiques très
81La ville durable: état des lieux en Europe et prospective instables, selon Prigogine162. Lorsque le niveau sociétal s'adapte, des évolutions adviennent.
L'état d'équilibre, souligne Prigogine, est dans l'ordre physique celui où les corrélations micro
-macro sont nulles. Mais cet état est une exception. On découvre dans l'ordre physique un certain continuum entre les deux paliers, micro et macro,que l'on observe aussi dans l'ordre humain, entre individu et société. La grande souplesse, par
exemple, de l'économie actuelle, faite de réseaux en reconfiguration permanente, vient de ce continuum. L'individu est relié par mille et un trajets au collectif. Par ses consommations, sesproductions, les réseaux dans lesquels il se situe, il nourrit ce collectif, il est ce collectif, si l'on
veut. Nous avons vu aussi qu'il y résiste, au sein de collectifs plus petits.Travailler à un développement durable à l'échelon local ne signifie pas que l'on travaille
uniquement pour l'échelon local, ce qui n'a plus trop de sens à l'heure actuelle. Le local donne
accès au global. L'individu est pris dans des réseaux, le local est inséré dans le global. Les
interactions entre les deux niveaux sont fortes, même si de nombreux relais et résonances sontnécessaires pour passer de l'un à l'autre, pour qu'une innovation locale, par exemple, "perce" à
l'échelon global, c'est-à-dire qu'elle parvienne à recomposer autour d'elle un réseau qui la porte.
Certaines innovations ne percent jamais, d'autres sont fulgurantes parce qu'elles arrivent à relier
et à donner une cohérence à une série d'innovations éparses, en elles-mêmes trop fragmentaires.
Il existe donc des effets de confluence, comme le souligne Michel Serres, ou de "congruence". Ledéveloppement durable met à notre avis en cohérence une série de préoccupations, de visions du
monde, de valeurs nouvelles. Est-il trop précoce? La réponse à cette question ne dispense pas d'y
travailler. Les hiérarchies, l'organisation par paliers sont en décalage avec le fonctionnement actuel du monde humain, qui innove, crée, par ses limbes et réseaux: économie, monde scientifique,réseaux d'échanges informatiques, etc. Les pouvoirs publics sont appelés à déhiérarchiser leurs
modes d'organisation s'ils veulent être plus efficaces, plus adaptés à notre société, plus puissants
aussi. Une vision hiérarchisée du monde, par niveaux, par assiettes, devient impuissante face aux
réseaux qui contournent ces hiérarchies. Les réseaux produisent bien sûr d'autres hiérarchies, des
gradients entre les noeuds de réseaux et les zones d'exclusion, et ne constituent pas une organisation modèle. Ils sont simplement très efficaces.1621.Prigogine, I. Stengers, 1979. La nouvelle alliance. Gallimard.
82Partie II. Un modèle émergent: la ville durable
IIest sûrement possible à la fois d'assouplir notre organisation sociétale et de veiller à ce qu'elle
n'exclue personne, en utilisant de concert différents types d'organisation: la redistribution deproximité163,et non seulement la redistribution "par le haut", hiérarchique, le développement des
potentiels locaux, d'économies territorialisées en réseaux164,et non seulement la redistribution,
enfin, l'articulation entre les différents territoires et réseaux. C'est ce que nous tentons de
proposer dans la partie finale de cette recherche, en défendant un développement "topologique".
L'Etat, et l'Europe, peuvent encourager le développement en propre des zones exclues del'économie de marché, afin que chaque territoire soit le lieu d'un développement économique,
puis aider à la connexion des différentes économies et des différents territoires.Le souci actuel de subsidiarité, en politique, qui tend lentement à se substituer à la délégation, à
créer des démarches ascendantes, symétriquement aux démarches descendantes, traduit un souci
de déhiérarchisation. La subsidiarité signifie que l'imposition d'un ordre n'est pas la meilleure
façon de gérer les sociétés, mais que lorsqu'un certain ordre politique est assimilé par tous les
niveaux, le besoin se fait sentir 'de recréer des espaces où puisse jouer la diversité, la créativité,
l'hétérogénéisation, capables de faire évoluer la société, qui sinon se sclérose. Les cultures se
construisent dans cette tension permanente, entre unification et diversification.L'émergence de caractères nouveaux n'est donc pas seulement le fruit du passage à un niveau de
complexité supérieure, elle résulte aussi des processus de différenciation par rapport à l'ordre
global, elle résulte des perturbations en quelque sorte. On retrouve l'importance du "petit", dulocal, de la diversité. La diversité, comme l'intégration, est la condition d'émergence de caractères
nouveaux, la condition d'un renouvellement, de l'évolution du système dans le temps. Pour garder
l'avenir ouvert, ne pas le surdéterminer, ne pas générer des impasses pour l'homme, une diversité
culturelle et naturelle doit être maintenue. La possibilité d'évolution, de résilience, de durabilité,
est fonction de cette diversité. La diversité qui s'exprime à l'échelon local est un capital pour
l'avenir de la société humaine, ou de la planète.Une réelle déhiérarchisation s'opère ainsi dans notre vision du monde, entre grand et petit, entre
local et global. L'unité ne peut se maintenir que grâce à la diversité, et vice-versa. Si les éléments
divers perdent le lien avec leur unité, on assiste à des phénomènes de désintégration, que l'on
nomme guerres civiles, ethniques, religieuses, à l'échelle des sociétés, mort, à l'échelle du vivant,
163Par une refonte des communes, par l'élargissement de l'agglomération à la région urbaine et par une redistribution
financière entre régions urbaines et arrière-pays. 83La ville durable: état des lieux en Europe et prospective
décomposition, à l'échelle des molécules ou radioactivité à celle de l'atome. Le lien global et la
fluctuation locale sont donc également importantes, ce que souligne Michel Serres dans différents ouvrages.Dans certains cas précis, les courts-circuits entre local et global peuvent être fulgurants, quasi
immédiats, au point qu'on ne peut plus différencier un ordre local et un ordre global. Lesmathématiques du chaos, qui reposent sur l'idée d'hypersensibilité aux conditions initiales, nous
expliquent ainsi, par une image, que le battement d'aile d'un papillon peut provoquer un cyclone dans l'autre hémisphère. Des auteurs tels que Prigogine ont tenté une entreprise dedéhiérarchisation des causalités, en montrant par exemple qu'il n'est pas toujours possible de
distinguer micro et macro pour les systèmes loin de l'équilibre (météorologie, cerveau, etc.)16s
De manière plus générale, lorsque les relations verticales entre les différents niveaux hiérarchiques sont bidirectionnelles et aussi nombreuses que les relations horizontales, àl'intérieur de ces niveaux, on peut douter de la pertinence de la notion de hiérarchie, et s'inquiéter
de son potentiel d'inertie. Les organisations par niveaux sont un fait. Les lire en termes dehiérarchie, alors même que la connaissance des interactions progresse, serait plutôt une tentative
de légitimation du pouvoir et de son attachement à un certain ordre qu'un décryptage de la réalité166Une certaine pensée contemporaine remet en question à la fois la notion dedéterminisme linéaire et la notion de hiérarchie, deux outils ou deux grilles de lecture de la
réalité trop simplifiantes167La question du déterminisme est celle du "qu'est-ce qui commandé?". Elle est dépassée à l'heure
actuelle par la découverte que tout commande et rétroagit, le grand, le petit, l'esprit, la matière,
non pas indistinctement, mais selon des interactions complexes. Elargir la "commande esprit" est sans doute une noble tâche pour l'homme et cette ambition a alimenté la hiérarchie et ladémarcation qu'il a établi entre le corps et l'esprit, lui-même et le monde. Les arbitrages sont en
effet nécessaires dans les sociétés humaines. Mais doivent-ils reposer pour autant sur une vision
simplifiée du monde? Les hiérarchies ou les priorités que nous établissons dans la conduite de
164Qui favorisent les échanges d'informations, de personnes, et non de biens matériels, ce qui permet de ne pas
délocaliser l'emploi.165I. Prigogine, I. Stengers, 1979. La nouvelle alliance, op. cité.166On peut penser que la hiérarchisation des niveaux physiques est issue des rapports de pouvoir qui structurent les
sociétés et qui se sont simultanément exprimés dans l'ordre des choses, dans la "nature même", selon l'idée de Michel
Foucault.
167Voir par exemple F. Varela, E. Thomson, E. Rosch, 1993, Imbodied mind, traduit par L'inscription corporelle de
l'ers frit, Seuil, 377 p. 84Partie II. Un modèle émergent: la ville durable
notre vie et au sein de notre culture doivent-elles nécessairement être "objectivées" dans les
choses? Et légitimer leur soumission totale168? D'autant que l'esprit ne s'élargit que lorsqu'il se
connecte au monde...Les contradictions relevées ici ou là entre la durabilité locale et globale relèvent d'un modèle
épistémologique, organisationnel, où les niveaux sont trop étanches, et résistent mal à nos yeux à
l'analyse. Nous avons par exemple montré comment les politiques globales de développement durable en milieu urbain impliquent une revalorisation du patrimoine local, naturel et culturel,des écosystèmes locaux, du rôle et de la participation des habitants et acteurs de la ville169
Développement local et global sont couplés, se construisent mutuellement dans une acceptionécologique, bien que chacun ait un degré d'autonomie. Des actions "à double dividende", local et
global, peuvent être entreprises. Des actions multiscalaires peuvent être conduites localement,
comme le souligne d'ailleurs le rapport européen sur les villes durables.Les contradictions ne se jouent pas entre les intérêts locaux et globaux, mais entre les intérêts de
ceux qui défendent un modèle de développement durable, quelle que soit l'échelle où ils se
situent, et ceux qui défendent le modèle économique actuel, ou bien d'autres alternatives.L'arbitrage qui demande à être réalisé met en face à face non pas la préservation de la planète et
le sacrifice des intérêts individuels, mais la globalisation économique, dont on peut se demander
combien d'intérêts individuels elle sacrifie, et un autre type de globalisation, écologique et
sociale, qui tente de refonder un intérêt collectif.Dans une démarche de développement durable, les conséquences' d'aine action, d'une politique,
sont considérées à toutes les échelles et selon différents critères (écologiques, sociaux,
économiques, culturels), en fonction des connaissances disponibles. L'interaction local-global est
un souci central du développement durable et commande une de ses principales propositions:cesser d'exporter les problèmes et les coûts de notre développement sur d'autres générations,
d'autres pays, d'autres populations, d'autres écosystèmes, d'autres échelles d'espace et de temps.
Toute action locale a des incidences à différentes échelles, mais on peut tenter de faire en sorte
que ces incidences ne soient pas négatives pour les niveaux en question: c'est l'ambition d'unegestion globale du développement humain, de son ou de ses économies, cherchant à infléchir ses
choix en fonction de l'état delaplanète, de l'état des différentes sociétés et individus.
168"Plus est abaissée la nature, plus se trouve glorifié celui qui y échappe",I. Prigogine, I. Stengers, 1979. La
nouvelle alliance, op. cité. 85La ville durable: état des lieux en Europe et prospective
Un modèle utopique?
IIest important de souligner que le développement durable ne cherche pas un point d'équilibre,une situation idéale et illusoire, mais plutôt une orientation, une vision capable de mettre en
cohérence et d'intégrer les différentes politiques publiques. IIdonne un sens au développement
des collectivités, quelles que soient leurs tailles, en réaffirmant des enjeux éthiques. Lapréservation de la planète n'est pas un objectif scientifique, comme les développements de la
science l'ont prouvé, mais un objectif éthique. Un modèle urbain se constitue actuellement au
nom du développement durable, que l'on peut nommer "modèle" à cause de sa cohérence, de sa
lisibilité, mais qui reste très souple, pragmatique, expérimental, contextuel, un modèle par
définition toujours inachevé, vers lequel on peut tendre. Ce modèle est un horizon et fait du lieu,
du contexte, son point de référence, d'ancrage, d'intérêt, à la différence des modèles u-topiques,
décontextualisés. Comment nommer utopique la réflexion qui part de l'existant et réclame une attention vigilante au local, au topos, aux habitants des lieux? Comme l'indique l'ouvrage de l'OCDE consacré au développement urbain durable:"l'option qui consisterait à construire des villes entièrement nouvelles pour répondre aux besoins sociaux et environnementaux futurs des individus esttotalement exclue"170.Les écotopies, écocités caractérisent davantage les débuts de l'écologie que
le développement durable, plus mature. II ne s'agit pas à l'autre extrême de figer le temps, de
conserver la ville telle qu'elle est, car la ville actuelle n'est pas durable et il convient au contraire
de la transformer. Un modèle de ville durable s'appuie sur l'existant et tente d'ouvrir les politiques urbaines aux dimensions globales et à long terme du développement. Cette double ouverture, au temps et à l'espace, n'est ni utopique ni uchronique puisque la globalisation et les changements globaux sontdéjà en marche, et que le projet des villes durables tente précisément de prendre en compte les
multiples dimensions du temps et de l'espace. En revanche, la volonté de maîtriser ceschangements, de réorienter l'économie, d'affirmer une éthique, peut être considérée comme
utopique: dans ce cas tout projet politique est utopique, dès lors qu'il s'écarte de l'économie
169C. Emelianoff, 1994.L'émergence de nouvelles temporalités dans de vieux espaces urbains,Ecologie politique
n° 13, pp 37-58.10OCDE, 1996, op. cité.
86Partie II. Un modèle émergent: la ville durable
néolibérale. Le mot utopie est souvent utilisé de nos jours pour disqualifier une démarche qui
gêne certains intérêts plutôt que pour qualifier le contenu d'une proposition171Ecarter les irréversibilités dangereuses pour l'homme, préserver les ressources planétaires afin de
maintenir l'avenir ouvert, renforcer les capacités d'adaptation des milieux urbains, comme le préconise l'OCDE après d'autres pays (l'Australie notamment), ne constituent pas un projet utopique. L'intégration de la gestion du long terme dans une époque caractérisée par des mutations très rapides, des innovations technologiques quotidiennes, n'est pas plus paradoxaleque la prise en compte du développement local dans un contexte de mondialisation accélérée. On
peut même penser que ces prises de conscience surviennent comme des garde-fous, des repèresspatio-temporels destinés à encadrer et maîtriser les mutations technologiques et économiques.
Les difficultés que génèrent ces nouvelles bornes ne peuvent être confondues avec des paradoxes.
Autrefois, la longue durée, les inerties et les lieux commandaient les rapports humains.Aujourd'hui, la mondialisation et le très court terme les déterminent. Le développement durable
profile des lieux globaux, des lieux ayant intégré une gestion écologique du globe, et un développement humain couplé au devenir terrestre, à ses temporalités.Un modèle normatif?
Si le modèle n'est pas utopique, doit-il être normatif, contraignant? On peut aussi renverser la
question et demander: le développement durable permet-il de se libérer de certaines contraintes?
Lesquelles? Quelques contraintes fortes semblent gouverner actuellement la vie urbaine, sans compter le chômage et la captivité des populations inactives:(1) la mobilité subie: en sus des heures perdues dans les transports pendulaires, la fatigue et le
stress occasionnés par ces trajets, l'accroissement des distances domicile-travail172rend difficile
l'aménagement de l'espace, mité par le pavillonnaire, et coûte cher en infrastructures. Enproposant une planification fondée sur le rapprochement des lieux d'activités et d'habitat, les
politiques de développement durable souhaitent limiter les déplacements subis et laisser place à
une mobilité choisie.171Discussion développée dans C. Emelianoff, H. Regnauld, P. Lafon, 1997.Le délit d'utopie: la ville durable et la
bâtiment ministériel,Villes et Territoires, à paraître. 87La ville durable: état des lieux en Europe et prospective
(2) les déménagements contraints: en raison des fortes nuisances qui affectent les centres villes,
le bruit et la pollution atmosphérique en premier lieu, et de leur inadaptation aux besoins desenfants, les familles n'ont pas d'autre choix que de s'installer en milieu suburbain, lorsqu'elles le
peuvent. La ville n'est adaptée ni aux enfants, ni aux personnes fragiles (agressions multiples), ni
aux piétons. Une politique de développement durable travaille à offrir une qualité de vie
comparable dans les centres villes et à leurs périphéries, même si ces deux espaces gardent des
caractéristiques différentes. La mobilité résidentielle doit être l'objet d'un choix, tout comme la
mobilité quotidienne. (3) la consommation passive: la consommation urbaine qui correspond aux effets de mode, à l'affichage social, à l'attrait pour le changement est une consommation aveugle en raison de laméconnaissance des coûts environnementaux et sociaux des produits consommés. II n'est guère
réaliste de demander aux consommateurs une attitude de responsabilité individuelle lorsque lesmédias, les journaux d'informations télévisés, affichent une publicité sans relâche pour l'achat de
voitures, par exemple, en présentant les nouveaux prototypes et les symboles qu'ils véhiculent.
La désinformation sur les conditions de fabrication des produits, sur leurs incidences écologiques
et sociales, leurs possibilités de recyclage, est manifeste. Le développement durable demande un
type de consommation éclairé, conscient, averti des tenants et des aboutissants de ses choix, en
un mot, responsable. Il est difficile d'affirmer que les modes de consommation actuels ne sont pas normatifs, quel'économie de marché ne repose pas sur une normalisation des comportements. La diversité des
produits consommés ne tient pas lieu de diversité comportementale. La question initiale, visant à
examiner le normativité d'uni modèle de développement durable s'est donc déplacée. La question
est plutôt de savoir si le développement durable substitue certaines normes à d'autres et s'il est
plus normatif que le développement économique actuel. II paraît impossible de nier que la durabilité introduise de nouvelles normes. Ces normes sontdes limites, des seuils à ne pas franchir, pour éviter des dégradations écologiques et sociales, ou
des risques majeurs: il existe des limites d'utilisation des ressources, correspondant à la possibilité de leur renouvellement, des limites de destruction des milieux et des espèces,172M-H. Massot, J-P. Orfeuil,1995. La mobilité, une alternative à la densification du centre. Les relations
88Partie II. Un modèle émergent: la ville durable
susceptible de menacer les écosystèmes terrestres et d'entamer le capital transmis aux générations
futures, des limites de capacités de charge et de rejets polluants, visant à éviter la saturation des
milieux, portant atteinte à notre santé, des limites au non partage des ressources, si l'on souhaite
endiguer la pauvreté et l'exclusion au Nord et au Sud, des limites au pouvoir sans partage desgouvernements centraux ou des puissances économiques transnationales, des limites à la violence
sous ses très nombreuses manifestations.A l'intérieur de ces limites, le développement durable défend l'idée d'une grande diversité de
solutions, d'une pluralité d'approches, l'essentiel étant que les politiques soient choisies et mises
en oeuvre avec la participation des populations locales, une condition de leur réussite. Unecomparaison avec la situation actuelle, en termes de normes, diagnostiquerait une perte de liberté
dans le domaine de la consommation, sur la base de restrictions volontaires, internalisées,éthiques, et un gain très net de liberté dans le domaine politique. Les citadins auraient le pouvoir
d'orienter le développement de leur ville et perdraient la liberté de consommer aveuglément. Il y
a donc bien substitution de normes, les normes écologiques remplaçant les normes économiques.
Le modèle n'est à notre avis ni plus ni moins normatif que le modèle actuel mais les normes sont
désormais visibles, elles ne se dissimulent pas derrière la liberté de consommation.Qu'entend-on par norme et par liberté? La liberté de circulation ou la liberté de conduire sa vie en
fonction de choix propres et d'une réflexion mûrie? La norme la plus dangereuse, sur un plandémocratique, est-elle celle qui s'expose clairement comme une règle de conduite destinée à
protéger un intérêt collectif, et à être débattue publiquement, ou bien celle qui s'introduit par
mille et un canaux, produits, médias, tous chargés du même message ("consommez-moi") et du même fard ("je vous plais"), une norme séduisante, sachant se faire oublier? Que dire de laliberté de consommation? Il est par ailleurs très révélateur que l'on décrive souvent le
développement durable comme un "effet de mode", comme si toute innovation, toute alternative n'était actuellement qu'un effet de mode...Les approches de développement durable cherchent principalement à convaincre, à être relayées.
Les méthodes participatives ont un effet d'entraînement. Une réglementation non comprise suscite au contraire des blocages et des inerties. La réglementation est un instrumentd'accompagnement mais reste en elle-même un outil fragile et partiel. Si des réglementations sont
domicile-travail,Les Annales de la recherche urbaine n° 67, pp 22-31. 89La ville durable: état des lieux en Europe et prospective
mises en place dans un milieu d'accueil hostile, elles sont contestées et contournées. E importe
d'abord de créer les conditions d'accueil, d'acceptation, de compréhension des nouvelles normes.
Dans ces conditions, les normes résultent de choix collectifs, de principes éthiques, qui ne sont
pas improbables puisque certaines avancées ont déjà été réalisées dans ce sens. Il est important de se demander aussi comment se décide la réglementation. Dans le domaine des nitrates, par exemple, les grands groupes de distribution et de traitement des eaux sont présentsdans les comités qui fixent les normes. En fonction des technologies disponibles, de l'opportunité
de les lancer sur le marché, des seuils limites de nitrates sont déterminés pour les eaux potables.
Les normes, dans ce cas, sont élaborées en fonction des stratégies d'entreprises, du marché de la
dénitrification173, lorsque les incertitudes scientifiques sont par ailleurs trop grandes pour fixer un
seuil de nocivité.Les normes sont souvent liées aux écotechnologies: elles les anticipent et elles les encouragent.
Elles sont déjà la traduction, le résultat d'une prise de conscience et un des moyens de l'exprimer.
Certains pays qui ont pu mettre en place une réglementation écologique sévère sont parmi ceux
qui avaient le plus détruit leur environnement (Pays-Bas, Danemark, Allemagne). L'adoption denormes n'est pas forcément un gage de sérieux écologique. En revanche, la formation, l'adoption
d'une culture écologique par les populations crée une demande qui ne peut être contournée.
Cette évolution est amorcée dans certains pays. La constitution du territoire européen peutfavoriser sa diffusion, mais on ne sait pas à quelle vitesse. Les délais de l'action politique en
matière d'environnement se comptent jusqu'ici en décennies, souligne Jacques Theys174. Or ledéveloppement urbain durable est une notion récente, donnant déjà lieu à une réflexion
structurée, mais qui ne connaît pas de relais politique important à ce jour. Le développement urbain durable constitue encore un corps de réflexions et de pratiques émergentes, parallèle aux politiques de la ville. Nous nous proposons de relater d'abord sonhistoire, de rechercher ses racines, d'examiner ses premières propositions, avant de présenter dans
un second temps les expériences réalisées en son nom et les réflexions qu'elles suscitent.
173C. Emelianoff, 1996,Nitrazur,in:Lyonnaise des Eaux-Dumez. Une entreprise face à ses innovations: politique,
technique, environnement. Partie II, Centre de Sociologie de l'Innovation, Ecole Nationale Supérieure des Mines de
Paris, pp 105-136.
174Mai 1997.Entre "gouvernance" et "ingouvernabilité". Quelle forme de "gouvernement" pour les changements
globaux?,36p. 90Partie II. Un modèle émergent: la ville durable
1. De la ville écologique à la ville durable
Le développement urbain durable reprend une partie des thèmes abordés par l'écologie urbaine. Il
s'enracine dans l'écologie urbaine, mais ses propositions vont au-delà de cette première approche,
abordent plus franchement le champ culturel et humain, tout en affirmant un changementd'échelles dans la portée des problèmes écologiques. La notion de développement durable se
positionne d'emblée dans le champ sociétal, et ouvre sur la dimension planétaire et prospective
des problèmes urbains. "L'impératif écologique" peut céder la place à un art de vivre écologique,
le mouvement protestataire, à la prise de conscience généralisée que nos modes dedéveloppement doivent être infléchis s'ils prétendent bénéficier à une longue postérité'7s
1. 1. Les apports de l'écologie urbaine: pratiques immémoriales et récentes.
On ne saurait confondre, à notre avis, le nom d'écologie urbaine, tardif, avec le contenu, lapratique, fort ancienne. L'écologie urbaine est une science qui s'est institutionnalisée à partir des
années 30, désignant d'abord une recherche d'ordre sociologique avant d'acquérir une dimension
proprement écologique dans les années cinquante. Mais son savoir pratique s'est constitué dès les
premières concentrations urbaines. Les premiers citadins ont. affronté des problèmes de pollutions hydriques, olfactives, sonores, puis des problèmes de circulation et de congestion,qu'ils ont partiellement résolus par des politiques municipales relevant de l'écologie urbaine. Les
villes ont longtemps été des mouroirs, les rues, des cloaques. Des politiques d'assainissement ont
été menées plus ou moins efficacement jusqu'à l'avènement de l'hygiénisme. Nous évoquerons
cette histoire avant d'aborder l'écologie comme vocable, ébauche d'une science et naissance d'une
politique plus systématique. Ces pratiques, propres à chaque culture et assez peu connues, nous
sont livrées surtout par les historiens et les géographes.L'écologie urbaine ne naît pas à partir du moment où on la nomme. Son histoire ne commence
pas avec l'école de Chicago, dans les années 1920. L'écologie urbaine de Chicago, qui associe
pour la première fois le mot écologie et le mot ville, est d'une toute autre nature que l'écologie
urbaine ancienne et contemporaine. Elle prend à l'écologie scientifique un nom, et, croit-elle, une
175Une prétention nommée "progrès"...
91La ville durable: état des lieux en Europe et prospective
méthode, pour habiller des pratiques et analyses sociologiques. Faire démarrer son histoire à ce
moment précis peut même la desservir car l'école de Chicago a établi des analogies fortcritiquables entre les écosystèmes naturels et urbains, la répartition des plantes dans l'espace et la
répartition des hommes dans la ville. Dans son prolongement, l'écologie urbaine scientifique aparfois transposé des modèles issus de l'écologie scientifique aux sociétés humaines, ce qui lui a
valu des critiques méritées. Nous avons donc tenu à écarter cette origine et à chercher, au-delà du
vocable, de la naissance du terme, son histoire.Il est nécessaire de remonter à notre avis aux premières cités pour trouver les rudiments d'une
écologie urbaine, pratiques qui s'affinent peu à peu lorsque la taille des villes grossit. Cet héritage
est souvent passé sous silence et fait partie des non-dit de l'écologie urbaine. La filiation avec
l'hygiénisme n'est pas davantage explicitée, peut-être parce que l'écologie se démarque de
l'hygiénisme par une approche moins anthropocentrique. La canalisation de la Seine, qui était par
exemple préconisée par les hygiénistes parisiens pour éviter la stagnation des eaux176, est
condamnée aujourd'hui par les écologistes en raison de l'érosion en aval et de l'amputation de la
biodiversité des berges. Ces dits et ces non-dit, ces silences et parfois ces malentendus s'expliquent par le fait que l'écologie urbaine n'est pas un domaine de connaissance et de recherche établi, disposant pourcela de trop peu de moyens. La sémantique n'est pas stabilisée, les débats portant sur le fait de
savoir si l'écologie urbaine est une science ou non, une discipline définie ou embryonnaire, une
politique réelle ou bien publicitaire. A la croisée des connaissances scientifiques, des évolutions
culturelles et des engagements politiques, l'écologie urbaine n'a pas présentement trouvé sa place,
ce qui lui interdit de construire son passe177.176B. Fortier, 1977. La maîtrise de l'eau. XVIII°s.
177Sur les flottements et les incertitudes du vocable, voir Christian Garnier, 1994,Ecologie urbaine ou
environnement urbain?, op.cité. 92Partie II. Un modèle émergent: la ville durable
L'écologie des anciens
D'après les sources dont nous disposons, les grecs avaient une conscience de la salubrité qui les a
conduit à défendre quelques principes d'urbanisme. Aristote, dans sa Politique178, préconise par
exemple une exposition des maisons au soleil et au vent, la différenciation des usages de l'eauselon sa provenance, l'alignement des rues sur le modèle du plan d'Hippodamos, la séparation de
la place publique, vouée à la vie politique, et de la place du marché, encombrée de détritus.
Hippocrate, Oribase et Vitruve, tour à tour, préfigurent l'architecture bioclimatique etl'hygiénisme en insistant sur l'adaptation des bâtiments aux climats locaux et sur la ventilation
des rues, fonction de leur orientation179. Pour résoudre les problèmes de déchets, les grecs
avaient mis en place un système municipal de collecte des déchets, par les "éboueurs", qui les
portaient à 10 stades des fortifications. Les villes romaines, qui connaîtront des concentrations humaines beaucoup plus élevées,prendront de nombreuses mesures pour épurer les milieux urbains. Les plus connues ont trait à la
gestion de l'eau. La qualité des eaux potables était assurée par le captage de l'eau en montagne,
acheminée jusqu'aux villes grâce à de longs aqueducs. A Rome, sous le règne de Nerva, les
réseaux deviennent séparatifs, l'eau captée à proximité, dans l'Anio, servant aux usages
quotidiens, l'eau de source étant réservée à la boisson180. La construction d'égouts -lescloacae-,
ouverts puis fermés, et de latrines publiques, le nettoyage, le pavage et la réparation des rues par
les services de la voirie assurent une relative hygiène publique.' L'hygiène corporelle est encouragée par la fréquentation des thermes, des nombreux jardins et promenades publiques,dont Vitruve disait qu'elles étaient d'une grande salubrité181. Ainsi, malgré le manque d'espace, la
pression foncière, la ceinture verte de la Rome antique ne sera pas entamée. Des mesures moins connues ont également régenté la circulation des charrettes, quioccasionnaient une forte congestion à Rome et qui furent interdites durant le jour à partir de la loi
de Jules César, dite"LexJuliaMunicipalis",en 45 avant JC. Du lever du soleil à la dixième heure, seuls les piétons avaient le droit de circuler dans les rues, ainsi que les chariotsmunicipaux transportant des matériaux de construction, décombres, déchets, et les chariots des
célébrations. La loi sera reprise et étendue par d'autres empereurs, comme Claude, qui interdit
178Livre VIII (IV), 10.
179L. Homo, 1971. Rome impériale et l'urbanisme dans l'antiquité, Alban Michel, 665 p.180L. Homo, 1971, op. cité, p 267.
93La ville durable: état des lieux en Europe et prospective
aux voyageurs la traversée des villes italiennes en charrette, Hadrien, qui ferme l'accès de Rome
aux voitures lourdement chargées, Marc Aurèle, qui défend de pénétrer en voiture ou à cheval en
ville182. Ces interdictions s'exerceront jusqu'à la fin de l'époque impériale mais souffriront de plus
en plus de dérogations. Cette politique de restriction de la circulation s'est accompagnée aussi
d'une séparation des circulations, avec la construction de voies réservées aux piétons, de
portiques et de trottoirs.La ville médiévale oubliera ces principes d'assainissement, notamment celui des égouts, peu ou
mal développés jusqu'à Haussmann, mais découvrira d'autres modes de gestion écologique,
analysés par André Guillerme183. Les cours d'eau qui entourent les villes, pour les besoinsénergétiques et hydriques de l'artisanat, recueillent les eaux usées et les épurent naturellementl8a
Les métiers du textile participent même à cette épuration: l'alun et le tartre utilisés comme
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