[PDF] La fête du mort - Érudit Parler de la façon





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VIGOR MORTlS: IMAGES DE LA MORT AU THÉÂTRE

Barthes la photographie est « un petit théâtre »



Théâtre et Représentation Lévolution du tragique ou le « théâtre de

I- Groupement de texte : Comment représenter la mort au théâtre ? Lectures analytiques : 1) Le récit de Théramène (Phèdre Racine). 2) La mort d'Hernani ( 



AMBIGUÏTÉS ET FONCTIONS DE LA MORT DANS LE THÉÂTRE

dramatique) esthétique (comment mettre en scène la mort ? Selon Sarasin87



Anna Rosensweig

undergraduates in Professor Juliette Cherbuliez's course Le Théâtre Garnier” Présence et Force de la Multitude: Comment Représenter les Mouvements de.



Aspects De La Mort Dans Le Theatre De Camus Tardieu

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I/ LE THEATRE GREC 1) SES ORIGINES Les représentations

tolère aucune opposition ; cela le poussera à condamner à mort sa propre nièce. Pour représenter leurs pièces de théâtre les Grecs construisent des ...



Le Roi se meurt Eugene Ionesco DOSSIER PEDAGOGIQUE

Representer la mort . Les figures de la mort au theatre . ... place que chaque citoyen a dans la cité et comment le théâtre nous interroge.



I. Introduction Est-ce que la mort a un sens si c´est justement en elle

mort existe mais on ne sait pas ce qu´elle représente dans la réalité. essayer saisir comment se présente la mort dans la pièce de théâtre d´Ionesco.



La fête du mort - Érudit

Parler de la façon dont je parle de la mort au théâtre D’emblée j’af?rme – j’ose – oh moi la mort je m’arrange plutôt bien avec elle Elle ne me pose pas de problèmes Pas de problèmes majeurs La mort La «» comme on disparition dit Oui la vie est un deuil permanent Naître c’est commencer à mourir Grandir



Cours : Les représentations de la mort dans le théâtre

50 DOSSIER: REPRÉSENTER LA MORT JEU 152 T out commence par un appel de Marie-Pierre Poirier du Théâtre L’instant Elle veut me rencontrer pour me parler d’un projet Avec le metteur en scène André-Marie Coudou elle souhaite créer un spectacle sur le deuil Elle cherche un auteur que le sujet pourrait intéresser Je ne



Séquence sur le théâtre: « Je vais mourir puisque mon fils

1 Après avoir vu la scène du ?lm observé la gravure et lu l’extrait proposé décrivez le public de l’Hôtel de Bourgogne et précisez à quelles catégories sociales les spectateurs appartiennent ; qu’en déduisez-vous sur le public qui se rend au théâtre au XVIIème siècle ? 2

Qu'est-ce que la mort dans le théâtre contemporain ?

La principale nouveauté de la représentation de la mort dans le théâtre contemporain est l’eexpression directe du rapport entre mort et communauté. La mort peut être le fait de la société, dans le cas des guerres ou de la décomposition d’une collectivité. Elle relève également d’un refus du monde.

Pourquoi le théâtre met en scène la mort ?

Ensuite, nous montrerons que le théâtre met en scène la mort pour exprimer un traumatisme tant historique que métaphysique. Enfin, nous verrons que la représentation de la mort dans le théâtre contemporain peut exprimer un malaise social.

Est-ce que la mort au théâtre est coupée de la mort réelle ?

Jean Genet a d’ailleurs théorisé l’idée que la mort au théâtre n’est jamais coupée de la mort réelle : « Dans les villes actuelles, le seul lieu – hélas encore vers la périphérie – où un théâtre pourrait être construit, c’est le cimetière. […]

Pourquoi l’effacement de la frontière sépare le théâtre de la réalité ?

L’effacement de la frontière qui sépare le théâtre de la réalité donne d’autant plus de poids à la représentation dramaturgique de la mort : il ne s’agit pas d’une simple représentation, au sens d’une figuration imaginaire, mais de la manifestation de la possibilité réelle de tuer et de mourir.

Tous droits r€serv€s Cahiers de th€'tre Jeu inc., 2014 (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. Universit€ Laval, and the Universit€ du Qu€bec " Montr€al. Its mission is to promote and disseminate research.

Number 152 (3), 2014Repr€senter la mortURI: https://id.erudit.org/iderudit/72619acSee table of contentsPublisher(s)Cahiers de th€'tre Jeu inc.ISSN0382-0335 (print)1923-2578 (digital)Explore this journalCite this articleLavalou, D. (2014). La f...te du mort. Jeu, (152), 26†30.

26 |DOSSIER: REPRÉSENTER LA MORT JEU 152

La mort.

Parler de la mort.

Parler de la mort

au théâtre.

Parler de la façon

dont je parle de la mort au théâtre.D"emblée, j"affirme - j"ose - oh, moi, la mort, je m"arrange plutôt bien avec elle. Elle ne me pose pas de problèmes. Pas de problèmes majeurs.

La mort. La "

disparition », comme on dit. Oui, la vie est un deuil permanent.

Naître, c"est commencer à mourir. Grandir,

c"est abandonner. Vieillir, un perpétuel renoncement. La mort, la mienne et celle des autres, je m"y habitue lentement. À force de

Dans une lettre à

son ami Ralf Waldo

Emerson, Henry David

Thoreau affirme :

" La mort est un phénomène humain.

La Nature ne la

reconnaît pas.

Autant prendre le

deuil pour chaque feuille desséchée. »

Mais quand, un jour,

dans une salle de répétition...

Denis Lavalou

JEU 152 DOSSIER: REPRÉSENTER LA MORT |27

voir mourir, quelque chose se dépose. Je n"ai pas peur. La mort me rassure plus souvent qu"elle ne m"effraie. Elle nous impose l"éphémère, nous rappelle le peu de poids de nos oeuvres terrestres. Garante des limites de notre endurance, elle est là pour nous éviter l"insupportable. Elle me donne confiance.

Me permet d"avancer - car c"est vers cela que

j"avance et vers la pleine liberté.Voilà, c"est dit, c"est écrit et, maintenant, je réfléchis. J"y regarde de plus près, entreprends un bilan, établis le constat suivant : depuis que j"ai appris à lire, à

étudier, à penser, depuis que je fais du théâtre - ou, plus exactement, depuis que le théâtre m"a interpellé, happé, mordu pour ne pas me lâcher -, depuis que je joue, que je mets en scène et que je produis, depuis que j"écris et, finalement, depuis que je respire, je ne parle

que de ça, la mort.Au théâtre comme dans la vie, je tourne autour, je m"approche, je sonde le terrain. Je ne l"ai jamais abordée de front. Je n"ai jamais mis la mort en scène. Enfin, presque... Étrangement, ce qu"il y a derrière la porte ne m"intéresse pas vraiment. La mort est-elle représentable ? Je crois que non. Je crois que

si on la représente, on ne peut que jouer à la représenter, reconnaître la nécessité de l"artifice théâtral et le souligner, grandement, comme chez Castellucci, par exemple. En fait, j"aurais envie de dire qu"il n"est pas vraiment nécessaire de représenter la mort au théâtre, car ce n"est pas la mort qui est intéressante, c"est ce qu"elle provoque et induit. C"est aussi et surtout explorer les morts multiples qui font nos vies, que sont nos vies, plus que celle qui nous soustraira à l"existence. Celle-là, j"ai l"impression que je la connais déjà. Je suis né d"elle. Et puis soudain, la voilà qui s"amène au coeur des répétitions, au coeur d"un processus de création, au coeur du coeur de tous et de chacun. Entre la répétition du samedi

14 décembre 2013 au matin et celle du

lundi 16 en après-midi, il y a le dimanche

15 décembre. Entre la répétition du samedi

et la répétition du lundi, nous perdons défi- nitivement un des interprètes du spectacle. " L"homme de théâtre d"origine française

Denis Gravereaux est mort subitement

dimanche après-midi d"un arrêt cardiaque 1

1. Jean Siag, La Presse, publié sur Internet le 15 décembre 2013 à

22 h 21.

Denis Gravereaux et Marie-Josée Gauthier dans

Roche, papier, ciseaux

de Daniel Keene, mis en scène par Denis Lavalou (Théâtre Complice,

2005). ©

R obert Etcheverry La f

êtedu mort

28 |DOSSIER: REPRÉSENTER LA MORT JEU 152

Le processus de création du

Souffleur de

verre devient alors celui de l"expérience concrète de la mort. Le lendemain du décès de Denis Gravereaux, stupeur et chagrin face

à cet impensable départ. Tout ce que nous

pouvons faire, c"est nous réunir, comme prévu. Impossible de travailler, bien sûr, impossible même d"envisager une suite à notre travail. Mais totalement nécessaire d"être et de demeurer ensemble. Pour parler et ne rien dire, pour prier sans prière et sans dogme, tenter d"accepter l"inacceptable, et, pour ma part, reconnaître après l"avoir laissé jaillir de tous bords tous côtés, une forme d"indécence désagréable dans mon chagrin.

Je ne crois pas en l"au-delà, je ne crois

pas à une vie autre après la mort. Je crois seulement que rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme , et je découvre que la formule, si elle appartient au père de la chimie moderne, Lavoisier, vient en réalité du philosophe grec Anaxagore, dont la formulation est plus précise encore : " Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau.

» Bien. Mais comment va-t-on

" transformer » notre chagrin ? Que va-t-on " combiner » pour que le spectacle soit ?

Spontanément émerge le besoin d"un rituel.

Une chandelle allumée, une mauvaise photo

découpée dans un journal, accrochée à une carte postale qui va faire office de présentoir des mois durant. Une offrande, un objet, du feu et, dès le lundi soir, nous reprenons le travail, car il ne faut pas chercher bien loin pour entendre Denis gueuler qu"il n"est pas question d"abandonner. Que ce serait indigne, minable, et pas reconnaissant pour lui. "

Il vous reste trois semaines. C"est

faisable. J"ai vu pire. Quelqu"un doit pouvoir faire ça.

» Voilà donc que si le corps manque,

l"esprit tutélaire est créé. LA PRÉSENCE

Vous êtes les trésors de mon coeur il n"y

a personne d"autre pour moi vous êtes les pierres au-dedans de moi j"entends ma voix qui déferle sur vous qui vous appelle je vous appelle l"heure est terrible 2

Au début de chaque répétition, de chaque

représentation, sera allumé un lampion pour Denis, le lampion de Denis, le lampion

Denis. Le plus humble des lampions,

nécessaire et suffisant, qui ne se substitue pas

à la présence, non, qui

est présence.

Autre étape

: s"habituer à entendre les répli- ques qu"il a prononcées dites par un autre - le sauveur, le généreux, le courageux Bernard

Meney. "

J"aime le texte, j"aime la gang, j"aime

les défis impossibles, je suis disponible, j"embarque. » Étonnement, soulagement, reconnaissance, bonheur. Un miracle vient d"avoir lieu. Oui, le lundi 16 décembre au soir, une joie immédiate vient colorer la peine. Pluie et soleil dans le même temps qui nous offre toutes les couleurs du monde, c"est la mort, cela aussi, dans son rôle de très improbable bienfaitrice.

Quelle épreuve, pourtant, ce départ, cette

mort, plate et sèche ! Dans Le Souffleur de verre , je ne parle que de ça, la mort. Celle, très concrète, mais enfouie au plus profond des mémoires, d"un dernier enfant vivant celle, plus mystérieuse de tous ceux qui s"engagent sur la "

Route du nord qui ne

mène à rien

» ; celle de la dernière mère,

Jeanne, qui s"effondre devant tous pour ne

plus se relever ; celle plus abstraite et pour moi la plus importante, non d"un individu

mais de l"humanité tout entière.J"ai poussé jusqu"à l"extrême. Par une extrapolation plus ou moins lointaine, selon notre degré de pessimisme, j"ai cherché le possible point final, bâti mon eschatologie. Ce n"est peut-être pas l"extinction, mais c"est la fin de l"humanitude, " ce trésor de

compréhensions, d"émotions et d"exigences qui sera perdu si nous disparaissons

», selon

Albert Jacquard.

La bêtise, comme la moule zébrée, a tout

colonisé, a eu raison de la pensée, de la conscience, de la mémoire. Les coeurs sont à sec, bloqués au neutre, l"altruisme à zéro. À part une vague pulsion, " la colère de fatigue

», qui les fait parfois se dresser,

il ne reste rien à quoi se raccrocher. Voilà ma fin ultime, des humains qui ne peuvent plus se reproduire parce qu"au-delà des corps stériles, ils ne peuvent plus aimer, des humains qui n"ont plus d"autre instinct que celui de la territorialité, des humains qui n"ont même plus la ressource trompeuse de la foi, des humains qui ne peuvent plus s"en sortir parce qu"ils n"ont plus de curiosité.

Des vivants morts. La mort, la vraie mort,

celle que je crains par-dessus tout, elle est là, c"est celle-là. La mort de la conscience dans nos têtes évidées.

Pourtant les voix se brisent et les yeux

chavirent quand il s"agit de dire, de constater froidement : " La fin de Jeanne, maintenant. »

Indication de l"auteur

: " factuel, sans émo- tion ». Sans émotion... Indubitablement, le choc du réel aura densifié chaque mot, chaque figure, chaque situation, chaque réplique de la pièce. Trop peut-être. Je crois que le spectacle que j"avais dans la tête était plus abstrait, plus drolatique, plus absurde. Le réel l"aura transformé, ancré dans sa douleur et sa stupéfaction. Il faut accepter la chose, reconnaître la puissance du phénomène. Ce spectacle aussi sera la fête du mort.

Et toujours ce besoin de le faire vivre

encore...

2. Roche, papier, ciseaux de Daniel Keene, dans lequel Denis

jouait un tailleur de pierre mis à pied qui ne parvient plus à vivre normalement et s"écroule mentalement face à sa femme, sa fille et son meilleur ami. Spectacle du Théâtre Complice, mis en scène par

Denis Lavalou en 2005 à l"Espace Libre.

JEU 152 DOSSIER: REPRÉSENTER LA MORT |29

Le Souffleur de verre,

écrit et mis en scène

par Denis Lavalou à l"Espace L ibre (

Théâtre

Complice, 2014).

R obert Etcheverry

La mort, la vraie mort,

celle que je crains par-dessus tout, elle est là, c"est celle-là. La mort de la conscience dans nos têtes évidées.

30 |DOSSIER : REPRÉSENTER LA MORT JEU 152

Directeur artistique du Théâtre

Complice depuis plus de 30 ans,

Denis Lavalou embrasse avec

rigueur et passion toutes les disciplines de la création théâtrale, de l"écriture à la production en passant par la dramaturgie, la mise en scène, la scénographie et l"interprétation.

Le jour de la première, un projecteur qui

n'en fait qu'à sa tête s'éteint sans qu'on le lui demande, les comédiens prennent cela pour le signal du départ et la régisseure, incrédule et paniquée, voit par la porte encore ouverte du hall son spectacle commencer sans elle. Je ferme les yeux. Je lui dis : " Fais pas le con, Denis. » Ce projecteur, c'est lui, c'est Denis.

Du jamais vu. C'est le mort qui fait la régie

ce soir. Personne n'a aucun doute là-dessus. Bien sûr que c'est lui. Ça ne peut être que lui.

C'est concret, c'est réel. Il est là.

Le " spot à Denis » s'est progressivement

calmé, nous a fait un dernier clin d'oeil à la dernière représentation, et Denis a quitté le spectacle alors que les costumes ont été remisés. Denis a cessé d'être parmi nous, et nous tous ensemble avons cessé d'être avec lui. Qui nous empêchera de croire que c'était lui ? Qui nous prouvera que ce n'était pas lui ? Et qu'est-ce qu'on s'en fout que ce soit lui ou non dès l'instant où nous avions besoin de cette présence.

Les rituels, les religions aussi bien que

l'ésotérisme ou l'imagination répondent à ce seul besoin de combler l'insupportable absence des morts. Et puis l'on s'adapte - on ne s'habitue pas, mais on s'adapte. La faculté d'adaptation est la qualité la plus extraordinaire de tout ce qui est vivant.

Pas compliqué, il faut y croire, il faut faire

con ance, il faut laisser l'eau couler. Et peu

à peu la Présence - un autre mot pour la

Vacance laissée par le mort - se transforme,

devient plus abstraite, se nourrit d'autre chose et notamment du souvenir.

3. Moitié-moitié de Daniel Keene. Spectacle du Théâtre Complice,

mis en scène par Kristian Frédric en 2007 à l"Usine C. Denis Gravereaux dans le rôle-titre de Bashir Lazhar d"Evelyne de la Chenelière, mis en scène par Daniel

Brière (Théâtre d"Aujourd"hui, 2007).

© Valérie Remise

Le choc, le rituel, la transformation du réel,

la présence, le souvenir.

Et puis se creuse la distance. En voyant

récemment sa photo de Bashir Lazhar dans le hall du Théâtre d"Aujourd"hui, je m"arrête, la regarde, le regarde. Intensément. Eh oui,

Denis est mort. C"est vrai, il est mort. J"avais

un peu oublié. Denis est mort. Cher Denis. commencer est le plus dur et une fois que tu as commencé fi nir est le plus dur la fi n est ce qui t"échappe c"est toi qui t"échappes 3quotesdbs_dbs44.pdfusesText_44
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