[PDF] Chapitre 1. Les appels du 18 juin





Previous PDF Next PDF



Texte de lappel du 18 juin 1940

Texte de l'appel du 18 juin 1940. « Les chefs qui depuis de nombreuses années



18 JUIN 1940 : HISTOIRE ET MÉMOIRE DOSSIER PÉDAGOGIQUE 18 JUIN 1940 : HISTOIRE ET MÉMOIRE DOSSIER PÉDAGOGIQUE

1 juin 2021 LE CONTEXTE DE MAI-JUIN 1940. LE GÉNÉRAL DE GAULLE EN JUIN 1940. ANALYSE DE L'APPEL DU 18 JUIN. L'IMPACT DE L'APPEL DU 18 JUIN. MÉMOIRE DU 18 ...



Les procédés rhétoriques de répétition dans lappel du 18 juin 1940

La première partie présentera le cadre d'analyse de notre travail et consistera à définir le contexte historique du discours et l'usage de la rhétorique. Nous y 



Laffiche dite de lAppel du 18 juin

FICHE-OBJET. Espaces « Seconde guerre mondiale ». Action pédagogique du musée de l Cependant l'appel du 18 juin 1940



Laffiche dite de lAppel du 18 juin

FICHE-OBJET. Espaces « Seconde guerre mondiale ». Action pédagogique du musée de l Cependant l'appel du 18 juin 1940



LINGUISTIQUE TEXTUELLE ET LOGIQUE NATURELLE : L

LINGUISTIQUE TEXTUELLE ET LOGIQUE NATURELLE : L'ANALYSE. RHÉTORIQUE DE L'APPEL DU 18 JUIN 1940. Thierry HERMAN Université de Neuchâtel et de Bruxelles.



LAppel du 18 juin 1940 du général de Gaulle et son impact jusquen LAppel du 18 juin 1940 du général de Gaulle et son impact jusquen

Aux images d'archives se superposent en ar- rière plan les commentaires de Charles de Gaulle. Visionnaire celui-ci analyse avec lucidité la marche à la guerre.



De Gaulle De Gaulle

Le texte de l'Appel du 18 juin reprendra ces jugements. 14 juin 1940 : le gouvernement gagne Bordeaux. Pour une analyse des discours du général : http ...



Lappel du 18 juin

Le 18 juin 1940 plus que le mythe



Texte de lappel du 18 juin 1940

Texte de l'appel du 18 juin 1940. « Les chefs qui depuis de nombreuses années



18 JUIN 1940 : HISTOIRE ET MÉMOIRE DOSSIER PÉDAGOGIQUE

1 juin 2021 Les deux textes sont d'ailleurs repris côte à côte à la une du premier Bulletin officiel de la France libre du. 15 août 1940. ANALYSE DE L'APPEL ...



LINGUISTIQUE TEXTUELLE ET LOGIQUE NATURELLE : L

d'exercer ces échanges disciplinaires sur le fameux Appel du 18 juin 1940 de. Charles de Gaulle. Parler d'analyse rhétorique des discours exige une forme de 



IEN Saverne

3 juin 2020 L'appel du 18 juin prononcé à la radio de Londres : texte et pistes de commentaire pour la classe (3e 1re



Chapitre 1. Les appels du 18 juin

Combien de personnes ont entendu l'Appel du 18 juin le 18 juin 1940 sur la. BBC ? Ils ne sont pas nombreux. Entre parenthèses



Les procédés rhétoriques de répétition dans lappel du 18 juin 1940

La première partie présentera le cadre d'analyse de notre travail et consistera à définir le contexte historique du discours et l'usage de la rhétorique. Nous y 



films sur lappel du 18 juin 1940

1990 Antenne 2. Emission diffusée en 1990 par Antenne 2 pour l'année Charles de Gaulle et la commémoration de l'appel du 18 juin 1940 : rétrospective 



AVIS DE CONCERTATION PUBLIQUE

27 juin 2022 o Mairie de Balma 8 allée de l'Appel du 18 juin 1940



Histoire des arts lAppel du 18 juin pAr le GénérAl de GAulle synthèse

Le Général De Gaulle (dates) est à Londres le 18 juin 40. Il est 18h et il vient de prendre connaissance du discours du. Maréchal Pétain du 17 juin 



Commentaire sur les élections législatives de juin 2017

1 juin 2017 présent commentaire au regard de la procédure contentieuse ... l'appel du 18 juin 1940

1 © Thierry Herman, Thèse de l'Université de Lausanne, 2005Chapitre 1.Les appels du 18 juin

L'Appel du 18 juin (mieux vaudrait

dire : " l'ensemble des appels du

Général de Gaulle de juin 1940 »)

aura été comme la pierre que lance un montagnard sur un névé : la surface neigeuse frémit à peine, et c'est ensuite, très lentement, qu'elle s'ébranle et glisse, en un mouvement qui lui-même s'étend et se propage jusqu'à entraîner un versant, jusqu'à provoquer une avalanche, tandis que le premier

écho d'un faible choc devient un

bruit assourdissant. Jean-Louis

Crémieux-Brilhac (2000)

Combien de personnes ont entendu l'Appel du 18 juin le 18 juin 1940, sur la BBC ? Ils ne sont pas nombreux. Aujourd'hui encore, les émissions de vulgarisation radiophoniques et télévisuelles diffusent à satiété des extraits de l'appel du 22 juin en le faisant implicitement passer pour l'appel du 18 juin. Nombreuses sont les personnes qui imaginent que " La France a perdu une bataille mais la France n'a pas perdu la guerre » est tiré de l'Appel. Et ils sont encore plus nombreux à estimer que les deux premières phrases de l'Appel sont : " Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement. Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat ». Ce qui est ni vrai ni faux. Ni faux, car c'est bien ce que de Gaulle avait l'intention de dire. Ni vrai, car c'est ce qu'il n'a jamais pu dire (Cf. Crémieux-Brilhac 1996)1. Les rares français qui, dans la déroute, ont écouté l'appel tel qu'il a été diffusé ont sans doute entendu : " Le gouvernement français a demandé à l'ennemi à quelles conditions pourrait cesser le combat. Il a déclaré que, si ces conditions étaient contraires à l'honneur, la lutte devait continuer ». L'Appel du 18 juin est un fantôme : insaisissable (car il n'en existe aucune trace de première main), il ne cesse pourtant de hanter non seulement la résistance française, mais aussi toute la future carrière politique du Général. L'appel s'inscrit comme une pièce centrale dans l'identité et la culture françaises, toute honte une fois bue. Essayons de mieux cerner ce fantôme aux apparitions multiples.1 Point contesté par Philippe de Gaulle. On verra ultérieurement de quelle manière nous orienterons ce débat.

Chapitre 6 : Les appels du 18 juin

2 © Thierry Herman, Thèse de l'Université de Lausanne, 2005

1.1.Une riche intertextualité : les déclinaisons de l'Appel

Inscrit dans la mythologie gaullienne, mythologie souvent entretenue par de Gaulle lui-même, le discours originel et original de ce qui constitue la Résistance française connaît le destin paradoxal de ne pas être gravé dans le marbre pour l'éternité. Aujourd'hui encore, historiens et témoins se battent pour mettre au jour le " véritable » appel. Pour cerner celui-ci, il vaut mieux tenir compte de toute une série de textes qui seront à verser comme des pièces au dossier. Il existe d'abord ce que l'on peut appeler un pré-texte retrouvé par Anne et Pierre Rouanet (1985 : 93-107). Il s'agit d'un entretien diffusé depuis le champ de bataille pour la radio, le 21 mai à Savigny-sur-Ardres, dans lequel de Gaulle fait déjà intervenir son argument central : la force mécanique est la clé de la guerre. (1)C'est la guerre mécanique qui a commencé le 10 mai. En l'air et sur la terre, l'engin mécanique - avion ou char - est l'élément principal de la force. L'ennemi a remporté sur nous un avantage initial. Pourquoi ? Uniquement parce qu'il a plus tôt et plus complètement que nous mis à profit cette vérité. Ses succès lui viennent de ses divisions blindées et de son aviation de bombardement, pas d'autre chose ! Eh bien ? nos succès de demain et notre victoire - oui ! notre victoire - nous viendront un jour de nos divisions cuirassées et de notre aviation d'attaque. Il y a des signes précurseurs de cette victoire mécanique de la France. Le chef qui vous parle a l'honneur de commander une division cuirassée française. Cette division vient de durement combattre ; eh bien ! on peut dire très simplement, très gravement - sans nulle vantardise - que cette division a dominé le champ de bataille de la première à la dernière heure du combat. Tous ceux qui y servent, général aussi bien que le plus simple de ses troupiers, ont retiré de cette expérience une confiance absolue dans la puissance d'un tel instrument. C'est cela qu'il nous faut pour vaincre. Grâce à cela, nous avons déjà vaincu sur un point de la ligne. Grâce à cela, un jour, nous vaincrons sur toute la ligne. Premier texte, diffusé moins d'un mois avant l'Appel, dont la péroraison, exemplaire par son sens de la formule, annonce, par le glissement d'une détermination militaire (un point de la ligne) à l'expression figée (sur toute la ligne), l'idée selon laquelle si la France peut gagner une bataille par la force mécanique, elle peut gagner la guerre par cette même force : le cas singulier peut devenir cas général. Un deuxième texte constitutif de l'intertexte de l'appel du 18 juin est, comme on a pu le montrer à diverses occasions (Adam et Herman 1999, Adam 1999), l'Appel du 17 juin 1940, formulé par le Maréchal Pétain : (2)Français! A l'appel de M. le président de la République, j'assume à partir d'aujourd'hui la direction du gouvernement de la France. Sûr de l'affection de notre admirable armée, qui lutte avec un héroïsme digne de ses longues traditions militaires contre un ennemi supérieur en nombre et en armes, sûr que par sa magnifique résistance elle a rempli son devoir vis-à-vis de nos alliés, sûr de l'appui des anciens combattants que j'ai eu la fierté de commander, sûr de la confiance du peuple tout entier, je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur. Une riche intertextualité : les déclinaisons de l'Appel

3 © Thierry Herman, Thèse de l'Université de Lausanne, 2005

En ces heures douloureuses, je pense aux malheureux réfugiés, qui, dans un dénuement extrême, sillonnent nos routes. Je leur exprime ma compassion et ma sollicitude. C'est le coeur serré que je vous dis aujourd'hui qu'il faut cesser le combat. Je me suis adressé cette nuit à l'adversaire pour lui demander s'il est prêt à rechercher avec nous, entre soldats, après la lutte et dans l'honneur, les moyens de mettre un terme aux hostilités. Que tous les Français se groupent autour du gouvernement que je préside pendant ces dures épreuves et fassent taire leur angoisse pour n'écouter que leur foi dans le destin de la patrie. (Pétain 1989 : 57-58) On verra plus loin toute l'importance de cet Appel et les échos qu'il recueille dans l'allocution du Général de Gaulle. Un troisième intertexte est à prendre en considération : l'ébauche de l'Appel, datée du 17 juin au soir, que l'on peut lire dans le dernier volume desLettres, notes et carnets, ébauche parue de manière discrète et justement mise en évidence par F. Delpla (2000) : (3)Londres, le 17 juin au soir

La défaite française a été causée par la force mécanique, aérienne et terrestre des

Allemands.

L'action foudroyante de la force mécanique a fait effondrer le moral du commandement et du gouvernement. A la suite de cet effondrement, deux voies étaient ouvertes : Ou bien la voie de l'abandon et du désespoir. Cette voie menait à la capitulation. C'est celle qu'a choisie le gouvernement Pétain. Ou bien celle de l'honneur et de l'espérance. C'est celle qu'ont choisie mes compagnons et moi. Nous croyons que l'honneur commande aux Français de continuer la guerre aux côtés de leurs alliés et nous sommes résolus à la faire. Nous espérons qu'un jour une force mécanique, aérienne et terrestre supérieure nous rendra la victoire et nous permettra de délivrer la patrie. A première vue, les différences avec l'Appel du 18 juin sont particulièrement sensibles. Notre tâche d'analyste sera de comparer ces textes pour mettre en évidence les différences interprétatives qui en résultent. Un quatrième intertexte est intrinsèque à l'appel : il existe la version officialisée, que l'on retrouve dans lesDiscours et messages ainsi que la version telle qu'elle a été prononcé et transcrite, aussi bien par le service des écoutes de Berne que dans les publications journalistiques qui s'en sont faits l'écho (Le Petit Provençal, Le Progrès). Ce dernier texte commence par deux énoncés différents (transcrits supra) et propose une suppression de l'accusation blessante (en italique) : " Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefsau point de les amener là où ils en sont aujourd'hui.»22 Notons que cette version n'est pas authentifiée par Philippe de Gaulle (2003). A son avis, cette

version est le fait d'un journaliste reprenant le texte de son père lors du bulletin de 22 heures - les

changements étant de son fait (le personnel français de la BBC n'étant pas favorable à de Gaulle)

ou suite à des pressions extérieures. Cette défense est néanmoins sujette à caution : il n'y a

strictement aucune trace qui la justifie et on a un peu de mal à admettre que seule la version

caviardée ait été entendue à vingt-deux heures (et rien à dix-huit heures), selon plusieurs

Chapitre 6 : les appels du 18 juin

4 © Thierry Herman, Thèse de l'Université de Lausanne

Notons que le manuscrit de l'Appel peut aussi constituer un intertexte intéressant pour la critique génétique. On trouve dans l'ouvrage de Philippe de Gaulle (2003) une reproduction de ce manuscrit authentifié : (4)Transcription du manuscrit du 18 juin 1940. En barré : texte barré par le Général. Barré double : à une première correction s'est adjointe une seconde. Entre parenthèses, commentaires personnels. Les traits horizontaux sont des séparations marquées dans le manuscrit. Un Le gouvernement français vient de se former dans l'angoisse tumultueuse deBordeaux.

Les chefs des armées françaises viennent de former un gouvernement pour-----------------------------------------------------------------------------------------------

Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises

viennent de ont formé un gouvernement.Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, sollicite de l'ennemi

demande à l'ennemi à quelles conditions il consentira à cesser le s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat. Certes, il est vrai queCertes nous avons été Certes, il est évident que avons été, que nous sommes, actuellement, submergés par la force mécanique terrestre et aérienne de l'ennemi.

(Illisible) Infiniment plus que le nombre de leurs soldats leur nombre (correctionillisible), ce sont les chars, les avions des Allemands et la tactique qu'ils emploient

et la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions et la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs (correction illisible) au point de les amener là où ils en sont aujourd'hui.

L'homme qui vous parle avait, vous le savez, depuis longtempsMais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle

définitive ? Non !

L'homme qui vous parle avait, vous le savez, réclamé depuis longtemps annoncédepuis longtemps cette révolution de l'art militaire dont nous sommes victimes

aujourd'hui dont nous sommes les victimes. Il ne fut pas écouté. Croyez-le quand il vous dit maintenant que rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui

nous ont vaincus peuvent nous donner faire venir un jour la victoire.Car la France n'est pas seule. Elle peut faire Elle n'est pas seule. Elle n'est pas

seule. Elle peut faire bloc avec son propre Empire avec l'Empire britannique. Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique. Elle peut utiliser leurs ressources (?) qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut Elle peut utiliser, comme l'Angleterre, l'immense Elle peut utiliser l'immense industrie témoignages concordants. Notons pour finir qu'on trouve dans le manuscrit de l'Appel une phrase, finalement rejetée par de Gaulle, singulièrement proche de la version entendue (" Demande à

l'ennemi à quelles conditions il consentira à cesser le combat »). Peut-on supposer à partir de là

que suite aux pressions anglaises, le Général ait repris une formulation qu'il avait dans un premier

temps abandonnée ? L'image du Général dût-elle en souffrir, les arguments opposés par Philippe

de Gaulle à des historiens sérieux (Crémieux-Brilhac, Roussel, Barré) semblent faibles. Nous

démontrerons par la suite pour quelles raisons la version adoucie paraît bien être du fait du

Général. La dernière controverse concerne l'enregistrement du message. S'il a été prononcé à

18h00, la BBC signale sa diffusion à 22h00, signe indubitable qu'un enregistrement a eu lieu,

quoiqu'on en dise. Cet enregistrement a disparu. Cela fait dire à Eric Roussel : " on comprend

mieux qu'aucun enregistrement n'ait été diffusé : on imagine l'émoi qu'eût suscité le constat que

le début de ce texte fondateur avait été modifié. » (2002 : 130). On laissera au lecteur la liberté de

conclure sur ce qu'il est advenu de cet enregistrement... Une riche intertextualité : les déclinaisons de l'Appel

5 © Thierry Herman, Thèse de l'Université de Lausanne, 2005

américaine, Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industriedes Etats-Unis. Eh certes ! (?) dans l'action commune avec nos alliés anglais

comme dans il y a eu de grandes fautes communes Cela (illisible) dans Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances n'empêchent pas que Cette guerre n'est pas une guerre limitée au territoire malheureux de notre malheureux pays. Cette guerre n'est pas tranchée par avec la seule bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale ; peut-être à peine commencée (?). Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances n'empêchent pas qu'il y a,

dans le monde, dans l'univers, tous les moyens nécessaire pour écraser un jourl'enn nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons

(suite de la correction illisible) dans l'avenir, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.

Français, quels que soient nos problèmes présents, La (illisible) par notre destin deA l'heure où je parle, la France n'a pas cessé le combat. Mais quoi qu'il arrive,

(illisible) rien n'est plus nécessaire La flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas. Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient s'y trouver,

avec leurs armes ou sans leurs armes, à se mettre j'invite les ingénieurs et lesouvriers spécialistes des industries d'armement qui se trouvent en territoire

britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi :

Nous ferons en sorte Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doitpas s'éteindre et ne s'éteindra pas.

Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la radio de Londres. A plusieurs titres, cette version manuscrite mérite une analyse approfondie - même si cela constituera notre seule contribution à l'étude de la genèse textuelle des messages de guerre du Général de Gaulle. L'appel du 18 juin connaît d'autres formes de reprises - cette fois ultérieures : l'appel du 22 juin, du 24 juin voire la lettre ouverte contre Pétain du 26 juin. (5)22 juin 19403 Le Gouvernement français, après avoir demandé l'armistice, connaît maintenant les conditions dictées par l'ennemi. Il résulte de ces conditions que les forces françaises de terre, de mer et de l'air seraient entièrement démobilisées, que nos armes seraient livrées, que le territoire français serait TOTALEMENT occupé et que le Gouvernement français tomberait sous la dépendance de l'Allemagne et de l'Italie. On peut donc dire que cet armistice serait, non seulement une capitulation, mais encore un asservissement. Or, beaucoup de Français n'acceptent pas la capitulation ni la servitude, pour des raisons qui s'appellent : l'honneur, le bon sens, l'intérêt supérieur de la patrie. Je dis l'honneur ! Car la France s'est engagée à ne déposer les armes que d'accord avec les Alliés. Tant que ses Alliés continuent la guerre, son gouvernement n'a pas le droit de se rendre à l'ennemi. Le Gouvernement polonais, le Gouvernement norvégien, le Gouvernement hollandais, le Gouvernement belge, le Gouvernement luxembourgeois, quoique chassés de leur territoire, ont compris ainsi leur devoir. Je dis le bon sens ! Car il est absurde de considérer la lutte comme perdue. Oui, nous avons subi une grande défaite. Un système militaire mauvais, les fautes3

Ce texte est double : la version écrite officialisée et la version orale dont on a l'enregistrement.

Les mots en majuscules marquent des suppressions par rapport au texte oral, les mots barrés marquent un ajout dans la version écrite.

Chapitre 6 : les appels du 18 juin

6 © Thierry Herman, Thèse de l'Université de Lausanne

commises dans la conduite des opérations, l'esprit d'abandon du Gouvernement pendant ces derniers combats, nous ont fait perdre la bataille de France. Mais il nous reste un vaste Empire, une flotte intacte, beaucoup d'or. Il nous reste des alliés, dont les ressources sont immenses et qui dominent les mers. Il nous reste les gigantesques possibilités de l'industrie américaine. Les mêmes conditions de la guerre qui nous ont fait battre par 5 000 avions et 6 000 chars peuvent NOUS donner, demain, la victoire par 20 000 chars et 20 000 avions. Je dis l'intérêt supérieur de la Patrie ! Car cette guerre n'est pas une guerre franco- allemande qu'une bataille puisse décider. Cette guerre est une guerre mondiale. Nul ne peut prévoir si les peuples qui sont neutres aujourd'hui le resteront demain.

MÊME ni si les alliés de l'Allemagne resteront-ILS toujours ses alliés ?. Si lesforces de la liberté triomphaient finalement de celles de la servitude, quel serait le

destin d'une France qui se serait soumise à l'ennemi ? L'honneur, le bon sens, l'intérêt supérieur de la Patrie, commandent à tous les Français libres de continuer le combat, là où ils seront et comme ils pourront. Il est, par conséquent, nécessaire de grouper partout où cela se peut une force française aussi grande que possible. Tout ce qui peut être réuni, en fait d'éléments militaires français et de capacités françaises de production d'armement, doit être organisé partout où il y en a. Moi, Général de Gaulle, j'entreprends ici, en Angleterre, cette tâche nationale. J'invite tous les militaires français des armées de terre, de mer et de l'air, j'invite les ingénieurs et les ouvriers français spécialistes de l'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui pourraient y parvenir, à se réunir à moi.

J'invite les chefs et les soldats, les marins, les aviateurs des forces françaises deterre, de mer, de l'air, où qu'ils se trouvent actuellement, à se mettre en rapport avec

moi. J'invite tous les Français qui veulent rester libres à m'écouter et à me suivre. Vive la France libre dans l'honneur et dans l'indépendance ! (6)24 JUIN 1940 Ce soir, je dirai simplement, parce qu'il faut que quelqu'un le dise, quelle honte, quelle révolte, se lèvent dans le coeur des bons Français. Inutile d'épiloguer sur les diverses conditions des armistices franco-allemand et franco-italien. Elles se résument à ceci : la France et les Français sont, pieds et poings liés, livrés à l'ennemi. Mais si cette capitulation est écrite sur le papier, innombrables sont chez nous les hommes, les femmes, les jeunes gens, les enfants, qui ne s'y résignent pas, qui ne l'admettent pas, qui n'en veulent pas. La France est comme un boxeur qu'un coup terrible a terrassé. Elle gît à terre. Mais elle sait, elle sent, qu'elle vit toujours d'une vie profonde et forte. Elle sait, elle sent, que l'affaire n'est pas finie, que la cause n'est pas entendue. Elle sait, elle sent, qu'elle vaut beaucoup mieux que la servitude acceptée par le

Gouvernement de Bordeaux.

Elle sait, elle sent que, dans son Empire, des forces puissantes de résistance sont debout pour sauver son honneur. Déjà, en beaucoup de points des terres françaises d'outre-mer, s'est affirmée la volonté de poursuivre la guerre. Elle sait, elle sent, que ses Alliés sont plus résolus que jamais à combattre et à vaincre. Elle perçoit dans le nouveau monde mille forces immenses matérielles et morales qui, peut-être, se lèveront un jour pour écraser les ennemis de la liberté. Il faut qu'il y ait un idéal. Il faut qu'il y ait une espérance. Il faut que, quelque part, brille et brûle la flamme de la résistance française. Officiers français, soldats français, marins français, aviateurs français, ingénieurs français, où que vous soyez, efforcez-vous de rejoindre ceux qui veulent combattre Une riche intertextualité : les déclinaisons de l'Appel

7 © Thierry Herman, Thèse de l'Université de Lausanne, 2005

encore. Un jour, je vous le promets, nous ferons ensemble, l'armée française de l'élite, l'armée mécanique terrestre, navale, aérienne, qui, en commun avec nos alliés, rendra la liberté au monde et la grandeur à la Patrie. (7)26 juin 19404 Monsieur le Maréchal, par les ondes, au-dessus de la mer, c'est un soldat français qui va vous parler. Hier, j'ai entendu votre voix que je connais bien et, non sans émotion, j'ai écouté ce que vous disiez aux Français pour justifier ce que vous avez fait. Vous avez d'abord dépeint l'infériorité militaire qui a causé notre défaite. Puis, vous avez dit qu'en présence d'une situation jugée désespérée vous aviez pris le pouvoir pour obtenir des ennemis un armistice honorable. Vous avez ensuite déclaré que, devant les conditions posés par l'ennemi, il n'y avait pas eu d'autre alternative que de les accepter en restant à Bordeaux ou de les refuser et passer dans l'Empire pour y poursuivre la guerre et que vous avez cru devoir rester à Bordeaux. Enfin, vous avez reconnu que le sort du peuple français allait être très cruel, mais vous avez convié ce peuple à se relever malgré tout par le travail et la discipline. Monsieur le Maréchal, dans ces heures de honte et de colère pour la Patrie, il faut qu'une voix vous réponde. Ce soir, cette voix sera la mienne.

En effet, notre infériorité militaire s'est révélée terrible. Mais cette infériorité, à

quoi tenait-elle ? Elle tenait à un système militaire mauvais. La France a été foudroyée, non point du tout par le nombre des effectifs allemands, non point du tout par leur courage supérieur, mais uniquement par la force mécanique offensive et manoeuvrière de l'ennemi. Cela, tous les combattants le savent. Si la France n'avait pas cette force mécanique, si elle s'était donnée une armée purement défensive, une armée de position, à qui la faute, Monsieur le Maréchal ? Vous qui avez présidé à notre organisation militaire après la guerre de 1914-1918, vous qui fûtes généralissime jusqu'en 1932, vous qui fûtes ministre de la Guerre en

1935, vous qui étiez la plus haute personnalité militaire de notre pays, avez-vous

jamais soutenu, demandé, exigé la réforme indispensable à ce système militaire mauvais ? Cependant, vous appuyant sur les glorieux services que vous avez rendus pendant l'autre guerre, vous avez revendiqué la responsabilité de demander l'armistice à l'ennemi. On vous a fait croire, Monsieur le Maréchal, que cet armistice, demandé à des soldats par le grand soldat que vous êtes, serait honorable pour la France. Je pense que maintenant vous êtes fixé. Cet armistice est déshonorant. Les deux tiers du territoire livrés à l'occupation de l'ennemi et quel ennemi ! Notre armée démobilisée. Nos officiers et nos soldats prisonniers maintenus en captivité. Notre flotte, nos avions, nos chars, nos armes, à livrer intacts, pour que l'adversaire puisse s'en servir contre nos propres Alliés. La Patrie, le Gouvernement, vous- même, réduits à la servitude. Ah ! pour obtenir et pour accepter un pareil acte d'asservissement, on n'avait pas besoin de vous, Monsieur le Maréchal, on n'avait pas besoin du vainqueur de Verdun ; n'importe qui aurait suffi. Mais vous avez jugé, dites-vous, que vous pouviez, que vous deviez y souscrire. Vous avez tenu pour absurde toute prolongation de la résistance dans l'Empire. Vous avez considéré comme dérisoire l'effort que fournit et celui que fournira notre allié, l'Empire britannique. Vous avez renoncé d'avance aux ressources offertes par l'immense Amérique. Vous avez joué, perdu, jeté nos cartes, fait vides4

Ce discours a lui-même un intertexte externe non reproduit ici qui est le discours de Pétain sur

lequel il se fonde (cf. paragraphe 2)

Chapitre 6 : les appels du 18 juin

8 © Thierry Herman, Thèse de l'Université de Lausanne

vos poches, comme s'il ne nous restait aucun atout. Il y a là une sorte de découragement profond, de scepticisme morose, qui a été pour beaucoup dans la liquéfaction des suprêmes résistances de nos forces métropolitaines. Et c'est du même ton, Monsieur le Maréchal, que vous conviez la France livrée, la France pillée, le France asservie, à reprendre son labeur, à se refaire, à se relever. Mais dans quelle atmosphère, par quels moyens, au nom de quoi, voulez-vous qu'elle se relève sous la botte allemande et l'escarpin italien ? Oui, la France se relèvera. Elle se relèvera dans la liberté. Elle se relèvera dans la victoire. Dans l'Empire, dans le monde, ici même, des forces françaises se forment et s'organisent. Un jour viendra où nos armes, reforgées au loin, mais bien aiguisées, se joignant à celles que se feront nos alliés, et peut-être à d'autres encore, reviendront triomphantes sur le sol national.quotesdbs_dbs49.pdfusesText_49
[PDF] appel du 18 juin 1940 texte intégral

[PDF] appel du 18 juin texte intégral

[PDF] appeler swisscom depuis létranger

[PDF] appli aix marseille

[PDF] application android zimbra mobile

[PDF] application bilinéaire exercices corrigés

[PDF] application comptalia

[PDF] application couleur cap coiffure

[PDF] application credit du maroc

[PDF] application d'une image avec matlab

[PDF] application de génie génétique pdf

[PDF] application de gestion de pharmacie

[PDF] application gestion pharmacie java

[PDF] application iphone saint jacques de compostelle

[PDF] application linéaire cours et exercices