[PDF] Blé non alimentaire L'amidon et ses dé

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Dossier Bioéthanol

PERSPECTIVES AGRICOLES • N° 329 • DÉCEMBRE 200628 L e sens commun asso- cie le blé à l"alimenta- tion humaine, et en particulier à la fabrication du pain. Pourtant, l"alimentation animale incorpore une pro- portion importante du blé pro- duit en Europe, et notamment depuis la réforme de la PAC de 1992. Aujourd"hui, cela re- présente un débouché de près de 6 Mt de blé en France et de

54 Mt dans l"UE 25. Mais cet

élargissement des utilisations

est allé plus loin encore avec l"émergence des amidonneries de blé.L"industrie amidonnière s"est développée historiquement au travers de l"extraction de la fécule de pomme de terre et de l"amidon de maïs. Mais, avec une disponibilité crois- sante du blé dans l"UE et un prix inférieur à celui du maïs, le blé a séduit les industriels.

Ces derniers ont concentré

leurs investissements dans l"amidonnerie de blé à par- tir du milieu des années 80.

Aujourd"hui, en France, 2,8 Mt

de blé sont mis en œuvre dans cette industrie, aux côtés de

2 Mt de maïs.Matière première de la chimie du végétal

L"amidon et ses dérivés sont

utilisés largement dans diver- ses applications industrielles non alimentaires. Ces derniè- res représenteraient, selon l"Association des amidonniers et féculiers de l"UE, environ

43 % des 8,5 Mt d"amidon

consommées dans l"UE en

2004. L"amidon natif est em-

ployé comme adhésif dans la production de carton ondulé et, sous forme modifi ée, par l"industrie papetière pour le surfaçage du papier par exem- ple. Il peut être hydrolysé par des enzymes en sirop de glu- cose, qui pourra être utilisé en pharmacie ou bien servir de substrat de fermentation, permettant la production de nombreuses molécules. L"hydrogénation des sirops de glucose conduit à la pro- duction des polyols comme le sorbitol, utilisé dans les den- tifrices.

Les constituants du blé,

matière première renouvela- ble, conquièrent ainsi de nou- veaux secteurs d"application

à mesure des percées tech-

nologiques. La hausse du prix du pétrole, qui augmente les coûts de la pétrochimie, amé- liore d"autant sa compétitivité. Trois types de développement offrent des opportunités aux céréales, et donc au blé :

• les bioplastiques : l"amidon

peut acquérir des propriétés thermoplastiques par des transformations physicochi- miques, mécaniques et l"ajout d"additifs. Cela permet la fabri- cation de produits plastiques tels que des sacs de caisse, des fi lms de paillage agricole, des emballages agroalimentaires.

Ces matériaux sont biodégra-

dables(1) et constituent dès aujourd"hui une alternative à la pétrochimie. Les matériaux plastiques peuvent être obte- nus également par fermenta- tion du glucose, en acide lacti-Les usages non- alimentaires des céréales sont en croissance et se diversifi ent ; quelle place le blé y occupe-t- il ? L"industrie amidonnière le transforme déjà au profi t d"usages industriels. La chimie du végétal et les enjeux

énergétiques lui

offrent de nouvelles perspectives.

Vers l"avènement

de la bioraffi nerie

Blé non alimentaire0202

Alors que le bioéthanol est produit

à partir de la canne à sucre au

Brésil, du maïs aux Etats-Unis, il

le sera principalement à partir de céréales, dont le blé, et de betterave dans l"UE.

© N. Cornec

(suite p 30)

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Dossier Bioéthanol

PERSPECTIVES AGRICOLES • N° 329 • DÉCEMBRE 200630 que (qui donnera le PLA (2) ) ou en PDO (3) . Ce dernier, qui sera fabriqué par DuPont et Tate &

Lyle sera transformé en fi bre

textile Sorona™.

• la production d"intermé-

diaires chimiques : l"industrie amidonnière met au point des procédés de fabrication de molécules dérivées de l"amidon équivalentes à celles produites par la pétrochimie.

Elles peuvent alors rentrer

dans les procédés de transfor- mation de la chimie actuelle.

L"isosorbide, un dérivé du

sorbitol, est un candidat po-tentiel. Le projet de recherche

BioHub va dans ce sens. Porté

par Roquette, leader mondial des polyols, il a été retenu par l"Agence de l"Innovation

Industrielle. Il vise à mettre

au point de nouveaux biopro- duits ou procédés biotech- nologiques innovants pour la fabrication de molécules, no- tamment pour la chimie.

• les progrès de la fermenta-

tion pourraient aussi aboutir à de nouvelles voies biologiques de fabrication de molécules, en particulier des acides orga- niques.D"autres composants issus de la culture du blé peuvent aussi servir de substrat à la chimie du végétal comme le gluten. Avec ce dernier, im- prégné dans du papier, l"Inra a

élaboré un emballage permet-

tant une meilleure conserva- tion des champignons.

La paille également devient

une source potentielle inté- ressante. La structure de re- cherche privée ARD explore par exemple des voies de va- lorisation de produits issus de la ligno-cellulose, en particu- lier sous forme de tensioac-tifs ou dans la cosmétique.

Récemment, la Compagnie

Industrielle de Matière

Végétale (CIMV) a élaboré un

outil pilote de fabrication de papier après fractionnement de la paille. Un investisse- ment industriel devrait être décidé pour la transformation de 80 000 tonnes de paille.

Le blé, source de biocarburant

L"amidon du blé peut être

transformé en bioéthanol par fermentation. Il fournit ainsi un biocarburant bénéfi que sur le plan environnemental. Alors que le bioéthanol est produit à partir de la canne à sucre au

Brésil, du maïs aux Etats-Unis,

il le sera principalement à par- tir de céréales, dont le blé, et de betterave dans l"UE.

La France s"est engagée

d"ici 2010 à consommer 7 %, en valeur énergétique, de ses carburants sous forme de bio- carburants. Cela concerne le biodiesel pour la fi lière gazole et le bioéthanol pour la fi lière essence. Afi n d"aider la mise en place de cette industrie, les pouvoirs publics ont attribué en plusieurs appels d"offres,

1,1 Mt d"agréments de pro-

duction de bioéthanol, béné- ficiant d"une défiscalisation.

Ces agréments sont répartis

entre des producteurs d"ET-

BE, produit chimique fabriqué

dans les raffi neries pétrolières et incorporant du bioéthanol, et des distilleries. Parmi ces dernières, six grandes unités industrielles viendront renfor- cer l"outil industriel existant.

Elles se répartissent comme

suit (cf carte) :

• 1 unité transformant des jus

de sucrerie de betterave,

• 1 unité constituée de deux

lignes de production : la pre- mière transformant des jus de betterave et des sirops de glucose, la seconde, qui sera construite après 2008, trans- formera du blé,

• 1 unité utilisant du maïs,

• 3 unités utilisant du blé.

Ainsi, à l"horizon 2008/09,

près de 2,1 Mt de blé et 0,5 Mt

Le contenu énergétique d"une tonne de blé représente environ 35 % de celui du pétrole. © B. Minier

(suite p 32)

Dossier Bioéthanol

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Dossier Bioéthanol

PERSPECTIVES AGRICOLES • N° 329 • DÉCEMBRE 200632 de maïs serviront à fabriquer du bioéthanol, représentant

350 000 hectares, soit un peu

moins de 5 % de la sole céréa- lière française. Le blé, source de chaleur et d'électricité renouvelable

La culture du blé produit

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