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REVENU UNIVERSEL

L'ÉTAT DU DÉBAT Coordonné par Guillaume Allègre et Henr Sterdyniak

OFCE ebook 2017

SOMMAIRE

INTRODUCTION. Revenu universel : l'état du débat ....................................... 3 Des minima sociaux au revenu universel ? ................................................. 7

Henri Sterdyniak

Le revenu universel

: utopique ou pragmatique ? .................................... 47

Guillaume Allègre

Revenu d'existence : une proposition réaliste .......................................... 54

Gaspard Koenig

ANNEXE. Le revenu d'existence : des principes, une cible et un chemin ........ 64

Marc de Basquiat

Un pas vers l'" égalite des dotations initiales » : vers une " existence bien vécue » ....................................................................... ........................ 66

Guillaume Mathelier

Le revenu de base comme revenu primaire .............................................. 86

Jean-Marie Monnier et Carlo Vercellone

Mise en place d'un revenu de base : difficultés et solutions .................. 101

Jean-Éric Hyafil

Conditionnalité et inconditionnalité : deux mythes sur l'emploi et la solidarité ....................................................................... ................... 121

Anne Eydoux

Le revenu d'existence : un remède ou un piège ? .................................. 132

Jean-Marie Harribey

Le revenu d'existence : beaucoup de bruit pour pas grand-chose ? ..... 144

Denis Clerc

Pour un revenu universel démonétarisé : défendre et étendre

la sphère de la gratuité ........................................................................

.... 150

Paul Ariès

Continuer d'affirmer une production non capitaliste de valeur grâce au statut politique du producteur ............................................................ 154

Bernard Friot

Le régime des intermittents : un modèle salarial pour l'ensemble de l'emploi discontinu ? ........................................................................ .... 158

Mathieu Grégoire

OFCE ebook 2017

Introduction

REVENU UNIVERSEL

L'ÉTAT DU DÉBAT

Dans une situation de maintien d'un niveau élevé de chômage et de pauvreté, d'extension de la précarité du travail, de crainte de disparition des emplois du fait de

l'automatisation, le projet de revenu universel s'est installé dans le débat économique et social

en France comme dans d'autres pays développés. Il s'agirait de verser à toute personne

résidante dans le pays une allocation mensuelle sans aucune condition de ressources, d'activité,

de contrepartie. Dans le cadre de sa mission d'animation et d'éclairage du débat économique,

l'OFCE a organisé, le 13 octobre 2016, une journée d'étude à laquelle ont été conviés des

chercheurs qui avaient travaillé sur ce projet, pour le développer, le soutenir ou le critiquer. Le

présent e-book rassemble la plupart des contributions qui ont été présentées et discutées durant

cette journée, parfois revues compte-tenu des enseignements de la discussion.

Les débats ont porté sur plusieurs points :

Dans quel projet de société les propositions de revenu universel s'inscrivent-elles ? Quelles sont les modalités précises des projets en présence en termes de montant de l'allocation et d'insertion dans les dispositifs actuels de protection sociale ?

Le revenu universel est-il finançable ?

Quelles en seraient les conséquences financières pour les différentes catégories de ménages, en particulier pour ceux en situation de précarité financière ?

Quel serait l'impact sur l'activité, l'emploi, le chômage, les salaires, les conditions de travail, en particulier sur les emplois pénibles, le travail à temps partiel, le travail précaire, les bas-salaires ?

Le revenu universel est-il une réponse à la " fin du travail » ? Cette dernière est-elle une hypothèse crédible ?

Quels sont les projets alternatifs pour lutter contre la pauvreté et la précarité du travail ? L'article d'Henri Sterdyniak, " Des minima sociaux au revenu universel ? », présente la situation actuelle des prestations d'assistance, des minimas sociaux et de la Prime d'activité en France. Ceux-ci sont ciblés et relativement généreux, mais le système est compliqué, s'accompagne de contrôles intrusifs ; les minima sociaux sont souvent ressentis comme stigmatisants. L'article plaide pour le maintien du caractère familial des impôts et des

prestations d'assistance. L'article discute les divers justificatifs des projets de revenu universel et

présente leurs modalités. Si on souhaite maintenir les prestations d'assurances sociales (chômage, retraite) et les prestations universelles (santé), le revenu universel devrait

Revenu universel : l'état du débat

4

essentiellement être financé par la hausse des prélèvements directs sur les ménages, ce qui le

rend peu réalisable. Par ailleurs, il n'est pas socialement souhaitable de renoncer à l'objectif de

plein-emploi et d'écarter durablement une partie importante de la population du travail même

en lui assurant un revenu à la lisière de la pauvreté. L'article plaide pour un revenu minimum

garanti (sous conditions de ressources), à court terme pour la relance économique, pour la

création d'emplois publics, pour des emplois de " dernier ressort », à plus long terme pour le

partage du travail par la réduction du temps de travail et des cadences de travail. L'article de Guillaume Allègre, " Le revenu universel : utopique ou pragmatique ?»

souligne que deux objectifs sont souvent assignés au revenu universel : d'une part, gérer la fin

du travail et, d'autre part, simplifier le système socio-fiscal et supprimer le non-recours. Pour les

uns, il devrait être suffisant pour vivre, pour les autres, relativement faible pour ne pas

bouleverser le système socio-fiscal. Des doutes subsistent sur la réalité de la raréfaction du

travail. De plus, la réduction généralisée du temps de travail semble une stratégie plus

soutenable que le revenu universel car elle concerne tous les salariés au lieu de couper la société

en deux. Peut-être, faut-il envisager le revenu universel comme une réforme socio-fiscale qui permet surtout de lutter contre le non-recours aux prestations sociales. On passerait d'une prestation d'assistance quérable à une prestation universelle automatique. Se pose alors la

question corollaire de l'individualisation du système socio-fiscal. Les pouvoirs publics font face à

un arbitrage entre la simplicité et l'automaticité d'une part ou la réponse fine aux besoins

d'autre part. L'article de Gaspard Koenig, " Revenu d'existence », dénonce le système actuel du RSA, le jugeant paternaliste, injuste et stigmatisant. Il défend une conception libérale du revenu d'existence qui permet à chaque individu d'être responsable et autonome, de définir ses propres besoins. Le revenu universel serait de 500 euros (250 euros pour les enfants), sous forme de crédit d'impôt, tandis qu'une taxe de 25 % serait le seul impôt sur le revenu. La

réforme ne changera pas fondamentalement la répartition des richesses mais libérera les plus

pauvres de la hantise de la pauvreté en leur procurant stabilité et sécurité. L'article de Guillaume Mathelier, " Un pas vers l'égalité des dotations initiales : vers une

existence bien vécue », assigne à la société l'objectif philosophique et politique de garantir à

chaque individu " une existence bien vécue ». L'exigence morale d' " égalité des dotations

initiales » s'inscrit dans trois mesures. La première mesure articule la mise en place d'un revenu

d'existence pour couvrir les beso ins fondamentaux à partir de 18 ans comprenant d'une part un revenu égalitaire, universel, sans condition ni contrepartie auquel s'ajoute d'autre part un montant équitable qui entend répondre aux besoins locaux et spéciaux des individus

bénéficiaires. Sa deuxième mesure envisage qu'un revenu d'existence puisse être capitalisé

pendant l'enfance et serait versé à 18 ans sous la forme d'un " capital d'émancipation » dont la

contrepartie serait un service civique obligatoire. Enfin, des droits non monétaires (services publics, préservation des ressources vitales naturelles, biens communs), doivent s'y ajouter pour garantir l'objectif philosophique et politique d'une " existence bien vécue ». Après avoir remis en cause dans leur article, " Le revenu de base comme revenu

primaire », la thèse de la fin du travail, Jean-Marie Monnier et Carlo Vercellone proposent un

réexamen de la notion de travail productif dans le capitalisme cognitif où le travail cognitif,

Revenu universel : l'état du débat

5

immatériel et collectif tend à se déployer sur l'ensemble des temps sociaux et de vie. Cette

mutation rend impossible la mesure de la quote-part que chaque individu apporterait à la

production en raison du caractère de plus en plus social et collectif du travail. Aussi le revenu de

base serait un revenu primaire directement lié à la production, c'est-à-dire la contrepartie

d'activités créatrices de valeur et de richesse, actuellement non reconnues et non payées. L'article de Jean-Éric Hyafil, " Mise en place d'un revenu de base : difficultés et solutions » propose un exemple de réforme simple introduisant un revenu universel au niveau de l'actuel RSA pour une personne seule (475 ) en le finançant par une restructuration de l'IR. L'objectif de l'exercice est de partir de cet exemple pour mettre en évidence les enjeux, les

difficultés et les éventuelles solutions pour rendre possible une réforme fiscale introduisant un

revenu universel. La réflexion concerne la comptabilisation budgétaire d'une telle réforme, ses

effets redistributifs, la question de l'avenir des dépenses fiscales sur l'IR (" niches fiscales »), la

question de l'individualisation ou de la conjugalisation de l'impôt, la mobilisation d'autres ressources financières que l'IR pour financer le revenu universel, etc. L'article de Anne Eydoux, " Conditionnalité et inconditionnalité : discussion de deux

mythes sur l'emploi et la solidarité », dénonce deux mythes : celui selon lequel le RSA et les

allocations chômage décourageraient le travail et celui de la fin de l'emploi salarié qui pourrait

être remplacé par un revenu universel. L'article montre que c'est la faiblesse de l'offre d'emploi

et les réformes de l'emploi qui expliquent la persistance du chômage et le développement de

l'emploi précaire. Le projet de revenu universel revient à distribuer des ressources sans organiser

la production nécessaire à les générer. Il oublie la centralité du travail et renonce à l'objectif de

plein-emploi. L'article suggère d'autres pistes que le revenu universel, en particulier de réduire

la conditionnalité des prestations sociales, mais aussi d'augmenter les salaires des emplois réputés non-qualifiés et de réduire la durée du travail. Jean-Marie Harribey dans " Le revenu d'existence : un remède ou un piège ? » dénonce

les incohérences du projet de revenu d'existence. Il récuse la thèse de la fin du travail et

l'abandon de l'objectif de plein-emploi. Il soutient que le travail socialement validé par le marché ou par une décision politique est la seule source de valeur, contrairement au travail domestique, au bénévolat ou aux activités libres, de sorte que le revenu d'existence serait obligatoirement un revenu de transfert. Mais distribuer plus de revenus nécessite

obligatoirement de produire plus, ce qui est contradictoire avec la thèse selon laquelle le revenu

universel permettrait d'échapper à la nécessité du travail. L'article dénonce les risques du

projet : la fracture entre ceux qui auraient un emploi et les exclus, la mise en cause des droits

sociaux. Il propose la réduction collective du temps de travail et une allocation garantie pour les

adultes. L'article de Denis Clerc, " Le revenu d'existence : beaucoup de bruit pour pas grand-

chose ? », présente une analyse critique des propositions de revenu universel. Il lui reproche de

nécessiter beaucoup de transferts bruts pour des faibles effets redistributifs. On pourrait parvenir

au même résultat de façon beaucoup plus simple en augmentant les revenus des plus pauvres (par l'aide sociale ou la création d'emplois socialement utiles financés en partie par la

collectivité) tout en taxant davantage les plus riches. Il craint que la hausse de la fiscalité sur les

plus riches se heurte à des obstacles politiques et économiques. Il souhaite que des

Revenu universel : l'état du débat

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expérimentations soient mises en place et que des décisions ne soient pas prises avant que leurs

résultats ne soient connus.

Paul Ariès dans " Pour un revenu universel démonétarisé : défendre et étendre la sphère

de la gratuité » propose une dotation individuelle d'autonomie (DIA) qui serait donnée au maximum sous une forme démonétarisée : une partie en monnaie nationale, une partie en monnaie régionale si possible fondante pour faciliter la relocalisation des activités vers des

activités à forte valeur ajoutée sociale et écologique et la partie essentielle sous forme de droit

d'accès à des biens communs. L'objectif est d'étendre la sphère de la gratuité. Cette gratuité

serait utilisée pour démocratiser le fonctionnement des services publics, pour repenser

écologiquement et socialement les produits et services existants, pour décider ce qui doit être

gratuit et donc produit en priorité, pour mettre en place des communs, des relations de dons réciproques. Le texte de Bernard Friot, " Continuer d'affirmer une production non capitaliste de

valeur grâce au statut politique du producteur », récuse tant le projet de revenu de base (qui

permettrait au capital de ne plus assumer les responsabilités d'employeurs, d'organiser la baisse

des salaires et l'insécurité de l'emploi) que la réponse keynésienne de plein emploi, de baisse de

la durée du travail et de fiscalité redistributive. Les travailleurs ne doivent pas se battre pour une

meilleure répartition de la valeur, mais sur la production d'une valeur alternative. Ils doivent

remplacer les institutions capitalistes (propriété lucrative, crédit, marché du travail) par des

institutions inspirées de la Sécurité sociale et de la fonction publique : la production non

capitaliste, la qualification personnelle, le salaire à vie, le financement de l'investissement par

une cotisation économique. L'article de Mathieu Grégoire, " Le régime des intermittents : un modèle salarial pour

l'ensemble de l'emploi discontinu ? » part de l'expérience de la mise en place puis du maintien

du régime des intermittents du spectacle. Celui-ci organise la socialisation du salaire dans le cadre des mécanismes de solidarité interprofessionnelle et non par une subvention publique financé par le contribuable. Aussi, la lutte pour un revenu inconditionnel doit passer par l'extension du rapport salarial et l'exigence d'un salaire pour tous et non par des mécanismes

redistributifs. En s'appuyant sur le régime des intermittents, il convient de fournir à l'ensemble

des salariés en emploi discontinu, un droit à un salaire indirect socialisé.

En tout état de cause, le débat sur le revenu universel n"aura pas été inutile s‘il permet de

faire progresser la réflexion sur deux points importants : le niveau et les conditions d"accès aux

minima sociaux, ainsi que l"évolution du travail.

Guillaume Allègre et Henri Sterdyniak

OFCE ebook 2017

DES MINIMA SOCIAUX AU REVENU UNIVERSEL ?

Henri Sterdyniak, OFCE, Sciences Po, Paris, France

Préambule de la Constitution de 1946

Article 5 : " Chacun a le devoir de travailler et le droit d'obtenir un emploi », Article 11: " Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l'incapacité de travailler a le droit d'obtenir de la collectivité des moyens convenables d'existence ».

La France a développé (et jusqu'à présent maintenu) un système socialo-fiscal important

et redistributif. Celui-ci comporte des services publics (écoles, hôpitaux, ...), des prestations

universelles (santé, famille), des prestations d'assurances sociales (retraite, chômage), des prestations d'assistance (Revenu de solidarité active (RSA), allocations logement (AL) minimum

vieillesse, ...). Ce système connaît des évolutions permanentes, parfois positives (la création du

RMI, puis du RSA, puis de la Prime d'activité (PA), l'extension de la couverture maladie), parfois

regrettables (le développement des complémentaires santé, la mise en cause de l'universalité

des allocations familiales). En 2015, les prestations sociales reçues par les ménages représentaient 477 milliards d'euros (35,3 % de leur revenu disponible) ; s'y ajoutaient 385 milliards de transferts en nature, soit au total un montant de revenus sociaux de 862 milliards (49,7% du revenu élargi des ménages 1 ). Le niveau de vie des 10 % les plus riches vaut 21,1 fois celui des 10 % les plus pauvres avant redistribution, mais 5,7 fois après 2 Les dépenses publiques et sociales sont financées par des impôts et des cotisations sociales, obligatoirement lourds, les uns (TVA, cotisations sociales, CSG) fournissant des

ressources importantes, certains (Impôt sur le revenu (IR, ISF) ayant surtout un rôle redistributif,

d'autres enfin (TGAP, accises, TICPE, dépenses fiscales) un rôle incitatif. La France a trois

particularités : son système est explicitement familial ; la CSG est spécifique, intermédiaire entre

cotisations sociales et impôt sur le revenu ; les cotisations sociales employeurs, maladie et famille, sont lourdes, mais progressives en raison des exonérations sur les bas salaires et de l'absence de plafonnement. Les impôts progressifs (IR et ISF) et les transferts explicitement redistributifs (RSA, Prime

d'activité (PA), AL) étant de montants relativement faibles, il est normal qu'ils soient fortement

progressifs. On ne peut multiplier les impôts et transferts progressifs, obligatoirement difficiles à

gérer, puisque devant tenir compte de la composition du ménage et de l'ensemble de ses

ressources. L'accumulation des réformes fait pourtant que les ménages pauvres bénéficient de

trois transferts progressifs (RSA et PA, AL, presta tions familiales sous conditions de ressources).

On pourrait souhaiter que les ménages soient soumis à un seul impôt/transfert sur le revenu,

progressif et familial (IR-ISF pour les hauts revenus, RSA-PA-AL pour les bas revenus). Mais, cela

1. Le revenu disponible brut plus les transferts en nature.

2. Selon INSEE, 2016, France, portrait social.

Revenu universel : l'état du débat

8

est difficilement réalisable ; l'impôt progressif doit être calculé sur une base annuelle tandis que

les prestations d'assistance doivent être versées chaque mois ; l'aide au logement est spécifique.

Sur un plan fondamental, on peut souhaiter que soient nettement distingués l'impôt (contribution au financement des dépenses publiques, dépendant obligatoirement des

capacités contributives) et les prestations sociales (que la société décide de verser selon les

besoins des ménages). Le système français est compliqué puisque de nombreux dispositifs se sont accumulés, en

raison de l'héritage du passé, de réformes partielles, de préoccupations contradictoires, parfois

de mesures démagogiques (ainsi les gouvernements préfèrent introduire de nouvelles prestations plutôt qu'indexer correctement les anciennes), parfois de choix non assumés

(réduire le poids des allocations familiales), mais souvent de la nécessité de compromis visant,

lors d'une réforme, à ne pas dégrader la situation de certains. Même un prélèvement qui devrait

être simple et proportionnel comme la CSG est vite devenu une usine à gaz, pour des motifs

respectables : ne pas diminuer le pouvoir d'achat des retraités et chômeurs les plus pauvres, ne

pas trop frapper les autres, taxer davantage les revenus du capital (qui ne supportent pas de cotisations sociales employeurs), introduire quand même une certaine dose de proportionnalité (d'où la non-déductibilité partielle à l'IR). La persistance du chômage de masse, la précarisation de l'emploi, le développement de la pauvreté reposent la question de l'aide aux ménages sans ressources, aux personnes sans emploi, aux travailleurs précaires. Celle-ci comporte actuellement les minima sociaux (en particulier le RSA, l'AAH, le minimum vieillesse 3 ), la Prime d'activité, les allocations familiales, diverses prestations familiales sous conditions de ressources (complément familial, allocation de

rentrée scolaire, ARS), les allocations logement et indirectement les réductions de cotisations

sociales employeurs pour les bas salaires. Les prestations d'assistance sont conditionnelles et

familiales. Précisément ciblées, elles supposent un contrôle en temps continu de la situation des

ménages bénéficiaires tant du point de vue de leurs ressources que de leur composition. Ce

contrôle peut être ressenti comme intrusif et humiliant. Certains bénéficiaires potentiels peuvent

considérer ces prestations (en particulier le RSA) comme stigmatisantes. Aussi, le projet d'un revenu universel (ou de base ou d'existence) a vu le jour, une

allocation individuelle, versée à tous, sans condition de ressources, sans contrepartie en termes

de travail ou d'effort d'insertion. Ce projet est porté par des libéraux, selon lesquels il pourrait

remplacer l'ensemble des prestations et protections actuelles, par des marxistes qui y voient un

moyen de modifier le rapport de force entre les travailleurs et le capital, par des écologistes qui

veulent réduire l'importance de la production marchande et du travail salarié, mais aussi par des

socio-protectionnistes qui veulent compléter la protection sociale actuelle. Il est parfois justifié

soit au nom du partage entre tous des ressources naturelles et de la hausse de la production permise par l'héritage des connaissances scientifiques et techniques des générations

précédentes, soit au nom de la disparition des besoins et des possibilités d'emplois induite par

les évolutions techniques, en particulier l'automatisation et la robotisation, mais aussi l'arrivée

des économies à un stade où la quasi-totalité des besoins matériels sont satisfaits, où l'important

3. Nommé maintenant Allocation de solidarité aux personnes âgées, ASPA.

Revenu universel : l'état du débat

9 devient non de produire plus, mais de restreindre la production compte-tenu des contraintes

écologiques.

Le revenu universel peut-il être un progrès par rapport à la situation actuelle ? Nous analyserons trois points : la pauvreté actuelle en France, les minima sociaux et les prestations d'assistance, le choix individualisation/familialisation. Nous discuterons des justificatifs théoriques du revenu universel, puis de son financement. Nous verrons les alternatives à ce projet, le revenu minimum garanti, l'État comme employeur en dernier ressort, la réduction de la durée du travail.

La pauvreté en France

Le taux de pauvreté reste élevé en France (14,1 % en 2015 selon l'INSEE, soit 8,76 millions de personnes). La pauvreté est y cependant moins répandue que dans la moyenne des

pays européens comparables (tableau 1) et elle y a moins progressé (tableau 2). Les inégalités

de revenus sont à peu près stables en France : le ratio interdécile est passé de 3,4 en 2002 à 3,5

en 2014. Toutefois, la part des 20 % les plus pauvres dans le revenu disponible des ménages a diminué de 9,3 à 8,7 % ; la part des 20 % les plus riches a augmenté de 37,7% à 38,3 % 4 Tableau 1. Taux de pauvreté monétaire (2014) et taux de dénuement (2015) Taux de pauvreté monétaire Taux de dénuement matériel sévère

France UE15 France UE15

Total

13,3 17,0 4,5 7,2

Moins de 18 ans 17,7 20,0 5,4 8,8

18-24 ans 21,2 24,1 6,0 9,4

25-54 ans 12,7 16,2 4,7 7,7

55-64 ans 9,9 15,3 5,2 6,7

65-74 ans 6,6 12,5 2,4 4,0

Plus de 75 ans 10,7 15,3 1,3 4,0

Source : Eurostat. Les chiffres Eurostat diffèrent des chiffres INSEE. 4

Selon INSEE, 2016, France, portrait social.

Revenu universel : l'état du débat

10

Tableau 2. Taux de pauvreté en Europe

1997 2007 2014

Évolution

1997/2014

Allemagne 12 15,2 15,6 +3,6

Autriche 13 12 12,1 -0,9

Belgique 14 15,2 14,6 +0,6

France 15 13,1 13,5 -1,5

Pays-Bas 10 10,2 10,3 +0,3

Espagne 20 19,7 20,7 +0,7

Grèce 21 20,3 20,1 -0,9

Italie 19 19,9 18,2 -0,8

Portugal 22 18,1 17,9 -4,1

Danemark 10 11,7 13,3 +3,3

Finlande 8 13,0 13,1 +5,1

Suède 8 10,5 12,9 +4,9

Irlande 19 17,2 16,1 -2,9

Royaume-Uni 18 18,6 17,1 -0,9

Source : Eurostat.

1. Qu'est-ce que la pauvreté, au sens statistique ?

Selon la définition de Peter Towsend, les pauvres sont " les personnes dont les ressources sont si

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