[PDF] Analyse Complexe 2005-2006 Licence de Mathématiques (S5





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Analyse Complexe 2005-2006

Licence de Mathématiques (S5 année 2005–2006) 2 Dérivabilité au sens complexe



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Analyse Complexe 2005-2006 - e Math

Université Lille 1 — UFR de Mathématiques Licence de Mathématiques (S5 année 2005–2006) L305 : ANALYSE COMPLEXE Responsable : Jean-François Burnol TROISIÈME CHAPITRE 16 Singularités isolées Pôles La fonction sin(z) a un zéro de multiplicité 1 en 0 : le premier terme non nul de sa série de Taylor en 0 est z

Université Lille 1 - UFR de Mathématiques

Licence de Mathématiques (S5, année 2005-2006)

L305 : ANALYSE COMPLEXE

Responsable : Jean-François Burnol

Note : le texte pourrait (devrait) être rendu plus compréhensible par l"incorporation de figures

appropriées; leur mise en place a été reportée par l"auteur à une hypothétique date ultérieure et en

attendant le lecteur est encouragé à utiliser les marges pour y dessiner lui-même ce qui lui paraîtra

utile. Il s"agit du polycopié (154 pages) d"un cours fait par l"auteur à l"automne 2005. On trouvera des exercices et des examens sur la pagede l"auteur. De plus un autre polycopié, plus court, a été rédigé l"année suivante, et il est aussi disponible sur la pagede l"auteur. Quelques sections du présent cours y furent reprises, ce quidonna lieu à quelques amélio- rations, non répercutées ici a posteriori.

Table des matières

1 Premiers pas4

2 Dérivabilité au sens complexe, équations de Cauchy-Riemann8

3 L"exponentielle complexe12

4 Fonctions analytiques15

5 Principe du prolongement analytique21

6 Les fonctions holomorphes sont analytiques26

7 Existence de primitives et Théorème de Cauchy-Goursat29

8 Annexes33

8.1 Différentiabilité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

8.2 Séries doubles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

8.3 Théorème de Dirichlet. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37

8.4 L"équation différentielley??+y= 0. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

9 Le Logarithme complexe43

10 Ouverts étoilés et primitives50

11 Fonctions puissances et série binomiale52

2

12 Intégrales le long de chemins54

13 Critère d"holomorphie, limites uniformes62

14 Intégrales à paramètre complexe65

15 Annexes71

15.1 Interversion de séries et d"intégrales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71

15.2 Continuité d"intégrales à paramètres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72

15.3 Dérivabilité d"intégrales à paramètres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74

15.4 Intégrales doubles de fonctions continues. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76

15.5 Dérivées secondes mixtes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77

16 Singularités isolées, Pôles79

17 De la Série Binomiale à la fonction Gamma (I)85

18 Formule des Compléments, Produit infini pour sinus, Nombres de Ber-

noulli 87

19 De la Série Binomiale à la fonction Gamma (II)91

20 Convergence de la Série Binomiale94

21 Les intégrales Euleriennes97

22 Preuve de la Formule des Compléments102

23 La série hypergéométrique et un Théorème de Gauss104

24 Annexes109

24.1 Formule de Stirling. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109

24.2 Théorème d"Abel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111

24.3 Critère d"Abel-Dirichlet. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113

25 Formules de Cauchy (pour un disque)117

26 Formule de la moyenne et Principe du maximum119

27 Théorème de Liouville121

28 Séries de Laurent et Résidus123

29 Invariance par homotopie126

30 Indices de lacets, variation de l"argument131

31 Le théorème des résidus avec indices134

32 Le théorème des résidus en version classique136

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c?JF Burnol, 2005,2006,2007 3

33 Annexes141

33.1 Formules de Cauchy. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141

33.2 Théorème de convergence uniforme de Weierstrass. . . . . . . . . . . . . . 143

33.3 Fonctions harmoniques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145

33.4 Sur les cycles homologiquement triviaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148

33.5 Ouverts simplement connexes et Théorèmes de Riemann. . . . . . . . . . . 152

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PREMIER CHAPITRE

1 Premiers pas

Que vautlog(-1)? On peut imaginer quelog(-1)+log(-1) = log((-1)(-1)) = log(1) =

0donc2log(-1) = 0donclog(-1) = 0. Plus généralement2log(-r) = log((-r)2) =

log(r2) = 2log(r), pourr >0et donclog(-r) = log(r). D"ailleurs si l"on calcule alors d dxlog(x)pourx <0on obtient par la règle de dérivation des fonctions composées : d dxlog(x) =ddxlog(-x) =1-xddx(-x) =-1x×(-1) = +1xce qui paraît réconfortant puisque d dxlog(x) =1xpourx >0. L"argument paraît convaincant. Mais on a aussi la formuleexp(log(x)) =x, donc on devrait avoirexp(log(-1)) =-1. Mais avec notre définition je trouveexp(log(-1)) = exp(0) = 1, et non pas-1. Il y a un problème. Bien sûr on pourrait définir totalement arbitrairementlog(x)pour x <0, le tout c"est de trouver une définition qui soit le plus compatible avec ce dont on a l"habitude. Essayons à partir de la formule de base pour définir le logarithme : log(x) =? x 1dt t C"est clair que l"on a un problème si l"on veut fairex <0puisque l"intervalle allant de1 àxpassera par une singularité de l"intégrand1 t. On peut tenter de prendre comme formule une valeur principale à la Cauchy : log(x) = lim?→0+(? 1 x -?)dt t, ce qui donnelim?→0+(log(?)+[log|t|]x-?)soit tout simplementlog(|x|)(la valeur de l"intégrale ne dépend pas de?, dans ce cas particulier; cela s"explique par le fait que1 test une fonction impaire). On retombe sur la valeur problématiquelog(-1) = 0. À ce stade, il faut avoir une inspiration de génie. La voici : lorsque l"on va de1àx <0 on rencontre en0la singularité de1 t, mais c"est parce que l"on est confiné à l"axe réel. Alors

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c?JF Burnol, 2005,2006,2007 5 plongeons cet axe réel dans un plan dont il sera l"axe horizontal et suivons un chemin dans le plan allant de1àx <0sans passer par l"origine. On veut que1 tait un sens le long de ce chemin, alors pour cela il n"y a pas d"autre choix que de considérer ce plan comme le plan des nombres complexest=z=x+iy, et de calculer1 tau sens des nombres complexes, et de poserdt=dx+idy. Alors nous prendrons comme définition : log(-1) =? -1 1dz z=? -1

1dx+idyx+iy=?

-1

1(x-iy)(dx+idy)x2+y2,

?u γ(u)?= 0. Nous avons paramétré le chemin menant de1à-1par le nombre réelu?[0,1] (dans votre tête imaginez ce[0,1]comme vivant sur une autre copie deRque celle plongée dansC, sinon cela risque de créer un terrible embrouillamini), etle chemin lui-même, par définition, est une certaine fonction dérivableγ: [0,1]→C.

Notre notation

?-1

1n"est pas bonne. Elle devrait refléter le fait que nous avons choisi un

cheminγ. On écrira donc dorénavant?

γdz

z. Dans la dernière intégrale à droite on remplace xparx(u),dxparx?(u)du, etc..., et l"on arrive à la définition : log(-1) =?

γdz

z:=? 1

0(x(u)-iy(u))(x?(u) +iy?(u))x(u)2+y(u)2du

J"ai abrégéx(γ(u)) = Re(γ(u))enx(u)et idem poury(u) = Im(γ(u)). Dans l"équation ci-dessus la dernière expression est la définition de?

γdz

z. On s"est ramené à l"intégrale d"une fonction (un peu compliquée, à valeurs complexes) surl"intervalle réel[0,1]. En ce qui concerne le symbolelog(-1)on s"attend à ce qu"il dépende du chemin choisi, donc on devrait peut-être le noterlogγ(-1)par exemple. Tout cela est bien, mais qu"est-ce que cela donne concrètement? Par exemple on peut prendreγ(u) = cos(πu)+isin(πu)qui va de+1à-1par le demi-cercle de rayon1dans le demi-plan supérieur. On obtient alors : log(-1) =? 1

0?(cos(πu)-isin(πu))(-πsin(πu) +iπcos(πu))?du

=iπ? 1

0?(cos(πu)-isin(πu))(+isin(πu) + cos(πu))?du=iπ

Bon,log(-1)vautiπen fin de compte! enfin, non. Voyons ce qui passe avec le chemin

γ(u) = cos(πu)-isin(πu), qui passe lui par le demi-plan inférieur. Je vous invite à faire le

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6calcul. Vous trouverezlog(-1) =-iπet non plus+iπ. Remarquez que la réponse ancienne

0qui vient de la valeur principale au sens de Cauchy est la moyenne entre+iπet-iπce

qui n"est pas un hasard, mais en fait tout cela commence à devenir assez embrouillé; alors, vraiment, c"est0ou+iπou-iπ? C"est le moment d"énoncer un théorème que nous n"avons pas encore les moyens de prouver mais que nous établirons plus tard : Théorème 1Si le chemin dérivableγ: [0,1]→Cva de+1à-1, ne passe pas par0, et reste toujours dans le demi-plan supérieurIm(z)≥0, alors l"intégrale?

γdz

zvaut+πi.Elle ne dépend pas du chemin (restant dans le demi-plan supérieur).Si le chemin

reste dans le demi-plan inférieur alors l"intégrale vauttoujours-πi. Dans le cas général

la valeur de l"intégrale est toujours de la formeπi+k(γ)2πiavec un certaink(γ)qui est un

nombreentier relatif(k(γ)?Z). Cek(γ)ne change pas lorsque l"on déforme le chemin sans jamais le faire passer par l"origine; plus encore si deux chemins ont le mêmekc"est que l"on peut déformer continûment (sans jamais passer par zéro!) le premier de manière

à le faire coïncider avec le second.

Remarquez que le fait queπi?=-πiprouve, compte tenu de ce qu"affirme le théorème

qu"il est impossible de déformer dans le plan le demi-cercle supérieur en le demi-cercle infé-

rieur sans qu"à un moment l"un des chemins intermédiaires nepasse par l"origine (et tout en

maintenant les extrémités fixes, si on pouvait bouger les extrémités alors certainement on

pourrait déformer l"un en l"autre sans passer par l"originedu plan). C"est là quelque chose qui paraît intuitivement évident, mais qui n"admet pas de démonstration mathématique- ment rigoureuse " gratuite ». En fait ce genre de question està l"origine de la " Topologie

algébrique », une discipline mathématique dont les débuts se trouvent dans les travaux de

Riemann sur l"Analyse Complexe. Plus tard nous évoquerons un autre théorème de Topo-

logie du plan, le Théorème de Jordan, dont la démonstration serait encore plus difficile, et

que nous admettrons. Pour en revenir au théorème une version plus complète nous dirait que si un chemin part de1et aboutit enz0alors?

γdz

zpeut prendre une infinité de valeurs distinctes, mais deux quelconques parmi elles diffèrent toujours par un multiple entier relatif de2πi. Autrement

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ditlog(z0)n"est défini qu"à2πiprès. À vrai dire si l"on imposez0/?]-∞,0]et aussi si l"on

oblige le chemin à éviter]- ∞,0]alors l"intégrale donne un résultat qui est indépendant

du chemin choisi; on l"appelle la détermination principaledu logarithme et on la notera

Log(z0).

Donc le problème avec la preuve quelog(-1) = 0car2log(-1) = log((-1)2) = log(1) =

0c"est qu"en faitlog(1)lui-même n"est défini qu"à2πiprès, et donc lorsque l"on divise par

2on prouve quelog(-1)vaut0certes, mais seulement à1

22πi=πiprès. Donc cela ne

contredit pas les valeursπi+k2πidonnées par les intégrales. On pourrait penser que le problème est lié à l"emploi de la formulelog(z1) + log(z2) = log(z1z2)mais cette formule est tout-à-fait valable à2πiZprès. Donc on peut écrire

2log(-1) = 0à condition de comprendre cela à2πiZprès.

Comme nous le verrons en ce qui concerne la détermination principaleLog(z), la formule Log(z1) + Log(z2) = Log(z1z2)n"est effectivement pas toujours valable (elle est valable si et seulement si|Im(Log(z1) + Log(z2))|< π). Mais elle est toujours valable modulo2πi. Avec les nombres réels, la fonction logarithme, historiquement comme logiquement, vient avant la fonction exponentielle. Le logarithme est cette découverte géniale dont les anciens de l"Antiquité ne disposaient pas, à savoir que l"on peut transformer des multiplications

en des additions. Il est lié à la géométrie de l"hyperbole, mais le plus simple maintenant

est de le définir parlog(1) = 0,log?(x) =1 x. Ensuite on prouvelog(ab) = log(a) + log(b), lim

x→0log(x) =-∞,limx→+∞log(x) = +∞, et l"on définitexp :R→]0,+∞[comme sa

fonction réciproque (grâce au théorème des valeurs intermédiaires). On prouveexp(t+u) =

exp(t)exp(u), et : ?t?Rexp?(t) = exp(t) Nous avons vu qu"il y a des difficultés avec le logarithme de nombres réels négatifs, difficultés qui sont partiellement résolues en passant aux nombres complexes. Après tout trouverlog(x)c"est résoudre l"équationexp(z) =x, donc on progressera peut-être à condi- tion de disposer d"une fonction " exponentielle complexe ».Notons la provisoirementE(z). Licence de Mathématiques (S5, troisième année) L305 " Analyse Complexe»

8On veutE(x) =expourx?R, et on va imposer aussi

?z?CE?(z) =E(z)

Ici il faut faire une pause importante.

2 Dérivabilité au sens complexe, équations de Cauchy-Riemann

Définition 1 (dérivabilité et holomorphie)Une fonctionf:U→Csur un ouvert du plan complexe est ditedérivable au sens complexeau pointz0?Usi la limite f ?(z0) := limh→0f(z0+h)-f(z0) h existe. La fonctionfest diteholomorphesurUsi elle dérivable au sens complexe en tout point deU, et elle est dite holomorphe sur un ensembleAsi il existe un ouvertVcontenant Asur lequelfest définie et holomorphe. Une fonction holomorphe surCtout entier est ditefonction entière. Par exemple, la fonctionf(z) =zest holomorphe surC, etf?(z) = 1. La fonction f(z) =z2est une fonction entière etf?(z) = 2z. En effetf(z0+h) =f(z0) +h(2z0+h),

d"où le résultat. Vous démontrerez que les résultats habituels sur(f+g)?,(fg)?,(f/g)?, et

(g◦f)?valent pour les fonctions dérivables d"une variable complexe

1. En particulier par

récurrence surn?N,n >0, on obtientd dzzn=nzn-1et d"ailleurs cela vaut aussi pour n?Z(pourn= 0, on considère que la formule veut dire0, même enz= 0). Remarque : pour des raisons qui seront explicitées en une autre occasion on préfère habituellemnt la notation ∂zàddz. La fonctionf(z)de la variable complexez=x+iypeut (doit) aussi être vue comme une fonction des deux variables réellesxety.

2On écrira d"ailleurs souvent

f(x+iy) =u(x,y) +iv(x,y), u= Ref,v= Imf

1. prouver aussi(g◦f)?(t) =g?(f(t))f?(t)pourf:I→Cune fonction dérivable sur un intervalle réel,

etgune fonction holomorphe surf(I).

2. on s"efforce en général de réserver certaines lettres (x,y,u,v,t,p,q,σ,τ...) pour les réels et d"autres

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Dans le calcul def?(z), prenonshréel : alors on est en train d"évaluer la dérivée partielle

∂xf(x+iy), donc f ?(z0) =∂ ∂x? ?(x,y)=(x0,y0)f(x+iy) =∂u ∂x(x0,y0) +i∂v∂x(x0,y0) Tacitement on a utilisé le fait que la partie réelle (respectivement, imaginaire) d"une limite est la limite des parties réelles (respectivement, imaginaires), donc l"existence def?(z0) implique l"existence des dérivées partielles par rapport àxdes fonctionsuetv(au point (x0,y0)). Dans le calcul def?(z), prenonshimaginaire pur :h=ik,k?R,k→0. Alors (pourquoi?) on est en train d"évaluer la dérivée partielle 1 i∂∂yf(x+iy), donc f ?(z0) =1 i∂∂y? ?(x,y)=(x0,y0)f(x+iy) =-i∂u ∂y(x0,y0) +∂v∂y(x0,y0) En comparant les deux expressions pourf?(z0)on obtient le théorème suivant : Théorème 2 (Équations de Cauchy-Riemann)Pour qu"une fonctionfsoit dérivable au sens complexe au pointz0=x0+iy0il estnécessaireque les fonctionsu= Refet v= Imfadmettent en ce point des dérivées partielles∂u ∂v ∂y(x0,y0)et que lesÉquations de Cauchy-Riemannsoient satisfaites : ∂u ∂x(x0,y0) =∂v∂y(x0,y0) ∂u ∂y(x0,y0) =-∂v∂x(x0,y0) Afin d"obtenir une condition nécessaire et suffisante il faut faire appel à la notion de

différentiabilitéd"une fontion (à valeurs réelles ou complexes) de plusieursvariables réelles

(ici, deux). Nous allons prouver en effet : Théorème 3Pour qu"une fonctionfsoit dérivable au sens complexe au pointz0=x0+iy0 il estnécessaire et suffisantqu"elle soitdifférentiableau pointz0et que lesÉquations de Licence de Mathématiques (S5, troisième année) L305 " Analyse Complexe»

10Cauchy-Riemannsoient satisfaites :

∂u ∂x(x0,y0) =∂v∂y(x0,y0) ∂u ∂y(x0,y0) =-∂v∂x(x0,y0) Rappelons cette notion de différentiabilité en un point(x0,y0)d"une fonctionF(x,y)de deux variables réelles (icif(x+iy), ouu(x,y), ouv(x,y)). On dit queFest différentiable au point(x0,y0)si l"on peut trouver deux nombresAetB(complexes éventuellement siF est elle-même à valeurs complexes) et une fonction?(h1,h2)définie pour00suffisamment petit, tels que 3 F(x0+h1,y0+h2) =F(x0,y0) +Ah1+Bh2+?h21+h22·?(h1,h2) etlim(h1,h2)→(0,0)?(h1,h2) = 0 En prenanth2= 0eth1→0on en déduit queF(x,y0)est dérivable au pointx=x0et que cette dérivée vautA. De plus en prenanth1= 0on constate queF(x0,y)est dérivable au pointy=y0et que cette dérivée vautB: ∂F ∂x(x0,y0) =A∂F∂y(x0,y0) =B Je signale cependant que l"on montre en Cours de Calcul Différentiel que la seule existence

de ces dérivées partielles n"est pas suffisante pour queFsoit différentiable au point(x0,y0):

l"existence est nécessaire, pas suffisante (je rappellerai très bientôt une condition suffisante).

On remarquera que notrehdans la définition de la dérivabilité au sens complexe cor- respond à ce qui ici esth1+ih2et? h21+h22=|h|. Sif(z)est une fonction définie dans un voisinage dez0alors l"existence def?(z0)équivaut (prouvez-le!) exactement à dire qu"il f(z0+h) =f(z0) +Ch+hα(h) limh→0α(h) = 0 La constanteCest d"ailleursf?(z0). En posanth=h1+ih2,A=C,B=iC,?(h1,h2) = h |h|α(h1+ih2)on trouve donc immédiatement quef(x+iy)est différentiable au point(x0,y0) comme fonction de deux variables réelles avecA=f?(z0),B=if?(z0). lieu et place de⎷(h21+h22).

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c?JF Burnol, 2005,2006,2007 11 Réciproquement siF(x,y) =f(x+iy)est différentiable et si il existeCtel queA=C, B=iC, ce qui équivaut à exigerB=iAalors en posantα(h1+ih2) =|h| h?(h1,h2), h=h1+ih2, on obtient tout aussi immédiatement quef(z)est dérivable au sens complexe au pointz0=x0+iy0, avecf?(z0) =A=-iB. Enfin, on remarque que la conditionB=iA(lorsque l"on supposeF(x,y) =f(x+iy) différentiable au point(x0,y0)) s"écrit ∂f ∂y(z0) =i∂f∂x(z0), ce qui, compte tenu def=u+iv, n"est qu"une autre façon d"écrire le système des deux

équations de Cauchy-Riemann. Le théorème

3est donc démontré.

Comme la différentiabilité en un seul point est une notion assez inintéressante, il est utile

de disposer du théorème suivant (démonstration en annexe) du cours de calcul différentiel :

si la fonctionF(x,y)admet des dérivées partielles par rapport àxet par rapport àyen tous les points d"un ouvertU, et si ces dérivées partielles sont des fonctions continuesdu couple(x,y)de cet ouvert U, alors la fonctionFest différentiable en tout point(x,y)de l"ouvertU. Cela nous permet donc d"énoncer la proposition suivante : Théorème 4Si la fonctionf(z)définie sur un ouvertUdu plan complexeCadmet en tout point de cet ouvert des dérivées partielles ∂f ∂xet∂f∂yet si ces dérivées partielles sont des fonctions continues sur l"ouvertUet si les équations de Cauchy-Riemann ∂f ∂y=i∂f∂x (ou de manière équivalente ∂u ∂x=∂v∂y,∂u∂y=-∂v∂x) sont satisfaites, alors la fonctionfest une fonction holomorphe sur l"ouvertU. Remarque : cela est assez surprenant, mais on montrera plus tard que sifest holomorphe alors la fonctionf?est automatiquement continue (en fait, infiniment différentiable) donc

le théorème précédent caractérise exactement les fonctions holomorphes sur un ouvertU.

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123 L"exponentielle complexe

Revenons-en au problème de trouver une fontion entièreE(z)qui jouera le rôle de fonc- tion exponentielle pour les nombres complexes. Bien sûr vous connaissez déjà une approche,

elle est enseignée dès la première année : il s"agit d"utiliser pour les nombres complexes la

formule e x=∞? n=0x n n! connue pour les nombres réels. Cela est effectivement très important et d"ailleurs nous allons

y revenir plus tard. Mais pour le moment nous préférons (après notre étude dans la section

précédente de la dérivabilité au sens complexe) prendre comme point de départ la recherche

d"une fonction holomorphe dans tout le plan complexe (fonction entière) telle que (1)E(0) = 1et?z?CE?(z) =E(z).

Commençons par établir grâce à l"équation différentielle quelques propriétés deE.

D"abord :

?z?CE(-z)·E(z) = 1 En effet avecf(z) =E(-z)E(z)on calculef?(z) =-E?(-z)E(z)+E(-z)E?(z) =-E(-z)E(z)+ E(-z)E(z) = 0. Donc (pourquoi?)fest constante, d"où l"égalité. En particulier on a ?z?CE(z)?= 0etE(z)-1=E(-z)

Établissons maintenant :

?z,w?CE(z+w) =E(z)E(w) Pour la preuve on fixewet on considère la fonction entièref(z) =E(z+w)E(-z). On calcule sa dérivée et on trouve zéro. Doncf(z) =f(0) =E(w)d"où la formule. AinsiE(x+iy) =E(x)E(iy)et il suffit de déterminer les deux fonctions d"une variable réelleE(x)etE(iy). La fonction d"une variable réellee(x) =E(x)vérifiee(0) = 1ete?(x) =e(x), c"est donc quee(x) =ex= exp(x)(en effet la dérivée deexp(-x)e(x)vaut-exp(-x)e(x) + exp(-x)e?(x) = 0, doncexp(-x)e(x) = exp(0)e(0) = 1donce(x) = exp(x)).

Université Lille 1

c?JF Burnol, 2005,2006,2007 13 La fonction d"une variable réelleg(y) =E(iy)est dérivable et vérifieg?(y) =iE?(iy) = ig(y), donc elle est aussi deux fois dérivable etg??(y) =ig?(y) =i2g(y) =-g(y): ?y?Rg??(y) =-g(y) Or par un théorème connu (démonstration en annexe) les seules fonctions d"une variable réelle avec cette propriété sont les combinaisons linéairesC1cos(y) +C2sin(y). Comme g(0) = 1on aC1= 1. Commeg?(0) =ion aC2=i. DoncE(iy) =g(y) = cos(y)+isin(y). En conclusion nous avons prouvé :si il existe une fonction entièreE(z)vérifiant( 1) alors elle est nécessairement donnée par la formule (2)E(z) =E(x+iy) =ex(cos(y) +isin(y))

Prenons la formule (

2) comme la définition deE(z). La fonction ainsi définie est-elle

une fonction holomorphe surC? En tout cas elle admet des dérivées partielles qui sont des fonctions continues du couple(x,y): ∂xE(x+iy) =ex(cos(y) +isin(y)) =E(x+iy) ∂yE(x+iy) =ex(-sin(y) +icos(y)) =i E(x+iy)

La condition de Cauchy-Riemann

∂yE=i·∂∂xE

est donc satisfaite avec des dérivées partielles continuesen le couple(x,y). Par le théorème

4, la fonctionex(cos(y)+isin(y))est bien une fonction holomorphe de la variable complexe

z=x+iy, sur tout le plan complexe. De plus on aE?(z) =∂ ∂xE(x+iy) =E(z), etE(0) = 1, ce qui prouve queEest bien solution de (

1). La formule d"additionE(z+w) =E(z)E(w)

(que l"on pourrait maintenant montrer en utilisant les formules d"addition trigonométriques) et le fait que pourzréel on retrouve l"exponentielle réelle classique nous incite à noter dorénavantE(z)sous les formesezouexp(z). En particulier on obtient pourzimaginaire pur l"une des plus belles formules des mathématiques : e iy= cos(y) +isin(y) Licence de Mathématiques (S5, troisième année) L305 " Analyse Complexe»

14Cette formule, ainsi que la notationezpour la fonction exponentielle, sont dues à Leonhard

Euler. Comme cas particulier on a

e iπ=-1, aussi celèbre en Mathématiques queE=mc2l"est en Physique. Donc effectivement on a bien le droit de considérer quelog(-1) =iπ. Attention cependant que e

2πi= cos(2π) +isin(2π) = +1,

donc plus généralementeiπ+k2πi=-1pour toutk?Zet les valeurs possibles pourlog(-1) comprennent en tout casiπ+ 2πiZ. Y-en-a-t-il d"autres? La fonctionexp :C→C?est un morphisme du groupe additif (C,+)vers le groupe multiplicatif(C?,×), et il s"agit de trouver son noyau, c"est-à-dire les zavecez= 1. Il est utile de remarquer d"abord quee¯z=ex-iy=ex(cos(y)-isin(y)) = exp(z)et ainsi que|ez|2= exp(z) exp(z) = exp(z)exp(¯z) = exp(z+ ¯z) = exp(2Re(z))d"où : ?z?C|ez|=eRe(z) Donc siez= 1alorseRe(z)= 1et doncRe(z) = 0. Alorsz=iyetcos(y) = 1et sin(y) = 0doncyest un multiple entier de2π. Donc2πiZest le noyau du morphisme de groupeexp :C→C?. Surjectivité : si l"on veut résoudreew=z, on commence par dire que nécessairement e Re(w)=|z|, donc on est obligé de prendreRe(w) = log(|z|). Cela étant fait l"équation devient équivalente àeiIm(w)=z |z|. Donc il s"agit de voir si l"on peut trouver un nombre réelθ= Im(w)tel queeiθsoit le nombre complexe de module1:X+iY=z |z|, autrement dit tel quecos(θ) =X,sin(θ) =Y. La possibilité de trouver un telθ?Rpour toutX etYtels queX2+Y2= 1est une chose que vous avez appris (en théorie) à faire lors de vos premiers cours sur les fonctions continues et dérivables

4. Ultimement c"est pour

cela que les mathématiciens ont introduit la notion de continuité, le théorème des valeurs

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