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La pensée du sage est si vaste qu'elle peut contenir le monde entier.Charles de Bovelles, De sapiente Les limites de la pensée coïncident-elles avec celles  Questions associées
  • Quelles sont les limites de la pensée ?

    Malheureusement, la pensée peut très bien manquer d'intelligence, être de trop courte vue et produire des illusions. La pensée peut enfermer l'esprit dans la doctrine, le système et l'idéologie. Elle peut même nous donner à croire que la réalité se situe dans la représentation qu'elle nous propose.
  • Quelles sont les limites de la raison ?

    La grande trouvaille de Kant consiste à, sans cesse, affirmer que d'un concept on ne peut tirer ni la connaissance, ni la certitude d'aucun existant : le « logique » n'enveloppe aucune « réalité » La non contradiction d'un raisonnement ou d'un concept n'indique rien quant à la réalité « possible » du conçu.
  • Quels sont les différents types de pensée ?

    Les 4 différents modes de pensée

    1Le mode 'Leibnizien' : Pour ce style de pensée, c'est la théorie qui est le plus important. 2Le mode 'Kantien' : Pour ce style de pensée, c'est la dialectique qui est le plus important. 3Le mode 'Hegelien' Ce mode de pensée est centré sur le conflits d'idée. 4Le mode 'Lockeen'
  • La pensée a comme but général d'établir les prémisses pour mieux comprendre. Nous avons plusieurs choix à faire. Nous avons donc besoin de la meilleure information qui rendra possible la meilleure décision. Qu'est-ce qui se passe vraiment dans telle ou telle situation?

Lucie Fabry - Doctoriales de l'ED540, avril 2020

1 Les Limites de l'analyse structurale : Granger lecteur de Lévi-Strauss

1. Le modèle linguistique : le structuralisme à l'échelle phonologique

Depuis " L'analyse structurale en linguistique et en anthropologie 1

» (1945), Lévi-Strauss a

présenté la linguistique str ucturale c omme un modèle à suivre pour les s ciences humaines. La

présentation qu'il donne des méthodes de la linguistique structurale s'appuie principalement sur un texte

de Nicolai Trubetzkoy, " La phonologie actuelle 2 Résumé des thèses de Trubetzkoy : La phonologie a pour objet les " différence[s] phonique[s] susceptible[s] de servir dans une langue donnée à la différenciation des significations intellectuelles 3 ». Par exemple, en français, la différence que l'on perçoit entre le p et le b permet de distinguer les mots pois et bois, et de leur attribuer des

significations différentes. En français, p et b constituent donc des phonèmes, c'est-à-dire

des unités qui servent à construire et distinguer des mots. Par un paradoxe qui a présidé

à la naissance de la phonologie, le p et le b doivent ce statut d'éléments simples qu'ils ont dans la langue française au fait qu'ils constituent une paire de phonèmes : ce qui permet au p et au b de distinguer des termes français, c'est le fait que cette langue ait retenu, parmi les inf inies nuances qui pourra ient permettre de distinguer des sons, l'opposition du son p et du son b. Là où une locutrice n'a que la conscience d'une différence phonique, la phonologie doit s'attacher à restituer différentes oppositions, ou

" corrélations phonologiques », et expliciter les propriétés phoniques qui président à

l'opposition de deux ou de plusieurs termes. Les unités simples que constituaient les phonèmes apparaissent ainsi, au terme de l'analyse, comm e des faisceaux de corrélations : par exemple, la corrélation mélodique (montant/descendant) se combine avec la corrélation quantitative (long/bref) pour former le jeu des voyelles serbo-croates 4 Un des objectifs de la phonologie est l'élaboration du système phonologique d'une langue, qui passe par la recension de l'ensemble oppositions phonologiques qui ont

présidé à la constitution de ses différents phonèmes, et par l'effort pour considérer ces

oppositions elles-mêmes comme un système dont les éléments sont interdépendants 5

Gilles-Gaston Granger a souligné à de nombreuses reprises l'importance de ce texte et de la lecture

que Lévi-Strauss en a proposée pour l'épistémologie des sciences humaines 6 . Il y a vu l'explicitation

d'une méthode pour élaborer un " modèle sémantique » ou " modèle sémiologique » - qu'il distingue

1

Claude Lévi-Strauss, " L'analyse structurale en linguistique et en anthropologie » dans Anthropologie structurale,

Paris, France, Plon, 1958, p. 37-62.

2

Nicolai Sergeyevich Trubetzkoy, " La phonologie actuelle », Journal de psychologie normale et pathologique, 1933,

p. 227-246. 3

Ibid., p. 332 note 1.

4

Ibid., p. 238.

5

Ibid., p. 239-240.

6

Gilles-Gaston Granger, Pensée formelle et sciences de l'homme, Pari s, Aubier-Montaigne, 1967 ; Essai d'une

philosophie du style, Paris, A. Colin, 1968, 313 p ; " L'explication dans les sciences sociales » dans Formes, opérations,

objets, Pari s, J. Vrin, 1994, p. 243-258 ; " Sur le tra itement com me objets des faits humains (1976) » da ns Formes,

opérations, objets, Paris, J. Vrin, 1994, p. 259-283.

Lucie Fabry - Doctoriales de l'ED540, avril 2020

2

d'autres types de modèles qu'il repère dans les sciences humaines, comme les " modèles énergétiques »,

" informationnels » ou " cybernétiques ». L'intérêt épistémologique d'un tel modèle tient notamment,

selon Granger, à son pouvoir prédictif : On rencontre ici l'analogue de la situation épistémologique exemplaire que fut celle de la construct ion et de l'exploitation des ta bleaux de Mende leev [da ns l'étude des éléments chimiques]. Un ensem ble de phénomènes déjà connus et suffis amment analysés est structuré selon certains concepts ; cette structuration fait apparaître des

objets abstraits que l'expérience n'a pas décelés, mais dont la clôture du système exige

que des phénomènes leur correspondent 1

L'analyse structurale fait donc la preuve de sa valeur objective et de sa fécondité en permettant des

inférences qui conduisent à la découverte d'éléments ou de propriétés conformes à ses prévisions.

2. L'application de ce modèle à l'analyse des mythes

Lévi-Strauss cherche à appliquer ce modèle d'analyse à l'étude des mythes : il fait l'hypothèse

que des éléments qui semblent d'abord arbitraires acquièrent une motivation à mesure que l'on repère

les paires d'oppositions dans lesquelles ils sont placés. Si on se demande par exemple pourquoi un aigle

apparaît dans un mythe, on pourra préciser le sens de cette apparition en analysant son contexte : " Que,

dans la même fonction, l'aigle apparaisse de jour, et le hibou de nuit, permettra déjà de définir le premier

comme un hibou diurne, le second comme un aigle nocturne, ce qui signifie que l'opposition pertinente

est celle du jour et de la nuit 2 ». La restitution de l'ensemble des couples de contraires au sein desquels

le hibou apparaît comme opposé à un autre animal permettrait ainsi de préciser ce qu'on pourrait appeler

les coordonnées signifiantes du hibou.

3. Le " mirage du paradigme linguistique » : prendre tous les systèmes symboliques pour des

systèmes formels Tout en affirmant que l'analyse lévi-straussienne des mythes et la phonologie de Troubetzkoy

relèvent toutes les deux de l'analyse structurale en un sens large, Granger a cependant voulu préciser

les limites de l'analogie que Lévi-Strauss avait établie entre les deux. Il dénonce ainsi " le mirage du

1 G.-G. Granger, " L'explication dans les sciences sociales », art cit, p. 249-250. 2

Claude Lévi-Strauss, " La structure et la forme. Réflexions sur un ouvrage de Vladimir Propp » dans Anthropologie

structurale deux, Paris, France, Plon, 1996, vol.2, p. 162.

Lucie Fabry - Doctoriales de l'ED540, avril 2020

3 paradigme linguistique 1 », en affirmant que l'analyse structurale ne peut avoir le même niveau de

rigueur et d'objectivité dans l'un et l'autre cas. Ces arguments sont rassemblés dans un article de 1976

intitulé " Sur le trait ement comme objet des faits humains », repri s dans l'anthologie Formes,

Opérations, Objets

2

Granger présente l'analyse structurale au sens large comme une étude des systèmes symboliques. Il

définit ces derniers comme " un ensemble de signes effectivement donnés ou effectivement constructibles 3

», en insistant sur le fait qu'un système, pour être un système, doit être clôt - non pas

au sens où l'on ne pourrait pas y ajouter un élément, mais au sens où l'engendrement de nouveaux

signes y est soumis à certaines contraintes, explicites ou implicites. Prenant la langue comme exemple

de système symbolique, il montre ainsi que cette condition de clôture y est opérante, non pas au sens où

la création de nouveaux mots y serait impossible, mais où la création de néologismes doit néanmoins

se plier à certaines règles 4

Granger introduit ensuite une distinction entre les systèmes symboliques en général et les systèmes

formels, qui font partie des systèmes symboliques mais qui remplissent en outre des conditions plus

strictes qui les singularisent : je retiendrai ici le premier critère retenu par Granger, la " dissociation

stricte des caractères pertinents dans la matière du signe 5

». Pour reprendre l'exemple de la phonologie,

la mise a u jour du système des corrél ations phonologique s d' une langue permet d'effectue r une

distinction entre les propriétés d'un son qui sont constitutives d'un phonème et celles qui ne le sont pas

et qui, à ce titre, peuvent varier d'une locutrice à l'autre sans que l'identification des mots prononcés en

soit entravée 6

. La délimitati on des propriétés des entités qui entrent dans leur déf inition en ta nt

1 G.-G. Granger, " Sur le traitement comme objets des faits humains (1976) », art cit, p. 273. 2

G.-G. Granger, " Sur le traitement comme objets des faits humains (1976) », art cit ; cet article mobilise également

des notions empruntées à " Langue et systèmes formels », Langages, 1971, n o

21, p. 71-87 ; " L'explication dans les sciences

sociales », art cit. 3 G.-G. Granger, " Langue et systèmes formels », art cit, p. 74. 4

Ibid., p. 75.

5 G.-G. Granger, " Sur le traitement comme objets des faits humains (1976) », art cit, p. 270. 6

Trubetzkoy insistait déjà sur ce point en écrivant : " Une qualité phonologique n'existe que comme terme d'une

opposition phonologique. Du point de vue phonétique, le l français est sonore, puisqu'il comporte la vibration des cordes

vocales. Mais, comme le français ne possède pas de l sourd, dont l'opposition au l sonore pourrait différencier le sens des

mots, la sonorité des l n'a pas d'importance phonologique », N.S. Trubetzkoy, " La phonologie actuelle », art cit, p. 238.

Lucie Fabry - Doctoriales de l'ED540, avril 2020

4

qu'éléments d'un système est, sel on Granger , la condition pour que ces élé ments puissent êtr e

considérés uniquement du point de vue de leur insertion dans ce sys tème, comm e des " entités

oppositives, relatives et négatives 1 » au sens saussurien. Granger fournit trois exemples de systèmes formels : " l'algèbre élémentaire, l'ensemble des phonèmes d'une langue, le code morse 2 À partir de là, ce que Granger dénonce comme " le mirage du paradigme linguistique 3

», c'est

l'assimilation de l'ensemble des systèmes symboliques à des systèmes formels, le fait d' " identifier

indûment à des structures de langue toute structuration d'une réalité symbolique 4 . » Par exemple, on

peut essayer de montrer qu'un mythe, ou encore les " aspects de la mode vestimentaire à un moment,

en un lie u donné, des opinions polit iques, des pr atiques juri diques ou des compor tements du consommateur 5 » sont des systèmes symboliques. Mais const ituent-ils des systèm es formel s ?

L'affirmer consisterait, selon Granger, à méconnaître le fait que ces éléments sont essentiellement

surdéterminés, c'est-à-dire " associé[s] d'une manière plus ou moins diffuse à des vécus complexes

totalisants, qui peuvent appartenir à un ordre apparemment tout différent de celui dont on veut distinguer

la forme 6

. » Leur réduction au statut de système formel s'accompagnera toujours d'une sélection de ces

propriétés, dont l'arbitraire se révèle, selon Granger, au fait qu'une autre structura tion aurai t été

possible : [Si] la réduction d'un système signifiant est possible, elle ne saurait conduire à un système formel unique. La polysémie qui caractérise le système signifiant n'est pas une polysémie ponctuelle, elle intéresse l'ensemble du système, qui signifie sur plusieurs plans. Les exégète s de te xtes s acrés ont depuis longtemps connu ce mode de polysémie 7

Du fait de cette surdétermination des entités culturelles et des phénomènes sociaux, Granger est ainsi

conduit à distinguer deux types de système formels : les systèmes formels objectifs et immanents -

dont l'exemple est fourni par le système des phonèmes - et les systèmes formels qui constituent une

1

Ferdinand de Saussure, Cours de linguistique générale, Paris, Éditions Payot & Rivages, 2016, p. 164.

2 G.-G. Granger, " Langue et systèmes formels », art cit, p. 77. 3 G.-G. Granger, " Sur le traitement comme objets des faits humains (1976) », art cit, p. 273. 4

Ibid., p. 274.

5

Ibid., p. 275.

6 Ibid. 7

Ibid., p. 276.

Lucie Fabry - Doctoriales de l'ED540, avril 2020

5

réduction artificielle d'entités essentiellement polysémiques. Granger n'en conclut pas qu'il faudrait

renoncer à cette activité de structuration et invite au contraire à multiplier les systèmes formels, qui sont

autant de tentatives pour cerner un même système symbolique : [Il faudrait f aire en sorte que] l'entr eprise de réduction aboutis se à s uperposer et entrecroiser des systèmes formels. Ainsi se trouvent peut-être conciliées des exigences contradictoires : puisque, d'une part, il n'est croyons-nous de connaissance scientifique - c'est-à-dire publiquement contrôlable et applicable - que par réduction au formel, frontière de notre entendement, et que, d'autre part, tout système formel est assurément débordé par le fait humain vécu 1

L'objection que Granger adresse finalem ent à Lé vi-Strauss est d'avoir considér é que les

analyses qu'il proposait des corpus mythiques étaient les seules possibles, en sous estimant le fait qu'il

étudie un matériau qui se prête par nature à une pluralité de structurations également pertinentes.

La lecture du texte de Granger conduit à se poser plusieurs questions : d'une part, en admettant

que les analyses structurales des corpus mythiques opèrent une réduction artificielle de ce qu'on pourrait

appeler leurs virtualités signifiantes, est-ce qu'on dispose malgré tout de critères pour distinguer les

bonnes analyses des mauvaises ? D'autre part, étant donné que Granger avait souligné qu'un des mérites

de l'analyse structurale dans le cas de la phonologie était de permettre des déductions et des prévisions,

est-ce qu'on peut attendre quelque chose de semblable de l'analyse structurale des mythes ?

4. Qu'en dirait Lévi-Strauss ?

Je n'ai pas trouvé de document qui attesterait du fait que Lévi-Strauss a lu Granger. On peut

cependant chercher dans l'oeuvre de Lévi-Strauss ce qu'il aurait pu répondre à Granger, en se demandant

s'il s'accorde avec lui sur cette différence entre l'analyse structurale des mythes et celles des phonèmes,

et s'il a cherché à en tenir compte. J'annonce ici des éléments que je souhaiterais développer davantage

dans l'exposé.

Il me semble que Lévi-Strauss a reconnu l'essentielle surdétermination des éléments du mythe

et la spécificité de l'analyse structurale qui en découle, mais qu'il l'a fait dans un texte au statut

1 Ibid.

Lucie Fabry - Doctoriales de l'ED540, avril 2020

6

singulier : La Pensée sauvage (1962). Cet ouvrage étudie les opérations de la pensée sauvage, définie

comme une " logique pratico-théorique » qu'on voit particulièrement à l'oeuvre dans les sociétés dites

primitives. Il montre que cette pensée constitue un monde signifiant en ordonnant différents éléments

en un système d'oppositions. Il se trouve ainsi que les opérations que Lévi-Strauss attribue à la pensée

sauvage sont les mêmes que celles par lesquelles il avait défini l'analyse structurale. Il est ainsi possible

d'effectuer une lect ure épistémologique de La Pensée sauvage, qui cons idère que l'étude des

spécificités de la pensée sauvage constitue une explicitation des spécificités de l'analyse structurale. Or,

Lévi-Strauss reconnaît que les matériaux sur lesquels travaille la pensée sauvage sont éminemment

structurables, et que celle-ci en joue pour faire et défaire des systèmes différentiels à mesure qu'elle

doit faire face à des évolutions sociales :

[Un] système quelconque d'écarts différentiels - dès lors qu'il offre le caractère de

système - permet d'organiser une mat ière sociologique travaillé e par l 'évolution historique et démographique, et qui consiste donc en une série théoriquement illimitée de contenus différents 1

Lévi-Strauss tire de ce constat un certain nombre de règles que doit respecter l'analyse structurale dans

l'étude de la pensée sauvage : notamment, la règle selon laquelle on ne peut pas mettre au jour un

système d'éléments différentiels sans avoir une connaissance ethnographique précise de la société dont

on étudie les mythes et les classifications. Mais il me semble que Les Mythologiques se donnent des libertés que La Pensée sauvage

n'auraient pas autorisées, et tombent davantage dans ce que Granger appelait le mirage du paradigme

linguistique : parce que Lévi-Strauss considère qu'un mythe e st constitué par l'ensembl e de se s

variantes, il nourrit l'ambition d'ordonner dans un même système différentiel des éléments empruntés

à des sociétés parfois très éloignées les unes des autres, ce qui accroit le risque que l'analyse opère des

structurations arbitraires des matéria ux qu'elle se donne, plutôt que de révél er une structuration

immanente des mythes. 1 Claude Lévi-Strauss, La pensée sauvage, Paris, Plon, 1962, p. 100.quotesdbs_dbs44.pdfusesText_44
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