Engagement littéraire et création romanesque dans lœuvre de
20 fév. 2012 Beti qui préfaçant le Temps de Tamango de Boubacar Boris Diop
Antinéa métaphore africaine de la littérature coloniale?
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DANS LÕÎUVRE DE MONGO BETI
THéSE DE DOCTORAT
SOUS LA DIRECTION DE M. LE PROFESSEUR GWENHAèL PONNAUVOLUME 1
REMERCIEMENTS
disponibilitŽ, son attention, son aide, ses conseils et sa patience. Qu'il trouve ici l'expression de
toute ma gratitude. Merci aux professeurs Jean-Philippe Watbled et Jacques Tual qui, en tant que directeurs du C.R.L.H.O.I., mÕont toujours activement soutenu tout au long de la prŽparation de cette enrichi ce travail, sans parler de leur soutien moral durant les moments de doute. Merci enfin au Conseil Scientifique de lÕUniversitŽ de La RŽunion qui mÕa permis de travailler dans les meilleures conditions matŽrielles possibles.Ë MES PARENTS,
Ë SAìDA, YANNIS ET ADAM.
NOTE LIMINAIRE
En 1988, nous avons soutenu ˆ lÕUniversitŽ de Lille III, sous la direction du professeur e romanesque de Mongo Beti È. La prŽsente Žtude sÕappuie, en partie, sur ce premier travail, mais dans une perspective diffŽrente qui prend, notamment, en compte deux ŽlŽments importants. Primo, entre 1988 et2001, le corpus betien sÕest enrichi de nouveaux Žcrits. Secundo, le nombre dÕarticles et
dÕouvrages critiques consacrŽs ˆ Mongo Beti et publiŽs depuis 1988 Ð ainsi quÕen tŽmoigne la
constat nous a amenŽ ˆ Žtendre sensiblement le spectre de nos nouvelles recherches.INTRODUCTION
7ActualitŽ de Mongo Beti
Le 7 octobre 2001, disparaissait, ˆ lÕ‰ge de soixante-neuf ans, Alexandre Biyidi-Awala, romans publiŽs entre 1954 (Ville cruelle) et 2001 (Branle-bas en noir et blanc), quatre essais,un dictionnaire et une quantitŽ non nŽgligeable dÕarticles et de textes divers. CÕest dire si la vie
de Mongo Beti est indissociablement liŽe ˆ lÕŽcriture sous toutes ses formes, fictionnelle,
journalistique, pamphlŽtaire, didactique, polŽmiqueÉmme prononcer lÕexcommunication. ConsidŽrŽ tant™t comme un agitateur marxiste ˆ
notamment ˆ Paris o se concentrent les instances francophones de lŽgitimation littŽraires,
lÕaudience quÕelle mŽritait 1 . Or, il semble aujourdÕhui, si lÕon se fie aux publications rŽcentes,une sŽlection des articles que Beti avait rŽdigŽs, entre 1978 et 1991, pour sa revue Peuples
noirs-Peuples africains 2 . La mme annŽe, Philippe Bissek compile, dans Mongo Beti ˆ 1elle rendait abondamment compte des ouvrages de Ferdinand Oyono ou de Camara Laye. Voir Vivian Steemers,
Ç Les enjeux du message anticolonialiste en mŽtropole pendant les annŽes 1950 È, communication au 24
e 2Mongo Beti, Africains, si vous parliez (prŽface de Mintounga Ota Benga ; postface de Odile Biyidi-Awala-
8YaoundŽ. 1991-2001
3 , les Žcrits journalistiques que le romancier avait donnŽs ˆ la presse betiens 4 Outre cette volontŽ de redonner vie ˆ une production abondante mais mŽconnue, sedans lequel les contributions dÕamis et de proches de Beti c™toient celles dÕuniversitaires
5 . En2008, Auguste Owono-Kouma, publie Mongo Beti et la confrontation. R™le et importance des
personnages auxiliaires 6 direction de FrŽdŽric Mambenga para"t un numŽro de la revue Interculturel francophonies 7 Et il serait aisŽ de prolonger cette liste tant sont nombreux les articles scientifiques qui, au sein des centres de recherche sur les sociŽtŽs postcoloniales.longue pŽriode de dŽfiance due essentiellement ˆ lÕapproche idŽologique que lÕon avait de
notre connaissance, jamais la qualitŽ littŽraire des romans nÕa ŽtŽ mise en dŽbat. CÕest donc
3 4AndrŽ Djiffack, (textes rŽunis et prŽsentŽs par), Mongo Beti. Le Rebelle (3 volumes). Paris : Gallimard,
collection ÒContinents noirsÓ, 2007. 5 Ambroise Kom (sous la direction de), Remember Mongo Beti . Bayreuth African Studies, n¡ 67, 2003. 6Auguste Owono-Kouma, Mongo Beti et la confrontation. R™le et importance des personnages auxiliaires.
7FrŽdŽric Mambenga (textes rŽunis et prŽsentŽs par), Mongo Beti : la pertinence rŽaliste et militante.
Interculturel francophonies, n¡ 13, juin-juillet 2008. 9bien lÕengagement du romancier, ses prises de position politiques et idŽologiques qui
critique, universitaire mais aussi journalistique, porte sur les romans de Mongo Beti signifie-t- enotre histoire : une page se refermait, celle des affrontements idŽologiques, et une autre
sÕouvrait sur le triomphe du libŽralisme, entendu dans ses acceptions politiques etŽconomiques. En dÕautres termes, lÕhumanitŽ Žtait parvenue ˆ la fin de son histoire
8 . Il fallaitdonc se rendre ˆ lÕŽvidence, dŽposer les armes et accepter lÕordre du monde tel quÕil Žtait
proposŽ. Dans un tel contexte idŽologique, les Žcrits betiens dŽnonant les Ç protonations È
9africaines semblaient dÕun autre ‰ge, tout juste bons ˆ tre lus comme le tŽmoignage
Žtait nŽcessaire, que les sociŽtŽs ont plus que jamais besoin de vigies, dÕintellectuels qui,
se rendent coupables les hommes au pouvoir. La mort annoncŽe des idŽologies nÕa-t-elle pasfonctionnŽ comme un leurre destinŽ ˆ anesthŽsier les populations, au moment mme o
triomphait une doctrine prŽsentŽe comme un horizon indŽpassable, la seule perspective offerte
ˆ notre attente ?
8Voir Francis Fukuyama, La Fin de l'histoire et le dernier homme [1992]. Paris : Flammarion, collection
ÒChampsÓ, 1993.
9 sont complices de cette situation de dŽpendance. 10 Beti. RŽhabilitation de lÕengagement littŽrairestructuralistes avait jetŽ aux oubliettes de lÕhistoire littŽraire la notion dÕengagement, attitude
jugŽe esthŽtiquement indŽcente par les promoteurs dÕune Žcriture autotŽlique. Conception
Ç pŽrimŽe È, affirmait ainsi Alain Robbe-Grillet 10 trahison des clercs È 11 , tirait ˆ boulets rouges sur tout ce qui sÕapparentait ˆ une reprise ou ˆOn ne pouvait tre simultanŽment dans lÕaction citoyenne et dans la crŽation. Or, ÒfaireÓ de la
politique Ð ce qui fut le cas de Mongo Beti tout au long de sa vie, sans que jamais cela ne fžt
un dŽshonneur Ð nÕest-ce pas avant tout se prŽoccuper du sort de la citŽ ? Et tre un Žcrivain
engagŽ, nÕest-ce pas rŽpondre, comme lÕŽcrit Alexandra Makowiak 12 , ˆ une urgence ˆ laquelle on se trouve confrontŽ ? La colonisation, la marche chaotique vers une indŽpendance pervertie, lÕabsence delibertŽs dŽmocratiques dans des rŽgimes postcoloniaux infŽodŽs ˆ lÕŽtranger, sont autant de
situations dÕurgence ˆ lÕŽgard desquelles Mongo Beti se sentait un devoir de parole. Une
10 Minuit, collection ÒCritiqueÓ, 1996, p. 25-44. 11Julien Benda, La Trahison des clercs [1927]. Paris : Grasset, collection ÒLes Cahiers RougesÓ, 2003.
12Alexandra Makowiak, Ç Paradoxes philosophiques de lÕengagement È, in Emmanuel Bouju (sous la direction
de), LÕEngagement littŽraire. Rennes : Presses Universitaires de Rennes / Groupe !, collection ÒInterfŽrencesÓ,
2005, p. 21 et 23.
11 parole qui fut sans doute parfois excessive, radicale, sans concession. Mais au nom de cettepassion qui entra"nait lÕhomme dans une violence verbale, quÕil devait lui-mme regretter, on
Mongo Beti Žtait un Žcrivain engagŽ. Il nÕa cessŽ de le clamer, revendiquant avec force
ce statut. Loin de considŽrer cet engagement comme une Žtiquette infamante, il estimait queabsolu, leur poŽsie ne saurait jamais tre diminuŽe par le contact plus ou moins rude du monde
extŽrieur. La lutte ne peut que leur rendre des forces È 13temps et ˆ lÕhistoire et une volontŽ de dŽfendre ˆ tout prix la dignitŽ humaine. Ë ce titre, son
sartrienne de lÕŽcrivain dont le destin est irrŽmŽdiablement liŽ ˆ celui de son Žpoque
14 LÕengagement est, souligne Emmanuel Bouju, un Ç geste par lequel un sujet promet et se risque dans cette promesse, entreprend et met en gage quelque chose de lui-mme dans lÕentreprise È 15 , geste Ç entre caution et pari È 16 . Beti est tout entier dans cette dŽfinition, lui qui a toujours choisi le risque contre le confort douillet du fonctionnariat de lÕŽcriture. En1972, en publiant Main basse sur le Cameroun, il engage, avec son Žditeur Franois Maspero,
13 14Rappelons le propos bien connu de Jean-Paul Sartre, dans le texte de prŽsentation du premier numŽro de la
Temps modernes, n¡1, 1
er octobre 1945. Repris dans Situations II. Paris : Gallimard, 1975, p. 14-15. 15 Emmanuel Bouju, Ç Avant-propos È de LÕEngagement littŽraire, op. cit., p. 11. 16 Ibid. 12 un combat inŽgal contre les gouvernements camerounais et franais. Six ans plus tard, en selanant dans lÕaventure de la revue Peuples noirs-Peuples africains, cÕest un autre dŽfi quÕil
continent. Enfin, le retour au pays natal, lÕouverture de la ÒLibrairie des Peuples noirsÓ et
Žpisodes dÕune vie au cours de laquelle Beti a toujours tentŽ dÕaccorder ses prises de position
scripturaires avec son action sur le terrain. Ultime tentative pour concilier Žthique et
esthŽtique. LÕengagement, jamais dŽmenti tout au long des quarante ans d'Žcriture, tout comme sonprogressisme revendiquŽ Ð Ç Moi, je suis un homme de gauche. Je suis partisan de l'Žvolution
des choses. Il faut qu'une sociŽtŽ, qu'une culture reste ouverte pour pouvoir s'adapter ˆ toutes
les Žvolutions, ˆ tous les changements È 17 Ð sont les deux principes qui guideront toute sa vie Mongo Beti na"t le 30 juin 1932 ˆ AkomŽtam, non loin de Mbalmayo, petite bourgade situŽe au sud de YaoundŽ. Tout comme Denis, le personnage-narrateur du Pauvre Christ deBomba, Beti, jeune Žcolier, frŽquente un institut religieux dirigŽ par des missionnaires. En
suite le lycŽe Leclerc, seul Žtablissement, ˆ l'Žpoque, offrant un cycle secondaire complet. En
1951, le futur romancier arrive en France pour y poursuivre ses Žtudes supŽrieures. Inscrit ˆ la
facultŽ des lettres d'Aix-en-Provence, puis ˆ la Sorbonne, il obtient une licence de Lettres 17Anthony O. Biakolo, Ç Entretien avec Mongo Beti È, in Peuples noirs-Peuples africains, n¡ 10, juillet-aožt
1979, p. 110.
13exerce dans diffŽrents Žtablissements de lÕouest de la France, puis au lycŽe Corneille de Rouen
sÕinstalle ˆ YaoundŽ o il ouvre la ÒLibrairie des Peuples noirsÓ, menant de pair une triple
activitŽ de gŽrant de sociŽtŽ, dÕexploitant agricole et dÕŽcrivain. Tout en militant activement
dans diverses associations et collectifs pour le respect des droits de lÕhomme ou pour la
dŽfense des consommateurs. HospitalisŽ, le 1 er octobre 2001, ˆ lÕh™pital de YaoundŽ pour uneinsuffisance hŽpatique et rŽnale aigu', Beti doit tre transportŽ, le 6, ˆ Douala, lÕh™pital de la
capitale ne disposant pas dÕun matŽriel de dialyse. Il meurt le lendemain. l'Žtudiant noir È 18 et une nouvelle, Ç Sans haine et sans amour È 19 . 1954 voit la parution,toujours dans PrŽsence Africaine, d'un court article de deux pages consacrŽ au roman de
Camara Laye, L'Enfant noir
20 18 19A. B. [Alexandre Biyidi], Ç Sans haine et sans amour È, in PrŽsence Africaine, n¡ 14, op. cit., p. 213-220.
20Alexandre Biyidi, Ç L'Enfant noir È, in PrŽsence Africaine, n¡ 16 (sŽrie des numŽros spŽciaux), Ç Trois
Žcrivains noirs È, 1954, p. 419-420.
14 Pauvre Christ de Bomba (1956) publiŽ sous un nouveau pseudonyme, Mongo Beti 21, nom de plume que lÕauteur adoptera dŽfinitivement ; Mission TerminŽe (1957) et Le Roi miraculŽ (1958).
violences qui le traversent et ˆ la dŽnonciation de toutes les forces rŽtrogrades qui visent la
perpŽtuation dÕun ordre que lÕauteur prŽsente comme condamnŽ ˆ dispara"tre. Ainsi que le
forces nationalistes entra"nait irrŽsistiblement l'Žcrivain vers une rŽaction fŽroce ˆ l'Žgard de la
colonisation È 22Assez curieusement, alors que Mongo Beti semblait devoir tre un auteur prolifique, puisqu'il venait de publier quatre romans en cinq ans, 1959 marque le dŽbut d'un long silence qui ne prendra fin qu'en 1972 avec la parution de Main basse sur le Cameroun, texte hybride
du Cameroun, celle de l'indŽpendance. Loin d'tre politiques comme on lÕa laissŽ entendre, les
causes de cet abandon de l'Žcriture romanesque sont beaucoup plus prosa•ques : la prŽparation
du C.A.P.E.S., puis de l'AgrŽgation, la naissance de ses enfants ont accaparŽ l'essentiel du temps que Mongo Beti pouvait consacrer ˆ la crŽation.1959 est Žgalement une date importante : cette annŽe-lˆ, l'Žcrivain se rend au Cameroun
21Mongo Beti signifie en langue pahouine Ç l'enfant du peuple beti È. Le lien ombilical avec la terre natale est
22Anthony Cecil Brench, The NovelistsÕ Inheritance in French Africa : Writers from Senegal to Cameroon.
Îuvres et Critiques, n¡ III 2 et IV 1, automne 1979, p. 76. 15 en 1991, muni dÕun visa de sŽjour de deux semaines. Beti consigne ses impressions de voyagedans deux articles publiŽs dans la revue Preuves : Ç Cameroun 1958 È et Ç Tumultueux
Cameroun È
23dŽcrivaient parfaitement l'imbroglio politique et militaire qui rŽgnait en cette
veille d'indŽpendance. Mais surtout, Mongo Beti se retrouvait dans une situation quÕil
le pays, lÕŽvolution politique et sociale, la population. LÕintrusion dÕun Žtranger ou dÕun
candide dans une sociŽtŽ rongŽe par des conflits, manifestes ou latents, est une stratŽgie
La publication de Main basse sur le Cameroun (1972), puis le lancement de la revuelittŽraires de Beti, ˆ savoir la propension ˆ diffuser ses idŽes aussi bien par le biais de la fiction
dans ses ressorts les plus intimes, de prendre en compte non seulement la production romanesque, mais Žgalement toute la Ç prose latŽrale È 24. LÕengagement littŽraire est dÕailleurs Contre la cl™ture instituŽe par la modernitŽ, lÕengagement suppose ainsi une 23
Mongo Beti, Ç Cameroun 1958 È, Preuves, n¡ 94, dŽcembre 1958, p. 55-60 ; Ç Tumultueux Cameroun È,
Preuves, n¡ 103, septembre 1959, p. 26-34 et n¡ 104, octobre 1959, p. 30-39. Le voyage effectuŽ par Mongo Beti
se dŽroula entre la fin de l'annŽe 1958 et le dŽbut de lÕannŽe 1959. 24Luc Vigier, Ç Figures et portŽe du tŽmoin dans la littŽrature du XX e ave%3Bcle. Page consultŽe le 9 janvier 2007. 16 Sartre Žtait ˆ la fois romancier, dramaturge, critique et essayiste ; de mme pour Camus ou Simone de Beauvoir. 25
Le souci dÕtre compris par le plus grand nombre et la crainte de voir sa parole ŽtouffŽe par
Žnonciation. Certes, le roman demeure pour Beti, qui suit en cela la tradition critique marxiste,le genre politique par excellence, le plus ˆ mme, comme le notait Mikha•l Bakhtine, de
prendre en charge les agitations et les soubresauts dÕune Žpoque en mouvement : substantiellement, plus sensiblement et plus vite lÕŽvolution de la rŽalitŽ elle- mme ; seul celui qui Žvolue peut comprendre une Žvolution. Le roman est devenu le personnage principal du drame de lÕŽvolution littŽraire des temps nouveaux, prŽcisŽment parce que cÕest lui qui traduit au mieux les tendancesŽvolutives du monde nouveau.
26lÕhistoire et au politique, recourt, si nŽcessaire, ˆ dÕautres genres : lÕessai, le dictionnaire, le
pamphlet, etc. Et jusquÕˆ son dernier souffle, il profitera de toutes les tribunes mises ˆ sa
disposition pour profŽrer le mme message de respect de la vŽritŽ historique et dÕuniversalitŽ
des droits de lÕhomme. Ce qui Žtait encore le cas le 9 juin 2001, quatre mois avant sa mort :invitŽ dÕun colloque organisŽ ˆ la Sorbonne par lÕAssociation Internationale de Recherche sur
parole publique 27Beti. Il Žcrit et publie sans discontinuer : la revue Peuples noirs-Peuples africains est un
25essaisÓ, 2000, p. 77. 26
Mikha•l Bakhtine, EsthŽtique et thŽorie du roman [1975]. Paris : Gallimard, ÒTelÓ, 1978, p. 463.
27Le texte titrŽ Ç Repentance È est repris dans Philippe Bissek, Mongo Beti ˆ YaoundŽ. 1991-2001, op. cit., p.
426-430. Il est Žgalement consultable sur le site internet de lÕAIRCRIGE ˆ lÕadresse suivante :
17exceptionnel forum pour le dŽbatteur dans lÕ‰me quÕest Beti. Sous son nom, sous des
pseudonymes, ou sous une signature gŽnŽrique, Ç la rŽdaction È, Beti aborde tous les sujets qui
financiers, rend compte des publications rŽcentes. Cette intense activitŽ Žditoriale se double
dÕune production fictionnelle importante : La Ruine presque cocasse dÕun polichinelle, publiŽ
tout dÕabord en feuilleton dans Peuples noirs-Peuples africains (entre mars et novembre1978), puis en volume lÕannŽe suivante ; Ç Renseignement pris È, une longue nouvelle Ç para-
Dzewatama (1984), deux romans dont la publication chez Buchet-Chastel avait ŽtŽ prŽcŽdŽe
dÕune diffusion en feuilleton, toujours dans Peuples noirs-Peuples africains 28, tout cela en assurant la co-administration de la revue et en donnant ses cours au lycŽe de Rouen.
Mais cette inflation scripturaire ne se fait-elle pas aux dŽpens des qualitŽs littŽraires que
29est Žtroite, certains critiques, comme Susan Suleiman et Beno"t Denis, superposant mme les
deux notions. Ë tort, selon nous, car la littŽrature engagŽe, qui est avant tout dŽvoilement
dÕune rŽalitŽ, a pour principe fondateur la libertŽ du lecteur : lÕŽcrivain engagŽ, et Mongo Beti
28De janvier-fŽvrier ˆ juillet-aožt 1982 pour le premier ; et de septembre-octobre 1983 ˆ fŽvrier-mars 1984 pour
le second. 29Les analyses de Sylvie Servoise-Vicherat (LÕEngagement du roman ˆ lÕŽpreuve de lÕhistoire en France et en
Italie au milieu et ˆ la fin du XX
e rŽflexion. 18 3031
, Beti est bien obligŽ toujours ; le dŽveloppement social, Žconomique, culturel, nÕest pas au rendez-vous. Pis, la corruption morale est plus forte que jamais et les Camerounais semblent avoir abdiquŽ toute
volontŽ de b‰tir une sociŽtŽ plus juste. La transposition romanesque dÕun tel Žtat des lieux
produit trois romans Ð LÕHistoire du fou (1994) ; Trop de soleil tue lÕamour (1999) et Branle-
bas en noir et blanc (2000) Ð ˆ la tonalitŽ dÕensemble dŽsenchantŽe et ˆ lÕhumour noir,
grinant. Comme si le retour vers une plus grande littŽraritŽ Žtait la seule rŽponse possible au
dŽsenchantement politique. La littŽrature comme consolation aux dŽboires idŽologiques et ˆ
lÕengagement militant ? Sans doute, en partie, mais le sentiment de rŽvolte et lÕindignation
lÕŽcriture betienne.DŽroulement de notre Žtude
cela, il nous faudra examiner tous les aspects annexes que cette interrogation initiale suscite. 30Jean-Paul Sartre, QuÕest-ce que la littŽrature ? [1947]. Paris : Gallimard, collection ÒidŽesÓ, 1981, p. 31.
31Ibid., p. 29-30 : Ç Le prosateur est un homme qui a choisi un certain mode dÕaction secondaire quÕon pourrait
nommer lÕaction par dŽvoilement. [É] LÕŽcrivain ÒengagŽÓ sait que sa parole est action È.
19 En premier lieu, de quelle nature est lÕengagement betien et comment la posture et les choixtravail, intitulŽe Ç La chronique coloniale È, tentera de montrer que les quatre premiers romans
Ð Ville cruelle (1954), Le Pauvre Christ de Bomba (1956), Mission terminŽe (1957) et Le RoimiraculŽ (1958) Ð sÕinscrivent dans la ligne idŽologique et esthŽtique dŽfinie par les premiers
textes thŽoriques de Mongo Beti, ˆ savoir Ç LÕEnfant noir È et Ç Afrique noire, littŽrature
rose È 32. Dans ces deux articles, Beti pose explicitement les bases de sa double conception de
la littŽrature et du r™le de lÕŽcrivain. Ë la vision folklorique de la littŽrature africaine,
vŽhiculŽe, non seulement, par les EuropŽens, mais Žgalement par les auteurs africains qui
Bernard Mouralis
33, une vision sociologique du continent. Il sÕagira ainsi, non de se complaire dans une description essentialiste de lÕAfrique et de ses populations, ˆ un moment o les
mais de dŽvoiler les tensions qui traversent la sociŽtŽ coloniale, et surtout de montrer Ð bien
des annŽes avant que Fanon ne thŽorise les rapports entre colonisŽs et colonisateurs 34Ð que ce
qui distingue la sociŽtŽ coloniale de toute autre construction sociale humaine est la place quÕy
occupe la violence, quÕelle soit symbolique ou rŽelle. Pour cette raison, nous nous attacherons,
dans les quatre chapitre qui composent cette Žtude inaugurale, ˆ une analyse de toutes les composantes de la sociŽtŽ coloniale peinte par Beti. 32Ç Afrique noire, littŽrature rose È. PrŽsence africaine, n¡ 1-2, avril-juillet 1955, p. 133-145.
3334
20
thŽorique le concept de Ç protonation È ŽlaborŽ par Jean Ziegler. Les trois romans qui
composent ce que nous avons appelŽ Òle cycle RubenÓ Ð PerpŽtue et lÕhabitude du malheur
(1974), Remember Ruben (1974) et La Ruine presque cocasse dÕun polichinelle (1979) Ð fonctionnent sur un double registre : examen clinique dÕune rŽpublique africaine nouvellementindŽpendante et relevŽ scrupuleux des signes de dŽlabrement du pouvoir en place ; appel Ð ˆ
travers la rŽvolution triomphante et ™ combien symbolique des habitants dÕEkoumdoum Ð ˆ
aux dires mme de lÕŽcrivain, la transposition romanesque des idŽes quÕil avait dŽveloppŽes
dans son essai Main basse sur le Cameroun Ð de mettre ˆ bas une idŽe reue concernantlÕesthŽtique betienne. Ë en croire nombre de critiques qui, en cette occasion, ne faisaient que
prendre au pied de la lettre les dŽclarations (trompeuses) de lÕauteur, les romans betiens secaractŽrisent par une simplicitŽ formelle, une absence totale de recherche en ce domaine.
Certes, lÕŽcriture betienne est dÕun grand classicisme, lÕauteur refusant, pour des raisons dŽjˆ
signalŽes, de cŽder ˆ la facilitŽ de ÒlÕafricanisationÓ de son Žcriture. Mais cette transparence
que Beti emprunte au roman de type Ç balzacien È 35, ne signifie nullement, comme nous le questions de forme. 35
Voir Henri Godard, Le Roman modes dÕemploi. Paris : Gallimard, collection ÒFolio essaisÓ, 2006.
21dŽpendantes des Žcrits journalistiques que Mongo Beti publie en abondance dans Peuples
noirs-Peuples africains et doivent tre mises en perspective avec la Ç prose latŽrale È qui
Žcrits et de voir comment le roman se nourrit et comment il fait sien les ŽlŽments que lui fournit la prose journalistique.lÕamour (1999) et Branle-bas en noir et blanc (2000) Ð de se tourner vers le Ç polar È. Que
traduit cette volontŽ dÕexplorer un genre romanesque parfaitement codŽ et dans lequel Betipolicier ? Toujours est-il que les deux romans citŽs auxquels il convient dÕajouter LÕHistoire
du fou (1994) sont des textes o la dr™lerie, lÕhumour fŽroce et le jeu littŽraire cohabitent avec
illusion sur le devenir de son pays, trouvait, comme seule parade ˆ lÕangoisse de dispara"tresans avoir vu la fin du combat, et surtout la victoire de la cause quÕil a portŽe, en la littŽrature
Nous nÕavons privilŽgiŽ aucune approche thŽorique, refusant de nous laisser enfermer dans un cadre critique trop contraignant. Nous avons variŽ les approches mŽthodologiques,nous avons fait appel ˆ toutes les disciplines de la critique littŽraire, mais Žgalement ˆ des
disciplines voisines chaque fois que la richesse du texte lÕexigeait. 22diachronique, une telle approche nous semblant la plus pertinente pour exposer, dans la durŽe,
la fidŽlitŽ du romancier aux idŽaux de ses dŽbuts. Cette permanence est, nous semble-t-il, la
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