[PDF] Affaires étrangères. Correspondance reçue du consulat dAlger





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Intitulé sous-série AJ/99 : Archives de Maurice Papon Référence

nommé préfet des Landes il réintègre le ministère de l'Intérieur en octobre 1945 et se voit chargé de la sous-direction de l'Algérie. À titre d'expert 

Affaires étrangères. Correspondance reçue du consulat d'Alger (1642 -1792)

Inventaire analytique (AE/B/I/115-AE/B/I/145)

Par M. Touili

Archives nationales (France)

Pierrefitte-sur-Seine

2000
1

Cet instrument de recherche a été encodé par l'entreprise diadeis dans le cadre du chantier de dématérialisation des

instruments de recherche des Archives Nationales sur la base d'une DTD conforme à la DTD EAD (encoded archival

description) et créée par le service de dématérialisation des instruments de recherche des Archives Nationales

2

Préface

AVANT-PROPOS Qui pouvait, mieux que Mohammed Touili, mettre à la disposition des chercheurs un instrument de

recherche propre à éclairer l'intérêt et la richesse de ce fonds d'archives né de l'activité du consulat de France à Alger

entre 1642 et 1792, un fonds que la logique de l'histoire a placé aux Archives nationales de la France parmi les autres

archives qui, au temps de leur activité, ont contribué à l'information des gouvernants ? Complétant le fonds conservé

par le ministère des Affaires étrangères, qui est pour la plus grande part formé des correspondances reçues à Alger par

le représentant de la France, le fonds des Archives nationales comprend la correspondance reçue à Paris par le

secrétariat d'État à la Marine, alors en charge de tout l'Outre-Mer. Autant dire que l'on y trouve le reflet quotidien des

réalités de la vie politique, sociale et économique de l'Algérie, mais aussi celui du rôle tenu par le gouvernement

d'Alger dans un monde méditerranéen, où se présentent pour la diplomatie européenne de nouveaux enjeux.

Sa parfaite connaissance du pays, de ses archives et de son histoire mettait Mohammed Touili à même d'aborder cette

documentation foisonnante en parfaite connaissance de l'intérêt qu'elle pourait susciter chez les historiens de tous les

pays. L'ancien président de la Conférence internationale de la Table ronde des Archives savait d'expérience ce que

savent depuis des siècles les archivistes et les historiens : les archives de l'un sont le matériau de tous pour la

compréhension d'un passé où, d'affrontements en coopérations et de rivalités en échanges, chacun n'a vécu qu'une

face d'une histoire qui est celle du monde. Depuis le temps des Phéniciens, des Grecs et des Carthaginois, cette mer

que les Romains appelaient avec un orgueil réaliste "Notre Mer" et à laquelle l'expansion du monde islamique a donné

un nouveau visage n'a jamais cessé d'être un lien toujours fragile mais toujours essentiel et un carrefour aux larges

horizons. Les archives dont l'inventaire que voici fournit la clé doivent leur intérêt à cet observatoire qu'est Alger, sur

une rive de la Méditerranée dont l'horizon s'étend sur trois continents.

On ne peut que remercier Mohammed Touili d'avoir mené à son achèvement cette difficile entreprise que, voici huit

ans, je lui proposais. En cet ouvrage, il a mis en oeuvre sa compétence d'historien et d'archiviste, mais aussi son

attachement profond aux deux pays qui lui sont chers. De ce travail, l'Algérie se trouvera bien. La France aussi.

Jean FAVIER

Membre de l'Institut

Président d'honneur du Conseil international des archives

Archives nationales (France)3

INTRODUCTION

Référence

AE/B/I/115-AE/B/I/145

Niveau de description

fonds

Intitulé

Affaires étrangères. Correspondance reçue du consulat d'Alger

Intitulé

CORRESPONDANCE DES CONSULS DE FRANCE À ALGER

Intitulé

1642-1792

Date(s) extrême(s)

1642-1792

Nom du producteur

France. Secrétariat d'État de la marine. Administration des consulats (1669-1790)

Localisation physique

Paris

DESCRIPTION

Présentation du contenu

INTRODUCTION

Alors que l'historiographie se montre d'une certaine pauvreté sur la période ottomane à Alger, les documents

conservés sur l'activité du consulat de France au XVII e et au XVIII e siècles se révèlent d'une étonnante richesse d'informations dans les domaines les plus divers.

Le fonds d'archives du consulat de France à Alger est conservé au centre des archives diplomatiques de Nantes. Il a

donné lieu en 1988 à la publication d'un inventaire rédigé par Pascal Even,

Papiers du consulat de France à Alger.

Inventaire analytique des volumes de correspondance du consulat de France à Alger, 1585-1798. Il s'agit pour

l'essentiel des documents reçus par le poste consulaire. L'inventaire signale de nombreuses lacunes, notamment les

archives pillées et détruites lors de l'expédition de Duquesne en 1683, mais aussi pour la période 1763-1767.

Ces lacunes se trouvent comblées par les documents contenus dans les trente et un registres de la correspondance

reçue du consulat par le secrétariat d'État de la Marine et conservés aujourd'hui au Centre historique des Archives

nationales sous les cotes A.E. B 1

115 à 145. Ce sont eux qui font l'objet du présent inventaire. Ils appartiennent à la

série des registres de correspondance de cent cinq postes consulaires, qui furent transférés des archives de la Marine

au ministère des Affaires étrangères lorsque ce ministère, après la Révolution française, reçut l'autorité sur les

consulats, avant d'être versés aux Archives nationales les 16 décembre 1932 et 13 janvier 1933. L'ensemble de la série

des registres de correspondance est accessible aujourd'hui par un répertoire publié en 1982,

Correspondance

consulaire, consulats, mémoires et documents (Affaires étrangères B/I et B/III), qui remplace l'ancien répertoire

manuscrit établi en 1934 et 1935 d'après les bordereaux de versement par Léonce Célier.

Les lettres conservées dans les registres de correspondance du consulat d'Alger, auxquelles sont joints de nombreux

documents annexes, couvrent la période qui va de 1642 à 1792. On y trouve en particulier le précieux

Journal d'Alger,

Archives nationales (France)4

que Pascal Even considérait comme "une source capitale pour approcher l'existence quotidienne du consulat et de la

capitale de la Régence à cette époque". Ponctuellement tenue, sur instruction du ministre, cette chronique rend

compte, dit le consul Benoît Le Maire (avril 1732-février 1735), de " tout ce qui se passait d'intéressant [à Alger]... de

toutes les nouvelles du pays... [du] détail des affaires que j'avais à traiter ".

Le présent inventaire constitue donc le complément attendu du travail déjà réalisé pour le fonds conseré à Nantes.

Personnalités de premier plan, les consuls de France à Alger assument le rôle d'ambassadeurs, puisqu'ils écrivent

directement - et quotidiennement - à la cour et reçoivent ses instructions pour dialoguer avec le gouvernement

algérien exerçant, pour sa part, toutes les prérogatives de la souveraineté nationale. Certains, tels Jean de Clairambault

(1706-1717) ou Jean-Antoine Vallière (1763-1774), se révèlent des hommes remarquables par leur ouverture d'esprit, la

pertinence de leurs analyses, voire la qualité de leur style. Ils s'emploient d'abord à défendre le pavillon et les intérêts

de leur pays, mais leur correspondance permet aussi de saisir, au delà de l'accidentel et de l'accessoire, les lignes

politiques directrices des deux nations.

Le poste d'Alger est d'une grande importance pour la diplomatie française, notamment en raison du contexte politique

qui fait de la Méditerranée, après la guerre de Hollande (1678), un espace essentiel où s'affrontent les intérêts français,

anglais et espagnols, mais aussi ceux des pays du Nord - Suède et Danemark - de Hambourg et des villes hanséatiques,

des républiques italiennes de Venise et de Gênes, de l'Empire, du Grand Duché de Toscane, des royaumes de Naples et

de Sardaigne, puis, durant la seconde moitié du XVIII e siècle, de la Russie et des États-Unis d'Amérique. Des relations privilégiées ont été tissées dès le XVI e siècle entre le royaume de France et Alger. Le traité du 23 avril

1684 instaure une paix centenaire entre "

deux nations amies " (Reg. 14 - F° 368). On ménage d'autant plus l'ombrageuse fierté des Algériens que " traiter dans une cour d'Europe et traiter à Alger, où l'on n'est accoutumé qu'à

des déférences de la part des autres nations, sont deux choses bien différentes " (Reg. 21 - F° 189-192). Or les deys -

autant que les deïles, particulièrement sensibles aux présents - y manifestent assez souvent "

un penchant pour les

Français " (Reg. 31 - F° 1) et rappellent à maintes reprises, comme en 1775, à l'occasion de la naissance du duc

d'Angoulême, leur volonté de cultiver " l'amitié et la bonne intelligence qui règnent entre les deux nations " (Reg. 22 -

F° 194).

Le pavillon français assure la protection des vaisseaux du roi, dont l'avitaillement et les réparations sont, en règle

générale, effectués gratuitement par le dey, cependant que les bâtiments algériens trouvent assistance dans les ports

français. L'avènement de la République ne modifie pas cette ligne de conduite : en 1792, recommandation est faite

d'éviter d'attribuer aux Algériens, dans les discussions et dans les écrits du gouvernement, "

des qualifications

injurieuses qui les font considérer comme des pirates ou des voleurs de mer... D'ailleurs les Algériens ne peuvent être

rangés dans cette classe odieuse. Lorsqu'ils sont en guerre avec quelque nation, ils arment des corsaires, comme l'ont

pratiqué jusqu'à présent toutes les autres puissances maritimes. Mais ils ne courent jamais indistinctement sur tous

les parillons " (Reg. 31 - F° 275-277).

Le problème des prises et de l'esclavage a cependant occupé la majeure partie de la correspondance consulaire. Même

si la conclusion de traités tendit de plus en plus à les interdire entre les deux nations. les infractions furent

nombreuses, surtout en période de tension, et source d'infinis contentieux sur la restitution, le dédommagement, les

rachats particuliers ou généraux par les associations ou les ordres religieux de la Merci et de la Trinité ; sans compter

que l'on avait aussi recours à la médiation des consuls français pour le rachat d'étrangers ou les affaires de pavillon,

d'évasions, de désertions.

On observe rapidement la répercussion des événements français à Alger : la Révocation de l'Édit de Nantes entraîne

l'arrivée de protestants. passagers de bâtiments anglais et hollandais : les victoires révolutionnaires de 1792,

notamment celle de Jemmapes, ont un retentissement qui appelle ce jugement du consul : " la France peut trouver en les Algériens des amis et des alliés " (Reg. 31 - F° 2+9-252).

L'intensité du jeu diplomatique est sous-tendue par l'importance des relations économiques. Elles se manifestent à

travers les activités commerciales de la Compagnie d'Afrique dans ses concessions du Bastion de France à La Calle et

de ses comptoirs de Bône, Stora et Collo, l'installation de succursales des principales maisons de commerce de

Marseille ou à travers l'affrètement constant de bâtiments français par les Algériens pour Tétouan, Salé, Mogador,

Tunis, Alexandrie et, très régulièrement, vers Smyrne pour y embarquer des recrues. Les navires français assurent

Archives nationales (France)5

aussi chaque année le transport des pèlerins algériens jusqu'à Alexandrie. Les achats de blés algériens permettent

souvent la soudure de l'approvisionnement du Languedoc et de la Provence ; il faudrait y ajouter les cires, les peaux,

les laines, les burnous " per caralli ", à l'usage de couvertures pour chevaux, ou encore le corail réexporté vers la

Russie, l'Inde et le Proche-Orient ; la duchesse de Choiseul sélectionne, pour ses terres d'Amboise, brebis et béliers de

Constantine et réclame, de surcroît, le berger ; c'est, en revanche, à la compétence des maîtres-fondeurs de Rochefort

qu'Alger fait appel pour construire une fonderie de canons.

Aussi pouvons-nous lire que "

les Français étaient traités avec un air de prédilection qui excitait la jalousie des autres

nations " (Reg. 21 - F° 205). Les deys savent d'ailleurs habilement jouer de ces rivalités, tout particulièrement avec

l'Angleterre, omniprésente en Méditerranée et défendant son pavillon par l'envoi fréquent d'escadres à Alger (amiral

Aylmer en 1699 ; amiral Byng en 1703, etc.). Les autres pays ne bénéficient pas du régime de faveur qui dispense la

France et l'Angleterre du versement d'un tribut annuel pour assurer la protection de leur trafic marchand. La

correspondance du représentant français met néanmoins en lumière l'activité de leurs consulats (celui de l'Empire est

établi en 1727) ou le passage de leurs escadres (celle de Suède, en 1731, est accueillie par de grandioses festivités), ainsi

que l'incidence des guerres européennes, des alliances et de leurs renversements. Les missives consulaires éclairent

aussi la nature des rapports que la Régence d'Alger entretient avec la puissance tutélaire. L'allégeance à la Sublime

Porte, dont témoigne, par exemple, l'envoi de présents à l'avènement d'un nouveau dey, n'a plus guère qu'une

existence formelle. Aussi est-il vain, observe le consul Jean-Baptiste Michel Guyot de Kercy le 25 juin 1783, "

que

l'Empereur Joseph II cherche à obtenir la paix avec la Régence par l'entremise de la Porte, qui ne veut peut-être pas lui

répondre qu'elle n'a aucune autorité sur Alger... La Régence jouit de toute indépendance depuis environ 240 ans "

(Reg. 26 - F° 230-232). On peut, de ce fait, affirmer que " la paix avec la Porte et la paix avec la Régence [sont] deux

choses très différentes " (Reg. 28 - F° 203-205). C'est enfin la complexité des relations avec les pays voisins - Tripoli,

Tunis, Maroc - qui apparaît à travers l'évocation de tributs, d'alliances instables et de conflits.

Mais l'intérêt n'est pas moindre du tableau que la correspondance consulaire brosse de la situation intérieure de la

Régence. Tout un réseau d'informateurs est d'ailleurs évoqué : renégats, anciens esclaves entrés dans la confiance du

dey ou de grands personnages, à qui rien n'échappe, jusqu'aux plus tortueuses intrigues de palais. Et tel consul de

souligner la confidentialité des nouvelles qu'" il seroit dangereux de communiquer au gazetier parce qu'il y a ici un

homme qui rend au gouvernement tout ce qu'il trouve dans les gazettes de France et de Hollande." (Reg. 18 - F° 244-

247).

Au delà des points de vue, voire des préjugés individuels des observateurs, comme des aléas inhérents à la politique de

la Régence et à la personnalité des deys, certaines observations viennent déranger les stéréotypes. Ainsi, on note un

sens de l'intérêt public tel que " le trésor du beylik est plus précieux que la vie des Algériens " et que " le dey ne croit

point être maître de disposer pour quelque cause que ce soit de ce qui appartient à la Régence." (Reg. 26 - F° 331-333).

L'administration apparaît "

d'une extrême rigueur " (Reg. 29 - F° 174-175). Le souci de la sûreté des gens rend " la ville

d'Alger... aussi policée qu'aucune de l'Europe " (Reg. 12 - Fol. 102) et l'on s'y préoccupe que " toutes les femmes

puissent aller seules à 10 lieues à la ronde avec autant de sûreté que si elle étaient dans leurs maisons." (Reg. 12 - F°

102). On peut d'ailleurs mieux apprécier le rôle de la femme dans cette société, à commencer par le rôle de la deïle

dont l'influence est parfois si grande, que la " taïffe ", excédée, en vient à choisir un dey d'un grand âge " parce qu'elle

était lasse d'être gouvernée par les femmes des deys passés et que celui-ci n'en a aucune " (Reg. 3 - F° 296). On

recommandera donc d'envoyer " un consul qui soit marié et qui amène sa femme avec lui " (Reg. 16 - F° 192-193), pour le plus grand intérêt des relations diplomatiques par l'entremise des dames.

Cependant, l'ordre intérieur s'avère très précaire, fréquemment menacé par les troubles de la campagne qui entravent

la levée de l'impôt et l'acheminement des vivres, par les révoltes durement réprimées des "

Maures de la montagne "

qui "

continuent de donner de l'inquiétude à ces gens-ci - on ne peut les réduire." (Reg. 19 - F° 215-217). Et les consuls

de mettre en garde contre la contrebande d'armes. C'est encore la situation des minorités qui se précise à travers les

documents du poste. Considérés sans aménité par les consuls, qui les accusent souvent de cabale contre les intérêts de

la France - "

L'arbre de Cracorie étend ses rameaux jusques à Alger " - (Reg. 22 - F° 434), les juifs, dont l'activité

rayonne sur toute la Méditerranée, sont, pour beaucoup d'entre eux, " nés, eux, leurs pères et leurs aïeux dans cette

ville d'Alger... véritablement sujets algériens " (Reg.11 - F° 50-51). Quelques-uns peuvent même accéder aux plus hauts

Archives nationales (France)6

postes, tel celui de raïs.

Le sort des esclaves sollicite particulièrement l'attention du lecteur, indépendamment des échos que l'on a de la

situation des esclaves algériens en France (un millier en 1683, notamment à Marseille). En 1749 sont recensés à Alger

trois mille esclaves espagnols, deux mille autres européens et cent soixante Français, déserteurs des troupes

espagnoles d'Oran ou pris sous pavillons étrangers, " qui ne sont plus réputés Français ". Il ne semble pas aisé

d'échapper à ce statut autrement que par le rachat ou, occasionnellement, " l'échange réciproque ", qui donnent lieu,

comme nous l'avons déjà rappelé, à une intense activité procédurière. Recommandation est en effet donnée aux

commandants français d'éviter de recueillir à leur bord des esclaves qui recouvreraient ainsi leur liberté. La conversion

à l'islam est tenue en suspicion des deux côtés, bien que les renégats soient assez nombreux à s'être frayé une voie dans

la société algérienne. La condition des esclaves se montre naturellement sous des aspects très différents : elle est

rarement évoquée avec commisération - comme lorsque de jeunes victimes sont menacées par "

la dégradation des

moeurs qui règne en ce pays " (Reg. 13 - F° 235-236) ; elle est parfois éclairée d'un jour inattendu par le courrier des

intéressés. Jalousement gardé à bord, un certain Joseph Roza n'en écrit pas moins à sa femme : "

Rien ne me manque

grâce au Seigneur... Je ne reçois pas la moindre insulte " (Reg. 18 - F° 35). Le culte est assuré dans les chapelles des

bagnes. L'Hôpital royal d'Espagne prend en charge les esclaves malades, mais son rôle et ses revenus sont sujets à

controverse. Il apparaît enfin que des périls surviennent souvent des esclaves eux-mêmes dont les complots et les

menaces alarment le consul et les notables : en 1781, le vicaire apostolique Cosson est grièvement blessé par un esclave

dans le confessionnal de l'église du bagne ; le coupable, un nommé Picard, est pendu à la demande du consul La

Vallée, qui juge que sa position est "

réellement intolérable " et en déduit que " le meilleur parti est de braver cette canaille... en sortant bien accompagné et bien armé." (Reg. 26 - Fol. 189).

Les nouvelles consulaires évoquent bien évidemment le cadre de la vie quotidienne de la capitale de la Régence -

notamment à travers l'irremplaçable Journal d'Alger. Le compte rendu des transactions dresse un état des monnaies

(piastres, sequins, aspres) et de leur cours, des poids et mesures (pans, grands et petits pics) et des droits de douane

différenciés selon la provenance et la nature des marchandises. Nous sommes par là même informés des besoins et des

goûts, des produits qui y répondaient : tel drap de Hollande, d'un rouge inimitable, est recherché par les Turcs ; tel

autre de Sedan, fin et léger, dit " pour femme ", est spécialement fabriqué pour les culottes d'hommes d'Alger.

L'activité se ralentit ou s'interrompt au rythme du calendrier religieux : le ramadan rend déjà le dey intraitable, de "

la

mauvaise humeur que ce temps inspire à tous les musulmans. " (Reg. 13 - F° 271 v°). À l'évocation attendue des

festivités du Mouloud ou des aïds se joint celle des fêtes chrétiennes : banquets des notables, repas offerts aux esclaves,

messes solennelles avec choeurs et orchestres.

La relation des événements dramatiques apporte aussi sa moisson d'informations : épidémies de peste, dont celle

particulièrement meurtrière de 1787 ; secousses sismiques dont l'intensité et la durée sont rigoureusement notées,

comme le 17 mai 1760 où Blida est détruite ; invasions acridiennes qui font l'objet de mémoires, tel celui que

Langoisseur de La Vallée adresse à Buffon en juillet 1778 (Reg. 24 - F° 60-61). On apprend d'ailleurs la venue de

nombreux savants dans la Régence. En 1732, le professeur Heberskeil - accompagné de six savants de Leipzig - est "

envoyé par le roi de Pologne et électeur de Saxe faire des recherches sur les plantes et simples " (Reg. 8 - F° 252-253).

En 1764. le marquis de Chabert est installé dans la maison de campagne du consul pour s'y livrer à des observations

astronomiques et dresser une nouvelle carte de la Méditerranée : le dey " a goûté ce projet sans s'effaroucher " (Reg. 17

- F° 283-284). En septembre 1794 arrive à Alger René Des Fontaines, membre de l'Académie des sciences. Le dey et les

grands de la Régence lui accordent pour ses recherches " toute la faveur qu'il pourait désirer " et lui permettent non seulement de prospecter autour d'Alger, mais de parcourir tout l'ouest tlemcénien, " un des plus beaux pays qu'il y ait

au monde ", et de recueillir " un millier de plantes parmi lesquelles se trouvent trois à quatre cents nouvelles " et une "

collection d'insectes [qui] n'est pas moins riche ". Des Fontaines rassemble divers autres objets d'histoire naturelle,

observe "

les mines de fer, de cuivre et de plomb dont l'Atlas est rempli " et emporte " une parfaite connaissance de ce

royaume " (Reg. 28 - F° 33-35 et F° 113).

La correspondance fourmille encore d'informations pittoresques. Ainsi sur les usages linguistiques : on rapporte par

exemple ce piquant témoignage d'estime du dey au consul Thomas, " en petit mauresque" : "Quando clamar per andar

in Francia ô allri luoghi, mi non mollar per ti - Lorsqu 'on vous rappellera pour aller en France ou en d'autres lieux, je

Archives nationales (France)7

ne vous lâcherai point " (Reg. 11 -F° 142). Il s'avère d'ailleurs qu'à la fin du XVIIe siècle la langue franque est plus en

usage à Alger que le langage ordinaire. Dusault, l'envoyé du roi, doit défendre cette suprématie face à la collusion du

consul anglais et des administrateurs de l'Hôpital espagnol : " Je travailleray à rompre cette union " (Reg. 3 -F° 313).

On pourra enfin s'instruire ou se divertir à des histoires de somnambulisme et de maisons hantées - notamment celle

du consul de Hollande, qui "

n'est pas trop sûre à fréquenter " (Reg. 24 -F" 136-137) -, ou méditer sur " le danger des

aventures galantes en ce pays " (Reg. 22 -F° 45-48) - intrigues dont les cuisiniers français peuvent encore se tirer à bon

compte, quand leurs malheureuses partenaires sont " jetées à la mer, au grand regret des amateurs : elles étaient belles et la moins jeune n'avait guère vingt ans. " (Reg. 22 -F° 45-48).

Aussi pouvons-nous espérer que la lecture de cet inventaire ne sera pas trop fastidieuse. Nous souhaitons surtout qu'il

ouvre de nombreuses perspectives de recherche et constitue un utile instrument de travail. Nous aimerions enfin qu'il

aide à éclairer le passé d'un pays dont l'histoire récente a cruellement brouillé l'image.

Je tiens à exprimer toute ma gratitude à Lucie et Jean Favier qui m'ont incité à ce travail et à tous ceux qui ont permis

qu'il soit mené à son terme, en particulier Ivan Cloulas et Bruno Galland.

Ma gratitude va également à Claudine Dupin-Boyer, Philippe Henrat et Balthazar Boyer pour leur aide précieuse.

Mohammed TOUILI

Ancien directeur général des Archives nationales d'Algérie NOTE HISTORIQUE SUR LES PRINCIPALES MATIÈRES ÉVOQUÉES DANS L'INVENTAIRE

Alger (organisation et

évolution politique).

Une nette tendance à l'autonomie, relevée dès la fin du XVI e siècle en Algérie, aboutit au XVIII e siècle à une quasi-

indépendance, le rattachement à l'empire ottoman n'étant plus marqué que par des signes extérieurs. L'éloignement

du Maghreb de Constantinople et l'incapacité de la Porte à imposer son autorité - ses moyens principaux étant

consacrés à la défense de ses provinces balkaniques et asiatiques menacées par les puissances chrétiennes ou la

dynastie safavide - expliquent une telle évolution. Celle-ci est devenue inéluctable dès lors que la décadence maritime

des Ottomans s'accélère et laisse une totale liberté au pouvoir collégial en place à Alger.

Dès 1518, un système de gouvernement comparable à celui des autres provinces de l'empire s'installe à Alger : un

gouverneur (beylerbey), un odjak des janissaires administré par une assemblée (divan), renouvelé par un recrutement

régulier d'hommes de troupe (yoldach) en Anatolie. Un rôle important fut joué dans ce gouvernement par les corsaires

(raïs) organisés en une corporation (taïfa) où les convertis étaient plus nombreux que les Turcs.

En 1659 prend fin le partage du gouvernement entre les pachas et la milice, le pouvoir étant désormais dévolu à l'agha,

nommé président du divan, à l'ancienneté, pour un mandat de deux mois seulement. Cette expérience peu viable de

"république militaire" disparaît dès 1671 ; la milice confie alors le pouvoir à un dey, nommé à vie. Dès le milieu du

XVII e

siècle cette réforme porte ses fruits, le pouvoir se stabilise, la succession devient régulière, le dey étant élu parmi

les hauts dignitaires de l'État : le khaznadji, l'agha ou le khodjat-el-kheil.

Le dey exerce la totalité du pouvoir, avec l'aide d'un conseil où siègent les hauts dignitaires, les officiers de la milice, les

raïs et divers notables.

Un véritable gouvernement se constitue, avec des attributions précises : - le khaznadji, chargé des finances, premier en

influence et souvent successeur désigné du dey ; - l'agha, commandant en chef de l'armée ;

- le khodjat-el-kheil, chargé de recevoir les tributs et les revenus des terres de l'État ainsi que de l'organisation des

camps ; - le beit-el-maldji, contrôleur des successions vacantes et des habous ; - l'oukil-el-khardj, chargé de la marine et des affaires étrangères.

Des secrétaires d'État (khodjas) dirigent les différents départements administratifs et financiers.

Trois beys gouvernent les provinces (Oran, Médéa, Constant ine). Ce système assure à l'Algérie un calme et une

prospérité réels, en particulier durant la seconde moitié du XVIII e siècle.

Alger s'impose aussi à ses voisins. La sécurité à l'Ouest est assurée après les défaites infligées à Moulay Ismaël. À l'Est,

la Tunisie est réduite au statut de tributaire après de nombreuses expéditions victorieuses, notamment en 1756. Les

Archives nationales (France)8

puissances européennes, pour leur part, préfèrent négocier des traités ou payer des tributs devant le constat de

l'invulnérabilité algérienne face à des attaques venues de la mer (déroute des Espagnols en 1775 lors de l'expédition

d'O'Reilly, s'appuyant sur trois cent quarante-quatre navires et vingt mille hommes de troupe).

A la fin du XVIII

e

siècle, la stabilité relative que nous venons d évoquer prend fin et l'Algérie entre dans une période

de crise jusqu'en 1830.

Bastion de France.

Fondé en 1561, sur la côte de l'Algérie, près de la frontière tunisienne, par un négociant corse établi à Marseille,

Thomas de Lenche. Le sultan Sélim II lui accorde, moyennant certaines redevances, le droit d'exploitation des places,

ports et havres situés sur la côte de Mers-el-Kharez (La Calle), de Collo, du cap Rose, de Bône, du cap Roux à la rivière

de Sevbas (Seybouse) avec la permission d'y élever des forts, batteries et établissements, ainsi que la reconnaissance

du privilège exclusif de pêcher le corail dans l'étendue de cette même côte.

Capitulations.

Sous l'effet de l'alliance politique et militaire entre Süleymân et François I er , les premières capitulations furent

négociées en 1536 entre Ibrahim Pacha et l'ambassadeur Jean de La Forêt, mais elles ne semblent pas avoir été

ratifiées.

En revanche, les capitulations de 1569 jetèrent les bases juridiques de la présence française au Levant : Les sujets du

roi acquitteraient les taxes selon les coutumes ordinaires d'entrée (soit un droit de douane limité à 5 %) et seraient

placés sous la protection de leur ambassadeur et de leurs consuls établis à Istanbul, Alexandrie, Tripoli de Syrie et

Alger. Dès lors, surtout après la guerre osmano-vénitienne de 1570-1573, les marchands français commencèrent à

supplanter les Vénitiens dans le commerce de l'Empire. Mais de sérieux concurrents ne tardèrent pas à paraître :

commerçant dans un premier temps sous pavillon français, Anglais et Hollandais obtiendront du sultan leurs propres

capitulations, les premiers dès 1580 et 1583 (laquotesdbs_dbs22.pdfusesText_28
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