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UNIVERSITE DE BORDEAUX III - MICHEL DE MONTAIGNE

LA DEMOLITION DES ENSEMBLES DE LOGEMENTS SOCIAUX : L'URBANISME ENTRE SCENES ET COULISSES. VOLU ME I Thèse de doctorat en aménagement de l'espace et urbanisme présentée le 20 décembre 2004 par :

Agnès BERLAND-BERTHON

Directeur de thèse :

Monsieur Jean DUMAS

Professeur émérite de l'Institut de Science Politique de Bordeaux IV. M

EMBRES DU JURY :

Madame Danièle VOLDMAN Directeur de recherche au CNRS, Institut d'Histoire du Temps Présent.

Monsieur Marc BONNEVILLE Professeur à l'Université de Lyon II, directeur de l'Institut d'Urbanisme de Lyon.

Monsieur Maurice GOZE Professeur à l'Université Michel de Montaigne de Bordeaux III, directeur de l'Institut

d'Aménagement, de Tourisme et d'Urbanisme.

Monsieur Jean MARIEU Professeur à l'Université Michel de Montaigne de Bordeaux III, Institut d'Aménagement, de Tourisme et d'Urbanisme.

Monsieur Francis CUILLIER Directeur de l'A'URBA, agence d'urbanisme de l'agglomération bordelaise.

1

Le problème

dans la morale, c 'est que c 'est toujours la morale des autres

Léo Ferré

2

REMERCIEMENTS

A mes enfants Maxime et Pauline pour leur amour immense et leur patience, A ma mère pour son amour nourricier, inquiet et sans faille, A mes soeurs Joëlle et Valérie pour leur amour rieur, tendre et attentif, Ils se devaient d'être ici les premiers car ils sont toute ma vie. A Jean Dumas, pour sa confiance, sa générosité et sa rigueur. Il m'a tout appris de mon métier de chercheur et d'enseignant, un héritage dont j'essaie chaque jour d'être digne ; A Jean Marieu et Maurice Goze, qui depuis quelques années guident avec énergie, tolérance et humour mes pas à l'Institut d'Aménagement ; A Paulette Girard, Bruno Fayolle-Lussac et Jean-Marie Billa, mes " compères » de l'Ecole d'Architecture, avec lesquels il est aussi agréable de travailler que de partager des moments de vie ; A Michel Favory, mon grand frère de recherche ; A Francis Cuillier qui m'a ouvert avec toute la générosité qui le caractérise les pages de son agenda et les portes de l'Agence d'Urbanisme qu'il dirige ; A mes amies Agnès, Volcy, la première parce qu'elle sait la responsabilité qui est la sienne dans le chemin parcouru ces dernières années ; la seconde parce qu'elle est un vrai rayon de soleil, la Courneuve s'en souvient encore ! A mes amis Olivier et Xavier qui, chacun a sa façon, ont toujours été là quand il le fallait; A Marie, Jacqueline Falisse, Annie Berthelot et Véronique qui règnent respectivement sur les centres de documentation de l'Institut d'Aménagement de Bordeaux III, de l'Ecole d'Architecture et du Paysage de Bordeaux, de l'A'URBA et de la Maison des Sciences de l'Homme d'Aquitaine. Quatre " savantes » aussi éclairées que promptes à répondre à mes demandes, toujours urgentes et rarement précises A Hélène Dumora pour son aide précieuse dans la maîtrise, oh combien aléatoire, de la fonction " insérer image » A Vincent Hoffmann-Martinot et Claude Sorbets, chercheurs absorbés de l'Institut d'Etudes Politiques pour leur humour et leurs questions désarmantes ; A Christiane Pucheu grâce à laquelle le passage dans cette institution a été du plaisir au quotidien ; A l'équipe de TEMPOS, et en particulier Philippe Schar et Sylvie Vignolles ; 3 Aux étudiants de l'Institut d'Aménagement et de l'Ecole d'Architecture grâce auxquels il est impossible de se complaire dans l'illusion d'un savoir constitué ; Aux personnes sollicitées en entretien et dont aucun n'a ménagé son temps et son énergie pour répondre à mes questions et m'aider à rassembler les documents nécessaires à mon travail ;

Et clin d'oeil à Pascale

4

LA DEMOLITION

DES ENSEMBLES DE LOGEMENTS SOCIAUX

L'URBANISME ENTRE SCENES ET COULISSES.

Avant-propos.

INTRODUCTION GENERALE.

PARTIE I / VOLUME I

ARCHEOLOGIE : LA RÉHABILITATION CONTRE LA DÉMOLITION. (1975-1988)

PREAMBULE : Du pensé à l'indicible.

1) Un système d'action ordonné selon une pensée rationnelle étatique.

2) Une architecture " statistique » et un urbanisme de rupture.

3) De l'héritage social à l'utopie urbaine.

CHAPITRE I : L'enjeu patrimonial inscrit honteusement la démolition sur l'agenda des bailleurs sociaux.

Émergence d'un débat : 1975-1981.

A) Le " chiffon rouge » de la démolition.

1) Emploi du terme et rejet du principe : l'Etat interpellé.

2) La réponse des pouvoirs publics : aide à la personne et réhabilitation du

bâti. a- L'Etat banquier : l'Aide Personnalisée au Logement (3 janvier 1977) b- Déconcentration de l'enjeu urbain : Habitat et Vie Sociale (6 mars 1977).

3) La fin d'une coopération positive : L'UNFOHLM se construit en acteur

indépendant. a- Le pouvoir de créer le conflit. b- Les collectivités locales et les habitants comme partenaires naturels. 5 B) Les premières réhabilitations intègrent des démolitions.

1) La coopération locale comme condition des démolitions.

a- La " rénovation » de Douai : un principe d'accord minimal. b- La " rénovation inverse » du Plateau Saint Jean à Beauvais : un partenariat local efficace et temporaire.

2) La démolition impossible de la Pierre Collinet à Meaux.

a- L'abandon de la cité révèle un jeu local non-coopératif. b- La gestion de l'héritage non-décisionnel CHAPITRE II : La réhabilitation contre la démolition. A) La démolition entre bannissement officiel et prescriptions marginales.

1) Le " cadre de vie » giscardien comme héritage.

a- L'expertise des années 70 : une problématique à double entrée aux arguments d'une troublante actualité. b- Un " espace pour la vie » : La construction n'est pas l'habitat : l'habitant comme expert de son cadre de vie. c- " Habitat et cadre de vie » : une démolition " envisageable » sous couvert de rationalité budgétaire et de logique du marché.

2) Des expertises sectorielles qui perpétuent le principe d'un système causal

complexe. a- La logique des constructeurs : une approche macro-économique. b- La voix des communistes pour le droit à la ville. c- UNFOHLM et Direction de la Construction : un même combat, le logement contre la ville au nom du social. d- Les professionnels du " cadre de vie » en quête d'urbanité : dénonciation du modèle progressiste et promotion de la ville au nom de la qualité architecturale.

3) La réponse officielle des pouvoirs publics : la multiplication de dispositifs

spatialisés. a- " Ensemble, refaire la ville » : le choix de la réhabilitation. b- Banlieues 89 : le paradoxe des réhabilitations lourdes. 6 B) Les démolitions au concret : des laboratoires pour une réforme de l'action publique.

1) La Pierre Collinet : le DSQ, une procédure parmi d'autres

a- Des conflits qui génèrent la " sortie » de la cité de l' agenda municipal. b- La dédensification socio-spatiale comme réponse politique à une situation d'enlisement patrimoniale, urbaine et sociale.

2) Les Minguettes à Vénissieux, cité-vitrine d'une politique de la ville

expérimentale. a- Monmousseau, vitrine de la démolition médiatique. b- Armstrong, vitrine de la réhabilitation lourde et La Darnaise, vitrine du changement d'usage. c- Démocratie, vitrine de l'impuissance à " faire la ville ».

3) La cité des 4000 de La Courneuve (86) : la démolition symbolique par

peur du changement. a- La démolition comme outil central d'un grand projet d'urbanisme. b- Le temps des réalités et des dissonances cognitives. c- La démolition comme outil d'un projet de composition urbaine.

4) L'implosion des quatre tours Palmer à Cenon : " faux » projet urbain,

" vrai » projet patrimonial, a- Un projet de construction de logements sociaux " partagé » sur le fond. b- Un projet de démolition " partagé » sur la forme. c- Un accord obtenu " à l'usure ».

TABLE DES ILLUSTRATIONS PARTIE I.

7

PARTIE II / VOLUME II

LA DÉMOLITION AU NOM DE LA VILLE SOLIDAIRE

(1989-2001) CHAPITRE III : Le Projet Urbain comme cadre légal de démolitions attendues.

La légitimation : 1989-1996.

A) L'enjeu du " droit à la ville » inscrit la démolition sur l'agenda de l'Etat.

1) La Civilisation Urbaine : un enjeu historique.

a- Une pensée urbaine se met en place au niveau national : passer du quartier à la ville. b- Le Projet Urbain comme cadre d'action pertinent. c- Le " remodelage urbain » des Quais de Rohan pose les fondations du " référentiel rénovateur ».

2) Un univers de contradictions faiblement intégrées.

a- L'UNFOHLM et l'urgence d'un renouvellement d'image. b- L'Etat en quête d'une expertise légitime : quand les moyennes ne font plus sens. B) Les démolitions au concret : les tentations du projet urbain.

1) Démocratie aux Minguettes : dix tours pour rien

a- Un GPS (Grand Projet Symbolique) sort Démocratie de l'oubli. b- Le GPU (Grand Projet Urbain) enterre Démocratie. c- L'effet-retard du Grand Projet Symbolique : le vide urbain de Démocratie.

2) La démolition de la Lumineuse : le projet urbain comme caution.

a- Un quartier populaire situé sur " l'autre bord » de la ville. b- Activisme subtil ou histoire " à dormir debout » ? c- L'héritage du " fil de l'eau ». 8 CHAPITRE IV : La démolition se " banalise » dans le renouvellement urbain. L'entrée dans le système formel de la décision publique : 1996-2001. A) Le " renouvellement » comme nouveau référentiel pour une action collective.

1) La ville renouvelée entre tentation libérale et pragmatisme urbain.

a- Un banquier à l'origine de la notion de renouvellement urbain. b- Le grand ensemble : un espace concret aux règles ossifiées. c- Les bailleurs sociaux contre la tutelle de l'Etat.

2) La démolition entre renouvellement urbain et renouvellement immobilier.

a- L'urgence politique du renouvellement urbain. b- Trois circulaires font basculer la démolition dans le droit commun. B) Le renouvellement à l'épreuve du terrain : des démolitions patrimoniales et urbaines, ou pas.

1) Du projet patrimonial au projet urbain : la disparition programmée de La

Pierre Collinet à Meaux.

a- Un bailleur social isolé aux commandes : la démolition au nom de la valorisation d'un quartier social " repoussoir ». b- Une nouvelle municipalité reprend la main : la démolition au nom de la reconquête urbaine.

2) L'intégration urbaine d'un quartier social sous les fourches caudines d'un

bailleur influent : le statu quo de Thouars à Talence. a- L'histoire comme héritage. b- Les termes d'un jeu non-coopératif. c- Le report " sine die » des démolitions comme mode de sortie du conflit.

CONCLUSION GENERALE.

BIBLIOGRAPHIE.

TABLE DES MATIERES.

TABLE DES ILLUSTRATIONS PARTIE II.

9

AVANT-PROPOS : Chaque recherche a son histoire

Architecte, jÕai exercŽ pendant quinze ans ma profession nourrie dÕune approche culturelle et technique de la ville et des espaces et b‰timents qui la dŽmarche de conception mÕest apparue impuissante ˆ rŽpondre aux questions auxquelles me conviait la ville que jÕavais sous mes yeux et mes pieds, et en quelque sorte Žgalement, au bout de mes doigts : comment expliquer lՎtat dÕabandon apparent dans lequel se trouvaient certains espaces urbains, quand leur situation stratŽgique dans la ville ou la qualitŽ de leur espace les dŽsignaient comme des lieux majeurs de projet ? LÕimmobilitŽ durable de sites emblŽmatiques comme les quais de Bordeaux lÕusage depuis plusieurs annŽes, ou comme la Ç place È Ravezie, ˆ lÕentrŽe sud de la ville, en interface avec le quartier Ç moderne È du Lac et la ville- dŽgradation progressive de lÕ"lot Bonnac Ç coincŽ È entre le quartier pas na•ve au point de croire que tous les espaces de la ville puissent se mettre en mouvement en mme temps, cÕest le temps long de lÕoubli dans lequel ces espaces semblaient se trouver qui mÕinterpellait, et ma Ç bo"te ˆ outils È dÕarchitecte se trouvait clairement prise en dŽfaut par mes propres faonner, et il mÕapparaissait de faon abrupte que des logiques, des forces sÕexeraient sur lÕespace de faon contradictoire ˆ celles de lÕarchitecte, de lÕurbaniste ou de lÕingŽnieur, et dont je ne distinguais que trop vaguement les contours. Une formation dÕurbaniste mÕa apportŽ quelques rŽponses, mais les champs dÕaction professionnels entre le monde des architectes et celui des urbanistes nՎtaient pas aussi imbriquŽs quÕaujourdÕhui. On Žtait soit de lÕun, soit de lÕautre, du moins dans la pratique quotidienne. A dŽfaut de pouvoir opŽrer le glissement professionnel souhaitŽ vers lÕurbanisme, jÕen avais cependant bien retenu par la voix de Jean Dumas, professeur en science politique, quÕune autre grille de lecture urbaine existait. Sachant quÕil nÕexiste pas de projets sans ma"tre dÕouvrage, et que le premier ma"tre dÕouvrage Ç urbain È est le maire, il me semblait cependant peu satisfaisant dÕimaginer que ce qui faisait Ç accroc È ˆ mes yeux soit directement imputable ˆ une incurie politique quelconque, mme sÕil y a dix ans encore, Bordeaux mŽritait son surnom de Ç belle endormie È. Le politique, un domaine jusque-lˆ totalement absent de mes connaissances. 10 Cette thèse est l'étape à laquelle, dix ans après, aboutit cette quête qui m'a faite passer d'une approche professionnelle de l'architecture et de la ville, à la fois empirique et idéologique, à une approche scientifique de ses processus de constitution grâce aux outils d'analyse acquis en DEA de science politique. L'inconfort intellectuel du statut de généraliste qui, comme l'architecte, connaît moins bien les bois que son charpentier et le médecin moins bien l'estomac qu'un gastro-entérologue, et travaille sur le rapport entre les faits et les objets, plutôt que sur les faits et les objets eux-mêmes, perdure dans cette démarche, mais je considère qu'elle est aujourd'hui plus une force qu'une fragilité. Si j'ai conservé une capacité d'indignation intacte, la " boîte à outils » désormais constituée me permet de penser la ville à la fois comme le processus et le résultat contingents -c'est-à-dire : ce qui peut ne pas être- d'une action collective, là où je ne distinguais auparavant que des erreurs ou des oublis Alors que s'effectuait cette démarche personnelle, la cité Lumineuse, un grand immeuble de logements sociaux à plan courbe fièrement dressé au bord du fleuve, porte-drapeau des années de prospérité du quartier industriel de Bacalan au nord de Bordeaux, n'en pouvait plus de mourir. Achevé " à la boule » en 1997, après plusieurs années de tergiversations et de systèmes d'explications aussi confus que variés, il apparaissait, après enquête personnelle, que cette démolition n'avait été ni programmée, ni formellement

décidée par " personne ». Un défi lancé à la rationalité qui, associé à la

charge affective dont nul ne pouvait s'abstraire à la vue de cette mise à mort torturée, a largement contribué à inscrire la question de la démolition des ensembles de logements sociaux comme l'un des sujets de ma thèse, alors située en science politique et jusque-là orientée vers les logiques décisionnelles de constitution des " vides urbains » et leurs processus de " rentrée en ville ». Friches urbaines et urbanisation aléatoire des " coulées vertes » ont vite succombé sous la richesse d'un sujet qu'une actualité toujours plus brûlante ne contribuait guère à rendre plus intelligible. Bien au contraire. A la recherche de ce lieu improbable, voire impossible, d'une décision dont le retard à s'exprimer laissait des empreintes toujours plus marquées sur les sites concernés, la nécessité de construire en objet de recherche en aménagement de l'espace et urbanisme cette question de la démolition des logements sociaux s'est imposée. Le sujet " démolition » semblait permettre en effet au chercheur de procéder à la mise en lumière de la dimension stratégique de l'urbanisme dans la construction de ses référentiels et de ses outils d'action. De même, l'actualité appelait à procéder à une construction " savante » des logiques du recours aux démolitions, particulièrement dans des sites de grands ensembles voués, dans un consensus apparent, à la mutation et désormais lieux de projet pour de nombreux architectes et urbanistes. Enfin, en tant qu'enseignante, la nécessité d'intervenir sur ce 11 sujet auprès de mes étudiants, m'interdisait l'ignorance, et l'absence de recherches diffusées sur ce sujet a fini de me convaincre. 12

INTRODUCTION

Ouverture et prŽmices.

Il nous faut partir de la définition du logement social de Jean-Paul Flamand 1 pour entamer sans ambiguïté cette présentation : "

Par logement social nous

entendrons ici le logement qui a bŽnŽficiŽ pour sa rŽalisation du concours lŽgislatif et financier de lÕEtat, et qui est destinŽ ˆ recevoir dans des conditions normales les couches les moins favorisŽes de la population. Quelle que soit son appellation, logement ouvrier, habitation ˆ bon marchŽ, ou habitation ˆ loyer modŽrŽ, ce logement rŽsulte dÕune intervention dŽlibŽrŽe de lÕEtat, visant de faon prioritaire les familles de salariŽs et, au remonter l'histoire du logement social à la fin du Second Empire 2 , sa constitution comme question urbaine date de l'immédiat après-guerre et voit son apogée dans les années 50/60, souvent nommée " l'ère des grands ensembles ». Cette appellation se justifie plus par " la rupture urbanistique et architecturale dŽcisive quÕils ont introduite dans la fabrication des villes 3 que par des références quantitatives, seul un tiers des 2,5 millions de logements sociaux construits entre 1954 et 1975 y étant insérés. Intéressés ici par les différents aspects de la dimension urbaine de cette politique plutôt que par sa dimension sociale, bien que les deux aspects soient généralement formulés comme étant indissociables, nous porterons à ce temps et à cette forme de sa mise en oeuvre une attention particulière. Le débat ouvert sur ce sujet il y a 40 ans est loin d'être clos aujourd'hui et, comme nous le verrons, la question de la démolition des immeubles collectifs de logements sociaux en est profondément marquée. Le principe de " l'échec des grands ensembles » revient souvent dans la littérature profane et, en plus nuancé, dans certaines publications expertes. La démolition des immeubles collectifs de logements sociaux apparaît comme la manifestation visible de cet échec annoncé et souvent comme la justification même de ce jugement trop lapidaire pour être définitivement convaincant. N'est-ce pas faire preuve d'une amnésie coupable que d'oublier que ce vaste pan de la production bâtie des années d'après-guerre, n'est pas uniquement situé dans des grands ensembles et que, dans l'esprit de ses concepteurs, il n'était pas fait pour durer? Censé répondre à une crise structurelle et massive du logement conçu, selon les principes de l'époque, comme un produit de consommation : il s'agissait de construire pour trente 1 FLAMAND Jean-Pierre, " Loger le peuple. Essai sur l'histoire du logement social », 1989,

Paris, La Découverte, p. 11.

2 Revue " H », n°30, " Il était une fois l'habitat », mai 1978, Paris. 3 TOMAS François, BLANC Jean-Noël, BONILLA Mario, " Les Grands ensembles, une histoire qui continue ... », 2003, Publications de l'Université de Saint Etienne, p.14. 13 ans 4 , puis éventuellement de démolir, nous sommes dans les années 50/60
Dans les années 70, le constat est fait ouvertement d'un écart majeur entre l'offre d'habitat représentée par les immeubles collectifs de logements sociaux, et plus particulièrement les logements situés dans des grands ensembles, et les attentes de leurs usagers. Se pose alors de façon prématurée l'hypothèse de leur destruction comme réponse " impensable » à la fuite de ses habitants les plus solvables vers un habitat individuel plus près de leurs désirs, mettant en cause la politique du logement social mise en oeuvre jusque-là par l'Etat. En réponse aux critiques, celui-ci fait au début des années 80 un choix politique en faveur de la réhabilitation comme réponse aux dysfonctionnements constatés sur le patrimoine immobilier à vocation sociale, écartant par voie de conséquence la démolition et la reconstruction de l'éventail des alternatives envisageables. Vue sous l'angle d'un choix technique, la combinaison de ces deux outils n'a cependant rien d'incompatible et leur légalisation aurait pu être réalisée simultanément. L'observation des situations locales confirme d'ailleurs par la suite la pertinence de la complémentarité de ces deux outils dans le traitement des effets patrimoniaux, urbains et sociaux de l'obsolescence accélérée de ce patrimoine récent. Malgré des revendications sans cesse plus fortes et diversement argumentées pour " avancer » le temps juridique et financier des démolitions, la formulation officielle d'un recours à la démolition comme réponse à l'obsolescence technique, fonctionnelle et urbaine de ces immeubles s'est révélée " indicible » au nom de leur raison sociale et de leur statut de bien public, et cela pendant trente ans. Il aura fallu toute une génération, et de nombreuses stratégies d'évitement de la part de l'Etat et de son administration ainsi que la mise en oeuvre de destructions, marginales au départ, puis de plus en plus nombreuses et diversifiées dans leurs argumentations, pour que la démolition trouve sa place dans la panoplie des outils de l'aménagement des quartiers sociaux, opérant un glissement apparent d'une logique immobilière à une logique urbaine. Ainsi, aux dires des bailleurs sociaux, il faut attendre 2001 pour que le principe de la démolition de ces immeubles sociaux soit considérée comme 4 Entretien avec Xavier ARSENE-HENRI, architecte en chef de la ZUP de Montereau à Fault-Yonne en Seine et Marne, 1957-1966 : " On devrait avoir le courage politique de démolir des bâtiments qui sont amortis après 30 ou 40 ans et qui ne correspondent plus aux besoins ni aux façons d'habiter. Ils sont amortis, il n'y a pas de raison que les organismes

HLM encaissent cette plus

-value, ils doivent réinvestir dans des logements actualisés. Nous les avons conçus pour répondre à la crise, pas pour durer aussi longtemps». 14 un acte non seulement légal, ce qu'il est depuis 1988, mais légitime et pour que l'on sache démolir aussi bien que l'on sait construire 5 Comment est-on passé de l'impensable de la démolition à la démolition comme prescription ? Que recouvre, du point de vue de la décision stratégique telle que définie par

Jacques Lauriol

6 comme l'" ensemble des processus qui permettent d'identifier, de structurer des problèmes, évaluer des solutions envisageables et possibles, de choisir les actions à engager à partir de préférences établies et d'en assurer la mise en oeuvre », et de ses conséquences urbaines, le choix public d'une politique consistant à procéder avec entêtement à la réhabilitation de l'ensemble du patrimoine locatif social, y compris des immeubles structurellement déqualifiés et socialement déqualifiants, dont les caractéristiques constructives, urbaines et sociales sont rapidement connues de tous, expertises à l'appui, comme porteuses d'un présent mais certainement pas d'un futur, et cela au détriment du choix de démolitions et de reconstructions progressives ? L'hypothèse centrale développée par cette recherche est la suivante : Alors que la démolition est de manière générale identifiée comme une solution technique courante de renouvellement d'un bâti obsolète et/ou dysfonctionnel, le temps long de l'évitement par l'Etat politique et administratif de l'inscription sur son agenda 7 de la question de la démolition de logements sociaux, construit la question du recours technique à la démolition comme un problème de nature politique, " le » politique étant considéré comme l'espace de gestion des conflits apparaissant dans la sphère publique. Malgré les sollicitations aussi variées que nombreuses émanant des acteurs locaux qui enregistrent chaque jour les effets urbains, sociaux et patrimoniaux dysfonctionnels de ce produit daté de la politique du logement social d'un Etat jacobin et aménageur, le silence durable de l'Etat 5 Entretien avec Catherine GRAVELLIER, architecte et chargée de projet à l'OPAC départemental Gironde Habitat. 6 LAURIOL Jacques, " La décision stratégique en action. Une approche socio-cognitive »,

1998, L'Harmattan.

7

Nous rappelons que la définition des termes d'" agenda » et de " problème » à laquelle

nous faisons référence est celle de Jean Padioleau : " L'agenda politique, qu'il s'agisse de ceux des Etats -nations ou de ceux des collectivités locales, comprend l'ensemble des

problèmes perçus comme appelant un débat public, voire l'intervention des autorités

politiques légitimes. Trois traits délimitent le profil des problèmes inscrits ou candidats au

" menu », si l'on peut dire, de l'agenda politique : (i) Des élites (syndicales, administratives,

politiques), des citoyens qui peuvent être plus ou moins organisés définissent une situation

comme problématique. Il y a problème, dirons-nous, quand des acteurs sociaux perçoivent

des écarts entre ce qui est, ce qui pourrait être ou ce qui devrait être (...). (ii) Cette

découverte d'un problème s'accompagne de procédures d'étiquetage qui le qualifient

comme relevant de la sphère de compétence des autorités publiques. Enfin, (iii)

l'intervention de la société politique est attendue, y compris l'option de ne rien faire ».

PADIOLEAU Jean G., " L'Etat au concret », 1982, PUF, coll Sociologies. 15 sur ce sujet nous conduit à considérer cette attitude publique comme une " non-politique publique », notion définie par Jean-Claude Thoenig comme une activité naturelle de la politique et une " capacité », donc un indicateurquotesdbs_dbs29.pdfusesText_35
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