RAPPORT ANNUEL
01-Jan-2020 C. Droit à la Liberté Personnelle (article 7 de la CADH) ... limogeage infligée à Monsieur Petro Urrego qui était alors Maire de Bogotá ...
PREFECTURE
29-Jun-2015 Madame BEUMIER Catherine. Comptable mandant NEXITY
1 CRPA - Cercle de Réflexion et de Proposition dActions sur la
12-Jun-2018 Nous souhaitons particulièrement attirer votre attention sur la déchéance noire à ... Concernant les mesures de tutelle et curatelle Mme ...
Lapproche juridique du trouble mental
02-May-2016 Monsieur Olivier SAUTEL et Madame Christine YOUEGO qui m'ont confié de nombreux enseignements et n'ont eu de cesse de me rappeler que « le ...
Anieres
à la majorité : d'ouvrir à M. le Maire un crédit budgétaire supplémentaire. 2020 de TTC 40'000 F dans la rubrique. 3420.01.36360.00 / Culture sport et.
Rapport annuel 2019 de la Cour de cassation
10-Jan-2020 Madame la garde des sceaux ministre de la justice
CATALOGUE 2021-2022 - Formations
21-Sept-2021 Toutes les réponses aux questions relatives à l'exercice du mandat et aux missions de l'élu départemental. Formateurs : Sébastien MAIRE ...
La responsabilité
Le sujet retenu ici sera la distinction entre faute personnelle et faute de service qui structure la mise en œuvre du droit de la responsabilité administrative.
Autorégulation et hétérorégulation en situation dapprentissage d
26-Apr-2018 Ainsi plus le niveau d'hétérorégulation globale et les stratégies hétérorégulatrices soutenant la planification
![Autorégulation et hétérorégulation en situation dapprentissage d Autorégulation et hétérorégulation en situation dapprentissage d](https://pdfprof.com/Listes/16/34382-16document.pdf.jpg)
U.F.R DROIT ET SCIENCE POLITIQUE
ECOLE DOCTORALE
DROIT ET SCIENCE POLITIQUE
Année : 2011 N° attribué par la bibliothèque : THESE pour obtenir le grade deDOCTEUR DE L'UNIVERSITE MONTPELLIER I
Discipline : Droit privé, section 01
présentée et soutenue publiquement par :Sophie GUIGUE
le : 6 décembre 2011Titre :
L'APPROCHE JURIDIQUE DU TROUBLE MENTAL
Directeur de thèse :
M. François VIALLA
Professeur à l'Université Montpellier 1
Jury :
Mme Francine DEMICHEL Professeur émérite à l'Université Paris 8M. Bruno PY Professeur à l'Université de Poitiers (rapporteur)
Melle Marion GIRER Maître de conférences à l'Université Lyon 3 (rapporteur)
Mme Lucile LAMBERT-GARREL Maître de conférences à l'Université Montpellier 1 " La Faculté n'entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans cette thèse ; ces opinions doivent être considérées comme propres à leur auteur »REMERCIEMENTS
Que toutes les personnes qui ont contribué, de près ou de loin, à la réalisation et
l'achèvement de ce travail veuillent bien trouver en ces quelques lignes l'expression de ma profonde
et sincère gratitude. Chacune d'elles à sa manière m'aura permis de ne jamais m'éloigner de
l'objectif que je m'étais fixé de mener à terme ce projet personnel. Je remercie tout particulièrement Monsieur le Professeur François VIALLA pour sa confianceet pour avoir accepté de diriger cette thèse. Je le remercie aussi pour m'avoir toujours laissée une
grande liberté de pensée et d'action, ainsi que pour m'avoir associée à plusieurs projets.
Je remercie profondément Monsieur Denis BERTHIAU, Madame Patricia HENNION-JACQUET, Monsieur Olivier SAUTEL et Madame Christine YOUEGO, qui m'ont confié de nombreux enseignements et n'ont eu de cesse de me rappeler que " le plus important, c'est la thèse » Je remercie sincèrement Mme Lucile LAMBERT-GARREL pour m'avoir offert mes premierstravaux dirigés et ainsi développé mon profond intérêt pour l'enseignement. Je la remercie
également pour m'avoir associée dans divers projets et surtout pour ses précieux conseils et sa
bienveillante sollicitude. Je remercie mon fiancé pour sa compréhension et sa patience, pour avoir partagé ma vie pendant toute la réalisation de ce travail. Je remercie également mes parents pour leur soutien sans faille et pour leurs encouragements. Je remercie aussi mes soeurs et mes amis pour leur soutien, leur aide et leurs nombreux encouragements et conseils. J'ai également été touchée par le soutien de certains de mes étudiants. Enfin, je remercie l'Université de Montpellier 1 dans laquelle j'ai eu le plaisir de commencer et d'achever mes études universitaires. 1SOMMAIRE
LISTE DES PRINCIPALES ABREVIATIONS ................................................................................................... 2
INTRODUCTION ....................................................................................................................................... 7
PARTIE 1 : LA PROTECTION DE LA DIGNITE DE LA PERSONNE ATTEINTE DE TROUBLE MENTAL .......... 39 TITRE 1 : LA PROTECTION DU CORPS DE LA PERSONNE ATTEINTE DE TROUBLE MENTAL ................... 42CHAPITRE 1 : LA PROTECTION DU CORPS DU MAJEUR PROTEGE ..................................................... 45
CHAPITRE 2 : LA PROTECTION DU CORPS DU MAJEUR FAISANT L'OBJET DE SOINS PSYCHIATRIQUES........................................................................................................................................................... 85
TITRE 2 : LA PROTECTION DE LA PERSONNE ATTEINTE DE TROUBLE MENTAL ................................... 136
CHAPITRE 1 : LA PROTECTION DE LA PERSONNE DU MAJEUR PROTEGE ........................................ 138
CHAPITRE 2 : LA PROTECTION DE LA PERSONNE FAISANT L'OBJET DE SOINS PSYCHIATRIQUES ... 180 PARTIE 2 : LA PROTECTION AMBIVALENTE DE LA VOLONTE DE LA PERSONNE ATTEINTE DE TROUBLEMENTAL ............................................................................................................................................... 228
TITRE 1 : LE RESPECT DE L'AUTONOMIE DE LA PERSONNE ATTEINTE DE TROUBLE MENTAL ............ 230 CHAPITRE 1 : LA PRISE EN COMPTE DE L'APTITUDE DE LA PERSONNE ATTEINTE DE TROUBLEMENTAL DANS LES MESURES DE PROTECTION ............................................................................... 232
CHAPITRE 2 : LA PRISE EN COMPTE DE LA VOLONTE DE LA PERSONNE ATTEINTE DE TROUBLEMENTAL ........................................................................................................................................... 268
TITRE 2 : L'AMBIVALENCE DES CONSEQUENCES DE L'ABSENCE D'IMPUTABILITE MORALE DE LAPERSONNE ATTEINTE DE TROUBLE MENTAL ....................................................................................... 316
CHAPITRE 1 : L'ATTENUATION DE LA RESPONSABILITE OU L'IRRESPONSABILITE PENALE DE LAPERSONNE ATTEINTE DE TROUBLE MENTAL ................................................................................... 318
CHAPITRE 2 : LA RESPONSABILITE CIVILE DE LA PERSONNE ATTEINTE DE TROUBLE MENTAL ....... 351BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................................................... 395
INDEX ALPHABÉTIQUE ................................................................................................................. 439
TABLES DES MATIERES ........................................................................................................................ 445
2LISTE DES PRINCIPALES ABREVIATIONS
A. Arrêté AAH Allocation aux adultes handicapés aff. Affaire AJDA Actualité du droit administratif Al. Alinéa AJ Famille Actualité juridique famille AJ Pénal Actualité juridique Pénale ANAES Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé
AP-HP Assistance publique des hôpitaux de Paris Arch. philo. dr. Archives de philosophie du droit art. ArticleAss. Plén. Assemblée plénière
Bibl. dr. entr. Bibliothèque de droit de l'entreprise Bibl. dr. privé Bibliothèque de droit privéBO Bulletin Officiel
Bull. civ. Bulletin des arrêts de la Cour de cassation, chambre civile Bull. crim. Bulletin des arrêts de la Cour de cassation, chambre criminelle Bull. inf. C. cass. Bulletin d'information de la Cour de cassation c. ContreC. constit. Conseil constitutionnel
CA Cour d'appel
CAA Cour administrative d'appel
Cah. dr. entr. Cahier de droit de l'entreprise 3 CASF Code de l'action sociale et des famillesC. cass. Cour de cassation
CCNE Comité consultatif national d'éthique CDAPH Commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapéesCE Conseil d'Etat
C.élect. Code électoral
CEDH Cour européenne des droits de l'Homme CESEDA Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile CGCT Code général des collectivités territorialesChron. Chronique
CIH Classification Internationale du HandicapCirc. Circulaire
Civ. 1e Première chambre civile de la Cour de cassation Civ. 2e Deuxième chambre civile de la Cour de cassation Civ. 3e Troisième chambre civile de la Cour de cassationCJA Code de justice administrative
CJCE Cour de justice des communautés européennesColl. Collection
Comm. Commentaires
Concl. Conclusions
CPC Code de procédure civile
C.pén. Code pénal
CPP Code de procédure pénale
Crim. Chambre criminelle de la cour de cassationCSP Code de la Santé Publique
cts. Consorts 4Dec. Décret D. Recueil Dalloz Dir. Directive Doct. Doctrine DP Dalloz périodique (années antérieures à 1941) Dr. fam. Droit de la famille Dr. pén. Droit pénal Dr. soc. Droit social éd. Edition EDCE Etudes et documents du Conseil d'Etat
eod. loc. Les mêmes mots que ceux mentionnésFasc. Fascicule
Gaz. pal. Gazette de palais
GAJC. Grands arrêts - jurisprudence civileHAS Haute autorité de santé
ibid. Au même endroit IGAS Inspection générale des affaires sociales IGJS Inspection générale des services judiciairesInf. rap. Informations rapides
infra Ci-dessous ITEP Institut thérapeutique éducatif et pédagogiqueJ.-Cl. Juris-Classeur
JCP La semaine juridique, Edition générale JCP, éd. E. La semaine juridique, Edition économique JIB Journal international de bioéthiqueJO Journal officiel
JOAN Journal officiel de l'Assemblée Nationale 5JOCE Journal officiel des communautés européennes JORF Journal officiel de la république française L. loi LGDJ Librairie générale de droit et de jurisprudence LPA Les petites affiches MDPH Maison départementale des personnes handicapées Méd. & Dr. Médecine et Droit n. Note n° Numéro not. Notamment ONU Organisation des Nations Unies op. cit. Operate citate p. Page Petites affiches Les petites affiches, la Loi Pouvoirs Revue Pouvoirs préc. Précité PUAM Presses Universitaires d'Aix-Marseille
PUF Presses universitaires de France
QPC Question prioritaire de constitutionnalité rapp. Rapport RD publ. Revue de droit public et de la science politique enFrance et à l'étranger
RDSS Revue de droit sanitaire et social
Rec. CE Recueil Lebon des décisions du Conseil d'Etat Rép. Civ. Répertoire de droit civil Dalloz Rép. Def. Répertoire Defrénois du notariat Req. Chambre des requêtes de la Cour de cassation 6Resp. civ. et assur. Responsabilité civile et assurance Rev.crit.DIP Revue critique de droit international privé Rev. fran. dom. corp. Revue française du dommage corporel RGDM Revue générale de Droit médical RFD constit. Revue française de Droit constitutionnel RFDA Revue française de Droit administratif RHF Revue hospitalière de France RRJ Revue de la recherche juridique, droit prospectif RTD civ. Revue trimestrielle de Droit civil S. Sirey s. suivant Sect. Section Soc. Chambre sociale de la Cour de cassation somm. Sommaires commentés ss dir. Sous la direction de supra Ci-dessus T. confl. Tribunal des conflits t. Tome TA Tribunal administratif TGI Tribunal de grande instance th. Thèse TI Tribunal d'instance
UNAPEI Union nationale des associations de parents d'enfants inadaptés v. Voir v° Mot vol. Volume 7INTRODUCTION
1. L'Organisation mondiale de la santé souligne l'importance des préoccupations
relatives aux troubles mentaux. Dans son rapport sur la santé mentale, elle relève que " la dépression majeure est aujourd'hui la première cause d'incapacité dans le monde et figure au quatrième rang des principales causes de morbidité. A en croire les projections, elle auradans une vingtaine d'années le triste privilège d'accéder à la seconde place. On compte dans
le monde 70 millions d'alcoolodépendants, 50 millions environ d'épileptiques et 24 millionsde schizophrènes. Un million de personnes se suicident chaque année et 10 à 20 millions font
une tentative de suicide. Rares sont les familles qui ne sont pas touchées par des troubles mentaux. Une personne sur quatre sera atteinte d'un trouble mental à un moment de son existence. Le risque de contracter certaines affections, comme la maladie d'Alzheimer, augmente avec l'âge. Compte tenu du vieillissement de la population mondiale, la situation ne peut qu'empirer. L'impact social et économique des maladies mentales est énorme »1. La santé mentale est donc une question centrale des politiques en santé publique. En France,deux plans ministériels relatifs à la santé mentale, couvrant les périodes 2002-2005 et 2005-
2008, ont été mis en oeuvre. Actuellement, un nouveau plan pluriannuel de prévention et
d'accompagnement des personnes souffrant de troubles mentaux est en cours d'adoption (Conseil des ministres du 26 janvier 2011.)2. Si dans le langage l'utilisation de la terminologie " trouble mental » est assez récente,
le concept lui-même est ancien. En effet, le fou a toujours existé, en revanche, son
appréhension par la société a évolué au cours des temps. Durant l'Antiquité, les personnes
handicapées physiques ou mentales étaient considérées comme impures, frappées par unemalédiction des dieux. Ainsi, des temples étaient érigés pour combattre la folie lors de rites
religieux. Le droit romain tient compte de la fureur. Puis, le développement du christianismea modifié la perception du handicap et de la folie. La culture hébraïque, commande en effet,
de traiter les pauvres et les infirmes avec bonté et compassion. Le fol (ou déficient
1 OMS, Rapport sur la santé dans le monde. La santé mentale : Nouvelle conception, nouveaux espoirs, 2001, p.
x.Introduction générale
8intellectuel) est intégré dans la société, à la différence du furieux. Pendant le Moyen Age, ces
personnes ont été réifiées, objets de curiosité et de divertissement 2.A la fin de l'époque médiévale, même si l'édification des " hôtels Dieu » témoigne de la prise
en compte de cette population, elle conduit également à l'isolement et à l'exclusion despauvres, infirmes et miséreux. Durant l'époque classique, les aliénés étaient enfermés dans
des lieux prévus à cet effet, avec les infirmes, les marginaux, les pauvres et les mendiants.Jusqu'à la Renaissance, les troubles mentaux étaient considérés comme une punition divine.
La folie étant assimilée à une possession du diable, l'exorcisme était pratiqué et considéré
comme un procédé thérapeutique3. Les malades mentaux ont été victimes d'actes de
tortures et d'expropriation de biens lors des chasses aux sorcières4. Adopté en 1496, le guidedes inquisiteurs, le Malleus Maleficarum, assimile la sorcellerie, l'hérésie et la folie. Pendant
la Renaissance, Paracelse distingue la maladie mentale de la déficience intellectuelle5. C'est à
cette époque qu'a été mis en évidence le crétinisme.Ce n'est qu'à partir du siècle des lumières que le handicap a été réellement considéré
comme un problème de société susceptible d'être résolu. C'est également l'époque du
" grand renfermement ». Le terme démence est préféré à celui de folie. C'est au XVIIIème
siècle que naissent l'idée d'éducation et la psychiatrie. A la fin de l'Ancien Régime, apparait
une certaine médication des soins. Toutefois, l'approche était plus somatique que psychiatrique : les traitements (notamment des saignées, bains, purges et douches) étaientgénéralement dispensés dans des établissements hospitaliers. A la veille de la révolution, la
France comptait six établissements spécialisés 6.2 Les personnes de petites tailles ou infirmes étaient des bouffons du Roi. Les personnes infirmes sont restées
des objets d'attraction, notamment dans les cirques et les foires jusqu'au XIXème siècle et même de nos jours.
Le Conseil d'Etat dans son arrêt du 27 octobre 1995 a interdit un spectacle de lancer de nain en se fondant sur
le principe du respect de la dignité de la personne humaine (CE, 27 octobre 1995, Commune de Morsang-sur-
Orge : GAJA).
3 J. STARK et C. MAUGEY, Droit et hospitalisation psychiatrique sous contrainte, préf. J.-C. MAGENDIE,
L'harmattan, coll. La Justice au Quotidien, Paris, 2009, p. 16.4 J. STARK et C. MAUGEY, Droit et hospitalisation psychiatrique sous contrainte, préf. J.-C. MAGENDIE,
L'harmattan, coll. La Justice au Quotidien, Paris, 2009, p. 16.5 Paracelse, De generation estultorum, Bâle, 1957 et 1959, cité dans Philippe CASPAR, Le peuple des silencieux,
Une histoire du handicap et de la déficience mentale, Editions Fleurus, 1994, p. 78.6 Les hôtels-Dieu de Paris et de Lyon, l'Hôpital Général de Rouen, l'hôpital de la Trinité d'Aix (Provence),
l'hôpital d'Avignon et la Maison de Saint-Lazare à Marseille.Introduction générale
9A la charnière du XVIIIème et du XIXème siècle, Philippe Pinel, Etienne Esquirol et Jean-Marc
Itard vont jouer un rôle déterminant dans la naissance de la pédopsychiatrie7. Philippe Pinel,
dans le traité de 1809, distingue au sein des maladies mentales, la simple mélancolie, la manie, la démence et l'idiotie. Etienne Esquirol, divise le retard mental en deux catégories : l'imbécilité et l'idiotie dans lesquelles il reconnait plusieurs degrés de gravité8. La loi du 30 juin 1838 est la première loi spéciale qui tente d'apporter une solution globale aux personnes atteintes de trouble mental. Elle marque le début d'une protection des aliénés et de l'usage du terme aliénation et de ses dérivés.A travers les siècles, le droit a tenté de se saisir, d'apporter une réponse aux problématiques
posées par le trouble mental. Il importe donc à présent, de s'intéresser à la manière dont le
droit appréhende le trouble mental tant sur le plan de la technique, que sur celui du
contenu. Une définition de l'approche juridique du trouble mental est nécessaire (Section 1) pour pouvoir affirmer qu'une telle approche est centrée sur la personne atteinte de trouble mental (Section 2). Section 1 : La définition de la notion d'approche juridique du trouble mental3. La juxtaposition des termes " approche juridique » et " trouble mental » peut
paraître délicate. En effet, elle induit une confrontation entre une situation de fait et d'unensemble de règles régissant la vie en société. Le droit peut être défini comme un ensemble
de règles de conduite socialement édictées et sanctionnées, qui s'imposent aux membres de
la société.9 Le droit est un mécanisme d'encadrement du fait social et non la reconnaissance
d'une situation de fait10. Le trouble mental est un fait social, à la fois un problème de santé
et de société. Dès lors, le trouble mental devient une préoccupation des politiques et à ce
7 Philippe CASPAR, Le peuple des silencieux, Une histoire du handicap et de la déficience mentale, Editions
Fleurus, 1994, p. 77.
8 " Les imbéciles sont généralement bien formés et leur organisation de vie est presque normale ; ils sont
toutefois incapables d'accéder à un usage complet de leur raison. Les idiots, en revanche, ne possèdent aucune
faculté intellectuelle ou morale ; ils ne sont pas éducables. » Philippe CASPAR, Le peuple des silencieux, Une
histoire du handicap et de la déficience mentale, Editions Fleurus, 1994, p. 83.9 G. CORNU, Vocabulaire juridique, Association Henri Capitant, Quadrige, P.U.F.
10 Selon Hans KELSEN, le droit et plus précisément la norme tire sa validité de sa conformité à une norme
supérieure. C'est le respect du processus de formation de la norme qui lui confère sa validité et non sa
conformité à la situation de fait. (H. Kelsen, Théorie pure du droit 2 e édition traduite par Charles Eisenmann,Dalloz, 1962, Paris.) Toutefois, si le droit ne saurait se confondre avec le fait, ces deux éléments entretiennent
des liens. L'évolution du droit est l'expression de l'évolution de la société.Introduction générale
10 titre du droit. Il est nécessaire de préciser la notion de trouble mental (I) avant d'observer l'approche juridique de ce fait social (II).I- Le trouble mental
La terminologie " trouble mental » est assez récente, elle succède à celle de l'" aliénation »
qui elle-même s'est substituée à " folie ». Il importe de tenter de définir la notion de trouble
mental (A) avant de présenter les classifications (B).A) Une tentative de définition
4. Il n'existe pas à proprement parler de définition du trouble mental. Le trouble est
défini comme une " perturbation dans l'accomplissement d'une fonction physique ou psychique, pouvant se manifester au niveau d'un appareil, d'un organe, d'un tissu »11. Le terme mental est un adjectif signifiant " relatif aux fonctions intellectuelles, au psychisme »12. Le trouble mental pourrait donc être défini comme une perturbation dans l'accomplissement d'une fonction intellectuelle ou psychique.5. Assez curieusement, les dictionnaires médicaux ne définissent pas le trouble mental.
De manière plus formelle, ils précisent les différents troubles entrant dans la catégorie des
troubles mentaux (par exemple les troubles de l'humeur, le retard mental etc...) mais pas le terme générique13. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) ne pose pas non plus de
véritable définition mais considère que " le terme "troubles mentaux" peut couvrir la
maladie mentale, le retard mental (aussi connu comme handicap mental et incapacitéintellectuelle), les troubles de la personnalité et la toxicomanie »14. Le DSM IV TR indique qu'il
existe pour la plupart des troubles un critère de significativité clinique pour que le trouble soit diagnostiqué en tant que tel. Le manuel mentionne que le trouble " cause une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social ou professionnel, ou dans d'autres domaines importants »15.11 Dictionnaire de la langue française, Larousse.
12 Ibid.
13 V. par ex. J. THUILLIER, La folie. Histoire et dictionnaire, Ed. Robert LAFONT, coll. BOUQUINS, 1996.
14 OMS, Ouvrages de référence sur la santé mentale, les droits de l'homme et la législation - non à l'exclusion,
oui aux soins, Editions de l'OMS, 2005.15 American Psychiatric Association, DSM IV TR, manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux,
coordination générale de la trad. française, J.-D. GUELFI et M.-A. CROCQ, Masson, 2003.Introduction générale
116. A défaut de définir ce qu'est le trouble mental, certaines instances tentent de
préciser ce qu'il n'est pas. Ainsi, les recommandations du Conseil de l'Europe relatives à la protection juridique des personnes atteintes de troubles mentaux et placées commepatients volontaires prévoient que " les difficultés d'adaptation aux valeurs morales,
sociales, politiques ou autres, ne doivent pas être considérées, en elles-mêmes, comme un
trouble mental» et invitent les médecins à se conformer aux données de la science médicale
lorsqu'ils ont à déterminer la nécessité d'un placement en établissement psychiatrique16.
7. Par ailleurs, le trouble mental doit être distingué de notions voisines. Ainsi, le trouble
mental se distingue de la maladie mentale et de la déficience mentale puisqu'il regroupe ces deux notions. La déficience mentale (ou retard mental)17 est " un retard du développement
mental, essentiellement psychomoteur et intellectuel dès l'enfance, et un déficit des
performances à un âge donné »18. La notion de déficience intellectuelle se définit par un
Quotient intellectuel (QI) inférieur à 69. Il se différencie également des notions de déficience
et de handicap mental. La notion de déficience est utilisée dans la Classification Internationale du Handicap de l'Organisation Mondiale de la Santé19. Elle est le premier
niveau conceptuel de la nomenclature des handicaps à côté de l'incapacité20 et du
désavantage ou handicap. " La déficience est la perte ou l'altération, transitoire ou définitive,
d'une structure ou d'une fonction psychologique ou anatomique. Elle représente donc toute perturbation de la structure et des fonctions normales du corps et de l'individu, toute maladiequi en affecte de façon durable, la croissance, le développement, le fonctionnement. »21 Dans
16Recommandation R(83)2 adoptée par le Comité des ministres du Conseil de l'Europe le 22 février 1983, sur la
protection juridique des personnes atteintes de troubles mentaux et placées comme patients involontaires.
(art. 2).17 La nouvelle édition de la Classification française des troubles mentaux de l'enfant et de l'adolescent et la
DSM IV utilisent le terme " déficience mentale », tandis que la CIM 10 emploie l'expression " retard mental ».
18 J. THUILLIER, La folie. Histoire et dictionnaire, Ed. Robert LAFONT, coll. BOUQUINS, 1996, p. 499.
19 La CIH a été publiée pour la première fois en 1980. Elle sera remplacée par la CIF en 2001.
20 L'incapacité est " la diminution ou la perte de la possibilité d'exécuter une activité donnée de la façon ou dans
les conditions considérées comme normales pour un être humain. Elle représente donc toute perte ou réduction,
résultant d'une déficience, dans les performances fonctionnelles du corps ou de la personne. Elle peut se définir
concrètement dans les domaines physique et/ou mental, en utilisant des échelles fonctionnelles de
performances. Cet abord très pratique introduit aussi le concept de dépendance/indépendance. » (M.
MANCIAUX et G.TERRENOIRE, Les personnes handicapées mentales : Ethique et droit, éditions FLEURUS 2004, p
37.)Selon Romain LIBERMAN, " L'incapacité résulte directement de la déficience et définit les conséquences
fonctionnelles de celle-ci compatibles avec un système de quantification et d'évaluation des préjudices pouvant
donner lieu à compensation financière. L'incapacité s'apprécie à l'aide d'une grille d'autonomie en référence en
référence au fonctionnement normal d'un individu sain. » (R. LIBERMAN, Handicap et maladie mentale, Que
sais-je ?, 6ème édition PUF, 2007, p. 100.
21M. MANCIAUX et G. TERRENOIRE, Les personnes handicapées mentales : Ethique et droit, éditions FLEURUS,
2004, p 37.
Introduction générale
12le système de WOOD, la déficience désigne l'origine du handicap et s'analyse à l'aide d'une
grille d'évaluation22. Le trouble mental se caractérise par une déficience mais ne se limite
pas à elle. La déficience peut être considérée comme la conséquence (ou le symptôme) du
trouble. Une même déficience pouvant avoir potentiellement plusieurs origines et le trouble pouvant entraîner une multitude de déficiences. Le trouble mental ne se confond pas avec le handicap mental. Le handicap est " undésavantage résultant d'une déficience et/ou d'une incapacité, qui gêne ou limite le sujet
atteint dans l'accomplissement de son rôle normal (en fonction de son sexe, de son âge, de l'environnement social et culturel). Le handicap est caractérisé par une discordance entre l'état ou les performances du sujet et ce qui est attendu de lui - par lui-même ou par legroupe dont il est membre. Le handicap représente donc les conséquences personnelles,
sociales, économiques, de la déficience et de l'incapacité»23. Par conséquent, le handicap
mental résulte de la conjugaison d'une déficience et de l'incapacité qu'elle produit. Il
s'analyse en termes de situation sociale (familial, scolaire, professionnel, loisir, etc...)24. Le handicap mental est " la conséquence d'une déficience intellectuelle. La personne ensituation de handicap mental éprouve des difficultés plus ou moins importantes de réflexion,
de conceptualisation, de communication et de décision. Elle ne peut pas être soignée, mais son handicap peut être compensé par un environnement aménagé et un accompagnementhumain, adaptés à son état et à sa situation»25. Il convient de relever que le handicap mental
peut être distingué du handicap psychique qui est la conséquence d'une maladie mentale26. En se basant sur la CIH il est nécessaire de dissocier entre déficience mentale et handicap mental. Cependant, dans le vocabulaire courant et même dans le langage médical27, les deux termes peuvent être employés l'un à la place de l'autre.22R. LIBERMAN, Handicap et maladie mentale, Que sais-je ?, 6ème édition PUF, 2007, p.88.
23 M. MANCIAUX et G.TERRENOIRE, Les personnes handicapées mentales : Ethique et droit, éditions FLEURUS
2004, p 37.)
24 R. LIBERMAN, Handicap et maladie mentale, Que sais-je ?, 6ème édition PUF, 2007, p.102.
25 Définition proposée par l'UNAPEI.
26 Selon l'UNAFAM, la personne malade mentale est un individu " qui souffre de troubles d'origines diverses qui
entachent son mode de comportement d'une façon momentanée ou durable et inégalement grave ».
L'UNAPEI précise que " le handicap psychique n'affecte pas directement les capacités intellectuelles mais plutôt
leur mise en oeuvre. Il est toujours associé à des soins et ses manifestations sont variables dans le temps. »
quotesdbs_dbs29.pdfusesText_35[PDF] écrire une lettre -fiches outils et grilles de relecture - Classeurdecole
[PDF] 26 modèles de lettres pour faire respecter ses droits Droit des
[PDF] La liberté d 'expression en 10 questions - Maif
[PDF] Cas pratique : Le droit du divorce ? l épreuve de la liquidation
[PDF] Le traitement de la littérature grise - Enssib
[PDF] livret 1
[PDF] Tableur - FSR
[PDF] Modèle mandat de gestion 75 HT - 2010 - Solution Investissement
[PDF] manuel de procedures administratives, comptables et - sfoap
[PDF] manuel qualite simplifie - PAI France
[PDF] Généralités sur les matériaux composites - Hal
[PDF] matière, matériau, objet - Pour les sciences - Portail académique
[PDF] Bilan TP8 : Composition de la matière vivante Atelier 1 : Expérience
[PDF] Conception et Réalisation d 'une application de GESTION DES