[PDF] [PDF] Question de synthèse étayée par un travail préparatoire - APSES

Question de synthèse étayée par un travail préparatoire  Document 1 TCAM en % Période 1991-2003 Variation du PIB en volume Facteur travail Facteur capital Productivité globale des facteurs Allemagne 1,4 -0,4 0,7 1,2 Espagne 2,8 1,1 1,2 0,5 Etats-Unis 3,1 0,9 0,9 1,3 Finlande 2,5 0,0 0,2 2,3 France 1,9 -0,1 0,6 1,4 Japon 0,9 -0,7 1,0 0,7 Royaume-Uni 2,7 0,1 0,9 1,7 NB : Les résultats ayant été arrondis, il se peut que la variation du PIB diffère légèrement de la somme des différentes composantes. Source : Données OCDE cité par Office fédéral de la statistique suisse, Actualités OFS, octobre 2006.  Document 2 Les nouveaux pays en voie d'industrialisation d'Asie, comme l'Union soviétique des années cinquante, sont parvenus à obtenir une croissance rapide en grande partie grâce à une étonnante mobilisation des ressources. Lorsque a été pris en compte le rôle des facteurs de production en augmentation rapide, il ne reste plus grand-chose à expliquer. [...] Prenons le cas de Singapour. Entre 1966 et 1990, l'économie a connu un taux de croissance remarquable de 8,5 % par an, trois fois celui des États-Unis [...]. On dirait un miracle économique. Mais le miracle est moins celui de l'inspiration que celui de la transpiration : la croissance de Singapour fut accomplie grâce à une mobilisation des ressources qui aurait fait honneur à Staline. [...] Il n'est pas nécessaire de se livrer à l'exercice formel de mesure de la contribution des facteurs de la croissance pour se rendre compte, grâce à ces chiffres, que la croissance de Singapour est fondamentalement la conséquence d'une modification des comportements qui ne peut pas être répétée. La proportion de la population au travail a presque doublé en une génération ; elle ne pourra pas doubler encore. Une force de travail mal éduquée a été remplacée par une masse de travailleurs diplômés du secondaire; il est peu probable que la majorité des membres de la prochaine génération puisse devenir docteur d'université. Un taux d'investissement de 40 % est un chiffre très élevé dans tous les cas ; 70 % serait ridicule. On doit donc en conclure que Singapour a peu de chances de maintenir des taux de croissance au niveau actuel. Paul Krugman, " Le mythe du miracle asiatique », La mondialisation n'est pas coupable, La Découverte Poche, 2000.  Document 3 Dépenses intérieures brutes de R&D (DIRD) en 2003, en % du PIB Source : INSEE.  Document 4 Les économistes classiques insistent sur l'importance de l'accumulation du capital pour la croissance. Mais comment accumuler le capital dans un pays pauvre ? Il faut, écrit Fernand Braudel*, la longue patience des grandes familles de marchands ou d'industriels. Un système de valeurs est donc nécessaire, qui valorise l'enrichissement et décourage la dépense. Pour M. Weber, les protestants sont poussés à l'épargne parce que la réussite économique est signe d'élection divine et que la consommation est réprouvée : chez les catholiques, au contraire, l'enrichissement est méprisé [...]. Dans le monde chinois, le culte des ancêtres, base de la religion, est assuré par les descendants. Un chef de famille se doit donc d'assurer l'avenir de ses descendants s'il veut que ceux-ci puissent l'honorer après sa mort, ce qui le conduit à épargner. Dans certaines sociétés africaines, au contraire, l'obligation du partage des richesses acquises empêche l'accumulation. * Historien français (1902-1985), fondateur de l'école des Annales. Arnaud Parienty, "La culture influence-t-elle la croissance ?", Alternatives économiques, hors-série n° 53, 2002.

I / Analyser un sujet de question de synthèse et rédiger une introduction [6 points] Avant de répondre au travail préparatoire, il faut analyser le sujet de la question de synthèse pour comprendre à quoi ces questions préparatoires vont servir par la suite et donc anticiper le contenu qui est attendu dans vos réponses. Voici le sujet de la question de synthèse : Après avoir mis en évidence les sources économiques de la croissance, vous montrerez que ce processus s'explique également par des facteurs sociaux et politiques. 1. Procédez à l'analyse de ce sujet en utilisant la méthode " Quoi ? Que ? Où ? Quand ? » et formulez la problématique pour ce sujet. [2 points] 2. Rédigez une introduction comprenant une entrée en matière, la définition du ou des termes importants du sujet, une problématique et une annonce de plan. [4 points} II / Travail préparatoire (14 points) Vous répondrez à chacune des questions en une dizaine de lignes environ. Conseils de méthode : Pour chaque question posée, interrogez vous sur la/les tâche(s) principale(s) qu'il vous est demandée de réaliser. Il y a en général une seule tâche à effectuer, parfois deux. Cinq grandes possibilités : Expliquer ? Constater ? Définir ? Illustrer ? Comparer ? Pour cela, au fur et à mesure que vous traitez chaque question : 1 / entourez le ou les mots qu'il faudrait définir ; 2 / surlignez les mots importants vous permettant de déterminer la/les tâche(s) à effectuer ; 3 / posez des éléments de réponse au brouillon ; 4 / rédigez au propre en essayant de faire des paragraphes pour organiser vos réponses selon le principe " une idée = un paragraphe ». Question 1 : Exprimez la signification des données soulignées dans les cases grisées. (Document 1, 1.5 points) Question 2 : Dans quels pays la croissance est-elle extensive ? (Document 1, 2 points) Question 3 : Pourquoi, selon Paul Krugman, " Singapour a peu de chances de maintenir des taux de croissance au niveau actuel » ? (Document 2, 3 points) Question 4 : Exprimez la signification des données du graphique concernant la Suède. (Document 3, 1.5 points) Question 5 : Quel lien pouvez-vous établir entre l'importance des dépenses de recherche-développement et l'intervention de l'Etat dans son financement ? (Document 3, 2 points) Question 6 : Pourquoi l'intervention de l'Etat est-elle nécessaire pour favoriser la recherche-développement ? (Document 3, 2 points) Question 7 : Montrez que certaines valeurs peuvent être favorables à la croissance. (Document 4, 2 points) Un dessin pas totalement hors-sujet, pour ceux qui trouveraient le temps long ...

Question de synthèse étayée par un travail préparatoire Après avoir mis en évidence les sources économiques de la croissance, vous montrerez que ce processus s'explique également par des facteurs sociaux et politiques. CORRECTION I / Analyser un sujet de question de synthèse et rédiger une introduction [6 points] 1. Analyse du sujet de la question de synthèse : Quoi ? Le sujet parle de la croissance. Que ? Il s'agit d'expliquer la croissance, c'est à dire de rechercher ses causes, qui peuvent être économiques, mais aussi sociales (ou plus précisément sociologiques) et politiques. Il s'agit donc d'un sujet d'analyse. Où et quand ? Pas de délimitation explicite, mais nous avons montré que la croissance était un processus récent dans l'histoire de l'humanité, apparu dans certains pays d'Europe occidentale fin XVIIIe - début XIXe siècle à l'occasion de la révolution industrielle. Proposition de problématique : Quelles sont les sources de la croissance ? Autrement dit, pourquoi certains pays ou régions connaissent-ils un processus d'augmentation soutenue à long terme de leur PIB en volume depuis la révolution industrielle, alors que d'autres pays connaissent une stagnation ou une croissance faible ? Nota Bene : Une problématique, dans l'idéal, n'est pas une simple question (" Quelles sont les sources de la croissance ? ») mais également un " problème », une sorte d'énigme posée en début de devoir et que celui-ci tente de résoudre (" Pourquoi de la croissance ici et pas ailleurs ? »). Problématiser, c'est donc reformuler une question de manière à faire surgir un problème, une controverse, une énigme, une interrogation stimulante pour le lecteur. 2. Un exemple d'introduction efficace : Voir photocopie d'une des introductions réalisées lors de ce devoir. II / Travail préparatoire (14 points) 1. Exprimez la signification des données soulignées dans les cases grisées. (Doc 1, 1.5 points) Tâche à effectuer : CONSTATER Attendu : Selon l'OCDE, en Finlande entre 1991 et 2003, le PIB a augmenté en moyenne de 2.5 % par an en volume. Selon l'OCDE, en Finlande entre 1991 et 2003, la hausse de la productivité globale des facteurs a contribué à augmenter le PIB en volume de 2.3 % en moyenne par an. Valorisé : Plus de 90 % de la croissance en Finlande entre 1991 et 2003 (Calcul : 2.3 / 2.5 x 100 = 92) est liée à l'augmentation de la productivité globale des facteurs. Il s'agit donc d'une croissance intensive. 2. Dans quels pays la croissance est-elle extensive ? (Doc 1, 2 points) Tâche à effectuer : CONSTATER et DEFINIR (croissance extensive) Attendu : Selon l'OCDE, entre 1993 et 2001, la croissance était extensive en Espagne et aux Etats-Unis car elle était majoritairement liée à l'amélioration (en quantité et en qualité) des facteurs travail et capital. En effet, selon l'OCDE, entre 1993 et 2001, l'amélioration des facteurs de production (travail et capital) contribue à élever le PIB de 2.3 % en Espagne et de 1.8 % aux Etats-Unis, alors que la croissance du PIB y était respectivement de 2.8 % et de 3.1 % en moyenne par an. Valorisé : En Espagne, 82 % de la croissance constatée entre 1993 et 2001 (Calcul : 2.3 / 2.8 x 100) peut être attribuée à l'amélioration des facteurs de production. Aux Etats-Unis, c'est 58 % de la croissance observée sur cette période (Calcul : 1.8 / 3.1 x 100). 3. Pourquoi, selon Paul Krugman, " Singapour a peu de chances de maintenir des taux de croissance au niveau actuel » ? (Doc 2, 3 points) Tâche à effectuer : EXPLIQUER Attendu : Selon Paul Krugman, la croissance rapide observée à Singapour entre 1966 et 1990 (8.5 % d'augmentation du PIB en volume en moyenne par an) est essentiellement liée à " une étonnante mobilisation des ressources », c'est à dire à l'amélioration à la fois de la quantité et de la qualité des facteurs de production utilisés. Il s'agit donc d'une croissance extensive. Ce type de croissance ne peut se prolonger indéfiniment. D'une part, les ressources productives qui n'étaient que partiellement mobilisées dans la production finissent par l'être quasiment totalement : le taux d'emploi (proportion de la population en âge de travailler qui occupe un emploi) ne peut pas doubler à chaque génération, car il ne peut dépasser 100 % ! D'autre part, au fur et à mesure que davantage de capital est utilisé par travailleur, les gains de productivité qui en découlent sont toujours moins importants et arrive un moment où la production par travailleur finit par stagner : c'est la loi des " rendements décroissants ».

Valorisé : Le " progrès technique » est le seul moyen de repousser cette perspective d'un " état stationnaire », en mettant en place des innovations organisationnelles, de procédé et de produit qui permettent de combiner plus efficacement le travail et le capital. En d'autres termes : produire plus de valeur ajoutée avec autant de ressources productives. 4. Exprimez la signification des données du graphique concernant la Suède. (Doc 3, 1.5 points) Tâche à effectuer : CONSTATER Attendu : Selon l'INSEE, en Suède en 2003, les dépenses intérieures de recherche-développement représentent environ 4 % du PIB. Celles qui sont prises en charge par les entreprises et par l'Etat représentent respectivement 3 % et 1 % du PIB du pays. Valorisé : Les ¾ des dépenses de recherche-développement sont financées par les entreprises en Suède en 2003. 5. Quel lien pouvez-vous établir entre l'importance des dépenses de recherche-développement et l'intervention de l'Etat dans son financement ? (Doc 3, 2 points) Tâche à effectuer : CONSTATER Attendu : Selon les données de ce graphique, les pays où les dépenses de recherche-développement sont les plus élevées au regard de leur PIB sont ceux où le financement par l'Etat est le moins important en proportion. En effet, dans des pays où ces dépenses sont faibles comme le Mexique, la Pologne ou le Portugal, l'essentiel de la recherche-développement est financée par les administrations (les ¾ dans les deux premiers pays). En revanche, dans les pays où ces dépenses sont élevées comme le Japon, la Finlande et la Suède, plus des 2/3 sont financées par les entreprises. Valorisé : Il y a cependant des exceptions notables à cette tendance globale : ainsi en Irlande où les dépenses de R&D sont faibles (à peine 1 % du PIB) mais financées aux 2/3 par les entreprises, et en Islande où ces dépenses sont élevées (plus de 3 % du PIB) mais financées pour moitié par l'Etat. 6. Pourquoi l'intervention de l'Etat est-elle nécessaire pour favoriser la recherche-développement ? (Doc 3, 2 points) Tâche à effectuer : EXPLIQUER (principalement POURQUOI l'intervention de l'Etat est nécessaire, et non COMMENT !) Attendu : Les dépenses de recherche-développement ont des caractéristiques qui peuvent dissuader les entreprises à se lancer dans un processus d'innovation. En effet, la recherche-développement bénéficie à la fois à l'acteur qui effectue ces dépenses et à d'autres acteurs de l'économie : ceux qui utilisent les découvertes, inventions ou innovations qui en résultent, mais également ceux qui peuvent les imiter. En termes économiques, la recherche-développement entraîne des externalités positives sur d'autres acteurs de l'économie, ce qui conduit chacun à avoir intérêt à se comporter en " passager clandestin » : attendre que d'autres financent ces dépenses pour en bénéficier ensuite. Valorisé : Par ailleurs, la recherche est risquée car les découvertes ou inventions ne sont jamais assurées et car l'innovation consiste par définition à mettre en oeuvre un procédé ou à lancer un produit nouveau. Enfin, les retombées financières de la recherche-développement peuvent être extrêmement lointaines dans le temps, certaines découvertes ou inventions ne trouvant d'application que des décennies plus tard. L'intervention de l'Etat est donc nécessaire, en finançant directement certaines recherches (recherche fondamentale par exemple) ou en créant un environnement financier et juridique favorable à la recherche-développement (crédits d'impôts pour la recherche, systèmes de propriété intellectuelle, etc.). 7. Montrez que certaines valeurs peuvent être favorables à la croissance. (Doc 4, 2 points) Tâche à effectuer : EXPLIQUER Attendu : L'épargne est nécessaire au financement de l'investissement et peut faire défaut dans certains pays pauvres. Les raisons sont économiques (manque de revenus) mais également sociologiques car les valeurs de certaines cultures favorisent une épargne élevée. Puis, au choix, un exemple (mieux vaut un exemple bien traité que plusieurs à peine effleurés) : - C'est le cas notamment, selon Max Weber, des mentalités portées par les calvinistes en Europe au XVIe-XVIIe siècle. Ceux-ci croient alors être prédestinés et que la richesse accumulée ici bas est un signe de salut. En conséquence, ils réinvestissent en permanence le moindre gain pour s'enrichir toujours davantage, contrairement aux catholiques pour qui l'enrichissement n'est pas une fin en soi. - En Chine, le culte des ancêtres étant assuré par les descendants, chacun cherche à accumuler des richesses en les épargnant pour les transmettre aux générations futures, contrairement à certaines sociétés africaines où les richesses accumulées doivent être immédiatement partagées pour être utilisées. Valorisé : D'autres exemples tirés du cours ou de connaissances personnelles !