arbre et personnages
Adélaïde Fouque. Rougon. Pierre Rougon branche Macquart. Eugène. Rougon. Pascal. Rougon. Aristide. Rougon dit Saccard. Sidonie. Rougon. Marthe. Rougon.
Zola et ses personnages
Le personnage chez Zola est toujours « signifiant ». C'est à travers lui que l'auteur dévoile le corps Notes préparatoires aux Rougon-Macquart 1868 ...
Dans Les Rougon-Macquart de Zola: de gronder la presse sest
des Rougon-Macquart des extraits d'articles
Lanalyse de deux personnages du cycle Rougon-Macquart dEmile
Pierre Rougon et Gervaise Macquart sont deux personnages principaux de cette grande œuvre d'Emile Zola. Ce sont les représentants des deux branches de la
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Rougon Saccard Clotilde Victor Rougon Saccard Angélique Rougon (Angélique Marie) Octave Mouret Serge Mouret Désirée Mouret Charles Rougon Saccard Enfant de Clotilde et Pascal Fortune des Rougon Conquête Plassans Le Docteur Pascal Fortune des Rougon Conquête Plassans Fortune des Rougon La Curée Son Exc E Rougon L’Argent Fortune des Rougon
Masarykova univerzita
Filozofická fakulta
L"analyse de deux personnages du cycle Rougon-Macquart d"Emile ZolaBakalářská práce
Vypracovala : Eva Kešnerová
Vedoucí bakalářské práce : doc. PhDr. Petr Kyloušek, CSc. Brno 20062
Prohlašuji, Že jsem vypracovala bakalářskou práci na téma L"analyse de deux personnages
du cycle des Rougon-Macquart d"Emile Zola samostatně a Že jsem pouŽila pouze uvedenou literaturu.V Brně 14. dubna 2006
3 Děkuji tímto doc. PhDr. Petru Kylouškovi, CSc. za vedení práce, konzultace, připomínky a cenné rady, které mi poskytl. 4TABLES DES MATIÈRES
I. INTRODUCTION...................................................................6 II. L"IDÉE DE ROUGON-MACQUART.......................................8III. ANALYSE DES PERSONNAGES
1. Les Rougon-Macquart...................................................12
2. La vie de Pierre............................................................13
3. La vie de Gervaise........................................................15
4. La comparaison des romans: L"Assommoir et La Fortune des Rougon
- le lieu............................................................18 - les personnages................................................19 - les conditions de vie...........................................19 - l"ambiance......................................................20 - le travail.........................................................205. La comparaison de Pierre Rougon et Gervaise Macquart
- points de départ................................................21 - les buts..........................................................21 - les enfants et leur éducation.................................22 - le comportement envers les personnages..................22 - la présence des personnages dans les romans.............23 - la position parmi les autres personnages...................23 - le dévéloppement des personnages.........................24 - la relation des personnages avec Emile Zola..............25 IV. CONCLUSION....................................................................261. Le résumé de l"analyse des personnages... ..........................26
2. Le projet d"Emile Zola........................ .........................26
3. Le résultat de l"application de la méthode expérimentale...........27
5V. ANNEXE
1. La préface de DocteurPascal d"Emile Zola........................29
2. L"arbre généalogique ..................................................30
3. L"arbre généalogique original..........................................31
4. La répartition des influences héréditaires...........................32
VI. BIBLIOGRAPHIE...............................................................33 6I. INTRODUCTION
Ce mémoire traite l"analyse de deux personnages du cycle Rougon-Macquart de l"un des plus connus auteurs français et l"inventeur du naturalisme - Emile Zola. Zola s"inspire dans son uvre de la science et applique les méthodes scientifiques à lalittérature. En utilisant la méthode de la transmission mécanique des lois naturelles à la
société humaine, il crée les personnages détérminés par l"environement et par l"époque. Il
se préocuppe avant tout de la physiologie en décrivant dans son uvre les effets de l"héridité
dans une famille.Le romancier, dit-il, est fait d"un observateur et d"un expérimentateur. L"observateur donne les faits
tels qu"il les a observés, pose le point de départ, établit le terrain solide sur lequel vont marcher les personnages
et se développer les phénomènes. Puis, l"expérimentateur paraît et institue l"expérience, je veux dire fait
mouvoir les personnages dans une histoire particulière, pour y montrer que la succession des faits y sera telle
que l"exige le déterminisme des phénomènes mis à l"étude. 1 Il s"insuit que le procédé utilisé par Zola dans le cycle des Rougon-Macquart estplutôt scientifique. Zola renferme ses personnages dans un déterminisme préfixé. Il crée les
personnages strictement déterminées par l"héridité qui ne peuvent pas dépasser leurs raisons
d"être. Ils ne sont que les éléments de la chaîne qui s"appelle Rougon-Macquart. Dans mon mémoire je voudrais répondre à la question qui porte sur les personnages de Zola. Sont-ils seulement le résultat d"application de sa méthode scientifique? Peut-on les considérer seulement comme une partie du système scientifique? Je voudrais trouver le fil qui lie deux représentants principaux des Rougon-Macquart - Pierre Rougon et Gervaise Macquart. Je vais comparer ces deux personnages sousdifférents aspects, je vais trouver ce qui les lie et en quoi ils diffèrent. Je voudrais trouver et
montrer les filaments qui les mettent en contact et qui, tour à tour, apparaissent et se cachent dans les deux romans de ce cycle.1 Michel Euvrand, Emile Zola, Classiques du XX siècle, Editions Universitaires, pp.106
7 Pour cet analyse j"ai choisi deux romans du cycle des Rougon-Macquart - La fortune des Rougon et l"Assommoir. Le premier roman La fortune des Rougon et en même temps le premier roman de tout le cycle.Voici le livre de la jeunesse, du rêve, et de la folie. Mais aussi le roman vrai d"une histoire pleine de
bruit et de fureur, où le désir cupide et la volonté de puissance triomphent impudemment des naïvetés d"amours
adolescent. Et tout cela merveilleusement accordé dans une uvre complexe et vibrante, où se répondent les
chants de la vie et les râles de la mort, où alternent la Marseillaise du peuple, le glas funèbre des églises de
village, et la cadence implacable des soldats en marche. 2 Ce roman est devenu un chef-d"uvre dans la série des Rougon-Macquart, qui fascine depuis longtemps les lecteurs de Zola. Le deuxième roman que j"ai choisi pour décrire est l"Assommoir qui suit comme le septième volume du cycle. Ces deux, avec Germinal, La Bête humaine et Nana sont les romans principaux de la série des Rougon- Macquart. J"ai choisi justement La fortune des Rougon et l"Assomoir, parce que ce sont ceux-ci où on rencontre les deux personnages choisis - Pierre et Gervaise. En ce qui concerne la méthodologie, je vais utitiser la méthode de la comparaison. Je présente deux personnages principaux dans deux romans d"Emile Zola. On observe donc deux milieux de la société, deux ambiances dans lesquelles se rencontrent ces représentants de deux couches diveres. Il s"agit en plus d"une femme et d"un homme. Mais il y a, tout de même, des points qui les joignent. C"est l"époque du Second Empire où se déroule cettehistoire et c"est la même famille de la quelle ils descendent. De même, ils possèdent certains
traits communs en ce qui concerne leur ambition et leurs facultés. Je voudrais donc mettre en parallèle ces deux existences, ces deux destins de personnages qui ne se sont jamais rencontrés.2Auguste Dezaley, préface de La fortune des Rougon
8II. L"IDÉE DE ROUGON-MACQUART
C"est à la fin de 1867 et au début de 1868 que Zola établit le plan d"une série deromans dans laquelle il démontrait l"influence de l"environnement social et de l"héridité sur
la formation du comportement humain. Zola songe à étudier les fatalités de la vie, les
fatalités du tempérament et du milieu. Il ne veut pas peindre toute la société contemporaine,
mais une seule famille en montrant le jeu de la géneration modifiée par les milieux. Sa grande ambition est d"être purement naturaliste et physiologiste. Pendant les années 1871 et 1893 Zola a publié vingt volumes de la série des Rougon- Macquart, histoire naturelle et sociale d"une famille sous le second Empire. Dans la préface du premier roman de ce cycle La fortune des Rougon3 l"auteur dégage son intention de montrer les comportements des membres d"une famille, cela veut dire d"un groupe des gensgénétiquement homogène où chacun aboutit à une situation différente dans la société.
Zola essaie dans son uvre de rechercher les effets de l"héridité qui apparaissent dans les générations suivantes. Chaque épisode, chaque volume contient une action dramatique, sous laquelle on peut retrouver la grande idée de l"ensemble. L"auteur consacre aussi son temps à lire de nombreux ouvrages de physiologie, parmi lesquels la Physiologie des passions4 de Charles Letourneau, le Traité philosophique et physiologique de l"héridité naturelle5 de Prosper Lucas et L"introduction à l"étude de la
médecine expérimentale6 de Claude Bernard. Celui-ci fonde la médicine sur les bases
expérimentales en la présentant comme science. L"uvre de Bernard dépasse la frontière de
la médicine et touche aussi le domaine de la philosofie. Zola s"en inspire et classe le roman dans les structures scientifiques. Le roman devient donc l"uvre scientifique qui se base sur la physiologie.3 Emile Zola, La Fortune des Rougon, Le livre de poche, Paris 1994
4 Charles Letourneau, Physiologie des passions, Libraires-Éditeurs, 1878. In: Jean-Pierre de Beaumarchais,
Dictionnaire des oeuvre littéraires de la langue française5 Prosper Lucas, Traité philosophique et physiologique de l"héridité naturelle,Paris, 1847
6 Claude Bernard, L"introduction à la médecine expérimental, Paris, 1865
9 Ce savoir scientifique qu"il fait passer dans les Rougon-Macquart, représente à peu près l"état contemporain du savoir. Michel Serres explique: "Je ne dis pas que la série des Rougon-Macquart, munie de son texte réflexif, constitue un ensemble de résultats purementscientifique. Je dis seulement que les thèses, la méthode et l"épistémologie que je découvre
ici sont fidèles à ce que nous jugeons le meilleur, dans les travaux dits scientifiques de ce temps."7 Zola ne décrit pas des singularités individuelles, mais ce qui les enferme, les
fabrique et les produit.Zola applique donc la méthode expérimentale à la litérature, il met en place le
principe de la physiologie. En conséquence de cette méthode il s"agit de la transmissionmécanique des lois naturelles à la société humaine. Le personnage de l"uvre littéraire est
interprété comme l"être humain détérminé physiologiquement. Sa propre volonté et son
comportement individuel sont réduits à la verve, à la passion. Celles-ci sont données par
l"élément de l"héridité et par l"influence du milieu social. Le personnage principal du roman
naturaliste est le plus souvent l"homme du peuple travailleur ou un représentant de la classemoyenne. Ses instincts biologiques et les manières sont observés à travers une thématique
accentuant les moments bas et vils; il en résulte une anthropologie pessimiste de l"homme. Excepté la physiologie, Zola s"inspire de la sociologie évolutionniste d"Herbert Spencer d"après laquelle la société se comporte comme un organisme vivant et la raison se forme en fonction de l"environement. Il s"inspire aussi de la théorie de l"art d"Hippolyte Taine qui juge l"uvre artistique determinée par trois facteurs - la race, cela veut dire par l"élément biologique de l"héridité, par le milieu et par l"époque. Zola applique tous ces éléments dans sa grande uvre des Rougon-Macquart. Il veut démontrer le comportement et développement de la famille de vingt personnes qui ne connaissent pas, dans certains cas, l"un l"autre. Alors qu"une analyse en détail montre leurrelation réciproque. On voit clairement que l"héridité a ses propres lois qu"on ne peut pas
omettre.7 Michel Serres, Feux et signaux de brume, Zola, Grasset, 1975
10 Zola essaie de trouver le fil qui lie les figures des Rougon-Macquart et qui convergevers une seule personne - Adélaïde Fouque - dite Tante Dide. L"héridité de l"aïeule se
diversifie grâce aux tempéraments et des milieux, en une infinité de possibles, que l"auteur
explore par la construction de l"arbre généalogique de la famille dont chaque feuille
deviendra un volume de l"histoire. Adélaïde née à Plassans en 1768 se marie avec Rougon, jardinier avec qui elle aura un fils Pierre. Quand Rougon meurt elle prend pour amant Macquart et avec lui elle aura deux enfants, un fils Antoine et une fille Ursule. A partir de ce moment la famille se divise en deux branches, Rougon et Macquart. Les membres de cet ensemble se caractérisent surtout par l"abondance des passions et par le désir des jouissances. A l"égard de la physiologie ils présentent un ensemble quireste uni par l"héridité, qui vient des mêmes racines. Quelques éléments du comportement
percent chez tous les membres cependant qu"ils vivent dans des milieux différents. Si oncommence à découvrir les vraies forces qui animent les personnages et les animeront
jusqu"au bout du cycle: ce ne sont que des appétits, des désirs de pouvoir, d"argent, deplaces, avec des nébuleuses de haines, de jalousies, de lâchetés. En face, bien sûr il y a la
grandeur des certaines personnes, l"honnêteté, l"ambition de poursuivre son but. Les membres de cette famille pénètrent successivement dans toutes les couches sociales et ils occupent divers postes. Dans les individus est incarnée la société contemporaine, les criminels autant que les héros, les gens bons et mauvais, les hommes honnêtes autant que les malséants. Il fautchercher la raison de ces tempéraments, parfois semblables, parfois opposés. L"auteur étudie
l"humanité elle-même et explique cette apparente confusion des témperaments. 11 Il faut voir comment un petit groupe d"êtres, une famille, se comporte en s"épanouissant pour donner naissance à plusieurs individus qui semblent au premier coupd"il profondément étrangers, mais que l"analyse scientifique montre intimement liés les uns
aux autres."Je tâcherai de trouver et de suivre, en résolvant la double question des tempéraments et des milieux,
le fil qui conduit mathématiquement d"un homme à un autre homme. Et quand je tiendrai tous les fils, quand
j"aurai entre les mains tout un groupe social, je ferai voir ce groupe à l"uvre, comme acteur d"une époque
historique, je le créerai agissant dans la complexité de ses efforts, j"analyserai à la fois la somme de volonté de
chacun de ses membres et de la poussée générale de l"ensemble."8 Sauf les racines communes, les figures ont encore une circonstance identique. C"est l"époque du second Empire que Zola a choisi pour cadre. Les personnages s"y développent selon la logique de leur caractère. Ils deviennent des acteurs typiques qui résument cetteépoque. Zola définit l"uvre entière par la phrase: "Je désire peindre l"assouvissement d"une
famille lancée dans la fièvre d"appétits du second Empire."Les désirs, les passions et les déchirements intérieurs se reflètent dans cette époque.
La caractéristique du moment est l"impatience de jouir, la bousculade des ambitions, les fortunes et les ruines rapides, toute cette orgie du corps et de l"esprit qui a commencé presque avec le coup d"État de Louis Napoléon Bonaparte. C"est à l"époque du second Empire où les personnages essaient de s"imposer, de gagner des honneurs et de la gloire.8 Emile Zola, La Fortune des Rougon, Le livre de poche, Paris, 1994, pp.15
12III. L"ANALYSE DES PERSONNAGES
1. Rougon-Macquart
L"histoire naturelle et sociale de cette famille commence donc en 1768 quandAdélaïde Fouque est née. Son premier fils, Pierre Rougon, que je veux décrire en détail, est
né en 1787. Il s"est marié en 1810 à Félicité Puech avec qui il a cinq enfants - Eugène, qui
ressemble physiquement à son père, devient ministre. Pascal, qui n"a aucune ressemblence morale ni physique avec les parents et qui se trouve complètement en dehors de la famille, travaille comme médecin. Aristide, letroisième fils des Rougon a la prépondérance morale du père et la ressemblance physique de
la mère et il devient avocat. Sidonie et Marthe sont deux filles des Rougon. Sidonie
ressemble à sa mère tandis que Marthe a hérité son caractère et son apparence de sa grand-
mère - Adélaïde Fouque. Sauf Pierre, Adélaïde avait encore deux enfants, Antoine et Ursule, qui sont nés hors du mariage, avec son amant Macquart. La famille se divise ainsi en deux branches. AntoineMacquart, né en 1789, se marie à Joséphine, dite Fine, avec qui il aura trois enfants - Lisa,
Gervaise et Jean.
Gervaise qui devient le personnage principal du roman L"Assommoir est déjà présentée dans le premier roman du cycle - La Fortune des Rougon. Pierre Rougon et Gervaise Macquart sont deux personnages principaux de cette grande uvre d"Emile Zola. Ce sont les représentants des deux branches de la famille - les Rougons et les Macquarts. Ils viennent des racines communes comme les descendants d"Adélaïde Fouque, mais en même temps ils font partie des couches sociales différentes. Comme parents - Pierre est l"oncle de Gervaise - ces deux ont le même fond des traits de caractère typiques pour tous les membres de cette famille. Les passions, le désir de gagner savie et le déchirement intérieur pénètrent dans chaque moment de leurs vies. L"effort de se
détacher de la vie misérable comme le seul sens de la vie est commun pour eux, maispuisqu"ils sont nés dans des conditions de vie différentes, ils se classent dans différentes
couches sociales. 132. La vie de Pierre Rougon
La situation de Pierre est bien lisible justement à travers son comportement quand il était enfant et à travers l"apparence physique dont il a hérité de ses parents."Jamais enfant ne fut à pareil point la moyenne équilibrée des deux créatures qui l"avaient engendré. Il
était un juste milieu entre le paysan Rougon et la fille nerveuse Adélaïde. Sa mère avait en lui dégrossi le père.
Ce sourd travail des tempéraments qui détermine à la longue l"amélioration ou la déchéance d"une race
paraissait obtenir chez Pierre un premier résultat. Il n"était toujours qu"un paysan, mais un paysan à la peau
moins rude, un masque moins épais, à l"intelligence plus large et plus souple. Même son père et sa mère
s"étaient chez lui corrigés l"un par l"autre. Si la nature d"Adélaïde, que la rébellion des nerfs affinait d"une
façon exquise, avait combattu et amoindri les lourdeurs sanguines de Rougon, la masse pesante de celui-ci
s"était opposée à ce que l"enfant reçût le contrecoup des détraquements de la jeune femme. Pierre ne
connaissait ni les emportements ni les rêveries maladies des louveteaux de Macquart. Fort mal élevé, tapageur
comme tous les enfants lâchés librement dans sa vie, il possédait néanmoins un fond de sagesse raisonnée qui
devait toujours l"empêcher de commettre une folie improductive. Ses vices, sa fainéantise, ses appétits de
jouissance n"avaient pas l"élan instinctif des vices d"Antoine; il entendait les cultiver et les contenter au grand
jour, honorablement. Dans sa personne grasse, de taille moyenne, dans la face longue, blafarde, où les traits de
son père avaient pris certaines finesses du visage d"Adélaide, on lisait déjà l"ambition sournoise et rusée, le
besoin insatiable d"assouvissement, le cur sec et l"envie haineuse d"un fils de paysan, dont la fortune et les
nervosités de sa mère ont fait un bourgeois." 9 Pierre, né en 1787, n"a pas connu son père, qui est mort après une année de mariageavec Adélaïde Fouque. Pierre est élévé seulement par sa mère, Adélaïde, en compagnie de
son demi-frère Antoine et sa demi-soeur Ursule - dits les louveteaux - les enfants nés des amours de leur mère avec le contrebandier Macquart. Le jeune Pierre juge la situation de safamille avec impassibilité en s"apercevant qu"il est le seul fils légitime. C"est donc lui seul
qui a droit à la fortune familiale entière. Grâce à son esprit calculateur, il invente le plan
comment dénicher les louveteaux et rester le seul maître. Il a réduit sa mère à sa volonté,
réalisé la fortune et mis dans sa poche, par un véritable vol légal, les cinquante mille francs
qui formaient tout le patrimoine de la famille.9 Emile Zola, La Fortune des Rougon, Le livre de poche, Paris, 1994, pp.67-68
14 Plus tard il épouse Félicité Puech, une femme riche. Comme il a un invincible besoinde jouissances régulières et qu"il rêve de posséder le commerce comme une source
inépuisable, grâce à ce mariage, il devient un petit bourgeois. Après quelques bonnes
années, une série d"infortunes frappe le ménage Rougon, de longues années de lutte pénible,
de travail incessant "de mesquineries misérables, au bout desquelles les Rougon doivent s"avouer vaincus, avant amassé en tout une maigre rente de deux mille francs qui les réduità l"état de petits rentiers et de leur donne même pas accès dans le quarier neuf, objet de
leurs contivoises" 10 Pierre a toute l"allure d"un respectable bourgeois, mais il veut toujours plus. Il luimanque encore de grosses rentes pour être tout à fait respecté. "Sous la placidité naturelle
de ses traits, il cache des sentiments haineux. Il est sourdement exaspéré par sa mauvaisechance et, comme Félicité, comme son frère Macquart, comme ses fils Eugène et Aristide, il
est tout prêt pour assouvir enfin son âpre désir de fortune." 11 Les Rougon, à cette époque, réussissent à concentrer chez eux le mouvement réactionnaire dans leur "salon jaune" en invitant les personnages influents chez eux. Pierre peu à peu devient le membre important de cette association et le chef du parti conservateur.Rougon gagne de cette façon l"influence à Plassans. Grâce à son fils aîné, qui l"avait fait
remarquer les événements, Pierre obtient un poste dans les finances. Il s"est joint aux
bonapartistes et après le coup d"État il devient la personnalité de rang élévé dans Plassans.
Le receveur particulier Pierre Rougon est un homme d"importance politique avec une mine de richard. Il succombe, étouffé par une indigestion, à soixante-dix ans.10 Emile Zola,La Fortune des Rougon, Le livre de poche, Paris, 1994, pp.81
11 Emile Zola, La Fortune des Rougon, Le livre de poche, Paris, 1994
153. La vie de Gervaise Macquart
"La seconde fille, Gervaise, née l"année suivante, était bancale de naissance. Conçue dans l"ivresse,
sans doute pendant une de ces nuits honteuses où les époux s"assommaient, elle avait la cuisse droite déviée et
amaigrie, étrange reproduction héréditaire des brutalités que sa mère avait eu à endurer dans une heure de lutte
et de soûlerie furieuse. Gervaise resta chétive, et Fine, la voyant toute pâle et toute faible la mit au régime de
l"anisette, sous prétexte qu"elle avait besoin de prendre des forces. La pauvre créature se dessécha davantage.
C"était une grande fille fluette dont les robes, toujours trop larges, flottaient, comme vides. Sur son corps
émacié et contrefait, elle avait une délicieuse tête de poupée, une petite face ronde et blême d"une exquise
délicatesse. Son infirmité était presque une grâce; sa taille fléchissait doucement à chaque pas, dans une sorte
de balancement cadencé." 12 Gervaise se retrouve dans l"Assommoir telle qu"elle était dans La Fortune desRougon. Tout d"abord, comme petite fille, elle avait été rouée et abusée par son père
Antoine Macquart. Dès ses huit ans, elle gagnait chaque jour dix sous en cassant des
amandes; plus tard elle est entrée en apprentissage chez une blanchisseuse et elle a commencé à recevoir deux francs par jour. Mais tout son argent passait dans la poche de sonpère qui terrorisait toute la famille et qui, seul paresseux et parasitaire, reprochait l"indigence
à sa femme et aux enfants.
De la même façon elle était abusée dans l"Assomoir par son amant Lantier, avec quielle avait son premier fils Claude à quatorze ans déjà et puis deux autres, qui ont été
recueillis par leur grand-mère paternelle pour l"éducation. Gervaise, exploitée par son père,
engrossée par son amant, s"habituait à travailler du matin au soir pour gagner sa vie. Plus tard, quand ses deux auxiliaires - madame Lantier et Joséphine Macquart - sont mortes,Lantier a retiré Gervaise des mains de son père et l"a emmenée avec leurs enfants de
Plassans à Paris où elle a passé la deuxième moitié de sa vie. Ici, à Paris, commence l"action
du roman l"Assommoir.12 Emile Zola, La fortune des Rougon, Le livre de poche, Paris, 1994, pp. 157
16 Au début de ce roman, constituant le septième volume de la série des Rougon- Macquart, Gervaise et ses fils sont abandonnés par Lantier dans une misérable chambre del"hôtel Boncur. Tout l"héritage de madame Lantier est dépensé. La jeune femme, jetée sur
le pavé sans moyens, est entrée comme ouvrière chez une blanchisseuse. Son idéal est
devenu simple - travailler dur, agir avec modestie, élever ses enfants. Gervaise ressemblait à sa mère non seulement par son destin presque pareil, mais aussi par sa rage de s"attacheraux gens, de leur donner la main. Son seul défaut était d"être trop sensible, d"aimer tout le
monde, de se passionner pour des personnes autour d"elle. Peu de temps après le départ deLantier, Gervaise a épousé Coupeau, malgré ses peurs irraisonnées, malgré ses noirs
pressentiments.Mariée, Gervaise travaille avec l"ardent désir de satisfaire son idéal. Sa famille
déménage dans un apartement plus confortable et il paraît que tout est en bon ordre.
Gervaise commence à remporter le succès dans sa vie professionnelle et familiale, la petite Anna, dite Nana, est née et Claude est parti au collège. Gervaise est capable d"économiser une certaine somme d"argent et en additionnant un prêt du forgeron Goujet, elle arrange sa propre blanchisserie. Mais cela a changé après l"accident de son mari, Coupeau, qui s"est cassé la jambe en tombant du toit et puis, pendant sa convalescence, il a perdu tout à fait le goût du travail. Devenu paresseux, il commence une existence d"ivrogne qui le mênera peu à peu au délire alcoolique. Gervaise doit de plus en plus souvent lui donner de l"argent tandis qu"il ne rentre plus à la maison. C"est le début de la lente déchéance de Gervaise qui doit travailler comme un forçat pour honorer une dette et pour faire vivre non seulement ses enfants et Coupeau mais aussi son ancien amant Lantier, qui veut la reprendre. Elle a essayé un instant de se réfugier dansle pur amour de Goujet, mais elle n"a pas la force de résister à Lantier. Elle a perdu donc tout
respect d"elle-même, elle vit tranquillement au milieu de l"indignation publique, ses paressesl"amollissent et elle se désintéresse du travail. La saleté pénètre dans la boutique, les dettes
croissent et finalement elle cède sa boutique à la grande Virginie. 17 Gervaise prend l"habitude d"aller au café pour prendre un petit verre. Successivement la jeune femme retrouve cette coutume, qu"elle avait prise avec sa mère Josephinelorsqu"elle était enfant - de licher des petits verres, chaque soir, en attendant le retour tardif
de Macquart.Tous les efforts n"auront servi à rien, sa réussite temporaire n"était qu"une illusion, et le milieu la
ramène à l"hérédité, parce que l"hérédité l"empêche d"échapper au milieu.13
Cette conduite a pénétré en elle pendant son enfance et bien qu"elle ait été unepersonnalité forte, elle a cédé à ses entraînements. Gervaise se trouve faible pour défendre
son modeste bonheur dès que le destin est contraire. Elle accepte donc son sort et se résigneà son mauvais apanage.
Après la mort de Coupeau à l"hôpital Saint-Anne; Gervaise succombe à son tour;elle meurt de misère et d"ivrognerie dans un coin après avoir été renvoyée de son logement.
13 Michel Euvrand, Emile Zola, Classique XX e siècle, Editions Universitaire, 1967
184. La comparaison des romans La Fortune des Rougon et
L"Assommoir
La Fortune des Rougon -
"Ce roman sert d"introduction à toute l"uvre. Il montre certains membres de la famille dont je veux
écrire l"histoire, au début de leur carrière, fondant leur fortune sur le coup d"Etat, comptant sur l"Empire qu"ils
prévoient pour contenter leurs appétits." 14L"Assommoir -
"L"Assommoir est venu à son heure, je l"ai écrit, comme j"écrirai les autres, sans me déranger une
seconde de ma ligne droite. C"est ce qui fait ma force. J"ai un but auquel je vais.L"Assommoir peut se résumer en une phrase: Fermez les cabarets, ouvrez les écoles. L"ivrognerie
dévore les peuples." 15Le lieu
Zola juge nécessaire de varier ses uvres pour ne pas tomber dans la monotonie. Il faut donc situer les actions des romans dans les lieux différents. Pour chaque nouveau livre il cherche une nouvelle ambiance, une nouvelle place opposée aux autres qui précèdent. Dans l"Assomoir, à la différence de La Fortune des Rougon, les personnages sonttoujours campés des conditions ouvrières très pauvres, ils ne réussissent ni à en sortir ni,
malgré leurs efforts, à rendre leur situation meilleure. La plupart de l"action de ce roman se déroule dans les quartiers pauvres de Paris d"où les travailleurs descendent chaque matin vers Paris pour y travailler tandis que l"action du premier roman du cycle est située surtout en province, à Plassans. Bien que dans La fortune des Rougon les personnages se trouvent de temps en temps dans les espaces habités pauvres - la chaumière de tante Dide ou le logement d"Antoine Macquart - ils vivent pour la plupart dans les appartements de luxe, par exemple le "salon jaune" de Pierre Rougon. Dans l"Assommoir les personnages demeurent dans la misère pendant presque toute l"action. On trouve Gervaise tout d"abord dans une misérable chambre de l"hôtel14 Emile Zola, le plan du premier épisode
15 Emile Zola, la description du plan de l"Assommoir
19Boncur. Ensuite, elle déménage dans un appartement meilleur, mais ses dettes ne lui
permettent pas d"y rester. Elle finit comme sans-abri et elle meurt dans un coin obscure.Les personnages
Tandis que dans le premier roman du cycle l"auteur déploie une longue série d"histoires, en mélangeant un grand nombre de personnes des deux branches de la famille, dans l"Assomoir il s"oriente purement vers la description de la famille de Gervaise et ses plus proches environs. Ce sont avant tout les gens pauvres de la couche sociale base."C"est une uvre de vérité, le premier roman sur le peuple, qui ne mente pas et qui ait l"odeur du
peuple. Et il ne faut point conclure que le peuple tout entier est mauvais, car mes personnages ne sont pas
mauvais, ils ne sont qu"ignorants et gâtés par le milieu de rude besogne et de misère où ils vivent."16
Dans La fortune des Rougon l"auteur décrit surtout la couche de la haute société qui entoure Pierre Rougon et sa femme, leurs enfants y compris.Les conditions de vie
Les personnages principaux de l"Assommoir sont les gens pauvres, condamnés à lavie dans la plus grande misère. Ils sont déterminés par le milieu où ils ont grandi et où ils
vivent malgré leur effort de changement."J"ai voulu dans l"Assommoir peindre la déchéance fatale d"une famille ouvrière, dans le milieu
empesté de nos faubourgs. Au bout de l"ivrognerie et de la fainéantise, il y a le relâchement des liens de la
famille, les ordures de la promiscuité, l"oubli progressif des sentiments honnêtes, puis comme dénouement la
honte et la mort. C"est la morale en action, simplement."17 Dans La fortune des Rougon on remarque la desciption des deux milieux - l"abondance de la famille relativement riche des Rougon et l"indigence de la famille desMacquart.
16 Emile Zola, description de peuple de L"Assommoir, Paris
17 Emile Zola, description de L"Assommoir, Paris, janvier 1877
20L"ambiance
L"action de La fortune des Rougon se déroule dans le cadre politique, où s"engagent les individus principaux. La politique est le thème le plus important qui encadre l"action de ce premier volume de la série et qui relie ou divise les personnages. Dans l"Assommoir les personnages cherchent les réponses aux questions de la vie quotidienne. Leurs destins ne sont pas dépendants de la vie politique. Ils sont entourés par l"ambiance plus simple qui se limite aux conditions d"existence.Le travail
En ce qui concerne la question du travail, on peut dire que les personnages de l"Assommoir sont plus en contact avec cet esclavage du travail qui présente le leitmotiv de la condition ouvrière. Il faut travailler du matin au soir pour gagner tout juste de quoi ne pas mourir de faim. Les Macquart sont, à la différence des Rougon, les travailleurs manuels. LesRougon sont épargnés par la misère et voilà pourquoi leur trait de caractère le plus typique
est la paresse. 215. La comparaison de Pierre et Gervaise
Points de départ
Gervaise et Pierre divergent depuis leur naissance déjà; leurs "points de départ dansla vie" sont différents. Tandis que Pierre est né comme le premier-né dans la famille avec la
couverture financière grâce à la fortune de sa mère, Gervaise est née dans la pauvreté d"une
famille sociablement faible, où les parents étaient des alcooliques. Malgré cela, ils commencent très tôt à montrer un comportement identique. Les deuxsont doués de sens pour gagner de l"argent. Ils sont très travailleurs, ils travaillent
systématiquement pour atteindre leur but et remporter une victoire. Mais tandis que Gervaisetravaille dure physiquement, Pierre laisse voir son esprit calculateur. Il est doué d"une
invictible ténacité, toujours prêt à inventer le façon de profiter de l"occasion qui se présente.
Leurs buts
En ce qui concerne les buts des deux, on peut constater que les ambitions de Gervaise et sa conception du bonheur ne sont pas éloignés de celles de Pierre. Les deux veulent atteindre une vie contente dans l"abondance. Gervaise est un instant même bien près de toucher au but, un joli magasin, une réputation de travail ponctuel et bien fait, un mari sobre et travailleur, de beaux enfants. Mais si on compare les appétits de Pierre et les moyens qu"il emploie pour les satisfaire, on voit que l"idéal de Gervaise est touchant par la modestie. Pour accomplir son désir elle ne peut que travailler dur, être modeste mais ambitieuse. La situation est plus favorable à Pierre, parce qu"il peut profiter de ses relations dans la haute société, de son influence politique et de son capital. 22Les enfants et leur éducation
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