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:

UNIVERSITE SORBONNE NOUVELLE - PARIS 3

École doctorale 120 - Littérature française et comparée

EA 4400 " Écritures de la modernité »

Thèse de doctorat

Discipline : Langue, littérature et civilisation françaises

Mikiko KATO

RAYMOND QUENEAU ET LES MYTHOLOGIES

Thèse dirigée par Monsieur Daniel DELBREIL

Soutenue le 3 février 2012

Jury :

Monsieur Jean-Pierre BERTRAND (Professeur à l'Université de Liège) Madame Claude DEBON (Professeur Émérite à l'Université Sorbonne Nouvelle - Paris III) Monsieur Daniel DELBREIL (Professeur à l'Université Sorbonne Nouvelle - Paris III) Madame Christelle REGGIANI (Professeur à l'Université de Lille III)

Raymond Queneau et les mythologies

Raymond Queneau et les mythologies Résumé Raymond Queneau s'intéresse au mythe, comme bien d'autres écrivains. Mais quel est le rapport qu'il entretient avec cet imaginaire collectif ? Notre propos est d'examiner la particularité des idées de Queneau sur le mythe, dans tous les sens du terme. Il est question d'abord d'observer ce que signifie le " mythe » pour Queneau, en considérant comment ses

relations avec les surréalistes et Georges Bataille l'ont sensibilisé aux sciences humaines et sociales en vogue au début du XX e siècle, et en étudiant sa lecture de Nietzsche et Joyce

qui réfléchissent sur le mythe et la littérature. La réécriture des mythologies anciennes,

gréco-romaine et biblique en particulier, dans l'oeuvre de Queneau est également analysée, sans oublier celle de la mythologie gnostique, inextricablement liée chez lui à la

philosophie hégélienne, et surtout à l'idée de " la fin de l'histoire ». La notion de

" mythologie moderne », discutable pour certains, est tout de même envisagée pour tenter de savoir pourquoi le personnage de Zazie et le Paris décrit par Queneau ont acquis une

telle popularité dans le grand public. À la lumière de ces examens, Queneau apparaît

comme un écrivain toujours fasciné par cette forme de récit, saturée de symboles,

structurée par une tension oppositionnelle, organisée par une construction circulaire,

contenant une logique sous-jacente, qui nourrit, tout en gardant l'anonymat, l'imaginaire collectif. Mots clés : [ mythe, mythologie, surréalisme, gnosticisme, récit, Hegel ]

Raymond Queneau and Mythologies Abstract Like many other writers, Raymond Queneau was interested in myth. But what was his relationship to this entryway into the collective imagination? I propose here to examine the particularity of Queneau's ideas on myth, in all senses of the term. I begin by looking at what "myth" signified for Queneau, and considering how his relations with the surrealists and Georges Bataille kindled his interest in the social sciences and humanities in fashion at the start of the 20th century, and by studying his reading of the reflections of Nietzsche and

Joyce on myth and literature. I also analyze Queneau's rewriting of ancient mythologies, Greek and biblical in particular, but also gnostic mythology, which for him was inextricably tied to Hegelian philosophy, and most of all to the idea of the "end of history." The notion of "modern mythology," which some view as debatable, is nevertheless examined in an attempt to illuminate the reasons why Queneau's character Zazie and Paris he described became so popular with the general public. These analyses reveal Queneau as a writer who was always fascinated by this type of story: saturated with symbols, structured by an oppositional tension, organized by a circular construction, and containing an underlying logic that, while maintaining anonymity, nourishes the collective imagination. Keywords : [ myth, mythology, Surrealism, Gnosticism, story, Hegel ] Monsieur Daniel Delbreil a bien voulu accepter de diriger ma thèse et m'accorder constamment des

conseils pertinents et des encouragements chaleureux : qu'il veuille trouver ici l'expression de

toute ma reconnaissance.

Je tiens à exprimer aussi ma gratitude à Monsieur Georges Formentelli pour sa relecture attentive,

témoignant toujours patience et intérêt.

Je remercie également ma famille et mes amis qui, par leur présence, leur amitié et leur aide, ont

contribué à la réalisation de ce travail. 5

INTRODUCTION

Étant donné le caractère multiple du sens des mythes, ainsi que l'ambiguïté de la relation qu'ils entretiennent avec la littérature, traiter du rapport entre un écrivain et le mythe ou les mythes semble, dès l'abord, un projet flou sinon audacieux, surtout quand il s'agit d'un écrivain dont l'abondance de l'oeuvre, des romans humoristiques et fantaisistes aux articles d'ordre philosophique et scientifique, via les poèmes en langage populaire, le

texte des chansons, les scénarios radiophoniques ou cinématographiques, et les essais

linguistiques ou mathématiques, interdit d'en donner une image concrète et précise, à

savoir Raymond Queneau. Tout comme nombre d'écrivains du siècle dernier, tels Paul Claudel, Paul Valéry, André Breton, Louis Aragon, Georges Bataille, Jean Giraudoux, Jean Anouilh, Jean Cocteau, André Malraux, Albert Camus, Alain Robbe-Grillet, Michel Tournier, Jean-Marie Gustave

Le Clézio, entre autres, Queneau s'intéresse au mythe, mais son intérêt diffère de celui des

autres.

Après avoir quitté le mouvement surréaliste fréquenté dans sa jeunesse, Queneau

entreprend, avant de se livrer à la création littéraire, une étude scientifique. Il entame des

recherches sur les " fous littéraires », personnes développant des idées qui leur sont

propres mais aberrantes pour les autres, et dont les pensées se rapprochent

1 des

cosmogonies primitives ou des mythes. Queneau pense que, en étudiant les écrits de ces fous, on peut prendre conscience des aspects méconnus de l'humanité. Et quand il écrit son

N.B. Les textes de Queneau sont désignés dans les notes par leur titre seul. Les références aux

romans et aux textes poétiques renvoient aux éditions de la Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard :

OEuvres complètes, t. I, édition établie par Claude Debon, 1989 (abrégées en OC I) ; OEuvre

complètes t. II [Romans, t. I ], édition publiée sous la direction d'Henri Godard, 2002 (OC II) ;

OEuvres complètes t. III [Romans t. II ], édition publiée sous la direction d'Henri Godard, 2006 (OC

III). Les références à d'autres textes renvoient aux éditions présentées dans la bibliographie donnée

en fin de ce travail. 6 deuxième roman, Gueule de pierre, c'est sous l'influence des sciences humaines et sociales en vogue à l'époque comme les théories de Freud, Hegel et Mauss, et dans l'intention, selon ses propres mots, de " créer une sorte de mythologie - personnelle

1 » ; deux ans

après la publication du roman, il reconnaît, pourtant, dans une lettre, l'échec de son

ambition de créer des mythes

2. Ce sentiment d'échec se transforme quelques années plus

tard en attaque contre certains écrivains dans un article intitulé " Le mythe et l'imposture

3 », publié dans Volontés en février 1939, repris dans Le Voyage en Grèce,

Queneau critique de façon virulente certains esprits antirationnels qui trouvent leur refuge dans les mythes. On trouve ici une condamnation incisive de la création de mythes factices, où se mêle cependant une aspiration indéniable à cette forme d'imaginaire. Queneau ne semble pas, néanmoins, abandonner totalement son ambition de créer des mythes. Ne pouvant abandonner l'inspiration de Gueule de pierre, il persiste avec Les Temps mêlés en

1941, puis Saint Glinglin en 1948 ; son dernier roman, en 1968, a un titre manifestement

mythique : Le Vol d'Icare. Entre temps, il écrit des ouvrages dans lesquels on peut relever

des traces mythiques librement interprétées, ou conçoit une oeuvre poétique inspirée des

mythologies antiques, Petite cosmogonie portative. L'attitude de Queneau à l'égard de la question du mythe n'est pas claire, pour ne pas dire paradoxale. Les critiques ne sont pas insensibles au problème. Dans son article " Raymond Queneau mytholomane

4 », Inez Hedges dresse, se référant à l'étude sur le mythe d'OEdipe de

Lévi-Strauss, un " tableau structural de la mythologie quenellienne », à partir surtout de Saint Glinglin et Fendre les flots. En ce qui concerne Saint Glinglin, Alain Calame remarque l'incorporation dans le roman de la psychanalyse de Freud et de la théorie socio-ethnologique de Marcel Mauss, et met en relief la réflexion sur les mythes et les rites de l'écrivain

5. Calame avance également une interprétation fort symbolique du premier

roman de Queneau, Le Chiendent, à la lumière des mythologies ésotériques6. Par ailleurs,

1 Appendices de Gueule de pierre, OC II, p. 1290.

2 Appendices de Gueule de pierre, OC II, p. 1287-1289.

3 Le Voyage en Grèce, p. 151-155.

4 Inez Hedges, " Raymond Queneau mytholomane », Temps mêlés - Documents Queneau, (abrégé

en TM), n° 150+25-26-27-28, mai 1985, p. 145-157.

5 Alain Calame, " L'ethnographie dans le cycle de Saint Glinglin de Raymond Queneau », Écrits

d'ailleurs : Georges Bataille et les ethnologues, Éd. de la Maison des sciences de l'Homme, 1987, p. 151-165.

6 Alain Calame, " Le Chiendent : des mythes à la structure », Queneau aujourd'hui, Clancier-

Guénaud, 1985, p. 29-64 ;

7

Michal Mrozowicki écrit son article " De l'écriture mythologique à la mythologie de

l'écriture ; à propos de Queneau », en s'appuyant sur la conception du mythe propre à Roland Barthes1. Ces travaux, tout en traitant des mythes ou des mythologies dans les oeuvres de Queneau de façon efficace et convaincante, divergent néanmoins non seulement

sur les méthodes d'approche des oeuvres mais aussi sur l'attitude à adopter devant la

question des mythes. C'est qu'il s'agit de travaux s'exerçant dans un cadre limité, les uns

examinant une oeuvre précise, les autres une des parties de l'intégralité du sujet pour

rappeler l'importance de celui-ci. Mais cette divergence provient aussi, sans doute, du caractère équivoque de l'idée du mythe. Étymologiquement parlant, le mot " mythe », muthos en grec, désigne toute sorte de discours. Selon Suzanne Saïd, dans l'Antiquité, le mythe est une " catégorie poubelle »,

dont la notion ne se définit que de façon négative par opposition à d'autres catégories de

discours : le mythe n'est ni l'histoire (historia) qui est vraie, ni la fiction (plasma) qui est vraisemblable, ni le logos, discours du philosophe : le mythe est du côté " du mensonge, de l'artifice et de la tromperie

2 ». Nos contemporains cherchent à définir le mot d'une façon

ou d'une autre. Puisque ce n'est pas le lieu ici de discuter de la valeur exacte du mot mythe,

nous nous contentons de citer quelques définitions proposées par des spécialistes.

Jean-Pierre Vernant, helléniste, formule clairement ce qu'est le mythe pour l'homme moderne : " Un mythe, pour nous, c'est un récit traditionnel assez important pour avoir été

conservé et transmis de génération en génération au sein d'une culture, et qui relate les

actions de dieux, de héros ou d'êtres légendaires dont la geste se situe dans un autre temps

que le nôtre, dans l'" ancien temps », un passé différent de celui dont traite l'enquête

historique3. » L'historien des religions Mircea Eliade explique, pour sa part, la fonction du

mythe dans les sociétés primitives et archaïques : " pour de telles sociétés, le mythe est

censé exprimer la vérité absolue, parce qu'il raconte une histoire sacrée [...]. Étant réel et

sacré, le mythe devient exemplaire et par conséquent répétable [...]. En d'autres termes,

un mythe est une histoire vraie qui s'est passée au commencement du Temps et qui sert de

1 Michal Mrozowicki, " De l'écriture mythologique à la mythologie de l'écriture ; à propos de

Queneau », Mythologies de l'écriture, champs critiques, PUF, 1990.

2 Suzanne Saïd, Approches de la mythologie grecque, Nathan, coll. " 128 », 1993, p. 5-7.

3 Jean-Pierre Vernant, " Frontières du mythe », Mythes grecs au figuré / de l'antiquité au baroque,

sous la direction Stella Georgoudi et Jean-Pierre Vernant, Gallimard, 1996, p. 25. 8 modèle aux comportements des humains1. » Gilbert Durand, philosophe et anthropologue qui travaille en particulier sur l'imaginaire, met l'accent sur le fait que le mythe est un " système » fait de " symboles » : " Nous entendrons par mythe un système dynamique de

symboles, d'archétypes et de schèmes, système dynamique qui, sous l'impulsion d'un

schème, tend à se composer en récit

2. » Les caractères du mythe présentés dans cette

dernière définition, mettant de côté le contexte ethno-religieux, montrent l'émergence de

l'acception usuelle du mot, à savoir : " représentation traditionnelle, idéalisée et parfois

fausse, concernant un fait, un homme, une idée, et à laquelle des individus isolés ou des groupes conforment leur manière de penser, leur comportement » (l'une des définitions de

" Mythe » dans Le Trésor de la langue française) ; ainsi, on peut parler de mythe du héros,

mythe de la vitesse, mythe de la galanterie française, etc., acception du mot confirmée par

Mythologies de Roland Barthes.

En ce qui concerne le rapport entre le mythe et la littérature, il existe des tentatives qui cherchent à établir leur parenté, comme, pour ne citer qu'un seul exemple, Northrop Frye : " Les mythes auxquels on ne croit plus, qui ne sont plus rattachés au culte et au rituel, deviennent purement littéraires

3. » L'approche diachronique et généalogique dépassant

largement notre problématique, bornons-nous à examiner la relation que la littérature peut entretenir avec cet imaginaire collectif. Les recherches comparatistes et intertextuelles,

devenant souvent des études thématiques, existent depuis toujours : le mythe est une

source importante des oeuvres littéraires. Or, dans les années 1980, apparaît une nouvelle

attitude littéraire face au mythe : la littérature ne peut-elle pas créer des mythes ? Philippe

Sellier propose la notion de " mythe littéraire » : " Le mythe littéraire [...] ne fonde ni n'instaure plus rien. Les oeuvres qui l'illustrent sont d'abord écrites, signées par une (ou

quelques) personnalité singulière. Évidemment, le mythe littéraire n'est pas tenu pour vrai.

[...] Logique de l'imaginaire, fermeté de l'organisation structurale, impact social et horizon métaphysique ou religieux de l'existence, voilà quelles questions l'étude du mythe invite à poser au mythe littéraire

4. » Pierre Brunel pousse plus loin cette idée : " C'est

1 Mircea Eliade, Mythes, rêves et mystères, Gallimard, 1957 ; coll. " Folio essais », 1989, p. 21-22.

Souligné par Eliade.

2 Gilbert Durand, Les Structures anthropologiques de l'imaginaire, Presses universitaires de

France, 1960 ; 11e édition, Dunod, 1992, p. 64.

3 Northrop Frye, La Parole souveraine / La Bible et la littérature II (1990), traduit de l'anglais par

Catherine Malamoud, éd. du Seuil, 1994, p. 54.

4 Philippe Sellier, " Qu'est-ce qu'un mythe littéraire ? », Littérature, n° 55, octobre 1984, p. 115.

9 parfois dans la conscience commune que se produit la "mythisation", et la littérature

l'enregistre. Mais c'est parfois aussi la littérature qui en a l'initiative. D'où cette nouvelle

grande catégorie de mythes littéraires : tout ce que la littérature a transformé en mythes1. »

Mais, dans ce cas, que signifie, justement, le mot " mythe » ? On est obligé de retourner à notre question liminaire. En effet, André Siganos, mettant en cause la notion de " mythe littéraire », et proposant celle de " mythe littérarisé

2 », signale le débat infructueux entre

" des anthropologues, des historiens des religions, des sociologues et des linguistes, parfois

encore des psychanalystes » et " des littéraires qui, conceptuellement et concrètement,

n'usent pas des mêmes armes pour vérifier la validité de leurs hypothèses

3 ». La difficulté

de la définition est loin d'être résolue. C'est pourquoi nous commencerons notre travail intitulé " Raymond Queneau et les

mythologies » par la question : " Qu'est-ce que le mythe pour Queneau ? » L'écrivain

exprime, de temps à autre, ses idées sur le mythe et utilise le mot " mythe » ou

" mythologie » dans ses oeuvres littéraires ou dans ses essais, parfois au sens classique comme " le mythe du Minotaure », parfois en un sens élargi comme " le mythe du

documentaire ». Nous chercherons à dégager les spécificités de l'attitude de Queneau

envers la question du mythe par rapport à celle de ses contemporains, en examinant ses

relations avec le mouvement surréaliste, André Breton en particulier, et avec Georges

Bataille, écrivains qui ont manifesté leurs propres idées concernant le mythe. Il sera donc question des sciences humaines ou sociales en plein développement au début du XX e siècle, telles la psychanalyse de Freud ou la socio-ethnologie de Mauss, ainsi que la philosophie religieuse de Hegel professée par Kojève dans des cours suivis assidûment par Bataille et Queneau, et à l'occasion par Breton, dans les années 1930. C'est l'époque où Queneau

entame sa vraie carrière littéraire, aussi ses premiers romans comportent-ils certaines idées

sur le mythe qu'il assimile alors. À côté de cette influence scientifique, n'oublions pas de

signaler une imagination urbaine chez Queneau comme chez les surréalistes, susceptible de se transformer, selon les termes d'Aragon, en " mythologie moderne ». Nous considérons également l'influence sur Queneau de Nietzsche et de Joyce, le premier mettant en relief la

1 Pierre Brunel, Préface du Dictionnaire des mythes littéraires, éd. du Rocher, Monaco, 1988 :

deuxième édition revue et augmentée, 1994, p. 14.

2 André Siganos, Le Minotaure et son mythe, Presses Universitaires de France, 1993, p. 23-27.

3 André Siganos, " Définition du mythe », Questions de mythocritique (Dictionnaire), sous la

direction de Danièle Chauvin, André Siganos et Philippe Walter, Imago, 2005, p. 90. 10 dialectique apollinienne et dionysiaque du mythe, le second soulignant l'importance de la

construction aussi bien dans les épopées homériques que dans sa propre création littéraire.

Afin de concrétiser la pensée du mythe chez Queneau, surtout dans la première moitié de sa carrière littéraire, on lira de près ce qu'on appelle habituellement " La trilogie de la

Ville Natale », c'est-à-dire Gueule de pierre, Les Temps mêlés et Saint Glinglin, qui semble

la fidèle illustration de ses idées sur le mythe formées dans sa jeunesse, voire de la mise en

cause de ces idées. On examinera ensuite la réécriture des mythologies anciennes dans les oeuvres de Queneau. Comme à d'autres écrivains, le mythe lui paraît une source inépuisable. Les traces, directes ou indirectes, de la mythologie gréco-romaine ou de la mythologie biblique,

incorporées et interprétées librement par l'écrivain, peuvent sembler disparates au premier

abord, mais elles dévoilent néanmoins une cohérence de la pensée concernant la littérature,

la famille, l'amour, la sexualité ou la mort. Nous aborderons également la question du gnosticisme chez Queneau. La question est délicate et épineuse, comportant le danger de glissement vers le problème de l'adhésion propre au chercheur. Nous essaierons, sans parti pris, de comprendre d'abord ce qu'est exactement le gnosticisme, et nous nous demanderons pourquoi Queneau est attiré par cette forme de croyance. On envisagera la mythologie cosmologique du gnosticisme valentinien, à laquelle sont consacrés les cours de Henri-Charles Puech à l'École Pratique des Hautes Études dans les années 1930, suivis par Queneau. L'examen montrera sa conception fondamentale du temps et de l'histoire, inextricablement liée chez lui à l'idée hégélienne de " la fin de l'histoire ».

Enfin, nous tenterons d'analyser, malgré la faiblesse et l'ambiguïté de la notion de

" mythe littéraire » qui ont été signalées ci-dessus, les romans de Queneau en tant que

" mythologie moderne ». Nous ne saurions traiter de tous les sujets qui peuvent paraître " mythiques » au sens le plus large du terme : nous nous bornerons à deux exemples. L'un est le personnage de Zazie. Si on ne lit pas les autres livres de Queneau, on lit pourtant Zazie dans le métro ; si on ne lit pas le roman Zazie dans le métro, on va voir l'adaptation cinématographique ; si on ne lit ni le roman ni ne voit le film, on sait qu'il s'agit d'une fillette délurée. Dans toute la littérature française du XX e siècle, nul autre personnage n'a produit une telle impression sur le grand public. Il n'est pas interdit de dire que Zazie est un personnage mythique né de la littérature, au même titre que Don Juan ou Faust. Nous essaierons de comprendre pourquoi Zazie a acquis une telle célébrité, en la comparant à 11 d'autres personnages de fillettes chez Queneau et en considérant l'air du temps lors de la rédaction du roman. L'autre exemple est la ville, Paris et Dublin en l'occurrence. Paris est,

pouvons-nous dire, une ville " mythique », dans la mesure où son image, idéalisée et

parfois fausse, relève d'une inspiration collective. Queneau, conscient de cette

" mythisation » de la ville, en use mais pour la mettre à nu : parfois il y consent, parfois il

la dément. Il propose un nouveau Paris, artificiel mais susceptible de se doter d'une

dimension symbolique partagée par les lecteurs. Nous nous demanderons par quel procédé

il parvient à susciter cet imaginaire collectif, en comparant Paris avec une autre ville

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