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Médecine d'Afrique Noire : 1997, 44 (6)Notre pays a souscrit à ces deux déclarations. Le présent

travail consacré à une étude socio-anthropologique de la planification familiale a pour objectif de déterminer la prévalence contraceptive en zone rurale.

SUJETS ET MÉTHODES

L'étude a lieu dans le cercle de Douentza qui est par son étendue parmi les plus vastes de la 5ème région avec une superficie de 18.903 km2. Il est situé dans la zone sahélien- ne et connaît un climat tropical. Le cercle de Douentza est divisé en six (6) arrondissements dont Douentza et totalisant 246 villages, hameaux et frac- tions nomades avec 156.695 habitants comprenant les groupes ethniques suivants : peulh, sonhraï, bambara, tamasheq, maures, haoussas, bellas, et rimabés. Ils sont pour la plupart agriculteurs et/ou éleveurs. Nous avons réalisé une enquête CAP (connaissance, attitu- de, pratique) du 9 février au 18 mai 1992 qui concernait

898 personnes dont 655 femmes (soit 72.94%) et 243 hom-

mes (soit 27.06%) La taille maximale de notre échantillon a été déterminée en utilisant la formule suivante : N = e

2x PQ x F

1 2

N = nbre de sujets nécessaires

P = hypothèse de prévalence d'utilisation de la PF

P = 1,6% = 0,016Q = 1P = 0,06 = 0,98

I = intervalle de confiance ou précision des résultats que nous avons fixé à 2% soit 0.02. e = écart réduit = 1.96 pour risque d'erreur de 5%

F = facteur de grappe = 1,5

Le calcul nous a permis d'avoir un échantillon minimal de

225 personnes. Pour avoir une meilleure précision, nous

avons pris le double de ce chiffre (450) ce qui correspond à

30 grappes dans chaque zone de notre étude.

Nous avons établi un questionnaire pour recueillir les

données. La détermination de l'âge des enquêtés a été ren-CONNAISSANCE - ATTITUDE - PRATIQUE

DE LA PLANIFICATION FAMILIALE

EN ZONE RURALE AU MALI

F.S. DIABATE DIALLO (1), S.Y. SIMAGA (2), M. TRAORE (3), A. DOLO (3).1. Maternité Hamdallaye, BP. 5029, Bamako (MALI)

2. École nationale de Médecine et de Pharmacie BP 1805, Bamako(MALI)

3. Hôpital National du Point G Bamako (MALI)INTRODUCTION

Le taux actuel d'accroissement de la population est sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Au Sahel il était de

3% en 1988, la moyenne mondiale étant de 1.7% (3). Le

Mali pour sa part a presque doublé sa population en 28 ans, passant de 4.636.000 d'habitants en 1960 à 8.016.000 d'habitants en 1988 (3). Face à cette pression démographique, diverses doctrines de population virent le jours à travers le monde. Ainsi la déclaration de Bucarest en 1978 stipulait le droit à la plani- fication familiale tandis que celle de Alma Ata en 1978 préconisait la prise en compte de la planification familiale, comme composante de la santé maternelle et infantile.RÉSUMÉ Il s'agit d'une enquête CAP (connaissance, attitude, pra- tique) sur la PF en zone rurale au Mali dans le cercle de

Douentza.

La majorité des sujets enquêtés avait un âge compris entre 15 et 34 ans (70,70%). Les monogames constituaient 57,24% de notre échantil- lon. Parmi les célibataires, 129 (soit 14,36%) n'avaient pas d'enfants tandis que 31 (soit 3,45%) avaient un ou plusieurs enfants. Les professions agro-pastorales constituaient 10.03% (soit

135/898). La majorité de la population 71% (461/ 650) est

analphabète.

51% des hommes sont informés sur la PF. Ce taux n'est

que de 40% chez les femmes. Parmi ceux-ci, les fonction- naires et les élèves connaissent mieux la PF.

79,2% des personnes enquêtées ne connaissent que deux

méthodes modernes : (pilule, condom). La signification de la PF est très variable d'une personne à l'autre, mais la méthode la plus utilisée est la pilule (soit 61% des utilisa- trices). Mots clés : Connaissance - Attitude - Pratique - Planifi- cation familiale - Zone rurale.

Médecine d'Afrique Noire : 1997, 44 (6)due possible grâce au registre de recensement, au carnet de

famille, à la carte d'identité ou même parfois par une sim- ple estimation. Le traitement des données a été fait sur micro-ordinateur type IBM grâce au logiciel EPIINFO.

RÉSULTATS

- 898 personnes ont été interrogées. - La majorité 70.71% (soit 635/898) avait un âge compris entre 15 et 34 ans. - Les monogames constituent 57.24% (soit 514/898) de la population. - 71% (soit 461/650) n'étaient pas alphabétisés. - Le taux d'utilisation du planning familial est un peu plus élevé en ville (10%) qu'en périphérie (8,2%).

1. L'âge

Tableau 1 : Age de la population

Tranche d'âgeEffectifFréquence relative en (%)

15-24 ans32836,32

25-34 ans30734,18

35-44 ans21123,50

>44 ans525,80

Total892100

2. La situation matrimoniale

La population était répartie en :

.monogames : 514 (soit 57,24%), .polygames 191 (21,27%), .célibataires 160 (17,81%), .veuves 14 (1,60%), .divorcés 19 (2,11%). Parmi les célibataires 129 (14,36%) n'avaient pas d'enfant tandis que 31 (3,45%) avaient un ou plusieurs enfants.

3. La profession

Tableau II : Profession

ProfessionEffectif Fréquence relative (%)

Ménagère50855,79

Artisan12413,80

Cultivateur10712

Fonctionnaire414,56

Éleveur283,12

Élève262,89

Commerçant252,78

Autre465,12

Total898100Les professions agro-pastorales (cultivateurs + éleveurs) constituent 15,12% de la population.

4. Le niveau d'instruction247 personnes (soit 27,53%) sont alphabétisées dont 2 en

langue nationale (soit 0,80%) et 245 en arabe (soit 99,20%).

160 personnes (soit 24,61%) ont un niveau primaire, 25 (soit

3,84%) ont un niveau secondaire, 4 (soit 0,61) ont un niveau

supérieur et 461 (soit 71%) ne sont pas allés à l'école.5. Connaissance de la PF en fonction du sexe

Tableau III : Connaissance de la PF en fonction du sexe

Connaissance PFAffirmativeNégativeTotal

Sexe

Masculin124124243

Féminin262393655

Total386512898

L'analyse de ce tableau nous montre qu'il y a une associa- tion positive entre la connaissance du PF et le sexe avec OR = 1,56 et un IC = 1,15 < OR < 2,12. La différence sta- tistique est significative.

X2 = 8,79 P = 0,003

6. Connaissance de la PF en fonction de l'âge

Il n'y a pas de lien statistique entre la connaissance de la

PF et l'âge

x

2=6,31 p=0,097 (DDL=3)

7. Connaissances de la PF en fonction de l'état matri-

monial Il n'y a pas de différence statistique significative entre la connaissance de la PF et l'état matrimonial. x

2= 1,30 p=0,86DDL=2

Parmi les célibataires 129 (14,36%) n'avaient pas d'enfant, tandis que 31 (soit 3,45% avaient un ou plusieurs enfants.CONNAISSANCE - ATTITUDE... 318
Médecine d'Afrique Noire : 1997, 44 (6)8. Connaissance de la PF en fonction de la profession

Tableau IV : Connaissance de la PF

en fonction de la profession

Connaissance PF AffirmativeNégative Total

Profession

Cultivateur 5255107

Éleveur 52328

Fonctionnaire35641

Ménagère204297501

Autres74150224

Total370531901Dans les professions agro-pastorales 40,47% des person- nes connaissent la PF. Cette connaissance de la PF se chiffre à 47,3% pour les méthodes traditionnelles et 35,8% pour les méthodes modernes. Par ailleurs 79,5% des personnes enquêtées ne connaissent que 2 méthodes modernes de PF. Concernant la signification précise du planning familial, elle est différente d'un groupe à l'autre, 494/898 (soit 40,64%) des personnes interrogées considèrent la PF comme l'espacement des naissances et un moyen d'empêcher les grossesses rapprochées.

10 personnes (soit 1,11%) surtout des hommes pensent que

la PF permet d'éviter les maladies sexuellement transmis- sibles.

31 personnes (3,4%) pensent que la PF signifie avortement

ou arrêt de fécondité. Aussi pour 98 personnes (10,9%) la PF intéresse surtout les prostituées, les femmes dont le mari est absent et les céli- bataires. Quel que soit le paramètre choisi (ethnie, âge, sexe, et autres) la population a toujours des préférences lorsqu'elle a recours à la PF. Les méthodes les plus utilisées sont : - la pilule 30/40 utilisatrices soit 75% - et l'injectable 14/46, soit 30,43%

COMMENTAIRES ET DISCUSSIONS

Le cercle de Douentza a été choisi pour cette étude en rai-son de son étendue. La majorité de la population a entre 15 et 34 ans, soit l'âge de la pleine activité sexuelle. Cela nous permet d'avoir une bonne appréciation de la connaissance et de l'utilisation de la PF. Nous avons effectué une enquête CAP grâce à un questionnaire de recueil de données. L'unité de base statis- tique est tout homme âgé de 18 à 55 ans révolus et toute femme âgée de 15 à 49 ans révolus. Nous avons octroyé à chaque arrondissement un quota de grappe suivant l'importance numérique de sa population. Nos commentaires et discussions porteront sur les points suivants : - La majorité de la population étudiée a entre 25 et 34 ans (57,68%) soit l'âge de la pleine activité sexuelle. - 71% de la population est analphabète. Cela pose le pro- blème de la source d'information. Les sources les plus utilisées étaient le contact interpersonnel (40% des cas) l'agent de santé (39,4%) la radio ou la télé (4,1%). Il y a par ailleurs un lien et une association positive entre la connaissance du PF et le sexe. 36,5% des femmes de notre étude connaissent au moins une méthode contraceptive moderne. Ce taux est supérieur à celui de Traoré au Mali (6) qui est 21,1% dans les régions de Koulikoro et de Sikasso. Une étude menée à Niamey au Niger montre que plus de 75% des femmes connaissent spontanément une méthode moderne de contraception. La méthode la plus connue était le stérilet (22%). Au Maroc (4) 49% des femmes en âge de procréer connais- sent spontanément une méthode de contraception. Nos taux sont supérieurs à ceux du Bostwana et du Zim- babwé (5) qui sont respectivement de 15,2% et de 14,9%. Dans notre étude la proportion d'utilisation de la contra- ception dans la population des femmes en âge de procréer est de 2,5%. Ce taux est comparable à celui du Ghana (5) qui est de 10% (3).

CONCLUSION

Dans cette zone rurale les hommes sont plus informés que les femmes (51% contre 40%) mais la proportion d'utilisa- tion est plus faible pour les professions agro-pastorales par rapport aux fonctionnaires.F.S. DIABATE DIALLO, S.Y. SIMAGA, M. TRAORE, A. DOLO

319BIBLIOGRAPHIE

1 . FAMILY HEALTH INTERNATIONAL Taux de continuité et raisons d'abandon des méthodes contraceptives au Centre

National de Santé Familiale Niamey.

Niger Network en français volume 5 n° Août 1990.

2. AKA KOUAMÉ.

Intégration des programmes de planning famillial dans les programmes de développement rural. Pop. Sahel 1992. n°17.

3.Planification Familiale Méthodes et Pratiques pour l'Afrique 1995.4. TANK SALAH.

Contraception et PF au Maroc. Thèse Pharmacie, Dakar 1983 n=120.

5. THE GUTTMACHER INSTITUTE.

Les femmes en âge de procréer et le planning familial dans le monde. Perspectives internationales sur le PF. n° spécial de 1990.

6. B. TRAORE, M.K. KONATE et C. STANTON.

Enquête Démographique et de Santé au Mali 1987.

Columbia Maryland IRD/Macro system 1988).

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