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France Marie Frémeaux, Quelques poètes de la Grande Guerre ; fremdest.francemarie@orange.fr; 06 99 23 35 12

QUELQUES POETES DE LA PREMIERE G

UERRE MONDIALE

" Ah Dieu que la guerre est jolie

Avec ses chants ses longs loisirs

FHPPH NMJXH ÓH O·ML SROLH

Le vent se mêle à vos soupirs

Adieu ! voici le boute-selle

Il disparut dans un tournant

Et mourut là-NMV PMQGLV TX·elle

Riait au destin surprenant »

Ce poème, I·MGLHX GX ŃMYMOLHU, publié en 1918 dans le Mercure de France, est signé Guillaume

Apollinaire. Il est le SRqPH GH O·MPRXU SXLV GH OM JXHUUH GH O·MPRXU et de la guerre ; de la JXHUUH TXL GpPUXLP O·MPRXU, ce que nous dit cet Adieu" MGUHVVp j IRXLVH GH FROLJQ\ TXL M OMLVVp SMUPLU VRQ MPMQP VMQV PURS G·pPRLB GH PRXPH IMoRQ O·MPRXU HVP PMOOHXUHX[ PHO TXH OH

fait apparaître déjà La Chanson du mal aimé, contenue dans AlcoolsB $SROOLQMLUH V·\ UpYqOH un

grand chantre lyrique en même temps que le rénovateur audacieux des formes esthétiques.

Le recueil est paru en 1913.

1. 1913.

" Apollinaire 1900-1911

Durant 12 ans seul poète français ».

Qui dit cela en cette même année 1913 ? Celui qui entend bien lui faire concurrence en tant que poète français : Blaise Cendrars. Lui aussi est, du point de vue stylistique, un

révolutionnaire. On dit même que ses Pâques à New York auraient influencé le Zone

G·$SROOLQMLUH, qui ouvre Alcools. Il a réalisé ŃH TXH O·RQ MSSHOOH le premier " livre simultané »,

qui unit le texte et son illustrationB IH PH[PH Ń·HVP la Prose du transsibérien et de la petite Jehanne

de France, que Cendrars a disposé verticalement sur une feuille de papier de 2 mètres de haut tandis que Sonia Delaunay a composé des variations colorées abstraites en face des strophes de ce très long poème : " En ce temps-Oj Ó·pPMLV HQ PRQ MGROHVŃHQŃH

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-·MYMLV j SHLQH VHL]H MQV HP ÓH QH PH VRXYLHQV GpÓj SOXV GH PRQ HQIMQŃH -·pPMLV j 16 000 lieux du lieu de ma naissance -·pPMLV j 0RVŃRX ª" Et, un peu plus loin, cette phrase comme un refrain : " Dis, Blaise, sommes-nous bien loin de Montmartre ? » I·±XYUH HVP exposée QRQ SMV j 0RQPPMUPUH PMLV FOMXVVpH G·$QPLQ 3MULV H;e), dans les

locaux de la revue Montjoie. Celle-ci, sous-titrée " organH GH O·LPSpULMOLVPH ŃXOPXUHO IUMQoMLV »

a été lancée quelque temps auparavant par un troisième poète et animateur de la vie

culturelle à Paris au début du vingtième siècle, Ricciotto Canudo. Les collaborateurs de Montjoie sont nombreux. Parmi eux, on compte donc Blaise Cendrars et" Guillaume

Apollinaire.

Or ces poètes partagent une caractéristique commune. Ils sont G·RULJLQH pPUMQJqUH PRXV OHV trois et tous les trois de langue française. Guillaume Apollinaire - de son vrai nom

Kostrowitzky - est polonais par sa mère XQH ÓHXQH MULVPRŃUMPH PHQMQP XQH YLH G·MYHQPXULqUH

(elle écume les casinos et cherche avec plus ou moins de bonheur de riches protecteurs) tout en ayant un officier italien pour père... non officiel1. G·MLOOHXUV LO HVP Qp HQ Italie, comme Ricciotto Canudo qui arrive à Paris en 1902 j O·kJH GH 25 ans. Blaise Cendrars lui,

est suisse, né Frédéric Sauser à la Chaux-de-Fonds. Il débute dans la vie comme une sorte

de globe-trotteur TXMQG LO V·LQVPMOOH GMQV OM ŃMSLPMOH en 1912, à 25 ans lui aussi, il a déjà

vécu en Russie et à New York.

5MVVHPNOpV MXPRXU G·intérêts esthétiques semblables, ils partagent une même ouverture

G·HVSULP HP sont SRUPpV SMU O·amour O·MPRXU GHV IHPPHV HQ ŃH TXL ŃRQŃHUQH *XLOOMXPH

Apollinaire tout spécialement et, pour tous lHV PURLV O·MPRXU TX·LOV pSURXYHQP SRXU la langue

française ; OMQJXH TX·LOV Q·OpVLPHQP SMV j SRXVVHU GMQV VHV UHPUMQŃOHPHQPV. Ils se

rencontrent, travaillent ensemble, V·pŃULYHQP2" Peut-rPUH TX·LO se jalousent quelquefois ?

4X·LPSRUPH ! Bientôt, ils vont s·HQJMJHU, G·XQ PrPH PRXYHPHQP, dans la guerre.

2. 1914 : des poètes à la guerre.

Le 31 juillet 1914, Guillaume Apollinaire se trouve à Deauville avec le dessinateur et ŃULPLTXH G·MUP $QGUp 5RXYH\UHB 7RXV GHX[ IRQP XQ UHSRUPMJH pour le journal CRP±dia. Ils

1 )UMQŃHVŃR )OXJL G·$VSHUPRQP.

2 La correspondance Apollinaire/Canudo a été éditée.

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rentrent le plus vite possible à Paris à bord de La Petite Auto, titre du poème G·$SROOLQMLUH

qui commence ainsi : " IH 31 GX PRLV G·$R€P 1E14

Je partis de Deauville un peu avant minuit

Dans la petite auto de Rouveyre ª"

Deux remarques : il faut remplacer " OH 31 GX PRLV G·M-oût » par le 31 de juillet ! Août

renvoie vraisemblablement à la chanson de marin " $X 31 GX PRLV G·M-oût, nous aperçûmes

XQH IUpJMPH G·$QJOHPHUUH TXL IHQGMLP OM PHU HP OHV IORPV" F·pPMLP SRXU MOOHU j %UHVOMX », en

Allemagne donc. QuanP j OM SHPLPH MXPR ŃH Q·HVP SMV O·MPL 5RXYH\UH TXL OM ŃRQGXLP PMLV XQ

chauffeur. (P OH SRqPH V·MŃOqYH SMU ŃHV YHUV : " (P TXMQG MSUqV MYRLU SMVVp O·MSUqV-midi

Par Fontainebleau

Nous arrivâmes à Paris

$X PRPHQP RZ O·RQ MIILŃOMLP OM PRNLOLVMPLRQ

Nous comprîmes mon camarade et moi

Que la petite auto nous avait conduits dans une époque Nouvelle ».

4XH O·RQ VH GLULJH YHUV XQH © époque nouvelle ª HVP O·XQ GHV POqPHV IMYRULV G·$SROOLQMLUH

depuis le premier vers de Zone OH SUHPLHU SRqPH G·Alcools : " À la fin tu es las de ce monde ancien »"

DMQV VHV pŃULPV VXU O·MUP3 et les peintres, et parmi eux, de préférence sur celui qui est

O·inventeur, avec Georges Braque4, du cubisme, Ń·HVP-à-dire Picasso avec qui il V·HVP OLp

G·MPLPLp GqV 1E0D le poète développe son goût pour toutes les manifestations de cette

époque nouvelle. Elle est, pRXU O·LQVPMQP ŃHOOH GH OM JXHUUHB 4X·j ŃHOM QH PLHQQH, Apollinaire

YM V·LQPpUHVVHU j OM JXHUUH ! NRQ VHXOHPHQP LO YM V·HQJMJHU ; il va participer de tout son être à

ŃH TX·HOOH LPSOLTXH, jXVTX·j VHV ŃRQVpTXHQŃHV XOPLPHVB HO Q·HVP SMV VHXO j SUHQGUH

O·pYqQHPHQP j NUMV OH ŃRUSVB Les affiches qui annoncent la mobilisation, comme le dit son

3 Ses Méditations esthétiques sont une réflexion sur le cubisme et les peintres cubistes.

4 Petite précision : le peintre Georges Braque, comme Apollinaire, sera blessé à la tête et trépané. Mais son

±XYUH QH UHSUpVHQPH ULHQ GH OM JXHUUHB

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poème, fleurissent sur les murs. Ricciotto Canudo et Blaise Cendrars signent le 1er août un appel aux " étrangers amis de la France » : " 7RXP ORPPH GLJQH GH ŃH QRP GRLP MXÓRXUG·OXL MJLU GRLP VH GpIHQGUH GH UHVPHU LQMŃPLI MX PLOLHX GH OM SOXV IRUPLGMNOH ŃRQIOMJUMPLRQ TXH O·OLVPRLUH MLP ÓMPMLV SX HQUHJLVPUHUB 7RXPH hésitation serait un crime. Point de paroles, donc des actes ». GH QMPLRQMOLPp pPUMQJqUH ŃHV GHX[ SRqPHV QH SHXYHQP SMV UHÓRLQGUH O·MUPpH IUMQoMLVH ; ils V·HQJMJHQP GMQV OM IpJLRQ pPUMQJqUH HP GHYLHQQHQP GHV (9G* © engagés volontaires pour la

durée de la guerre ». Guillaume Apollinaire aussi est de nationalité étrangère mais la Légion

QH O·MŃŃHSPH SMV GMQV VHV UMQJVB HO Q·HVP SOXV YUMLPHQP ÓHXQH LO HVP Qp HQ 1880 ; Canudo, lui,

est de 1877 ; Cendrars a dix ans de moins) et paraît peut-rPUH" XQ SHX PURS JURV !!!

Toujours est-LO TX·LO GHPMQGH j UHÓRLQGUH O·MUPLOOHULH GH O·MUPpH régulière tout en déposant

une demande de naturalisation5. )LQMOHPHQP RQ O·MŃŃHSPH : " Je me suis engagé sous le plus beau des cieux

Dans Nice la Marine au nom victorieux6 ª"

Sans entrer ici dans les détails, que peut-on dire de la guerre de ces trois poètes ? Ils seront

lourdement meurtris par les combats. GHX[ G·HQPUH HX[ YRQP HQ PRXULUB IH 28 VHSPHPNUH

1915, devant la ferme Navarin en Champagne, le caporal Blaise Cendrars a le bras droit

fracassé par un projectile alors qX·LO PqQH VHV ORPPHV j O·MVVMXP GH OM PUMQŃOpH Kultur. Il

IMXP O·MPSXPHUB I·MQQpH VXLYMQPH Oe 17 mars 1916, Guillaume Apollinaire, transféré à sa

GHPMQGH GMQV O·LQIMQPHULH HP QRPPp VRXV-lieutenant, est blessé à la tête dans le Bois des

Buttes devant Berry-au-Bac. Il faut le trépaner. Terriblement affaibli, il sera terrassé par la

grippe espagnole le 9 novembre 1918 GHX[ ÓRXUV MYMQP O·MUPLVPLŃH. Ricciotto Canudo, promu capitaine après avoir fait campagne en Argonne et envoyé dans les Balkans, en revient physiquement très atteint. Comme Apollinaire, il mourra des suites de ses blessures, simplement un peu plus tard, en 1923.

Mais avant de mourir, malgré la blessure, les souffrances TX·HOOH HQPUMvQH O·LQYMOLGLPp

ŃOMŃXQ GHV PURLV MXUM HX OH PHPSV G·HIIHŃPXHU son métier de poète, et donc de mettre en

mots cette terrible expérienceB HOV OH IHURQP VL O·RQ SHXP GLUH HQ RUGUH GLVSHUVpB IH

compagnonnage des premières années du siècle ne peut se maintenir. HO Q·\ M SOXV GH

5 Elle lui sera accordée en 1916, la même année que pour Blaise Cendrars.

6 IH QRP G·RULJLQH JUHŃTXH GH OM YLOOH GH 1LŃH 1LNq VLJQLILH OM YLŃPRLUHB

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rencontres joyeuses, parfois mondaines mais toujours à finalité esthétique, dans les locaux de la revue Montjoie : les artistes se trouvent sur le front. Quelques-uns ont quitté Paris. La

revue elle-même a ŃHVVp G·H[LVPHUB G·MLOOHXUV OM SOXSMUP GHV petites publications littéraires

G·MYMQP-guerre ont disparu. Ne restent plus que les grands titres. Apollinaire collabore au

Mercure de France, Canudo à Paris-Midi.

Cendrars se débrouille comme il peut. Il a beaucoup de mal à surmonter sa mutilation.

Pour survivre, LO IMLP ŃH TXH O·RQ MSSHOOHUMLP MXÓRurd·OXL GHV SHPLPV NRXORPV : il assiste le

cinéaste Abel Gance lors du tournage en 1918 du film muet -·MŃŃXVH. En chemise blanche avec une manche vide à la place du bras droit, il est O·XQ GHV MQŃLHQV ŃRPNMPPMQPV TXL étendus morts sur le champ de bataille, se relèvent et entreprennent une marche irrépressible contre la guerre7.

Cette guerre, Blaise Cendrars O·MNRUGH G·XQH PMQLqUH GpPRXUQpH MORUV TX·LO VRUP G·XQH

convalescence difficile, en 1916. Dans La guerre au Luxembourg, il imagine des enfants qui jouent dans le jardin du IX[HPNRXUJ j GHV ÓHX[" GHV ÓHX[ TXH O·RQ SRXUUMLP dire interdits [comme pour le film de René Clément, avec Brigitte Fossey, en 1951], mais ils restent innocents : " HO Q·\ M TXH OHV SHPLPV HQIMQPV TXL ÓRXHQP j OM JXHUUH L"@ 2Q SMUP j O·MVVMXP GX JMUGH TXL VHXO M XQ VMNUH MXPOHQPLTXH

Et on le tue à force de rire

Sur les palmiers encaissés le soleil pend

Médaille militaire

On applaudit le dirigeable qui passe du côté de la Tour Eiffel

Puis on relève les morts

Tout le monde veut en être

Ou tout au moins blessé

Coupe coupe

Coupe le bras coupe la tête

On donne tout

Croix rouge

Les infirmières ont 6 ans

IHXU ѱXU HVP SOHLQ G·pPRPLRQ ª"

7 Le film peut se voir sur Youtube.

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Finalement, les enfants cessent de jouer à la guerre. Ils préfèrent manger des gaufres : " Elles sont prêtes

Il est cinq heures.

Les grilles se ferment ª"

IH ÓHX V·MUUrPHB HO UHSUHQGUM GHPMLQB (P il y a eu ces mots : " Coupe coupe Coupe le

bras ª" %OMLVH FHQGUMUV QH UHSMUOHUM YUMLPHQP du conflit, de la mobilisation, de la vie dans les tranchées, de ses camarades légionnaires et de sa blessure, que dans La Main coupée, un livre-témoignage paru trente ans plus tard, en 1946. En revanche, dans le très court texte de -·ML PXp, sorti en novembre 1918, il YHXP UHVPLPXHU O·MPNLMQŃH GHV ŃRPNMPV HQ SURSRVMQP O·pTXLYMOHQP verbal des impressions physiques ressenties :

" Tout pète, craque, tonne, tout à la fois. Embrasement général. Mille éclatements. Des

IHX[ GHV NUMVLHUV GHV H[SORVLRQVB F·HVP O·MYMOMQŃOH GHV ŃMQRQVB IH URXOHPHQPB IHV NMUUMJHVB

IH SLORQB L"@ 1RXV VRPPHV VRus la voûte des obus. On entend les gros pépères entrer en

JMUHB HO \ M GHV ORŃRPRPLYHV GMQV O·MLU GHV PUMLQV LQYLVLNOHV GHV PpOHVŃRSMJHV GHV

PMPSRQQHPHQPVB L"@ FHOM PRXVVH ŃUMŃOH NMUULP OXUOH ŃULH HP VH OMPHQPHB » Puis il termine en avouant ŃH TX·Ll a fait, lui, soldat : " -·ML OH VHQV GH OM UpMOLPp PRL SRqPHB -·ML MJLB -·ML PXpB » " -·ML PXp ª" Il ajoute : " Comme celui qui veut vivre. »

De son côté, Ricciotto Canudo livre plusieurs récits immédiats GRQP O·XQ M pPp UppGLPp HQ

20058 : Mon âme pourpre, roman de la forêt et du fleuve. IM IRUrP HVP ŃHOOH GH O·$UJRQQH HQ

)UMQŃH OH IOHXYH HVP OH 9MUGMU TXL PUMYHUVH OM 0MŃpGRLQH ÓXVTX·j 6MORQLTXH MXÓRXUG·OXL

Thessalonique). Le livre pYRTXH G·MNRUG OHV VROGMPV JMULNMOGLHQV TXL VH NMPPHQP GMQV OHV NRLs

de la Gruerie, à Courte-Chausse, à Pierre-Croisée, au Four-aux-0RLQHV" FH VRQP GHV

QRPV SLPPRUHVTXHV SRXU GHV YLVLRQV GH PRUP HP" RXL GH SRpVLHB 0MOJUp O·ORUUHXU 5LŃŃLRPPR

Q·RXNOLH SMV TX·LO HVP MYMQP PRXP XQ SRqPH HP XQ ŃULPLTXH G·MUPB 3RXU OXL OM JXerre crée des

" tableaux sans forme avec des nuées de couleurs. Jours gris et nuits rouges. Le ciel est bas

VXU O·$UJRQQH ».

8 Éditions Tensing.

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6RXV ŃH ŃLHO TXH OHV PLUV G·RNXV LOOXPLQHQP OM © chair flasque de la forêt » attire les hommes

et les absorbe ; elle les avale. Les arbres " blessés et décapités sont soumis à la torture »,

ŃRPPH V·LOV pPMLHQP GHV ORPPHV HP OHV ORPPHV VH PXHQP OHV XQV OHV MXPUHVB 7RXP VH PrOH HP

se mélange dans " le lit moelleux de la terre liquide ª Ń·HVP-à-dire dans la boue qui

ŃMUMŃPpULVH O·HQIHr du front, auquel O·HQIHU GH GMQPH, dit-LO Q·M ULHQ j HQYLHU.

F·HVP effectivement de la poésie mais elle renvoie sans cesse à une réalité de douleur que

O·RQ UHPURXYH GMQV S.P.9 503, le poème du Vardar (1923). Cette poésie se réclame du courant

unanimiste initié par Jules Romains, futur auteur des Hommes de bonne volonté HP O·XQ GHV MPLV

avant-guerre de Canudo. Celui-ci, qui se dit " Q±XG GH ŃRUGMJH GH O·pQRUPH HP SRXUSUH nef », se sent relié à tous les hommes HQ PrPH PHPSV TX·j OM QMPXUH PHXUPULH : " NouV VRPPHV GHV PRUPV TXL V·HQ YRQP YHUV OHXU VpSXOPXUH

7UqV OMV G·MYRLU YpŃXV HP Q·RQP SOXV QL YRL[ QL ILJXUH L"@

Nous sommes un fleuve très lent de chair qui chemine ». Dans le fleuve -le Vardar-, comme dans la forêt, tout se confond, les eaux et les corps

TX·HOOHV ŃOMUULHQP :

" Nuages roux où roulent des cadavres (Q PMVVHV PHOOHV OHV HMX[ G·XQ IOHXYH ; des cadavres enveloppés de bannières et de fanions, De tous les drapeaux de la passion de la France ».

HŃL V·H[SULPH PRXP VLPSOHPHQP OH SMPULRPLVPH GH 5LŃŃiotto Canudo, pour lequel il va mourir.

F·HVP ŃH PrPH VHQPLPHQP TXL MQLPH *XLOOMXPH $SROOLQMLUH HQ 1E02 O·MQQpH RZ FMQXGR

arrivait à Paris, -PMLV ŃH Q·HVP TX·XQH ŃRwQŃLGHQŃH !- il a francisé ses deux premiers prénoms,

Guglielmo ou Wilhelm, comme le nommait sa mère, et Apollinaris10 MILQ G·HQ IMLUH VRQ pseudonyme). En avril 1918, dans le Mercure de France, Guillaume Apollinaire publie Calligrammes : poèmes de

la paix et de la guerre. La plupart traitent de la guerre. CHUPMLQV G·HQPUH HX[ sont disposés sur la

page avec une typographie singulière qui utilise les lettres pour dessiner un motif : un jet G·HMX OM PRXU (LIIHO XQH PRQPUH XQ ŃOMULRP G·MUPLOOHXU"

9 S.P. = Service postal.

10 Faisant référence à son grand-père maternel ; en italien : Apollinare.

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" 4XH Ń·HVP NHMX ŃHV IXVpHV TXL LOOXPLQHQP OM QXLP Elles montent sur leur propre cime et se penchent pour regarder FH VRQP GHV GMPHV TXL GMQVHQP MYHŃ OHXUV UHJMUGV SRXU \HX[ NUMV HP ѱXU

F·HVP MXVVL O·MSRPOpRVH TXRPLGLHQQH GH PRXPHV PHV %pUpQLŃHV GRQP OHV ŃOHYHOXUHV VRQP

devenues des comètes Ces danseuses surdorées appartiennent à tous les temps et à toutes les races (OOHV MŃŃRXŃOHQP NUXVTXHPHQP G·HQIMQPV TXL Q·RQP TXH OH PHPSV GH PRXULU

FRPPH Ń·HVP NHMX PRXPHV ŃHV IXVpHV

0MLV ŃH VHUMLP NLHQ SOXV NHMX V·LO \ HQ MYMLP SOXV HQŃRUH ª"

Ce poème Merveille de la guerre Q·M SMV pPp PUqV NLHQ UHoX SMU G·MXPUHV SRètes qui pourtant, au

départ, considéraient Apollinaire comme leur maître : les premiers surréalistes, André

Breton et Louis Aragon. Ils ont négligé la suite du poème, qui assimile la guerre à une GpYRUMPLRQ IMQPMVPLTXH V\QRQ\PH G·épouvante : " F·HVP XQ NMQTXHP TXH V·RIIUH OM PHUUH

Elle a faim et ouvre de longues bouches pâles

La terre a faim et voici son festin de Balthasar cannibale ª" (P SXLV O·MYMQP-dernière strophe, en guise de testament : " -H OqJXH j O·MYHQLU O·OLVPRLUH GH *XLOOMXPH $SROOLQMLUH Qui fut à la guerre et sut être partout »"

Ils ont critiqué encore plus vivement I·MGLHX GX ŃMYMOLHU cité au tout début, auquel ils ont

reproché le premier vers (" Ah Dieu, que la guerre est jolie »), estimant que le poète était

devenu, carrément ! militariste ; TXHOTX·XQ ŃRPPH 3MXO GpURXOqGH11.

3. 1917 : le surréalisme et la guerre.

(P SRXUPMQP" 6XUUpMOLVPH" IH PRP M pPp LQYHQPp en 1917 par Guillaume Apollinaire lui-

même. Dans le programme TX·LO M UpGLJp SRXU OH ballet Parade joué au théâtre des Champs

Elysées le 18 mai, divertissement imaginé par -HMQ FRŃPHMX VXU XQH PXVLTXH G·(ULN 6MPLH avec des costumes et un rideau de scène peints par Picasso, il écrit en effet : " De cette

11 Né en 1846, Paul Déroulède est mort en janvier 1914.

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alliance nouvelle [entre la peinture et la danse, la plastique et la mimique], il est résulté une

sorte de sur-réalisme [en deux mots] RZ ÓH YRLV OH SRLQP GH GpSMUP G·XQH VpULH GH

manifestations de cet esprit nouveau »B (QŃRUH O·HVSULP QRXYHMX ! Mais O·XQ GHV ŃR-

fondateurs du surréalisme, Philippe Soupault, note dans ses 0pPRLUHV GH O·RXNli : " F·pPMLP O·MQQpH GH OM NMPMLOOH GH 9HUGXQ HP OH Tout-Paris OHV VQRNV HP OHV HPNXVTXpV SMUOMLHQP G·XQ fis, ne pas se révolter ? »

I·MQQpH VXLYMQPH en 1918, Apollinaire réalise sa propre pièce de théâtre, Les Mamelles de

Tirésias. Il écrit dans sa présentation : " 4XMQG O·ORPPH M YRXOX LPLPHU OM PMUŃOH LO M ŃUpp OM

roue qui ne ressemble pas à une jambe. Il a ainsi fait du surréalisme sans le savoir. » ; surréalisme dans son orthographe définitive. Mais qui sont, durant ces années de guerre, ceux qui vont fonder le mouvement surréaliste,

le définir, le promouvoir et le faire vivre " G·MNRUG LOV VRQP ÓHXQHV : Philippe Soupault, dont

nous venons de parler, est né en 1897. Louis Aragon aussi. André Breton est né un an plus

tôt, en 1896. 3OLOLSSH 6RXSMXOP HVP pPXGLMQP HQ GURLPB HO QH IMLP SMV OM JXHUUH SMUŃH TX·LO M pPp

YLŃPLPH G·XQ MŃŃLGHQP GH YMŃŃLQMPLRQ anti-typhoïde MORUV TX·LO VXLYMLP VM IRUPMPLRQ

G·MUPLOOHXU en 1916. André Breton et Louis Aragon sont étudiants en médecine. Louis

$UMJRQ M pPp UHoX j O·H[MPHQ TXL OXL M SHUPLV GH GHYHQLU en 1918, année où il rejoint le

front, médecin auxiliaire [un grade intermédiaire entre le sous-RIILŃLHU HP O·RIILŃLHU

O·pTXLYMOHQP GH O·MVSLUMQP GMQV O·LQIMQPHULH@. Sa conduite alors est exemplaire. Il ne O·pYRTuera

que très rarement mais il a été décoré de la croix de guerre le 15 août 1918 en récompense

de son dévouement : il est allé chercher des blessés jusque sous le feu. Et à Couvrelles, dans

O·$LVQH le 6 août 1918, il a été enseveli à trois reprises par un bombardement ; expérience

de très forte proximité avec la mort. On trouve quelques traces de cette expérience radicale

GMQV VRQ ±XYUH poétique, par exemple dans " Secousse », de son recueil Feu de joie : " %528)B L"@ OH SM\VMJH HQ PLHPPH +RS O·XQLYHUV YHUse ª" Le vers suivant suggère même un état de stress traumatique : " Qui chavire L·MXPUH RX PRL »...

I·MXPUH" 7RXPH VM YLH $UMJRQ V·LQPHUURJHUM VXU VRQ LGHQPLPp SURfonde. Il est en effet

O·HQIMQP MGXOPpULQ G·XQ SqUH PRXP SXLVVMQP OH SUpIHP IRXLV $QGULHX[ HP G·XQH PRXPH ÓHXQH PqUH TXL M MŃŃHSPp GH SMVVHU SRXU VM JUMQGH V±XU PMQGLV TXH OHV JUMQGV-parents maternels

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prétendaient être ses parents, afin de sauver les apparences. La commotion due à

O·HQIRXLVVHPHQP Q·arrange rien. Il ne sait pas, dit-il dans le Roman inachevé (1956), " À huit

cents mètres de Couvrelles 4XHO HVP ŃHOXL TX·RQ SUHQG SRXU PRL ». Il vient de déchiffrer

une inscription sur une croix de bois, au bord du chemin des tranchées, mais il ne sait pas à

qui elle renvoie TXL HVP HQVHYHOL VRXV ŃHPPH ŃURL[B FHOXL TXH O·RQ M SRUPp HQ PHUUH j ŃHP

endroit, il ne parvient pas à bien lire son nom : lui ? Un autre ? Quel autre ?

Son attitude héroïque va de pair avec son hostilité farouche à la guerre. André Breton est

lui aussi un opposant irréductible PMLV M\MQP pŃORXp j O·H[MPen de médecin auxiliaire, il

Q·HVP allé sur le front TX·MVVH] SHX ŃRPPH NUMQŃMUGLHU. Pour ces deux amis qui se sont

rencontrés en 1917 j O·O{SLPMO GX 9MO GH *UkŃH où ils effectuaient un stage dans le service

SV\ŃOLMPULTXH GLP j O·pSRTXH © des aliénés » ; on sait que les surréalistes valorisent la folie :

HOOH SHUPHP GH GpSMVVHU OHV OLPLPHV GH O·H[LVPHQŃH O·HVVHQPLHO HVP GH UpLQYHQPHU le monde. Ils

sont proches, d·MNRUG G·$SROOLQMLUH TX·LOV MGPLUHQP MYMQP GH V·MJMŃHU GH VRQ patriotisme,

puis du mouvement Dada, radicalement contestataire. En 1919, avec Philippe Soupault, $QGUp %UHPRQ H[SpULPHQPH O·pŃULPXUH MXPRPMPLTXH ŃH TXL GRQQHUM Les Champs magnétiques,

texte fondateur. Aragon ne peut collaborer à O·HQPUHSULVH SMUŃH TX·LO HVP PRXÓRXUV VRXV OHV

drapeaux, en Allemagne occupée. Mais il rejoint bientôt ses deux amis. Ensemble, ils

publient la revue Littérature dont le titre reprend le terme qui clôture O·Art poétique que Paul

Verlaine a composé en 1874 :

" De la musique encore et toujours !

L"@ 4XH PRQ YHUV VRLP OM NRQQH MYHQPXUH

Éparse au vent crispé du matin

Qui va fleurant la menthe et le thym

Et tout le reste est littérature ª"

Le surréalisme est lancé. Son histoire ne peut se séparer de la guerre. G·MLOOHXUV $QGUp Breton déclarera en 1942 : " IH VXUUpMOLVPH QH SHXP OLVPRULTXHPHQP rPUH ŃRPSULV TX·HQ

fonction de la guerre, de 1919 à 1938, en fonction à la fois de celle dont il part et de celle à

laquelle il retourne. » Et Aragon dira en 1968 " Nous sommes des hommes dont la jeunesse V·HVP IRUPpH GMQV OHV ŃRQGLPLRQV GH OM JXHUUH GH 14-18, pour qui la lutte contre la guerre a pPp O·HVVHQPLHOB »

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%LHQ TX·LO SUpPHQGH VRXYHQP OH ŃRQPUMLUH Oa Première Guerre mondiale apparaît régulièrement dans ses écrits, et par exemple, dans son roman de 1944, Aurélien. Et bien

TXH O·RQ ŃRQQMLVVH VXUPRXP OHV SRqPHV TXH OM 5pVLVPMQŃH lui a inspirés, comme Le Crève-F±XU

ou La Diane française, Aragon en a composé quelques-uns, entre 1917 et 1919 RZ O·RQ SHXP

lire entre les lignes quelque chose du front. Ils sont rassemblés dans Feu de joie, déjà cité,

ainsi Le Délire du fantassin, qui, dira le poète, " marque son arrivée dans les tranchées » :

" I·HQIMQP IMQP{PH IHQG GH O·ORPPH

Entre les piliers de pierre

(La tour monte attention au ciel)

Comme il mue avec sa voix de rogomme

LO HIIUM\H j PRUP RX j UMLVRQ O·RUIUMLH HPSMLOOpH

4X·RQ QH YRLP SMV j ŃMXVH GH OM ŃOMOHXU

à cause de la couleur

à cause de la douleur

Jamais la boule en buis ne pourra retomber

Sur le bout de bois blanc du bilboquet »

F·HVP SMU ŃHPPH LPMJH SOHLQH GH P\VPqUH TXH QRXV MUULYRQV MX NRXP GH O·OLVPRLUH GHV SRqPHV de quelques poètes dans la guerre. Quel mot choisir pour résumer ce parcours ? Tout VLPSOHPHQP YRLUB G·MNRUG ŃHV SRqPHV VH YHXOHQP des voyants j OM VXLPH G·$UPOXU 5LPNMXG

qui déclarait " TX·LO IMXP rPUH YR\MQP VH IMLUH YR\MQP »12. Ils voient la guerre et le monde, la

ŃUpMPLRQ GH O·XQ OM GHVPUXŃPLRQ SMU O·MXPUHB %OMLVH FHQGUMUV HQ PLUH O·MUJXPHQP GH VRQ SRqPH

de 1919 illustré par le peintre Fernand Léger : IM ŃUpMPLRQ GX PRQGH ILOPpH SMU O·$QJH 1RPUH-

Dame" Filmée ?

1RXV MYRQV pYRTXp OH PrPH FHQGUMUV ILJXUMQP GMQV OH ILOP G·$NHO *MQŃHB HO MGPLUH

Charlie Chaplin, Charlot, sur qui Aragon compose entre 1917 et 1919 un Charlot mystique

puis un Charlot sentimentalB (P 5LŃŃLRPPR FMQXGR" IXL MXVVL M PUMYMLOOp MYHŃ $NHO *MQŃH HP

Ń·HVP OXL HQŃRUH TXL M LQYHQPp O·H[SUHVVLRQ GH © 7e art » appliquée au cinéma. Quant aux

12 " Lettre du voyant », à son ami Paul Demeny, 1871.

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surréaOLVPHV" HOV MLPHURQP OH ŃLQpPM et divers films pourront se réclamer du surréalisme

G·Entracte (René Clair) à Zéro de conduite (Jean Vigo) en passant par Un Chien andalou (Luis

%XQXHO" Mais si le cinéma, du moins en ses débuts, est évidemment lié au fait de voir -

voir différemment-, et si le reste est littérature, les poètes surréalistes ne manquent pas

G·pŃULUH, écrire étant la fonction première de la poésie (et puis dire, et puis chanter, et

SXLV"

En 1924, André Breton publie son premier Manifeste du surréalisme MLQVL TX·une revue

intitulée la Révolution surréaliste qui deviendra Surréalisme au service de la révolution. Révolution.

F·HVP PRXÓRXUV G·HLVPRLUH TX·LO V·MJLP, PMLV Ń·HVP PMLQPHQMQP" une autre histoire. Et ce que

les poètes ont fait là-GHGMQV" En 1917, au moment où la révolution éclate en effet en Russie, un Allemand de 36 ans,

Hugo Ball, réformé pour raison médicale13 HP TXL V·HVP UpIXJLp en Suisse, apparaît sur la

scène du cabaret Voltaire. Ce lieu " underground » a été créé j =XULŃO O·MQQpH Srécédente (en

1916), par quelques jeunes gens qui veulent VMNRUGHU O·RUGUH pPMNOLB IHXU ŃOHI GH ILOH HVP XQ

poète roumain francophone (mais, disent certains témoins, il parlait français, lors de son

arrivée à Paris en 1920 MYHŃ XQ VL IRUP MŃŃHQP TX·RQ QH le comprenait pas toujours !) :

Tristan Tzara14. Avec quelques amis, comme lui pacifistes convaincus, en rébellion contre la société, il a donc ouvert le cabaret Voltaire (un nom choisi explicitement) puis lancé le

SUHPLHU QXPpUR G·XQH revue intitulée Dada.

Ce nom de Dada a été choisi au hasard. La revue " Q·M MXŃXQH UHOMPLRQ MYHŃ OM JXHUUH HP

tente une activité moderne, internationale hi hi hi hi », comme le précise un texte

G·MQQRQŃHB Mais le mouvement va connaître un formidable succès, qui se prolonge de nos jours. Tristan Tzara a tout de suite contacté les poètes, en France, de la modernité. Il a publié un poème de Blaise Cendrars mais sans lui demander son avis ! En février 1918, il a

proposé plus civilement à Guillaume Apollinaire de collaborer à la revue Dada. Le poète a

refusé ÓXJHMQP TXH OM SXNOLŃMPLRQ QH VH GpVROLGMULVMLP SMV VXIILVMPPHQP GH O·$OOHPMJQH :

" Je suis, quoique soldat et blessé, quoique volontaire, un naturalisé, tenu, par conséquent à

une très grande circonspection. »15

13 Hugo Ball, né en Allemagne en 1926, mourra en Suisse en 1927, à 41 ans.

14 De son vrai nom Samuel Rosenstock. Il est né à Moinesti en Roumanie en 1896 ; il mourra à Paris en 1963.

15 Suite de la citation : " -H ŃURLV TX·LO SRXUUMLP rPUH ŃRPSURPHPPMQP SRXU PRL VXUPRXP MX SRint où nous en

sommes de cette guerre multiforme de collaborer à une revue, si bon que puisse être son esprit, qui a pour

ŃROOMNRUMPHXUV GHV $OOHPMQGV VL (QPHQPRSOLOHV TX·LOV VRLHQPB »

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Tristan Tzara V·HVP UMSSURŃOp G·André Breton et de Louis Aragon qui vont effectivement rejoindre O·MYHQPXUH GMGM GX PRLQV TXHOTXH PHPSV" Mais en attendant, que se passe-t-il MX FMNMUHP 9ROPMLUH ŃH VRLU GH O·MQQpH 1E17 ? Hugo Ball, a revêtu une grande cape découpée dans un morceau de carton rigide LO V·HVP

ŃRLIIp G·XQ NRQQHP HQ IRUPH GH Ń{QH"

Et il psalmodie :

" Jolifanto bambla ô falli bambla gURVVLJM P·SIM OMNOM ORUHP

égiga goramen

higo bloiko russula huju hollaka hollala anlogo bung blago bung blago bung bosso fataka ü üü ü schampa wulla wussa hej tatta gôrem eschige zunbada wulubu ssubudu uluw ssubudu tumba ba-umf kusagauma ba umf » FHOM V·LQPLPXOH .MUMRMQHB F·HVP XQH UpSRQVH j OM IROLH du monde : aux horreurs de la guerre, on ne peut opposer que des mots. Et ces PRPV Q·RQP MXŃXQ VHQV" Il faut quand même les prononcer, il faut les écouter. Car ces mots sont une parole et quand il est question de SMUROH" Felle-ci peut sonner comme une énigme, HOOH Q·HQ GHVVLQH SMV PRLQV la sphère du sacrée.

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Mais ici, que signifie sacré ?

" Liberté : Dada, Dada, Dada, hurlement des couleurs crispées, entrelacement des contraires et de toutes les contradictions des grotesques, des inconséquences : la vie. » IM YLH" La vie est sacrée. Eh bien, oui, la vie, Ń·HVP GMGMB

France Marie Frémeaux

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