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Haïti : Des siècles de colonisation et de domination

23 Agu 2010 Haïti : Des siècles de colonisation et de domination. Extrait du CADTM http://cadtm.org/Haiti-Des-siecles-de-colonisation.



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Haïti : de la domination simple à la domination complexe

Après l'indépendance d'Haïti la critique et la domination ont pris des formes Sophie



Exemplarité de la révolution haïtienne

a deux siècles quelque peu citoyen de cette république du Nouveau Monde



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29 Sep 2015 reconfiguration of the post colonial-world. Keywords: social conflicts Haiti — 1791-1804 (Revolution)



LA CORRUPTION UN ÉLÉMENT RÉCURRENT DU SYSTÈME

8 Apr 2014 ) la seule tentative publique de l'État haïtien



La France coloniale Saint- Domingue et Haiti (1630 – 1843)

L'histoire d'Haïti est et a été toujours une histoire économique et sociale liée à la domination en plein cœur du système capitaliste indépen-.



Saint-Domingue/Haïti : histoire géographie

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Haiti dans le marche mondial du bois aux 19eme et 20eme siecles

limitees durant la periode coloniale. Cependant la conjoncture nouvelle du debut du 19eme siecle amene des changements majeurs en ce qui concerne le commerce d 



Haïti : de la domination simple à la domination complexe

Cet article analyse la critique (contestation de l’État) et la domination en Haïti à la lumière de la pensée de Luc Boltanski en considérant deux régimes politiques différents D’une part nous montrerons qu’une critique radicale du régime de Jean Pierre Boyer (1818-1843) a existé et qu’elle

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Extrait du CADTM

Haïti : Des siècles de colonisation et de

domination

Date de mise en ligne : lundi 23 août 2010

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I.Haïti colonisé

A.Haïti exploité

Christophe Colomb touche pour la première fois le sol d'Haïti en décembre 1492. Cette île dotée d'une végétation

luxuriante a un petit air de paradis pour l'explorateur et son équipage. Loin d'être déserte, Hispaniola - c'est ainsi qu'il

la baptise - est peuplée de 1,3 million d'indigènes : les Arawaks et les Taïnos. Au service d'Isabelle de Castille et

Ferdinand d'Aragon, monarques catholiques de la puissance dominante, l'Espagne, Colomb va " apporter la lumière

de la civilisation à ces indigènes arriérés »... Et chercher de l'or ! Il installe la colonie dans le sud-est du pays.

Commence alors le plus grand génocide du siècle. Christianisation de la population, travail forcé et éprouvant dans les

mines, meurtres, viols et maladies sont les moyens par lesquels la domination européenne et catholique s'impose.

Quinze années seulement après sa découverte, l'île d'Hispaniola ne compte plus que 60 000 indigènes.

Pour exploiter ce " nouveau monde », il est décidé d'y envoyer de robustes nègres, faits prisonniers en Afrique, qui

feront le travail dans la colonie au service des maîtres espagnols. Dès 1518, Charles Quint autorise l'envoi de 15 000

esclaves noirs à Saint-Domingue. La traite négrière transatlantique commence.

En 1629, quelques Français s'installent sur l'île de la Tortue (voir carte). Des Anglais et des Espagnols, des criminels

en fuite ou des Européens à la recherche d'une fortune rapide, tous se font la guerre pendant près de 30 ans sur cette

île, au nord d'Haïti. En 1659, les boucaniers français l'emportent. Ils cultivent la terre (sucre, cacao, indigo, coton),

mais manquant de capitaux, ils font une razzia sur l'île voisine de la Jamaïque et ramènent avec eux de l'argent et 2

000 Nègres. En 1695, le Traité de Ryswick conclu entre la France et l'Espagne garantit à la France la possession de

la partie occidentale de l'île, Saint-Domingue. Des engagés ou des Nègres faisaient le travail, notamment la culture du

café, à partir de 1734. Mais les engagés ne supportent pas le climat aussi bien que les esclaves noirs et, petit à petit,

ce sont ces derniers qui sont drainés par millions vers Saint-Domingue.

Le Code Noir de Louis XIV, édité en 1685, contient les " droits et devoirs » des esclaves et du maître. Les planteurs et

colons français ont donc en théorie des devoirs envers les esclaves. En réalité, ils leur font subir les pires atrocités, les

considérant comme de simples objets. Dans la pensée des planteurs de Saint-Domingue, " les nègres sont injustes,

cruels, barbares à demi humains, traîtres, hypocrites, voleurs, ivrognes, vaniteux, paresseux, sales, sans vergogne,

jaloux jusqu'à la furie, et lâches » |1|. Pour l'élite de l'administration coloniale, " le salut des blancs exige que les

nègres restent dans la plus profonde ignorance... il faut traiter les nègres comme on traite les bêtes » |2|.

Dès le départ, des résistances se font jour. Le marronnage est la principale d'entre elles. S'enfuyant des plantations et

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des ateliers de production agricole, les esclaves alors devenus " marrons » trouvent refuge loin des colons, dans les

montagnes ou dans les forêts du centre de l'île. Dans ces lieux de rassemblements contestataires se développe alors

une culture aux antipodes de ce qu'ils vivaient en tant qu'esclaves. Au fil du temps, les camps des Marrons

augmentent rapidement et une véritable organisation socio-économique radicalement différente est mise en place

progressivement. L'agriculture occupe toujours la place principale mais, cette fois, c'est une agriculture tournée vers

les besoins alimentaires de la communauté. Les monocultures sont remplacées par des " places à vivres »,

privilégiant la culture vivrière (manioc, patate, igname...). En 1720, mille esclaves se réfugient dans la montagne. En

1751, ils sont au moins trois mille. Semant la terreur chez les colons, ces Marrons font des raids la nuit pour détruire

et piller les plantations. Le plus grand de ces chefs, François Makandal, est un nègre de Guinée, esclave du district de

Limbé, région qui sera un foyer de la révolte à venir. Son objectif est de réunir tous les Noirs et de chasser les Blancs

de la colonie. Son génie s'illustre par sa capacité à organiser les Noirs et ses techniques de guérilla. Il prend par

exemple des dispositions pour que, un certain jour, l'eau de chaque maison de la capitale soit empoisonnée. En

même temps, une attaque contre les colons alors affaiblis est lancée. Trahi par un proche, puis capturé et brûlé vif,

Makandal a tout de même réussi à semer les graines de la révolte pour la liberté et l'indépendance. La récolte viendra

plusieurs décennies plus tard.

L'esclavage est profondément ancré dans l'économie du 18e siècle. Trois classes s'enrichissent largement : les

propriétaires des plantations de Saint-Domingue, la bourgeoisie française et la bourgeoisie anglaise. En 1754, l'île

compte 599 plantations de sucre et 3379 d'indigo. Entre 1756 et 1763 (guerre de 7 ans), la France et l'Angleterre se

disputent l'Amérique du Nord et les îles des Caraïbes. Après la guerre, la colonie est remise sur les rails des

échanges. Elle exporte 72 millions de livres de sucre brut, 51 millions de sucre raffiné, 1 million d'indigo et 2 millions

de coton.

La fin du 18e siècle est marquée par deux événements qui vont déclencher un bouleversement dans la " perle des

Caraïbes ». Aux Etats-Unis, les colons blancs du Massachusetts se révoltent contre l'Angleterre en 1775, ce qui

aboutira à la Déclaration d'Indépendance du 4 janvier 1776. Le 6 février 1778, la France et les Etats-Unis signent un

traité d'alliance. Le 12 avril 1779, la France et l'Espagne signent le traité d'Aranjuez contre l'Angleterre. La guerre

d'indépendance des Etats-Unis dure jusqu'en 1783. De l'autre coté de l'océan, la Révolution Française est en route

dès 1789.

Les Caraïbes représentent un tremplin vers l'Amérique, du Nord comme du Sud. L'enjeu est de taille. Comme souvent

dans l'histoire d'Haïti, les influences extérieures sont primordiales pour comprendre comment la révolution s'est

déclenchée. En l'occurrence, c'est vers la Révolution Française qu'il faut se tourner. B. De la révolte des esclaves à l'abolition de l'esclavage (1791-1793).

Sur leurs plantations, les colons font la loi. Mais ils obéissent au système mis en place : le système protecteur. Les

colonies sont fondées pour et par la métropole. Et alors que la bourgeoisie française entame son ascension vers le

pouvoir sous la bannière des Droits de l'Homme, celle de Saint-Domingue (les propriétaires blancs) entend bien en

profiter pour accroître sa richesse. Liée à la bourgeoisie maritime française, qui a accumulé sa fortune grâce à la traite

négrière vers les colonies, la bourgeoisie de Saint-Domingue déteste les Mulâtres |3|, mais doit composer avec eux.

Forte d'environ 30 000 hommes, la population composée des Mulâtres et des anciens libres est presque aussi

nombreuse que les Blancs. Bien que libres, ils ne disposent pas des mêmes droits que les Blancs. Une très forte

discrimination est mise en place de sorte que les classes sociales soient basées sur des critères raciaux.

Les colons blancs sont les premiers à se soulever contre la métropole, aussitôt connu le déclenchement de la

Révolution en France. Le 27 juin 1790, les colons font voter une Constitution par l'Assemblée coloniale de Saint Marc

qui place celle-ci sur un pied d'égalité par rapport à l'Assemblée nationale française. Cela reste une décision

unilatérale des colons qui comptent bien imposer leurs intérêts économiques et esquiver ainsi toute velléité de

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modifier le système basé sur l'esclavage. Cela débouche sur une période instable de luttes internes entre Blancs,

Affranchis et Mulâtres couplées avec des intérêts européens en collision (français, anglais et espagnols).

En face, dès juillet 1791, la population soumise se prépare à entrer en jeu. Dans le Nord, et notamment au Cap, les

esclaves sont prêts. Boukman, un Nègre qui était Papaloi (grand prêtre), devient le chef de 12 000 d'entre eux. Il

espère exterminer tous les Blancs et reprendre la colonie. Bien que n'ayant pas abouti, son plan marque le début du

soulèvement des esclaves. Au début d'août 1791, les esclaves de Limbé se soulèvent à leur tour contre leurs

propriétaires.

Le 22 août 1791, les esclaves de la plaine du nord se soulèvent en masse à leur tour. Les esclaves de la plantation

Gallifet lancent l'attaque dans la nuit. Les maîtres sont massacrés et les propriétés incendiées. En quelques jours, la

moitié des plaines du Nord sont ravagées. Les esclaves, forcés jusque là de travailler sur ces plantations, pensent que

tout doit brûler. Leurs maîtres, qui les exploitaient sans limite et les humiliaient sans relâche, doivent être massacrés.

Environ 220 000 habitations furent détruites. La grande révolte des esclaves commence.

En France, la révolution se radicalise et la situation tourne alors à l'avantage des Mulâtres. Le 24 mars 1792,

l'Assemblée législative accorde par décret les pleins droits politiques aux hommes de couleur. Le Roi transforme ce

décret en loi le 4 avril 1792. Cette disposition ne concerne que les Mulâtres et non les Noirs. L'esclavage n'est pas

aboli.

Mi-juillet, une expédition composée de 6 000 hommes, 4 000 gardes nationaux (révolutionnaires civils) et 2 000

soldats de ligne (soldats du Roi) part rétablir l'ordre à Saint-Domingue, afin d'en finir avec la querelle des propriétaires

d'esclaves et de mater la révolte noire. Trois commissaires, dont Sonthonax, sont nommés. Ils débarquent le 18

septembre sans être au courant des évènements du 10 août 1792. A cette date, un tournant s'est produit en France.

Les Parisiens envahissent les Tuileries, l'Assemblée législative est dissoute et un nouveau Parlement est convoqué :

la Convention nationale. Louis XIV est exécuté le 21 janvier 1793.

Au Cap, la situation se complique suite à la nouvelle de l'exécution du Roi de France. Le gouverneur royaliste

Galbaud s'associe avec les propriétaires blancs pour renverser le commissaire Sonthonax, jugé trop proche des

Mulâtres. En plus des propriétaires blancs, les marins prennent son parti. Sonthonax choisit d'armer les esclaves et

les prisonniers pour reprendre le Cap et c'est ainsi que 10 000 Noirs armés déferlent sur la ville. Le 21 juin 1793, la

ville du Cap est incendiée. Environ 10 000 propriétaires blancs quittent Saint-Domingue : l'heure de leur défaite a

sonné.

Le 29 août 1793, Sonthonax abolit unilatéralement l'esclavage à Saint-Domingue. La Convention nationale avalisera

et diffusera la décision d'abolir l'esclavage le 3 février 1794. Toussaint Louverture passe alors du côté du camp

français. Les principaux acteurs de la révolution Haïtienne L'Angleterre en guerre à Saint-Domingue : 1794-1798

Généraux noirs

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Toussaint Louverture (1746-1803) est le chef des généraux Noirs. Dès novembre 1791, il rejoint les esclaves insurgés. D'abord combattant aux côtés de l'Espagne, il rejoint la France une

fois l'esclavage aboli. En 1800, il commence son ascension en chassant André Rigaud, son principal adversaire. Il est arrêté et emprisonné en France, au Fort de Joux sur ordre de Napoléon

en 1802.

Jean-Jacques Dessalines (1758-1806) est un ancien esclave. Il participe à la révolte des esclaves dès 1791. Il devient lieutenant de Louverture puis Général sous ses ordres. Il combat

activement à la fois les Anglais et les Mulâtres. En 1800, il contrôle le Sud et l'Ouest. En 1804, il proclame l'indépendance d'Haïti. Dessalines est proclamé empereur 9 mois après. Il est

assassiné en 1806.

Henri Christophe (1767-1820) est né à Grenade. Il arrive à Saint-Domingue en tant qu'esclave. En 1779, il est volontaire pour aller soutenir la guerre d'indépendance américaine. Il se

distingue pendant la révolte des esclaves et devient Officier en 1793. Pendant quatre ans, il se bat aux cotés de Louverture dans le Nord. Il est nommé Général en 1802. En 1806, il forme un

gouvernement dans le Nord. Il se proclame président en 1807 et Roi en 1811.

Généraux mulâtres

André Rigaud (1761 - 1811) est le chef des Mulâtres. En 1779, il est volontaire pour aller soutenir la guerre d'indépendance américaine. Il va diriger le Sud du pays dès 1791. Adversaire des

Anglais et de Louverture, il est contraint de fuir en 1800. Il revient sur l'île avec l'expédition de Saint Domingue en 1802. Suite à son échec, il est emprisonné par Napoléon au Fort de Joux, aux

côtés de Louverture.

Alexandre Pétion (1770-1818) est un général qui va soutenir Rigaud pendant la Révolution Haïtienne. Pendant la guerre civile, il prend la tête de la défense de Jacmel, bastion de la

résistance mulâtre. Comme Rigaud et Boyer, il est contraint à l'exil entre 1800 et 1802. Il est président de la partie Sud d'Haïti entre 1806 et 1818.

Jean-Pierre Boyer (1776-1850) est chef de bataillon pendant la Révolution Haïtienne. Il combat sous les ordres de Rigaud. A la proclamation de l'indépendance, il va soutenir Pétion. De

secrétaire, il passe Général. Il lui succède à la présidence d'Haïti et gouverne jusqu'en 1843.

L'Angleterre vient compliquer la situation en essayant de s'emparer de Saint-Domingue. Entre 1793 et 1802, la France

et le Royaume-Uni sont en guerre. L'Espagne rejoint les ennemis des Français. Pourtant, beaucoup d'esclaves de

Saint Domingue, et notamment ceux dirigés par Toussaint Louverture partent grossir le camp des combattants

espagnols, ennemis de la France

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Une expédition anglaise quitte la Jamaïque le 9 septembre 1794 et débarque à Jérémie le 19. Plus de 9 000 hommes

la composent. Pour les Anglais, il n'est pas question d'abolir l'esclavage. Le soutien de la part des propriétaires de

Saint-Domingue est total. De nombreux Mulâtres de la province occidentale rejoignent le camp anglais, mais pas le

général Rigaud, qui tient une bonne partie du Sud. Dans les Antilles, les Anglais remportent plusieurs victoires et, en

deux mois, ils s'emparent de la Martinique, de la Guadeloupe et de Sainte-Lucie.

En France, la Convention prend une décision importante le 4 février 1794 : l'abolition de l'esclavage devient réalité. La

nouvelle arrive à Saint-Domingue en juin et, dès lors, la France devient source de liberté et d'égalité. C'est à ce

moment que Toussaint Louverture se rallie à la France et commence son ascension.

Le général Toussaint Louverture est alors déclaré gouverneur de Saint-Domingue en 1796. Chez les Mulâtres, l'idée

est plutôt de créer un Etat Mulâtre. Ils ne reconnaissent pas l'autorité de Laveaux. Ils tentent de faire nommer Villate,

un général mulâtre, gouverneur au Cap. L'insurrection est vite arrêtée. Le 11 mai 1796, inquiet des récentes initiatives

des Mulâtres, le gouvernement français envoie une nouvelle commission. C'est le retour de Sonthonax.

Le 30 avril 1798, une convention est signée aux termes de laquelle les Anglais évacuent complètement la Province de

l'Ouest. Les exploits de Rigaud contre les Anglais sont semblables à ceux de Toussaint Louverture. Une terrible lutte

d'intérêts de classes entre Noirs et Mulâtres entraîne une guerre civile jusqu'en 1800. La guerre civile Mulâtre/Noir (1799-1800) et l'ascension de Toussaint Louverture

Toussaint Louverture fait la guerre à André Rigaud, Alexandre Pétion et Jean-Pierre Boyer à l'occasion d'un litige à

propos de la frontière Ouest / Sud à Miragoâne pour conquérir le Sud de l'île. En juin 1799, Dessalines entre avec ses

troupes à Port Républicain pour le compte de Louverture. En octobre, le commissaire français Roume confirme le

général Dessalines commandant en chef de l'armée de l'ouest. Avec des troupes très supérieures en nombre

Toussaint Louverture gagne la guerre, il repousse Rigaud et négocie son départ vers la métropole. A la fin de l'année

1800, André Rigaud, Alexandre Pétion et Jean-Pierre Boyer partent pour la France. Ils reviendront à bord de

l'expédition de Saint-Domingue, le 29 janvier 1802.

Pendant ce temps, en métropole, Napoléon Bonaparte devient Premier Consul. Il confirme Toussaint Louverture dans

son poste de " chef de l'île ». En décembre 1800, ce dernier veut annexer la partie espagnole et, le 21 janvier 1801, le

gouverneur de Santo Domingo lui abandonne la colonie. Le 12 octobre 1800, Louverture publie un Règlement de

culture, qui est une réintroduction du travail forcé des noirs sur les plantations. Les paysans sont forcés de travailler

sur les cultures. Ils reçoivent un quart des recettes, tout comme le propriétaire, tandis que l'Etat en récupère la moitié.

La production s'effondre : en un an et demi, les quantités produites chutent d'un tiers |4|.

Le 9 mai 1801 L'assemblée centrale de St Domingue adopte la Constitution de la colonie de Saint-Domingue.

Louverture est gouverneur à vie et peut nommer son successeur. Le 12 juillet, Toussaint Louverture signe la

constitution autonome. En octobre 1801, les Noirs des campagnes se révoltent contre Louverture et son travail forcé.

Guerre d'Indépendance : 1802 - 1803

En France, la bourgeoisie maritime aidée par Bonaparte se prépare à rétablir l'esclavage.

Le 14 décembre 1801, Bonaparte envoie une flotte composée de 20 000 hommes en direction de Saint-Domingue.

Son beau-frère, le général Leclerc, prend la direction de l'expédition avec à son bord, André Rigaud, Alexandre Pétion

et Jean Pierre Boyer. Bonaparte a donné des instructions claires et un plan d'action qui se découpe en 3 phases. En

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premier lieu, il doit tout promettre à Toussaint Louverture. Ensuite, il doit lui faire prêter serment au Cap puis le

déporter. Le désarmement total de la population est la dernière phase. Saint-Domingue serait alors prête à recevoir

ses " lois spéciales », autrement dit le retour de l'esclavage. Le 2 février 1802, Leclerc débarque au Cap avec 5 000

hommes.

Le 2 février 1802, Leclerc débarque au Cap avec 5 000 hommes. Le 4 février, le général noir Christophe fait évacuer

la ville pour aller se réfugier dans les montagnes. La bataille fait rage toute la nuit. Les dégâts sur la ville sont

nombreux. Sur 2 000 immeubles, seuls 59 sont toujours debout à l'issue.

Paul Louverture, qui est dans l'ancienne partie espagnole de l'île, Santo-Domingo, va être trompé par les Français. Ils

lui font croire que Toussaint Louverture lui ordonne de céder Santo-Domingo, par une fausse lettre. Le 10 février,

Maurepas, général noir qui tenait Port-de-Paix, est attaqué par 1 500 hommes commandés par Debelle. Il refuse de

capituler mais doit se retirer dans les montagnes. A la mi-février, tout le littoral, excepté Saint-Marc tenu par

Dessalines, est entre les mains de Leclerc. Malgré ces victoires rapides de l'armée française, la conjoncture va bientôt

se retourner.

Toussaint déporté, mais la France doit fuir

Peu à peu, les différents commandements de Saint-Domingue se rendent, dont celui de Maurepas et de Christophe.

Toussaint Louverture se rend à trois conditions : liberté incontestée de toute la population de Saint-Domingue,

maintien de tous les officiers indigènes dans leur grade et leurs fonctions, lui-même conserve son Etat-major et se

retire dans l'île. Après une entrevue avec Dessalines et Belair, son neveu, les deux généraux capitulent aussi. Tout au

long du mois de mai 1802, le Français Leclerc demande dans ses lettres des renforts humains et financiers. Même si

les généraux se sont rendus, ils n'en restent pas moins présents sur l'île et attentifs aux événements. La loi du 20 mai

1802 rétablit l'esclavage dans les colonies françaises restituées à la France par le traité de paix d'Amiens, signé avec

l'Angleterre le 25 mars précédent. Saint-Domingue n'est pas officiellement concernée mais tout se passe comme si ce

pays de " nègres révoltés » devait lui aussi rentrer dans le rang.

Le 7 juin 1802, Toussaint Louverture est convoqué dans le quartier général de Brunet. Le soir, quelques grenadiers

rentrent sous la conduite de Ferrari, aide de camp de Leclerc, qui assure à Toussaint Louverture qu'ils ne " sont pas

venus pour [lui] nuire » et qu'ils ont " seulement reçu l'ordre de [le] protéger ». Mais ils le prennent par surprise,

l'enchaînent puis réservent le même sort à son aide de camp, sa femme, son fils et sa nièce. Ils forcent sa demeure,

lui dérobent son argent et saccagent sa plantation. Le moment de le déporter vers la France est enfin venu.

L'arrestation de Toussaint émeut profondément la population. Quels qu'aient été ses torts, il a toujours ardemment

défendu la liberté. Avant d'embarquer sur le bateau, il dit : " en me renversant, vous avez seulement abattu le tronc de

l'arbre de la liberté de Saint-Domingue. Ses racines repousseront car elles sont nombreuses et profondes » |5|.

Tandis que la santé de Leclerc se détériore, il écrit dans une lettre adressée au ministre de la Marine datée du 25 août

1802 : " Ce n'est pas le tout d'avoir enlevé Toussaint, il y a ici 2 000 chefs à faire enlever ici » |6|. En septembre 1802,

le général Leclerc demande l'arrivée en renfort de " 10 000 hommes |7| ou il risque de perdre la colonie ». Son

souhait de quitter la colonie est de plus en plus pressant.

Face aux forces françaises, Clairvaux et Pétion unissent leurs forces au Sud, tandis que Dessalines se tient prêt au

nord. Le 2 novembre 1802, juste avant sa mort, Leclerc tente une dernière fois de rallier Christophe du côté des

troupes françaises, mais celui-ci rejoint les rangs de Pétion et Clairvaux. La dernière bataille de Saint-Domingue se

déroule le 18 novembre 1803 à Vertières, dans le nord près du Cap. Les troupes commandées par Dessalines se

soulèvent contre le général Français Rochambeau. C'est ainsi que le combat pour la liberté et le maintien de l'abolition

de l'esclavage triomphe. Dix jours plus tard, le général Rochambeau est évacué.

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Les Noirs et les Mulâtres ont réussi. La France est expulsée du pays. La déclaration d'indépendance est adoptée le 31

décembre 1803, lors d'une réunion entre officiers à Gonaïves. Une double révolution a eu lieu à Saint-Domingue :

officiellement, c'est la fin de l'esclavage et du colonialisme. Mais des siècles d'esclavage, puis douze années de

guerre et de révoltes laissent des séquelles que l'indépendance ne suffira pas à effacer. Différentes forces sociales se

sont parfois alliées et parfois affrontées en fonction des enjeux. Ainsi, une fracture nette entre les deux classes

sociales majoritaires reste évidente même après l'indépendance. Les anciens esclaves sont majoritairement

composés de Noirs tandis que les anciens libres sont cette fois essentiellement Mulâtres. Même si ces deux classes

peuvent s'allier quand il s'agit de repousser les attaques étrangères, l'entente nationale est pour le moins difficile.

C.Haïti libéré ?

A cette époque, " Haïti apparaît comme un îlot indépendant dans un bassin colonial » |8|. Sur les 90 000 hommes en

état de porter les armes, 30 000 sont constamment sur le pied de guerre jusqu'à ce que la France reconnaisse

l'indépendance d'Haïti. " Au premier canon d'alarme, les villes disparaissent et la nation est debout » |9|. Forte de son

expérience révolutionnaire, le jeune Etat porte assistance aux différents processus révolutionnaires d'émancipation qui

embrasent le continent sud-américain. Le gouvernement va notamment offrir l'asile à Simon Bolivar pour une première

fois en 1816. Il va aider et équiper la résistance en échange de la promesse de Bolivar d'abolir l'esclavage, ce qui est

fait au Venezuela et en Colombie en 1821.

L'esclavage est aboli, les colons sont chassés et les terres sont vacantes. C'est un bouleversement socio-économique

important. La jeune nation doit alors se débrouiller par elle-même, car elle subit un embargo international pour "

l'affront » dont elle a fait preuve envers la France. L'économie basée sur une agriculture de rente en faveur de

l'exportation issue du modèle colonial est rejetée par les paysans. Les symboles coloniaux sont détruits (incendie des

champs de canne à sucre, pillage des propriétés, destruction des plantations, des outils de travail...). C'est à cette

période que les relations entre Marrons et esclaves vont mettre en lumière un modèle de développement alternatif.

Le décret du 24 juillet 1805 stipule dans son article 12 que " toute propriété qui aura appartenu à un blanc français est

incontestablement et de droit confisqué au profit de l'Etat ». C'est encore un changement radical envers l'ancienne

politique de Toussaint Louverture, qui permettait presque toujours aux colons de revenir sur " leurs terres ». Avec

Dessalines, ce pourrait être un premier pas vers une redistribution équitable et juste des terres. Les paysans,

dorénavant libres, vont s'approprier les terres pour leur propre compte entre 1804 et 1806. Mais selon Paul Moral, "

Dessalines n'a cessé d'appliquer le caporalisme agraire |10| avec une extrême rigueur ». Les terres sont redistribuées

presque exclusivement au profit de l'élite noire. Seulement un an après la proclamation de l'indépendance, une crise

s'installe. Germain Picot prend les armes dans le sud et rallie autour de lui un grand nombre de paysans pour

protester contre le nouvel empire. Ils s'emparent de la citadelle des Platons. La révolte va être matée et les révoltés

seront contraints à la fuite ou la mort. S'il est probable que Dessalines ait nationalisé les terres dans le seul but

d'affaiblir l'élite mulâtre, il est indiscutable que ces décisions ont une visée nationaliste et anti-impérialiste.

Déchiré par un conflit de classes internes (anciens esclaves, anciens libres noirs et mulâtres, anciens propriétaires

blancs) alimenté des intérêts extérieurs (France, Espagne, Angleterre), la lutte pour l'indépendance a laissé des

séquelles, et le pays va se déchirer à la suite de l'assassinat de Dessalines en 1806. L'île se coupe en deux sous

l'autorité du Mulâtre Alexandre Pétion, à l'ouest et au sud, et du Noir Henri Christophe dans la partie nord. Deux

modèles différents sont ainsi mis en place.

Au nord, un système agricole fondé sur de grandes exploitations est instauré par Christophe. Il perpétue ainsi le

caporalisme agraire. Ses proches et l'élite locale deviennent propriétaires de grands domaines. Il remet à l'ordre du

jour la pratique forcée de la " corvée ». De grands travaux voient ainsi le jour et sont aujourd'hui symbolisés par le

Palais Sans-souci ou encore la Citadelle Laferrière. Protégé par les " Royal Dahomey », il règne par la terreur sur

toute la partie nord dont il s'est autoproclamé Roi dès 1811. Pendant ses 13 ans de règne, le roi Henri 1er va réprimer

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Haïti : Des siècles de colonisation et de domination brutalement plusieurs soulèvements paysans.

Pétion, quant à lui entame, une réforme agraire. Il redistribue plus de 150 000 hectares de terre entre 1807 et 1817 |

11|. Haïti entame alors un processus de diversification de la production agricole en laissant tomber le sucre pour

cultiver notamment du café, du riz et du manioc. A la mort de Christophe en 1820, Jean-Pierre Boyer, successeur de

Pétion (mort en 1818), réunifie les deux parties d'Haïti et étend même son pouvoir à la partie espagnole, et donc à l'île

toute entière, à partir de 1822. Il règnera jusqu'en 1843.

II. Haïti néocolonisé (19e siècle)

Dès la proclamation de l'indépendance d'Haïti, la France fait pression sur le nouvel Etat et ne reconnaît pas cet acte

unilatéral. De 1806 à 1814, les relations entre Haïti et la France sont suspendues mais, à partir de 1814, plusieurs

missions diplomatiques françaises se succèdent en Haïti.

A. La rançon de l'indépendance

1. Des " négociations » unilatérales

Dès le départ, les émissaires français utiliseront paternalisme, racisme et esclavagisme pour entamer la " négociation

», comme le fait le ministre des Colonies de l'époque, Malouet, en 1814.

Paternaliste :

" Les intentions paternelles de Sa majesté étant de rétablir l'ordre et la paix dans toutes les parties de ses Etats par

les moyens les plus doux, elle a résolu de ne déployer sa puissance pour faire rentrer les insurgés de Saint-Domingue

dans le devoir qu'après avoir utilisé toutes les ressources que lui inspire sa clémence. C'est plein de cette pensée que

le Roi a porté ses regards sur la colonie de Saint-Domingue. En conséquence, quoi qu'il ait donné ordre de préparer

ses forces majeures et de les tenir prêtes à agir si leur emploi devenait nécessaire, il a autorisé son Ministre de

Marine et des Colonies à envoyer à Saint-Domingue des agents pour prendre une connaissance exacte des

dispositions de ceux qui y exercent actuellement un pouvoir quelconque, de même que la situation ou s'y trouvent les

choses et les individus de toutes classes ... »

Raciste :

" Si Pétion tombe d'accord de placer l'homme de couleur, jusqu'au mulâtre inclusivement, un peu au-dessous du

blanc, il devient beaucoup plus facile de restreindre les privilèges de la caste au-dessous de celle-là (composée de

nuances entre le mulâtre et le nègre) et ceux des nègres libres, si l'on établit ces trois castes intermédiaires entre le

blanc, et le nègre esclave. Partout, il est singulièrement recommandé à Dauxion Lavaysse, Médina et Dravermann de

se rapprocher le plus de l'ancien ordre de chose colonial, et de ne s'en écarter que là où il leur sera démontré

impossible de faire autrement ; et toujours dans leurs conférences avec les chefs sur ces matières, ils doivent partir de

ce principe que le Roi ne concède que parce qu'il veut concéder, et que loin d'admettre des prétentions exagérées, il

n'accordera rien et fera sentir sa puissance dans toute son étendue, si ses faveurs sont repoussées... »

Esclavagiste :

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Haïti : Des siècles de colonisation et de domination

" ...Quant à la classe la plus considérable en nombre, celle des noirs attachés à la culture et aux manufactures de

sucre, d'indigo, etc., il est essentiel qu'elle demeure ou qu'elle rentre dans la situation où elle était avant 1789, sauf à

faire des règlements sur la discipline à observer, tels que cette discipline soit suffisante au bon ordre et à une somme

de travail raisonnable, mais n'ait rien de trop sévère. Il faudra, de concert avec Pétion, aviser au moyen de faire

rentrer dans les habitations et dans la subordination le plus grand nombre de noirs possible, afin de diminuer celui des

noirs libres. Ceux que l'on ne voudrait pas admettre dans cette dernière classe et qui pourraient porter dans l'autre un

esprit d'insurrection trop dangereux devront être transportés dans l'île de Ratau ou ailleurs... »

Médina, l'émissaire envoyé vers Christophe, est exécuté et, jusqu'à la fin de son règne (1820), le Roi du Nord ne

négociera jamais une quelconque indemnité financière ou des avantages commerciaux.

Mais Jean-Pierre Boyer cherche à tout prix à faire reconnaître l'indépendance d'Haïti par la France et, dans ce but, il

accepte l'ordonnance royale de Charles X en 1825. C'est une grave erreur car cette ordonnance vient surtout légitimer

le passé de la France en Haïti et perpétuer sa domination avec la nouvelle donne. Ce texte, qui n'appelle même pas

Haïti par son nom, comporte trois dispositions qui visent à remplacer le colonialisme par une forme de

néocolonialisme.

2. L'ordonnance royale de 1825

" Article 2 : Les habitants actuels de la partie française de Saint-Domingue verseront à la Caisse des Dépôts et

Consignations de France en cinq termes égaux, d'année en année, le premier échéant au 1er décembre 1825, la

somme de cent cinquante millions de francs-or, destinée à dédommager les anciens colons qui réclament une

indemnité. »

Pourtant, il est erroné de dire qu'Haïti a payé une " indemnité » à la France. Car cette prétendue indemnité n'est rien

d'autre qu'une véritable rançon. La France déclare qu'elle souhaite indemniser les anciens colons qui ont été "

dépossédés » de " leurs » terres. Un calcul basé à dessein sur une surévaluation du potentiel commercial d'Haïti |12|

conduit à un prix exorbitant : 150 millions de francs-or, payables en 5 ans. Cette somme représente 21 milliards de

dollars aujourd'hui, et 4 fois le budget de la France de l'époque. Pour payer, il faut s'endetter. Le jeune Etat le fait

auprès de banquiers privés parisiens forcément. Trois emprunts, de 30 millions en 1825, de 15 millions en 1874 et de

50 millions en 1875 sont contractés pour obtenir les fonds nécessaires. En 1838, le montant de la rançon est réduit à

90 millions et le solde - 60 millions - est payable en 30 ans |13|. C'est d'ailleurs seulement à cette date que

l'indépendance d'Haïti est formellement reconnue. Cette rançon sera payée jusqu'en 1897 (et même 1913 pour les

intérêts à des banques françaises). La réduction de 50% des droits de douanes pour les navires français

" Article 1er : Les ports de la partie française de Saint Domingue seront ouverts au commerce de toutes les nations.

Les droits perçus dans ces ports, soit sur les navires, soit sur les marchandises, tant à l'entrée qu'à la sortie, seront

égaux et uniformes pour tous les pavillons, excepté les pavillons français, en faveur duquel ces droits seront réduits

de moitié. »

Afin de s'assurer de la dépendance du pays, la France impose à Haïti d'ouvrir ses ports au commerce extérieur. Mais

surtout aux pavillons français qui bénéficient d'un avantage concurrentiel indéniable. Même si cette " faveur » est vite

abolie, le mal est fait. Haïti est maintenant connecté au marché mondial.

L'ordonnance royale remplit plusieurs fonctions. La première est de rétablir des contacts officiels avec l'ancienne

colonie. L'indépendance du pays a été considérée comme un affront, la France fait pression pour que personne ne

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Haïti : Des siècles de colonisation et de domination

reconnaisse Haïti. Les " échanges » entre les deux pays connaissent une période creuse entre 1804 et 1825. Mais

les Anglais, les Allemands et les Etats-Uniens continuent de leurs côtés d'échanger avec Haïti. Ils profitent de cette "

absence » française pour asseoir leurs positions. Les commerçants et négociants français sont donc impatients de

pouvoir refaire officiellement des affaires en Haïti. Les multiples pressions qu'ils exercent sur les autorités françaises

facilitent l'idée d'une reconnaissance du nouvel Etat.

La deuxième fonction est de " rétablir l'autorité de la France sur sa colonie révoltée |14| ». Avec l'imposition de la

rançon de l'indépendance, c'est chose faite. Les autorités haïtiennes qui se sont succédé tout au long du 19e siècle

ont toutes eu à rembourser cette rançon. Les maigres ressources de l'Etat ont donc principalement été transférées

aux créanciers français. Dès le départ, Haïti paye le prix fort, et la dette est l'instrument néo-colonial pour entretenir

l'accès aux multiples ressources naturelles de ce pays. Le paiement de cette rançon est donc l'élément fondateur de

l'Etat haïtien et a débouché sur la constitution d'une dette illégitime. Couplée avec l'avantage commercial octroyé de

fait au commerce français, les bases de la néocolonisation française d'Haïti sont posées. Mais d'autres Etats qui

s'intéressent à Haïti ne laissent pas l'ancienne " perle des Antilles » aux seules mains de la France.

B. L'économie d'Haïti au 19e siècle

La fin de la colonisation et de l'esclavage entraîne des bouleversements majeurs dans l'organisation du nouvel Etat.

L'économie du 19e siècle est dépendante des intérêts extérieurs et de la " conjoncture internationale ». Les

résistances actives des paysans, qui sont les premières victimes, jalonnent ce siècle. L'ancienne puissance coloniale,

qui cherchait il y a peu à rétablir " l'ordre d'avant », occupe une position spéciale tout au long de cette période. La

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