[PDF] Les jardins collectifs entre outils pour la fabrique de la ville et





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Derrière lutopie du jardin collectif la complexité dun projet social

5 ???. 2018 ?. Mots-clés : jardin familial jardin partagé



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Selon une étude faite par Rodríguez (2016) à Quito Équateur



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let 2010 affiche l'objectif de réduire de moitié la perte de La loi du 03 juin 2010 relative au ... tion de projets (dont la simplification des auto-.



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30 ????. 2020 ?. Les jardins partagés une nouvelle forme d'aménagement . ... Annexe 3 « Plan du projet : Le 106 Stalingrad ».



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partagé. PREMIER BILAN. DE LA CONCERTATION. Avril - Décembre 2017 du projet : l'Etat l'ANRU



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Carte des jardins de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine. 10. Liste des jardins jardin partagé et peuvent compromettre la survie du projet.



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18 ???. 2016 ?. La locution « jardins partagés » s'est imposée au cours du temps mais d'autres termes ont été forgés pour désigner les mêmes projets ...



Cerema

27 ???. 2019 ?. Penser un projet d'agriculture urbaine au sein d'un EcoQuartier ... Les jardins partagés sont généralement gérés par des associations et ont ...

19

DERRIÈRE L'UTOPIE DU JARDIN COLLECTIF,

LA COMPLEXITÉ D'UN PROJET

SOCIAL, TECHNIQUE ET POLITIQUE

Under the ideal of collective garden, complexity of a social, technical and political project

Perrine VANDENBROUCKE

ISARA-Lyon, Laboratoire d'études rurales Marine CANAVESE

Université Lyon 2

Centre Max Weber UMR 5283

Brice DACHEUX

A

UZIÈRE

ENSP site de Marseille, LAREP

Marie GRENET

Cerema

Laure MOUHOT

Cerema

Nathalie BERTHIER

Cerema IDF

Gil MELIN

Fédération nationale des Jardins Collectifs

et Familiaux

Cyril POUVESLE

Cerema Territoire et villes

Élisabeth RÉMY

Inra-AgroParisTech, UMR Sad-Apt

Jean-Noël CONSALÈS

1

Université Aix Marseille, CNRS, TELEMME

Résumé

: Alors que le jardin collectif, partagé ou familial, peut être perçu comme un aménagement à moindre coût, comme une démarche spontanée de réappro- priation de l'espace par des citoyens ou encore comme un objet politique naïf, cet article montre qu'il s'agit d'un projet, processus social et technique plus complexe qui cristallise divers enjeux politiques, techniques et sociaux. L'analyse des dyn a-miques d'acteurs impliqués dans la création de jardins collectifs révèle des requalifications successives du projet, dans le compromis sur la matérialité, les fonctions du jardin et les usages de l'espace entre collectivités, partenaires locaux associatifs, habitants-futurs jardiniers, bailleurs et aménageurs. Le jardin collectif se

présente ainsi comme un objet urbain complexe qui mobilise le recours à une expertise de la médiation sociale et paysagère, et comme un objet politique fort

pour les acteurs publics et associatifs impliqués. À la lumière de cette mise en politique et de cette professionnalisation des acteurs médiateurs, nous pointons les risques d'une normalisation des modèles de jardins collectifs pouvant aller à

l'encontre des aspirations sociales des habitants. Mots-clés : jardin familial, jardin partagé, ville durable, projet, aménagement

paysager, citoyenneté, acteurs publics et associatifs 1 Courriels respectifs : pvandenbroucke@isara.fr ; m.canavese@yahoo.fr ; b.dacheux@ecole- paysage.fr ; amaria@ntymail.com ; laure.mouhot@cerema.fr ; Géographie et cultures, n° 103, automne 2017 20 Abstract: While community and allotment gardens can be handled as low cost settlements, as a spontaneous movem ent of citizens who re -appropriate urban spaces, or as a naïve political object, this paper shows that projects of collective gardens actually refer to a complex process crystallizing various political, technical and social issues. Through the analysis of interactions among stakeholders involved in creation of collective gardens, we show successive redefinitions of the project, based on compromises on materiality, functions and uses of the place between public and community actors, inhabitants, and landlord s. Collective garden thus appear as complex urban objects which require an increasing role of professional and experts in social mediation and landscape design, and as highly politicized objects for public and community actors involved. Highlighting this p oliticization and professionalization, we point out risks of standardization of collective gardens models, which could go against social aspirations. Keywords: allotment gardens, community gardens, sustainable city, project, landscape planning, citizenship , community and public stakeholders

INTRODUCTION

Dans une courte vidéo de promotion de la dimension environnementale du PLU-H 2 , le Grand Lyon met en scène un jardin collectif, composante clef de son projet pour une agglomération plus verte. Alors que le d

éploiement de

jardins ouvriers et familiaux a accompagné le développement urbain et industriel du début du XX e siècle, ceux-ci ont été, après-guerre, relégués aux marges du projet urbain (Cabedoce & Pierson, 1996). Or, depuis le début de ce XXI e siècle, avec le déploiement des jardins partagés, les jardins collec- tifs 3 suscitent un regain d'intérêt (Consalès & Pashchenko, 2010). À l'initiative de différents porteurs de projets, collectivités, habitants, bailleurs sociaux ou associations, ils se développent ou se réinventent en réponse à une pluralité d'enjeux, individuels et collectifs de réinsertion, de requa- lification de quartiers " sensibles », d'accès à " un bout de terrain », d'expé- rimentations, de quête de bien-être, de loisirs, ou encore d'alimentation... Débordant largement les trois types de jardins familiaux, partagés et d'inser- tion qui figuraient dans la proposition de loi de 2003, les formes se com- plexifient et s'hybrident, rendant de plus en plus difficile toute tentative de typologie, de classement de cette diversité. Avec des superficies allant de quelques mètres carrés à plusieurs hectares, sous des formes éphémères, nomades, ou très ancrées, l'inscription des jardins dans le temps et dans 2 Source : http://blogs.grandlyon.com/mavilleavenir/les-grands-themes-du-debat/environnement/ 3

Selon l'article L. 561-1 de la proposition de loi relative aux jardins collectifs délibérée le 14

octobre 2003 : " L'appellation "jardins collectifs" fait référence aux jardins familiaux, aux jardins d'insertion et aux jardins partagés ». Géographie et cultures, n° 103, automne 2017 21
l'espace urbain apparaît de plus en plus difficile à saisir. Les jardins collec- tifs apparaissent ainsi comme le reflet de réalités spatiales et temporelles plurielles et contextuelles. L'essor des jardins collectifs dans les territoires s'accompagne d'un renou- vellement des acteurs associés à leur développement aux différentes échelles. Instruments d'un projet de ville durable (D'Andréa & Tozzi, 2014), convoqués comme natures en ville (Blanc, 2013), dans la construction de liens sociaux (Demailly, 2014), comme projet temporaire d'occupation du foncier ou encore requalifiés comme formes d'agricultures urbaines (Aubry et al., 2014), les jardins collectifs sont valorisés pour leur rôle dans la pro- duction de diverses aménités économiques, sociales, culturelles, environ- nementales, paysagères. Cependant, la multifonctionnalité des jardins, argu- ment politique de légitimation de leur maintien ou développement, ne saurait être saisie qu'à la lumière des contextes et jeux d'acteurs locaux. Jardiniers, présidents d'associations ou textes officiels n'évoquent pas les mêmes fonctions attendues du jardin (Wegmuller & Duchemin, 2010), et celles-ci peuvent présenter une dimension conflictuelle ou contradictoire. Aménagement à moindre coût, démarche spontanée de réappropriation de l'espace par des citoyens, objet politique naïf... Notre hypothèse est que le jardin collectif est un objet urbain plus complexe que ne le suggèrent ces représentations parce qu'il cristallise divers enjeux politiques, sociaux et techniques. Nous proposons dans cet article de nous saisir de la dynamique d es acteurs mobilisés dans la création d'un jardin collectif sous l'angle du projet. L'approche par " projet » imprègne notre société, à la fois dans les sphères managériales, dans l'action publique, l'action collective (Boltanski & Ciapello, 1999) ; mais aussi dans les sphères de l'aménagement, du paysage et de l'urbanisme. En rupture avec une approche planiste de l'urba nisme, la notion de projet renvoie à la prise en considération des contextes sociaux et spatiaux (Toussaint & Zimmermann, 1998). Elle incarne ainsi pour le paysagiste le processus d'anticipation qui consiste à se saisir d'un ensemble d'objets (donnée du site/programme) afin de déterminer un sujet opératoire (concepts et/ou partis pris) permettant d'atteindre des objectifs (valeurs esthétiques et culturelles) (Corajoud, 2010). Dans le même temps, le projet permet de se saisir du caractère dynamique et contextuel, jamais linéaire, d'un processus sociotechnique qui s'incarne sous une forme spa tiale, paysagère, organisationnelle elle-même jamais stabilisée (Latour, 2010
; Scapino, 2012). Le projet est un " amas de connexions actives propre à faire naître des formes, c'est-à-dire à faire exister des objets et des sujets, en stabilisant et en rendant irréversibles des liens

» (Boltanski & Ciapello,

1999, p

. 157). Réalité mouvante, le jardin collectif est ainsi saisi comme le produit d'un compromis entre différents acteurs aux enjeux et visions diver- gentes qui se cristallisent dans une manière d'aménager, de découper, de paysager l'espace, et dans une forme d'organisation sociale dans et autour du Géographie et cultures, n° 103, automne 2017 22
jardin. C'est avec cette entrée conceptuelle du projet que nous questionnons les trajectoires de création de jardins collectifs. Quels sont les acteurs à l'initiative du projet de jardin ? Quels acteurs participent au montage ? À quel moment les habitants -futurs jardiniers sont-ils associés à la démarche ? Quelles formes d'expertises paysagère et sociale sont mobilisées ? Nous nous appuyons sur un ensemble de 50 études de cas de jardins collectifs conduites dans le Grand Lyon, à Marseille et en Ile-de-France dans le cadre du projet JASSUR 4 (Grenet, 2014 ; Dacheux-Auzières, 2014 ; Canavese, 2015
; Mouhot, 2014). Notre objectif a été de saisir les jardins dans leurs réalités politiques, urbaines et sociales au travers des interactions entre les différents acteurs impliqués dans et autour de ces jardins. Ces analyses qualitatives mobilisent un corpus constitué de documentation et archives des jardins étudiés (photographies, documents contractu els), d'observations participantes de la vie au jardin, et de 120 entretiens semi-directifs conduits avec les acteurs impliqués dans la création et la gestion des jardins collectifs : porteurs de projets, salariés et bénévoles d'associations environ- nementales, culturelles intervenant dans les jardins, techniciens et élus de collectivités territoriales, aménageurs, concepteurs et jardiniers 5 Après un aperçu des principales forces en présence dans la dynamique de déploiement des jardins collectifs dans les trois agglomérations de Lyon, Paris et Marseille, nous nous intéresserons au processus technique et social de mise en place d'un jardin collectif à partir de trois études de cas. Enfin, dans une troisième partie, nous questionnons deux composantes clefs de cette dynamique : la professionnalisation d'acteurs intermédiaires et la mise en tension du jardin entre le projet sociopolitique et les attentes habitantes. FORCES EN PRÉSENCE DANS LA DYNAMIQUE DE DÉPLOIEMENT

DES JARDINS COLLECTIFS

Le développement des jardins collectifs est d'abord à resituer dans le temps long, avec la création des jardins ouvriers, communaux dans la première moitié du XX e siècle. Alors que beaucoup de ces jardins, regroupés sous l'intitulé de jardins familiaux, ont été supprimés au gré de l'extension urbaine dans les années 1960-70 ; on distingue une nouvelle phase d'essor des jardins collectifs depuis 2000. À l'échelle du Grand Lyon par exemple, 4 Le projet JASSUR (Jardins Associatifs Urbains et Villes Durables : pratiques, fonctions et

risques) a été financé par l'Agence Nationale de la recherche dans le cadre du projet ANR-12

VBDU (2013-15).

5

57 entretiens dans le Grand Lyon, 27 à Marseille et 30 en Ile-de-France.

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