EMPIRISME ET RATIONALISME I. INTRODUCTION.
Le rationalisme est la pensée pure de l'intelligence humaine. 2. La différence entre raison et expérience revient entre ce qui est co-naturel à la.
Empirisme et rationalité au cycle 3: vers la preuve en mathématiques
24 avr. 2018 la différence entre le contingent et le nécessaire nous semble un préalable ... du côté du rationalisme et non de l'empirisme.
Les philosophies écossaises Naturalismes et sciences de lhomme
trines d'un auteur à l'autre
Le rationalisme empiriste
rience revele qu'on doit faire la difference entre juger et percevoir mais aussi que les jugements influent sur la perception; autrement dit.
RAISON ET EMPIRISME CHEZ DAVID HUME
lockien) une différence nette entre la pensée et l'expérience sensible (tandis critique empiriste de la conception rationaliste de l'entendement – la ...
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La philosophie anglaise des lumières repose sur l'empirisme psy- avec la vieille tradition rationaliste entre sensibilité et entendement.
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La différence entre raison et expérience revient entre ce qui est co-naturel à la raison et ce qui est acquis -Ne pas confondre le co-naturel et l'immédiat -
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de la critique de lempirisme au sens de linnéisme et du - Persée
entre le rationalisme et l'empirisme pour montrer que Chomsky transforme une question philosophique en un problème scientifique ce qui en change
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Le critère de distinction entre ces deux courants concerne principalement le problème de la construction du savoir objectif humain Alors que les rationalistes
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24 avr 2018 · la différence entre le contingent et le nécessaire nous semble un préalable du côté du rationalisme et non de l'empirisme
Quel est la différence entre le rationalisme et l'empirisme ?
Alors que les rationalistes défendent l'idée d'une toute-puissance de l'esprit et de la logique, les empiristes déduisent toute connaissance de l'expérience passive de nos sens, et fondent ainsi une théorie de l'évidence confirmative.Quelle est la différence de rationalisme et irrationalisme ?
Alors que l'irrationalisme est hostile à la raison ou privilégie les processus non rationnels dans la connaissance (l'intuition ou le sentiment par exemple), le rationalisme croit en la raison et lui attribue le rôle principal dans la connaissance de la réalité.Comment définir le rationalisme ?
1. Doctrine selon laquelle rien de ce qui existe ne trouve une explication qui soit étrangère à ce que la raison humaine peut accepter (par opposition à irrationalisme et/ou fidéisme). 2. Système philosophique selon lequel les phénomènes de l'Univers relèvent d'une causalité compréhensible et de lois stables.- Théorie philosophique selon laquelle la connaissance que nous avons des choses dérive de l'expérience. 2. Méthode reposant exclusivement sur l'expérience, sur les données et excluant les systèmes a priori. 3.
![Raison et empirisme chez David Hume Raison et empirisme chez David Hume](https://pdfprof.com/Listes/17/43915-17document.pdf.jpg)
UNIVERSITÉ PARIS 1 PANTHÉON-SORBONNE
ÉCOLE DOCTORALE DE PHILOSOPHIE (ED 280)
Thèse pour l'obtention du grade de Docteur en philosophie de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Présentée et soutenue publiquement le 15 septembre 2018
RAISON ET EMPIRISME CHEZ DAVID HUME
Sophie BERGONT
Sous la direction de M. André CHARRAK
Composition du jury
M. André CHARRAK, Maître de conférences HDR à l'université Paris 1 Mme Claire ETCHEGARAY, Maître de conférences à l'université Paris Nanterre M. Claude GAUTIER, Professeur HDR à l'ENS de Lyon M. Laurent JAFFRO, Professeur HDR à l'université Paris 1 M. Pierre-François MOREAU, Professeur émérite des universités, ENS de Lyon 2 3Sommaire
Remerciements ..................................................................................................... 7
Liste des abréviations .......................................................................................... 9
Introduction ....................................................................................................... 13
PARTIE I.LA PASSION, L'INSTINCT. ÉVALUATION DE DEUX DÉFINITIONS TRADITIONNELLES DE LA RAISON HUMIENNE ..................................................... 59 Chapitre 1.La raison humienne, une passion calme ? .................................. 61I.La raison comme passion calme : aux sources d'une identification ............................... 61
II.La raison comme passion calme : une identification erronée ......................................... 64
III.Les enjeux d'une rectification interprétative .................................................................. 68
Chapitre 2.La raison-instinct .......................................................................... 89
I.Raison humaine, instinct animal ..................................................................................... 93
II.En quel sens la raison peut-elle être dite instinctive ? .................................................. 100
III.Les limites d'une pure et simple identification ............................................................. 109
IV.La raison-instinct, figuration d'une théorie réductionniste de l'entendement .............. 114
V.Raison et animalité. Montaigne, Bayle, Hume ............................................................. 137
Conclusion .................................................................................................. 151
PARTIE II.CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE .............................................. 157 Chapitre 1.Raison et action : de la souveraineté à l'esclavage ................... 159I.La critique de la souveraineté pratique de la raison ...................................................... 160
II.L'esclavage de la raison, ou la véritable relation de la raison et des passions .............. 180
III.Rationalité pratique et philosophie ............................................................................... 189
4 Chapitre 2.Raison et morale : entre réduction et étrangeté ....................... 205I.La critique du rationalisme moral ................................................................................. 211
II.Théorie du sentiment moral et promotion du rôle de la raison ..................................... 238
Conclusion .................................................................................................. 293
PARTIE III.CRITIQUE DE LA RAISON THÉORIQUE ........................................... 295 Chapitre 1.La Fourche de Hume .................................................................. 297I.L'enracinement empirique de la Fourche...................................................................... 298
II.La Fourche de Hume, à l'intersection des influences lockienne, cartésienne etleibnizienne : premiers repérages ........................................................................................... 311
III.La résolution du problème lockien de l'adhésion aux probabilités les plus hautes ...... 330
Chapitre 2.L'introuvable fondement rationnel du raisonnementexpérimental .................................................................................................. 351
I.La recherche stérile des raisons de l'inférence causale, ou l'autodestruction de laFourche ............................................................................................................................. 354
II.Locke, cible de l'argument humien : la bipartition lockienne retournée contre son auteur............................................................................................................................. 368
III.La conception véritablement empiriste du raisonnement expérimental ....................... 393
Chapitre 3.Le scepticisme envers la raison .................................................. 417I.Le retour sur soi de la raison faillible ........................................................................... 421
II.Sortir du scepticisme ..................................................................................................... 439
Conclusion .................................................................................................. 450
PARTIE IV.L'USAGE DE LA RAISON ................................................................. 453Chapitre 1.Position du problème .................................................................. 455
I.La raison ébranlée ......................................................................................................... 455
II.Entre scepticisme et promotion de la raison ................................................................. 460
5 Chapitre 2.La genèse empirique des normes épistémiques ........................ 467I.La logique humienne : qu'est-ce que bien raisonner ? ................................................. 469
II.Le devenir normatif de l'expérience ............................................................................. 475
III.Prudence, soin et rigueur : une hexis de la raison ......................................................... 492
Chapitre 3.Défense de la philosophie abstruse ............................................ 501 I.Raison ordinaire et raison abstruse. Problèmes de la philosophie profonde................. 502II.Le livre I du Traité : l'enracinement naturel de la philosophie abstruse ...................... 512
III.L'Enquête sur l'entendement humain : l'abstrus et l'au-delà ....................................... 520
IV.Scepticisme et critique du pyrrhonisme ........................................................................ 534
V.La raison comme valeur ................................................................................................ 544
Chapitre 4.Le pouvoir de la raison ............................................................... 551
I.Les triomphes modestes de la raison ............................................................................ 553
II.La raison dans l'histoire ................................................................................................ 564
Conclusion .................................................................................................. 582
PARTIE V.LA FABRIQUE DU RATIONALISME .................................................. 585 Chapitre 1.Le " pays des fées » malebranchien ........................................... 587I.L'outrepassement de l'expérience ................................................................................. 590
II.Histoire naturelle de l'occasionalisme .......................................................................... 592
III.Théorie de la raison et expérience ordinaire. La fécondité de l'occasionalismemalebranchien ........................................................................................................................ 600
Chapitre 2.La genèse de l'évidence rationnelle des lois du choc ............... 609I.La critique de l'option rationaliste ................................................................................ 612
II.Mécanique rationnelle et principes de l'imagination .................................................... 615
Conclusion .................................................................................................. 624
6Conclusion générale ........................................................................................ 627
Bibliographie .................................................................................................... 637
Index des noms ................................................................................................. 655
Table des matières ........................................................................................... 659
7Remerciements
Ma reconnaissance va d'abord à André Charrak pour son soutien constant, sa qualité d'écoute,
ses nombreuses et précises relectures ainsi que les pistes fécondes qu'il a eu la générosité de
me suggérer.Je remercie l'École doctorale de philosophie de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et le
laboratoire PhiCo, pour m'avoir permis de mettre en place un séminaire consacré à la notion de fait au XVIII e siècle, co-organisé avec Laetitia Simonetta. Les présentations et les discussions qui s'y sont tenues ont nourri ce travail. Merci en particulier à Claire Etchegaray,Claude Gautier, Laurent Jaffro, Éléonore Le Jallé et Pierre-François Moreau, qui ont accepté
de venir y présenter des conférences et qui, par leurs remarques et leurs suggestions, m'ont aidée à éprouver la validité de mes hypothèses et à faire avancer ma réflexion.Merci aux amis dont le soutien et les conseils ont contribué, à un degré ou à un autre, à ce que
ce travail voie le jour : Alexandre, Antoine, Catherine, Céline, Édouard, Iris, Jorick, Julie, Laurent, Laure, Louis, Michel, Olivier, Paul, Vincent A., Vincent L., Vivien. Merci à mespatients relecteurs : Édouard, Jorick, Laetitia, Louis et Michel. Merci en particulier à Louis,
pour ses nombreuses relectures et pour toutes les discussions qui ont contribué à faire de ce travail une réflexion vivante. Merci à mes parents et à mon frère, pour leur soutien constant.Merci enfin à ma mère et à Louis-Jean, pour l'aide précieuse qu'ils m'ont apportée dans les
derniers moments de ce travail. 8 9Liste des abréviations
Les références aux différentes oeuvres de Hume sont données comme suit : - T : Traité de la nature humaine Sous la forme T.1.1.1.1 : livre I, partie I, section 1, paragraphe 1. - Abrégé : Abrégé du Traité de la nature humaine -Appendice : Appendice au Traité de la nature humaineLorsque le passage cité était destiné à être intégré au corps du Traité, sous la forme : T.1.3.7.7
(App).Lorsque le passage cité ne devait pas être intégré au corps du Traité, sous la forme :
Appendice, §1.
- LG : Lettre d'un gentilhomme à son ami d'Édimbourg - E : Enquête sur l'entendement humainSous la forme E.1.1 : section 1, paragraphe 1.
Parfois E.4.i.1 : section 4, partie 1, paragraphe 1. - EPM : Enquête sur les principes de la moraleSous la forme EPM.1.1 : section 1, paragraphe 1.
Parfois EPM.3.i.1 : section 3, partie 1, paragraphe 1.Parfois EPM.app1.1 : appendice 1, paragraphe 1.
- DP : Dissertation sur les passionsSous la forme DP.1.1 : section 1, paragraphe 1.
- HNR : Histoire naturelle de la religionSous la forme HNR.1.1 : section 1, paragraphe 1.
- EMPL : Essais moraux, politiques et littéraires - DRN : Dialogues sur la religion naturelleSous la forme DRN.1 : partie 1.
- HA : Histoire d'Angleterre - Letters : The letters of David Hume - New letters : New letters of David Hume 10Les références aux différentes éditions des oeuvres de Hume sont introduites par les abréviations suivantes :
- Clar. : The Clarendon edition of the works of David Hume, Oxford, Clarendon press,1998-... Nous utilisons cette édition pour A treatise of human nature, An abstract, Appendix,
A letter from a gentleman, An enquiry concerning human understanding, An enquiry concerning the principles of morals, A dissertation on the passions, The natural history of religion.Dans l'attente de l'édition de référence des Dialogues concerning natural religion à paraître
dans la Clarendon edition, nous nous appuyons sur l'édition bilingue établie par Michel
Malherbe (Paris, Vrin, 2005).
- GG : The philosophical works of David Hume, édition de Thomas H. Green et ThomasH. Grose, 2
nde réimpr. en 4 vol. de l'édition de Londres de 1886, Darmstadt, Scientia Verlag Aalen, 1992. Nous utilisons cette édition pour les Essays moral, political and literary ainsi que pour les essais non publiés ou retirés. - Lib. : The history of England : from the invasion of Julius Caesar to the Revolution in 1688, Indianapolis, Liberty classics, 1983-1985, fac-sim. de l'édition de Londres, T. Cadell, 1778,6 vol.
Tous les détails relatifs aux éditions anglaises et aux traductions françaises utilisées sont
indiqués en bibliographie.En vue de faciliter l'explication précise des textes, les citations sont données dans leur
traduction française, après vérification systématique du texte original (et éventuellement
modification de sa traduction). La pagination dans l'édition française est suivie, entre
parenthèses, de la pagination dans l'édition anglaise correspondante. Les paragraphes mentionnés sont toujours ceux des éditions anglaises. Afin de ne pas alourdir l'appareil denotes, le texte original intégral n'est donné que lorsqu'il n'en existe aucune traduction
française éditée à ce jour, et que nous proposons notre propre traduction (c'est notamment le
cas de la correspondance de Hume). Lorsque nous modifions certaines traductions, nous le précisons et indiquons entre crochets ou en note le texte anglais correspondant. 11 12 13Introduction
Dans le sillage d'auteurs aussi influents que Kant ou Cassirer quant à la façon qu'eut la philosophie de comprendre sa propre histoire, l'empirisme est souvent rapporté à Humecomme à sa figure la plus emblématique - au risque d'occulter d'autres traditions de pensée,
au premier chef celle de l'empirisme franco-berlinois du siècle des Lumières, qui fut mise en lumière par André Charrak1. Si le terme empiricism n'apparaît jamais sous sa plume (et ce
parce qu'il n'est pas encore en usage à son époque), l'idée selon laquelle " l'adhésion de
Hume à l'empirisme [...] motive presque toutes ses autres positions »2 est en tant que telledifficilement contestable. Encore convient-il de déterminer précisément ce que l'on entend par
cette hypercatégorie philosophique qu'est l'empirisme. Dans son principe le plus général,
l'empirisme désigne, selon l'article " Empiricism » de la Continuum encyclopedia of British philosophy rédigé par Peter J. E. Kail, " la conviction que la connaissance, la croyance et lapensée, pour être légitimes, doivent d'une manière ou d'une autre être convenablement
connectées à l'expérience sensible »3. Il importe, bien entendu, de ne pas s'en tenir là, et de
fendre la fausse simplicité de la notion en identifiant ces différentes " manières » sous
lesquelles la relation à l'expérience est susceptible de s'énoncer. À cette fin, l'article
encyclopédique précédemment cité se révèle fort utile, en ce qu'il dégage et distingue les trois
sens principaux du concept en vigueur dans l'empirisme britannique classique4. L'empirisme peut d'abord désigner l'idée que tout concept provient (immédiatementou médiatement) de l'expérience sensible. Selon cette première détermination, très célèbre
1 André Charrak, Empirisme et théorie de la connaissance : réflexion et fondement des sciences au XVIIIe
siècle, Paris, Vrin, 2009. Relativement à la sous-évaluation courante des empiristes franco-berlinois sous
l'effet de la référence écrasante à Hume, voir p. 157.2 Alexander Rosenberg, " Hume and the philosophy of science », dans The Cambridge companion to
Hume, ed. David F. Norton, Cambridge, Cambridge university press, 1993 (1rst ed.), p. 65 (nous
traduisons).3 Peter J. E. Kail, article " Empiricism », dans The Continuum encyclopedia of British philosophy, eds
Naomi Goulder, Anthony Grayling, Isabel Iribarren and Andrew Pyle, vol. II, London, Thoemmes, 2006,p. 981 (nous traduisons : " Empiricism in general involves the conviction that knowledge, belief and
thought, if it is to be legitimate, must somehow be appropriately connected to sense experience »).
4 Sur la signification du concept d'empirisme dans le contexte de la philosophie continentale, signification
sensiblement distincte de celle en vigueur dans la pensée britannique, nous renvoyons à l'article d'André
Charrak, " Le sens de l'expérience dans l'empirisme des Lumières : le cas de Condillac », Quaestio, vol. 4 :
" L'expérience », 2004. 14 bien que restrictive5, l'empirisme porte sur les éléments du savoir, et renvoie à la réfutation
des idées innées, telle qu'elle fut exemplairement mise en oeuvre par Locke. Mais on peut aussi comprendre l'empirisme comme une exigence relative à ce qui est susceptible d'être reconnu en tant que contenu mental véritable : être empiriste, c'est alors n'admettre commed'authentiques idées, dotées d'une véritable signification, que celles que l'on peut rapporter à
l'expérience - par où cette dernière n'est plus seulement entendue comme origine de nos idées, mais aussi comme principe de leur signification. Enfin, l'empirisme peut renvoyer à la thèse selon laquelle la voie d'un savoir bien fondé est l'observation, et non le raisonnementa priori. Il porte alors sur les savoirs composés, et définit l'enracinement dans l'expérience
comme ce qui garantit non plus la signification des contenus mentaux, mais la vérité despropositions. Afin de faire saillir les enjeux de cette étude, il nous faut commencer par
montrer en détail en quoi ces trois sens de l'empirisme se retrouvent dans la philosophie humienne. La science de la nature humaine et les trois sens de l'empirismeLa première signification de la notion d'empirisme se repère aisément au sein du
corpus humien. Comme on le sait, Hume affirme en effet que tous les matériaux de l'esprit se réduisent aux impressions (perceptions fortes) et aux idées (perceptions faibles), et soutient que les secondes, du moins lorsqu'elles sont simples, ne sont que des copies des premières : " toutes les idées dérivent des impressions et les représentent »6. Nous n'avons l'idée de la
saveur de l'ananas que parce que nous y avons un jour goûté, de même que nous n'avonsl'idée de la colère que parce que nous l'avons un jour éprouvée. Cet enracinement dans
l'expérience sensible vaut de toutes les idées, y compris des idées complexes - pour lesquelles
il ne se pense plus sur le modèle de la simple copie, mais sur celui de la modification
(augmentation, diminution, recomposition, etc.)7. Il y a là le tout premier principe de la
science de la nature humaine, qui constitue à l'évidence un héritage lockien.5 Voir André Charrak, " Le sens de l'expérience dans l'empirisme des Lumières : le cas de Condillac »,
p. 229.6 T.1.3.14.11, p. 237 (Clar. p. 108).
7 L'idée apparemment la plus irréductible à l'expérience révèle alors son origine empirique, par où la
philosophie humienne répète le précédent lockien : " l'idée de Dieu, comme d'un Être infiniment
intelligent, sage et bon, naît des réflexions que nous faisons sur les opérations de notre propre esprit et de
l'augmentation sans limite des qualités de bonté et de sagesse », E.2.6, p. 51 (Clar. p. 14). En revanche,
l'idée d'infini (idée dont l'origine sensible pose bien plus problème que celle d'autres idées mathématiques,
15 Certes, de Locke à Hume, le vocabulaire change : là où le premier déclarait que tousles contenus mentaux dérivent des idées de sensation et de réflexion, le second soutient que
toutes les idées simples proviennent des impressions correspondantes. D'une part, Hume revient sur la signification très large que l'auteur de l'Essai sur l'entendement humain avaitchoisi de conférer au terme " idée », en réinstaurant (conformément à l'usage langagier pré-
lockien) une différence nette entre la pensée et l'expérience sensible (tandis que Locke parlait
d'idée de rouge pour désigner l'expérience visuelle correspondante)8. D'autre part, il unifie
l'expérience sensible, en décalage cette fois avec le langage ordinaire : là où les langues
existantes ne disposent d'aucun terme pour désigner les perceptions vives dans leur ensemble, c'est-à-dire l'ensemble des sensations et des passions et émotions9, Hume introduit le conceptd'impression, qui désigne la réunion de l'expérience externe des cinq sens et de l'expérience
interne, réflexive, que l'esprit fait de lui-même. En nivelant sous un même " sentir » la perception d'objets que l'esprit postulehabituellement extérieurs à l'esprit et ces états de l'âme que sont les émotions et les passions,
la catégorie d'impression neutralise la problématique traditionnelle de la représentation. La
différence vis-à-vis de Locke n'est alors plus seulement lexicale : sous la plume de Hume,l'impression ne désigne pas la modalité d'action d'un objet extérieur à l'esprit, qui
engendrerait une perception psychique, mais la perception psychique considérée en elle-
même. Elle renvoie à une pure affection mentale, indépendamment de toute postulation
causale. C'est aux " sciences de l'anatomie et de la philosophie naturelle »10 que revient
l'examen des causes physiques éventuelles11 de nos impressions de sensation. D'emblée,
l'empirisme humien n'est donc pas un empirisme au sens traditionnel du terme puisque, selonles mots de Claude Gautier, l'expérience " n'est pas un mode d'accès aux choses »12. Dans la
comme l'idée de triangle ou de cercle), ne motive pas chez Hume de développements spécifiques, là où
Locke s'attachait longuement à en expliquer la genèse dans l'expérience. C'est que l'infini, entendu comme
la négation de toute limite, est moins pensé par Hume comme une idée particulière que comme une
propriété générale de l'imagination.8 " Je ne fais peut-être que restaurer le mot 'idée' dans son sens originel, que M. Locke avait perverti en
l'appliquant à toutes nos perceptions », T.1.1.1.1, note, p. 42 (Clar. p. 7).9 D'emblée, le Traité formule le constat d'une inexistence lexicale du sensible en tant que tel : " pour
celles-ci [= les perceptions vives], en effet, il n'existe aucun nom particulier, ni en anglais, ni dans aucune
langue de ma connaissance », ibid.10 T.2.1.1.2, p. 110 (Clar. p. 181).
11 " Éventuelles » puisqu'en toute rigueur, il est impossible à l'esprit de se prononcer sur la cause de ses
perceptions. Voir à cet égard T.1.3.5.2, p. 146 (Clar. p. 59) : " Pour ce qui est des impressions qui
proviennent des sens, la cause ultime en est, à mon avis, parfaitement inexplicable par la raison humaine, et
il sera toujours impossible de décider avec certitude si elles proviennent directement de l'objet, si elles sont
produites par le pouvoir créateur de l'esprit, ou si elles procèdent de l'auteur de notre existence ».
12 Claude Gautier, " Les philosophies écossaises. Naturalismes et sciences de l'homme », Archives de
16mesure où " rien n'est jamais réellement présent à l'esprit que ses perceptions, c'est-à-dire les
impressions et les idées »13, ce n'est jamais que de nos perceptions que nous faisons
l'expérience, par où la problématique de la représentation, qui s'énonçait traditionnellement
entre les choses et l'esprit, se déplace à l'intérieur de la sphère des perceptions. La notion de
représentation ne qualifie plus le rapport des perceptions à d'hypothétiques objets
extramentaux, mais la relation de ressemblance unissant deux types d'objets mentaux, les impressions et les idées14. Les impressions copient, ou représentent, les idées.
Entre le premier principe de la science de la nature humaine et le précédent lockien, Hume fait explicitement la jonction : " cette question de la préséance de nos impressions oude nos idées est celle-là même qui a fait tant de bruit dans d'autres termes lorsqu'on a débattu
pour savoir s'il existait des idées innées ou si toutes les idées dérivaient de la sensation et de
la réflexion »15. Au-delà de la mutation lexicale, il s'agit bien, en effet, de réitérer le principe
cardinal de l'empirisme lockien : " nos idées ne portent pas plus loin que notre expérience »16.
Toute pensée s'enracine dans un sentir ou, pour le dire autrement, rien ne peut être conçu qui
ne soit la copie ou la modification (par augmentation, diminution, composition, etc.) de ce que nous avons expérimenté (par le biais de nos cinq sens, ou en notre propre esprit). Or, nonseulement Hume prend acte de ce que le principe des idées innées " a déjà été réfuté »
17, mais
il estime qu'il " est maintenant presque universellement rejeté par le monde savant »18 : cen'est pas seulement que la fausseté de ce principe a déjà été prouvée, c'est qu'elle est
désormais reconnue comme telle. Il est à cet égard remarquable que, dans les Dialogues sur la
religion naturelle, même le personnage de Déméa, traditionnaliste imprégné de culture
théologique, ne recourt à aucun moment à l'hypothèse d'idées innées en vue de défendre la
croyance en un Dieu infiniment bon et intelligent (croyance que l'expérience se révèle
incapable de fonder rigoureusement). philosophie, vol. 78, n°4, 2015, p. 590.13 T.1.2.6.7, p. 124 (Clar. p. 49).
14 Voir à cet égard Frédéric Brahami, Le travail du scepticisme : Montaigne, Bayle, Hume, Paris, PUF,
2001, p. 188-195. Bien entendu, l'esprit est naturellement porté à conférer une existence extérieure et
indépendante aux perceptions des sens, ce pourquoi les formulations humiennes oscillent souvent entre les
notions d'impression et d'objet (ainsi en T.1.3.14.6, p. 233, Clar. p. 106 : " les idées représentent toujours
leurs objets ou leurs impressions »). Une déclaration ultérieure du livre I du Traité présentera la différence
des concepts d'objet et de perception comme un je-ne-sais-quoi inintelligible : " les idées des objets et les
perceptions sont en tous points identiques, sauf qu'on y ajoute la supposition d'une différence qui est
inconnue et incompréhensible », T.1.4.5.23, p. 333 (Clar. p. 160).15 T.1.1.1.12, p. 47 (Clar. p. 10).
16 DRN.2, p. 113.
17 T.1.3.14.6, p. 233 (Clar. p. 106).
18 Ibid.
17 De cette thèse d'ascendance lockienne, Hume tire un outil méthodologique, par où sa philosophie rejoint le deuxième sens du concept d'empirisme que nous dégagions plus haut. La proposition selon laquelle il est impossible de penser quoi que ce soit que l'on n'aurait pasauparavant senti permet en effet de discriminer entre les idées véritables et les idées factices,
puisque les impressions, qui sont fortes et vives, sont susceptibles d'éclairer en retour lasignification des idées (qui sont faibles par définition, et souvent obscures). C'est en revenant
aux impressions, c'est-à-dire à l'expérience primitive dont procède tout contenu mental, que
l'on peut mieux comprendre certains concepts à première vue malaisés à appréhender (ainsi
des idées de nécessité et de liberté), et que l'on peut en récuser d'autres, lorsqu'ils s'avèrent
dépourvus d'impression-source (ainsi des idées de substance et d'essence) : " si aucune
impression ne peut être exhibée, il [= l'auteur du Traité] conclut que le terme est entièrement
dépourvu de signification »19. La thèse cardinale de l'empirisme lockien, à savoir la réduction
de toute pensée à une détermination (médiate ou immédiate) de l'expérience, se voit donc
mise au travail et constituée en une " méthode rigoureuse »20 d'analyse des idées. Le principe
de l'origine sensible de toute idée et le constat de l'ambiguïté ordinaire des mots, qui étaient
tous deux présents sous la plume de Locke, sont mis en relation par Hume : le premier permet désormais de remédier au second, et apparaît dès lors comme " un nouveau microscope ouune nouvelle sorte d'optique »21 (c'est-à-dire non plus comme une thèse empiriste portant sur
l'origine des idées, mais comme un outil expérimental au service de leur justecompréhension). C'est à l'aune de l'expérience qui les a produites que les idées délivrent leur
véritable signification, ou révèlent leur absence de signification. Il est bien entendu permis de
douter que cette expérience primitive de l'impression, érigée en principe de la discrimination
des idées véritables et des idées fictives, donne lieu à une expérience digne de ce nom : à quoi
a-t-on véritablement affaire avec les impressions ? Peut-on vraiment percevoir une impression (par exemple une impression de vert ou de colère) en l'absence de tout cadre conceptuel ? Le noyau positif de l'empirisme humien n'est-il pas aussi évanescent que les idées fictives qu'ils'attache à récuser ? Toujours est-il que, en son deuxième sens, l'empirisme humien s'énonce
selon le mouvement inverse de celui précédemment étudié : il ne désigne plus la thèse
soutenant l'engendrement réel de toute idée à partir de l'expérience, mais la nécessité, pour
l'analyse philosophique, de faire retour sur cette expérience en vue de dégager la signification
de toute idée. À ce titre, et comme le souligne Ernst Cassirer, l'empirisme de Hume ne se19 Abrégé, §7, p. 47 (Clar. p. 409).
20 Ibid.
21 E.7.i.4, p. 99 (Clar. p. 50).
18réduit pas à un enregistrement des faits (en l'occurrence des faits mentaux, c'est-à-dire des
idées que nous avons, ou croyons avoir), mais se révèle solidaire d'une procédure méthodique
qui constitue l'expérience en critère de la signification et de la légitimité des idées22. La thèse
lockienne est élevée par Hume au rang de méthode d'épuration et de clarification du discours
philosophique. Venons-en enfin au troisième sens du concept d'empirisme, selon lequel la méthode d'élaboration des propositions vraies est l'observation, et non le raisonnement a priori. Il estici particulièrement aisé de repérer ce qui, au sein de la philosophie humienne, atteste une
telle signification, tant il est bien connu que Hume s'attelle à la réalisation d'une science dont
le régime de rationalité se pense comme un régime d'empiricité. Le sous-titre de la toute
première oeuvre du philosophe l'annonce sans ambages : il s'agit d'introduire la méthodeexpérimentale dans les sujets moraux (c'est-à-dire relatifs à l'esprit humain, et non aux corps
naturels). Cette tentative est motivée par le constat de " l'ignorance où nous nous trouvons encore au sujet des questions les plus importantes qui se peuvent présenter devant le tribunal de la raison humaine »23. Si Hume juge dérisoire le savoir que son époque a des principes
régissant l'esprit humain, c'est que la philosophie morale n'a pas encore (ou du moins,
comme nous le verrons, n'a pas encore assez) adopté la méthode expérimentale qui, en
philosophie naturelle, fut initiée par Bacon et portée à son point de perfection par Newton :
" les hommes sont aujourd'hui guéris de leur passion pour les hypothèses et les systèmes enphilosophie naturelle, et ne prêtent désormais l'oreille qu'aux arguments dérivés de
l'expérience. Il est grand temps qu'ils tentent une réforme semblable dans toutes les
recherches morales »24. Dans l'Abrégé, Hume ne présente pas autrement sa démarche :
l'auteur du Traité " s'engage à ne tirer de conclusions que là où l'expérience l'y autorise. Il
parle avec mépris des hypothèses »25. Outre la reprise du refus lockien des supputations
causales relatives à la nature de l'esprit, on reconnaît dans ces deux déclarations le trope
22 À propos du fondement nécessaire, chez Hume, de toute idée signifiante dans une impression, Cassirer
déclare : " 'L'empirisme' de Hume ne peut donc pas nous tromper quand il déclare ne pas se contenter, lui
non plus, d'enregistrer les 'faits' de la connaissance, mais vouloir les mettre à l'épreuve et les juger. Le
critère de la 'pure sensation', qu'il applique à cette occasion, peut bien, quant à son contenu, être éloigné de
tous les critères logiques auxquels on mesurait d'habitude le savoir : il partage pourtant avec eux la
caractéristique générale de vouloir fournir une norme méthodologique qui nous permette d'attribuer à tout
concept son rang et sa 'vérité' relative ». Ernst Cassirer, Le problème de la connaissance dans la
philosophie et la science des temps modernes, t. II (" De Bacon à Kant »), trad. René Fréreux, Paris, Cerf,
2005, p. 244.
23 Introduction au Traité, §1, p. 31 (Clar. p. 3).
24 EPM.1.10, p. 49 (Clar. p. 7).
25 Abrégé, §2, p. 39 (Clar. p. 407).
19newtonien du refus des hypothèses, tel qu'il fut constitué à partir du Scholie général des
Principia mathematica : il s'agit de bannir les hypothèses de l'exposé du système de la
science, et de promouvoir l'expérience au rang de principe de celle-ci, en récusant toute
proposition qui ne serait pas établie à partir des phénomènes, ou déduite de ceux-ci. C'est
donc de l'aboutissement du processus historique par lequel la science de la nature en vint, enAngleterre, à se constituer comme une science modeste, conjecturale et expérimentale (à
savoir comme une experimental philosophy, telle qu'elle se développa au sein de la Royal Society par le truchement de Wilkins, Wren, Wallis, Hooke, Sydenheim, Boyle et Newton 26)que se réclame la méthode humienne. Ce qui fait le mérite de Newton, et parachève le
tournant expérimental amorcé par Bacon, c'est que l'auteur des Principia fut, selon les mots de l'Histoire d'Angleterre, " attentif à n'admettre aucun principe qui n'eut l'expérience pourquotesdbs_dbs31.pdfusesText_37[PDF] rationalisme des lumières
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