[PDF] Raison et empirisme chez David Hume





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EMPIRISME ET RATIONALISME I. INTRODUCTION.

Le rationalisme est la pensée pure de l'intelligence humaine. 2. La différence entre raison et expérience revient entre ce qui est co-naturel à la.



Empirisme et rationalité au cycle 3: vers la preuve en mathématiques

24 avr. 2018 la différence entre le contingent et le nécessaire nous semble un préalable ... du côté du rationalisme et non de l'empirisme.





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rience revele qu'on doit faire la difference entre juger et percevoir mais aussi que les jugements influent sur la perception; autrement dit.



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Le critère de distinction entre ces deux courants concerne principalement le problème de la construction du savoir objectif humain Alors que les rationalistes 



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La différence entre raison et expérience revient entre ce qui est co-naturel à la raison et ce qui est acquis. -Ne pas confondre le co-naturel et l'immédiat. -  Autres questions
  • Quel est la différence entre le rationalisme et l'empirisme ?

    Alors que les rationalistes défendent l'idée d'une toute-puissance de l'esprit et de la logique, les empiristes déduisent toute connaissance de l'expérience passive de nos sens, et fondent ainsi une théorie de l'évidence confirmative.
  • Quelle est la différence de rationalisme et irrationalisme ?

    Alors que l'irrationalisme est hostile à la raison ou privilégie les processus non rationnels dans la connaissance (l'intuition ou le sentiment par exemple), le rationalisme croit en la raison et lui attribue le rôle principal dans la connaissance de la réalité.
  • Comment définir le rationalisme ?

    1. Doctrine selon laquelle rien de ce qui existe ne trouve une explication qui soit étrangère à ce que la raison humaine peut accepter (par opposition à irrationalisme et/ou fidéisme). 2. Système philosophique selon lequel les phénomènes de l'Univers relèvent d'une causalité compréhensible et de lois stables.
  • Théorie philosophique selon laquelle la connaissance que nous avons des choses dérive de l'expérience. 2. Méthode reposant exclusivement sur l'expérience, sur les données et excluant les systèmes a priori. 3.
Raison et empirisme chez David Hume

UNIVERSITÉ PARIS 1 PANTHÉON-SORBONNE

ÉCOLE DOCTORALE DE PHILOSOPHIE (ED 280)

Thèse pour l'obtention du grade de Docteur en philosophie de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Présentée et soutenue publiquement le 15 septembre 2018

RAISON ET EMPIRISME CHEZ DAVID HUME

Sophie BERGONT

Sous la direction de M. André CHARRAK

Composition du jury

M. André CHARRAK, Maître de conférences HDR à l'université Paris 1 Mme Claire ETCHEGARAY, Maître de conférences à l'université Paris Nanterre M. Claude GAUTIER, Professeur HDR à l'ENS de Lyon M. Laurent JAFFRO, Professeur HDR à l'université Paris 1 M. Pierre-François MOREAU, Professeur émérite des universités, ENS de Lyon 2 3

Sommaire

Remerciements ..................................................................................................... 7

Liste des abréviations .......................................................................................... 9

Introduction ....................................................................................................... 13

PARTIE I.LA PASSION, L'INSTINCT. ÉVALUATION DE DEUX DÉFINITIONS TRADITIONNELLES DE LA RAISON HUMIENNE ..................................................... 59 Chapitre 1.La raison humienne, une passion calme ? .................................. 61

I.La raison comme passion calme : aux sources d'une identification ............................... 61

II.La raison comme passion calme : une identification erronée ......................................... 64

III.Les enjeux d'une rectification interprétative .................................................................. 68

Chapitre 2.La raison-instinct .......................................................................... 89

I.Raison humaine, instinct animal ..................................................................................... 93

II.En quel sens la raison peut-elle être dite instinctive ? .................................................. 100

III.Les limites d'une pure et simple identification ............................................................. 109

IV.La raison-instinct, figuration d'une théorie réductionniste de l'entendement .............. 114

V.Raison et animalité. Montaigne, Bayle, Hume ............................................................. 137

Conclusion .................................................................................................. 151

PARTIE II.CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE .............................................. 157 Chapitre 1.Raison et action : de la souveraineté à l'esclavage ................... 159

I.La critique de la souveraineté pratique de la raison ...................................................... 160

II.L'esclavage de la raison, ou la véritable relation de la raison et des passions .............. 180

III.Rationalité pratique et philosophie ............................................................................... 189

4 Chapitre 2.Raison et morale : entre réduction et étrangeté ....................... 205

I.La critique du rationalisme moral ................................................................................. 211

II.Théorie du sentiment moral et promotion du rôle de la raison ..................................... 238

Conclusion .................................................................................................. 293

PARTIE III.CRITIQUE DE LA RAISON THÉORIQUE ........................................... 295 Chapitre 1.La Fourche de Hume .................................................................. 297

I.L'enracinement empirique de la Fourche...................................................................... 298

II.La Fourche de Hume, à l'intersection des influences lockienne, cartésienne et

leibnizienne : premiers repérages ........................................................................................... 311

III.La résolution du problème lockien de l'adhésion aux probabilités les plus hautes ...... 330

Chapitre 2.L'introuvable fondement rationnel du raisonnement

expérimental .................................................................................................. 351

I.La recherche stérile des raisons de l'inférence causale, ou l'autodestruction de la

Fourche ............................................................................................................................. 354

II.Locke, cible de l'argument humien : la bipartition lockienne retournée contre son auteur

............................................................................................................................. 368

III.La conception véritablement empiriste du raisonnement expérimental ....................... 393

Chapitre 3.Le scepticisme envers la raison .................................................. 417

I.Le retour sur soi de la raison faillible ........................................................................... 421

II.Sortir du scepticisme ..................................................................................................... 439

Conclusion .................................................................................................. 450

PARTIE IV.L'USAGE DE LA RAISON ................................................................. 453

Chapitre 1.Position du problème .................................................................. 455

I.La raison ébranlée ......................................................................................................... 455

II.Entre scepticisme et promotion de la raison ................................................................. 460

5 Chapitre 2.La genèse empirique des normes épistémiques ........................ 467

I.La logique humienne : qu'est-ce que bien raisonner ? ................................................. 469

II.Le devenir normatif de l'expérience ............................................................................. 475

III.Prudence, soin et rigueur : une hexis de la raison ......................................................... 492

Chapitre 3.Défense de la philosophie abstruse ............................................ 501 I.Raison ordinaire et raison abstruse. Problèmes de la philosophie profonde................. 502

II.Le livre I du Traité : l'enracinement naturel de la philosophie abstruse ...................... 512

III.L'Enquête sur l'entendement humain : l'abstrus et l'au-delà ....................................... 520

IV.Scepticisme et critique du pyrrhonisme ........................................................................ 534

V.La raison comme valeur ................................................................................................ 544

Chapitre 4.Le pouvoir de la raison ............................................................... 551

I.Les triomphes modestes de la raison ............................................................................ 553

II.La raison dans l'histoire ................................................................................................ 564

Conclusion .................................................................................................. 582

PARTIE V.LA FABRIQUE DU RATIONALISME .................................................. 585 Chapitre 1.Le " pays des fées » malebranchien ........................................... 587

I.L'outrepassement de l'expérience ................................................................................. 590

II.Histoire naturelle de l'occasionalisme .......................................................................... 592

III.Théorie de la raison et expérience ordinaire. La fécondité de l'occasionalisme

malebranchien ........................................................................................................................ 600

Chapitre 2.La genèse de l'évidence rationnelle des lois du choc ............... 609

I.La critique de l'option rationaliste ................................................................................ 612

II.Mécanique rationnelle et principes de l'imagination .................................................... 615

Conclusion .................................................................................................. 624

6

Conclusion générale ........................................................................................ 627

Bibliographie .................................................................................................... 637

Index des noms ................................................................................................. 655

Table des matières ........................................................................................... 659

7

Remerciements

Ma reconnaissance va d'abord à André Charrak pour son soutien constant, sa qualité d'écoute,

ses nombreuses et précises relectures ainsi que les pistes fécondes qu'il a eu la générosité de

me suggérer.

Je remercie l'École doctorale de philosophie de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et le

laboratoire PhiCo, pour m'avoir permis de mettre en place un séminaire consacré à la notion de fait au XVIII e siècle, co-organisé avec Laetitia Simonetta. Les présentations et les discussions qui s'y sont tenues ont nourri ce travail. Merci en particulier à Claire Etchegaray,

Claude Gautier, Laurent Jaffro, Éléonore Le Jallé et Pierre-François Moreau, qui ont accepté

de venir y présenter des conférences et qui, par leurs remarques et leurs suggestions, m'ont aidée à éprouver la validité de mes hypothèses et à faire avancer ma réflexion.

Merci aux amis dont le soutien et les conseils ont contribué, à un degré ou à un autre, à ce que

ce travail voie le jour : Alexandre, Antoine, Catherine, Céline, Édouard, Iris, Jorick, Julie, Laurent, Laure, Louis, Michel, Olivier, Paul, Vincent A., Vincent L., Vivien. Merci à mes

patients relecteurs : Édouard, Jorick, Laetitia, Louis et Michel. Merci en particulier à Louis,

pour ses nombreuses relectures et pour toutes les discussions qui ont contribué à faire de ce travail une réflexion vivante. Merci à mes parents et à mon frère, pour leur soutien constant.

Merci enfin à ma mère et à Louis-Jean, pour l'aide précieuse qu'ils m'ont apportée dans les

derniers moments de ce travail. 8 9

Liste des abréviations

Les références aux différentes oeuvres de Hume sont données comme suit : - T : Traité de la nature humaine Sous la forme T.1.1.1.1 : livre I, partie I, section 1, paragraphe 1. - Abrégé : Abrégé du Traité de la nature humaine -Appendice : Appendice au Traité de la nature humaine

Lorsque le passage cité était destiné à être intégré au corps du Traité, sous la forme : T.1.3.7.7

(App).

Lorsque le passage cité ne devait pas être intégré au corps du Traité, sous la forme :

Appendice, §1.

- LG : Lettre d'un gentilhomme à son ami d'Édimbourg - E : Enquête sur l'entendement humain

Sous la forme E.1.1 : section 1, paragraphe 1.

Parfois E.4.i.1 : section 4, partie 1, paragraphe 1. - EPM : Enquête sur les principes de la morale

Sous la forme EPM.1.1 : section 1, paragraphe 1.

Parfois EPM.3.i.1 : section 3, partie 1, paragraphe 1.

Parfois EPM.app1.1 : appendice 1, paragraphe 1.

- DP : Dissertation sur les passions

Sous la forme DP.1.1 : section 1, paragraphe 1.

- HNR : Histoire naturelle de la religion

Sous la forme HNR.1.1 : section 1, paragraphe 1.

- EMPL : Essais moraux, politiques et littéraires - DRN : Dialogues sur la religion naturelle

Sous la forme DRN.1 : partie 1.

- HA : Histoire d'Angleterre - Letters : The letters of David Hume - New letters : New letters of David Hume 10

Les références aux différentes éditions des oeuvres de Hume sont introduites par les abréviations suivantes :

- Clar. : The Clarendon edition of the works of David Hume, Oxford, Clarendon press,

1998-... Nous utilisons cette édition pour A treatise of human nature, An abstract, Appendix,

A letter from a gentleman, An enquiry concerning human understanding, An enquiry concerning the principles of morals, A dissertation on the passions, The natural history of religion.

Dans l'attente de l'édition de référence des Dialogues concerning natural religion à paraître

dans la Clarendon edition, nous nous appuyons sur l'édition bilingue établie par Michel

Malherbe (Paris, Vrin, 2005).

- GG : The philosophical works of David Hume, édition de Thomas H. Green et Thomas

H. Grose, 2

nde réimpr. en 4 vol. de l'édition de Londres de 1886, Darmstadt, Scientia Verlag Aalen, 1992. Nous utilisons cette édition pour les Essays moral, political and literary ainsi que pour les essais non publiés ou retirés. - Lib. : The history of England : from the invasion of Julius Caesar to the Revolution in 1688, Indianapolis, Liberty classics, 1983-1985, fac-sim. de l'édition de Londres, T. Cadell, 1778,

6 vol.

Tous les détails relatifs aux éditions anglaises et aux traductions françaises utilisées sont

indiqués en bibliographie.

En vue de faciliter l'explication précise des textes, les citations sont données dans leur

traduction française, après vérification systématique du texte original (et éventuellement

modification de sa traduction). La pagination dans l'édition française est suivie, entre

parenthèses, de la pagination dans l'édition anglaise correspondante. Les paragraphes mentionnés sont toujours ceux des éditions anglaises. Afin de ne pas alourdir l'appareil de

notes, le texte original intégral n'est donné que lorsqu'il n'en existe aucune traduction

française éditée à ce jour, et que nous proposons notre propre traduction (c'est notamment le

cas de la correspondance de Hume). Lorsque nous modifions certaines traductions, nous le précisons et indiquons entre crochets ou en note le texte anglais correspondant. 11 12 13

Introduction

Dans le sillage d'auteurs aussi influents que Kant ou Cassirer quant à la façon qu'eut la philosophie de comprendre sa propre histoire, l'empirisme est souvent rapporté à Hume

comme à sa figure la plus emblématique - au risque d'occulter d'autres traditions de pensée,

au premier chef celle de l'empirisme franco-berlinois du siècle des Lumières, qui fut mise en lumière par André Charrak

1. Si le terme empiricism n'apparaît jamais sous sa plume (et ce

parce qu'il n'est pas encore en usage à son époque), l'idée selon laquelle " l'adhésion de

Hume à l'empirisme [...] motive presque toutes ses autres positions »2 est en tant que telle

difficilement contestable. Encore convient-il de déterminer précisément ce que l'on entend par

cette hypercatégorie philosophique qu'est l'empirisme. Dans son principe le plus général,

l'empirisme désigne, selon l'article " Empiricism » de la Continuum encyclopedia of British philosophy rédigé par Peter J. E. Kail, " la conviction que la connaissance, la croyance et la

pensée, pour être légitimes, doivent d'une manière ou d'une autre être convenablement

connectées à l'expérience sensible »3. Il importe, bien entendu, de ne pas s'en tenir là, et de

fendre la fausse simplicité de la notion en identifiant ces différentes " manières » sous

lesquelles la relation à l'expérience est susceptible de s'énoncer. À cette fin, l'article

encyclopédique précédemment cité se révèle fort utile, en ce qu'il dégage et distingue les trois

sens principaux du concept en vigueur dans l'empirisme britannique classique4. L'empirisme peut d'abord désigner l'idée que tout concept provient (immédiatement

ou médiatement) de l'expérience sensible. Selon cette première détermination, très célèbre

1 André Charrak, Empirisme et théorie de la connaissance : réflexion et fondement des sciences au XVIIIe

siècle, Paris, Vrin, 2009. Relativement à la sous-évaluation courante des empiristes franco-berlinois sous

l'effet de la référence écrasante à Hume, voir p. 157.

2 Alexander Rosenberg, " Hume and the philosophy of science », dans The Cambridge companion to

Hume, ed. David F. Norton, Cambridge, Cambridge university press, 1993 (1rst ed.), p. 65 (nous

traduisons).

3 Peter J. E. Kail, article " Empiricism », dans The Continuum encyclopedia of British philosophy, eds

Naomi Goulder, Anthony Grayling, Isabel Iribarren and Andrew Pyle, vol. II, London, Thoemmes, 2006,

p. 981 (nous traduisons : " Empiricism in general involves the conviction that knowledge, belief and

thought, if it is to be legitimate, must somehow be appropriately connected to sense experience »).

4 Sur la signification du concept d'empirisme dans le contexte de la philosophie continentale, signification

sensiblement distincte de celle en vigueur dans la pensée britannique, nous renvoyons à l'article d'André

Charrak, " Le sens de l'expérience dans l'empirisme des Lumières : le cas de Condillac », Quaestio, vol. 4 :

" L'expérience », 2004. 14 bien que restrictive

5, l'empirisme porte sur les éléments du savoir, et renvoie à la réfutation

des idées innées, telle qu'elle fut exemplairement mise en oeuvre par Locke. Mais on peut aussi comprendre l'empirisme comme une exigence relative à ce qui est susceptible d'être reconnu en tant que contenu mental véritable : être empiriste, c'est alors n'admettre comme

d'authentiques idées, dotées d'une véritable signification, que celles que l'on peut rapporter à

l'expérience - par où cette dernière n'est plus seulement entendue comme origine de nos idées, mais aussi comme principe de leur signification. Enfin, l'empirisme peut renvoyer à la thèse selon laquelle la voie d'un savoir bien fondé est l'observation, et non le raisonnement

a priori. Il porte alors sur les savoirs composés, et définit l'enracinement dans l'expérience

comme ce qui garantit non plus la signification des contenus mentaux, mais la vérité des

propositions. Afin de faire saillir les enjeux de cette étude, il nous faut commencer par

montrer en détail en quoi ces trois sens de l'empirisme se retrouvent dans la philosophie humienne. La science de la nature humaine et les trois sens de l'empirisme

La première signification de la notion d'empirisme se repère aisément au sein du

corpus humien. Comme on le sait, Hume affirme en effet que tous les matériaux de l'esprit se réduisent aux impressions (perceptions fortes) et aux idées (perceptions faibles), et soutient que les secondes, du moins lorsqu'elles sont simples, ne sont que des copies des premières : " toutes les idées dérivent des impressions et les représentent »

6. Nous n'avons l'idée de la

saveur de l'ananas que parce que nous y avons un jour goûté, de même que nous n'avons

l'idée de la colère que parce que nous l'avons un jour éprouvée. Cet enracinement dans

l'expérience sensible vaut de toutes les idées, y compris des idées complexes - pour lesquelles

il ne se pense plus sur le modèle de la simple copie, mais sur celui de la modification

(augmentation, diminution, recomposition, etc.)7. Il y a là le tout premier principe de la

science de la nature humaine, qui constitue à l'évidence un héritage lockien.

5 Voir André Charrak, " Le sens de l'expérience dans l'empirisme des Lumières : le cas de Condillac »,

p. 229.

6 T.1.3.14.11, p. 237 (Clar. p. 108).

7 L'idée apparemment la plus irréductible à l'expérience révèle alors son origine empirique, par où la

philosophie humienne répète le précédent lockien : " l'idée de Dieu, comme d'un Être infiniment

intelligent, sage et bon, naît des réflexions que nous faisons sur les opérations de notre propre esprit et de

l'augmentation sans limite des qualités de bonté et de sagesse », E.2.6, p. 51 (Clar. p. 14). En revanche,

l'idée d'infini (idée dont l'origine sensible pose bien plus problème que celle d'autres idées mathématiques,

15 Certes, de Locke à Hume, le vocabulaire change : là où le premier déclarait que tous

les contenus mentaux dérivent des idées de sensation et de réflexion, le second soutient que

toutes les idées simples proviennent des impressions correspondantes. D'une part, Hume revient sur la signification très large que l'auteur de l'Essai sur l'entendement humain avait

choisi de conférer au terme " idée », en réinstaurant (conformément à l'usage langagier pré-

lockien) une différence nette entre la pensée et l'expérience sensible (tandis que Locke parlait

d'idée de rouge pour désigner l'expérience visuelle correspondante)8. D'autre part, il unifie

l'expérience sensible, en décalage cette fois avec le langage ordinaire : là où les langues

existantes ne disposent d'aucun terme pour désigner les perceptions vives dans leur ensemble, c'est-à-dire l'ensemble des sensations et des passions et émotions9, Hume introduit le concept

d'impression, qui désigne la réunion de l'expérience externe des cinq sens et de l'expérience

interne, réflexive, que l'esprit fait de lui-même. En nivelant sous un même " sentir » la perception d'objets que l'esprit postule

habituellement extérieurs à l'esprit et ces états de l'âme que sont les émotions et les passions,

la catégorie d'impression neutralise la problématique traditionnelle de la représentation. La

différence vis-à-vis de Locke n'est alors plus seulement lexicale : sous la plume de Hume,

l'impression ne désigne pas la modalité d'action d'un objet extérieur à l'esprit, qui

engendrerait une perception psychique, mais la perception psychique considérée en elle-

même. Elle renvoie à une pure affection mentale, indépendamment de toute postulation

causale. C'est aux " sciences de l'anatomie et de la philosophie naturelle »10 que revient

l'examen des causes physiques éventuelles

11 de nos impressions de sensation. D'emblée,

l'empirisme humien n'est donc pas un empirisme au sens traditionnel du terme puisque, selon

les mots de Claude Gautier, l'expérience " n'est pas un mode d'accès aux choses »12. Dans la

comme l'idée de triangle ou de cercle), ne motive pas chez Hume de développements spécifiques, là où

Locke s'attachait longuement à en expliquer la genèse dans l'expérience. C'est que l'infini, entendu comme

la négation de toute limite, est moins pensé par Hume comme une idée particulière que comme une

propriété générale de l'imagination.

8 " Je ne fais peut-être que restaurer le mot 'idée' dans son sens originel, que M. Locke avait perverti en

l'appliquant à toutes nos perceptions », T.1.1.1.1, note, p. 42 (Clar. p. 7).

9 D'emblée, le Traité formule le constat d'une inexistence lexicale du sensible en tant que tel : " pour

celles-ci [= les perceptions vives], en effet, il n'existe aucun nom particulier, ni en anglais, ni dans aucune

langue de ma connaissance », ibid.

10 T.2.1.1.2, p. 110 (Clar. p. 181).

11 " Éventuelles » puisqu'en toute rigueur, il est impossible à l'esprit de se prononcer sur la cause de ses

perceptions. Voir à cet égard T.1.3.5.2, p. 146 (Clar. p. 59) : " Pour ce qui est des impressions qui

proviennent des sens, la cause ultime en est, à mon avis, parfaitement inexplicable par la raison humaine, et

il sera toujours impossible de décider avec certitude si elles proviennent directement de l'objet, si elles sont

produites par le pouvoir créateur de l'esprit, ou si elles procèdent de l'auteur de notre existence ».

12 Claude Gautier, " Les philosophies écossaises. Naturalismes et sciences de l'homme », Archives de

16

mesure où " rien n'est jamais réellement présent à l'esprit que ses perceptions, c'est-à-dire les

impressions et les idées »

13, ce n'est jamais que de nos perceptions que nous faisons

l'expérience, par où la problématique de la représentation, qui s'énonçait traditionnellement

entre les choses et l'esprit, se déplace à l'intérieur de la sphère des perceptions. La notion de

représentation ne qualifie plus le rapport des perceptions à d'hypothétiques objets

extramentaux, mais la relation de ressemblance unissant deux types d'objets mentaux, les impressions et les idées

14. Les impressions copient, ou représentent, les idées.

Entre le premier principe de la science de la nature humaine et le précédent lockien, Hume fait explicitement la jonction : " cette question de la préséance de nos impressions ou

de nos idées est celle-là même qui a fait tant de bruit dans d'autres termes lorsqu'on a débattu

pour savoir s'il existait des idées innées ou si toutes les idées dérivaient de la sensation et de

la réflexion »

15. Au-delà de la mutation lexicale, il s'agit bien, en effet, de réitérer le principe

cardinal de l'empirisme lockien : " nos idées ne portent pas plus loin que notre expérience »16.

Toute pensée s'enracine dans un sentir ou, pour le dire autrement, rien ne peut être conçu qui

ne soit la copie ou la modification (par augmentation, diminution, composition, etc.) de ce que nous avons expérimenté (par le biais de nos cinq sens, ou en notre propre esprit). Or, non

seulement Hume prend acte de ce que le principe des idées innées " a déjà été réfuté »

17, mais

il estime qu'il " est maintenant presque universellement rejeté par le monde savant »18 : ce

n'est pas seulement que la fausseté de ce principe a déjà été prouvée, c'est qu'elle est

désormais reconnue comme telle. Il est à cet égard remarquable que, dans les Dialogues sur la

religion naturelle, même le personnage de Déméa, traditionnaliste imprégné de culture

théologique, ne recourt à aucun moment à l'hypothèse d'idées innées en vue de défendre la

croyance en un Dieu infiniment bon et intelligent (croyance que l'expérience se révèle

incapable de fonder rigoureusement). philosophie, vol. 78, n°4, 2015, p. 590.

13 T.1.2.6.7, p. 124 (Clar. p. 49).

14 Voir à cet égard Frédéric Brahami, Le travail du scepticisme : Montaigne, Bayle, Hume, Paris, PUF,

2001, p. 188-195. Bien entendu, l'esprit est naturellement porté à conférer une existence extérieure et

indépendante aux perceptions des sens, ce pourquoi les formulations humiennes oscillent souvent entre les

notions d'impression et d'objet (ainsi en T.1.3.14.6, p. 233, Clar. p. 106 : " les idées représentent toujours

leurs objets ou leurs impressions »). Une déclaration ultérieure du livre I du Traité présentera la différence

des concepts d'objet et de perception comme un je-ne-sais-quoi inintelligible : " les idées des objets et les

perceptions sont en tous points identiques, sauf qu'on y ajoute la supposition d'une différence qui est

inconnue et incompréhensible », T.1.4.5.23, p. 333 (Clar. p. 160).

15 T.1.1.1.12, p. 47 (Clar. p. 10).

16 DRN.2, p. 113.

17 T.1.3.14.6, p. 233 (Clar. p. 106).

18 Ibid.

17 De cette thèse d'ascendance lockienne, Hume tire un outil méthodologique, par où sa philosophie rejoint le deuxième sens du concept d'empirisme que nous dégagions plus haut. La proposition selon laquelle il est impossible de penser quoi que ce soit que l'on n'aurait pas

auparavant senti permet en effet de discriminer entre les idées véritables et les idées factices,

puisque les impressions, qui sont fortes et vives, sont susceptibles d'éclairer en retour la

signification des idées (qui sont faibles par définition, et souvent obscures). C'est en revenant

aux impressions, c'est-à-dire à l'expérience primitive dont procède tout contenu mental, que

l'on peut mieux comprendre certains concepts à première vue malaisés à appréhender (ainsi

des idées de nécessité et de liberté), et que l'on peut en récuser d'autres, lorsqu'ils s'avèrent

dépourvus d'impression-source (ainsi des idées de substance et d'essence) : " si aucune

impression ne peut être exhibée, il [= l'auteur du Traité] conclut que le terme est entièrement

dépourvu de signification »

19. La thèse cardinale de l'empirisme lockien, à savoir la réduction

de toute pensée à une détermination (médiate ou immédiate) de l'expérience, se voit donc

mise au travail et constituée en une " méthode rigoureuse »

20 d'analyse des idées. Le principe

de l'origine sensible de toute idée et le constat de l'ambiguïté ordinaire des mots, qui étaient

tous deux présents sous la plume de Locke, sont mis en relation par Hume : le premier permet désormais de remédier au second, et apparaît dès lors comme " un nouveau microscope ou

une nouvelle sorte d'optique »21 (c'est-à-dire non plus comme une thèse empiriste portant sur

l'origine des idées, mais comme un outil expérimental au service de leur juste

compréhension). C'est à l'aune de l'expérience qui les a produites que les idées délivrent leur

véritable signification, ou révèlent leur absence de signification. Il est bien entendu permis de

douter que cette expérience primitive de l'impression, érigée en principe de la discrimination

des idées véritables et des idées fictives, donne lieu à une expérience digne de ce nom : à quoi

a-t-on véritablement affaire avec les impressions ? Peut-on vraiment percevoir une impression (par exemple une impression de vert ou de colère) en l'absence de tout cadre conceptuel ? Le noyau positif de l'empirisme humien n'est-il pas aussi évanescent que les idées fictives qu'il

s'attache à récuser ? Toujours est-il que, en son deuxième sens, l'empirisme humien s'énonce

selon le mouvement inverse de celui précédemment étudié : il ne désigne plus la thèse

soutenant l'engendrement réel de toute idée à partir de l'expérience, mais la nécessité, pour

l'analyse philosophique, de faire retour sur cette expérience en vue de dégager la signification

de toute idée. À ce titre, et comme le souligne Ernst Cassirer, l'empirisme de Hume ne se

19 Abrégé, §7, p. 47 (Clar. p. 409).

20 Ibid.

21 E.7.i.4, p. 99 (Clar. p. 50).

18

réduit pas à un enregistrement des faits (en l'occurrence des faits mentaux, c'est-à-dire des

idées que nous avons, ou croyons avoir), mais se révèle solidaire d'une procédure méthodique

qui constitue l'expérience en critère de la signification et de la légitimité des idées22. La thèse

lockienne est élevée par Hume au rang de méthode d'épuration et de clarification du discours

philosophique. Venons-en enfin au troisième sens du concept d'empirisme, selon lequel la méthode d'élaboration des propositions vraies est l'observation, et non le raisonnement a priori. Il est

ici particulièrement aisé de repérer ce qui, au sein de la philosophie humienne, atteste une

telle signification, tant il est bien connu que Hume s'attelle à la réalisation d'une science dont

le régime de rationalité se pense comme un régime d'empiricité. Le sous-titre de la toute

première oeuvre du philosophe l'annonce sans ambages : il s'agit d'introduire la méthode

expérimentale dans les sujets moraux (c'est-à-dire relatifs à l'esprit humain, et non aux corps

naturels). Cette tentative est motivée par le constat de " l'ignorance où nous nous trouvons encore au sujet des questions les plus importantes qui se peuvent présenter devant le tribunal de la raison humaine »

23. Si Hume juge dérisoire le savoir que son époque a des principes

régissant l'esprit humain, c'est que la philosophie morale n'a pas encore (ou du moins,

comme nous le verrons, n'a pas encore assez) adopté la méthode expérimentale qui, en

philosophie naturelle, fut initiée par Bacon et portée à son point de perfection par Newton :

" les hommes sont aujourd'hui guéris de leur passion pour les hypothèses et les systèmes en

philosophie naturelle, et ne prêtent désormais l'oreille qu'aux arguments dérivés de

l'expérience. Il est grand temps qu'ils tentent une réforme semblable dans toutes les

recherches morales »

24. Dans l'Abrégé, Hume ne présente pas autrement sa démarche :

l'auteur du Traité " s'engage à ne tirer de conclusions que là où l'expérience l'y autorise. Il

parle avec mépris des hypothèses »

25. Outre la reprise du refus lockien des supputations

causales relatives à la nature de l'esprit, on reconnaît dans ces deux déclarations le trope

22 À propos du fondement nécessaire, chez Hume, de toute idée signifiante dans une impression, Cassirer

déclare : " 'L'empirisme' de Hume ne peut donc pas nous tromper quand il déclare ne pas se contenter, lui

non plus, d'enregistrer les 'faits' de la connaissance, mais vouloir les mettre à l'épreuve et les juger. Le

critère de la 'pure sensation', qu'il applique à cette occasion, peut bien, quant à son contenu, être éloigné de

tous les critères logiques auxquels on mesurait d'habitude le savoir : il partage pourtant avec eux la

caractéristique générale de vouloir fournir une norme méthodologique qui nous permette d'attribuer à tout

concept son rang et sa 'vérité' relative ». Ernst Cassirer, Le problème de la connaissance dans la

philosophie et la science des temps modernes, t. II (" De Bacon à Kant »), trad. René Fréreux, Paris, Cerf,

2005, p. 244.

23 Introduction au Traité, §1, p. 31 (Clar. p. 3).

24 EPM.1.10, p. 49 (Clar. p. 7).

25 Abrégé, §2, p. 39 (Clar. p. 407).

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newtonien du refus des hypothèses, tel qu'il fut constitué à partir du Scholie général des

Principia mathematica : il s'agit de bannir les hypothèses de l'exposé du système de la

science, et de promouvoir l'expérience au rang de principe de celle-ci, en récusant toute

proposition qui ne serait pas établie à partir des phénomènes, ou déduite de ceux-ci. C'est

donc de l'aboutissement du processus historique par lequel la science de la nature en vint, en

Angleterre, à se constituer comme une science modeste, conjecturale et expérimentale (à

savoir comme une experimental philosophy, telle qu'elle se développa au sein de la Royal Society par le truchement de Wilkins, Wren, Wallis, Hooke, Sydenheim, Boyle et Newton 26)

que se réclame la méthode humienne. Ce qui fait le mérite de Newton, et parachève le

tournant expérimental amorcé par Bacon, c'est que l'auteur des Principia fut, selon les mots de l'Histoire d'Angleterre, " attentif à n'admettre aucun principe qui n'eut l'expérience pourquotesdbs_dbs31.pdfusesText_37
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