[PDF] LE CINÉMA DAUTEUR ET LE (GRAND) PUBLIC

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aEAgOfqjAaOE Dans EXANDLROXUX, son troisième long métrage, Nanni Moretti se caricature sous les traits de Michele Apicella, un jeune réalisateur en manque d'inspiration qui tente d'écrire son deuxième film. Comme Moretti, Apicella a reçu la reconnaissance de la critique et d'un certain milieu universitaire pour son premier film, plutôt personnel et avant gardiste. La journée il se torture en cherchant l'inspiration pour écrire un film sur

les relations entre Freud et sa mère, tandis que, parfois, le soir, il est invité à présenter son

précédent film dans divers ciné clubs . Lors de c hacune d e ces présentations, aux quatre coins de la péninsule italienne , le même homme, un spectateur cinéphile qui a tout l'air d'un universitaire baignant dans le marxisme , surgit systématiquement de la foule pour lui poser cette question

Pensez

vous que ce film intéresse un ouvrier de Basilicate, un berger des Abruzzes, une f emme au foyer de Trévise

» Question à laquelle

Apicella/Moretti est toujours bien en peine de répondre. En mettant en scène ce réalisateur tiraillé entre la perfection artistique de son

oeuvre et la quête de la reconnaissance du public, le film de Moretti résume toute

l'ambiguïté des rapports qu'entretiennent les auteurs de films d'" Art et Essai » avec le public. D'un côté, Moretti fait du personnage d'Apicella son porte-parole et se permet d'exprimer via ce double son angoisse vis-à-vis de la question de savoir si ses films sont

compris, s'ils sont réellement aux prises avec la réalité sociale de l'Italie de son époque,

s'ils intéressent les gens, et s'autorise même à faire hurler à son alter-ego " Public de

merde dans un moment particulièrement cathartique. D'un autre côté, on voit bien que

le sujet préoccupe réellement Moretti, puisqu'il met ce sujet sur la table et en fait le thème

principal de son film. On se demande même si ce spectateur obsédé par les prolétaires de province n'est pas une halluc ination du personnage, ou une personnification de la mauvaise conscience de Moretti lui-même, en plus d'être une parodie de spectateur bien pensant. Moretti exprime à la fois le mépris de l'artiste pour le public, qui ne le comprend pas et qu'il ne compren d pas, et une vraie préoccupation pour ces enjeux en tant que réalisateur de gauche, certainement animé d'une volonté de s'adresser à ses concitoyens au delà de sa propre classe sociale S G `S RlOAISn yO rOOEIA lO riR irriniae AlccS Oh rnlFlhy yIESccSG

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d'importance à l'une et à l'autre. La dynamique de création doit être respectée, mais elle

n'est jamais pure et autonome dans le cinéma, elle doit toujours s'accommoder d'une

certaine hétéronomie, correspondre à certaines attentes, reste à en trouver l'équilibre. En

m'intéressant à la question du public, je m'intéresse à l'une des contraintes les plus nobles

qui pèse sur la création (p ar comparaison au marché, au marketing, aux exigences des chaînes de télévision, etc.) mais aussi à l'une des plus floues. A quoi fait on réellement référence quand on parle du " public Quand on interroge les différentes contraintes hétéronomes avec lesquelles doivent composer les créateurs d e films de cinéma, cela met toujours en jeu la parole et la place du producteur (ou de la productrice), car celui ci est souvent vu comme le représentant d'un " principe de réalité

» face aux auteurs. C'est notre m

étier de faire avec

la contrainte et de cr éer un espace de liberté suffisamment sécurisant pour que les auteurs puissent expérimenter sans trop de douleur. C'est notre métier d'accompagner et d'encourager la création, en posant certaines limites qui nous semblent aller dans le sens du projet du ci néaste, et en les redéfinissant sans cesse au gré de l'évolution du projet. C'est forcément au producteur de prendre en charge ce questionnement autour du public puisque c'est lui qui fait l'intermédiaire entre les questions de marché et les questions créa tives, pendant que l'auteur se consacre à l'écriture, à l'invention. Quel est le moment le plus propice pour aborder cette question de l'twqlAloc ud Ilaw, qui mêle à la fois la question du qdunrA et la question du edqalj jlqar ? Quel " pacte » passe-t-on a

vec un auteur pour que l'accessibilité du film ne soit pas trop sacrifiée à la liberté créative

de l'artiste, et vice versa ? Peut on concilier les deux Ensuite, tout du long de la création, le producteur est le premier spectateur du film.

Il est donc un

e figure du public. À moins qu'il ne soit qu'une figure des financeurs du film, peut être le seul public qui l'intéresse réellement. Quel rôle jouer et comment l'endosser ? Au nom de qui parle t on r LElOPSe yS AS caclInS SRe ylhA yS RS yScihySn RI EElh ylIe RS rnalAAOrSn yO rOOEIA rShyihe ESR rTiRSR yS AnaieIlh SeU RI lOIU DOihy Se AlccSheG plOn narlhynS N ASR DOSReIlhRU PEiI IheSnnlLa rEORISOnR rnlFSRRIlhhSER ROn ESOn SDranIShASU DOI RS RIeOShe elOR rEOR lO clIh

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lu siItrd Ovagived Er Aiefusvafd q su AeuIjuvad La rhétorique de la pureté, ou du KBUDZ9H, que l'on retrouve dans un certain cinéma d'auteur est à mettre en perspective dans une histoire beaucoup plus longue, celle d'un formalisme typiquement français. Noël Burch et Geneviève Sellier, dans plusieurs ouvrages, ont montré que la Nouvelle Vague, ce moment fondateur du cinéma d'auteur

tel qu'on le connaît aujourd'hui, est l'héritière du formalisme littéraire de Flaubert, Proust

et Baudelaire : elle a mis en avant l'aspect littéraire de l'écriture cinématographique et permis au cinéma d'accéder au statut d'art noble en conquérant les classes sociales intellectuelles, aux goûts les plus raffinés o

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