[PDF] Personnages féminins et thématiques féministes dans lœuvre

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Università degli Studi di Pavia

Dottorato di ricerca in

Scienze del Testo letterario e musicale

Ciclo XXXIII

Personnages féminins

et thématiques féministes

Tutore : Dottoranda :

Prof. Vittorio Fortunati Michela Poggi

Anno Accademico 2019-2020

2 Irvana Cortese, Giorgetto Giorgi, Elisa Biancardi e - ultimo ma non ultimo - Vittorio Fortunati, con tutta la mia gratitudine per i loro insegnamenti e il loro incoraggiamento, elargiti in tempi e modi diversi nel corso degli ultimi 44 anni, senza i quali non avrei 3 PERSONNAGES FÉMININS ET THÉMATIQUES FÉMINISTES

DANS D'OLYMPE DE GOUGES

INTRODUCTION ...7

1e partie

LES FEMMES À LA FIN DU XVIIIe SIÈCLE :

LA VIE, LES IDÉES, LES COMBATS, L'ÉCRITURE

CHAPITRE 1 .15

Un aperçu général de la situation des femmes à la fin du XVIIIe siècle

1.1 ...16

1.2 Mariage et autorité maritale .20

1.3 Le monde du travail féminin .... p.22

1.4 Les droits des femmes .25

CHAPITRE 2 .p.31

Les femmes vues par le monde intellectuel, par les philosophes, par

2.1 La Querelle des femmes : la question féminine avant le siècle des Lumières

2.2 Essais et traités en défense de la cause féminine au XVIIIe siècle.39

2.3 Les femmes selon les philosophes 49

2.4 Encyclopédie .59

2.5 Féminisme et dualisme cartésien .62

CHAPITRE 3 p.66

La Révolution et les femmes

3.1 La cause des femmes et la participation féminine à la Révolution....67

3.2 Les acquis de la Révolution .....84

4

CHAPITRE 4 p.92

. Écriture féminine pendant la décennie révolutionnaire : roman et théâtre

4.1 Situation de la femme auteur à la fin du XVIIIe siècle..p.93

4.2 Thématiques féminines et féministes dans le roman de femmes

entre 1789 et 1799..101

4.3 Le théâtre de la Révolution : observations générales..124

4.4 Thématiques féminines et féministes dans le théâtre de femmes

entre 1789 et 1799 ..129

2e partie

LE FÉÉRAIRE D'OLYMPE DE GOUGES

CHAPITRE 5.p.150

Olympe de Gouges : une vie à la pointe du combat littéraire 5 150

5.2 La production romanesque et dramatique 160

5.3 Les écrits politiques et la condamnation 179

CHAPITRE 6 .192

6.1 Olympe et le théâtre : sa poétique, ses préfaces, sa présence dans le texte.p.192

6.2 La production .204

6.3 .208

6.4 Le Mariage inattendu de Chérubin .224

6.5 .237

6.6 Le Philosophe corrigé ou Le Cocu supposé ....252

6.7 Molière chez Ninon ou Le Siècle des grands hommes .267

6.8 La Bienfaisance récompensée ou La Vertu couronnée 283

6.9 Les Démocrates et les Aristocrates ou Les Curieux du Champs-de-Mars287

6.10 291

5

6.11 La Nécessité du divorce ...305

6.12 Mirabeau aux Champs-Élysées ..p.320

6.13 Dumouriez à Bruxelles ou Les Vivandiers330

6.14 La France sauvée ou Le Tyran détrôné 347

CHAPITRE 7 ....p.359

romanesques

7.1 Le roman par lettres et le conte : deux genres narratifs à la mode ..

7.2 Mémoire de Madame de Valmont, 1788 .363

7.3 Bienfaisance ou La Bonne mère, 1788 . p.374

7.4 Le Prince philosophe, 1792.377

CONCLUSIONS p.395

BIBLIOGRAPHIE ........ p.401

6 Marie-Olympe de Gouges, pastel sur parchemin attribué à Alexandre Kucharski, vers 1789 (collection privée) 7

INTRODUCTION

Parler de féminisme ou de féministes pendant la Révolution française est certainement un anachronismes termes apparaissent au

XIXe féminisme soit Charles Fourier

(1772-1837), le . La date signalée par la plupart des sources est 1837, mais en cette année, qui est aussi celle de sa mort, Fourier Les principaux dictionnaires étymologiques donnent eux aussi cette date et citent cet auteur, sur la base dcitations qui se renvoient les unes les autres. Quant au mot féministe, (1824-

1895), écrivain plutôt antiféministe, : il utilise

ce terme de façon péjorative dans son essai -femme de juin 1872, une réponse ille " Faut-il tuer la femme adultère ? » paru dans Le Soir. toutefois une femme, Hubertine Auclert (1848-1914), journaliste, suffragette et féministe

militante française, qui récupère le terme féministe pour définir un partisan de

, donc avec une prise de conscience définitive, dans une lettre publiée dans son journal suffragiste La Citoyenne en 1882. Les deux mots féminisme et féministe commencent à entrer dans le discours de la presse au début des anmouvement féminin devient désormais le mouvement féministe. Le monde francophone limitrophe (Suisse, Belgique) accepte instantanément féminisme et féministe dans le langage courant1. donc après quelques années, en 1898, que le professeur Alphonse Aulard,

Française à Paris, républicain et

dreyfusard, : il se demande féministe. Dans un article publié dans la Revue politique et littéraire2, il écrit :

1 " Sur

féminisme et féministe », contemporaine, t.34, n°3, juillet- septembre 1987, [En ligne] https://www.persee.fr/doc/rhmc_0048-8003_1987_num_34_3_1421.

Nous ajoutons que dans le langage médical ces néologismes sont documentés déjà dans les années 1870

pour indiquer une féminisation du corps.

2 Connue aussi comme la Revue bleuet publiée de 1871 à 1939.

8 réussir, celles-là dans les salons, celles-ci dans la rue, quelques-unes à la prise de la Bastille. Elles concoururent par des paroles et par des actes, à la municipalisation de la France en juillet 1789. Ce sont des parisiennes qui firent acte de citoyennes, lorsque Condorcet reprit en main leur cause, avec plus Aulard met donc en évidence le féminisme comme mouvement collectif et la

variété de ses expressions. La participation féminine à la cause révolutionnaire et à la

-même, aux yeux de cet historien, une condition : bien que non strictement fraternité, ce q-être social et politique3. des femmes à la fin du XVIIIe siècle, on peut constater, paradoxalement, que ni la philosophie des Lumières ni la Révolution des femmes. Olympe de Gouges vit et écrit dans ce contexte. Écrivaine énormément prolifique, elle est connue ou rappelée , de droit ou de sciences politiques pour sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne de 1791, et indiquée comme une révolutionnaire féministe. Toutefois, elle ne demande pas : elle de toutes les formes

sociales et juridiques qui touchent son sexe et toutes les catégories discriminées et

oubliées même par la France révolutionnaire.

fut la seule femme exécutée pendant la Révolution à cause de ses écrits politiques, et cela

nte dans les livres de droit ou jamais citée parmi les femmes écrivains de son siècle : on nomme uniquement sa Déclaration. Après plus de 200 ans, Olympe de 3

anachronisme : Le féminisme pendant la Révolution française », Annales historiques de la Révolution

française, n°344, La prise de la parole publique des femmes, Paris, Armand Colin, avril/juin 2006, [En

ligne] https://www.jstor.org/stable/41889316. 9 Gouges est encore connue, seulement pour cet écrit suscita même pas de réactions importantes. après le bicentenaire et au cours des

années 1990 que sa production littéraire commence à être prise en considération. En ce

qui concerne les ette indifférence, on le verra, est due en grande

partie au général mépris pour le théâtre révolutionnaire, considéré insuffisamment

appréciable sur le plan esthétique. comme femme et comme

écrivain a été constante dépréciation a priori de la part de la critique littéraire

des XIXe et XXe siècles, encore très liée à une approche biographique discriminante et à

une image , celle qui a été transmise à la Un examen de des études critiques sur la production littéraire , ses furent accueillies très négativement et avec beaucoup de misogynie. pas seulement des critiques contemporains à Olympe4 mais aussi (et surtout) des critiques du XIXe siècle, in primis de Charles Monselet, qui dans Les originaux du siècle dernier - Les oubliés et les dédaignés (1864) en donne un portrait de femme coquette, ambitieuse, fougueuse, poussée décidément vers le drame à cause de sa nature passionnelle. Elle

montre çà et là quelques qualités, mais elles sont obscurcies par son amour-propre

excessif. Olympe est une amazone littéraire déréglée, au talent discutable et au style maladroit. LMichelet lui consacre un chapitre (" Sociétés de femmes : Olympe de Gouges Rose Lacombe ») dans son ouvrage de 1854 Les Femmes de la Révolution : et de bâtarde et la peint comme une personne émotivement fragile, politiquement faible et très ingénue, mais reconnaît, par contre, la condition difficile des femmes de son époque. Celles risquent plus que les hommes, et leur héroïsme est tourné en ridicule. Comme on le verra également plus loin, les jugements sur Olympe sont souvent influencés par un halo négatif qui concerne avant tout sa vie et ses comportements, jugés scandaleux et transgressifs, et par son présumé analphabétisme. Olympe contribue partiellement à corroborer les idées sur cet analphabétisme, (dans ses Préfaces et ), mais ses affirmations ne sont pas à prendre à la

4 Comme par exemple Étienne et Martainville (Histoire du Théâtre Français, 1802), qui peignent Olympe

comme une expression de la galanterie. 10 tópos intellect masculin derrière une féminine pris aussi par Rousseau, une idée bien consolidée dans la perception publique de la femme auteur que avait construite5. Cette réception critique continue malheureusement e siècle : encore en 1966, un ouvrage de pointe de la critique littéraire américaine, The Theatre of the French Revolution par Marvin A. Carlson,

du théâtre européen, laisse inaltéré le jugement négatif sur Olympe de Gouges, reprenant

sans aucune remise en question la perspective misogyne du passé. Même dans la célèbre anthologie de Benoîte Groult de 1986, ouvrage révélateur à certainement important pour la redécouverte de notre autrice, le biographisme est fondamental : Olympe est présentée comme une figure narcissiste et égocentrique, souvent excessive et très naïve. de 19886 comme embrouil de Gouges, comme le témoignent les publications enregistrées dans les répertoires bibliographiques7 : au Colloque International sur " Les Femmes et la Révolution » (Toulouse, avril 1989), exposé qui cite Olympe dans le titre8. Olivier Blanc, grâce à ses fondamentales biographiques9 a enfin placé et personnel q produite et montre tous les facteurs (groupes politiques et économiques, hostilité de la

5 Gisela Thiele-Knobloch, Préface à Olympe de Gouges, Théâtre politique, t.1, Paris, côté-femmes, 1991.

6 " Féminisme et Révolution », dans J.-C. Bonnet, La

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